LILLE

Jean-Claude SEGUIN

Lille, chef-lieu du département du Nord (France), compte 180.000 habitants (1894)

1896

Le Cinématographe Lumière d'Étienne Thévenon (17, rue Esquermoise, 14 avril 1896-2 août 1896)

La diffusion du cinématographe s'effectue au cours du printemps 1896 selon un système de concessions d'exploitation. Si nous ne connaissons pas le nom du concessionnaire, ceux du responsable du poste, Étienne Thévenon et de l'un de ses assistants, Maurice Mosse, nous sont parvenus. La première séance publique a lieu le 14 avril 1896 au 17, rue Esquermoise :

La photographie animée.-Hier ont commencé à Lille, 17 rue Esquermoise, d'intéressantes séances de photographie animée par le « Cinématographe ».
Le Cinématographe est un appareil, inventé par MM. Lumière, qui permet de recueillir, par des séries d'épreuves instantanées, tous les mouvements qui pendant un temps donné se sont succédés devant un objectif et de reproduire ensuite ces mouvements en projetant, grandeur naturelle, leurs images sur un écran.
C'est en somme la vieille lanterne magique, mais revue, corrigée et considérablement agrémentée par les progrès de la science.
Il n'est personne qui n’ait déjà assisté à une séance de projections lumineuses illustrant une conférence quelconque. Supposez que le paysage représenté et décrit par le conférencier vienne tout à coup à s'animer, que les personnages qui s'y trouvent se meuvent, que le feuillage des arbres soit agité par le vent, que la brise soulève les remous de l'eau, que tout enfin vous donne l'apparence de la vie jusque dans ses moindres détails et vous aurez une idée exacte du spectacle qu'offre le Cinématographe.
Toutes les scènes de la vie peuvent, à l'aide de cet appareil, être reproduites, ou mieux, ce sont les séances elles-mêmes qui se déroulent sous les yeux des spectateurs.
Celles qui nous ont été présentées hier sont des plus variées, chacune d'elles dure un peu moins d’une minute. Le spectacle est original et des plus curieux, nul doute qu'il n'obtienne, ici, comme partout ailleurs, beaucoup de succès.


Le Grand écho du Nord et du Pas-de-Calais, Lille, 15 avril 1896, p. 1.

L'article se contente de faire une présentation du cinématographe assez rapide et convenue qui n'offre guère d'information sur le programme des vues proposées.

lille esquermoise
LL., Lille-La Rue Esquermoise (c. 1902)

Quelques jours plus tard, un nouvel article permet de connaître un programme dans sa totalité :

Le Cinématographe
Depuis quelques jours le cinématographe attire une foule considérable. Le cinématographe est, on le sait, un appareil qui permet de recueillir tous les mouvements qui, pendant un temps donné se sont succédés devant l'objectif. Le cinématographe inventé par les frères Lumière fait en ce moment courir tout Paris. Nous conseillons vivement nos lecteurs à aller rue Esquemoise, 17, ils passeront une heure fort intéressante.
À partir de demain dimanche, le programme sera complètement changé. Voici les scènes qui seront reproduites par le cinématographe.
1. Gros temps en mer.- 2. Le repas de bébé.- 3. Démolition d'un mur.- 4. La place des Cordeliers à Lyon.- 5. Charcuterie mécanique.- 6. Les forgerons.- 7. Pêcheurs raccommodant leurs filets.-8. Embarquement d'une chaudière.-9. Arrivée d'un train en gare.


L’Égalité, Roubaix, 19 avril 1896, p. 3.

Par la suite, les programmes se renouvellent assez peu et seuls quelques entrefilets apportent parfois un complément d'information. C'est ainsi le cas à l'occasion du Broquelet, grande fête populaire des ouvriers du textile, qui a lieu le 9 mai, jour de la translation de Saint-Nicolas. Le nom " broquelet " désigne le fuseau des dentellières :

Le Cinématographe-Lumière
Nous recevons la communication suivante :
" À l'occasion du Broquelet, nous donnons exceptionnellement des séances populaires au prix de CINQUANTE CENTIMES, le dimanche 10 mai et le lundi 11 mai.
Le Programme de ces journées est le suivant :
1. La Leçon de musique, 2. Démolition d'un Mur.-3. Le Géant et le Nain.-4. les Forgeons.-5. Charcuterie-Mécanique.-6. Le Jardinier.
Pour détruire plusieurs appréciations qui pourraient s'accréditer, nous portons à la connaissance du public, que le Cinématographe-Lumière fontionnant 17, rue Esquermoise, est le même que celui qui fonctionne à Paris et dans ses quarante succursales d'Europe.


L'Égalité, Roubaix, 11 mai 1896, p. 3 

C'est vers la fin du mois que l'on annonce les dernières séances, une pratique habituelle souvent contredite :

Le Cinématographe
Le Cinématographe Lumière, 17, rue Esquermoise, quittant Lille dimanche soir 31 mai, donne à partir d'aujourd'hui un programme composé de nouvelles vues.


L'Égalité, Roubaix, 1er juin 1896, p. 3.

De fait, le cinématographe Lumière va rester quelque temps encore comme le signale l'entrefilet suivant :

En présence du grand succès obtenu de ses représentations de photographie animée et sur la demande de ses visiteurs, la maison Lumière, de Lyon, continuera pendant quelques temps encore ses séances de cinématographie. Nous engageons nos amis à aller revoir le spectacle si intéressant qui est offert au Lillois.


La Dépêche, Lille, 3 juin 1896.

Finalement, le cinématographe Lumière va rester jusqu'aux premiers jours du mois d'août.

Pourtant, même après son départ, le poste Lumière de Lille va encore faire parler de lui et à plusieurs reprises. Tout d'abord au sujet d'un trafic de photographies obscènes qui va mettre en cause l'un des employés du cinématographe de la rue Esquermoise :

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE LILLE
Séance du 13 août
Présidence du M. RIGGER
Les photographies obscènes.-Depuis quelque temps, le service de la sûreté à Lille était informé qu'un grand nombre d'individus circulaient dans les cafés, offrant aux consommateurs des photographies obscènes. Des vendeurs de journaux qui étaient connus pour se livrer à ce trafic furent filés et vers la fin du mois de juin dernier, l'agent Sapin arrêtait à la brasserie Becker un sieur Dupont, dont les allures louches l'avaient frappé.
Quand Dupont se vit arrêté, il se débarrassa de sa sacoche qui fut ramassée par ses camarades. quelques jours après on mettait en état d'arrestation, un retoucheur de photographies habitant rue du Priez, le nommé B., âge de 20 ans, qui avait offert à un employé du Cinématographe rue Esquermoise, une série de photographies en échange d'une entrée au Cinématographe.
Dupont nie énergiquement avoir vendu ou exhibé dans des lieux publics des photographies sur la nature desquelles nous n'insisterons pas. B., de son côté soutient qu'il n'en a jamais fabriqué et qu'il n'a pas donné au contrôleur du Cinématographe les images incriminées en échange d'une entrée.
Les faits relevés contre Dupont n'étant pas démontrés, ce dernier est acquitté. Quant à B., il est condamné à un mois d'emprisonnement et 16 fr. d'amende.


L'Égalité, Roubaix, 15 août 1896, p. 3.

Le nom de l'employé n'est pas fourni, pas plus que celui du retoucheur de photographies simplement signalé comme B. Ce dernier semble s'être servi de clichés obscènes afin d'obtenir une entrée au cinématographe. L'affaire est plutôt cocasse en sachant, en outre, que les Lumière ne disposent dans leur catalogue que de vues bien sages... Resterait à connaître le nom de l'employé... Il se trouve précisément qu'un certain Moïse Maurice, âgé de dix-neuf ans, travaille sur le poste du cinématographe Lumière. Son nom ne nous serait jamais parvenu si ce brave garçon n'était tombé amoureux d'une jeune femme et n'avait pas attenté à ses propres jours. L'Avenir de Roubaix va détailler par le menu toute l'affaire :

LES AMOURS TRAGIQUES
Tentative de suicide d'un jeune amoureux
Une émouvante tentative de suicide a eu lieu hier matin, dans les bureaux de l'Express, rue des Prêtres.
À 10 heures, M. Maurice Mosse, récemment engagé comme comptable par M. Coste, se tirait un coup de revolver dans le côté gauche.
Un de nos rédacteurs, M. Mency-Dargis, rencontrait dimanche après-midi, vers deux heures M. Mosse, rue Nationale, en face des magasins de Jeanne d'Arc.
" Venez donc demain matin à l'Express, dit à notre collaborateur M. Mosse [sic], vous aurez une longue colonne de reportage" (sic).
M. Mency-Dargis s'éloigna, sans attacher autrement d'importance à ce propos, et pendant d'ailleurs à une plaisanterie.
Ajoutons que vers 7 heures du soir le jeune homme vit au Café Lorquin, rue de Pois, un autre de nos rédacteurs, M. Catoire, auquel il tint le même propos qu'à M. Mency-Dargis.
Coup de théâtre
Notre collaborateur se rendait hier après-midi à l'hôpital Saint-Sauveur.
Au bureau des commis, on lui fit la déclaration suivante : 
"Ce matin, à huit heures et demie, M. Maurice Mosse, dix-neuf ans, s'est tiré un coup de revolver dans le côté gauche. La balle est ressortie par le côté droit et on craint que le foie ne soit perforé. On attribue le suicide à un chagrin d'amour."
M. Mency-Dargis se souvint alors du propos que lui avait tenu la veille, le jeune homme qu'il avait connu, lorsqu'il était employé au Cinématographe, rue Esquermoise.
Il se rendit dans la salle où se trouvait le jeune désespéré : " C'est là, lui dit-il, le " reportage" que vous me promettiez hier ?"
"- Oui, lui fut-il répondu.
"- Et depuis quand aviez-vous l'intention de vous tuer ? "
"- Depuis jeudi passé."
Après quelques paroles de consolation et de réconfort, notre collaborateur se retira.
Les causes du suicide
Beaucoup de nos concitoyens connaissent le jeune Mosse pour l'avoir vu au Cinématographe.
Le teint coloré, presque imberbe, ce garçon aux allures timides et à la voix douce ne paraissait pas devoir être sujet aux grandes passions qui tuent. Pendant les heures d'attente au seuil du Cinématographe, il avait fait la connaissance d'une jolie blondinette, demoiselle de magasin dans le voisinage.
Elle n'avait pas refusé les hommages de son galant, et le pauvre s'était imaginé que cet amour serait éternel.
Malheureusement, il se trouva sans emploi. Nous le vîmes souvent dans nos bureaux et séduits par son excellente éducation, sa douceur naturelle, nous essayâmes de le caser.
La chose n'était pas facile et nous croyons bien que pendant plusieurs semaines le malheureux dut passer la nuit à la belle étoile.
Les parents de la jeune fille tout en s'apitoyant sur l'affection sincère dont souffrait Mosse, lui firent comprendre que toutes les relations devaient finir et la demoiselle obéit à ces injonctions.
Le cœur brisé par cette rupture le pauvre garçon écrivit dimanche soir au frère de son amoureuse une lettre dans laquelle il annonçait que lundi à 8 heures et demie du matin il se tuerait : " J'envoie la même lettre à votre sœur, écrivait-il. "
M. P... voulant épargner cette émotion à sa sœur s'empressa d'aller rôder rue Esquermoise et fut assez heureux pour arrêter au passage le commissionnaire de la funèbre missive.
Une nuit de recherches
Quoiqu'on prétende généralement que celui qui a la ferme intention de se suicider ne l'annonce pas à l'avance.
M. P. se mit à la recherche de Mosse. Vainement il chercha à connaître son adresse et pendant la moitié de la nuit, erra par la ville dans l'espoir de rencontrer le jeune désespéré. Il se coucha, se promettant bien de se rendre dès la première heure au bureau de l'Express.
Trop tard
M. P. arriva rue des Prêtres un peu après huit heures du matin et demanda à la femme du directeur, Mme Coste, d'appeler son employé.
Cette dame ignorant le motif de la visite de M. P. refusa d'appeler le jeune Mosse. Pendant qu'elle parlementait, une détonation se fit entendre dans le bureau.
Huit heures et demie sonnaient exactement, l'infortuné garçon avait tenu parole.
Le blessé
Mms Coste, M. P., plusieurs employés se précipitèrent dans le bureau où Mosse gisait dans une mare de sang, tenait encore en main le revolver chargé de cinq balles dont il venait de se décharger un coup dans le côté gauche.
Il serra la main à M. P. en lui disant : " Il est trop tard. "
M. le docteur Lingrand, appelé aussitôt, fit transporter le blessé à l'hôpital Saint-Sauveur, comme on le sait.
Lettres d'adieux
On trouvé [sic] sur le blessé trois lettres adressées, l'une au commissaire central, le priant d'avertir sa famille en Belgique et quelques-uns de ses amis, la seconde pour M. et Mme Coste contenant les adieux reconnaissants du suicidé.
La troisiìeme renfermait divers souvenirs. Sur l'enveloppe étaient écrits ces mots :
" Voici mes reliques d'amour. Je désire qu'elles soient placées dans mon cercueil. Qu'on n'ouvre pas cette enveloppe, elle ne contient que des fleurs et une mèche de cheveux."


L'Avenir de Roubaix, Roubaix, 30 septembre 1896, p. 3.

L'histoire ne dit pas si le jeune Moïse Maurice, d'origine belge, a finalement échoué dans sa tentative de suicide... En tout cas, il ne figure pas au nombre des décès de cette année à Lille. Mais décidément, le poste Lumière n'en finit pas de déchaîner les passions. C'est au tour du responsable du poste Étienne Thévenon qui, par amour, est à deux doigts de mettre fin à ses jours. Une aventure amoureuse, ici encore, qui fort heureusement ne finit pas en drame :

TENTATIVE DE SUICIDE
rue Saint-André
Il y a six à sept mois, un jeune homme qui avait été employé au cinématographe de la rue Esquermoise, se suicidait par désespoir d'amour.
Son camarade, employé au même établissement, vient de se tirer deux coups de revolver, également par chagrin d'amour.
Étienne Thévenon, 44 ans, originaire de Lyon, pendant son passage à Lille, l'été dernier, nouait des relations avec une femme mariée du quartier Saint-André, âge de 24 ans, seulement, dont l'époux était au régiment. Au départ du cinématographe, la jeune femme quitta le foyer conjugal et suivit son amant.
Elle revint à Lille quelque temps après, mais son amant qui ne voulait pas se séparer d'elle, la rejoignit et la décida de nouveau à l'accompagner.
Ce fut le mari qui, à son tour, entra en mouvement et partit à la recherche de sa femme qu'il retrouva à Bienne, en Suisse. Il parvint à lui faire abandonner son amant après avoir causé quelques ennuis à ce dernier, qui, paraît-il, fut à ce sujet congédié par son patron.
Pour se venger, Thévenon revint à Lille et sur le refus de sa capricieuse amie de renouer les relations rompues, il résolut de se suicider devant la porte de l'inconstante.
Hier matin, il se trouvait vers 6 heures 1/2, rue Saint-André, attendant la sortie de son amie, ce fut le père qui le premier descendit dans la rue et en l'apercevant, remonta précipitamment prévenir sa fille.
Thévenon le suivit et arriva presque en même temps sur le palier de la chambre et se tira un coup de revolver. Le père et le mari se précipitèrent sur lui, l'arme partit une seconde fois, avant qu'on put le désarmer.
On le croyait blessé, mais il n'en était rien ; la première balle a éraflé le pardessus dont le drap a été brûlé par la poudre, la seconde s'est logée dans la poche du vêtement.
Thévenon a été arrêté et conduit au parquet qui l'a relâché peu de temps après. Il sera poursuivi pour port d'arme prohibée.


L'Avenir de Roubaix, Roubaix, 15 mars 1897, p. 3.

Décidément le cinématographe Lumière de la rue Esquermoise n'a pas fait que proposer des vues au spectateur, il a également attisé les passions.

Répertoire (autres titres) : Assiettes tournantesL'ArroseurConcertMaréchant-FerrantPartie de tric-trac (Le Réveil du Nord, Lille, 22 avril 1896), Les Champs Elysées, Le SerpentBaignade en merQuerelle enfantineUne partie de jacquetUn prêté pour un renduDéfilé du 96e de ligne (L'Égalité, Roubaix, 17 mai 1896, p. 3), Barque sortant du portBoute-selle (7e cuirassiers)Défilé du 7e cuirassiersLa Politique adoucit les moeursLancement d'un navire à la Ciotat, Le Cinématographe à LondresLa Bourse (Marseille)La Canebière (Marseille) (La Dépêche, Lille, 14 juin 1896), Regent Street à LondresChevaux à l'abreuvoirPartie d'écartéGarde montante (Londres)Danse de jeunes filles (Londres)Chute d'un murMaoeuvre du sabreMauvaises herbes (Le Réveil du Nord, Lille, 29 juin 1896), Comte de Montebello et Général de BoisdeffreCzar se rendant au KremlinCzar et Czarine se rendant au SacreCzar et Czarine entrant dans l'Église de l'AssomptionDéputation asiatique (L'Égalité, Roubaix, 28 juillet 1896, p. 3).

Le Cinématographe Lumière (Société Industrielle, 23 mai 1896)

À l'occasion du Congrès de photographie, des projections cinématographiques sont organisées:

Congrès de photographie.-Nous avons assisté à la Société photographique aux cours de projection à la lumière électrique.
Le Cinématographe y fonctionne très bien, les photographies en couleurs ont un éclat éclat superbe et les projections de l'invisible sont des plus intéressantes.
Cela suffit pour assurer une salle comble à la Société photographique.
Voici le programmé détaillé du Congrès de photographie :
Samedi 23 mai, 11 h. 58 du matin, arrivée des délégués, réception à la gare par le comité de la société de Lille.
3 heures du soir, ouverture de la session, au siège de la société, 116, rue de l'Hôpital-Militaire, salle des assemblées générales.
Nomination des jurys des concours organisés par l'Union.
Communication. — Présentation d'appareils nouveaux.
8 heures 30 du soir, conférence par M. Léon Vidal, professeur à l'Ecole nationale des Arts décoratifs de Paris, nombreuses projections à la lumière électrique, projections en couleur et cinématographiques (grande salle des fêtes.)
Dimanche 24 mai, 9 heures 30 du matin, rendez-vous au siège de la société, visite des locaux.
De 10 heures à midi et après-midi, visite des monuments de la ville et des promenades. Groupe.
Réunion du jury des concours de l'Union nationale.
Lundi 25 mai, 8 heures 30 du matin, rendez-vous au siège de la société, excursion aux environs de Lille. 
A 3 heures du soir, séance de travail dans le grand amphithéâtre de l'institut de physique, rue Gauthier-de-Châtillon, 48.
Communications. — Présentation d'appareils nouveaux.
Clôture de la session. — 7 heures du soir, banquet à l'annexe du Grand-Hôtel, rue Faidherbe. Prix : 9 fr., proclamation des récompenses.
Mardi 26 mai : excursion à Saint-Omer et aux Marais de Clairmarais, promenade en bateau.
Rendez-vous à la gare à 6 h. 50 très précises. Départ de Lille à 7 h. 05 du matin, arrivée à St-Omer à 8 h. 19. Départ de St-Omer à 3 h. 40, retour à Lille à 7 h. 30. Prix de la tournée (déjeûner compris}, 10 à 12 fr. au départ de Lille.
Pour nos collègues de Valenciennes : départ de Valenciennes à 5 h. 14 du matin, arrivée à Lille à 6 h. 36. Départ de Lille à 8 h. 20, retour à Valenciennes à 9 heures 58.
M. Batet, 17, rue du Lycée, à St-Omer, a bien voulu mettre son laboratoire à la disposition des excursionnistes.
Les membres de la Société photographique de Lille qui désirent assister au banquet et prendre part à l'excursion de St-Omer sont priés de se faire inscrire au siège de la Société avant le samedi, à 5 h. du soir.


Le Grand Écho du Nord de la France, Lille, p. 2.

Un autre journal précise que les projections se font avec un cinématographe Lumière:

Congrès de photographie. Nous avons assisté, hier matin, à la Société photographique, aux essais de projection à la lumière électrique. Le cinématographe-Lumière y fonctionne très bien ; les photographies de couleurs ont un éclat superbe et les projections de l'invisible sont des plus intéressantes. Cela suffit pour assurer une salle comble à la Société photographique. Nous donnons ci-dessous le programme détaillé du congrès de photographie : samedi 23 mai [...]. 8 h 1/2 du soir, conférence par M. Léon Vidal, professeur à l'Ecole nationale des arts décoratifs de Paris, nombreuses projections à la lumière électrique, projections en couleurs et cinématographiques (grande salle des fêtes.


La Dépêche, Lille, 24 mai 1896.

C'est Léon Vidal qui donne la conférence:

Conférence de M. Léon Vidal, hier soir à 8 h 1/2, dans la grande salle des fêtes de la Société industrielle, sur le document photographique. [...]. Mais ces exemples, il les a multipliés, les empruntant à la photographie des couleurs, à la photographie dite de l'invisible, à la photographie animée, grâce au cinématographe de Lumière. [...] A l'issue du discours de M. Vidal, nous avons eu une vingtaine de projections animées qui ont eu un énorme succès. Les épreuves, qui n'ont pas encore été produites nulle part, avaient été envoyées spécialement pour le congrès par MM. Lumière et fils, de Lyon et elles repartiront ce matin même pour Lyon. Impossible de rien imaginer de plus merveilleux et de plus parfait.


La Dépêche, Lille, 25 mai 1896.

Le Cinématographe (Société Industrielle,  14 juin 1896)

La Société photographique annonces des projections cinématographiques à l'occasion du gala organisé au profit du Souvenir-Français:

Soirée patriotique.-Les membres de la Société photographique de Lille organisent, pour samedi 13, au profit de l'œuvre du Souvenir-Français, une soirée de gala, avec le concours de plusieurs artistes distingués et d'un orchestre d'amateurs, sous la direction de M. Colin.
Le spectacle des expériences du cinématographe sera présenté au public.
Ce concert aura lieu dans la salle de la Société Industrielle.


Le Grand Écho du Nord de la France, Lille, mardi 9 juin 1896, p. 3.

Cette annonce se confirme quelques jours plus tard:

Concert de la Société photographique.-Samedi soir, à huit heures et demie, a eu lieu dans la salle de la Société photographique au profit du monument que le Souvenir français doit élever à la mémoire des Enfants de Lille morts pour la patrie.
[...]
A noter le succès des projections du Cinématographe, opérées avec des vues nouvelles.


Le Grand Écho du Nord de la France, Lille, lundi 15 juin 1896, p. 2.

Le Cinéphotographe du Grand Théâtre Cocherie (Place de la République, 30 août 1896-28 septembre 1896)

C'est à l'occasion de la foire que s'installe le Grand Théâtre Cocherie qui propose, entre autres spectacles, des projections cinématographiques réalisées avec le cinéphotographe, commercialisé par Gabriel Lépée. Il est annoncé quelques jours plus tôt:

Nous avons sous les yeux le programme du grand théâtre Cocherie, situé place de la République, théâtre qui sera confortablement installé. Il arrivera d'Abbeville par un train spécial, il est composé d'un personnel de plus de 60 artistes avec un matériel de 14 ans. Ce beau théâtre contenant 600 personnes sera entièrement éclairé à la lumière électrique. M. R. Colin, le directeur ex-propriétaire de cet établissement apporte aussi avec lui une grande attraction nouvelle ; le Cinéphotographe, photographies animées et coloriées grandeurs naturelles, qui fera la joie des enfants et du public Lillois. Nous recommandons ce théâtre à nos lecteurs.


Le Réveil du Nord, Lille, 21 août 1896.

La presse donne une idée de la diversité des numéros:

FOIRE DE LILLE
[...]
Grand théâtre Cocherie, place de la République.-Tous les soirs, à huit heures et demie, la Fée aux Perles, grande féerie nouvelle en 5 actes et 26 tableaux. Splendide apothéose en deux transformations éclairée à la lumière électrique.-Le cinéphotographe, vues animées, grande attraction.-Intermèdes comiques et musicaux.
Le théâtre est entièrement éclairé à la lumière électrique.
Matinées à trois heures tous les jeudis, dimanches et jours de fête.


Le Grand Écho du Nord de la France, Lille, samedi 29 août 1896, p. 3.

L'inauguration a lieu le 30 août:

Parmi les beaux établissements de la place de la République, on remarque le Grand théâtre Cocherie. Ses débuts ont eu lieu dimanche soir. Le directeur, M. R. Colin, s'est surpassé cette année. [...] Le cinéphotographe, la grande attraction nouvelle de vues et photographies animées et coloriées, a été très goûtée et le public lillois partira en foule voir un tel spectacle. Tous les soirs, grande représentation à 8 h 1/2.


Le Réveil du Nord, LIlle, mercredi 2 septembre 1896.

La presse évoque à diverses reprises le cinéphotographe mais sans évoquer les programmes:

Théâtre Cocherie.-Le spectacle varié que le théâtre Cocherie offre au public lillois attire tous les jours une foule enthousiaste. Rappelons les intermèdes comiques de l'original clown Charley, l'équilibriste Sosmon; les pantomimes gracieuses qui sont données dans les matinées, les charmants vaudevilles et opérettes, tels que : La Petite Colonelle, L'Homme n'est pas parfait, les Deux Sourds, etc. Il ne faut pas oublier le Cinéphotographe, photographies animées et en couleurs que la direction renouvelle tous les jours. Mais surtout le grand succès est pour la Fée aux Perles, grande férie en 5 actes et 26 tableaux, avec la splendide apothéose à l'éclairage électrique qui termine la représentation. Le sympathique directeur, M. Colin, et le régisseur général, M. Bannière, ont vraiment droit à toutes nos félicitations.


Le Grand Écho du Nord de la France, Lille, lundi 14 septembre 1896, p. 3.

Les dernières séances ont lieu à la fin du mois de septembre:

Dernières représentations dimanche et lundi 28 septembre 1896. Dimanche 27 septembre, dernière matinée à 3 h pour les familles. Grande soirée à 8 h 1/2, intermède par Charley, Monsieur Boniface, opérette, et le Cinématographe.


Le Réveil du Nord, Lille, lundi 28 septembre 1896.

Le Kinétographe Edison (Foire, 2-12 septembre 1896)

C'est à l'occasion de la foire que s'installe un kinétographe Edison:

Théâtre, fêtes et concerts.- [ ... ] Le kinétographe Edison, avec photographies vivantes et animées, est installé sur l'Esplanade.


Le Réveil du Nord, Lille, 2 septembre 1896.

L'article est publié jusqu'au 12 septembre.

Le Kinématographe Hévin (Foire, 6-12 septembre 1896)

Parmi les attractions foraines, on annonce le kinématographe Hévin:

D'après Le Progrès du Nord, voici la nomenclature des établissements et la désignation des emplacements qui leur sont attribués. Tout d'abord Le Progrès du Nord constate que les forains ne se plaignent pas de la transformation de la foire et qu'ils y viendront en grand nombre. [...] Sur l'Esplanade. Deux rangées de spectacles sont installées sur l'Esplanade: la première adossée au canal; l'autre dans la première allée parallèle à celle des voitures. [...] Deuxième allée : [...] Pasquet femme géante 5 m. ; Duthoit tir 4 m. ; Hévin kinématographe 17 m. ; Gronier femme à 2 têtes 8 m.


L'Industriel forain, Paris, 6-12 septembre 1896.

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