- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 18 avril 2022
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 3505
MONTCEAU-LES-MINES
Jean-Claude SEGUIN
Montceau-les-Mines, commune du département de Saône-et-Loire (France), compte 22 000 (1894).
1896
Le Cinématographe Lumière (19 septembre-11 octobre 1896)
C'est grâce à un entrefilet publié dans Le Courrier de Saône-et-Loire que nous apprenons l'arrivée prochaine du cinématographe Lumière qui donne ses dernières représentations au Creusot :
Le cinématographe Lumière, qui obtient en ce moment un si grand succès au Creusot, va prochainement quitter cette ville pour venir s’installer à Montceau. La principale attraction de ce superbe établissement est une suite de vues représentant les fêtes du couronnement du czar.
Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Sâone, 6 septembre 1896, p .2.
Même si son nom n'apparaît jamais, c'est Félix Mesguich, l'une des figures importantes parmi les opérateurs Lumière, qui est à la manoeuvre. Les villes de Sâone-et-Loire tout comme celles de l'Ain sont, en fait, sous la concession de l'Agence Fournier. C'est finalement le 19 septembre que l'inauguration a lieu, quai de l'Hôtel-de-ville :
L’ouverture de l’établissement du cinématographe Lumière aura lieu aujourd’hui vendredi ; il sera ouvert tous les jours, de 7 heures à 10 heures du soir, et le dimanche de midi à 10 heures. En voici le programme pour vendredi, samedi et dimanche : Arrivée du train ; chargement de coke ; l’arroseur; abattage d’un mur ; la baignade en mer; les mauvaises herbes, défilé du régiment. Prix d’entrée : premières, 0 fr. 50 ; secondes, 0 fr. 30.
Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 19 septembre 1896, p. 1.
Montceau-les-Mines-Quai de l'Hôtel de Ville (c. 1906)
À peine quelques jours après la première du cinématographe à Montceau-les-Mines, le mauvais temps qui s'abat sur la région va mettre à mal le chapiteau sous lequel se déroulent les séances :
Montceau, 25 septembre.
Depuis hier jeudi, la pluie ne cesse de tomber très serrée ; aujourd’hui, vers 2 h. 1/2, une véritable trombe d’eau s’est abattue sur Montceau et les environs, accompagnée d’une forte bourrasque. Il fait froid, et ou a pu remarquer contre l'école supérieure et l'hôtel de ville des centaines d’hirondelles se préparant sans doute à partir vers des pays plus chauds.
Plusieurs cheminées sont tombées ; une toiture, à la Maugrand, a été complètement enlevée ; place de l’Eglise, une tuile est tombée sur un cheval sans lui faire grand mal. En somme, beaucoup de dégâts matériels seulement.
Le cinématographe a subi de graves avaries.
Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 27 septembre 1896, p. 2
Sans doute les dégats ne sont-ils pas trop importants puisque les séances vont vite reprendre, sans doute dès le soir même. La presse se fait l'écho du succès obtenu et les vues sont " redemandées par le public. " (Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 3 octobre 1896, p. 2). À partir du 8 octobre 1896, alors que les séances touchent à leur fin, la direction du cinématographe décide d'offrir " dix tableaux au lieu de sept, à chaque séance, sans augmentation de prix. " (Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 8 octobre 1896, p. 2). Il s'agit là d'une pratique commerciale fort fréquente à l'époque, visant à attirer les derniers spectateurs. On peut remarquer, en outre, que Félix Mesguich dispose d'un nombre suffisant de vues animées pour pouvoir varier son programme de tout au tout, pratiquement tout les jours. C'est finalement le 12 octobre que se déroule la dernière exhibition des vues animées :
Pour la clôture définitive, qui aura lieu demain dimanche, à 11 heures du soir, la direction du cinématographe Lumière donnera aujourd'hui et demain ses dernières représentations.
Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, dimanche 11 octobre 1896, p. 2
L'opérateur Félix Mesguich va donc reprendre sa route en direction de Chalon-sur-Sâone.
Répertoire (autres films) : La Danse au bivouac, Repas de bébé, Walter Robogant (Genève), Bains à Milan, Charge de cuirassiers ; Jongleurs et lutteurs, Le serpent, L’arroseur et l’arrosée, (Lyon) Concours de bébés, (Venise) Arrivée dune gondole, Jury de peinture, Nègres dansant dans la rue, L'Arrivée du train à Perrache, Dragons traversant la Saône à la nage (Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 25 septembre 1896, p. 2), Courses de voitures automobiles, Querelle enfantine; Evian (le débarquement), La voltige, Les Pélicans, (Milan) Place du Dôme, Les Maçons, Londres (cortège de la princesse Maub), Rue Twerskaïa à Moscou, Charge de lanciers espagnols. (Le Courrier de Saône-et-Loire, Chalon-sur-Saône, 8 octobre 1896, p. 2).
1897
Le Cinématographe Joly (juin 1897)
Le Cinématographe qui arrive à Montceau-les-Mines au début de l'été 1897 vient de donner quelques séances dans ville voisine de Beaune. C'est M. Gringoire qui organise également ces nouvelles séances. La présence d'un cinématographe Joly, en juin 1897, a de quoi surprendre. C'est en effet quelques semaines auparavant que s'est produite la catastrophe du Bazar de la Charité où un appareil similiaire a été à l'origine de la mort de quelque deux cents victimes. On aurait pu penser que le nom de l'appareil aurait disparu des annonces. Ça n'est en tout cas pas ce qui se produit à Montceau où le cinématographe Joly propose trois séances sur une fin de semaine :
Vendredi 25, samedi 26 et dimanche 27 juin, le cinématographe Joly donnera, au théâtre de l'Hôtel-de-Ville, trois grandes séances, composées d’une vingtaine de numéros chacune.
Voici un aperçu des vues composant l’une de ces séances :
Première partie. — 1° Débarquement d’un bateau à Lausanne (Suisse) ; 2º une douche malencontreuse ou le consommateur maladroit ; 3º intérieur de ferme dans la Charente; 4ª le tzar et la tzarine venant rendre visite aux cendres de Carnot, au Panthéon ; 5° avenue du Bois-de-Boulogne ; 6° famille au bois de Vincennes ; 7º arrivée d’un train en gare d'Asnières; 8° gigue anglaise, par miss de Vère ; 9º sortie de l’église de Notre-Dame-des-Victoires, à Paris ; 10º la première leçon de bicyclette ; 11° partie de cartes entre deux moines ; 12° dispute entre un cocher et un client.
Deuxième partie. — 13° Vue prise d’un train en marche ou deux minutes en wagon ; 14° place de la République, à Paris ; 15° une Caravane au Jardin d’acclimatation ; 16º charge de dragons (régiment) ; 17º scène comique du jardinier ou l’arroseur arrosé ; 18º travail dans une forge ; 19º baignade de Soudanais au Champ-de-Mars, à Paris ; 20° pays et payse, ou la surprise du soldat ; 21º course de cycles et d’automobiles au Bois-de-Boulogne ; 22º une attaque nocturne sur les boulevards extérieurs ; 23° danse serpentine de miss Esbrard.
Le Courrier de Saône-et-Loire, 25 juin 1897, Chalon-sur-Saône, p. 3.
Montceau-les-Mines, Vue du Théâtre et de la Passerelle du Chemin de fer
Si l'on ignore pratiquement tout du déroulement des séances, en revanche l'article nous donne une vision fort complète du contenu des séances, qui, par ailleurs, ne diffèrent guère de celle de Beaune, ce qui tendrait à monter que M. Gringoire dispose d'un répertoire qui ne dépasse sans doute pas les 25 vues animées. Sans doute, cela explique-t-il que dans des villes moyennes, il soit difficile de s'attarder avec aussi peu de films. En revanche, on peut parler d'une certaine " générosité " puisque les séances sont particulièrement bien nourries.