MARSEILLE

Jean-Claude SEGUIN

Marseille, chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône (France), compte 406 919 habitants (1894).

1896

Le Cinématographe Lumière (Rue de Noailles 3, 29 février-31 décembre 1896) → 1897)

Le poste Lumière, qui s'installe au 3, rue de Noailles, à partir de la fin du mois de février 1896, va rester ouvert jusqu'à l'automne 1897. En ce sens, il s'agit de l'un de ceux qui a la plus longue existence. L'un des responsables du poste est un certain Curtillet. L'inauguration est annoncée pour le 27 février 1896 :

La Photographie animée à Marseille
Nous apprenons que MM. Lumière frères, vont gratifier Marseille d'un spectacle extraordinaire, que Paris possède depuis quelques jours et qui remporte un succès considérable. Il s'agit de leur merveilleuse invention, le cinématographe, dont MM. Lumière font installer le merveilleux appareil, 3, rue Noailles, près du grand hôtel du Louvre et de la Paix. Le cinématographe ne se contente pas d'enregistrer les scènes animées les plus variées, mais il permet de les montrer en grandeur naturelle, à toute une assemblée, sous forme de projections qui développent les scènes les plus vécues de la vie réelle en en reproduisant les moindres détails. Pendant plus d'une minute - et que de choses peuvent avoir lieu dans une minute ! - la vie est surprise là où s'est dirigé l'objectif, e tout ce qui s'est passé se reproduit fidèlement. Une séance d'inauguration aura lieu demain, vendredi, de 8 h à 11 h, du soir, 3, rue Noailles.


Le Petit Marseillais, Marseille, 27 février 1896, 2.

Pourtant, à cause d'un problème technique, les séances ne commencent que deux jours plus tard :

Par suite d'un accident de machine, l'inauguration de cinématographe (photographie animée) n'aura lieu que ce soir, de 8 heures à 10 heures (3, rue Noailles).


Le Petit Marseillais, Marseille, samedi 29 février 1896, p. 2.

C'est donc finalement le samedi 29 février que les Marseillais vont pouvoir découvrir les images animées projetées avec le cinématographe Lumière :

L'Inauguration du Cinématographe.— Samedi soir, a eu lieu, devant une salle comble, la séance d’inauguration des projections animées, obtenues avec le cinématographe Lumière. Spectacle merveilleux, où l’illusion est frappante de vérité. L’assistance a beaucoup applaudi la sortie tumultueuse des ouvriers de l’Usine Lumière, le défilé des voitures et des cavaliers, un pugilat de gentlemen, le déjeuner de bébé, la voltige, la scène du photographe, le chargement à la Joliette, la baignade en mer, etc. Tout Marseille voudra certainement visiter le coquet local de la rue Noailles, 3, où ont lieu ces expériences si curieuses, si attachantes et si nouvelles. Le Petit Marseillais, Marseille, lundi 2 mars 1896, p. 2.

La particularité à Marseille, c'est que dès l'inauguration les spectateurs peuvent voir déjà une vue locale et cela va constituer par la suite un argument commercial pour attirer le public.

marseille hotel louvre
Marseille. Grand Hôtel du Louvre et Perspective de la Rue Cannebière (fin XIXe siècle)

Il faut attendre presque un mois pour qu'un article conséquent soit publié dans Le Petit Marseillais où les remarques scientifiques cèdent le pas à une description, parfois très précise, des vues offertes aux spectateurs :

Le Cinématographe Lumière
N’en déplaise à M. Fernand Brunetière, ce n’est pas en matière d’application pratique des découvertes modernes que l’on peut reprocher à la science d'avoir fait banqueroute. Nous n’en voulons pour preuve que le cinématographe (du grec kinèma, kinématos, mouvement, et grafo, j’écris, je dessine, ceci soit dit pour répondre à une aimable demande).
Quand nous nous rappelons ces jouets qui ont amusé notre enfance — phénakisticope,.zootrope, praxinoscope,— où il fallait regarder par un trou pour apercevoir vaguement une écuyère faisant de la voltige sur un cheval, des moissonneurs battant le blé sur une aire, — et plus tard le kinétoscope d’Edison, d’un progrès déjà merveilleux, mais offrant à l’œil, à travers une lentille, des personnages à peine perceptibles, se mouvant dans une demi obscurité, et que l’on voit aujourd’hui, dans une vaste salle, au rez-de-chaussée de l’hôtel du Louvre, le cinématographe étaler sur un écran, devant des centaines de spectateurs successifs, des scènes si vivantes, — on ne peut qu’être frappé de ce que la science moderne a réalisé, en tant qu’applications matérielles.
On se croirait là dans une chambre obscure où se reflètent les vues du dehors. Un rémouleur fait tourner sa roue, tandis que ses chiens évoluent autour de lui. De joyeux groupes de masques, puis un char de carnaval défilent dans une rue de Nice. Des ouvriers et ouvrières sortent d’un pas pressé des ateliers de la maison Lumière, à Monplaisir (banlieue de Lyon). Ils circulent au milieu des charrettes, des omnibus, des tramways et des bicyclettes. Des forgerons battent le fer, d’où jaillissent des étincelles. Le clown Trewey déroule sur sa tête et autour de lui une longue bande d’étoffe formant des S et des volutes sans fin. Applaudi, il salue avec grâce. De jeunes plongeurs se jettent dans la mer. Une grosse dame en sort, toute ruisselante d’eau. Elle s’accroche péniblement aux rochers de la grève. Un mur, que l’on démolit dans l’usine Lumière, s’ébranle sur sa base, vacille et tombe. Un flot de poussière remplit la cour, masque les personnages, puis se dissipe en un instant.
Mais une scène entre toutes mérite qu’on s’y arrête. C’est celle de l'arroseur. Un jardinier lance son jet d’eau d’arrosage sur ses plates-bandes. Survient un loustic qui met le pied sur le tuyau et arrête le jet. Le jardinier ébahi veut s’assurer si le tuyau n’est pas bouché. À ce moment, le mauvais plaisant ôte son pied, le jet part dans le visage du jardinier et lui fait sauter son chapeau. La victime court après l’auteur du mauvais tour, l’attrape, le ramène par l’oreille, et lui administre une correction que l’autre reçoit en riant.
Quand on pense que chacun de ces tableaux – chacune de ces « tranches de vie », comme disent les romanciers à la mode — suppose de 900 à 1.200 vues photographiques, prises sur une bande pelliculaire de 18 mètres de long sur 3 centimètres de largeur, qui se déroule verticalement dans une boîte hermétiquement close munie d’un objectif, successivement masqué et obturé, suivant que la bande arrêtée ou en mouvement, on a une idée de l’extrême ingéniosité, comme aussi de la délicatesse de l’appareil.
Ajoutons, — difficulté spéciale à notre ville, — que pour avoir la lumière électrique de jour, MM. Lumière — un nom prédestiné — ont dû installer une dynamo dans leur sous-sol. On juge de ce que cette installation a comporté de frais. Et tout cela pour vingt minutes d’amusement ! Tout Marseille voudra voir le cinématographe. — Th. Lormond.


Le Petit Marseillais, Marseille, 25 mars 1896, p. 3.

La proximité de La Ciotat - moins d'une quarantaine de kilomètres - explique sans doute que les frères Lumière soient assez présents sur ce poste et qu'ils profitent de leur séjour à Marseille pour filmer eux-mêmes quelques vues locales :

Nous apprenons que la seconde série de magnifiques vues projetées à la photographie animée est sur le point de faire place à une nouvelle série d'autres tableaux qui, comme les précédentes, constitueront un spectacle merveilleux dont le caractère scientifique et artistique montre à quel point la science et l'art sont faits pour s'entendre dans le parcours de la voie infinie du progrès. Nous ne saurions trop vivement engager les retardataires à ne pas laisser disparaître ces scènes si captivantes sans les avoir admirées. Après avoir fait installer dans notre ville leur merveilleux cinématographe en s'imposant de lourds sacrifices, MM. Lumière viennent visiter très fréquemment leur installation pour s'assurer par eux-mêmes que tout est parfaitement présenté au public. Nous apprenons que pour régaler le public et pour donner satisfaction à de nombreuses demandes, MM. Lumière sont venus eux-mêmes cinématographier des Scènes locales chères aux Marseillais et parmi lesquelles nous citerons : " La Cannebière à la sortie de la Bourse ", " Le cours Belsunce et la Cannebière ", " Embarquement sur le Chanzy ", et diverses " Scènes de notre vieux port " et " - de la Joliette ", qui ne manqueront pas d'exciter l'enthousiasme de tous leurs admirateurs. On va jusqu'à nous promettre pour la série qui va être présentée et qui excite déjà notre convoitise la fameuse vue de " L'arrivée d'un train en gare " qui, avec la féerique " Baignade en mer ", toujours redemandée, dépasse tout ce que l'esprit humain peut concevoir parmi les chefs d'œuvres.


Le Bavard, Marseille, 11 avril 1896.

C'est à la fin du mois d'avril qu'à lieu la relève de Curtillet qui part en Russie et qui est remplacé par Mathieu Moussy et Paul Decorps.

moussy decorps
G. Ouviere, Rue de la Darse, Marseille, Mathieu Moussy et Paul Decorps (avril-juillet 1896)
© col. Jean-Claude Seguin

C'est le moment que choisit le responsable du poste pour " casser " les prix et offrir des places à 50 centimes :

Le Cinématographe. — En réponse aux nombreuses demandes qui lui ont été adressées et dans le but de permettre à toutes les familles de pouvoir profiter de cet intéressant et merveilleux spectacle, la direction de la photographie animée a l’honneur d’informer le public qu’elle a obtenu des inventeurs, MM. Lumière, l’autorisation de donner dans notre ville des représentations populaires à prix réduits au prix de 50 centimes. Nous ne saurions trop engager le public à profiter de cette bonne fortune dont nous ne pouvons que féliciter l’administration et la direction du cinématographe. Séances populaires, 3, rue Noailles, les dimanches et les jeudis, de 10 heures du matin à minuit. Demain première séance populaire.


Le Petit Marseillais, Marseille, 9 mai 1896, p. 2.

Quelques jours plus tard, une petite annonce est publiée afin de recruter un employé : " On demande jeune homme, 12 à 14 ans p. faire des courses, 3, rue Noailles, photographie animée " (Le Petit Marseillais, Marseille, 22 mai 1896, p. 4). La seconde modification significative, c'est le changement qui s'opère dans les projections elles-mêmes, avec de nouvelles dimensions de projection :

L'administration et la direction du cinématographe Lumière après avoir donné satisfaction aux demandes qui lui avaient été adressé en abaissant le prix d'entrée à 50c., continuent à ne reculer devant aucun sacrifice pour le rendre de plus en plus merveilleux. Depuis dimanche, les appareils en fonctionnement depuis le début ont été remplacés par d'autres, permettant un agrandissement plus considérable encore de tableaux où se reproduisent les scènes si étonnantes que l’on ne cesse d’applaudir. Les dimensions de l'écran donnent actuellement des tableaux de 6 m2 où les scènes de grande allure et de vastes horizons sont présentés avec toute leur réalité et ce n’est plus par une fenêtre ou une ouverture ordinaire qu’elles semblent être vues, mais bien par une de ces larges ouvertures comme celles des vérandas de nos constructions modernes que l’on assiste à des scènes de la vie réelle. Nous ne saurions trop engager le public à aller admirer ce spectacle et jouir du nouveau perfectionnement que nous signalons, et dont nous avons admiré les merveilleux effets que nulle description ne saurait traduire. Répétons seulement l’appréciation unanime : c’est merveilleux. Séances tous les jours sans interruption 3, rue Noailles, entrée 50c.


Le Bavard, Marseille, 13 juin 1896.

Un dernier aménagement est apporté à la salle, conséquence sans doute de l'arrivée de la période estivale : 

A l'occasion du 14 Juillet, le cinématographe a complètement varié ses vues ; son programme est tout nouveau. Des ventilateurs donnent, dans la salle, une agréable fraîcheur.


Le Petit Marseillais, Marseille, 14 juillet 1896, p. 2.

C'est en juillet que les deux collègues Mathieu Moussy et Paul Decorps quittent Marseille, le premier pour l'Amérique du Sud et le second pour la Russie, toujours au service des frères Lumière. La relève est assurée par Joseph Camus qui a été opérateur Lumière à Clermont-Ferrand et qui se trouve dans la capitale phocéenne au mois de septembre : " Joseph Camus est à Marseille sans doute pour le cinémato. " (Marius Chapuis, Lettre à ses parents, Odessa, 18 septembre 1896). La situation du poste de Marseille semble précaire comme le révèle la correspondance " Chapuis " : " Le poste du Cinémato de Marseille existe donc toujours, que Joseph Camus y est ! Quand mon collègue y était, on parlait déjà de le supprimer. (Marius Chapuis, Lettres à ses parents et à Lucie, Odessa, 7 octobre 1896). Après les vues relatives au voyage du tsar en France, le programme est totalement renouvelé et propose des vues plus " populaires " : 

Variété, c’est la devise du Cinématographe. Après les vues de Paris en fête, les pompes de l’entrée du Tzar, ce sont maintenant des scènes populaires qui attirent les spectateurs à la salle de la rue Noailles. Rien d’amusant comme ces tableaux de la vie intime, pris sur le vif, comme la place du Marché à Bâle, avec ses marchandes alignées et ses acheteurs allant de l’une à l’autre ; les danseurs tyroliens, frisant des grâces ; les joueurs de cartes aspergés par un jardinier ; les pompiers opérant des sauvetages sur un drap tendu à la hauteur d’un édifice ; le peintre mécontent crevant un tableau sur la tête d’un de jurés, le train entrant en gare de Perrache ; le va et vient de la place de l’Opéra ; les soldats suisses défilant à Lausanne ; le pont sur le Rhin, etc., etc. C’est une façon agréable de voir du pays à bon marché.


Le Petit Marseillais, Marseille, 9 novembre 1896, p. 2.

Sans doute pour attirer de nouveaux publics et rentabiliser davantage le poste de Marseille, la direction fait passer un entrefilet pour informer les institutions diverses que des séances spéciales peuvent être organisées :

La direction du cinématographe, rue Noailles, 3, nous prie d'informer les directeurs de pensionnats, chefs d'institutions, sociétés, et les ecclésiastiques, qu'elle traite de gré à gré pour des séances spéciales. On peut traiter par correspondance.


Le Petit Marseillais, Marseille, 27 novembre 1896, p. 2.

 C'est vers cette époque que Joseph Camus quitte le poste de Marseille pour la Prusse. Nous ne connaissons pas les noms des employés qui prennent désormais la relève. Les séances se prolongent jusqu'à la fin de l'année et au-delà.

Répertoire (autres titres) : Une leçon de voltigeLe PhotographeLa Place des CordeliersLa DiscussionLe Repas de bébé, Chargement à la JolietteLa Baignade en mer (Le Sémaphore, Marseille, 6 mars 1896), RémouleurL'ArroseurSortie du personnel de l'usine LumièreCarnaval de NiceForgeronsÉcroulement d'un murSerpent (Le Bavard, Marseille, 21 mars 1896), Une marche militaireLe Chapeau à transformationsPlace de la Bourse à Marseille (inédite), Une partie de tric-tac, Vue de la Joliette (inédite) (Le Petit Marseillais, Marseille, 13 avril 1896, p. 2), [Depuis hier dimanche], Le Concours hippiqueL'AquariumBataille de femmesLes Poissons de bébéConcert, Partie d'écartéArrivée d'un train en gare, (Le Petit Marseillais, Marseille, 27 avril 1896, p. 2),Couronnement du tsar à Moscou (Le Bavard, Marseille, 18 juilet 1896), Fêtes de Moscou : Comte de Montebello et général de Boisdeffre se rendant au sacreEntrée du tsar au KremlinBaignade de noiresPort de BordeauxPlace de la Comédie à MontpellierBoxeurs à LondresPlace du Capitole à Toulouse (Le Masque, Marseille, 30 juillet 1896), Voitures automobilesAbattage d'un arbreLaveusesMoutons à l'abattoirProcessionMarseille vieux port (Le Masque, Marseille, 1er octobre 1896), Tsar à BreslauNègres jetant de l'eauMarchéNicolas II et Guillaume II après la revueÉvian embarquementLes Impératrices de Russie et d'Allemagne en carosse (Le Masque, Marseille, 7 octobre 1896), Cherbourg, entrée des souverains et de Félix Faure sous le hallParis, souverains et Félix Faure, Chasseurs à cheval, Souverains et Félix Faure au pont de la Concorde, La Tzarine retournant de l’église russeTurcos (Le Petit Marseillais, Marseille, 17 octobre 1896, p. 2), Cherbourg : débarquement du tsar et de la tsarineParis : les souverains et le président de la République à la porte DauphineEscorte et dragons (fin du cortège)Les Souverains russes et le président de la République au pont de la ConcordeFoule sur la place de l'OpéraDéfilé des chasseurs à cheval (Le Masque, Marseille, 25 octobre 1896), Gamins jouant aux billesPont du Mont-Blanc (Genève)PélicansDanse tyrolienneLabourageJoueur de cartes arrosé (Le Masque, Marseille, 5 novembre 1896), Pompiers : sauvetageDéfilé d'un bataillon d'infanteriePlace du marchéPonts de bateaux sur le RhinPlace Saint-François et scieurs de boisTableauxDanse sur scène (Le Bavard, Marseille, 14 novembre 1896), Mexique : soldats ruraux au galopCourse en sacsChatNeuville : les inondations de la SaôneNeuville : sauvetage de lapinsLyon : pompiers attaquent le feu, Défilé du GénieMaximillianéumChargement du cokeCanebièreVoyageur dévalisé (Le Masque, Marseille, 20 novembre 1896), Le Cours BelsunceLa Ciotat, La Sortie d'une église à Nîmes (Le Petit Marseillais, Marseille, 29 novembre 1896, p. 2), Marché aux poissons au Vieux Port de MarseilleChaland (La Ciotat)Débarquement de grains au Vieux Port de MarseilleCyclistes et Cavaliers, LondresPanorama des inondations, vue prise en chemin de fer près Mâcon, Pont des Lombards à HambourgPigeons sur la place Saint-Marc, VeniseInondations, quai de l'Archevêché, Lyon (Le Masque, Marseille, 4 décembre 1896), Marché du boulevard du Musée avec dans le fond le lycée et l'école des Beaux-Arts (Le Petit Marseillais, Marseille, 14 décembre 1896, p. 2), La BadoiseLevée des filets de pêcheÉglise Saint-ZacharieDanse d'enfantsUn prêté pour un renduFêtes franco-russes (Le Masque, Marseille, 18 décembre 1896).

 → 1897

Le Cinématographe Lumière (Variétés, [17]-[22] mars 1896)

C'est dans la salle des Variétés que pour quelques jours un cinématographe Lumière propose des vues animées :

Demain mercredi, aux Variétés, grande soirée au bénéfice de Mme Marie Kolb, avec un programme des plus attrayants. Première représentation de la Preuve, pièce de Barbier, jouée par les créateurs ; Mme Marie Laure et M. Duquesne. Une attraction qui sera très goûtée du public : le cinématographe lumière avec ses merveilleuses projections de photographies animées. Le bureau de location est ouvert pour cette soirée sensationnelle. Ce soir, 7e du Dindon.


Le Petit Marseillais, Marseille, 17 mars 1896, p. 2.

S'agit-il d'une usurpation d'identité ou bien les Lumière ont-ils accepté de laisser leur cinématographe organiser quelques projections de films ? Toujours est-il que seule un deuxième entrefilet évoque ces séances :

On nous prie d'annoncer qu'aux deux représentations qui seront données aujourd'hui, aux Variétés, en matinée et en soirée, un intermède sera intercalé avec deux grandes séances de la photographie animée par le cinématographe Lumière.


Le Petit Marseillais, Marseille, 22 mars 1896, p. 2.

*Le Cinématographe (Palais de Cristal, [10]-[11] août 1896)

Seule une annonce provenant d'un journal tarbais évoque le Palais de Cristal :

Cinématographe. On sait combien cette curiosité optique, suggestive application de principes scientifiques résumés en un appareil auquel M. Lumière, de Lyon, a donné, son plus grand perfectionnement [...] Aujourd'hui tout le monde veut avoir son cinématographe [...] le Palais de Cristal à Marseille...


La Liberté des Hautes-Pyrénées, Tarbes, 10-11 août 1896.

Pourtant aucun journal marseillais ne parle de cela. Le Palais de Cristal commence bien sa saison estivale le 17 mai 1896, mais la fermeture est annoncée dès le 16 juin par la presse :

LA FERMETURE DU PALAIS-DE-CRISTAL
Un événement artistique qui surprendra le public marseillais c'est la prochaine fermeture du Palais-de-Cristal
Qu'on se rassure, la décision est provisoire.
Les portes du Palais-de-Cristal closes le 30 juin à minuit, en même temps que la chute du rideau, livreront néanmoins passage, dès le lendemain matin, à une véritable armée d’ouvriers et d’artistes chargés de faire à l’établissement une toilette neuve et pimpante. Il n’est pas un coin qui doive être négligé et dire que le maître Any a été chargé de la restauration d’ensemble suffit pour que l’on soit certain d’une irréprochable exécution artistique...


Le Petit Marseillais, Marseille, 16 juin 1896, p. 2.

La réouverture de la salle de spectacles n'a lieu que le 3 septembre... mais aucun cinématographe n'est au rendez-vous (Le Petit Marseillais, Marseille, 3 septembre 1896, p. 2).

Le Cinématographe de la Foire (La Plaine, 22-[28] août 1896)

La Foire de Saint-Lazare commence le 21 août et dure trente-et-un jour. Parmi les loges présentes, il se trouve un cinématographe dont on ignore l'origine et le propriétaire :

C'est ce soir samedi à 8h que le Cinématographe animé, installé à la Plaine pour la durée de la foire, ouvrira ses portes au public pour une série de sujets du plus bel effet. De 5h à 7h du soir, séance offerte à MM. les membres des corps élus.


Le Petit Marseillais, Marseille, 22 août 1896, p. 2.

La dernière annonce publié dans la presse date du 28 août :

CINÉMATOGRAPHE ANIMÉ (face rue Saint-Savournin).-Grandes représentations.


Le Petit Marseillais, Marseille, 1896, p. 2.

Les projections se sont-elles prolongées au-delà et jusqu'à la fin de la foire ? Rien ne permet de le savoir.

Photographie animée (Brasserie Phocéenne, [2]-[22]  septembre 1896)

Le photographe Antoine-Jacques Damiani est le responsable des projections de photographies animées qui ont lieu à la Brasserie Phocéenne sur les allées de Meilhan :

On annonce pour tous les soirs, de 8 h à minuit, à la Brasserie Phocéenne des Allées de Meilhan, des séances de scénographie, par le nouveau procédé Américan-England, qui seront exécutées par M. Damiani, photographe.


Le Petit Marseillais, Marseille, 2 septembre 1896, p. 2.

Des annonces très lapidaires sont publiées jusqu'au 22 septembre :

PHOTOGRAPHIE ANIMEE (Brasserie Phocéenne).- Tous les soirs, de 8 heures à minuit, entrèe, 0,25.


Le Petit Marseillais, Marseille, 22 septembre 1896, p. 3.

 

Contacts