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- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 6 décembre 2024
- Publication : 25 mars 2015
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REIMS
Jean-Claude SEGUIN
Reims, ville du département de la Marne (France), compte 104.186 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe Lumière de la Ligue de l'enseignement (Cirque, mars 1896)
La ligue de l'enseignement rémoise organise une série de conférences dont celle de clôture est consacrée aux inventions technologiques nouvelles comme le cinématographe, les rayons X et la photographe des couleurs. Cette séance exceptionnelle est donnée par M. Gouttolenc, conférencier et professeur de l'Ecole professionnelle :
Le Cinématographe
La Ligue de l’Enseignement a voulu terminer la série de ses conférences de cette saison par une soirée à la fois instructive et curieuse, digne au plus haut point d’intéresser nos concitoyens. Nous avons annoncé déjà que cette réunion serait consacrée à ces trois merveilles :
La photographie à travers les corps opaques, du professeur Rœntgen ;
La photographie coloriée ;
Et surtout, cette découverte véritablement admirable, le Cinématographe, ou autrement dit la Photographie animée.
Ceux qui n’ont pas assisté à une séance de projections du Cinématographe no peuvent pas se faire une idée de l’ingéniosité de cet appareil extraordinaire. Le Cinématographe, de création toute récente, fait actuellement courir tout Paris. Ce sont tous les jours des stationnements énormes de curieux qui attendent, devant l’établissement où fonctionne cet ingénieux appareil, le moment d’assister à une séance.
C’est donc une véritable bonne fortune pour Reims de pouvoir assister, au Cirque, à la soirée à laquelle nous convie la Ligue de l’Enseignement.
Pour donner à nos lecteurs une faible idée de ces séances, la description d’un tableau, entre autres, suffira.
Que l’on se figure, par exemple, une gare quelconque. Aux allées et venues des employés, des hommes d’équipe, aux mouvements précipités des voyageurs qui sortent des salles d’attente, nous devinons qu’un train est signalé. En effet, voici que le lourd convoi fait soudain son apparition et stoppe. Les employés ouvrent les portières, les voyageurs descendent, d’autres montent ; sur le quai, ce sont des embrassades, des poignées de main ; des groupes se forment. Puis, au signal du chef de gare, le train repart et les voyageurs qui viennent de descendre se dirigent qui vers la sortie, qui vers le buffet.
Et toute cette scène, photographiée à la gare de Lyon, mouvementée à souhait, se déroule sous nos yeux, sur un immense écran ; nous en distinguons admirablement les détails. Vraiment, on croit rêver en assistant à de pareilles choses. C’est bien là le dernier mot de la photographie
Le succès qu’obtiendra à Reims le Cinématographe sera certainement très grand, et il y a tout lieu d’en féliciter la Ligue de l’Enseignement à qui nous devons de passer d’aussi instructives et agréables soirées.
Nous rappelons qu’on peut retenir ses places chez M. Bournier, rue du Cloître.
L'Indépendant rémois, Reims, 23 mars 1896, p. 2.
Si les frère Lumière prête leur cinématographe pour cette séance de conférences, ils le font aussi par esprit commercial, en sachant que l'appareil de leur invention peut à la fois contenter le public d'un cirque - c'est d'ailleurs là que les projections ont lieu - comme celui, sans doute plus instruit, qui a pour habitude de suivre les conférences de la Ligue de l'enseignement. La première séance va donc avoir lieu le 28 mars. Lors des premières présentations du cinématographe, il est fréquent que la presse se fende de quelques explications plus ou moins scientifiques, mais qui visent à faire comprendre au lecteur de qui il en retourne. C'est un peu le propos du journaliste E. Arlot qui rend compte de cette soirée exceptionnelle :
Ligue de l'Enseignement.
Pour clôturer la série des intéressantes conférences qu’il a organisées cet hiver, le Comité rémois de la Ligue de l’Enseignement avait prié M. Couttolenc, le distingué professeur de l’École professionnelle, de parler de la photographie et, pour compléter les démonstrations scientifiques du professeur il avait fait venir le cinématographe de la maison Lumière qui en ce moment fait courir « Tout Paris ».
La valeur scientifique du conférencier, l’attrait de l’entendre démontrer les récentes découvertes de la photographie en couleur et des rayons X ; enfin le désir de connaître ce cinématographe dont on parle tant depuis quelques semaines, avaient attiré au Cirque, malgré un temps épouvantable, une foule très empressée.
M. Couttolenc a fait un rapide historique de la photographie Après avoir rappelé que la première chambre noire avait été découverte en 1550 par Porta, il a rapidement décrit les procédés de Niepce et de Daguerre, deux Français, qui ont été les vrais Inventeurs de la photographie, puis il est arrivé à la découverte de la photographie en couleur trouvée par un autre Français, Lipmann et aux fameux rayons X découverts par Rœntgœn.
M. Couttolenc a accompagné ses données scientifiques d’expériences fort intéressantes et de projections extrêmement curieuses.
Malheureusement, le conférencier est un homme de laboratoire ; sa voix, quoi que très nette, est faible et le moindre murmure de la foule la couvre complètement, au grand détriment des auditeurs, qui perdent ainsi une partie du plaisir qu’ils étaient venus chercher.
Après la conférence de M. Couttolenc ont commencé les expériences du cinématographe. C’était encore de la science, mais de la science amusante cette fois.
Qu’on nous passe la vulgarité de la comparaison, le cinématographe est une lanterne magique où les personnages vont et viennent, où la mer moutonne, la fumée monte, la poussière se répand, les trains de chemins de for arrivent sur vous, les voitures, les vélocipèdes courent, les hommes marchent comme dans la vie ordinaire.
Deux éléments manquent encore pour parfaire la réalité de ces tableaux vivants : la couleur et le son. Dans peu de temps, sans doute, grâce à la photographie colorée et au phonographe, ces lacunes seront comblées et plus heureux que nous, nos descendants n’auront qu’une manivelle à tourner pour voir et entendre causer leurs aïeux, ainsi devenus véritablement immortels.
E. ARLOT.
***
En présence du succès obtenu par la soirée d’hier, la Ligue va donner ce soir dimanche une deuxième séance populaire à prix réduits du grand succès du jour, le merveilleux appareil des frères Lumière : le Cinématographe.
Prix des places : Stalles et Parquet, 1 fr. ; Premières, 0 fr. 50 ; Secondes, 0 fr. 25.
L'Indépendant rémois, Reims, 29 mars 1896, p. 2.
Les explications, parfois approximatives, permettent au moins d'avoir une idée de l'appareil cinématographique. En revanche L'Indépendant rémois est avare d'informations relatives aux opérateurs et à la programmation prévue. Le Patriote est plus disert et complète le compte rendu de la soirée :
[...] M. Couttolenc cède la place aux opérateurs de MM. Lumière, venus de Paris tout exprès pour produire devant le public rémois leurs curieuses projections. Le succès qu'elles obtiennent en ce moment à Paris est, disons-le tout de suite, parfaitement justifié. Malgré les petits inconvénients d'une installation provisoire et un peu défectueuse, le succès n'a pas été moins grand ici qu'à Paris. Chaque scène était accueillie par des bravos frénétiques, des applaudissements enthousiastes et mêmes par des bans battus avec autant de frénésie que peu d'ensemble. Avec une complaisance dont on les a remerciés par de nouveaux applaudissements, les opérateurs ont recommencé plusieurs scènes à la demande générale. 12 scènes des plus variées et des plus pittoresques se sont succédées sur l'écran, nous disons scènes, à dessein, et non tableaux, car ce sont de véritables scènes, avec toutes l'illusion de la réalité, que reproduit le cinématographe. Citons parmi les plus remarquables : " La sortie de l'usine ", avec son fourmillement d'ouvrières qui sortent, les unes en courant, les autres en causant, ses employés qui enfourchent leurs bicyclettes et s'éloignent en pédalant, son omnibus, attelé de deux chevaux, qui sort au pas d'abord pour ne pas écraser les retardataires et prend ensuite une allure plus rapide. " Le jardinier " victime d'une mauvaise farce d'un gamin à qui il administre une correction méritée. " L'arrivée d'un train en gare " avec son mouvement de voyageurs qui montent et descendent. " L'arrivée à quai d'un paquebot " dont les passagers touchent terre avec bonheur : l'un de ces aimables personnages pousse même l'amabilité jusqu'à saluer gaiement les spectateurs. " Le bain de mer ", etc., etc., il nous faudrait du reste, citer les 12 projections qui se sont succédées, admirablement réussies.
V.M.
Le Patriote, Reims, 30 mars 1896.
Malgré quelques problèmes - qui viennent confirmer ce que dit en partie l'article de L'Indépendant rémois - le succès est au rendez-vous. Le journaliste insiste bien sur le terme " scène " - provenant du monde du théâtre - et écarte celui de "tableau " trop pictural et statique à son goût. S'il ne fait pas de doute que les vues présentées sont effectivement des photographies animées qui appartiennent au catalogue Lumière, leur identification reste parfois délicate puisque la propre maison de Monplaisir tourne plusieurs versions de ses " classiques ". Le succès aidant, une seconde séance est organisée le dimanche 30 mars 1896. Ces deux séances de démonstration ont pour vocation avant tout de faire connaître la nouveauté des frères Lumière, même si l'objectif commercial n'est jamais très loin.
Répertoire (autres films) : Enfant aux poissons, Repas, Joueurs, Le Chapeau, Forgerons, Place de Lyon, Le Mur (Le Patriote, Reims, 30 mars 1896).
Le Cinématographe Lumière d'Abel Bordéria (Casino, avril-mai 1896)
Abel Bordéria, qui a obtenu la concession d'exploitation du cinématographe Lumière pour quelques villes de l'Est de la France, va commencer par la ville où il exerce son métier de photographe. Même si l'appareil est déjà connu des Rémois grâce aux deux soirées organisées, en mars, par la Ligue de l'Enseignement, il s'agit maintenant d'une installation commerciale, au théâtre du Casino, dont l'inauguration a lieu le 23 avril 1896 :
Le Cinématographe.
Hier ont commencé, dans la jolie salle du Casino de la rue de l’Etape, très étonnée de voir les pères de famille et les mamans accompagnés de leurs enfants sur ses fauteuils, les séances du Cinématographe des frères Lumière, de Lyon, qui obtient depuis quelques mois tant de succès à Paris et à Londres.
La Ligue de l’Enseignement avait déjà réussi à donner aux Rémois la primeur de ce spectacle vraiment curieux, duquel, plus que de tout autre, on peut dire qu’il instruit en amusant; mais, malgré deux séances données au Cirque, bien des spectateurs n’avaient pu satisfaire leur curiosité, aussi sommes-nous heureux de leur annoncer que, pendant quelques jours, deux séances auront lieu au Casino : l’après-midi et deux le soir.
Notons encore que fréquemment les vues offertes au public seront variées, afin de permettre aux spectateurs de revenir plusieurs fois, sans être fatigués par la même exhibition.
L'Indépendant rémois, Reims, 24 avril 1896, p. 2.
Phototypie A. Rep et Filliette à Château-Thierry-Collection R. F.
Reims, le Casino et la Brasserie (c. 1910)
Grâce au journaliste du Courrier de la Champagne nous disposons d'informations plus précises, en particulier, sur la programmation de la soirée inaugurale :
[...] Et voici qu'un photographe rémois, M. Bordéria, s'en est rendu acquéreur [cinématographe], pour en donner des séances publiques, au joli petit théâtre du Casino. Nous avons assisté hier à la première séance et bien que déjà nous ayons vu fonctionner l'appareil et que nous en connaissions le mécanisme, nous n'avons pu nous défendre d'une vive admiration à la vue de toutes ces scènes qui semblent des pages détachées de la vie humaine, non pas racontée ou photographiée, mais toute vivante et agissante. Ainsi, voici d'abord apparaître " Une lourde diligence " qui traverse la place, puis s'arrête. Les portières s'ouvrent, les voyageurs se précipitent ; surviennent les amis, les parents : on se serre la main, on s'embrasse ; les facteurs descendent et transportent les bagages ; l'un des arrivants s'étire bras et jambes, cet autre allume et fume un cigare. Et pour compléter l'illusion, nous ajouterons que les personnages sont de grandeur naturelle. Le second tableau projeté sur l'écran nous montre " Des ouvriers démolissant un mur " qui, à la fin, s'effondre sous leurs coups de maillets, en produisant un épais nuage de poussière. C'est ensuite " La sortie du personnel de l'usine Lumière " : plus de 200 ouvriers et ouvrières, chacun d'une physionomie différente, quelques uns enfourchent la bicyclette ; les derniers se rangent pour laisser sortir la voiture du patron. Succède une délicieuse scène enfantine, " Un bébé caressant un gros chien " qui se prête complaisamment à tous ses caprices. Voici la grande " Avenue des Champs-Élysées ", avec tous ses équipages qui vont, reviennent, s'entrecroisent, pendant que sous l'œil plus ou moins vigilant des bonnes, les enfants se gaudissent dans les allées latérales. Ici des paysans brûlent dans les champs les " Mauvaises herbes " ; là, dans un salon, une " Partie de tric-trac ". Plus loin, une " Discussion politique " se termine par un violent pugilat. Enfin le public assiste aux péripéties d'une " Partie de boules ". Nous en passons et des meilleures, notamment un " Gros temps en mer " et " Barque sortant du port ", où l'on voit la vague qui se brise en flots d'écume sur les récifs. Voilà certes un spectacle que tout le monde voudra voir. À la sortie, on peut entendre, à la brasserie, le charmant orchestre de Mlle Marguerite Lussay.
Le Courrier de la Champagne, Reims, 24 avril 1896.
Comme d'habitude, les annonces se font plus rares et moins complètes jusqu'au dernier jour de spectacle, le 7 mai 1896. Le journaliste de L'Indépendant rémois y va de son couplet sur la morosité de la ville, après le départ du cinématographe, à peine brisée par les rythmes de l'orchestre de Mlle de Luçay :
Le Cinématographe.
Les dernières séances du cinématographe Lumière, qui a eu tant de succès et a fait courir tout Reims depuis quinze jours, ont eu lieu hier soir au Casino. La foule était considérable et les spectateurs n’ont cessé d’applaudir et de bisser les tableaux animés si envieusement reproduits devant leurs yeux.
Demain, le matériel sera emballé et expédié à Nancy où un succès pareil si ce n’est plus grand que celui obtenu à Reims, attend sans doute la merveilleuse invention de MM. Lumière, les habiles photographes lyonnais.
Cet accueil favorable sera évidemment le même dans toutes les villes de l’Est de la France et de la Belgique où le matériel et les vues qui ont fonctionné à Reims, vont être successivement livrés à la curiosité publique.
Cette attraction disparue de Reims, notre ville redevient morte ; plus la moindre distraction agréable, pas encore de sérénades le soir, plus de théâtre, plus de casino, si ce n’est une fois par hasard, plus do concerts, plus rien. Si, une branche de salut nous reste heureusement. C’est l’excellent petit orchestre de Mlle Marguerite de Luçay, que tout le monde connaît à Reims. Il est revenu depuis quelques temps à la Brasserie de Strasbourg où, chaque après-midi et chaque soir, il fait les délices des connaisseurs qu’il attire en grand nombre et qui lui restent toujours fidèles Sans cet aimable sextuor il faudrait nous coucher à la même heure que les poules de Cormontreuil. Nous croyons pouvoir annoncer que l’hiver prochain, le cinématographe Lumière, perfectionné et avec des vues d’un puissant intérêt, fera sa réapparition à Reims. Nous pouvons lui prédire qu’il retrouvera ici, un succès éclatant. E. A.
L'Indépendant rémois, Reims, 8 mai 1896, p. 2.
Abel Bordéria, qui reviendra quelque temps plus tard pour de nouvelles séances de projections animées, quitte Reims pour Nancy.
Répertoire (autres titres) : Acrobates, Le régiment qui passe, Aquarium, Cignes, Baignade en mer, Charcuterie mécanique, Le Train, Querelle politique, Le Mur, Les Brûleurs d'herbes, Le Jardinier (L'Indépendant rémois, Reims, 30 avril 1896, p. 3).
Le Cinématographe Lumière d'Abel Bordéria (Casino, juillet-septembre 1896)
De retour d'Épinal, Abel Bordéria va organiser de nouvelles séances de cinématographie au Casino, comme il l'avait fait quelques semaines plus tôt. La presse rémoise annonce bien entendu le retour du photographe :
Le Cinématographe Lumière au Casino.
Nous apprenons l’arrivée à Reims du Cinématographe Lumière. Les premières séances seront données le samedi 11 juillet, à 3 heures et à 5 heures après midi. Le soir et les jours suivants, elles auront lieu à 8 h. 1/2 et 9 h. 1/2 du soir.
Nos lecteurs trouveront en troisième page le programme des divers numéros du Cinématographe.
L'Indépendant rémois, Reims, 10 juillet 1896, p. 2.
L'inauguration a lieu le samedi 11 juillet dans l'après-midi et le clou du spectacle ce sont les fêtes du couronne du tsar à Moscou qui ont eu lieu quelques semaines plutôt et que Charles Moisson a filmé pour la maison Lumière. L'Indépendant rémois nous offre le programme complet de cette première journée :
CASINO
LES FÊTES DU COURONNEMENT DU CZAR À MOSCOU PAR LE CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE
Premières séances le Samedi 11 juillet, à 3 heures et à 5 heures après-midi, le soir à 8 h 1/2, les jours suivants aux mêmes heures.
___
1. Le Carrosse de la Czarine et de la Grande-Duchesse Eugénie.
2. Chefs asiatiques.
3. Le Czar et la Czarine se rendant à l'Eglise de l'Assomption.
4. Dames d'honneur se rendant au Sacre.
5. Czar et Czarine après le Sacre.
6. Ambassade coréenne.
7. Députations asiatiques.
8. Cuirassiers fourrageurs.
9. Charges de Cuirassiers.
10. La Mêlée.
11. Cyclistes et Cavaliers.
12. Ecriture à l'envers.
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PRIX DES PLACES
Fauteuils, 1 fr. ; Parterre, 0 fr. 75 ; Premières galeries, 0 fr. 50.
L'Indépendant rémois, Reims, 10 juillet 1896, p. 3.
De façon régulière, le programme va être publié dans la presse régionale au cours des semaines sans modification sensible jusqu'au début du mois d'août où le nombre de films passent de 12 à 16 vues (L'Indépendant rémois, Reims, 3 août 1896, p. 3). Le cinématographe va annoncer son prochain départ, Abel Bordéria devant se rendre dans d'autres villes pour organiser des séances :
Le Cinématographe. Le succès du Cinématographe-Lumière s’affirme tous les jours, et il n’est aucune des séances données l’après midi et le soir au Casino de la rue de l’Etape qui n'obtienne un vif succès. Pourtant, le Cinématographe va bien tôt disparaître, son concessionnaire, M. Bordéria, est impatiemment attendu dans d’autres villes où il a pris l’engage ment d’aller, et dans quelques jours il donnera ses dernières séances. Aujourd’hui, le programme a été complètement remanié. Il est composé des superbes vues du couronnement du tsar depuis longtemps redemandées par les spectateurs, et d’une série de scènes tout à fait nouvelles et d’un intérêt vraiment remarquable. Nous citerons parmi ces dernières: l’alerte des pompiers à Londres, qui est saisissante ; le bain à Milan ; la danse des troupiers espagnols ; une cavalcade d’anciens Germains à Budapesth ; les danseuses des rues de Londres, etc., qui sont autant de tableaux de genre inédits et originaux. Les curieux qui n’ont pas encore vu le Cinématographe n’auront rien perdu pour attendre, et ceux qui l’ont déjà applaudi voudront le revoir encore, mais il faut qu’ils se pressent. Dans huit jours, il serait trop tard.
L'Indépendant rémois, Reims, 23 août 1896, p 2.
Quelques jours plus tard, au début du mois de septembre, ce sont 20 vues qui sont offertes au public (L'Indépendant rémois, Reims, 9 septembre 1896, p. 3). Face au succès rencontré par le cinématographe, Abel Bordéria décide de prolonger ses projections pendant encore quelques jours :
Le Cinématographe. Le Cinématographe, qui devait cesser ses représentations à Reims dans les premiers jours de ce mois, a été tellement couru, que M. Bordéria, qui en est le concessionnaire pour la région, cédant aux demandes réitérées qui lui ont été faites, a pu, en reculant d’autres engagements, prolonger son séjour à Reims jusqu’au 24 septembre, dernier délai. Pour cette nouvelle période, il a en grande partie renouvelé sa collection de vues, ne gardant des, anciennes que celles qui ont obtenu et ont encore en ce moment un grand succès. Les nouveaux tableaux sont d’une grande originalité et très nets. Ajoutons que grâce à de sérieux perfectionnements qu’il a apportés dans l’installation, le mode d’éclairage et dans le fonctionnement de l’appareil, la trépidation qui se produit pendant les projections et qui était si fatigante pour les spectateurs, a presque complètement disparu. C’est presque la continuité absolue des images, c’est presque la perfection.
L'Indépendant rémois, Reims, 10 septembre 1896, p. 2.
Finalement, c'est le 24 septembre 1896 que le photographe donne sa dernière séance de cinématographie, avec le projet de continuer ses projections ailleurs...
Répertoire (autres titres) : Cyclistes militaires-Madrid, Rochers de la Vierge-Biarritz, Le Comte de Montebello et le général de Boisdeffre se rendant au Kremlin, Cosaques de l'escorte du Czar, Exercices de tir par l'artillerie espagnole, Escrime au 98e de ligne français (L'Indépendant rémois, Reims, 25 juillet 1896, p. 3), Cuirassiers fourrageurs français, La Mêlée, cuirassiers français, Le Mur, Bassin des Tuileries, Arrivée en voiture, Mauvaises herbes, Retour des manœuvres, La Baignade en mer (L'Indépendant rémois, Reims, 3 août, p. 3), Abreuvoir, Gros temps en mer, Concours de bébés, Régiment, Photographe, Jeux d'enfant, Chargement de bateaux, Autruches, Train, Démolition, Querelle enfantine, Baignade de Nègres (L'Indépendant rémois, Reims, 8 août 1896, p. 3), Nègres dansant dans la rue, Cortège anciens Germains à Budapest, Armée espagnole danse au bivouac, Jury de peinture, Éléphants (L'Indépendant rémois, Reims, 24 août 1896, p. 3), Une charge de lanciers espagnols, Des cavaliers traversent la Saône, Les Pigeons de Saint-Marc (Le Courrier de la Champagne, Reims, 29 août 1896), Pont de Vestminster, Londres, Jeu de boules, Jongleurs indous, Londres, Dragons traversant la Saône à cheval, Lutteurs javanais, Londres, Jardin d'Acclimatation, Pigeons de Saint-Marc, Venise (L'Indépendant rémois, Reims, 9 septembre 1896, p. 3)
Le Cinématographe Joly (Rue Carnot, décembre 1896)
La présence furtive d'un cinématographe Joly à Reims n'est signalée que de manière très lapidaire. C'est sans doute dans les derniers jours du mois de novembre que l'appareil s'installe 19, rue Carnot. Il est question de " photographies vivantes ", l'une des multiples façons de désigner les films.
L'Indépendant rémois, Reims, 30 novembre 1896, p. 3
Le périodique Le Courrier de la Champagne complète quelque peu l'information deux jours plus tard :
Un nouveau cinématographe vient de s'installer 19, rue Carnot avec des vues très différentes de celles qu'on nous a montrées jusqu'ici. Séances tous les soirs de demi-heure en demi-heure, de 2 h à 6 h et de 7 h à 10 h.
Le Courrier de la Champagne, Reims, 2 décembre 1896.
C'est finalement deux jours plus tard, de nouveau, que le même journal offre un article de quelques lignes qui n'apporte guère d'informations nouvelles et aucune sur la programmation :
Nous avons visité hier le cinématographe de la rue Carnot, dont nous annoncions avant-hier l'installation. Nous y avons trouvé un nombreux public, dont une division du lycée et quelques ecclésiastiques. Les pellicules dont le déroulement régulier, projeté sur un écran, donne l'illusion de vues animées est du système Joly, un concurrent de M. Lumière. Il en résulte que les vues sont toutes différentes de celles du casino il y a quelques mois. La fixité nous a également paru meilleure.
Le Courrier de la Champagne, Reims, 4 décembre 1896.
Ce que confirme le journaliste, c'est que le cinématographe Joly est sans doute l'un des meilleurs que l'on trouve alors en France. Puis les annonces disparaissent. Il est probable que le tourneur ait continué sa route pour rentabiliser son cinématographe.
1897
Le Vitagraphe Clément & Gilmer (Place Drouet, <4> janvier 1897)
Le Vitagraphe Clément & Gilmer est installé sur la place Drouet au début du mois de janvier :
Le cinématographe.
Nous avons assisté hier à une séance du cinématographe installé sur le champ de foire de la place Drouet d'Erlon.
Nous n'avons pas à dire ici ce qu'est le cinématographe : tout le monde à Reims le sait; mais ce qu'il est bon de faire remarquer, c'est que celui-ci est animé par le vitagraphe Clément Gilmer, qui est le pus perfectionné des appareils connus. Il supprime presque absolument le tremblement qui était si incommode dans le premier cinématographe. Rien que cette amélioration vaut que l'on aille visiter l'installation de celui de la foire.
L'Indépendant rémois, Reims, mardi 5 janvier 1897, p. 2.
1898
Le Théâtre Camby (Place Saint-Jacques, avril 1898)
La presse annonce l'ouverture de la Foire de Pâques où, parmi d'autres, figure le théâtre d'Alexandre Camby :
Foire de Pâques
Bientôt les échos des places d'Erlon et du Boulingrin retentiront des joyeux flonflons des orchestres des forains qui viennent planter leurs tentes en notre cité pour trois semaines. C'est dans quatorze jours qu'a lieu, en effet, l'ouverture de la foire de Pâques.
[...]
Afin de satisfaire la curiosité de nos lecteurs tentés de connaître les divers théâtres, loges, etc., qui auront leurs visites, nous avons glané quelques renseignements que nous sommes heureux de leur faire connaître.
Débutons par la place Saint-Jacques, nous y rencontrons:
Le grand musée anatomique Bonnet, des mieux installés; le musée Curtius, aux cires remarquables. Une loge qui mérite une mention spéciale et présentera beaucoup d'intérêt étant données l'actualité et la vogue des rayons X, c'est le théâtre Camby; outre une magnifique installation de cinématographie et de projections, on y offrira aux spectateurs la démonstration des rayons X et la vue d'un aquarium très curieux.
[...]
En attendant l'ouverture de la Foire, souhaitons que le beau temps soit son premier élément de succès.
Louis BARRÉ.
L'Indépendant rémois, Reims, lundi 28 mars 1898, p. 2.
The American Biograph (9 avril->1er mai 1898)
The American Biograph, appareil diffusé en France, par l'American Mutoscope and Biograph propose des projections de vues animées à partir du 9 avril 1898:
THE AMERICAN BIOGRAPHE
Vues animées : Scènes historiques, Scènes comiques, Scènes militaires, Scènes d'actualité, Vues panoramiques, etc.
L'Indépendant rémois, Paris, 9 avril 1898, p. 3.
Quelques jours plus tard, un long article consacre quelques lignes complémentaires à l'appareil :
THÉÂTRES ET CONCERTS
Théâtre de Reims.
Nous ne pouvons répéter tous les jours que le théâtre a fait bonne recette la veille pour le Voyage de Suzette. Le succès de la pièce est acquis, c’est entendu.
Un collaborateur occasionnel aussi aimable que compétent nous communique une chronique sur la partie chorégraphique du Voyage de Suzette. Nous lui cédons la place pour aujourd’hui :
A PROPOS DES BALLETS DU "VOYAGE DE SUZETTE".
Le succès du Voyage de Suzette s’affirme da plus en plus et tout fait présager que les représentations de cette opérette féerie seront rémunératrices pour notre habile et sympathique directeur, M. Villefranck, qui, au prix des plus grands sacrifices, tient à terminer son septennat rémois en groupant au Théâtre municipal les attractions les plus diverses. Rares sont les imprésarios n’hésitant pas à mettre tout eu œuvre pour satisfaire le public. La très intéressante affabulation de la pièce de MM. Chivot et Duru, et son long éclat de rire — la pantomime The Butscher Schop — ne suffisaient point à notre directeur fastueux ; pour corser le spectacle, il eut l’excellente idée d’y intercaler l'American Biographe, très artistique nouveauté qui naguère fit courir tout Paris et qui est destinée, nous n’en doutons pas, à faire affluer au Grand Théâtre toutes les personnes sérieusement éprises des manifestations de l’art...
L'Indépendant rémois, Reims, 14 avril 1898, p. 2.
Mais sans conteste l'événement le plus important de ces représentations est la projection de vues locales qui attirent toujours le public :
Théâtre de Reims
[...]
Tenant la promesse faite et ne voulant pas être en retard dans la production des vues locales, hier soir, les très artistiques opérateurs de l'American Biographe ont fait défiler devant les yeux des nombreux spectateurs, les différentes scènes prises il y a quelques jours dans notre cité. Avant de rendre compte en détail de chacune d’elles, disons combien le public a goûté cette nouveauté vraiment sensationnelle, due aux sacrifices incessants que s’impose M. Villefranck. Vraiment notre excellent directeur a eu la main heureuse en nous faisant connaître l'American Biographe et nous devons l’en féliciter d’autant plus que tous nous avons été à même d’apprécier en même temps que l'originalité excessive des sujets, leur parfaite exécution.
L'habileté des opérateurs de l’American Biographe, jointe à l’amabilité des personnalités de la ville qui se sont prêtées de la meilleure grâce à la prise des film, sont pour beaucoup dans le succès qu'obtiennent chaque soir nos vues locales.
Une scène très heureusement distribuée nous montre une Pêche à la ligne interrompue. En dehors de l’intérêt consistant à reconnaître des physionomies connues et sympathiques, parmi les fervents du hameçon, l’intervention du garde champêtre jeté à l’eau par les pêcheurs dérangés et furieux nous fait passer un moment de douce gaieté. Le sauvetage du représentant de l’autorité, opéré par Stop, le magnifique Saint Bernard, compagnon fidèle de notre vénérable doyen M. Ogée, termine fort heureusement ce ruban cinématographique.
Imitant Boileau et passant agréablement du plaisant au sévère, les artistes biographiques nous font assister ensuite aux phases d’un incendie, place du Parvis-Notre-Dame.
Ici, une mention spéciale est due au capitaine Besnard. Celui ci, entouré de ses officiers et se détachant au premier plan du sinistre, a soulevé les applaudissements de la salle.
Enfin un troisième " film " — certes le plus frappant — nous fait assister au sauvetage d’un enfant et aux soins donnés par le docteur Robin à un pompier blessé. Cette scène, exécutée dans un décor de pompes en mouvement et de jets d’eau lancés sur l’édifice incendié, est merveilleuse.[...].
L'Indépendant rémois, Reims, 1er mai 1898, p. 3.
1899
Le Royal Biograph (Foire de Pâques, avril 1899)
C'est à l'occasion de la foire de Pâques que les Rémois vont pouvoir découvrir le Royal Biograph. Il s'agit en réalité d'une version à peine modifiée du cinématographe Joly-Normandin dont le nom est tragiquement lié à l'incendie du Bazar de la Charité (4 mai 1897). L'appareil semble provenir de Bordeaux où il a dû être installé à l'occasion de la foire de la capitale girondine. La presse locale va offrir un long article, ce qui n'est pas toujours le cas pour les appareils des forains, qui fourmille d'informations :
A LA FOIRE
THE ROYAL BIOGRAPH
Une des principales attractions de la foire de Pâques et sur laquelle nous appelons volontiers l’attention de nos lecteurs, c’est le Royal Biograph, le dernier perfectionnement de la cinématographie. L’appareil photographique, l’appareil à projections et les films (pellicules photographiques) sont — à quelques améliorations près— les mêmes qui firent courir, il y a deux ans, tant de curieux au Casino de Paris.
Les projections biographiques sont faites sur un écran de 54 mètres carrés. Elles sont très nettes et fixes, c'est-à-dire qu’elles ne présentent pas l’inconvénient du flottement.
Et ce sont ainsi de véritables tableaux animés, des scènes prises sur le vif, des tranches de vie qui défilent devant le public Certains numéros ne durent pas moins de 10 minutes : durée qui n’avait pu être obtenue jusqu’à présent.
Le Royal Biograph est installé au coin de la rue Buirette et de la rue de l’Arquebuse, derrière le manège situé à l’extrémité des Versailles. C’est un grand rectangle de 30 mètres de long sur 8 mètres de large : on s’y trouvera confortablement assis.
Hier, le chef du service électrique de la Compagnie du gaz a assuré l’alimentation électrique de ce luxueux établissement.
Parmi les numéros les plus intéressants de la première série que produira le Royal Biograph, citons : un Duel politique, la Profanation du temple de Cléopâtre, les Obsèques de M. Félix Faure, la Lune à un mètre, enfin et surtout une superbe vue panoramique qui a été prise de l’avant de la machine du train Éclair, lequel marchait entre New York et San-Francisco à raison de 120 kilomètres à l’heure. Ajoutons que le Royal Biograph arrive de Bordeaux, où il a obtenu un succès inconnu jusqu’à ce jour dans la cinématographie.
L'Indépendant rémois, Reims, 31 mars 1899, p. 2.
Il va de soi que le rappel historique passe sous silence le drame du Bazar de la Charité pour évoquer le succès de l'appareil au Casino de Paris, en 1898. On y parle aussi de la qualité de l'appareil, ce que confirment les articles publiés ailleurs. Sans doute le plus intéressant est constitué par la description du local et des conditions de l'alimentation électrique. Enfin quelques titres sont évoqués qui proviennent de différents catalogues (Méliès en particulier). Il est en outre symptomatique de constater que la presse consacre un article à la question de la sécurité :
RUE BUIRETTE
À l'extrémité de la rue Buirette, au bout du Versailles, se trouvent un manège de Gondoles russes, celui des Steppes et enfin la loge The Royal Biograph. Nous avons dit quelques mots hier du Royal Biograph qu'on installe au coin de la rue Buirette et de la rue de l'Arquebuse.
Il nous faut parler aujourd'hui des conditions de sécurité qu'offre l'établissement. On sait que les entrepreneurs de spectacles de cinématographie ont été soumis à des règlements rigoureux, afin de prévenir tout accident. Les directeurs du Royal Biograph ont pris les précautions les plus minutieuses, et l'on peut dire que, dans leur établissement, le public est hors de tout danger.
D'abord l'appareil à projections est installé dans une chambre noire dont les parois sont en tôle et dont la partie supérieure est recouverte d'une toile métallique semblable à celle qui forme la garniture des lampes Dawis dans les mines. Après chaque tableau, le film réenroulé tombe automatiquement dans une boîte à tiroirs, Si le celluloïd qui forme le film prend feu, il suffit de fermer d'une simple poussée le compartiment : et la combustion cesse, faute d'air.
L'amphithéâtre réservé au public comporte 400 places. La salle est fermée sur ses faces latérales par des cloisons munies de seize portes, huit de chaque côté. En cas d'alerte, les spectateurs n'auraient qu'à exercer sur ces cloisons une faible pression pour que les portes s'ouvrent immédiatement livrant passage au public. En 120 secondes, la salle peut être évacuée.
À Bordeaux, la commission de surveillance des théâtres, après une visite au Royal Biograph, a félicité les directeurs pour les mesures prises.
L'Indépendant rémois, Reims, 1er avril 1899, p. 2.
Même si Ernest Normandin a pris soin de changer le nom de l'appareil dont il assure la vente, il est probable que le public ne soit pas totalement dupe et le rappel des mesures de sécurité est là pour dissiper les craintes des spectateurs. Toutes ces informations sont déjà disponibles dans les journaux rémois, avant même que l'inauguration ait lieu. C'est en effet le 3 avril que les curieux qui visitent la foire peuvent enfin découvrir le Royal Biograph :
Et voici enfin le Royal Biograph, qui a donné hier à cinq heures sa première séance. Toute la soirée, les visiteurs ont afflué dans cet établissement.
Nous avons vu défiler sur l'immense écran de 54 mètres carrés la première série de tableaux : d'abord une vue panoramique prise dans les Vosges, de l'avant d'un train, par un temps de neige ; puis un carrousel à l'Ecole de Saumur ; un épisode comique, l'auberge ensorcelée ; une vue prise de l'avant de la locomotive du train "Eclair" (120 kilomètres à l'heure) : c'est un des plus curieux tableaux ; on voit défiler les arbres, les maisons, les poteaux télégraphiques avec une vitesse vertigineuse ; bientôt le train pénètre sous un tunnel et en ressort quelques secondes après, et enfin entre en gare.
Les funérailles de M. Félix Faure nous font assister au défilé des fragments les plus intéressants du cortège. Enfin deux scènes de prestidigitation, la farce de l'Homme à têtes et la féerie de la Lune à un mètre constituent le clou de la séance.
Le Promeneur.
L'Indépendant rémois, Reims, 4 avril 1899, p. 2.
Les projections remportent les faveurs du public, " mais jusqu'ici, le numéro qui a obtenu le plus de succès, est La Lune à un mètre, qui est redemandée à grands cris par le public à chaque séance. Il est probable que les propriétaires du Royal-Biograph devront maintenir ce tableau à l'affiche jusqu'à la fin de la foire (L'Indépendant rémois, Reims, 6 avril 1899, p. 2). Dans un entrefilet, nous découvrons la présence d'un bateleur qui attire le chaland :
Une foule nombreuse stationne devant le Royal Biograph où un prestidigitateur revêtu d'un riche costume mexicain escamote, escamote, escamote, cependant que la salle s'emplit. La seconde série de tableaux du Royal Biographe obtient un succès inouï. À chaque séance on refuse du monde. Chacun veut voir les Funérailles du M. Félix Faure, les Vues panoramiques... et surtout La Lune à un mètre. L'établissement n'a pas désempli toute la journée.
Prochainement, changement de tableaux..
L'Indépendant rémois, Reims, 10 avril 1899, p. 2.
Comme cela est souvent le cas, le propriétaire du Royal Biograph - dont on ignore le nom - offre des séances gratuites, en l'occurrence aux enfants des écoles qui, on l'imagine aisément, découvrent enthousiastes les images animées :
Les Enfants à la Foire
Les enfants des écoles communales ont assisté hier, dans l'après-midi, à la séance offerte gracieusement par la direction du Royal Biograph. L'établissement de la rue Buirette était archi comble.
Nous renonçons à dépeindre la joie bruyante de tous ces petits pendant que les divers numéros du spectacle défilaient sur l'écran. Et c'étaient des rires, des cris : un poulailler en révolution. L'auberge ensorcelée a eu un succès particulier. Et lors de la Corvée de quartier, nous avons cru que la salle croulait. C'était une véritable tempête d'exclamations joyeuses.
Le Royal Biograph continue aujourd'hui et clôture la série de ses séances.
L'Indépendant rémois, Reims, 23 avril 1899, p. 2.
Au bout de vingt-trois jours environ - c'est la durée de la foire de Pâques - le Royal Biograph quitte Reims.
Répertoire (autres titres) : La Charcuterie américaine (L'Indépendant rémois, Reims, 6 avril 1899, p. 2), La corvée du quartier (L'Indépendant rémois, Reims, 8 avril 1899, p. 3).
Le Cinématographe Lumière d'A. Garnier (Foire, <30> décembre 1899)
A. Garnier présente son Cinématographe Lumière à l'occasion de la foire :
Le Cinématographe Lumière, dirigé par M. A. Garnier, est des mieux installés.
Il possède les derniers perfectionnements apportés à la cinématographie. Les vues projetées sur un écran de 20 mètres carrés sont d’une très grande netteté et les photographies d’une excessive finesse ; l'appareil fonctionne admirablement et le tremblottement si commun et si nuisible pour la reproduction parfaite d’une scène, est presque imperceptible. Les scènes sont choisies.
L'Indépendant rémois, Reims, samedi 30 décembre 1899, p. 2.
1900
L'American Electric Palace d'Étienne Sabatier (Place Drouet-d'Erlon, 26 août-[20] septembre 1900)
L.B.R., Reims-Place Drouet d'Erlon (c. 1900)
Le tourneur Étienne Sabatier va jouer de malchance au moment de l'installation de son établissement sur la place Drouet-d'Erlon d'Orléans. Un accident - qui aurait pu avoir de très graves conséquences - se produit et deux ouvriers sont blessés :
L’Accident de la place Drouet-d’Erlon.
Un accident qui pouvait avoir de graves conséquences s'est produit hier place d’Erlon à un établissement forain l’Américan Electric Palace.
La direction, pour activer le montage des toiles de cet établissement, avait fait appel à M. Prudhon Revardeaux, constructeur, faubourg Cerès, et une équipe de charpentiers, depuis hier matin, secondait le personnel de l'American Electric Palace.
Vers cinq heures de l’après-midi, trois ouvriers charpentiers : MM. Emile Deloge, âgé de 53 ans, demeurant rue St-Saint-Thomas, 67; Robert, demeurant rue Maillefer, 71, et Baret, demeurant rue Coquebert, se trouvaient sur une planche jetée sur deux traverses reliées aux montants.
Les ouvriers étaient occupés à monter le toit, lorsque soudain l'une des extrémités de la planche se brisant, tous trois furent précipites dans le vide d’une hauteur de 4 a 5 mètres environ.
L'un d’eux, M. Robert, en sentant le point d’appui, sur lequel il se tenait, fléchir, put se suspendre à une traverse. Il n'en fut pas de même de ses deux camarades qui tombèrent sur le sol.
M. Baret vint s’abattre sur son compagnon Deloge, qui resta étendu sur le sol.
Les autres ouvriers, et M. Prudhon, qui se trouvait sur les lieux, s'empressèrent autour des victimes de cet accident. Pendant que quelques uns aidaient M. Robert à abandonner sa dangereuse position, d’autres s’occupèrent de MM. Deloge et Baret.
Ce dernier s’était relevé seul. Etant tombé sur M. Deloge, celui ci avait amorti le choc et il en était quitte pour de légères contusions.
Il n’en était point de même pour son infortuné camarade. Quoique sans blessure apparente, il se plaignait de vives douleurs internes, et des lésions sont à redouter.
M. le capitaine Besnard, des sapeurs-pompiers, qui passait à cet instant, fit aussitôt mander le sapeur Desroches, qui accourut avec un brancard du poste.
M. Deloge, placé sur ce brancard et accompagné des agents Bourgeois et Goubeau, fut porte à son domicile où un docteur a été appelé à lui donner ses soins.
Informé de cet accident, M. Baïsse, commissaire de police du 1er canton, s’est aussitôt rendu sur les lieux et a procédé à une enquête pour en établir les causes. Constatons aussi le concours efficace d’un passant, membre de la Croix Rouge, M. Adolphe Lienard, voyageur de commerce, demeurant à St Quentin.
L'Indépendant rémois, Reims, 21 août 1900, p. 2.
La direction de l'établissement va rassurer les lecteurs, car les blessures sont finalement légères (L'Indépendant rémois, Reims, 23 août 1900, p. 2) et l'ouverture de l'American Electric Palace est annoncée pour le 26 août :
American Electric Palace.
C'est aujourd'hui, à 9 heures du soir, qu'aura lieu la première représentation de l'American Electric Palace, installé place d'Erlon.
On nous dit beaucoup de bien de cet établissement. Dès la première séance, nous dirons ce que nous pensons de ce spectacle.
L'Indépendant rémois, Reims, 26 août 1900, p. 2.
Le même journal, en effet, fait un compte rendu d'une séance cinématographique de l'American Electric Palace :
American Electric Palace.
Le succès va croissant pour cet établissement. A chaque représentation, un public select et nombreux se presse en la salle, confortablement installée, pour applaudir les projections cinématographiques, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Assis sur une chaise, le spectateur, en dix minutes, visite l’Exposition, et ce sans craindre le " coup de la passerelle " ! Puis défilent de splendides tableaux en couleurs : Cendrillon ; Miss Sidney (de Parisianna). dans ses danses à transformations ; Mme Bob Walter, danse serpentine ; métamorphoses de Satan, etc., sans oublier les épisodes de la guerre du Transvaal.
On nous promet d’ici peu des vues prises à Reims : Sortie de la messe de la cathédrale, La Cérémonie de Saint-Rémi, etc., etc.
C’est, en somme, un spectacle très attrayant que l’on peut sans crainte recommander, car on s’y amuse, et le public passe en cet établissement deux heures agréables, en bonne compagnie.
L B.
L'Indépendant rémois, Reims, 31 août 1900, p. 2.
Le succès semble bien au rendez-vous, et la direction de l'American Electric Palace, non seulement renouvelle sa programmation, mais annonce des soirées épicées, avec quelques vues plus " lestes ". Par ailleurs, comme cela se produit souvent, une séance de bienfaisance est prévue pour les pauvres :
American electric palace.
L’American electric palace, qui fait tous ses efforts pour plaire au public rémois, nous annonce pour lundi un changement complet de programme. Avis donc aux retardataires qui n’ont pas encore assisté aux représentations de ce théâtre. La Guerre au Transvaal, les Visites à l'Exposition, la Danse serpentine, Cendrillon, etc., etc., sont des tableaux qu’il faut voir et même revoir.
Le programme de lundi se composera de : Dix Minutes à trois cents mètres sous terre (aux Mines de la Grand’Combe) ; Voyage en sud-express de Monte-Carlo à Menton, Frigoli [sic] (le célèbre transformateur de l’Olympia), le Bain de Bébé, etc., etc.
La direction a en outre décidé la création de soirées mondaines qui auront lieu tous les vendredis. Ces soirées se composeront d’un programme spécial, c’est-à-dire avec des tableaux qui, tout en restant d’une moralité absolue, seront cependant plus lestes que ceux réservés aux familles. Le Coucher d'Yvette et le Bain de la Parisienne, dont on nous dit le plus grand bien, feront partie du programme de ces soirées. La direction nous annonce pour jeudi 6 septembre une grande matinée au bénéfice des pauvres. Voilà certes une généreuse idée. Aujourd’hui dimanche, deux matinées, l’une à trois heures et l’autre à cinq heures. Le soir, à huit heures et demie, grande représentation.
L'Indépendant rémois, Reims, dimanche 2 septembre 1900, p. 2.
Les vues présentées par Étienne Sabatier proviennent principalement de trois catalogues : Méliès, Pathé et Gaumont. Finalement quelques jours plus tard un nouveau compte rendu, plus précis, offre des détails sur le spectacle et confirme bien que des vues locales ont été tournées :
The American-électric Palace
L’Américan-électric-Palace offrait hier un programme nouveau et comme d’habitude, la salle de spectacle était archibondée dès neuf heures. On a dû refuser du monde.
Malgré cette affluence de visiteurs, l’ordre le plus parfait n’a pas cessé de régner. Pas la moindre bousculade. A l’entrée et à la sortie le public s’est écoulé sans encombre.
Que dire des tableaux animés projetés sur l'écran, sinon que leur netteté a été unanimement bien appréciée, que, grâce à un ingénieux perfectionnement apporté au mécanisme de l’appareil, la trépidation des images est très atténuée par rapport à ce qu’on avait vu a Reims jusqu’à ce jour,et qu’enfin les sujets choisis étaient d’une brûlante actualité et d’une intéressante Variété ?
Sans parler des scènes du " répertoire " courant, où les bébés, les cyclistes, les pochards, les cochers, les gamins, les agents jouent des rôles prépondérants, sans parler des vues de St-Remi et de la cathédrale au sortir de la grand’messe, nous mentionnerons spécialement la galerie de portraits d’Anglais et de Boërs, une jolie collection de transformations instantanées de Frigoli, un superbe film pris en chemin de fer aux environs de Menton, et enfin les scènes de la guerre anglo-boër, que le public accueille toujours par les mêmes manifestations.
L’American Electric Palace fait, en somme, de belles recettes. Il le mérite, tant par la qualité du spectacle que par l’amabilité de son personnel et le soin qu’il apporte à la préparation de ses représentations.
L'Indépendant rémois, Reims, 5 septembre 1900, p. 2.
Nous ignorons, par ailleurs, l'origine de l'appareil et une seule indication précise que " l'on passera au biographe tout une série de films inédits " (L'Indépendant rémois, Reims, 7 septembre 1900, p. 2). Comme cela a été annoncé, l'American Electric Palace va offrir une " soirée de gala et mondaine " le 8 septembre au soir. C'est évidemment l'occasion de présenter quelques vues plus audacieuses et qui attirent toujours un public nombreux :
American Electric Palace.
Réellement le succès de cet établissement va crescendo. Chaque soir, un public nombreux envahit la salle pour assister au défilé d’un choix merveilleux de vues.
Hier, a été donnée la première soirée de gala et mondaine. Dès 8 heures 1/2 et malgré une sensible augmentation du prix des places, la foule envahissait l’estrade, assiégeait le contrôle qui, dix minutes plus tard, refusait l'entrée à plus de cinquante personnes.
En effet, du premier rang des troisièmes au dernier rang des premières, las spectateurs étaient littéralement entassés et il en arrivait toujours de nouveaux !
A neuf heures, la séance débute par d’intéressantes vues cinématographiques sur les Mines de la Grand'Combe, Baignade de chevaux, Danses antiques, très joli ce films ; Danse serpentine ; c’est ensuite la Cérémonie de Saint-Remi, Sortie de la Cathédrale, etc.
Et, enfin, la partie réservée aux scènes ultra-mondaines : le Bain de La Parisienne, le Tub de la Parisienne, L'Indiscret, Peintre et Modèle, le Coucher d’Yvette, etc., toutes scènes qu'on ne peut raisonnablement recommander aux pensionnaires du Couvent des Oiseaux, mais que tous peuvent quand même voir saris rougir. On nous promet pour la semaine prochaine une nouvelle série de tableaux plus intéressants encore. Ce n’est point peu dire... si c'est qu'il y a encore de belles soirées en perspective !
L. B.
L'Indépendant rémois, Reims, dimanche 9 septembre 1900, p. 2.
Étienne Sabatier organise également de nouvelles séances de bienfaisance pour les orphelins de Bethléem, le jeudi 13 septembre et ceux de la Charité, le 20 septembre (L'Indépendant rémois, Reims, 19 septembre 1900, p. 2) avant son départ, après plus de trois semaines de succès :
American Electric Palace.
Nous regrettons sincèrement que l’American Electric Palace, par suite des engagements pris, quitta aussitôt notre cite rémoise, mais nous pouvons affirmer qu’il nous reviendra l’année prochaine avec tout ce qu’il y aura de plus nouveau.
Cet établissement unique dans son genre donne cette semaine, tous les soirs à 9 heures, une grande représentation avec un programme des plus variés, la guerre de Chine fait partie de ses soirées.
Aujourd'hui mercredi, une distribution de fleurs sera faite aux dames qui assisteront à cette grande soirée.
Jeudi, matinée à 3 heures, même programme que le soir, avec distribution de cinématographes de poche faite aux enfants.
L'American Electric Palace, dans sa bienveillante attention, fera assister à sa dernière matinée de jeudi, et gratuitement, les orphelins de la Chanté ; déjà jeudi dernier y assistaient ceux de Bethléem ; nous en félicitons vivement là direction qui pense à tout et à tous.
Dans les dernières représentations que donnera cette semaine le grand cinématographe de la place d'Erlon, nous souhaitons qu’un nombreux public y assiste, comme du reste chaque jour depuis plus de trois semaines.
Vendredi, dernière grande représentation mondaine aux prix ordinaires.
L'Indépendant rémois, Reims, 19 septembre 1900, p. 2.
Répertoire (autres titres) : La Passion, La Visite au harem, [lundi prochain 17 septembre] La Guerre de Chine (L'Indépendant rémois, Reims, 14 septembre 1900, p. 2).
Le Royal Viograph de Cyprien Lacabane (Cirque, 17 novembre-31 décembre 1900) → 1901
L.B.R., Reims-Le Cirque (c. 1903)
En provenance de Troyes, Cyprien Lacabane annonce les prochaines séances cinématographiques avec le Royal Viograph :
Le Royal-Viograph.
On nous annonce l’arrivée à Reims du Royal-Viograph, qui donnera à partir de vendredi une série de soirées. Il s’agit de projections cinématographiques opérées sur un écran de 7 mètres sur 9 : les numéros sont empruntés à la plus brûlante et à la plus saisissante actualité. Certains tableaux ont une durée de 35 minutes, notamment Excelsior, un joli ballet, etc.
Les soirées seront données au Cirque tous les jours. Enfin, le jeudi et le dimanche à trois heures, il y aura matinée.
La Municipalité a demandé à la direction des représentations gratuites pour les enfants des écoles laïques : et ia direction a accédé à son désir.
L'Indépendant rémois, Reims, mercredi 14 novembre 1900, p 2.
La demande de la Mairie n'a rien d'exception et d'autres municipalités demandent aussi aux itinérants d'organiser des séances gratuites pour les enfants. L'inauguration a lieu le samedi 17 novembre.
L'Indépendant rémois, Reims, samedi 17 novembre 1900, p. 3.
Au cours cette première semaine, les conditions matérielles, en cet automne, posent quelques problèmes au public :
Le Royal Viograph.
La direction du Royal Viograph nous informe qu'elle va, dans quelques jours, changer les tableaux de son programme. Nous engageons vivement les personnes qui n’ont pas encore vu les tableaux du programme actuel, qui sont fort beaux, de se hâter d’aller au Cirque passer une agréable et intéressante soirée.
Les calorifères placés dans les couloirs n’ayant pas paru donner une chaleur suffisante, des braseros ont été mis dans l’intérieur do la salle.
La première matinée du jeudi sera donnée aujourd’hui à trois heures avec le même programme que le soir, sans la moindre coupure.
Prix des places : réservées, 9 fr.; premières, 1 fr.; secondes, 0 fr. 75 ; troisièmes, 0 fr. 50.
L'Indépendant rémois, Reims, jeudi 22 novembre 1900, p. 2.
Un nouvel incident vient perturbes les projections du Royal Viograph au Cirque : un début d'incendie se déclare à une buvette qui est adossée à la salle municipale :
Commencement d’incendie.
Un commencement d’incendie s’est déclaré hier matin, vers 11 heures, à la buvette du chalet de M. Lhomme, adossée au Cirque municipal.
Ce commencement d’incendie aurait été communiqué au plafond et à la toiture par le tuyau du poêle qui se trouve au centre de la buvette.
Rapidement, MM. Desroches, sapeur-pompier ; Grandadam, inspecteur de police ; Quénot, sauveteur ; Cossy, gardien du Cirque ; Naudin et Stumph, employés au Manège ; Alph. Moreau, employé au Royal-Viograph, etc., ont eu raison de cet incendie.
M. Baïsse, commissaire de police du IVe canton, était sur les lieux.
Les dégâts s’élèvent à 800 fr. environ. Il y a assurance à la Rémoise.
L'Indépendant rémois, Reims, vendredi 23 novembre 1900, p. 2.
L'article précise le nom d'Alphonse Moreau, employé au Royal-Viograph de Cyprien Lacabane. C'est au bout d'une semaine que le programme chance et le journal local offre une partie du programme :
Royal Viograph.
Cet établissement, qui a pris possession du Cirque depuis plusieurs jours obtient le succès qu’il était en droit d'espérer. La salle a été agencée avec goût et l’immense écran sur lequel sont projetés de très jolies vues ou sujets repose sur une bordure de plantes vertes et est drapée de rouge.
Si nous passons au programme, nous dirons qu’il est aussi intéressant qu’attrayant et curieux. Successivement défilent sous les yeux des spectateurs une suite de tableaux comme une Course de Toros en Espagne, une Chasse au Cerf, — avec le concours du Rallye-Champagne, dont les sonneries de trompes sont très applaudies, — le Marché à Séville, etc, qui sont très curieux ; des scènes du plus haut comique comme Automobilisme et autorité, le Pêcheur récalcitrant, un Drame dans une Cuisine, etc., etc.; la Guerre au Transvaal, L'Exposition de 1900, etc.
La plupart de ces films sont superbes et la trépidation, qui se remarque dans toutes les projections des appareils, est ici presque imperceptible.
Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant à ce que chaque soir un public nombreux et choisi se rende au Cirque pour applaudir tous ces tableaux cinématographiques, et c’est sincèrement que nous engageons nos lecteurs à aller passer une soirée au Royal Viographe : ils seront enchantés de ce spectacle qui se recommande à tous, grands et petits, et ne regretteront pas leur dérangement.
Ajoutons que pour satisfaire tout le monde, l’administration donne des matinées les jeudis et dimanches spécialement réservées aux familles.
L.B.
L'Indépendant rémois, Reims, samedi 24 novembre 1900, p. 2.
Comme cela a été le cas à Troyes, le Rallye-Champagne accompagne, en particulier, la Chasse au cerf. En ce qui concerne les vues, elles proviennent de différents éditeurs de films comme Méliès. Les séances gratuites, promises à la municipalité, ont finalement lieu le samedi 24 et le lundi 26 novembre :
" Le Royal Viograph " au Cirque municipal.
Samedi et lundi derniers, les élèves des écoles communales, fillettes et garçons, par une gracieuse décision de la Municipalité, ont assisté à la représentation du " Royal Viograph " au Cirque de notre ville. Inutile de dire l’enthousiasme de tout ce petit monde ; la salle heureusement bien construite n’a pas croulé sous les trépignements et applaudissements qui n’ont pas cessé durant les deux heures de spectacle.
Les enfants ne sont, d’ailleurs, pas les seuls à trouver du charme à ces représentations, si bien menées par le directeur qui fait lui-même fonctionner les appareils.
Dimanche au soir on s’est vu avec regret dans l’obligation de refuser quantité de personnes.
Les acclamations sympathiques qui accueillent les tableaux des Boers dans les épisodes de la guerre du Transvaal sont aussi vives que sont stridents les sifflets qui accueillent les tableaux représentant nos bons voisins les Anglais : on se croirait à Marseille ou à Paris à l’arrivée du président Krüger. Ici, ce n'est que l’image que l’on acclame, mais une image d’une ressemblance saisissante.
Aujourd'hui mercredi la salle du Cirque étant retenue pour un concert, le Royal Viograph fera relâche ; cela lui permettra de préparer avec encore plus de soin les premières représentations de son nouveau programme, qui auront lieu jeudi, en matinée, à trois heures, et tous les soirs, à huit heures et demie.
Pour mettre un plus grand nombre des meilleures places à la portée de toutes les bourses, la direction a résolu de baisser le prix des stalles réservées de 2 fr. à 1 fr. 50. Nous donnerons demain le nouveau programme détaillé.
L'Indépendant rémois, Reims, mercredi 28 novembre 1900, p. 3.
L'article s'attache à décrire l'ambiance qui règle dans le Cirque. D'une part la joie des enfants, d'autre part, les réactions très partagées des adultes réagissant aux images de la guerre des Boers et choisissant leur camp. Le succès est au rendez-vous, ce que confirme l'article du samedi suivant :
"The Royal Viograph "
La direction du " Royal Viograph " distille ses attractions avec le plus grand soin. Avec elle, on marche de surprise en surprise. Son programme initial déjà intéressant fait place peu à peu à un autre programme où les numéros, bien choisis, les films d’une délicate exécution composent un ensemble admirablement compris.
Aux vues de la campagne, au voyage si mouvementé de " New York à Chicago " succèdent des projections animées pleines de vie de " l’Incendie de l’hôtel Windsor ", ses scènes fort curieuses de transformations telles que celles de " Frigoli " et du " Diable au Couvent ".
Nous aurions un regret de ne point citer comme une des plus jolies attractions, celle de " l’Ange Gardien ", qui nous a été donnée jeudi après-midi et qui a fait palpiter d'angoisse le cœur de beaucoup de mères.
Le succès, d’ailleurs bien mérité, de toutes ces nouveautés, où le plaisant se mêle au sevère, et qui font renaître sous les yeux du spectateur les scènes de l’arrivée du " bleu au régiment ", le " passage à la couverte " et animent la gravure populaire de " Napoléon et la Sentinelle ", ce succès, disons-nous, est aujourd'hui incontestable.
La direction, paraît-il, se réserve de faire mieux encore. Nous en doutons beaucoup : elle ne peut guère se surpasser. Mais, comme jusqu’alors, elle a su doser ses effets, nous ne voudrions pas avoir la prétention de croire qu’elle est parvenue au maximum de résultats, car nous craindrions, avec quelque raison, qu’elle nous démontrât tout le contraire absolument. En tous cas, nous engageons nos lecteurs à ne pas se priver d’un spectacle tout à fait inédit et en dehors de ce qui a été fait jusqu’ici.
L'Indépendant rémois, Reims, samedi 1er décembre 1900, p. 2.
Reste bien sûr à nuancer l'enthousiasme de l'auteur de ces articles dont on peut penser qu'ils sont inspirés par le responsable du Royal Viograph, une pratique commune au demeurant. Le Royal Viograph va également participer à la Fête du Lycée de Garçons prévue pour le mercredi 12 décembre :
La Soirée du Lycée de Garçons.
[...]
Enfin, le Royal Viograph qui, depuis plus de quinze jours, ne cesse d’être applaudi des spectateurs qu’il attire quotidiennement au Cirque, a vu sa réputation se confirmer dans cette soirée sélecte, qui aura été la meilleure des réclames pour les quelques jours qu’il a encore à passer à Reims. En somme, comme on le voit par ces quelques lignes écrites à la hâte, la soirée de gala du Lycée a été un succès sur tous les points. Les malheureux s’en réjouiront avec tous ceux qui aiment le Lycée. Ernest Arlot.
L'Indépendant rémois, Reims, 14 décembre 1900, p. 2.
Si les articles ont pour habitude de donner un bref argument des films qui sont projetés, il va autrement pour Le Rêve de Noël qui donne lieu à une description très précises des vues :
Le Royal Viograph au Cirque.
La direction de cet établissement unique tient à nous étonner de plus en plus par la beauté sans cesse croissante de ses spectacles et ne recule devant aucun frais pour justifier la faveur du public rémois.
Depuis hier une grande féerie de circonstance, dont nous allons essayer de donner une idée, émerveille tous ceux qui vont passer leur soirée au Cirque. Le Rêve de Noël nous introduit d’abord dans un superbe intérieur renaissance où la châtelaine couche ses jolis enfants après leur avoir fait mettre les souliers dans la cheminée. Aussitôt le rêve commence : dans un décor féerique, représentant les magasins du paradis, se succèdent des défilés de jouets de toute sorte, des ballets de poupées conduits par Polichinelle et ma foi fort bien dansés par des artistes en bois. Un charivari général, puis changement à vue. On voit à perte de vue une ville ancienne très pittoresque, la neige tombe en gros flocons. Les anges blancs chargés de cadeaux sillonnent l’espace en laissant plusieurs tomber dans chaque cheminée.
Puis c’est le carillon elle gros bourdon qui sonnent le joyeux Noël, grandes dames descendant des chaises à porteurs et foule joyeuse envahissent la vieille cathédrale gothique resplendissante de lumières.
Vient ensuite le Réveillon servi dans une salle d’un luxe inouï. Pendant le festin, un pauvre vieux mendiant se présente ; le maître le fait asseoir à sa place pendant que la châtelaine lui verse le champagne. Un nouveau changement nous fait assister au réveil des enfants qui courent à la cheminée et, la trouvant remplie de jouets, sont débordants de joie.
Pour terminer, une splendide apothéose représentant les Glaces polaires avec un grand arbre de Noël tout chargé de frimas. Le bonhomme Noël, sur un pic de glace, entouré d’une aurore bo réale, distribuant des jouets aux enfants pendant qu’est dansé un pittoresque ballet de la neige.
Petits et grands qui voulez passer une soirée délicieuse, allez voir le Rêve de Noël au Cirque. Vous me remercierez de vous en avoir indiqué le chemin.
L'Indépendant rémois, Reims, 15 décembre 1900, p. 2.
Il s'agit à nouveau d'un film du catalogue Méliès comme l'un de ces proposés le lendemain :
Le Royal Viograph au Cirque.
Les places sont prises d’assaut au Cirque pour la merveilleuse féerie du Rêve de Noël qui ne doit avoir qu’un nombre très limité de représentations.
Aujourd’hui dimanche, en matinée, spécialement réservée aux familles, outre si splendide férié, le Royal Viograph donnera le Spiritisme abracadabrant, scène d’un tel comique et à ce point grotesque qu’elle excite le fou rire des plus moroses, et aussi le Livre magique ou les Farces de Pierrot, Polichinelle, Colombine, Arlequin et Cassandre en rupture de livre font la joie non seulement des grands et petis enfants, mais aussi de tous les amateurs de scènes vraiment curieuses.
A la demande d’un grand nombre d’habitués : les Krémos, premiers acrobates du monde, la Corrida de Toros à Madrid et la Chasse avec le concours du Rallye-Champagne sont remis au programme. Prix des places : Stalles réservées, 1 fr. 50; Premières, 1 fr. ; Secondes, 0 fr. 75 ; Troisièmes, 0 fr. 50.
L'Indépendant rémois, Reims, 16 décembre 1900, p. 2.
Avant le départ définitif du Royal Viograph, de nouvelles vues sont présentées avec d'autres déjà connues :
Le Royal Viograph au Cirque.
Pour la dernière matinée du dimanche (car la clôture irrévocable et définitive est fixée à mardi soir 1er janvier), le Royal Viograph donnera un choix des tableaux qui ont charmé le jeune public habituel de ses matinées.
Que les pères et mères de famille qui n’ont pas encore emmené leurs enfants applaudir l’apparition de l’Ange gardien, l’amusant Bain du chien, la scène enfantine de l’homme-chien, le repas des phoques au Jardin d’acclimatation, les colères du bel enfant qui casse si bien et si justement les vitres de l’avaricieuse fourmi, et surtout la toute gracieuse distribution des jouets par les célestes messagers de Noël ne laissent pas partir le Royal Viograph sans leur avoir procuré cette joie. Ceux qui l’ont déjà vu y sont retournés et y retourneront certainement encore. C’est le meilleur éloge que nous puissions faire à la direction, qui, pendant plus d’un mois, nous a donné un spectacle aussi varié que de bon goût, nous charmant chaque fois sans jamais nous lasser.
L'Indépendant rémois, Reims, 30 décembre 1900, p. 2.
Le responsable du Royal Viograph, Cyprien Lacabane, va prolonger les séances jusqu'au premier jour de l'année suivante.
→ 1901
1901
1900 ← Le Royal Viograph de Cyprien Lacabane (Cirque, 1er janvier 1901)
1900 ←
Cyprien Lacabane présente son Royal Viograph depuis la mi-novembre 1900, offre sa derniìere séance le premier jour de l'année 1901 :
Le Royal Viograph au Cirque.
Aujourd’hui, mardi 1er janvier, pour la clôture, grande matinée et grande soirée d’adieux.
Deux merveilleuses représentations de gala seront données avec un choix des meilleurs tableaux qui ont le plus contribué à charmer le public pendant le séjour qu'a fait le Royal Viograph dans la ville de Reims.
L'Indépendant rémois, Reims, 1er janvier 1901, p. 2.
Répertoire (autres titres) : Vues marines, Chemin de fer avec ses effets de neige dans le Nord de l’Amérique (L'Indépendant rémois, Reims, 4 décembre 1900, p. 2), La Vision sur les flots (tableau grandiose, majestueux et inédit, qui a saisi d’étonnement et rempli d’admiration les spectateurs) (L'Indépendant rémois, Reims, 8 décembre 1900, p. 2), Torpilleurs à la poursuite d’un navire de guerre (L'Indépendant rémois, Reims, 23 décembre 1900, p. 3), L’Ange gardien, La Cigale et la Fourmi (L'Indépendant rémois, Reims, 27 décembre 1900, p. 2)
Le Cinématographe d'Abraham Dulaar (Place du Boulingrin, 7->7 avril 1901)
Abraham Dulaar organise une représentation privée offerte à la presse et aux autorités locales dont L'Indépendant rémois publie un compte rendu :
LA FOIRE
Samedi soir, bravant la pluie battante, enjambant les ruisseaux grossis par cette abondante pluie, nous nous rendîmes place du Boulingrin.
Là est installé
L’ATHENEUM-THÉÂTRE
dont le directeur, M. Dulaar, nous avait invité à une représentation de gala offerte aux autorités et à la Presse.
Cette loge est agencée de confortable façon, et même avec un certain luxe. De l’extérieur, par une grande baie vitrée, les promeneurs peuvent admirer un moteur d’une grande force, qui fournit la lumière électrique nécessaire à l’éclairage de la loge.
À l’intérieur, les places réservées, premières et secondes, sont installées de façon à satisfaire les plus exigeants.
Du spectacle même nous ne pouvons guère parler ; nous préférons en laisser l’agréable surprise aux spectateurs qui ne marqueront pas de se rendre en foule à cet établissement. Disons simplement qu’en première partie on voit évoluer dans l’air une charmante personne qui, par un prodige tenant de la sorcellerie — M. Dulaar doit avoir des relations avec Satan, — marche, la tête en bas, danse, tourne, pirouette, etc., sans que le spectateur le plus attentif puisse se rendre compte par quel ingénieux système l’Aérogyne est ainsi présentée.
En seconde partie, le Cinématographe qui soulève de nombreux rires et applaudissements, et de ce spectacle qui dure une heure environ, tous sortent enchantés.
L'Indépendant rémois, Reims, mardi 9 avril 1901, p. 3.
Le Phono-Cinéma-Théâtre (Cirque, 3-19 mai 1901)
Après avoir connu un succès relatif à l'Exposition Universelle de Paris, le phono-cinéma-théâtre va être présenté en France comme à l'étranger. Si les films ont été tournés, pour l'essentiel, par Clément-Maurice, l'inspiratrice de ce spectacle novateur est Marguerite Vrignault, directrice artistique. Lors de ces tournées, elle est accompagnée de l'opérateur Félix Mesguich. C'est au Cirque de Reims qu'a lieu l'inauguration le 3 mai 1901, annoncée quelques jour plus tôt :
Le Phono Cinéma Théâtre, l'un des plus grands succès de la rue de Paris à l’Exposition universelle, fait en ce moment son tour de France. Il annonce une série de représentations au Cirque de Reims, où la première aura lieu vendredi prochain 3 mai.
Ainsi que son nom l'indique, le Phono Cinéma Théâtre est une ingénieuse combinaison des deux merveilleuses inventions de la fin du XIX* siècle, le cinématographe et le phonographe, et la directrice et créatrice de cette attraction sans precedent, Mme Vrignault est parvenue à donner à ces visions animées l’apparence de la vie même. On entend et l’on voit les artistes absolument comme s’ils paraissaient sur la scène, et lorsque les spectateurs émerveillés applaudissent chanteurs, danseuses ou mimes, les artistes reviennent saluer le public. L’illusion est aussi complète que possible. Ce qui achève de caractériser le Phono Cinéma Théâtre, c’est que son program me ne comprend que des artistes de premier ordre : Sarah Bernhardt, Coquelin aîné, Cossira et Mlle Hatto. de l’Opéra, Mély Meyer, Félicia Mallet. Polin. Little Tich, etc. Toutes les étoiles des grands théâtres et des grands music halls de Paris défileront devant nous en une seule représentation qui dure de deux heures à deux heures et demie. Et par surcroît on nous offre une reconstitution complète des merveilles de l'Exposition de 1900. Avec de pareils éléments, le succès des représentations du Phono Cinéma Théâtre ne saurait être douteux.
L'Indépendant rémois, Reims, 30 avril 1901, p. 3.
Même si aucun titre n'est expressément indiqué, le répertoire est semblable à celui qui a déjà été offert dans d'autres villes au cours des semaines qui précèdent. Mais il faut attendre le 4 mai pour avoir le premier compte rendu :
Le Phono Cinéma Théâtre.
Hier soir, au Cirque, devant une salle très élégamment garnie de spectateurs, a eu lieu la première du Phono Cinéma Théâtre. C’est, le nom l'indique, le théâtre transporté sur l'écran de cette merveilleuse lanterne magique qu on appelle le cinématographe ; avec le concours du phonographe, cette autre merveille, l’illusion est complète. Grâce au synchronisme des deux instruments, esclaves d’un même appareil de mise en marche, on entend les voix des acteurs ou les bruits de la scène en même temps que se font les mouvements qui les produisent.
C’est parfait.
Aussi tout le monde a applaudi en voyant et en entendant les artistes les plus en vue de nos différentes scènes. Quand on aura la photographie en couleurs, ce sera l’illusion absolue.
Les tableaux sont variés, bien choisis et gracieux, tout le monde peut les voir, le spectacle est de bon goût et attrayant. On ne peut désirer mieux.
E. A.
L'Indépendant rémois, Reims, 4 mai 1901, p. 2.
Même si l'article comporte une signature, son contenu ne brille pas par l'originalité, le journaliste se contentant de reproduire les lieux communs de l'époque sur le cinématographe. En tout cas, on se demande même s'il a vu les films... Ce qui est sûr, c'est que le public est tout à fait passionné par ces images parlantes et chantantes et les demandes pour assister au spectacle affluent :
Le Phono Cinéma Théâtre.
En présence de l’immense succès obtenu par le Phono cinéma théâtre, la Direction a décidé de donner aujourd’hui au Cirque une matinée avec le programme complet. De cette maniéré les familles courront aller voir ce spectacle dans l’après-midi de 3 heures à 5 heures.
Ajoutons que de nombreuses demandes sont faites auprès de la directrice pour obtenir des places au Cirque et que, dans ces conditions, on a tout à gagner à prendre ses billets à l’avance au bureau de location qui est ouvert de dix heures du matin à six heures du soir. C’est un spectacle que nous recommandons aux familles pour les enfants, qui s’y divertissent énormément et y apprennent à connaître les plus célèbres artistes français de cette époque.
L'Indépendant rémois, Reims, 5 mai 1901, p. 2.
L'article précise bien que c'est " la directrice " qui fournit les places. Une remarque qui confirme au passage que la responsable du Phono-Cinéma-Théâtre est bien Marguerite Vrignault. Comme cela s'est produit ailleurs, le spectacle va prolonger son séjour à Reims de quelques jours :
Phono-Cinéma-Théâtre.
Le Phono-Cinéma-Théâtre,après avoir heureusement prolongé son séjour à Reims, va nous quitter. Dimanche il bouclera ses malles.
Jeudi, il y aura, comme d’habitude, matinée réservée aux familles et aux écoles.
Vendredi, soirée de gala, à 9 heures.
Samedi, soirée extraordinaire à 8 heures et demie.
Et enfin dimanche, une matinée de famille. Le Duel de Cyrano par Coquelin et le Président de la République passant la Revue des troupes à bord du Lepanto obtiennent toujours le même succès.
Ceux qui veulent voir les derniers numéros doivent se hâter.
L'Indépendant rémois, Reims, 15 mai 1901, p. 2.
Un séjour d'une quinzaine de jours est bien la preuve du succès public que rencontre, ici à Reims, comme dans les autres villes traversées, le Phono-Cinéma-Théâtre. Ce dernier et sa directrice poursuivent leur route vers Chalons-sur-Marne.
Le Royal Vio Cirque municipal, (4-31 décembre 1901) → 1902
C'est sous son nouveau nom de "Royal Vio" que revient à Reims le Royal Viograph à la fin de l'année 1901 :
Royal Vio ?...
Sous ce nouveau titre nous revient le " Royal Viograph ", que tous nos concitoyens ont connu l’an dernier.
Nous n’avons pas besoin de rappeler quels succès ii a obtenus au Cirque municipal, ils sont encore présents à la mémoire de tous.
Cette fois nous verrons défiler plus de 1,500 vues cinématographiques nouvelles, et vendredi une représentation réservée commencera la série des soirées à la fois amusantes et instructives.
L'Indépendant rémois, Reims, mercredi 27 novembre 1901, p. 2.
La représentation prévue pour le vendredi 29 novembre doit être repoussée à cause d'un retard de livraison :
Le Royal Vio au Cirque municipal.
Le Royal Vio que nous avons tous applaudi l’année dernière nous revient, après une tournée triomphale, avec une collection considérable de tableaux nouveaux. Nous n’en citerons que quelques-uns qui feront partie du programme prochain, l’énumération complète en serait trop longue, entr’autres : Un Carrousel militaire ; A travers le Texas ; Les Clowns excentriques ; En Chine, scènes diverses ; Le Sorcier ; Le Prince et le bon Génie, féerie en couleurs ; Rally Paper Hunt, couru à New York le 15 septembre 1901 ; Dislocation fantastique ; Fête de fleurs à l’Exposition ; Ascension à la Tour Eiffel ; La Belle Otero dans ses danses andalouses ; Jeanne d’Arc, féerie historique en 12 tableaux, etc.
Les débuts, qui étaient annoncés pour vendredi dernier, ont été remis au mercredi 4 courant, à la suite du retard dans la livraison du matériel par la Compagnie du chemin de fer.
L'Indépendant rémois, Reims, lundi 2 décembre 1901, p. 2.
C'est finalement le mercredi 4 décembre qu'a lieu l'inauguration des séances dont rend compte L'Indépendant rémois le lendemain :
" The Royal Vio "
Mercredi soir a eu lieu, devant une fort belle salle, la soirée d’ouverture du " Royal Vio ", que les Rémois ont déjà applaudi comme il le méritait l’année dernière.
Le " Royal Vio " nous revient avec un programme entièrement changé et fort bien composé d’actualités et de scènes inconnues à Reims.
Nous ne citerons pour aujourd’hui que quelques vues, prises au hasard, car toutes méritent des éloges :
Une Foire à New-York, la Fête des Fleurs à l’Exposition et les Pompiers Américains.
Un Voyage en mer entre Calais et Douvres, A travers la Chine avec les épisodes de la dernière guerre.
Les Luttes terribles, scène du plus haut comique, ainsi que le Disloqué.
Trois minutes à Londres, vue très intéressante.
Les différentes vues prises au moment du séjour du président Krüger en France ont obtenu un très grand succès ainsi que Jeanne d'Arc, pièce à grand spectacle en 12 tableaux.
Pour terminer, de sincères compliments pour les vues en couleurs qui sont de véritables merveilles ; parmi ces dernières, nous avons avons fort admiré la Fée aux choux, La Danse du Feu, Neptune et Amphitrite.
Les titres lumineux et variés précédant chaque tableau ont été également fort admirés du public.
La salle est très bien décorée par les soins de M. Pierre, tapissier, et le spectacle est agrémenté de partie musicale sous la direction de M. Stevenot.
L. M.
Aujourd'hui jeudi, deux représentations ; la première, à 2 h. 1/2 de l'après-midi, et la seconde à 8 h. 1/2 du soir.
L'Indépendant rémois, Reims, 5 décembre 1901, p. 2.
Les circonstances climatiques défavorables n'entament pas pour autant l'intérêt et l'assistance du public :
" The Royal Vio ".
Malgré l’épais brouillard qui s’était abattu sur notre ville hier jeudi, le " Royal Vio " a donné ses deux représentations devant un nombreux public.
La salle étant convenablement chauffée, les spectateurs n’ont pas eu à se plaindre des rigueurs de la température.
L'Indépendant rémois, Reims, 6 décembre 1901, p. 2.
Les responsables du Royal Vio, en cela ils ne font qu'appliquer une recette éprouvée, vont offrir quelques séances aux écoliers :
The Royal Vio.
Comme nous l’avions prédit, les deux représentations de dimanche ont fait salle comble.
La direction du The Royal Vio, voulant que les petits jouissent également du merveilleux spectacle qu’il offre actuellement aux Rémois, a décidé de donner quatre représentations gratuites pour les enfants des écoles de la ville.
Samedi, à 3 heures, a eu lieu la première de ces représentations, et lundi ia seconde. Mardi et mercredi auront lieu les deux autres à la même heure.
Inutile de dépeindre la joie de tous ces enfants, ainsi que les applaudissements et les rires qui ont accueilli les différents tableaux.
Nous ne pouvons que féliciter la direction de cette initiative.
L. M.
L'Indépendant rémois, Reims, 10 décembre 1901, p. 2.
Les projections se prolongent jusqu'en janvier 1902.
→ 1902
Répertoire (autres titres) : À travers la Chine, épisodes de la dernière guerre, Une foire à New York, Le Texas (L'Indépendant rémois, Reims, 8 décembre 1901, p. 2), Une course aux taureaux à Séville, L'Incendie des Docks au port de New York, La chasse aux cerfs, Pyramides humaines, Luttes terribles (redemandé), Episodes de la guerre Hispano Américaine, La danse de Loïe-Fuller, Défilé militaire (L'Indépendant rémois, Reims, 16 décembre 1901, p. 2), Les funérailles de la reine d’Angleterre, Une visite à l’Exposition, L'homme-orchestre (création nouvelle), Bataille de dames, Défilé militaire (L'Indépendant rémois, Reims, 21 décembre 1901, p. 2).
Théâtre-Salon Carmelli (Place d'Erlon, [25]-31 décembre 1901) → 1902
La foire des Rois commence le 25 décembre et le Professeur Carmelli, qui vient de Fontainebleau, installe son Théâtre-Salon sur la Place d'Erlon :
LA FOIRE
Noël et le Nouvel-An sont proches. Dans quelques jours, les échos de la vieille Cité, qui vit Charles VII sacré par Jeanne-d'Arc (extrait d'Un Tour de Reims), retentiront des cris traditionnels : " Pâtés tou chauds ! " qui sont le complément indispensable du réveillon.
[...]
Nos concitoyens et nos visiteurs auront le choix, place d'Erlon, entre :
La Ménagerie Pianet, spectacle très couru des amateurs d'exhibitions émouvantes ; cinématographe et tableaux vivants ; l'artiste tronc Kobelkoff, un très curieux et très intéressant phénomène qui ne peut manquer d'être visité ; Théâtre des animaux savants de M. Delahaye ; Théâtre Salon des frères Carmelli dont l'habileté de prestidigitateurs fera la joie des petits et même des grands ; le Théâtre d'illusions Bérard ; les établissements de " fritures " François, Douine, Togny, Veuve Baudry-Bouvard, dont les pommes de terre frites feront les délices des promeneurs.
L'Indépendant rémois, Reims, 18 décembre 1901, p. 2.
Dans ce bref article rien n'est dit sur la présence d'un cinématographe dans l'établissement de Carmelli, mais on peut supposer qu'il fait toujours partie des attractions de la loge. Il est également question des " frères Carmelli ". La foire se prolonge pendant un peu plus de quinze jours.
→ 1902
1902
1901 ← Le Royal Vio (Cirque municipal, 1er-12 janvier 1902)
1901 ←
Les séances du Royal Vio se prolongent en 1902. Comme cela est habituel, les responsables du spectacle annoncent un départ prochain pour stimuler l'intérêt des Rémois :
The Royal Vio.
The Royal Vio, dont le succès n'a fait que s’accentuer depuis la soirée de début, va nous quitter dans quelques jours. La direction, répondant aux nombreuses demandes du public, a décidé de mettre au programme, outre les vues du séjour du tsar en France : Dunkerque, Betheny, et les Récentes expériences de M. Santos-Dumont, toutes celles ayant le plus de succès auprès des spectateurs, tels que : les Féeries en couleurs, l'Incendie des Docks de New-York. la Guerre Hispano-Américaine, la Chasse aux cerfs, etc.
Aujourd’hui Mercredi et demain Jeudi, deux représentations : la première à 3 heures après midi, la seconde à 8 heures 1/2.
A l’occasion du premier de l’an, on nous informe qu’il sera offert un Magnifique Cadeau à tout enfant qui assistera à l'une ou l’autre des matinées suivantes : aujourd'hui 1er janvier, jeudi 2 et dimanche 5.
L'Indépendant rémois, Reims, 1er janvier 1902, p. 3.
Par ailleurs la direction du Royal Vio multiplie les présents et les initiatives pour attirer les spectateurs. C'est le cas du lunch offert au public des matinées :
Le Royal Vio !!
La Direction du Royal Vio. toujours à la recherche de ce qui peut plaire et charmer, n’a pas dû se repentir de l'heureuse idée qu’elle a eue d’offrir hier et aujourd'hui à sa gracieuse clientèle des matinées un lunch composé de sorbets et autres gâteries de la maison Pernod, si nous en jugeons par les mignonnes frimousses émerveillées de ce joyeux public croquant à belles dents toutes ces friandises.
La salle était comble et plusieurs personnes n'ont pu trouver de bonnes places. C'est que le spectacle est d’un intérêt rare et comporte un choix de numéros splendides.
Dimanche, nouvelle distribution de cadeaux. Cette fois il y en aura pour tout le monde.
Le bureau de location est ouvert au Cirque à partir de 9 heures du matin.
L'Indépendant rémois, Reims, 3 janvier 1902, p. 2.
Comme on pouvait s'en douter, la direction du Royal Vio annonce que le départ est remis de quelques jours. Par ailleurs, une prime est offerte aux lecteurs de l'Indépendant :
The Royal Vio.
La direction du " The Royal Vio " voulant être agréable aux Rémois, a décidé de prolonger sa série de représentations jusqu’au dimanche 12 janvier inclus.
Pendant cette irrévocable semaine de clôture, ii y aura chaque soir changement de programme. Nos lecteurs trouveront ci-dessous un bon à moitié prix à toutes les places, pour la représentation d’aujourd’hui lundi.
L'Indépendant rémois, Reims, 6 janvier 1902, p. 3.
L'Indépendant rémois, Reims, 6 janvier 1902, p. 3.
Le public, d'après les articles publiés, ne cesse d'accourir au Cirque pour assister aux séances de projections animées :
The Royal Vio.
La direction doit être enchantée d'avoir prolongé son séjour à Reims, car chaque soir les séances ont lieu devant une salle comble.
La fin de chaque tableau représenté est marquée par les applaudissements nourris des spectateurs. Inutile de dire que les différentes vues de Dunkerque et de Bétheny ne sont pas les dernières à intéresser le public, notamment la charge finale de Bétheny et le défilé du cortège impérial devant les tribunes.
L’on remarque également beaucoup : Jeanne-d’Arc, pièce à grand spectacle, les fêtes données pendant l'Exposition de 1900 et la proclamation d'Edouard VIl.
Le bon de ce jour est valable pour la matinée d'aujourd'hui à trois heures et pour la représentation du soir.
L'Indépendant rémois, Reims, 9 janvier 1902, p. 2.
La dernière représentation a lieu, comme annoncé, le dimanche 12 janvier 1902 :
The Royal Vio
La soirée d’adieux donnée hier à huit heures et demie par The Royal Vio a remporté un énorme succès.
Dès l’ouverture des portes, la salle du Cirque fut envahie par une foule empressée qui ne tarda pas à la garnir en entier, si bien qu'un quart d'heure plus tard il était impossible de trouver une place libre.
Durant toute la représentation, les applaudissements nourris des spectateurs ont souligné la fin de chaque tableau.
Cette soirée a été le bouquet final de la série des brillantes représentations que le The Rovat Vio vient d’offrir à Reims pendant plus d'un mois.
Nous souhaitons bonne chance à la direction qui ne nous dit pas adieu mais au revoir ; tant mieux, car c’est avec plaisir que nous irons l'applaudir à nouveau à son prochain passage.
L M.
L'Indépendant rémois, Reims, 13 janvier 1902, p. 3.
Après un peu plus d'un mois de représentations, le Royal Vio quitte Reims.
Répertoire (autres titres) : Les Miracles de Brahamme (féerie en couleur), Le voyage du Tsar en France : Dunkerque, La revue de Bétheny, Les récentes expériences d’aérostation de M. Santos-Dumont (L'Indépendant rémois, Reims, 1er janvier 1902, p. 3), La Fête des fleurs à l'Exposition, Méphistophélès, La Proclamation d'Edouard VII, La Belle Otero, de New-York à Chicago (120 kilom. à l'heure), Bébés et chats (en couleur), Les Éléphants de Maximilian, Les Récentes expériences d'aérostation de M. Santos-Dumont, Le Tsar en France: Dunkerque, Bétheny... (L'Indépendant rémois, Reims, 5 janvier 1902, p. 2).
1901 ← Théâtre-Salon Carmelli (Place d'Erlon, 1er->10 janvier 1902)
1901 ←
La foire des Rois qui a commencé le 25 décembre se poursuit dans les premiers jours de janvier. Le Professeur Carmelli reste, sans doute, jusqu'à la fin des festivités.
1903
Le Cinématographe (93 place Drouet-d'Erlon/Hôtel Continental, <18> juillet 1903)
En juillet, le cinématographe de l'Hôtel Continental propose des projections de vues animées :
Cinématographe
Le Cinématographe de l'Hôtel Continental, 93, place Drouet-d'Erlon, obtient un réel succès.
Les spectateurs y viennent et reviennent.
La grande féerie d'Aladin en 45 tableaux y est redemandée et force est à la direction de la donner à chaque séance.
Voici le nouveau programme à partir du samedi 18 juillet, 8 heures 1/2 du soir:
PREMIÈRE PARTIE
Les Brothers Laure, acrobates mondains.
Les Lauretti's ou un duel abracadabrant.
La Soubrette ingénieuse.
Les "Julians".
Attaque d'une place forte par la cavalerie.
Un Etablissement de bains, grande scène comique.
L'Agent plongeur.
Mystification amusante ou magie noire.
Affaire Humbert.
DEUXIÈME PARTIE
Aladin et la Lampe merveilleuse en 45 tableaux avec trucs, transformations, corps de ballet, apothéose.
Remerciements au public.
L'Indépendant rémois, Reims, 18 juillet 1903, p. 2.
1904
Le Grand Cinématographe Américain de Lucien Hermand (8-16 octobre 1904)
Le Grand Cinématographe Américain de Lucien Hermand annonce son retour pour quelques jours :
Cinématographe.
Le directeur du grand Cinématographe américain, qui a recueilli un si bon accueil la semaine dernière de la part du public rémois, nous prie d’informer qu’il donnera, du samedi 3 octobre au dimanche 16 inclus, une nouvelle sérié de représentations de cinematographer avec changement de programme et inauguration du phono-cinéma-théâtre.
L'Indépendant rémois, Reims, mardi 4 octobre 1904, p. 3.
La semaine suivante, la presse public les titres de quelques vues du répertoire :
Grand Cinématographe américain
Cet établissement a retrouvé le succès qui l’avait accueilli ici lors de son premier séjour.
Chaque soir, c’est en présence d’une salle archicomble que les opérateurs de M. Hermand, directeur, projettent sur un écran des vues présentant un réel intérêt et une véritable curiosité.
Mentionner les numéros du programme. est impossible : il y en a de trop. Disons pourtant que les vues les plus applaudies sont certainement celles : Un coup d’œil à chaque etage, grande course de taureaux, un drame dans les airs, etc.
Grand succès aussi pour la nouvelle machine parlante qui permet d’applaudir Mercadier dans Bonsoir, madame la Lune! Dranem dans le Mirliton et Galipaux dans Conversation téléphonique.
Avec un tel programme, rien d’étonnant à ce que chaque soir un public enthousiaste vint applaudir, durant deux heures de spectacle, ces projections dont la netteté est admirable et sans aucune trépidation.
A nos lecteurs, à leurs familles, nous conseillons une visite à cet établissement qui serait le rendez-vous select par excellence s’il y avait des matinées pour les familles.
L'Indépendant rémois, Reims, mardi 11 octobre 1904, p. 2.
D'autres titres sont diffusés dans les jours suivants :
Le Grand Cinématographe américain
Continuant la série de ses succès, le Grand Cinématographe américain fait tous les soirs salle comble.
Ce soir jeudi, le programme comportera d’importantes modifications qui sont appelées à faire sensation. Nous devons citer tout d’abord La Belle au Bois dormant, une grande féerie qui ne comporte pas moins de trente tableaux entièrement en couleurs.
Puis une scène toute d’actualité, nous voulons parler de la guerre russo-japonaise.
Autour de Port-Arthur, tel est le titre de cette nouvelle projection.
A noter également Bulles de Savon, une fantaisie absolument inédite.
D'autres modifications seront également faites au programme.
La location est ouverte au Cirque de deux heures à six heures de l’après-midi.
L'Indépendant rémois, Reims, 14 octobre 1904, p. 2.
Le Théâtre Collinet (Champ de Foire, [25]-31 décembre 1904) → 1905)
Gaston Collinet, propriétaire d'un théâtre forain, s'installe à Reims à l'occasion de la foire des Rois qui commence le 25 décembre :
A noter également le Théâtre Collinet où on assiste à de merveilleuses séances de prestidigitation.
[...]
Théâtre Collinet.-Tous les soirs à 8 heures 1/2, représentation. Prestidigitation, hypnotismes, séances de cinématographe. Deux heures et demie de spectacle par représentation.
L'Indépendant rémois, Reims, 26 décembre 1904, p. 4.
Les séances se prolongent jusqu'à la nouvelle année.
→ 1905
1905
← 1904 Le Théâtre Collinet (Champ de Foire, 1er->1er janvier 1905)
Le Théâtre Collinet offre encore quelques séances au début de l'année 1905 :
THÉÂTRE COLLINET
Hier, il y a eu foule au théâtre Collinet.
Durant deux heures et demie de spectacle, le public s’est largement délecté.
En première partie : Prestidigitation par le professeur Collinet, ex-prestidigitateur du théâtre Robert Houdin, de Paris, le plus fort manipulateur français.
En deuxième partie : Nouveauté sensationnelle, la plus stupéfiante application de l’hypnotisme : Haï iji. Il vit et plana. Ce n’est pas un mannequin, c’est une personne vivante. Vous voudrez tous le voir et vous creuser la tête sur ce mystère.
En troisième partie : Cinématographe, magnifiques vues de la guerre russo-japonaise, scènes comiques et à transformations, etc., etc.
Et pour terminer : Le Voyage dans la Lune, grande féerie en 30 tableaux, tirée du roman de Jules Verne.
Avec un tel programme, le succès est assuré.
L'Indépendant rémois, Reims, 2 janvier 1905, p. 4.
Outre le film Méliès, il est probable qu'il y ait, parmi d'autres, des vues Pathé.
Le Théâtre International Urania de Ferdinand Somogyi (Salle Degarmann, 31 mai-1er juin 1905)
Le Théâtre International Urania, dirigé par Ferdinand Somogyi, propose de longs spectacles avec de multiples vues animées. Il est installé à Reims pour deux jours :
Théâtre international " Urania ".
Nous ne saurions trop engager les amateurs du beau et de l’émouvant à assister aux représentations extraordinaires qui seront donnée ?, Salle Degermann, mercredi et jeudi, en matinée, à quatre heures et demie, et en soirée, à huit heures et demie, par le théâtre international scientifique " Urania ".
Sous la direction de M. Ferd. Somogyi, de Budapest, en tournée autour du monde, plus de 200 tableaux de projections seront offerts à notre curiosité. En prenant au hasard nous trouvons : La Corrida de taureaux avec mise à mort, La Guerre russo-japonaise ; Défense de Port-Arthur ; combat naval ; Bataille du Yalou ; Les Costumes des belligérants ; Les vues d’un grand nombre de villes, etc. ; Chefs-d'œuvre de la peinture ; Danses tunisienne, japonaise et russe, etc., etc. ; Courses d'automobiles ; Navires dans la tempête ; A travers le firmament (photographies de l’Observatoire de Lick, en Californie), etc.
Prix des places : Premières, 1 fr. 50 ; Secondes 1 fr.
L'Indépendant rémois, Reims, mardi 30 mai 1905, p. 2.
Le Cinématographe automobile (31 août-6 septembre 1905)
En provenance de Laon, une voiture de la société " le Cinématographe automobile ", une entreprise originale d'Alfred Bréard, va organiser une séance de projections, à Reims, entre le 31 août et le 6 septembre 1905, dans la salle Degermann :
Grand Cinématographe du "Petit Journal "
Nous portons à la connaissance du public que du 31 Août au 6 Septembre prochain, de grandes séances de cinématographe vont être données dans la coquette Salle Degermann, rue Buirette ; jamais dans notre ville de Reims, nos concitoyens n’auront eu le plaisir d’assister à un spectacle aussi dramatique, attrayant et varié.
Nous pouvons garantir à nos lecteurs un spectacle des plus intéressants et sans trépidations, le cinématographe après une longue tournée dans l’Est a su charmer par ses séances irréprochables toutes les personnes et dut, à différentes reprises, quitter certaines villes avant d'avoir pu satisfaire tout le monde à cause des engagements à remplir dans d’autres localités. Que l’on se hâte donc.
Le prix des places est à la portée de tous, ainsi qu’on peut le voir ci-dessous :
Premières 1 fr. 50 : Deuxièmes 1 fr. ; Troisièmes 0 fr. 50, avec le Petit Journal du jour.
Sans le Petit Journal : les premières 3 fr. ; les deuxièmes 2 fr. ; les troisièmes 1 fr. Durée du Spectacle de 9 h. à 11 h. Bureaux à 8 h 1/2.
L'Indépendant rémois, Reims, 30 août 1905, p. 2.
Comme cela est souvent le cas, l'annonce est aussi une sorte de publicité pour le spectacle, rédigée, sans doute par le responsable du Cinématographe automobile.
V. Thuillier, editeur, Reims, Reims-rue du Cadran St-Pierre (début XXe siècle)
Grâce à un second article, nous avons la chance d'avoir quelques informations sur le programme de films proposés aux Rémois :
Le Cinématographe de la Salle Degermann.
Le Cinématographe automobile du Petit Journal, actuellement installé dans les superbes salons Dagermann, a donné hier soir, devant une salle absolument remplie, un fort joli spectacle qui a vivement plu aux assistants peu habitués à voir défiler devant leurs yeux des scènes aussi intéressantes et aussi bien agencées.
Pour donner un compte rendu un peu complet il nous faudrait citer la plupart, pour ne pas dire toutes, les scènes inscrites cet attrayant programme. Bornons-nous à mentionner celles qui ont obtenu le plus de succès auprès du public :
Les " Pêcheurs inimitables ", scène tout à fait d’actualité.
Le " Départ pour les Vacances ", scène dans laquelle défilent au milieu de péripéties extravagantes une dizaine de personnages. Le " Petit Poucet ", " l’Histoire d’un Évadé ", " Rêve à la Lune ", au cours duquel se déroulent des situations vraiment originales et d’une grande finesse, etc.
Tous les numéros sont parfaits et nous ne saurions trop engager nos lecteurs à aller passer salle Degermann une soirée qu'ils ne regretteront point, bien au contraire.
L'Indépendant rémois, Reims, 2 septembre 1905, p. 3.
Nous savons que la Société du Cinématographe Automobile a partie lié avec la maison Pathé dont elle projette les films. Plus aucun article dans la presse consulté ne permet de confirmer ou d'infirmer que la dernière séance a bien eu lieu, comme annoncé, le 8 septembre 1905.
Le responsable et le Cinématographe Automobile quittent Reims pour se rendre à Clermont.
Le Grand Cinématographe Americain (Cirque Municipal de Reims, 9-17 septembre 1905)
Le Grand Cinématographe Americain, dont le responsable est L. Hermand, s'installe au Cirque Municipal:
CIRQUE MUNICIPAL DE REIMS.-Du Samedi 9 au dimanche 17 septembre inclus, à 8 h 3/4. Représentation du Grand Cinématographe Américain, avec sa nouvelle machine palante. Exploitation française, fonctionnant exclusivement à l'électricité. (L. Hermand, Ingénieur, Directeur). Prix des places: Stalles. 4 fr.; Premières et Chaises, 1 fr.; Secondes, 0 fr 50. Location au Cirque tous les jours de midi à quatre heures.-De nombreux tramways attendent la sortie. Se hâter. A partir de jeudi soir, changement complet de programme.
L'indépendant rémois, Reims, 15 septembre 1905, p. 3.
Le Diorama (Place Royale, <18> novembre 1905)
Le Diorama de la place Royale renouvelle ses vues :
Diorama de la place Royale
C’est à partir d’aujourd’hui que paraîtront les nouvelles vues cinématographiques, dans lesquelles nous tirons les titres suivants, les plus intéressants :
Les Dernières Cartouches, Le Parapluie du Pochard, La Femme merveilleuse. Le Caricaturiste moderne, Le Créateur mondain, Nos bons Poivrots, Le Pain mixte, L’Omnibus des Toqués, L’Enfant terrible.
Indépendamment de cette magnifique série de vues cinématographiques, M. André Prothin nous montrera Pierrefonds : 80 magnifiques vues.
L'indépendant rémois, Reims, samedi 18 novembre 1905, p. 2.
The Royal Spectacle (Cirque municipal, 3-17 décembre 1905)
The Royal Spectacle - encore un cinématographe dont le nom a été américanisé pour des besoins commerciaux - arrive à Reims dans les premiers jours de décembre. La première annonce, plutôt d'ailleurs une publicité, n'apporte guère d'informations :
The Royal Spectacle.
Nous rappelons que c’est demain dimanche, à 8 heures 1/2, que commenceront, au Cirque municipal, les représentations du " The Royal Spectacle ", dont nous avons parlé dans un précédent numéro.
La programme annoncé est des plus plantureux et destiné à satisfaire tous les goûts ; il a été habilement composé et est de plus entièrement nouveau.
Il n’y aura pas de matinée demain dimanche en raison des élections.
" Tout le monde en parle ! » est la devise de " The Royal Spectacle "... domain soir, " Tout Reims en parlera ! "
L'Indépendant rémois, Reims, 2 décembre 1905, p. 3.
Le goût pour le gigantisme - un écran de 100 mètres carrés - est assez habituel alors, mais on ne sait pas quel est le moyen utilisé pour fournir l'énergie au faisceau lumineux :
Cirque de Reims.
" The Royal Spectacle " a donné ses débuts dimanche soir et l’on a pu s'assurer que, ainsi que nous l’avions prédit, les merveilles annoncées n'étaient pas de trompeuses promesses. Aussitôt l’électricité éteinte, ce fut, en effet, un enchantement ininterrompu qui commença.Sur l’immense écran de 100 mètres carrés de superficie, tour à tour défilèrent les scènes les plus interessantes et les plus d’actualité. parsemées de scènes désopilantes et qui reposent l’esprit.
Nous rappelons à nos lecteurs qu’ils n’ont que jusqu'à jeudi soir pour voir ce spectacle intéressant entre tous.
L'Indépendant rémois, Reims, 4 décembre 1905, p. 2.
Les articles publiés dans ce journal restent d'ailleurs très généraux et n'apportent pratiquement aucune information. Nous ignorons le nom du propriétaire - mais cela n'est pas exceptionnel -, mais également le programme proposé. Voici le type d'article que l'on peut lire :
Cirque de Reims.
C’est devant un public aussi select d’enthousiaste et au milieu d'unanimes applaudissements, qu'a eu lieu, hier soir, la première représentation de la seconde série de vues du "The Royal spectacle "; le programme est des plus variés et des plus intéressants. La direction y a inscrit à profusion de sensationnels numéros, instructifs, pittoresques. amusants, et la vogue dont bénéficie en ce moment le Cirque va subir une nouvelle recrudescence.
Mais, comme l’itinéraire de "The Royal spectacle " ne lui permet de nous consacrer que quelques jours, nous engageons nos lecteurs à profiter de l’occasion qui leur est offerte d’admirer le plus grandiose et le plus merveilleux cinématographe qui leur ait été présenté jusqu’à ce jour.
Dimanche, matinée à 2 heures 1/2.
L'Indépendant rémois, Reims, 9 décembre 1905, p. 2.
L'hyperbole est de mise... mais les informations font cruellement défaut. Il faut attendre le dernier article pour entendre parler des films... enfin d'un seul :
Cirque de Reims.
Demain samedi 16, et après-demain dimanche 17, pour ses adieux, la direction de "The Royal Spectacle " désireuse de donner encore plus d’attrait à son programme, cependant déjà si complet, y ajoute la dernière nouveauté au jour : La Poule aux Œufs d'Or, grande féerie en 4 parties et 12 tableaux, inspirée par la fable de notre bon Fontaine.
1re partie : La loterie du sorcier; 2e partie: Le poulailler fantastique ; 3e partie : Richesse éphémère ; 4e partie : Le châtiment de l’avare.
Apothéose : Le fée de l’or déployant son manteau d’où l’or ruisselle de partout. C’est dans une fantastique pluie d’or que se termine cette merveilleuse féerie, appelée au plus retentissant succès. Dimanche 17 décembre, matinée à deux heures et demie.
L'Indépendant rémois, Reims, 16 décembre 1905, p. 2.
La Poule aux œufs d'or est alors l'un des grands succès de la maison Pathé... mais nous aurions aimé en savoir davantage sur le reste du répertoire. The Royal Spectacle termine son séjour le dimanche 17 décembre. Peu après, il sera à Saint-Quentin.
1906
Le Cinématographe-Vivus (Salle Degermann, 29 décembre 1906-2 janvier 1907)
C'est à l'occasion de la foire des Rois, que le Cinématographe-Vivus s'installe dans la salle Degermann, rue Buirette:
CINEMATOGRAPHE-VIVUS
La direction du Cinématographe-Vivus vient de nous adresser le programma de ses spectacles qui auront lieu du 29 décembre au 2 janvier, à la salle Degermann, 35, rue Buirette, à Reims.
Nous avons constaté le soin que la direction apporte à la composition de ses spectacles, et parmi les scènes qui seront représentées, nous mentionnons : Le képi. La vie du marin. Les effets du lait noir. L’agent pris au piège. Mauvaise mère. Au voleur. Supercherie conjugale. Cavalerie infernale. Lèvres closes. La noce à bicyclette, etc., etc.
Dans tous ses spectacles, le Cinématographe-Vivus offre à ses auditeurs (voyants) 9 à 10.000 mètres, de vues en 70 scènes, c’est vouloir satisfaire les plus exigeants.
L'Indépendant rémois, Reims, 30 décembre 1906, p. 2.
Une météorologie peu clémente contraint l'exploitant à surseoir à ses représentations :
CINÉMATOGRAPHE-VIVUS
En raison du mauvais temps, la direction a décidé de surseoir aux représentations annoncées. Elle nous informe qu'elle conviera le public rémois à une série de représentations lorsque la saison sera plus clémente.
L'Indépendant rémois, Reims, 1er janvier 1906, p. 5.