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- Mis à jour : 4 août 2024
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Ferdinand ZECCA
(Paris, 1864-Saint-Mandé, 1947)
Jean-Claude SEGUIN
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Augustin Zecca épouse Augustine Lartière. Descendance:
- Marie Zecca (Gênes, [1793]-[Paris, 30/08/1846]). Descendance :
- Pierre, [Marie], [Alphonse] Zecca (Nîmes, 22/09/1822-Paris 10e, 06/01/1870) épouse (Paris, 03/11/1857) Marguerite, Louise Martin (Paris, 15/01/1825-Paris, 13e, 07/03/1918). Descendance :
- Alphonse, Louis Zecca (Paris 4e, 19/10/1858-[1949])
- Émilie, Henriette Zecca (Paris 10e, 24/12/1860-Paris 10e, 10/01/1864)
- Ferdinand, Louis Zecca (Paris10e, 19/02/1864-Saint-Mandé, 23/03/1947).
- épouse (Nice, 10/02/1910; divorce: Paris, 03/12/1913) Marie Doux (Paris 11e, 19/02/1878-).
- Louis, Eugène Zecca dit ·"Rollini" (Paris 10e, 26/08/1866-Le Vésinet, 04/07/1951) épouse (Paris, 19e, 31/03/1900) Marie, Juliette Rollin (Paris 20e, 18/09/1860-1929).
- Pierre, [Marie], [Alphonse] Zecca (Nîmes, 22/09/1822-Paris 10e, 06/01/1870) épouse (Paris, 03/11/1857) Marguerite, Louise Martin (Paris, 15/01/1825-Paris, 13e, 07/03/1918). Descendance :
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Pierre Zecca, après avoir été tourneur, débute, sans doute au cours de la seconde moitié des années 1860 au boulevard du temple quand les théâtres étaient groupés à cet endroit " et devient " chef machiniste à l'ancien théâtre de la Porte St Martin, brûlé en 1871 par la Commune :
Mes parents étaient des artistes du boulevard du Temple. Nous avons vécu autour du théâtre de la Porte St Martin, après la commune, au milieu de toutes les guerres. Le théâtre de la Porte St. Martin a été incendié pendant la Commune. Je me rappelle avoir vu le théâtre incendié. Quand nous somme sortis des caves de dessous l'Ambigu, ils ont pris d'assaut la baraque de la Porte St Martin - les Versaillais, comme on les appelait. Tout le théâtre s'est effondré. Je vous encore le câble qui pendait puis le mur éventré et quand nous étions sortis, on entendait "aller, on va fiche le feu aux maisons". Nous avons longé ces murs de la Porte St Martin... Les types étaient là, ils bourrraient leurs fusils. Et nous, on marchait le long des murs. Ils tiraient sur la place du Château d'Eau - qui était la place de la République. Nous sommes restés chez nous. J'ai vu le théâtre brûlé puis nous sommes allés place du château d'Eau. Il y avait une fontaine - parce que dans ce temps-là il y avait des fontaines. C'étaient des lions en pierre qui crachaient de l'eau. Cette même fontaine est allée aux abattoirs de la Villette. Elle a été déplacée quand on en a mis une autre plus décorative avec des lions en bronze, qui elle, a été déménagée ensuite pour loger la fontaine de la République. Celle-là est à la place Daumesnil.
Ferdinand Zecca perd son père alors qu'il n'est encore qu'un enfant. C'est sans doute lui qui fait passer une petite annonce, d'avril à août 1885, où il se propose comme homme à tout faire:
J. hom., 20a., dem. place p. course ou garç. de mag. - F. Zecca, 6 bis, rue des Récollets.
Le Cri du peuple, Paris 7 avril 1885, p. 4.
Au moment où il est appelé sous les drapeaux, il exerce le métier de sculpteur sur bois. Le 28 novembre 1885, il intègre le 71e de Ligne, le 28 novembre 1885. C'est au bout de quelques mois, le 23 septembre 1886, qu'il passe dans la disponibilité de l'armée active. Si le nom de Zecca apparaît dans le monde du spectacle dans les années 1890, rien ne permet de savoir s'il s'agit de l'un des frères Zecca :
[...]
Et il y a aussi là-bas un chanteur, M. Zecca, qui devrait avoir plus de notoriété qu'il n'en a. Il est d'un comique délicieux, avec un bagout, comme on n'en rencontre guère.
AUGUSTE GERMAIN.
L'Écho de Paris, Paris, 19 avril 1897, p. 3.
Ferdinand Zecca et le phonographe (1896-1899)
Parmi les différentes activités que déploie Ferdinand Zecca, il y a celle de chanteur. Les producteurs de cylindre sont à la recherche de nouveaux artistes pour réaliser des enregistrements. C'est ainsi que Charles Pathé découvre Ferdinand Zecca :
Vers 1895, celui qui devait devenir le chef de la première grande firme cinématographique de France, Charles Pathé, ne possédait qu'une petite boutique sur l'emplacement actuel de la maison du Journal. On y vendait des phonographes et l'on y fabriquait des disques. En 1896, Charles Pathé engagea, pour quelques semaines, un jeune homme dont il avait remarqué la voix.
Le jeune homme s'appelait Ferdinand Zecca, et les quelques semaines devaient durer près devingt ans.
" J'articulais, dit Zecca, avec beaucoup de netteté et d'onction, et c'est moi qui enregistrais les paroles de nos grands personnages. Les fameux sermons du Père Olivier, le " Dernier discours de Carnot à Lyon " qui connut un tel engouement, c'est moi qui les avais, en quelque sorte, " interprétés ". Petite supercherie bien excusable si l'on songe qu'à cette époque-là on ne pouvait impressionner que quatre disques à la fois. Encore le mot disques est-il inexact ; vous savez que les premiers enregistrements se sont faits sur des cylindres de cire. Pensez donc au travail que j'avais quand nous touchions au grand succès ! Pour produire mille cylindres, je devais me répéter deux cent cinquante fois !
Francis Ambrière, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 27.
"Comment on 'enregistrait' en 1899"
L'Image, 1re année, nº 13, 1932, p. 27.
La lecture des livres de compte de la société Pathé, permet bien de confirmer que Zecca est déjà employé en juillet 1898 :
30 juillet 1898 : Bergeret, Bruandet, Gouaut, Mercier, Lacourt, Zecca (employés).
Journal Volume 1 bis, Compagnie Générale des Phonographes, Cinematographes et Appareils de Précision. Fondation Jérôme-Seydoux-Pathé.
Les scènes ciné-phonographiques (1900)
L'Exposition Universelle est le lieu où se croisent toutes les modernités de la fin du siècle, au rang desquels se trouve le cinématographe qui occupe une place de choix dans cette impressionnante manifestation. La société Pathé y a sa place, mais les préparatifs se font dans l'urgence comme le rappelle son fondateur :
C'était en 1900, à l'occasion de l'Exposition universelle. J'étais à ce point affairé que j'appris que le jury, chargé de vérifier les installations dont le cinématographe faisait partie, allait faire la visite officielle alors que je n'avais pas encore trouvé le temps d'aller reconnaître l'emplacement qui nous était dévolu. Je n'avais, d'autre part, dans le petit personnel qui composait alors le cinéma, aucun individu susceptible de diriger les travaux d'installation en y apportant à la fois le goût et la rapidité d'exécution nécessaires.
Je m'adressai à M. Prévost, qui dirigeait le personnel, alors plus nombreux, du phonographe, dont mon frère Émile assumait la direction générale. Je lui demandai de me choisir quelqu'un qui, selon lui, pouvait répondre à mes desiderata. Il me désigna M. Zecca qui, depuis deux ou trois années - aux appointements de 200 francs par mois - était tour à tour, selon les besoins du service, musicien, enregistreur de cylindres phonographiques, chef de service de la vérification, etc.
Charles Pathé, Souvenirs et Conseils d'un parvenu, Paris, Imp. Pierre Latour, 1926, p. 102-103.
La flexibilité de Ferdinand Zecca, homme à tout faire, le désigne comme la personne ideale pour prendre en charge le fonctionnement des appareils de la société Pathé. Dans les pavillons de l'Exposition, on trouve déjà de nouvelles expériences comme celle du Phono-Cinéma-Théâtre de Marguerite Vrignault et Clément-Maurice qui consiste à combiner le son et l'image. C'est dans ce contexte que les magasins Dufayel commandent à la société Pathé des vues synchronisées donnant ainsi naissance au premier film synchronisé tourné pour la compagnie :
A ce moment-là, je ne pensais guère au cinéma, M. Charles Pathé non plus. Nous ne voyions guère en l'appareil de Lumière qu'un moyen d'investigation scientifique. Pour nous orienter dans cette voie nouvelle, il fallut qu'aux approches de 1900, Duiayel nous commandât des vues synchronisées avec le phonographe. C'était en somme le principe du film parlant ...
Je venais précisément d'interpréter, avec Charlus, une fantaisie dialoguée intitulée Le muet mélomane. Nous rejouâmes cette scène devant un opérateur, cette fois. Le film obtenu, il suffisait de le projeter au rythme d'un métronome pour que les mouvements de la bande et ceux du cylindre coïncidassent. Il ne fallait à celui qui tournait la manivelle qu'un peu d'habileté de main. Je vous assure que la synchronisation ainsi obtenue était plus parfaite que celle des premiers " talkies".
Francis Ambrière, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 27.
Dans un autre document antérieur, Ferdinand Zecca complète les informations sur ce premier tournage :
M. Pathé songea à aiguiller Zecca dans la voie du cinématographe. Il avait eu la première idée du synchronisme et fait jouer sur l'écran, à Zecca, la scène, du Muet Mélomane qu'il avait déjà enregistrée au phonographe. Ce premier essai de scènes phono-cinéma ne réussit pas. Zecca le reprit. Il enregistra un nouveau cylindre à une allure plus lente et fit « tourner » la scène en la réglant au métronome. Cette opération se déroula à Vincennes, rue des Minimes, sur un terrain vague muni d'un plancher qui doit être considéré comme le premier studio du monde, de même que celui qui « tournait » — M. Caussade — est le doyen des opérateurs. La scène fut mimée et enregistrée tandis que le phonographe accompagnait. Le succès fut complet. En 1900, Dufayel put passer Le Muet Mélomane en ciné-phono. Ce n'était pas encore le « synchronisme », mais cela en donnait tout au moins l'illusion.
Georges Dyerres, "Petite histoire du Phono et du Cinéma", Cinémagazine, nº 20, 19 mai 1922, p. 222.
Il reprend pour Henri Langlois l'origine de son passage au cinématographe :
- Comment je suis venu au cinéma ? Je travaillais chez Pathé, dans l'usine des phonographes. M. Dufayel ayant songé à projeter un film synchronisé par un cylindre, je fus appelé à l'usine de Vincennes avec l'acteur Charlus. Rien n'allait, le son ne suivant pas l'image, l'opération s'avérait impossible quand j'eus l'idée de nous faire filmer d'abord et d'enregistrer ensuite, en suivant la projection. Le Muet mélomane fut le premier film parlant. Plus tard, toujours, dans une scène de Carmen. Je passai dès lors définitivement au cinéma.
ZECCA, 1935: 37.
Les souvenirs manuscrits de Zecca évoquent également d'autres enregistrements dont celui de Carmen :
J’ai déjà indiqué mes débuts avec le muet melomane, puis on tourna, Mme Yvette Guibert un film adapté au phonographe « Le fiacre » et d’autres artistes.
[...]
Le duo du Duel de « Carmen » fut joué par moi et Breteau, mimé suivant un cylindre de phono chanté par 2 artistes de l’opera comique.
ZECCA, Souvenirs, Fondation Jérôme Seydoux Pathé.
Dans le catalogue Pathé de mars 1901, la 9e série (p. 60-61) porte le titre "Scènes ciné-phonographiques". Voici la présentation qui en est faite :
9me SÉRIE
SCÈNES CINE-PHONOGRAPHIQUES
Étant donné le degré de perfection auquel nous sommes arrivés dans la fabrication des Phonographes, grâce au merveilleux outillage dont nous disposons dans notre usine du boulevard de Belleville, l'idée de poursuivre l'adjonction du Cinématographe au Phonographe était chose faite.
Dès 1899 du reste, les expériences concluantes faites dans ce sens, à l'aide de nos appareils, dans les grands magasins Dufayel, ne pouvaient que nous encourager dans cette voie.
Le choix des morceaux appropriés à ce genre, ainsi que les soins scrupuleux apportés à la mise en scène, en tout conforme au théâtre, nous en assurent le succès.
Ajoutons que le synchronisme le plus parfait en est garanti.
Après les nombreuses demandes qui nous sont déjà parvenues, nous croyons donc répondre à un besoin dont nos clientes nous sauront gré, nous en sommes convaincus.
Compagnie Générale de Phonographes, Cinématographes et Appareils de précision. Prix courant des Cinématographes et des vues animées, Mars 1901.
Dans un exemplaire conservé dans une collection particulière, des notes manuscrites ont été rajoutées dont une signature pouvant être identifiée comme celle de Ferdinand Zecca. Il apparaît donc comme le responsable principal de cette série de scènes ciné-phonographiques.
Compagnie Générale de Phonographes, Cinématographes et Appareils de précision Prix courant des Cinématographes et des vues animées Mars 1901 © Le Grimh |
Direction du secteur cinématographique (1901-1903)
Il semble que Charles Pathé n'ait pas trop attendu pour confier à Ferdinand Zecca la responsabilité du secteur cinématographique. En quelques lignes, Zecca dresse un portrait du cinéma de l'époque en se donnant, un peu, le beau rôle :
Nous étions entrés dans le mouvement, nous y restâmes. M. Charles Pathé me confia la direction de ses affaires cinématographiques.
L'histoire de la maison Pathé, c'est un peu celle du cinéma français. Nous avions tout à découvrir, et, soit dit sans vain orgueil, je crois bien que nous avons tout découvert.
Le " gros plan ", le cr fondu », la " surimpression ", dont on fait un tel usage aujourd'hui, eh mais ! cela remonte à 1900 " Le film parlant, je viens de vous en dire l'origine. Tout était en puissance dans les recherches des premiers cinéastes français, et, de nous à nos jeunes metteurs en scène d'aujourd'hui, il n'y a de progrès que techniques. Il est vrai que c'est là un champ considérable et que, bénéficiant d'appareils mille fois supérieurs aux nôtres, ils sont infiniment plus libres pour songer au caractère artistique de leur production.
Ce qu'on ne sait plus assez, voyez-vous, c'est que le cinéma se présentait au début du siècle dans des conditions morales peu favorables. Il n'existait pas de salles de projection régulières. Les exploitants étaient des marchands forains errants de ville en ville, et " le septième art " n'était encore aux yeux de la plupart des gens que de la " sous-crotte de bique ", pour reprendre la dure expression de Paul Souday.
"Notre clientèle était donc faite, pour moitié d'un public friand de spectacles drôles ou brutaux, pour l'autre moitié d'enfants.
C'est « C'est pour plaire aux badauds des foires que nous tournions tant de scènes comiques, tant de " trucs " acrobatiques, tant de " drames vécus " ! Nos scènes de prestidigitation, de tours de force, recevaient toujours un accueil chaleureux. Un jour, j'inventai La Machine volante ; par une ingénieuse " double impression ", j 'arrivais à montrer un étrange appareil, baptisé Fend-l'air, qui survolait les maisons de Belleville. Je fis aussi des films " renversés ". Le procédé était ·bien simple : une fois la pellicule impressionnée, il suffisait de la développer en sens inverse de la norme. Ainsi Le Plongeur fantastique montrait-il un nageur surgissant de l'eau et s'élançant, la tête en bas, sur le tremplin. Par des " trucs ", du même genre, j'arrivais à montrer des personnages dont les habits s'enlevaient spontanément, des gens endormis dont le lit se transformait en bateau, des boxeurs qui luttaient contre eux-mêmes.
Tout cela était amusant, mais c'était aussi un domaine extrêmement limité. Il nous fallut maints efforts pour en sortir, - et près de dix ans.
Francis Ambrière, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 27.
"La machine volante" (1902)
Francis Ambrière, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 29.
Dans les témoignages qu'il apporte dans plusieurs entretiens, il semble avoir été très intéressé par les questions d'ordre technique. Ainsi, l'un des problèmes récurrents, aux origines du cinématographe, est celui de la trépidation de l'appareil. Ferdinand Zecca explique comment il parvient à contourner la difficulté :
Le problème qui nous tourmentait le plus à nos débuts au cinéma était avant tout la trépidation de l'image ! C'est alors que j'eus l'idée de prendre sur l'image un point fixe, stable, et de tenir compte au tirage de l'alignement droit. J'allai donc chercher pour cela un de nos premiers négatifs qui était impossible à projeter: mon positif se révéla absolument stable.
ZECCA, 1935: 37.
Ferdinand Zecca revendique également "l'invention" des sous-titres (en fait inter-titres) qui permettent au spectateur de suivre le récit cinématographique sans la présente du bonimenteur :
- Quand je suis venu au cinéma, reprend Zecca, les sous-titres n'existaient pas. Dans chaque salle il y avait un récitant qui commentait les scènes du film. C'est moi qui ai établi l'usage des explications imprimées, non sans peine ! Au début, les exploitants nous écrivaient pour protester, disant qu'ils voulaient acheter des images et non des mots ! Quand l'habitude fut prise, il nous fallut composer les sous-titres en plusieurs langues, anglais, allemand, russe et italien. Jusqu'à la guerre, en effet, le cinéma français a été le premier du monde et il a fourni les exploitants de tous les pays.
Francis Ambrière, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 29.
Sur la question des sous-titres, il évoque également d'autres aspects techniques:
C'est pour la même raison qu'il nous était impossible de placer un sous-titre, d'atautn qu'à cette époque un speaker commentait le film et rien n'était pllus amusant que ses improvisations. Quand un sous-titre devenait absolument nécessaire, il nous fallait l'écrire sur l'image simultanément en trois langues différentes: français, anglais, allemand.
ZECCA, 1935: 1937.
Une autre question technique est celle de l'enroulement des films qu'il commence à utiliser à partir de 1902:
Ce n'est qu'en 1902 que nous enroulâmes le film dans l'appareil de prises de vues, selon le système de Joly: jusqu'alors nous ne pouvions impressionner que des bandes de 17 à 20 mètres qui tombaient au fur et à mesure, dans un sac de toile placé entre les pieds de l'appareil. C'est muni de cet attirail qu'aux grandes manoeuvres je courais après le Tzar pour essayer de le filmer.
ZECCA, 1935, 37.
La question de la couleur est également un aspect auquel s'attache Zecca. Il évoque à ce propos son collaborateur Segundo Chomón :
Quant à la couleur, elle était très à la mode en 1900; ce n'était pas la couleur naturelle évidemment, mais, en examinant ces images, vous constaterez que les coloris, dus à mon collaborateur Chaumont, n'ont rien à envier aux résultats obtenus aujourd'hui. On m'a ensuite foré à abandonner ce système, prétendant qu'il était anti-artistique, comme plus tard on m'oobligea à abandonner le plan rapprcohé qu'aux premiers temps javais songé à utiliser.
ZECCA, 1935: 37.
Il est d'ailleurs très probable qu'il ait été en contact avec Segundo Chomón à l'occasion de son voyage à Barcelone, au cours du second semestre de l'année 1902, qui va lui permettre de tourner une série de vues espagnoles. On lui doit d'ailleurs une part importante de la production Pathé entre 1900 et 1902 dont la célèbre La Vie et la Passion de Jésus-Christ.
Le premier théâtre de prises de vues de Charles Pathé, rue du Sergent-Bobillot, à Montreuil-sou-Bois. On voit dans le fond le décor établi par Zecca, pour La Passion du Christ. Ce fut plus tard le studio Albatros.
(Document Zecca).
Reproduit dans: ZECCA, 1935: 37.
Il semble que le service soit ensuite passé à Pierre Caussade, puis à Georges Fagot. Il figure, avec Lucien Nonguet, comme témoin du mariage de Louis Gasnier, en 1907.
Transfuge chez Gaumont ([mars] 1903-1904)
Ni Charles Pathé, ni Ferdinand Zecca ne se sont jamais expliqués sur la brouille qui surgit entre eux au début de l'année 1903. On en est réduit à {tip Voir Sources. Maurice Gianati qui a opéré un travail remarquable, on y voit un peu plus clair sur cette période. constater les faits. À cela, il faut ajouter qu'Alice Guy qui a commencé à filmer quelques mois au préalable n'a pas forcément envie de rappeler le rôle joué par Zecca chez Gaumont. Une coalition d'intérêts en somme. S'il reste difficile de préciser la date exacte de l'arrivée du transfuge au Comptoir, il est raisonnable de penser que c'est vers le mois de mars de l'année 1903. Grâce aux dates de sortie des films, on arrive à une assez grande précision. On sait ainsi que deux des productions Gaumont réalisée par Zecca sont présentées le 1er mai 1903 au cours d'une séance de projections organisées à la Société d'excursions des amateurs de photographie: Illusionniste renversant et Mésaventures d'un voyageur trop pressé. Il va de soi que son entrée au Comptoir est forcément antérieure. En outre, nous disposons de quelques rares témoignages qui nous en disent plus sur ces quelques mois. Le premier est celui d'Henri Menessier :
Menessier.- Il y a un film qui a été tourné en 1902 [sic] chez Pathé. "Sombre drame". Je ne me rappelle pas... ah... à un moment donné, vous êtes parti de chez Pathé, vous avez fait un passage chez Gaumont... Je me demande si ce film n'a pas été tourné pendant que vous étiez chez Gaumont, parce que, justement, j'ai demandé l'autre jour à Dumesnil, le directeur, et il m'a dit "moi j'ai commencé la première fois... J'ai travaillé chez Pathé... je suis venu en coup de main pour aider Colas, pour SOMBRE DRAME; J'ai dit "c'est un Zecca". Il m'a répondu "Non !... À ce moment-là, Zecca n'était pas là." Il ne vous a connu à la maison que quand vous avez fait, je crois... ah, c'est pas "l'Histoire d'un crime" ?
ZECCA.--C'est ça.
Le film Sombre drame ne figure pas dans les catalogues Pathé mais le titre renvoie à une thématique dramatique. Or pendant la période où Zecca est absent, on ne tourne que très peu de films de ce type. Il pourrait s'agir en fait de Assassinat du roi et de la reine de Serbie film tourné par Lucien Nonguet dont les décors ont été réalisés précisément par Gaston Dumesnil, Vasseur et Albert Colas. Sachant que le tournage a eu lieu entre le 29 mai et le 22 juin 1903, on sait que Zecca est toujours chez Gaumont. Jusqu'à quand Zecca est-il resté au Comptoir ? La seule chose que l'on peut dire c'est que La Grève, tourné vers le mois de juillet 1904, semble être le premier film qu'il tourne à son retour chez Pathé.
Ferdinand Zecca est-il resté aussi longtemps chez Gaumont ? Est-il de retour plus tôt chez Pathé, mais a-t-il été banni pendant quelque temps de la direction. Encore des incertitudes sur cette période.
Le retour chez Pathé (1904-)
Ferdinand Zecca continue d'occuper des fonctions importantes chez Pathé. Il traite en particulier avec le Film d'Art (1909)
Et après... (1906-1947)
Il arrive à New York, le 17 juin 1910 à bord de La Lorraine
En 1913, il dirige la filiale de la Pathé à New Jersey.
Rentre en France après la guerre
Ferdinand Zecca et Charles Pathé
(Film de Sacha Guitry, 1918)
Direction de la Pathé Baby.
Se retire en 1939.
...→
Sources
AMBRIÈRE Francis, " Les souvenirs de Ferdinand Zecca ", L'image, 1re année, nº 13, 1932, p. 27-29.
GIANATI Maurice, "Ferdinand Zecca chez Gaumont", 1895, nº 30, octobre 2000, p. 27-41.
GIANATI Maurice, "Alice Guy a-t-elle existé ?" dans GIANATI Maurice et Laurent MANNONI, Alice Guy, Léon Gaumont et les débuts du film sonore, JL, 2012, p. 1-52.
Jean Emmanuel, "Premiers âges du cinéma : Ferdinand Zecca", Pour vous, nº 151, 8 octobre 1931, p. 6.
LANGLOIS Henri, "Ferdinand Zecca. Premier chef de production... et fameux metteur en scène !", La Cinématographie française, numéro spécial, novembre 1935, p. 37.
ZECCA, Souvenirs, Fondation Jérôme Seydoux Pathé.
Ferdinand Zecca interviewé par Musidora, Commission de Recherche Historique. Cinémathèque Française. CRH36.B2.
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1900
Le Muet mélomane [scènes ciné-phonographiques] (Pathé)
Quand on a travaillé [scènes ciné-phonographiques] (Pathé)
La Visite du major [scènes ciné-phonographiques] (Pathé)
Carmen [scènes ciné-phonographiques] (Pathé)
Baigneurs et Plongeurs (Pathé)
Baigneurs et Plongeurs en avant et en arrière (Pathé)
Évolution de deux escadres (Pathé)
Parade et défilé de toute la flotte pavoisée (Pathé)
Un quatre-mâts revenant de ravitaillement (Pathé)
Attaque générale par toute la flotte réunie (Pathé)
1901
Engagement sous les murs de Pékin (Pathé)
Après le bombardement de Tien-Tsin (Pathé)
Martyre d'un missionnaire à Pao-Ting-Fou-Intervention des troupes alliées (Pathé)
[La Loupe de grand-maman] (Pathé)
[Comment Fabien devient architecte] (Pathé)
À la conquête de l'air (Pathé)
[Ce que l'on voit de mon sixième] (Pathé)
[Comment on met son couvert] (Pathé)
Un drame au fond de la mer (Pathé)
[Par le trou de la serrure] (Pathé)
Une idylle sous un tunnel (Pathé)
La Soupière merveilleuse (Pathé)
La Mégère récalcitrante (Pathé)
[Plongeur fantastique] (Pathé)
Les Sept Châteaux du diable (Pathé)
L'Illusionniste mondain (Pathé)
Une tempête dans une chambre à coucher (Pathé)
VISITE DE NICOLAS II EN FRANCE (Pathé)
1902
Ascension du Mont Serrat (Pathé)
Descente du Mont Serrat (Pathé)
Promenade dans le port de Barcelone (Pathé)
Panorama circulaire de Barcelone et ses environs (Pathé)
Boulevard de Catalogne à Barcelone (Pathé)
Course de taureaux à Barcelona (Pathé)
Course de taureaux par les matadors Don Luiz Mazzantini et Bombita (Pathé)
[La Poule merveilleuse] [+ acteur] (Pathé)
Une séance de cinématographe (Pathé)
Les Victimes de l'alcoolisme (Pathé)
Ali-Baba et les quarante voleurs (Pathé)
Catastrophe de la Martinique (Pathé)
Le Conférencier distrait (Pathé)
La Belle au bois dormant (Pathé)
[La Soubrette ingénieuse] (Pathé)
LA VIE ET LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST (Pathé)
Le Conférencier distrait (Pathé)
Le Premier Cigare du collégien (Pathé)
1903
Janvier-Mars
Les Aventures de l'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche (Pathé)
Avril
Illusionniste renversant (Gaumont) [+ acteur]
Les Apaches pas veinards (Gaumont)
Mésaventures d'un voyageur trop pressé (Gaumont)
1904
1905
Automobile et Cul de jatte (Pathé)
L'Antre infernal [supervision] (Pathé)
L'Alcool engendre la tuberculose (Pathé)
Ce que l'on voit de la Bastille (Pathé)
1906
Les Survivants de Courrières (Pathé)
1909 |
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L'ancien forçat | |
Faust | |
Le Caprice du César vainqueur | |
Les Deux Enfants | |
1910 |
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Le Droit seigneurial | |
Paillasse | |
1912 |
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La Fièvre de l'or | |
La comtesse noire | |
1913 |
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Coeur de femme | |
Plus fort que la haine | |
La Lutte pour la vie | |
La Jolie bretonne | |
Le Roi de l'air | |
L'Inspiration brisée | |
1914 |
|
Les Larmes du pardon |