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- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 27 septembre 2024
- Publication : 25 mars 2015
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CHALON-SUR-SAONE
Jean-Claude SEGUIN
Chalon-sur-Saône, commune du département de Saône-et-Loire (France), compte 24 845 habitants (1894).
1896
Le phono-aérophone de M. Bargeon (janvier 1896)
Avant même qu'un premier cinématographe ne vienne visiter Chalon-sur-Saône, des inventeurs locaux imaginent déjà d'associer image et son. Tel est le cas de M. Bargeon, un précurseur, qui semble avoir travaillé pour Edison et qui présente son " phono-aérophone " aux Chalonais au début de l'année 1896 :
LE PHONO-AÉROPHONE À CHALON
M. Bargeon, ex-électricien d'Edison, se propose de nous donner, sous peu de jours, une très intéressante audition de son appareil appelé aérophone.
Le nouveau phonographe, qui constitue sans contredit la plus étonnante découverte du XIXe siècle et que les ChaIonnais ont pu admirer sur nos places publiques, interprète la voix humaine de nos artistes d'Opéra et de cafés-concerts ; ces auditions ne pouvaient avoir lieu que devant un nombre restreint de spectateurs et à l’aide d’un caoutchouc que l’on se plaçait sur le tympan de l’oreille. Ce nombre de spectateurs se limitait à 12 ou 14 personnes.
M. Bargeon, de Sciure, vient d’inventer un appareil qui combiné avec le phonographe, augmente le volume de la voix de 1,200 fois et, par conséquent, permet d’entendre les sons d’un orchestre et de la voix humaine devant un auditoire de 2.000 personnes.
Ajoutons que M. Bargeon va se mettre en relation avec MM. Lumière, de Lyon, pour combiner son phono-aérophone avec le cinématographe.
Le cinématographe Lumière est basé sur le principe du kinétoscope Edison, qui reproduit des scènes animées. On obtient dans cet appareil une reproduction du mouvement anime à l’aide d'une série d’images très rapprochées dessinées sur une étroite bande de papier qui tourne rapidement dans une boite circulaire munie de fentes devant lesquelles un seul spectateur pouvait en admirer les effets.
Le kinétoscope présentait un grave inconvénient : les images ou scènes animées ne pouvaient être vues que par un seul spectateur à la fois ; il fallait enfin pour compléter l’illusion reproduire les images en grandeur naturelle et les faire mouvoir devant toute une assemblée de spectateurs.
Tels sont les résultats obtenus par MM. Lumière, de Lyon.
Ajoutons que le phonographe-aérophone de M. Bargeon qui enregistre la voix humaine et qui la reproduit devant toute une assemblée de spectateurs, combiné avec le cinématographe Lumière qui donne la photographie animée, nous aurons sous peu l’illusion frappante de la réalité. Tous ceux que nous aimons, tous ceux que nous perdrons peut-être, nous pourrons, avec ces appareils popularisés sans doute un jour, les faire revivre devant nous, ramenés à une circonstance de leur vie et de la nôtre. Nous reverrons leur regard et leur sourire, leurs lèvres remuer sur des paroles qui sonnent encore à notre oreille, nous retrouverons leurs gestes familiers comme ils nous appelleront vers eux. C’est tout simplement la reconstitution d’un nouveau monde et aussi extraordinaire que la lune à 1 mètre.
Courrier de Sâone-et-Loire, Chalon-sur-Sâone, 31 janvier 1896, p. 3.
Certes, le cinématographe n'est pas encore arrivé à Chalon, mais l'idée de combiner le son et l'image est déjà bien présente... Nous ignorons qui est ce M. Bargeon, ni même si son invention a fini par intéresser les frères Lumière. Toujours est-il que le projet a bien existé.
Cinématographe (5, rue du Pont, 25-[28] septembre 1896)
Éditions des Galeries Modernes
Chalon-sur-Sâone, La rue du Pont et entrée de la Gde Rue (c. 1905)
C'est un cinématographe anonyme - tout autant que son propriétaire - qui arrive à Chalon-sur-Saône à la fin du mois de septembre. Il ne s'agit pas d'un cas isolé, et les cinématographes opportunistes sont fréquents dans ces tout premiers temps. Il s'agit de profiter vite d'une mode et d'une nouveauté qui ne va le rester longtemps. L'inauguration a lieu le 26 septembre au 5, de la rue du Pont comme l'annonce l'article suivant :
À partir de demain soir vendredi, nos concitoyens pourront assister, 5, rue du Pont, à des expériences du cinématographe.
Il sera donné deux séances par soirée : la première à 8 heures, la seconde à 9 heures bien précises. L'entrée est fixée à 50 centimes.
À chaque séance il sera déroulé six tableaux. Voici les sujets que l'on pourra voir demain : un déjeuner de famille ; arrivée d'un chemin de fer ; défilé d'artillerie ; scène de jalousie ; un salon de coiffure ; descente d'un tranway.
Ces séances qui donnent l'illusion de la réalité ont fait et font encore courir tout Paris. Elles sont une des parties les plus attrayantes de l'Exposition de Genève. Lorsqu'on sort de ces séances on se demande si l'on a vu une représentation ou si l'on n'a pas plutôt assisté à la scène elle-même.
Courrier de Sâone-et-Loire, Chalon-sur-Sâone, vendredi 25 septembre 1896, p. 2.
En l'absence de noms d'appareil et d'opérateur, on pourrait compter sur le répertoire pour connaître la provenance des films. Malheureusement, les titres des vues présentées sont très communs et chaque éditeur de films a, par exemple, une Arrivée d'un chemin de fer. Il est donc prudent, sans autre information, de ne pas s'avancer dans l'identification des photographies animées. Peu après, une nouvelle annonce - toujours aussi vague - insiste sur les tableaux en couleur :
Pendant la semaine, il sera donne des tableaux de couleur aux séances du cinématographe, qui ont lieu tous les soirs, de 8 à 10 heures, 5, rue du Pont.
Entr’autres tableaux il y aura en couleur Loïe Füller exécutant une danse. Une autre danse très réussie sera celle de trois clowns également en couleur.
Nous espérons que les habitants de Chalon continueront à faire bon accueil au cinématographe. Nous l’espérons d’autant plus que la ville n’ayant pas l’installation de l’électricité, nous ne pensions pas pouvoir jouir ici d’un spectacle qui jusqu’à présent n’avait pu être donné que dans les villes possédant cette installation.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, lundi 28 septembre 1896, p. 2.
Mais, ici encore, la présence d'une vue, Loïe Fuller, même présentée en couleur, ne nous éclaire pas sur son origine. L'appareil reste sans doute moins d'une semaine. En tout état de cause, la presse n'y fait plus référence, sauf à l'occasion de l'arrivée du cinématographe Lumière, en octobre, où Le Courrier de Saône-et-Loire rappelle que " le cinématographe installé rue du Pont avait un fonctionnement par trop défectueux pour attirer le public... " (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Sâone, 10 octobre 1896).
Le Cinématographe Lumière (Place de Beaune, 21 octobre-22 novembre 1896)
B. & F. Chalon S.S, Chalon-sur-Saône, Place de Beaune (c. 1900)
Après avoir organisé des séances à Montceau-les-Mines, Félix Mesguich, l'opérateur de la maison Lumière, poursuit sa tournée en se rendant à Chalon-sur-Saône au-delà du 12 octobre. La presse annonce bien entendu l'arrivée prochaine du cinématographe Lumière :
Samedi prochain, le cinématographe Lumière, un établissement de premier ordre qui vient de faire ses preuves à Mâcon, Bourg, Le Creusot et Montceau-les-Mines, vient s’installer sur la place de Beaune.
L’agence Fournier, qui a traité directement avec MM. Lumière, n’a rien négligé pour rendre les représentations tout a fait irréprochables.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, mercredi 14 octobre 1896, p. 2.
L’inauguration est annoncée pour le samedi 17 octobre 1896 et le public se prépare déjà à à contempler les vues animées que lui propose le cinématographe Lumière :
Nous rappelons que le cinématographe Lumière, installé sur la place de Beaune, commencera à fonctionner ce soir. Voici les vues qui seront projetées : l’arrivée d'un train, déjeuner de bébé, l’arroseur, charge de cuirassiers, avenue des Champs-Elysées, course en sac, défilé du régiment.
Ouverture de 7 à 10 heures du soir.
Demain dimanche, l'établissement sera ouvert de 2 à 10 heures du soir. Voici la liste des vues qui seront projetées : course de voitures automobiles, abattage d’un mur, querelle enfantine, baignade en mer, l’arrivée d’un train, dragons autrichiens : pied à terre, l’arrosé et l'arroseur.
L’entrée à l’établissement est de 50 centimes.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, dimanche 18 octobre 1896, p. 2.
Mais nul n'est à l'abri de difficultés techniques, et Félix Mesguich est contraint de retarder l'inauguration à cause de problèmes liés à l’alimentation en flux électrique. Le cinématographe Lumière, en mode projection, a besoin, en effet, d'électricité :
L’administration du cinématographe installé sur la place de Beaune, jugeant que la force du dynamo destiné à fournir la lumière était insuffisante, a préféré reculer ses représentations de quelques jours. Nous préviendrons nos lecteurs du jour et de l'heure où elles auront lieu.
Personne ne regrettera ce contre-temps, qui nous vaudra d’avoir des projections absolument irréprochables.
Courrier de Sâone-et-Loire, Chalon-sur-Saône, lundi 19 octobre 1896, p. 2.
C'est finalement le 21 octobre que la presse annonce l'inauguration du cinématographe Lumière. Dans l'après-midi, une séance spéciale est réservée aux autorités locales et à la presse :
Une représentation exceptionnelle a été offerte, hier, à 5 h, à de nombreux invités parmi lesquels nous avons remarqué M. le maire, M. le colonel Balan, M. le procureur de la République, M. Roberjot, M. Pichat, de nombreux conseillés municipaux, les représentants de la presse, etc. Le succès de cette répétition générale a été des plus vifs et il a du reste été confirmé par la foule qui, aux représentations publiques du soir, n'a cessé d'envahir le confortable établissement de la place de Beaune. On ne peut rêver plus merveilleuse invention que celle-ci. Les regards sont captivés par ces choses ou ces personnes agissantes qui vous donnent l'illusion si absolue de la vie que l'oreille se tend malgré soi pour entendre les phrases que l'on met d'office sur les lèvres des acteurs " pelliculés ". Que diraient nos aïeux s'ils assistaient à un tel spectacle ! et comme, aux siècles derniers, on eût vite brûlés vifs MM. Lumière, ces merveilleux inventeurs, et ceux qui promènent de ville en ville leur incomparable découverte. Aujourd'hui on se contente d'admirer et d'applaudir, et l'on se demande où s'arrêtera le progrès dans cette voie ?... Un jour viendra où l'on aura combiné le phonographe avec le cinématographe, nous n'en doutons pas - et peut-être puisque l'on est parvenu à photographier des objets enfermés dans des boîtes métalliques, nous sera-t-il donné d'assister bientôt à la photographie des pensées humaines elles-mêmes ? Le champ des hypothèses est largement ouvert, en tout cas, et c'est plus que jamais le moment de dire que le mot " impossible " n'est pas français. Félicitons donc MM. Lumière, qui honorent la science française, ainsi que les propagateurs de leur découverte qui ont en M. Michel, ici, un représentant des plus dévoués et des plus bienveillants ; et vogue le cinématographe dans la voie des triomphes inaugurés hier à Chalon.
Le Progrès de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, jeudi 22 octobre 1896.
Le lyrisme de l'auteur de ces quelques lignes - qui rappelle celui de Félix Mesguich dans ses mémoires Tours de manivelle - trahit une foi immense dans les formes de progrès et dans les capacités du cinématographe. La combinaison de l'image et du son est déjà presque une réalité. Quant à la photographie des pensées... c'est le docteur Baraduc qui va avoir une révélation quelque temps plus tard. Pour le reste, il s'agit bien sûr d'un compte rendu impeccable de la journée d'inauguration. L'information au cours des semaines qui suivent est tout à fait conséquente. Dès le 24 octobre, Le Courrier de Saône-et-Saône va consacrer un très long article au cinématographe des inventeurs lyonnais que nous donnons ci-après in extenso :
LE CINÉMATOGRAPHE
Voici quelques renseignements sur le cinématographe qui fonctionne place de Beaune ; ils seront lus avec intérêt par tous ceux qui ne l’ont pas encore vu fonctionner :
Le cinématographe de MM. Lumière est un ingénieux appareil qui permet non seulement d’enregistrer par la photographie toutes les scènes animées les plus variées sans omettre aucun des mouvements qu'elles comportent, mais aussi de les reproduire fidèlement, de grandeur naturelle, en les projetant sur un écran et les rendant ainsi visibles pour toute une assemblée de spectateurs.
Pour se faire une idée du principe sur lequel repose cet appareil, il faut se reporter aux jouets bien connus désignés sous le nom de zootropes, praxinoscopes, dans lesquels des dessins, représentant assez grossièrement les diverses phases d’un mouvement, sont tracés à intervalles très rapprochés sur une étroite bande de papier.
Cette bande, placée dans une boîte circulaire tournant rapidement devant une fente, éclairée par une bougie en regard de laquelle on place l’œil, donne une illusion approchée du mouvement simple que représente le dessin, par exemple, un saut, une danse, etc. C’est la persistance des impressions lumineuses sur la rétine qui donne, dans tous ces appareils, l’illusion du mouvement.
Grâce aux progrès réalisés par la photographie, on a pu arriver à substituer à ces dessins grossiers des photographies d’une fidélité scrupuleuse qui, disposées dans des appareils d’une grande perfection, donnent l’illusion parfaite de la vie. C’est ce que réalise le cinématographe de MM. Auguste et Louis Lumière, qui est un appareil complet permettant non seulement de prendre les vues mais de les projeter ; les résultats qu’il donne sont vraiment merveilleux.
Les scènes animées sont photographiées sur une bande pelliculaire se déroulant verticalement dans une boîte hermétiquement close, munie d’un objectif qui est successivement démasqué et obturé pendant que la bande pose ou continue à se dérouler. Grâce à un mécanisme d’une rigoureuse précision, la bande pelliculaire sur laquelle se photographient les images se déroule par mouvements successifs séparés par des arrêts.
Cette bande passe donc d’une vitesse maximum à une immobilité absolue et se trouve éclairée pendant tout le temps que l’épreuve est au repos, c’est-à-dire les deux tiers du temps total.
Les diverses épreuves obtenues ainsi à des intervalles de 1/15 de seconde sont rigoureusement semblables, c’est-à-dire que si l’on superpose deux images quelconques, les parties représentant des sujets immobiles coïncident exactement, tandis que les autres parties ont des positions dont la différence représente le mouvement accompli au moment où ont été tirées les deux épreuves.
Le nombre des épreuves étant de 15 par seconde, une scène d’une minute comprend donc 900 photographies et tient une bande de 18 mètres de long sur 3 centimètres de largeur.
L’appareil permet de reproduire des scènes d’une grande profondeur, telles que des rues entières ou des places publiques avec tout leur mouvement de piétons, voitures, tramways, etc., et l’illusion du mouvement dans les épreuves agrandies est telle, que les scènes projetées sont d’une réalité frappante.
Nous donnons ci-après la liste des vues projetées :
Vendredi et samedi. — Charge de cuirassiers, concours de bébés, gros temps en mer, la voltige, l’arrivée d’un train à Perrache (redemandée), tableaux : jury de peinture, le serpent.
Dimanche et lundi.— L’arroseur et l’arrosé (redemandée), mauvaises herbes, course en sac, Venise : arrivée d’une gondole, discussion, les bains à Milan, le défilé 96e de ligne.
Courrier de Saône-et-Loire, samedi 24 octobre 1896, p. 2.
Même si le public est souvent au courant des nouveaux scientifiques, les articles décrivant le cinématographe constituent des textes obligés de la presse de l'époque. Celui qui précède à au moins le mérite d'être exact, ce qui n'est pas toujours le cas. On remarque aussi que le responsable varie la programmation régulièrement ce qui constitue un attrait pour les spectateurs qui se lassent vite de revoir les mêmes scènes. Et d'ailleurs, le succès est bien au rendez-vous, puisque Félix Mesguich est conduit à augmenter le nombre de séances :
Le cinématographe est décidément le plus grand succès du jour. Tous les soirs une foule nombreuse assiège cet établissement. Aussi la direction se voit-elle dans l'agréable nécessité de donner quelques séances supplémentaires. C'est ainsi qu'aujourd'hui jeudi et demain vendredi le cinématographe sera ouvert de 2 h à 10 h du soir. Dimanche et lundi, 1 et 2 novembre, il y aura séances de 2 h à 10 h du soir. Le prix d'entrée est de 50 c. par séance.
Le Progrès de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, vendredi 30 octobre 1896.
Usant d'une stratégie commerciale qui a fait ses preuves, le responsable du poste annonce déjà le prochain départ du cinématographe dès le 11 novembre :
Le succès du cinématographe Lumière, installé sur la place de Beaune, va toujours croissant. Ces jours derniers, on pouvait y admirer des vues représentant les fêtes données en l’honneur du czar. Tout le monde a voulu avoir une idée de la splendeur de ces fêtes, et l’admiration a été grande devant ces vues.
Mais, tout passe et tout lasse ; aussi l’administration a-t-elle le soin de varier son programme. Voici les vues nouvelles qui seront projetées mardi et mercredi 10 et 11 courant :
Belfort, l'Arc de triomphe. — Jongleurs et lutteurs. — Relevé de la garde à Londres. — Stuggard. — Place Royale. — Discussion. — Escrime : le salut. — Départ de cyclistes. — Le serpent.
Nous apprenons d’autre part que le cinématographe Lumière n'est plus pour longtemps à Chalon ; les personnes qui n’ont pu encore lui rendre visite feront donc bien de se hâter.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, mercredi 11 novembre 1896, p. 2.
Même si l'illusion cinématographique marque les esprits des spectateurs, certains événements créent aussi le sentiment de vivre l'actualité comme si l'on y était, tel est le cas du voyage du tsar à Paris :
Les habitants de Chalon et des environs qui n’ont pu se rendre à Paris pour les fêtes franco-russes apprendront avec plaisir que, grâce à la photographie animée, ils pourront assister, au cinématographe Lumière, au spectacle grandiose de l'arrivée du tsar à Paris (cortège, escorte, etc., etc.) aussi bien, si ce n’est mieux, et en tous cas mieux à leur aise que ceux qui y ont assisté de visu.
Ces projections animées, sensationnelles, auront lieu tous les jours, à partir d’aujourd’hui, jeudi, jusqu’à lundi soir, 9 novembre. Le cinématographe est ouvert tour les jours, de 7 à 10 heures du soir; les dimanches, jeudis et vendredis, de 2 à 10 heures du soir.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, samedi 14 novembre 1896, p. 2.
Ça n'est finalement que le dimanche 22 novembre que le cinématographe Lumière ferme ses portes:
Voici les vues que le cinématographe donnera ce soir jeudi et demain vendredi :
Cuirassiers à cheval. - Géant et nain. - Panorama : vue prise en bateau. - Danse sur scène. - Discussion - Mauvaises herbes. - Dragons autrichiens : pied à terre. - Water Tobogant. - Chasseurs à cheval et spahis. - L'Arroseur et l'arrosé (redemandé).
Le cinématographe donnera dimanche prochain sa dernière représentation. L'opérateur quittera ensuite notre ville pour se rendre en Algérie.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 20 novembre 1896, p. 2.
De ces séances, Félix Mesguich a gardé le souvenir bien des années après :
J'installe successivement dans des salles adaptées spécialement les postes de Mâcon et de Chalon-sur-Saône, dont je suis l'unique opérateur. Toutes les séances se poursuivent sous les acclamations du public. L'engouement est tel, que le programme terminé, une bonne moitié de la salle refuse régulièrement d'abandonner la place et paye une seconde fois.
Félix Mesguich, Tours de manivelle, 1933, Paris, Grasset, p. 6.
Répertoire (autres vues) : Nègres : corvée de balayage, Géant et Nain, Promenade des éléphants, Charcuterie mécanique, Le Cantonnier, Cuirassiers à cheval (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 1er novembre 1896, p. 2), Belfort, l'Arc de triomphe, Jongleurs et Lutteurs, Relevé de la garde à Londres, Stuggard. Place Royale, Escrime : le salut, Départ de cyclistes (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 11 novembre 1896, p. 2), Pêche à l'épervier, La Sortie d'usine, Escrime : l'assaut, Les Rideaux, Le Labourage, Neuville, inondation en bateau, Pompiers, sauvetage, Arrivée d'un train à la Ciotat (Courrier de la Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 13 novembre 1896, p. 2), Les Danseuses, Espagne (distribution de vivres), Tigres, Stuttgard (cortège place Royale), Inondations (quai de l'Archevêché), Dragons traversant la Saône à la nage (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 15 novembre 1896, p. 2), Berlin (Avenue les Tilleuls),Trouville (Enfants sur la plage), Londres (Nègres dansant dans la rue), Coiffures, Moutons entrant à l’abattoir, Photographe, Panorama (Vue en bateau), Pompiers (Batterie), Inondation (Sauvetage de lapins) (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 19 novembre 1896, p. 2.), Danse sur scène, Water Tobogant, Chasseurs à cheval et spahis (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 20 novembre 1896, p. 2), Changement de tête, Tir au canon, Fillettes pêchant sur la plage, Enfants, chiens et chats (L'Union républicaine, Mâcon, 20 novembre 1896).
1897
Vues animées de M. Courtois (Palladium Théâtre, juin 1897)
C'est à l'occasion de la foire de la Saint-Jean que le Palladium Théâtre, inauguré le dimanche 20 juin, propose des vues animées :
M. le directeur du Palladium-théâtre nous informe que cet établissement dans lequel on verra " les secrets de miss Aurore, le songe de Faust, Mlle Robersonn et son voyage en zig-zag, les fontaines lumineuses et des projections animées " sera ouvert dimanche prochain.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 18 juin 1897, p. 2.
Information très lapidaire que vient compléter un entrefilet publié dans un autre journal, quelques jours plus tard :
Attractions de la foire de Chalon
[...]
Palladium théâtre Courtois.- Les spectateurs auront là une bonne et agréable soirée à passer, aussi intéressante qu'amusante. Les vues projetées, et quelquefois animées dans certaines scènes, provoquent tantôt le rire, tantôt l'admiration. Il faudra allez voir cela. Les personnes qui n'ont pas encore vu de fontaines lumineuses en auront un gentil petit échantillon.
La Journal de Saône-et-Loire, Mâcon, 24 juin 1897.
Il est même difficile de décider si les vues en question ont quelque chose à voir avec un cinématographe ou un appareil similaire... ou s'il s'agit de vues, animées par un procédé plus archaïque qui ne doit pas grand-chose à la photographie.
Le Cinématographe Joly (Hôtel de l'Europe, 14-16 novembre 1897)
Alors que la tragédie du bazar de la Charité est encore dans toutes les mémoires, on ne peut qu'être surpris par l'annonce publiée par Le Courrier de Saône-et-Loire où il est question de la venue d'Ernest Normandin à Chalon :
Demain dimanche, lundi et mardi, à 8 h. 1/2 du soir, dans la grande salle de l'hôtel de l’Europe, M. Normandin, ingénieur des arts et manufactures, donnera, avec le cinématographe Joly, comprenant les derniers perfectionnements, trois amusantes soirées.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, dimanche 14 novembre 1897, p. 2.
En tout état de cause, l'appareil garde toujours son nom " cinématographe Joly " alors qu'il est directement associé au terrible incendie. Ernest Normandin cherche-t-il à montrer que l'appareil est parfaitement sûr et qu'il ne présente aucun danger ? Les spectateurs ont-ils oublié le nom de l'appareil impliqué dans le drame parisien ? Difficile de le savoir. En tout état de cause, son séjour à Chalon-sur-Saône est bref puisque trois soirées uniquement sont organisées :
Ce soir, aura lieu, dans la grande salle de l’hôtel de l’Europe, la dernière représentation donnée par le cinématographe, système Joly. Le public en a pour son argent. Il ne voit pas défiler, en effet, moins de 28 vues dont une, le cortège de l’arrivée du czar à Paris, dure, à elle seule, près de 20 minutes.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, mercredi 17 novembre 1897, p. 2.
En revanche, nous ignorons presque tout du programme et des 28 films projetés, à l'exception du film consacré au voyage du tsar en France.
1899
Le Royal Biograph (Place Mathias, juin-juillet 1899)
Comme tous les ans, la foire de la Saint-Jean attire à Chalon-sur-Saône de multitudes de forains et leurs attractions plus ou moins nouvelles. C'est sous un nouveau nom, le Royal Biograph, que revient le cinématographe Joly à peine modifié. Dire que la malchance poursuit cet appareil n'est pas exagéré. Lors de la mise en place de la baraque de la foire, le Royal Biograph, un ouvrier se blesse :
Vendredi, vers 6 h. 1/" du soir, plusieurs ouvriers étaient en train de procéder à la construction d'une baraque de la foire, le Royal-Biograph. L'un d'eux, par suite d'un faux mouvement, est tombé d'une hauteur de 5 mètres. Il a été relevé immédiatement sans mal apparent mais crachant le sang. Le blessé a été conduit à l’auberge Bonnardeau, place Mathias, où des soins lui ont été donnés.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 25 juin 1899, p. 2.
En ce qui concerne la baraque foraine, la presse va tout de même livrer quelques informations alors que la foire est sur le point de commencer :
LA FOIRE DE LA SAINT-JEAN
[...]
The Royal Biograph, le grand succès du Casino de Paris, qu'il ne faut pas confondre avec les cinématographes plus ou moins perfectionnés qu'on a pu voir dans diverses villes, et qui attirera à Chalon, comme partout, le public d'élite, les gens intelligents que passionnent les découvertes scientifiques et qui aiment à s'instruire en s'amusant.
Les projections données sur un écran de 56 mètres carrés avec une perfection absolue par le seul appareil admis dans les plus grands théâtres du monde représentent des actualités, des scènes comiques militaires, historiques ou épisodiques du plus grand intérêt.
Mais le clou du spectacle sera certainement la reproduction des scènes à transformation, des féeries les plus étourdissantes, telles que la Lune à un mètre, en 12 tableaux, et Méphistophélès.
Ah ! Méphisto ! Faudra voir ça.
Courrier de la Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 26 juin 1899, p. 3.
Très peu d'informations sur le corpus qui provient, pour une part, de la Star Film (Méliès). Il faut attendre l'édition du 29 juin du même périodique pour connaître un peu mieux cet établissement forain :
La Foire de Chalon
The "Royal Biograph"
Nos prévisions au sujet de cet établissement se confirment de jour en jour et la vogue des nouveautés qu'il nous offre fait affluer le public à la place Mathias.
Il ne nous avait pas encore été donné de voir à Chalon un établissement de ce genre réunissant les derniers perfectionnements de la photographie animée.
Les vues féeriques et à transformations ont les trucs ingénieux sont un véritable tour de force cinématographique suffiraient au succès de cet établissement ; mais la Direction, désireuse de donner entière satisfaction au public chalonnais et mériter la confiance de tous, a fait installer la lumière électrique dans son établissement afin de donner ses projections identiques à celles qu'il a faites pendant 8 mois au Casino de Paris.
Aujourd'hui, cette installation, complètement terminée, est pour l'organisateur, M. Auguste Pariat, un véritable tour de force, qui contribuera certainement au succès de cet établissement.
Depuis hier au soir, le programme du Royal Biograph, complètement changé, comporte une série de vues féeriques et à transformation qui font passer d'agréables instants dans cet établissement.
Souhaitons un franc succès à cette attractions essentiellement parisienne et qui réunit dans un choix judicieux de ses vues des nouveautés de genre réunies aux actualités sensationnelles.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 29 juin 1899, p. 3.
En revanche, le journaliste est toujours aussi avare de titres, ce qui nous empêche de connaître, ne serait-ce que partiellement, le répertoire du forain. C'est presque au bout d'un mois que le Royal Biograph ferme finalement ses portes :
Royal-Biograph
Pour la semaine de clôture, la direction du Royal-Biograph offre à ses visiteurs un spectacle complètement changé. Les vues du cinématographe seront renouvelées tous les soirs. L’accueil qu'a reçu à Chalon le Royal Biograph prouve combien plaît ce genre de travail et ne peut qu'engager les retardataires à s'y rendre pour applaudir ce spectacle des plus attrayants.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 23 juillet 1899, p. 3.
1900
Le Cinématographe du Palais de l'électricité (juillet 1900)
L'Espagnol Estanislao Bravo installe son Palais de l'électricité sur le champ de foire en juillet :
Le Palais de l'électricité
Nous n’avons plus besoin de nous appesantir sur les succès obtenus par le cinématographe; disons seulement que tous les soirs la salle regorge de spectateurs et les deux représentations ne peuvent suffire à satisfaire tout le monde.
A partir de ce soir vendredi, nouveaux tableaux à transformations : Danse du soleil (en couleur), prestidigitateur, le spectre, l'illusionniste (fin-de-siècle), l’ours et la sentinelle, une nuit terrible, dîner fantastique, sommeil d’un pauvre, le magnétiseur Pygmalion, Guillaume Tell, scène fantasmagorique, l’homme caméléon, le diable au couvent. A partir de lundi, nouveau spectacle des plus variés.
Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon, samedi 14 juillet 1900, p. 2.
1901
Le Phono-Cinéma-Théâtre (Théâtre, 16-20 avril 1901)
Après avoir connu un succès relatif à l'Exposition Universelle de Paris, le phono-cinéma-théâtre va être présenté en France comme à l'étranger. Si les films ont été tournés, pour l'essentiel, par Clément-Maurice, l'inspiratrice de ce spectacle novateur est Marguerite Vrignault, directrice artistique. Lors de ces tournées, elle est accompagnée de l'opérateur Félix Mesguich. En provenance de Troyes, l'inauguration a lieu au Théâtre de Chalon, le 17 avril 1901 :
Le Phono-Cinéma-Théâtre, qui a remporté un si légitime succès à l'Exposition de 1900, doit donner au théâtre de Chalon une série de représentations.
Les débuts auront lieu le 16 avril et jours suivants.
Le Phono - Cinéma - Théâtre n’est, au fond, qu'un cinématographe agrandi. Il en a tous les agréments, mais pas tous les inconvénients. Ainsi, la trépidation, ou scintillement, est réduite à un minimum supportable. Une des particularités de cette installation, c’est que les projections durent fort longtemps ; les personnages sont en grandeur naturelle et paraissent se mouvoir comme sur une scène ordinaire.
Les ballets, où l’on nous montre les premiers sujets de l’Opéra de Paris, par exemple, sont bien la plus jolie partie d’un programme très complet.
A toutes les représentations on entendra également et on verra jouer Mme Sarah Bernhardt et M. Coquelin aîné.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon, 13 avril 1901, p. 3.
Comme on peut le constater, les informations restent assez imprécises et la principale caractéristique du phono-cinéma-théâtre n'est pas réellement mise en avant. Un second article vient à peine compléter l'information en évoquant quelques titres :
CHALON
C’est ce soir, à 8h. 1/2, qu’a lieu au théâtre la première représentation du Phono-Cinéma-Théâtre. Les représentations se continueront les 17, 18, 19 et 20 avril. Le programme est des plus attrayants et les journaux consacrent des articles élogieux à ce genre de spectacle.
On y verra des vues animées de l’Exposition et les grands artistes dans leurs principaux rôles, Sarah Bernhardt, Coquelin aîné, etc., enfin le programme comprend, outre les vues de l’Exposition, 18 numéros, parmi lesquels des scènes d'Hamlet, du Cid, de Cyrano de Bergerac, etc.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon, 17 avril 1901, 2.
Après quatre journées de représentation, le phono-cinéma-théâtre quitte Chalon et file vers sa nouvelle destination, Saint-Étienne.
1903
Le Cinématographe Lumière (<2 février 1903)
Le Cinématographe Lumière offre des projectoins cinématographiques :
Montchanin-les-Mines
Cinématographe Lumière.-Le cinématographe Lumière, qui a obtenu ces temps derniers à Chalon, à Couches-les-Mines et à Saint-Léger-sur-Dheune un si vif succès, est installé dans notre ville, salle Clément, et donnera jusqu'à mercredi soir des séances du plus vif intérêt.
Le Progrès, Lyon, lundi 2 février 1903, p. 2.
Le Cinématographe d'Abraham Dulaar (Promenade Sainte-Marie, < 28 juin-[20] juillet 1903)
Abraham Dulaar installe son Athénéum-Théâtre sur la promenade Sainte-Marie à l'occasion de la foire. Il projette, en particulier, des vues cinématographiques :
FOIRE DE CHALON
[...]
THÉÂTRE AÉROGYNE
Par son extérieur d’abord, cet établissement mérite toute l’attention des promeneurs; son apparence luxueuse, confortable, suffirait seule à le recommander aux visiteurs.
Si nous lui consacrons ici une mention toute spéciale, ce n’est pas dans l’intention de lui faire de la réclame ; non, mais comme nous avons pu juger par nous-même. du puissant attrait de cette magnifique installation, entièrement éclairée à l'électricité, nous ne faisons qu’acquitter une dette de gratitude.
Les dernières nouveautés scientifiques se trouvent réunies à l'Athéneum-Théâtre; c’est d’abord Aréogyne, la femme volante de l’Alcazar d’été de Paris, dont les gracieux exercices de voltige dans l’espace laissent cette impression d’autant plus troublante, qu’il est impossible de pénétrer le truc qui préside à ces incroyables évolutions.
Ce merveilleux spectacle se complète par les apparitions célestes, qu’un ingénieux système de projections revêt de compositions idéales, empruntées soit aux phénomènes terrestres, soit aux mystérieuses profondeurs de la voûte céleste.
En outre, une séance de transmissions de pensée et de suggestion, présentée par le mage Ordonoff et son célébré médium, Lydie, captive littéralement l’esprit des spectateurs. Rarement, il nous a été donné d’assister à des expériences aussi surprenantes, aussi saisissantes.
Enfin, les surprises abracadabrantes du cinématographe, avec ses scènes d’exhilarante bouffonnerie, mettent au comble le charme d’un spectacle qui vaut certainement la peine et le plaisir d’être vu.
Courrier de Saône-et-Loire, jeudi 2 juillet 1903, p. 3.
Le spectacle connaît un réel succès puisque le départ est repoussé au 20 juillet :
FOIRE DE CHALON
LE THEATRE AÉROGYNE
Nous avons parlé longuement déjà des attractions multiples installées sur le champ de foire et qui font l’agrément d’un grand nombre de curieux. Mais, entre tous, celui des spectacles qui provoque, sans contredit, au plus haut degré, l’intérêt de la foule, c’est le Théâtre aérogyne. On y voit d’abord la « reine des airs », une gracieuse et jolie jeune fille, qui, après avoir été présentée aux spectateurs, s’élève graduellement, sans efforts, avec la légèreté, la souplesse d’un oiseau. A lui seul, ce spectacle suffirait à satisfaire la curiosité du public, mais ce n’est pas tout, les « visions célestes », aux couleurs si belles, si chatoyantes, si bigarrées, produisent un effet des plus charmants ; les projections du cinématographe, très curieuses, très originales apportent un attrait nouveau en même temps qu’une joyeuse et franche gaieté à tous ceux qui assistent à ces représentations.
Mais il y a mieux encore : ce sont les étourdissantes expériences de transmission de pensée, de suggestion, opérées par le mage Ordonoff sur son médium Lydie, qui, sans être aucunement endormie, se livre à des exercices de mentalité d’une puissance déconcertante pour tous les spectateurs.
Rarement il nous a été donné d’assister à des séances aussi sensationnelles, et, chaque soir, nous voyons des personnes s’extasier et rester stupéfaites devant les résultats extraordinaires obtenus par M. Ordonoff et son sujet. D’ailleurs, la preuve du succès de cet établissement, c’est que la direction, se voyant dans l’obligation de refuser du monde à la plupart des représentations, vient de repousser son départ et continuera les séances probablement jusqu’à la date des courses, qui doivent avoir lieu les 19 et 20 juillet courant.
Courrier de Saône-et-Loire, jeudi 9 juillet 1903, p. 3.
1905
Le Théâtre international scientifique " Urania " (6 juin 1905)
Le Théâtre International Scientifique " Urania ", dirigé par Ferdinand Somogyi, propose, à Chalon, deux journées de spectacle de vues animées :
On nous annonce, pour après-demain mardi, 6 juin, au théâtre municipal, une matinée et une soirée cinématographiques qui seront données par le théâtre international scientifique " Urania ". Plus de 200 tableaux de projections polychromes de la grandeur de la scène, — rendues par l’american-hélioscop, nouveau perfectionnement du cinématographe — figurent au programme de ces représentations, et la grande variété des nombreux numéros ne le cède qu’à la palpitante réalité des uns, à l’attrayante originalité ou an cachet artistique des autres.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, lundi 5 juin 1905, p. 2.
Le lendemain, plus de détails sur le programme qui est proposé aux spectateurs :
Les directeurs des établissements d’enseignement et la presse des villes françaises dans lesquels le théâtre international scientifique Urania a déjà donné des représentations ne tarissent point d'éloges sur l’attrait et le caractère familial du programme de ces représentations. Partout, c’est le succès. Nul doute qu’il n’en soit de même à Chalon demain mardi, si bien à la matinée qu’à la soirée que nous annoncions hier. Citons, au hasard des très nombreux numéros : Corrida de taureaux avec mise à mort ; la Guerre russo japonaise ; Défense de Port-Arthur ; Combat naval ; Bataille du Yalou ; les Costumes des belligérants ; Chefs-d’œuvre de la peinture ; Danses tunisienne, japonaise et russe, etc. ; Courses d’automobiles ; Navires dans la tempête ; A travers le firmament ; Le Tour du Monde en 30 minutes ; Paris, Versailles ; scènes de Quo Vadis, etc., etc.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, mardi 6 juin 1905, p. 2.
Le succès aidant, le Théâtre " Urania " va proposer une deuxième journée de projections animées :
Vu le succès obtenu par le cinématographe du théâtre scientifique Urania, dans sa matinée et sa soirée d’hier mardi, le directeur s’est décidé à donner, demain jeudi, deux nouvelles séances : une matinée à 4 heures et une séance du soir à 8 h. 1/2.
Hier, il a fallu renvoyer la moitié des enfants amenés par leurs maîtres et maîtresses à la matinée ; notre théâtre s’est trouvé insuffisant. Aussi les élèves qui n’ont pas pu jouir de la représentation d’hier attendent-ils avec impatience la matinée de demain.
Quant à la séance du soir, le public y était fort nombreux et a vu se dérouler, deux heures durant, les intéressants numéros du programme.
Disons que chacun fera bien, demain, de venir de bonne heure pour s’assurer des places.
Voici le prix des places : matinée: élèves des écoles, 25 cent. ; parents, 50 cent. Soirée : loges de premières, 1 fr. 50 ; fauteuils, 1 fr. ; secondes et parterre, 75 cent.; troisièmes, 40 cent.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, jeudi 8 juin 1905, p. 2.
Le Grand Cinématographe américain de Lucien Hermand (Foire, >20 juin 1905)
Le Grand Cinématographe américain de Lucien Hermand va s'installer sur le champ de foire :
Chalon va donner l’hospitalité, pendant la foire, à un élégant et confortable établissement dont on dit le plus grand bien : le Palais de l'Art nouveau.
Le spectacle comporte trois intéressantes attractions : Ethéréa, la véritable femme volante ; la célèbre voyante Ramilda et son instigateur, le professeur Agoston, dans leurs expériences surprenantes de suggestion et de télépathie mentale ; le grand Cinématographe américain, donnant, sans fatigue pour les yeux, des vues nouvelles et variées à plaisir.
Nul doute que le succès ne suive à Chalon le Palais de l'Art nouveau.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 20 juin 1905, p. 2.
Le cinématographe de M. Blanchon (<01>/08/1905)
M. Blanchon installe un cinématographe à la fin du mois de juillet :
Châlon-sur-Saône.-Présents: Vve Tixier, montagnes russes, théâtre de l'art nouveau et rigolarium Van Langendonck; ménagerie Laurent; café Constant; Blanchon. cinématographe; Pontonnier et Périsset, tirs; loterie Dauphin; panorama Gonin; friture Pasteur: théâtre Varlot. Affaires mauvaises; public désintéressé.
La Comète belge, Bruges, 1er août 1905, p. 5.
1906
Le Cinématographe Lumière select d'[Henri] Amblard (La Foire, 17 juin-[23] juillet 1906)
Henri Amblard arrive à la mi-juin avec son Cinématographe Lumière select :
Cinématographe.-Le cinématographe Lumière select, installé sur la foire, donnera sa première représentation dimanche prochain 17 juin. Nous aurons, du reste, l'occasion de reparler de cet établissement de tout premier ordre.
Le Courrier de Saône-et-Loire, vendredi Chalon-sur-Saône, vendredi 15 juin 1906, p. 2.
Un article évoque quelques titres :
Qui voudra revivre les scènes déchirantes de la catastrophe de Courrières, assister, sans risque d'être écrasé, à l'épreuve sensationnelle de la course Gordon Bennett, se pouffer aux farces de Toto et voir cent autres choses encore, trouvera ouvertes toutes grandes devant lui le cinématographe Lumière select. Vieille connaissance que ce cinématographe. Sa visite de 1897 nous a laissé un excellent souvenir... à lui aussi, d'ailleurs. Même bonne fortune lui arrivera sans doute cette année.
Courrier de Saône-et-Loire, dimanche 17 juin 1906, p. 3.
Dans le programme, le directeur propose des vues locales :
CINÉMATOGRAPHE LUMIÈRE SELECT
Parmi les nombreuses attractions que présente au public chalonnais le sympathique directeur du cinématographe Lumière select, nous citerons au hasard :
La scène funambulesque, Les Dévaliseurs nocturnes; Les Braconniers (vue inédite); Les Voleurs d'enfants ; Tchernoff avec ses chevaux et chiens dressés ; Les Gaîtés du Régiment, scène comique ; La Ruche merveilleuse (vue en couleurs) ; Vues locales ; Sortie des chantiers du petit Creusot, etc., etc., le tout d'une netteté incomparable.
Rarement, les productions de ce genre ont atteint un tel cachet de réalité qu’en cet établissement de premier ordre. Aussi, tous les soirs, un public nombreux se presse dans cette salle magnifique, où se déroulent, tour à tour, la note gaie, la note tragique, les péripéties émouvantes, à côté d’autres bien comiques. En un mot, une merveille pour les yeux.
Prix des places : premières, 1 fr. ; secondes, 0 fr. 50 ; troisièmes, 0 fr. 30.
Tous les soirs, séance à 8 heures. Dimanches et jours fériés, matinée a 3 heures ; soirée â 8 heures.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, samedi 23 juin 1906, p. 3.
Une nouvelle vue locale figure dans un article publié le 25 juin :
Le cinématographe
Beaucoup ont déjà rendu visite au cinématographe Lumière Select.
Les scènes qui se déroulent sous les yeux des spectateurs sont si bien rendues que nul autre établissement de ce genre ne peut lui être comparé.
L’aimable directeur, M. Amblard, a su éviter les trépidations, et les tableaux représentés sont d’une netteté quasi réaliste.
Au programme d’aujourd’hui nous lisons : La poule aux œufs d'or, scène en 4 parties inspirée par la fable de La Fontaine; Dix femmes pour un mari; Le rêve du pêcheur et Le voleur de bicyclettes, scènes comiques ; puis comme vues locales : sortie de messe à l'église St-Pierre et la sortie des usines du Petit-Creusot. Ces deux scènes semblent, comme disait Zola, deux « tranches de vie. » On se croirait sur la place Saint-Pierre et sur le quai. Les dimanches et jours fériés, le cinématographe Lumière Select donne une matinée à 3 heures. Ajoutons que le prix d’entrée est à la portée de tous ; militaires et enfants demi-place aux premières et aux secondes.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, lundi 25 juin 1906, p. 3.
Le Cinématographe Lumière Select prolonge son séjour pendant la foire de la Saint-Jean :
Un autre établissement non moins goûté du public est le
Cinématographe Lumière sélect
sur le compte duquel il est inutile de s’arrêter longuement. Toujours en quête de faire plaisir à ses quasi compatriotes, — M. Amblard est marié à une Chalonnaise, —le directeur du Ciné nous offrira ce soir une séance extraordinaire, à en juger par le programme que nous avons sous les yeux. Parmi les nombreux numéros, nous trouvons comme nouveautés (toujours du nouveau!) : le Rêve de Dranem, scène comique, et, pour les politiciens, Tournée électorale, grande scène réaliste et comique.
Là encore, il y aura foule, aussi bien à la matinée qu'à la soirée.
Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, lundi 23 juillet 1906, p. 3.
Répertoire (autres titres): La Vie d'un Joueur, Les petits dénicheurs d'oiseaux, Une pêche aux Saumons, Les Animaux sauvages en Captivité, Course à la perruque, Le Règne de Louis XIV, Le Cœur plus fort que la Raison, Voilà mon Mari, Fleurs animées (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 30 juin 1906, p. 3), La Esmeralda, Odyssée d'un paysan à Paris, Voyage sur le lac de Genève, La Grève, Les Gaietés du régiment, Voleur de bicyclettes, Coiffes et coiffures (Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, samedi 14 juillet 1906, p. 3).