Ablation d'un fibrome de l'ovaire, avec ascite
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Ablation d'un fibrome de l'ovaire, avec ascite
Elle fut pratiquée le 21 juillet 1898 et enregistrée au cinématographe ; l'ablation de la tumeur, depuis l'incision de la peau jusqu'à l'application de l’écarteur sus-pubien et jusqu'à la ligature du premier ligament large dura 3 minutes. Les antres ligatures, la fermeture du péritoine pelvien et la suture de la paroi abdominale furent conduites avec toute la célérité qu'exigeait l'état de la malade. L'opération dura avec le pansement 20 minutes.
Nous allons la décrire en détail, telle qu'on peut la suivre en voyant se dérouler, sur l'écran à projection, la scène muette qu'il est facile d'animer en accompagnant chaque temps, chaque incident, des paroles qu'ils comportent.
Position de la malade. — La malade est placée dans la position déclive de Trendelenbourg sur mon lit mécanique, construit par M. Mathieu. Les jambes sont fléchies à angle droit sur les cuisses et celles-ci très légèrement écartées. Une longue pince courbe a été disposée dans le vagin, où elle est maintenue par une compresse, de manière à faire saillie dans le cul-de-sac de Douglas.
Incision de la paroi. — L'incision est faite en quelques secondes grâce à l'artifice suivant : dès que le péritoine est découvert, je le saisis avec une pince et j'y fais au bistouri un tout petit orifice qui laisse entrer l'air. Immédiatement la paroi se détache de l'intestin et l'incision est complétée au bistouri d'abord, puis aux ciseaux, de manière à inciser en haut la paroi abdominale jusqu'au-dessus de l'ombilic, et en bas la ligne blanche jusqu'au contact même de la symphyse du pubis. Le péritoine est ménagé en bas de manière à ne pas blesser la vessie.
Préhension de la tumeur. — La tumeur est transfixée avec un puissant tire-bouchon et attirée au-dessus du pubis. Une grande compresse est placée au niveau du promontoire pour refouler les intestins vers le diaphragme. Les attaches de la tumeur étaient très mobiles ; il ne fut donc pas nécessaire de pratiquer la section préventive du bord supérieur des ligaments larges, qui n'est indiquée que lorsque leur brièveté bride la partie supérieure, de la tumeur et s'oppose à son ascension.
On voit sur l'écran du cinématographe la saillie de la pince poussée par la vulve, et dont l'extrémité soulève le cul-de-sac postérieur du vagin. La paroi péritonéo-vagiaiale est incisée en ce point avec les ciseaux, et le vagin largement ouvert. Le col, saisi avec l'érigne à glissière est attiré dans la plaie. Quelques nouveaux coups de ciseaux agrandissent la boutonnière vaginale à droite puis à gauche, et sectionnent enfin la muqueuse vaginale en avant du col, sur les lèvres duquel est appliquée, pour mieux le maintenir, une pince à grilles ordinaire.
Je sectionne alors, à droite et à gauche de la partie sus-vaginale du col, le ligament fibreux qui se trouve de chaque côté au voisinage de l'artère utérine, et une nouvelle traction sur les deux pinces qui saisissent le col permet l'ascension complète de celui-ci, qui se trouve entièrement détaché de la vessie. Deux fortes pinces sont appliquées sur les artères utérines. L'index gauche est passé au-dessous du bord supérieur du ligament large gauche, et une longue pince courbe est appliquée au-delà des annexes. Ce ligament est sectionné, et la masse de l'utérus est renversée à droite vers le chirurgien, de telle sorte qu'elle abandonne entièrement la vessie. Un coup de ciseaux sur le péritoine antérieur, une pince sur le ligament large droit, au-delà des annexes, et l'utérus fibromateux est entièrement détaché.
Application de l’écarteur sus-pubien. — La tumeur détachée, une grande compresse est placée dans la cavité pelvienne, et mon écarteur habituel est fixé au-dessus du pubis.
Écrasement et ligature des pédicules utéro-ovariens Ligature des artères utérines.— Le pédicule annexiel droit, est écrasé avec ma pince à levier, et lié ; de même le pédicule annexiel gauche, puis les deux artères utérines, sur lesquelles ont été fixées deux fortes pinces à griffes au moment où le col a été détaché de la vessie. Ces dernières ligatures ne sont faites que par mesure de sécurité, l'écrasement avec ma pince suffisant habituellement.
Il ne reste plus qu'à assurer l'hémostase de la tranche vagino-péritonéale postérieure, où existent souvent de chaque côté une ou deux artérioles, branches des vaginales, et à fermer le péritoine pelvien.
Fermeture, du péritoine pelvien. — La commissure droite de la muqueuse vaginale est chargée avec une forte pince à griffes sur une aiguille courbe à manche, puis, à sa suite, le péritoine du cul-de-sac de Douglas au-dessus de la ligature de l'artère utéro-ovarienne droite, et enfin le péritoine rétro-vésical au-delà de cette ligature. Le fil, serré en cordon de bourse, est noué, rejetant à l'orifice-du vagin les ligatures de l'utéro-ovarienne et de l'utérine, qui resteront extra-péritonéales. La même suture en bourse est pratiquée de l'autre côté.
Il ne reste plus qu'à fermer l'orifice elliptique transversal qui persiste entre ces deux sutures par un surjet séro-séreux qui part du pédicule utéro-ovarien droit, pour réunir le péritoine rétro-vésical au péritoine du cul-de-sac de Douglas, et se termine au-dessus du pédicule utéro-annexiel gauche.
Il ne reste ainsi dans le péritoine que le dernier surjet.
Suture de la paroi. — La malade est placée à peu près horizontalement grâce à la crémaillère qui sert à modifier l'inclinaison du lit métallique ; les grandes compresses qui maintiennent les intestins sont enlevées et remplacées par deux autres de la dimension habituelle.
Le péritoine est fermé par une suture à la soie fine à points séparés, qui comprend en même temps la ligne blanche. Cette suture est faite à l'aide de mon aiguille à manche.
La peau est réunie au crin de Florence et à points séparés.
Revue critique de médecine et de chirurgie, 3e année, nº 6, juin 1901, p. 52-53.
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01/08/1901 | Grande-Bretagne, Cheltenham | Clément Maurice | Ablation d'un fibrome de l'ovaire avec ascite |
01/06/1902 | Allemagne, Berlin, Académie des arts et des sciences | Eugène Doyen | Ablation d'un fibrome de l'ovaire, avec ascite |
12/10/1903 | France, Paris, Clinique, rue Piccini | Clément Maurice | Ablation d'un kyste de l'ovaire |