Constant GIREL

(Seyssel, 1873-Arinthod, 1952)

girel constant portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Claude Girel épouse Jeanne Drull (-Seyssel, 03/10/1847). Descendance:

  • Claude, Joseph Girel (Seyssel, 11/05/1844-) épouse (Serrières-en-Chautagne, 26/07/1871) Marie, Anne, "Anna", Charlotte, Alberthe Berlioz. Descendance :
    • Claudine, Jeanne Girel (Seyssel, 22/07/1872-) épouse (Lyon 2e, 24/07/1894François, Fleuri Pascal (Lyon, 19/04/1863-).
    • Constant, Marie Girel (Seyssel, 25/12/1873-Arinthod, 14/02/1952)
    • Marie, Georges Girel (Seyssel, 15/08/1875-Ecully, 06/04/1954) épouse (Lyon 2e, 06/07/1900) Louise, Marthe Dalmais (-06/03/1925). Descendance:
      • Anne-Marie Girel (1912-16/12/1913)
    • Eugène Girel (Seyssel, 17/10/1877-)
    • Anthelme Girel (Lyon, 09/09/1880-)
    • Jeanne, Irma, Rosa Girel (Seyssel, 27/11/1881-) épouse (Lyon 3e, 08/08/1901Gabriel, Antoine Veyre (Septème, 01/02/1871-Casablanca, 13/01/1936).

2

Les origines (1873-1895)

Originaire de Seyssel, les Girel sont pharmaciens de père en fils. Constant Girel est l'aîné des garçons d'une famille de six enfants qui s'installe à Lyon ((Pharmacie Girel, 10, Place Bellecour). Après avoir obtenu son baccalauréat (1891), il est admis à l'École de Lyon (médecine-vétérinaire) en octobre de cette même année, avant d'entamer des études de pharmacie dès 1893. Le 13 novembre 1894, il est dirigé sur le 99e régiment d'infanterie,  mais il est dispensé pour études. Il passe dans la disponibilité de l'armée active le 24 septembre 1895. Il se trouve que son beau-frère, François Pascal, mari de sa sœur aînée, d'abord enseignant à la Martinière, travaille comme chercheur au laboratoire des usines Lumière. On peut supposer que c'est par lui que Constant Girel entre en rapport avec les Lumière et il aurait ainsi trouvé un moyen d'échapper à un avenir professionnel (la pharmacie) qui lui a été imposé et qui ne lui convient guère, selon des témoignages familiaux.

Le cinématographe Lumière (1896-1897)

Chez les Lumière, le cinématographiste attitré n'est autre qu'Alexandre Promio qui est revenu en juillet 1896 de son voyage en Espagne et dans le Sud de la France. Il est en train de préparer son séjour aux États-Unis où il part à la fin du mois d'août. Il faut donc qu'il se trouve un remplacement pour l'Europe pendant son absence. On peut facilement imaginer que c'est lui qui va donc former Constant Girel et lui fait faire quelques essais de tournage, dont une Sortie d'usine (sans doute la 3e). Ainsi, rapidement instruit par Promio, il entreprend un voyage en Europe pour le compte de la maison de Monplaisir.

L'Allemagne (2 septembre 1896-25 septembre 1896)

Ses premiers pas le conduisent à Cologne (Allemagne) où il arrive le 2 septembre et il se rend chez le concessionnaire des Lumière, Ludwig Stollwerck, qui est surtout l'un des principaux fabricant de chocolat au monde qui entretient de nombreuses relations professionnelles, dont celles qu'il a avec François-Henri Lavanchy-Clarke, lui-même concessionnaire pour la Suisse. Dans une première lettre adressée à sa mère (Cologne, 2 septembre 1896), il évique son arrivée à Cologne :

À 8 heures j'arrivai[s] à Cologne et me faisai[s] conduire directement chez le concessionnaire allemand Stollverk Fres propriétaire et directeur de la plus grande usine de chocolat du monde- 3000 femmes et 1000 hommes, 100 employés au bureau - et 25 femmes cervant [sic].


Constant Girel, Cologne, 2 septembre 1896.

Si Constant Girel a pour mission de filmer des vues pour nourrir le catalogue Lumière, il supervise également le fonctionnement de la concession allemande. Il repart immédiatement pour rejoindre Breslau, à l'autre bout du pays, en passant par Berlin - où il peut avoir pris quelques vues. Dans la ville de Breslau se déroulent deux événements d'importance. D'une part, l'inauguration du monument de Guillaume 1er qui a lieu le vendredi 4 septembre 1896 et d'autre part, l'arrivée du tsar et de la tsarine en provenance de Kiev qui sont attendus le samedi 5 septembre 1896. Il est question de ces deux événements dans deux cartes postales, rédigées le vendredi 4 septembre 1896, qu'il envoie à sa mère à Lyon. Dans la première,  il annonce l'arrivée des souverains russes de façon familière : "Demain samedi les Russes ici". Dans la seconde, écrite également le vendredi 4 septembre, quoique datée du 5 septembre, il reprend l'information sous une forme moins triviale : "Demain arrivent Czar et Czarine" et évoque par ailleurs "5 vues cinémat." qu'il vient de prendre à l'occasion de l'inauguration du moment de Guillaume 1er.

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Constant Girel, Breslau, vendredi 4 septembre 1896
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Constant Girel, Breslau, vendredi 4 septembre 1896 (datée du 5 septembre 1896)
source: Institut Lumière

Dans un courrier ultérieur, il regrette que les circonstances ne lui aient pas permis de prendre plus de vues :

Je t'ai dit qu'à Breslau les représentants des Stollwerck (ceux ci très très intelligents) n'avaient absolument rien préparé pour les vues à prendre et que seul, je fus obligé de me débrouiller près de la police, de l'armée tec.
Malheureusement c'était déjà un peu tard et ne pus saisir que fort peu de vues, c'est très ennuyeux. je serai curieux de savoir ce que pensent les Lumière.


Constant Girel, Cologne, 18 septembre 1896.

Deux jours plus tard, le 6 septembre, le voilà au camp de Görlitz où se déroulent les grandes manœuvres de l'armée prussienne, mais ne parvenant pas à obtenir les autorisations nécessaires, il tourne malgré tout la manivelle.

Comme tous les cinématographistes Lumière, il est en constant déplacement comme si le temps faisait défaut. Pendant la dizaine de jours qui le sépare de son retour à Cologne, il est très probable que Constant Girel ait continué son travail de cinématographiste et l'on peut raisonnablement lui attribuer, au moins, les vues militaires tournées à Stuttgart. Il est de retour à Cologne, le 18 septembre, et il va tenter, avec l'appui de Stollwerck, de donner une représentation pour Birmarck, et de le cinématographier :

Ici, j'ai trouvé Mr Stollwerck qui dès mon arrivée télégraphiait et écrivait à Lumiere pour demander à aller à Friederischrasse donner une représentation et cinematographier le prince Bismark, nous aurons réponse ce soir ou demain.


Constant Girel, Cologne, 18 septembre 1896.

Mais ce sera sans succès comme il le rapporte dans un autre courrier envoyé à sa mère :

Bismarck, (et nous l'avons su ce matin par téléphone à l'usine Stollweck) très fatiguée n'a pu accepter l'invitation de ces MMrs.


Constant Girel, Cologne, 20 septembre 1896.

Alors qu'il est sur le point de partir  vers la Suisse, Constant Girel reçoit une lettre des Lumière qui lui demandent de rester encore un peu à Cologne :

Tu dois être étonnée de me savoir encore aujourd'hui ici, mais hier matin je recevai une lettre de Lumière, me disant de rester encore q.q. jours ici pour tâcher de photographier Bismark à Hambourg. Or une dépêche d'aujourd'hui de Hambourg nous dit qu'on peut espérer Cinemat.


Constant Girel, Lettre, Cologne, 22 septembre 1896.

Dans cette même lettre, il évoque le tournage, à Cologne, le 21 septembre 1896, de ce qui constitue probablement le premier panorama des films Lumière :

Hier beau temps, j'ai pris 4 vues très chics que j'expédie. Une vue prise du bateau revenant de Coblence et arrivant à Cologne moi dessus - les rives défilent - Des danseuses tyroliennes bien réussies.


Constant Girel, Lettre, Cologne, 22 septembre 1896.

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Constant Girel, Panorama pris d'un bateau (21 septembre 1896).

Dans un courrier des frères Lumière du [20] septembre, retranscrit dans cette dernière lettre les frères Lumière demandent à Constant Girel de prolonger quelque peu son séjour en Allemagne.

La Suisse (25 septembre 1896-<4 octobre 1896)

Constant Girel, peu après,  se rend en Suisse à la demande des savants lyonnais :

Restez en Allemagne - Carlsruhe- Cologne etc, jusqu'au 25 et soyez du 25 au 26 à Bâle où vous trouverez pellicules - instructions et notre représentant suisse Mr Lavanchy avec qui vous prendrez une série de vues intéressantes dans toute la Suisse. Arrangez-vous pour rentrer en France les premiers jours d'octobre pour être le 4 octobre à Cherbourg pour l'arrivée du Czar.


Constant Girel, Lettre, Cologne, 22 septembre 1896.

Il retrouve ainsi, à Bâle, le concessionnaire François-Henri Lavanchy-Clarke, un philanthrope doublé d'un homme d'affaires doué pour la publicité et qui utilise clairement les films Lumière, tournés par Alexandre Promio, lors de l'Exposition Nationale suisse, en 1896, pour faire vendre le savon Sunlight. Avec Constant Girel, le concessionnaire va tenter de renouveler le procédé à plusieurs reprises. Tout d'abord, les deux hommes se rendent à Schaffhouse pour filmer les célèbres chutes : 

Je suis en ce moment à Bâle avec M. Lavanchy le concessionnaire Lumière pour la Suisse. Ce soir nous allons coucher à Schaffouse [sic] pour prendre demain matin la chute du Rhin. Puis St-Gall-Zurich-Berne-Neuchatel-Lausanne-Montreux-Genève.


Constant Girel, Lettre, Bâle, 28 septembre 1896.

Lavanchy-Clarke continue à utiliser les vues pour faire de la publicité pour le Savon Sunlight. Dans l'une d'elles - semble-t-il, non conservée -, des barques s'avancent et les dernières portent sur leur voile "Sunlight Soap". À Berne, les deux hommes tournent une nouvelle vue "publicitaire" : à la sortie de la ville, un ours en effigie est lapidé par des gamins, mais les pierres sont des savons Sunlight. Cette vue, Un ours chassé de Berne, ne figure pas au catalogue Lumière.

Le bref séjour de Constant Girel à Lausanne n'est pas sans soulever quelques problèmes de chronologie. Nous savons, grâce à un courrier envoyer à sa mère, daté du 28 septembre, qu'il se trouve alors à Bâle avec Lavanchy-Clarke. Le lendemain, le 29 septembre les deux hommes sont censés être à Schaffhouse, ce qui est confirmé par la présence de deux vues au catalogue Lumière. Si l'on suit le plan de route décrit par Constant Girel - St-Gall, Zurich, Berne, Neuchâtel, Lausanne, Montreux, Genève... on a du mal à croire qu'il ait pu effectuer un tel parcours en si peu de temps. Il a fort à parier que toutes les étapes annoncées n'aient pas été honorées. À cette première chronologie vient se superposer cette des deux vues annoncées, le 5 octobre 1896, dans la presse locale : Défilé du 8e bataillon (Le Passage du bataillon de landwehr n° 8 sur la place St-François)- avec une nouvelle publicité pour le savon Sunlight - et Le marché du samedi, Grâce aux éléments contenus dans La Revue, il est possible de dater la présence du 8e bataillon à LausanneL'annonce de l'entrée en service du bataillon de landwehr n° 8 est publiée dans l'édition du samedi 26 septembre 1896 (p. 1) et quelques jours plus, il est question de son licenciement:

LAUSANNE
[...]
Aux casernes.-Le bataillon 8 de landwehr a été licencié jeudi par son chef ad intérim, M. le major L. H. Bornand. On nous écrit de divers côtés que l'impression laissée par ce service a été très bonne. Officiers et soldats se sont séparés très satisfaits les uns des autres. Pendant ces quelques jours de service, la troupe a travaillé avec zèle et intelligence et manifesté d'excellentes dispositions.


La Revue, Lausanne, samedi 3 octobre 1896, p. 1.

Il faut donc situer le tournage de cette vue entre le [26] septembre et le 1er octobre. À supposer que les deux hommes aient continué leur voyage ensemble, le tournage de la vue n'a pu être effectué que le 30 septembre ou le 1er octobre. Viendrait alors se surajouter l'annonce de la vue Le Marché du samedi dont le tournage ne peut se situer que le samedi 3 octobre :

On nous promet des choses lausannoises : le passage du bataillon de landwehr n° 8 sur la place St-Françoisle marché du samedi, etc."


Gazette de Lausanne, Lausanne, 5 octobre 1896, p. 3.

Peut-on alors attribuer les deux vues lausannoises - sans doute, y a-t-il eu d'autres tournages - à Constant Girel ou à Lavanchy-Clarke ? 

En toute logique, il est probable que Constant Girel ait brûlé quelques étapes sur son parcours suisse et, comme le temps presse, il quitte la Suisse au plus tard le samedi 3 octobre pour se rendre à Cherbourg.

La visite du tsar (5-9 octobre 1896)

Dans le cadre politique de l'époque les relations entre la France et la Russie constituent un des points forts de la diplomatie internationale face à l'Allemagne, l'ennemi potentiel. La venue du tsar en France est un événement majeur dont la presse fait ses gros titres. De côté de la maison Lumière, pas question de louper cela. Deux cinématographistes Lumière couvrent dont l'événement. Alexandre Promio qui, revient des États-Unis rate de peu l'arrivée du tsar à Cherbourg, et laisse donc Constant Girel s'en occuper.

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Marine Nationale, 5 octobre 1896

C'est Promio qui se charge des vues parisiennes. En revanche, Constant Girel a pour tâche de filmer la revue au camp de Châlons, troisième étape du voyage des souverains russes en France. Quelques jours plus tard, Constant Girel se retrouve à Marseille, là où le poste connaît certaines difficultés.

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Phot. G. Durand, La Tsarine au camp de Châlons, 1896
Le Tsar et la Tsarine en France, Le Journal, Paris, 1896, p. 195

La Grande-Bretagne (novembre 1896)

Constant Girel va faire un très bref séjour pour couvrir la procession du Lord Maire de Londres, Horatio Davies, le 9 novembre 1896, mais il doit renoncer à tourner ses vues à cause du mauvais temps. Aucune vue ne figure d'ailleurs au catalogue Lumière.

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Horatio Davies (1896)

L'Italie (novembre 1896)

Constant Girel apparaît comme un recours dès lors que les autres cinématographiques connaissent des problèmes. C'est ce qui se passe en Italie à l'occasion de d'une présentation privée du cinématographe effectée devant le roi Humbert Ier.. Pierre Chapuis, dans sa correspondance explique bien que Girel est appelé pour apporter un deuxième cinématographe, à la suite de la première projection manquée : 

[…] parlons de cette folle soirée que nous avons donnée, ce jour-là, au roi. Un opérateur de la maison, Mr l'ingénieur de la maison Lumière et le directeur du cinémato, M. Promio, qui revenait des fêtes de Rome, s'est juste trouvé à Turin, ce jour-là ; alors le voilà parti, il se donne rendez-vous avec le chef de poste à son hôtel à 8 heures ; le chef de poste arrive à 8 h 5, et il était déjà parti à la gare Porta Nuova et nous devons partir par porte Susa ; Promio, lui, ne voit pas Genty à la gare, il ne prend pas le train et quand il revient au magasin, il était furieux de savoir que nous étions tous partis. Enfin, il envoie une dépêche dans laquelle il met avec l'intelligence et l'exactitude de Genty : « Pas pris le train. Si présence est obligatoire, partirais alors tout de suite ». Calcina répond : « Présence non seulement obligatoire mais nécessaire. » Alors il s'amène à 8 heures du soir à Monza, car il n'aurait pas manqué son coup, car il espérait voir le roi. Enfin, nous partons au palais. On se prépare et il dit à Genty de se mettre à la lampe, quand j'ai entendu ça, j'ai deviné ce qui allait arriver : lui qui ne s’était jamais mis à la lampe s’est trouvé volé ; ses charbons n'étaient pas d'aplomb. La lampe chauffait. Promio faisait augmenter la force, si bien que l’on marchait à 40 ampères en courant continu. Promio l’égueulait, et moi je m'amusais à faire aller la bobineuse, et en moi je disais : « Mon vieux Genty t'es pipé là. Tu ne fais pas le malin aujourd'hui. ». Enfin Promio me fait mettre ; ça a marché un peu mieux, mais nous avions toujours 40 amp. et les charbons du bas devenaient fin comme une aiguille, mais ça allait. À la fin de la séance, Promio l'a engueulé comme un patier dans le palais royal. Genty n'en a pas dormi de la nuit Promio a dit de lui qu'il voulait demander le renvoi de Genty ce qui n'a pas réussi, parce que Calcina est parti à Lyon 1 jour après il a mis tous les torts sur Promio et comme il n'est pas aimé de ces Mrs, ça s’est arrêté là. Et après tous les torts sont à Promio ; moi je dis la même chose, mais dans le fond… Enfin le vendredi après, nous y sommes retournés. M. Calcina en a parlé à ces Mrs, et ils ont renvoyé un autre opérateur, M. Girel, qui a apporté un autre appareil, ce qui fait que l’on ne s'est pas arrêté à Turin. Seulement Genty n'a pas voulu, car il savait bien qu'il n'aurait pas pu faire marcher l'appareil, ça c'est tout clair. Il y serait bien allé, mais il aurait voulu avoir l’opérateur sous ses ordres ce qui ne se pouvait pas, alors c'est moi qui suis parti, et ça a marché encore mieux que toutes les autres fois, et à la fin nous avons eu droit au champagne et nous nous sommes retirés avec félicitation du jury, même bisser à plusieurs reprises. C'est tout.


Pierre Chapuis, Lettre à Marius Chapuis, Milan, 5 décembre 1896. (Fonds Génard).

Il croise à cette occasion deux figures essentielles du dispositif Lumière, Charles Moisson, l'ingénieur de la maison, et Alexandre Promio, responsable du secteur cinématographique, sans compter bien entendu les différents opérateurs dont Pierre Chapuis. Il passe à Milan et à Turin avant de revenir à Lyon.

L'Indochine et le Japon (décembre 1896-novembre 1897)

Le voyage de Constant Girel en Asie est directement lié à la figure du concessionnaire pour le Japon de la maison Lumière, Katsutarō Inabata, qui a fait ses études à Lyon. Ce dernier est en France en 1896, chargé par un groupe important de commerçants et d'industriels japonais d'une mission économique en Europe. Son intérêt pour le cinématographe est lié à Auguste Lumière dont il a été un condisciple à l'école de La Martinière dans les années 1870. C'est ainsi qu'il va devenir concessionnaire pour le Japon et emporte avec lui plusieurs cinématographes. Lorsqu'Inabata embarque, à Marseille, le 29 novembre 1896, à bord du Natal, destination l'archipel, il précède Constant Girel de quelques jours, car ce dernier monte à bord du Polynésien, à destination de l'Australie, le 6 décembre et retrouve le nouveau concessionnaire à l'occasion d'une escale à Colombo. Lors d'un nouvel arrêt à Saïgon, Constant Girel filme les Coolies à Saigon. Finalement, il arrive à Kobe, le 9 janvier 1897, puis il s'installe à Kyoto, ville d'où est originaire Katsutarō Inabata

Au Japon, le décès de l'impératrice douairière Eishō, le 11 janvier 1897, va contrarier les plans de Katsutarō Inabata et de Constant Girel, car les distractions sont alors interdites. Les deux hommes doivent attendre le mois de février pour reprendre leurs activités. D'après les déclarations d'Inabata, les premiers essais ont lieu dans le jardin de la compagnie électrique de Kyoto, sans doute entre le 11 et le 14 février 1897, et attire déjà une foule de curieux. La première a lieu, à Osaka, au théâtre Nanchi-Enbujō, dans le quartier des plaisirs de la ville, le 15 février 1897, sous l'égide d'un impresario de spectacles forains, Benjiro Okuda..

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 Studio Shin-e-Do, Kinbei Kusakabe, Osaka, rue des théâtres
© BNF

Le journal d'Osaka, le Mainichi shinbun, évoque, dans son édition du 16 février 1897, sous le titre "Nanchi Enbujō no shinematogurafu" cette séance inaugurale :

C'est un Français, LUMIERE, qui a inventé le cinématographe, procédé plus avancé que la photographie et qui montre le changement des choses dans chaque instant… Cela vaut la peine de le voir une fois.


Mainichi shinbun, Osaka, 16 février 1897. (cité dans KOGA, 1999)

On y apprend qu'une dizaine de films ont été projetés dont Arrivée d'un train à Battery PlacePlace de l'OpéraLabourageBarque en merLe Couronnement du Czar... Les séances vont se prolonger jusqu'au 28 février d'après le Mainichi shinbun.

Le 2 mars, c'est à Kyoto que sont inaugurées les séances de cinématographie comme le rapporte Inabata dans un courrier daté du 18 mars:

À Kyoto également, j'ai à discuter la salle avec leavec le concurrent et j’ai également pu avoir à mon souhait cette salle, un théâtre, assez grand, bien placé, il a fallu faire des démarches à la Cie d’électricité pour avoir la lumière électrique même dans la journée ce qui peut contribuer beaucoup à la recette, et j’ai pu avoir également la lumière électrique dans la journée, j’ai commencé depuis le 2 de ce mois à Kyoto, dès le commencement j’ai eu le succès désiré en moyenne il y a tous les jours presque mille personnes à 10 sens (26 centimes) c’est tout ce que l’on peut faire payer pour la poche des habitants de Kyoto. Nous continuerons à Kyoto jusqu’à ce que le public serait déserté.


Katsutarō Inabata, Kyoto, 18 mars 1897.

Au bout d'à peine une semaine, les deux hommes quittent Kyoto pour Tokyo en laissant un un opérateur responsable du poste. Dans la capitale, ils commencent les projections le 9 mars :

[...] avec l’appareil incomplète de Monsieur Girel, nous avons commencé au 9 de ce mois, dès le début le succès n’est pas bien brillant comme à Kyoto mais avec du temps, nous pourrions faire apprécier plus avantageusement que les concurrents. Monsieur Girel a déjà formé deux japonais pour les postes de Kyoto et d’Osaka et il s’occupe dès le début pour celles deTokyo, la place importante.


Katsutarō Inabata, Kyoto, 18 mars 1897.

Dans ce même courrier, Inabata demande de la pellicule afin que Constant Girel puisse prendre des vues cinématographiques :

Monsieur Girel va se mettre également à faire des négatifs. Veuillez lui envoyer par la poste américaine des bandes sensibles pour cinématographe.


Katsutarō Inabata, Kyoto, 18 mars 1897.

Des séances sont également organisée à la mi-avril à Yokohama comme l'indique un courrier daté du [16] avril. Par la suite, d'autres projections sont organisées, non loin d'Osaka, à Kobe. 

Deux autres cinématographes Lumière commencent, de façon presque simultanée, leurs séances, dans la région de Kantō. Le premier appareil, confié par Inabata au frère d'un ami, Yokota Einosuke, pour son exploitation, inaugure ses séances au théâtre Kawakamiza de Tokio, le 8 mars 1897. Yokota Einosuke fonde plus tard la Yokota Shōkai, une des premières sociétés de production cinématographique du pays. Le second appareil, commercialisé sous le nom de Yoshizawa, offre ses premières vues animées, au théâtre Minatoza de Yokohama, le 9 mars 1897.

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Théâtre Kawakamiza, Tokio, c. 1900 [D.R.]

La diversification de l'exploitation du cinématographe annonce, en quelque sorte, le désintérêt progressif de Katsutarō Inabata pour la nouvelle invention des Lumière. Constant Girel laisse Kyoto et réside à Tokyo à partir du 14 avril 1897. Grâce à un courrier, de Kyoto, du 28 avril 1897, nous savons qu'il est passé à Yokohama où il est fasciné par les sakuras (cerisiers du Japon) en fleurs qu'il photographie et où il filme probablement la vue Déchargement dans un port. Il va également à Osaka, avant de revenir à Kyoto dans l'espoir, frustré, d'organiser une séance pour l'empereur. C'est le 27 mai qu'il tourne plusieurs vues à Osaka, d'une pièce de kabuki dont deux figurent dans le catalogue : Une scène au théâtre japonais et Acteurs japonais : exercice de la perruqueDans le courant de l'été, Girel se rend dans le Nord de l'archipel, sur l'île de Yézo (auj. Hokkaidō) où fait escale l'escadre française à Hakodate, suivie quelques jours après par l'escadre anglaise,  (Lettre, 16 août 1897). Dans le même courrier, il annonce également son prochain retour à Kyoto.

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"Hakodaté en rade"
Souvenirs de Yézo : Août-septembre 1897, Tokio, Phototypie K. Ogawa
© BNF

Constant Girel maintient toujours des relations avec Inabata qu'il retrouve, en septembre 1897, à Kyoto, afin de filmer un acteur japonais. Certains films du catalogue pourraient correspondre à ce tournage : Acteurs japonais : danse d'homme ou Acteurs japonais : bataille au sabre. En octobre, Inabata et Girel continuent de travailler ensemble comme en témoigne un courrier daté du 8 octobre 1897. En tout état de cause, Inabata va vite passer la main et les affaires du cinématographe pour se consacrer à ses activités professionnelles. Quant à Girel, ce qui le motive, plus que les séances de projection, ce sont bien entendu les prises de vues. L'une des plus intéressantes et significatives se situe au mois d'octobre 1897, comme il l'écrit dans sa lettre du 18 octobre. Il est de retour à Hakodate. Grâce à deux missionnaires qui lui servent de guides, Constant Girel va partir à la découverte des Aïnos, population aborigène, installée dans l'île de Yézo depuis le tout début du XIVe siècle. Le goût pour l'anthropologie et l'ethnologie qui se développe à la fin du XIXe siècle inspire évidemment Constant Girel - n'oublions pas sa formation scientifique - qui s'est déjà rendu à Hakodate et qui y revient avec la ferme intention de filmer ce peuple encore bien mystérieux. Cet intérêt ne lui est pas propre, en effet, la Bibliothèque Nationale conserve un splendide album de photographies, Souvenirs de Yézo, qui ont étaient prises en août-septembre 1897, précisément au moment ou Constant Girel, lui-même, se trouve dans l'île.

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"Piratori, femmes aïnos"
Souvenirs de Yézo : Août-septembre 1897, Tokio, Phototypie K. Ogawa
© BNF

Le catalogue Lumière conserve deux vues de ce voyage : Les Aïnos à Yeso I et Les Aïnos à Yeso II. Sur le reste du séjour, nous ne savons plus rien de précis, mais il est passé à Nagoya - dont une vue, Arrivée d'un train, est conservée -  Nagasaki, non loin du Foudji Yama. C'est pourtant de Kyoto dont il reste le plus de vues dont une assez singulière puisque nous assistons à un Repas en famille, où la famille n'est autre que celle du concessionnaire Katsutarō Inabata. C'est ainsi que prend fin le voyage au Japon de Constant Girel.

Et après (1898-1952)

À son retour en France, Constant Girel semble être resté en contact avec les frères Lumière pendant quelque temps  et il les représentent lors d'une mission à Paris relative à leurs travaux sur la photographie des couleurs.  Depuis l'hôtel de Valois, où il est descendu, il leur envoie trois courriers, en mars 1898, afin de les tenir au courant de l'écho que reçoivent leurs travaux. Un premier courrier, un télégraphe, évoque l'enthousiasme du journaliste scientifique Henri de Parville, ainsi que les projections de l'American Biograph qui ont lieu au Casino de Paris du 1er janvier au 30 mars 1898 :

[Paris, le 13 mars 1898] (dimanche matin)
Hôtel de Valois

69 rue de Richelieu
En face le Jardin de la Bibliothèque Nationale
Tél 140-11
Messieurs Lumière Auguste et Louis
Les rendez-vous ici sont tellement difficiles, les distances si longues, que je n'ai pas vu hier autant de personnes que je l'aurais désiré.
Peu importe, Monsieur H. de Parville a été enchanté, enthousiasmé des résultats ; a été charmant et insé[re]ra pour la semaine prochaine un bel article à ce sujet, de même qu'aux Débats et, autre part encore où il écrit.
Revu encore Monsieur Carpentier, rendez-vous chez lui lundi pour me conduire à l'Institut.
J'ai visité au Casino de Paris le biographe qui a en ce moment un assez grand succès.
Rien de nouveau en somme si ce n'est que la projection est immense 4 mètres de côté environ et le scintillement un peu diminué.
La suite après la séance. Lundi je vous télégraphierai ainsi qu'aux principaux journaux de Lyon et ailleurs.
En attendant, veuillez agréer, Messieurs, l'expression de ma respectueuse sympathie et de mon entier dévouement.
Girel.


LUMIERE, 1994: 165-166.

Ce télégraphe est suivi d'un courrier plus long et circonstancié, en date du  lundi 14 mars 1898, qui est une sorte de compte rendu de la conférence donnée par Eleuthère Mascart (Quarouble, 20/02/1837-Poissy, 26/08/1908), professeur de physique générale au collège de France, à partir d'une note des frères Lumière au sujet de la photographie des couleurs :

Paris, le 14 mars 1898 (lundi soir)
Hôtel de Valois

69 rue de Richelieu
En face le Jardin de la Bibliothèque Nationale
Tél 140-11
Messieurs Lumière Auguste et Louis
Je vous confirme par la présente ce que je viens de vous envoyer par le télégraphe. Ce matin donc j'avais revu chez lui M. Mascart pour montrer les vues en question à sa famille, et lire un peu votre note a leur sujet.
M. Mascart fera vers le 25 de ce mois une conférence à Mulhouse sur les couleurs - il serait bien heureux, et compte sur vous pour avoir quelques épreuves nouvelles. Je les lui ai presque promises en votre nom.
A deux heures ce soir j'ai trouvé au rendez-vous à l'Institut M. Carpentier et M. Mascart - en attendant trois heures nous avons vu dans son atelier (toujours a l'Institut), M. Chaplain - qui s' est extasié devant vos œuvres, jalousant presque la science à l'art. Il m'a fait promettre de présenter ces vues à l'Académie des Beaux-Arts - je ne pouvais refuser - pressé en outre par MM. Mascart et Carpentier. Ce serait pour samedi. Bref - à trois heures, au centre de la salle, le stéréoscope trônait - et Messieurs les Membres de l'Institut faisaient queues pour voir ces nouvelles merveilles. Tous ont été unanimes pour apprécier et constater les beaux résultats ;puis M. Mascart fit sa communication vantant tous les avantages de cette méthode, etc.
Un bon nombre de représentants de la presse étaient là et m'ont enlevé les notes que j'avais sur moi. M. de Parville, absolument charmant - M. Charlier - Cosmos, etc.
En outre quelques-uns de ces Messieurs m'ont prié d'avoir quelques heures le stéréo, à leur disposition.
M. Carpentier le désire montrer dans un dîner d'électriciens mercredi soir. M. Mascart le veut pour jeudi, etc.
Comme ma mission est bientôt terminée, je vous serai donc bien obligé Messieurs, de me dire le plus vite que vous le pourrez si je puis rester quelques jours encore (surtout pour samedi aux Beaux-Arts). Une dépêche par exemple.
Si oui, je vous serai encore plus obligé d'ajouter quelques fonds pour terminer mon séjour.
Je me permets également de vous dire, que peut-être vous feriez bien vous-mêmes de venir passer quelques jours à Paris. On désire beaucoup vous voir de partout.
M. Violle de l'Institut qui veut faire aussi une conférence sur la photo - me prie de vous demander quelques épreuves en couleurs pour projections et d'y joindre si possible du Lippmann.
Il devrait avoir ces épreuves pour lundi prochain - au Conservatoire des Arts et Métiers.
Voila Messieurs en quelques mots le résultat - somme toute - enthousiasme et félicitations de partout.
En attendant de vos nouvelles, veuillez agréer Messieurs mes plus respectueuses salutations et l'assurance de mon entier dévouement.
Girel.


LUMIERE, 1994: 157-158.

La presse se fait l'écho de cette présentation comme dans le cas du Temps, en date du 16 mars, qui consacre un article à "la photographie des couleurs naturelles".  Il semble pourtant que la note rédigée par les Lumière, sur laquelle se fonde E. Mascart, ne soit pas toujours d'un grande clarté, car Henri de Parville, quelques jours plus tard, transmet ce courrier aux savants lyonnais :

La Nature,
120 Boulevard Saint-Germain
Cher Monsieur,
Je vous remercie a mon tour de votre petit mot.
Quand votre représentant reviendra à Paris, un samedi, je vous serais obligé de le prier de venir au journal entre trois heures et cinq heures.
Je n'ai pas compris suffisamment votre note pour la traduire à mon public des journaux quotidiens. Certains points restent obscurs. Bref des détails m'échappent et je craindrais d'être inexact.
Je vous remercie de penser aussi a la collection des curiosités de La Nature. Nous remettrons le stéréoscope à couleurs en bonne place.
A bientôt et amitiés.
Parville.


LUMIERE, 1994: 157-158.

Un dernier courrier évoque les différentes conférences que donne Eleuthère Mascart à Mulhouse et à Bruxelles :

Paris, le 31 [mars] 1898
Hôtel de Valois

69 rue de Richelieu
En face le Jardin de la Bibliothèque Nationale
Tél 140-11
Messieurs Lumière Auguste et Louis,

J'ai reçu aujourd'hui de Mulhouse une lettre de Monsieur Mascart - me priant de vous dire le grand succès qu'ont obtenu vos épreuves en couleurs - présentées à l'Hôtel de Ville de Bruxelles devant le bourgmestre.
Le résultat est remarquable dit-il et fera le "clou" de sa conférence à Mulhouse.
Je n'ai encore pas reçu les épreuves et les attends avec impatience car je les ai promises pour ce soir à M. Meyer et ses amis.
Comme je le disais hier à M. Pradel j'aurai l'honneur de vous voir samedi matin a la première heure.
En attendant veuillez agréer, Messieurs, les respectueuses salutations de votre dévoué.
Girel.


LUMIERE, 1994: 166. 

il réside à Lyon pendant quelques années (1897-1902) où Il se lance dans la fabrication de pellicules sensibles :

Pellicules sensibles.- M. Girel a installé à Lyon une importante usine pour la fabrication des bobines sensibles destinées aux appareils Kodaks et autres, de toutes dimensions. Le support et la couche sensible sont très correctement fabriqués.


C. Fabre, Aide-mémoire de photographie, Paris, Gauthier-Villars, 1900. p. 141.

L'usine est située 80,  rue de la Part-Dieu, à Lyon et fonctionne jusqu'en 1902. E. Kress, quelques années plus tard, apporte quelques informations complémentaires : 

Pendant quelque temps et, peut-être à cause du litige avec la Compagnie Eastman au sujet du droit d'enroulement de la pellicule sur les bobines, M. Girel dirigea une petite usine de manutention dont les conditionnements portaient du reste son nom. M. Girel apporta, touchant les conditions matérielles où doivent s'effectuer les opérations du découpage et du bobinage des pellicules, de très heureuses modifications. Il est regrettable que des événements en dehors de sa volonté aient tout d'un coup fait disparaître une marque à laquelle le travail et la sagacité de M. Girel avaient conquis un renom mérité.


E. Kress, Le Film cinématographe, Paris, Comptoir d'édition de "Cinéma-Revue", 1912, p. 6.

Constant Girel part alors pour quelques mois à Bruxelles (1902), avant de s'installer à Paris, à partir de septembre 1902. Depuis 1906, au moins, sa pharmacie se trouve au 234, rue des Pyrénées. Il est fait officier de l'Instruction publique en 1911. Il poursuit ses activités jusqu'en 1931 et peu-être au-delà, avant de s'installer à Dôle (Jura) où il réside en 1943. Il décède à Arinthod (Jura) le 14 février 1952.

Sources

BOEHM-GIREL Denise , "Un opérateur des Lumière" dans L'Aventure du Cinématographe, Lyon, Aléas, 1999.

COSANDEY Roland, « Ma bonne mère… ». Sept lettres de Constant Girel, opérateur de la Société A. Lumière et ses fils, Lyon. 2 - 28 septembre 1896. Roland Cosandey, éd. [https://memoriav.ch/fr/constant-girel-ma-bonne-mere-1896/].

DYM Jeffrey A., "Benshi and the Introduction of Motion Pictures to Japan" dans Monumenta Nipponica, Vol. 55, No. 4., hiver 2000, pp. 509-536. 

Fonds Girel, Institut Lumière. Lyon.

KOGA Futoshi, "L'Introduction du cinématographe au Japon" dans L'Aventure du Cinématographe, Lyon, Aléas, 1999.

LUMIÈRE Auguste et Louis, Correspondances 1890-1953, Paris, Cahiers du Cinéma, 1994, 400 p.

Souvenirs de Yézo : Août-septembre 1897, Tokio, Phototypie K. Ogawa. (BNF).

4

02/09/1896 Allemagne Cologne   Cinématographe Lumière
<04->05/09/1896 Allemagne Breslau   Cinématographe Lumière
<06>/09/1896 Allemagne Görlitz   Cinématographe Lumière
<16/09/1896 Allemagne Francfort   Cinématographe Lumière
16-25/09/1896 Allemagne Cologne   Cinématographe Lumière
25/09/1896-28/09/2896 Suisse Bâle   Cinématographe Lumière
28/09/1896-29/09/1896 Suisse Schaffhouse   Cinématographe Lumière
*≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse St-Gall   Cinématographe Lumière
*≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Zurich   Cinématographe Lumière
≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Berne   Cinématographe Lumière
*≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Neuchâtel   Cinématographe Lumière
≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Lausanne   Cinématographe Lumière
*≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Montreux   Cinématographe Lumière
*≥ 29/09-<04/10/1896 Suisse Genève   Cinématographe Lumière
05/10/1896 France Cherbourg   Cinématographe Lumière
09/10/1896 France Châlons-sur-Marne   Cinématographe Lumière 
≤20/10/1896≥ France Marseille   Cinématographe Lumière
<09/11/1896> Grande-Bretagne Londres   Cinématographe Lumière
<20-<25/11/1896 Italie Monza   Cinématographe Lumière
< 25/11/1896 Italie Milan   Cinématographe Lumière 
≤25/11/1896 Italie Turin   Cinématographe Lumière 
11-14/02/1897 Japon Kyoto   Cinématographe Lumière
15-28/02/1897 Japon Osaka  Théatre Nanchi-Enbujō Cinématographe Lumière 
02-[08]/03/1897 Japon Kyoto   Cinématographe Lumière
09->09/03/1897 Japon Tokyo    
14/04/1897-[05/1897] Japon Tokyo    
<16>/04/1897 Japon Yokohama    
27/05/1897 Japon Osaka    Cinématographe Lumière 
16/08/1897 Japon Hakodate   Cinématographe Lumière
≥21/09/1897 Japon Kyoto    Cinématographe Lumière 
≤18/10/1897 Japon Hakodate   Cinématographe Lumière 
29/12/1897 France Lyon    

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