- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 27 avril 2022
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 4643
NICE
Jean-Claude SEGUIN
Nice, chef-lieu du département des Alpes maritimes (France), compte 97.720 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe Lumière de M. Gallois (Eldorado, 28 février-30 avril 1896)
C'est à la fin du mois de février que le Cinématographe Lumière, dont M. Gallois est le concessionnaire, s'installe à l'Eldorado:
La photographie animée à Nice.- - Grâce à la nouvelle découverte de MM. Lumière frères, la ville de Nice va être gratifiée d'un spectacle extraordinaire : la photographie vivante obtenue à l'aide du cinématographe.
Dans la grande salle de l'Eldorado, située rue Garnier, des représentations auront lieu tous les jours, de 10 heures du matin à 10 heures du soir.
Des scènes animées d'une fidélité photographique vont apparaître devant les yeux étonnés des spectateurs.
Des vues ayant été prises à Nice pendant le Carnaval, chacun pourra, s'il a passé devant l'objectif, se reconnaître, projeté en grandeur naturelle, sur un écran, se voir aller et venir, vivre en un mot, comme il a vécu avec tous ses gestes et tous ses mouvements.
Une séance d'inauguration aura lieu aujourd'hui vendredi 28 février, à 8 heures du soir, dans la salle de l'Eldorado.
L'Éclaireur, Nice, vendredi 28 février 1896, p. 2.
Le même article, à peine modifié, est publié dans Le Petit Niçois:
La photographie animée à Nice.
- Grâce à la nouvelle découverte de MM. Lumière frères, la ville de Nice va être gratifiée d'un spectacle extraordinaire : la photographie vivante obtenue à l'aide du cinématographe. Dans la grande salle de l'Eldorado, située rue Garnier, des représentations auront lieu tous les jours, de 10 heures du matin à 10 heures du soir.
Des scènes animées d'une fidélité photographique vont apparaître devant les yeux étonnés des spectateurs; des vues ayant été prises à Nice pendant le Carnaval, chacun pourra, s'il a passé devant l'objectif, se reconnaître, projeté en grandeur naturelle, sur un écran, se voir aller et venir, vivre en un mot, comme il a vécu avec tous ses gestes et tous ses mouvements.
Une séance d'inauguration aura lieu ce soir vendredi, salle l'Eldorado, de 8 à 11 heures.
Le Petit Niçois, Nice, vendredi 28 février 1896, p. 2.
Le même journal propose, quelques jour plus tard, un compte rendu étoffé:
La Photographie animée.-Nous avons eu ces jours ci le plaisir d'assister à une représentation de photographies animées dans l'ancienne salle de l'Eldorado, rue Garnier.
Le Cinématographe, récente découverte de MM. Lumière, est un appareil merveilleux qui reproduit exactement le mouvement et la vie des scènes photographiées.
Les projections que nous avons pu admirer sont d'une exactitude parfaite. Quoique prévenu, on est surpris de la réalité que présente ce spectacle vraiment extraordinaire.
Il faut du reste rendre justice à l'administration qui a bien fait les choses. Trois cents personnes peuvent assister à la fois à un spectacle intéressant.
L'installation électrique, très délicate en raison de la nature même des appareils, a donné, dès le début, un résultat parfait. Elle est due à un électricien de talent, fournisseur de toute la clientèle riche de la région, M. Pierre Martin jeune, à qui nous sommes heureux de présenter une fois de plus nos sincères félicitations.
Les scènes qui se déroulent devant les yeux des spectateurs sont surprenantes.
C'est d'abord le débarquement, sur un quai de la Saône, très animé avec sa masse de voyageurs défilant rapidement sur l'étroite passerelle.
Puis la scène change. Nous sommes à la caserne, où les soldats font des exercices de saut au-dessus d'une couverture. Vient ensuite la scène du cantonnier, qui est saluée chaque fois par de vigoureux applaudissements et de nombreux éclats de rire.
La pêche, charmant tableau, où la vue d'un bébé qui cherche à prendre des poissons dans un grand bocal, est d'une grâce exquise.
Le serpent, toujours applaudi.
Le Carnaval de Nice, où l'on voit les masques s'agiter et se battre avec tout l'entrain que vous leur connaissez.
Enfin la baignade en mer, qui obtient chaque fois un nouveau succès, et dont l'illusion est si parfaite que l'on passerait son temps à regarder les vagues qui viennent du large, s'approchent, et couvrent de leur écume blanche les baigneurs qui se trouvent là.
En somme, voilà une invention surprenante, une attraction nouvelle, et si vous allez à l'Eldorado, ce que je vous conseille, je vous assure bien que vous en serez ravis, et... que vous y retournerez.
Le Petit Niçois, Nice, samedi 7 mars 1896, p. 3.
Un autre périodique publie un autre compte rendu:
La photographie animée-Un spectacle nouveau et fort intéressant a lieu, depuis quelques jours, dans l'ancien local de l'Eldorado, rue Garnier: nous voulons parler du Cinématographe de MM. Lumière.
Cet ingénieux appareil permet non seulement d'enregistrer par la photographie, avec une admirable précision, toutes les scènes animées les plus variées sans omettre aucun des mouvements qu'elles comportent, mais aussi de les reproduire fidèlement, de grandeur naturelle, en les projetant sur un écran et les rendant ainsi visibles pour toute une assemblée de spectateurs.
Grâce à cet appareil on peut développer les scènes de la vie réelle dans ses moindres détails: la vie est surprise là où s'est dirigé l'objectif et tout ce qui s'est passé se reproduit fidèlement.
C'est ainsi que les personnes attirées à l'Eldorado par cette nouveauté ont pu admirer tour à tour diverses scènes d'un réalisme réel, parmi lesquelles: le débarquement, le saut de la couverture, le cantonnier, la pêche, le serpent, le Carnaval de Nice, la baignade en mer, la sortie de l'usine, etc.
Tout Nice voudra voir ce spectacle appelé à obtenir un vif succès dans notre ville.
Prix d'entrée: 1 fr.
Le Phare du Littoral, Nice, dimanche 8 mars 1896, p. 2.
Le renouvellement des vues animées justifie la publication de nouveaux articles dans la presse:
Photographie animée.-Nous sommes certains d'être agréables à nos lecteurs en leur apprenant qu'aujourd'hui même, les projections de photographie animée dont les séances ont lieu à l'Eldorado, rue Garnier, sont en grande partie changées.
Nous n'insistons pas sur l'intérêt que présentent les nouvelles scènes. Elles sont d'une réalité vraiment surprenante et nous engageons vivement nos lecteurs à aller les admirer.
L'une des vues, l'arrivée d'un train en gare, produit un effet extraordinaire. En la voyant, on se demande où s'arrêteront ces découvertes qui bouleversent déjà toutes nos idées, et nous préparent certainement pour l'avenir de prodigieuses surprises.
Le Phare du Littoral, Nice, samedi 21 mars 1896, p. 2.
On connaît presque un programme complet grâce à L'Éclaireur:
La photographie animée.-Un nombreux public se rend tous les jours dans la salle de l'Eldorado, où M. Gallois, représentant de M. Lumière, a installé des projections de photographie animée, basées sur la dernière découverte de M. Edison et perfectionnée par M Lumière.
Ces projections rendent le mouvement et la vie d'une façon parfaite. C'est ainsi que l'on voit arriver un train avec toute l'apparence de la réalité : le chef de gare sur le quai, le conducteur et les voyageurs qui descendent des wagons ; puis des scènes de bains de mer, l'entrée d'une fabrique. Citons également le forgeron, dont les mouvements et le travail sont parfaitement rendus.
Où s'arrêtera la photographie ? Pour le moment, elle nous promet déjà de reconstituer des scènes animées avec une intensité de mouvement et de vie supérieure à ce qu'en perçoivent nos yeux.
Ces projections constituent une véritable attraction et méritent d'être vues par tout le monde.
L'Eclaireur de Nice, Nice, mardi 24 mars 1896, p. 2.
Fin mars, de nouvelles vues sont présentées:
Photographies animées.-En raison du succès obtenu par les photographies animées, la direction vient de renouveler encore une fois le programme des scènes qui attirait chaque jour à l'Eldorado, ,rue Garnier, une foule si considérable de spectateurs.
Nous nous réservons de donner demain le compte rendu des nouvelles projections, mais nous pouvons d'ores et déjà affirmer, que le succès obtenu sera grand, et l'admiration provoquée, largement méritée.
Que les amateurs se rendent sans crainte à l'Eldorado. Ils ne regretteront pas les vingt minutes qu'ils y passeront pas les vingt minutes qu'ils y passeront et leurs applaudissements feront retentir plus d'une fois la grande salle de la rue Garnier, qui depuis lontemps ne s'était trouvée remplie d'un public aussi nombreux et aussi choisi.
Le Phare du Littoral, Nice, mardi 31 mars 1896, p. 3.
À l'occasion de Pâques, outre des nouvelles vues proposées, le responable organise des séances particulières:
Photographies animées.-Le succès du Cinématographe de M. Lumière, à l'Eldorado, rue Garnier, s'affirme de jour en jour. La foule est captivée par ce spectacle qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer.
Pour satisfaire tout le monde, à l'occasion des fêtes de Pâques, des séances auront lieu toutes les 1/2 heures, de 2 à 6 heures de l'après-midi et de 8 à 10 heures du soir.
Voici les vues projetées au cours de chaque séance:
Le cantonnier, la Joliette, la discussion, le débarquement, la place des Cordeliers, le menuisier, la partie d'écarté, le forgeron, la sortie de l'Usine Lumière, la démolition d'un mur, arrivée du train en gare, la baignade en mer.
Prix d'entrée: 1 franc.
Le Phare du Littoral, Nice, dimanche 5 avril 1896, p. 2.
Vers la fin du mois d'avril, on annonce la prochaine clôture des séances:
La photographie animée.-Les séances si intéressantes de l'Eldorado vont prendre fin la semaine prochaine.
Les prix des places sont réduits de moitié, à partir d'aujourd'hui.
Que l'on se hâte donc de profiter des derniers jours, et des avantages offerts par la direction.
Jeudi 30 avril, à 10 h. du soir, les séances seront terminées.
Nous engageons vivement nos lecteurs à aller voir ce spectacle inoubliable qu'ils ne retrouveront plus.
Le Phare du Littoral, Nice, dimanche 26 avril 1896, p. 2.
Le cinématographe Pirou (Casino Municipal, 31 décembre 1896) → 1897
C'est le 31 décembre 1896 que le Casino Municipal inaugure des représentations de projections animées sous la direction d'Eugène Pirou, le célèbre photographe parisien:
Le Casino Municipal inaugurera ce soir, par une représentation offerte à la presse local, des spectacles de Cinématographie qui constitueront une attraction de plus pour ce magnifique établissement. Ces représentations seront données sous la direction habile de M. Pirou qui s'est fait une juste et méritée réputation de ce genre de spectacles.
MM. les membres de la presse locale sont invités à assister à cette inauguration qui aura lieu, ce soir à 9 heures, dans les salons du Casino Municipal.
Demain, de 2 à 6 heures 1/2 et de 8 à 11 h 1/2 du soir, ouverture des séances pour le public.
Pour la première fois à Nice, projection complète du cortège impérial russe, (d'une durée à lui seul, de plus de 5 minutes) ; du coucher de la mariée ; des sauts d'obstacles exécutés par nos dragons au camp de Satory, etc., etc.
En un mot, séance continue de 20 minutes environ.
Le Phare du Littoral, Nice, 31 décembre 1896, p. 2
Les séances se poursuivent dans les premières semaines de l'année suivante.
→ 1897
1897
← 1896 Le cinématographe Pirou (Casino Municipal, 1er janvier-27 avril 1897
← 1896
De nouveaux titres sont annoncés dans les premiers jours de l'année:
Photographies animées au Casino-Très drôles, et d'une réalité saisissante, les amusantes scènes que le Cinématographe de la Maison Pirou a fait défiler hier soir devant nos yeux.
Remarqué particulièrement: "L'arrestation d'un pochard"; des "Dragons sautant des obstacles", et surtout, un souvenir des fêtes du Tsar: 'L'entrée du cortège impérial dans Paris".
Tous ces tableaux peuvent être présentés, au gré de l'opérateur, en photographie ordinaire ou en couleurs. Ce dernier procédé atténue singulièrement les éclats de lumière et ajoute encore à l'illusion. C'est ainsi que le "Coucher de la Mariée", la suggestive pantomime de l'Olympia est reproduit avec un luxe inouï de détails affriolants.
C'est la réalité même, et il ne manque aux personnages que la parole.
L'Eclaireur de Nice, Nice, vendredi 8 janvier 1897, p. 3.
Les programmes sont changer, semble-t-il, tous les mois:
Casino Municipal.
[...]
Il y avait foule hier soir dans le salon où le cinématographe fonctionne. C'est que le programme avait été renouvelé et comportait plusieurs tableaux des plus curieux.
Nous citerons notamment: la Dispute d'un cocher avec un client, scène bien parisienne; la Noël en Alsace, tableau touchant et patriotique; les Danses Espagnoles, absolument artistiques; le Menuet Louis XV; la Tentation de St-Antoine, scène suggestive, et surtout On demande un modèle, grande scène qui dure près de huit minutes.
Tous ces tableaux ont été vivement applaudis hier soir, et contribueront à augmenter la foule des visiteurs.
On sait que toutes ces vues ont été prises par le photographe parisien si réputé, M. Pirou.
Ces séances de photographie animée ont lieu tous les jours, de 2 à 6 heures et de 8 à 11 heures. On entre soit par le jardin d'hiver, soit par le quai St-Jean-Baptiste.
Le Petit Niçois, Nice, lundi 1er février 1897, p. 3.
C'est à nouveau le cas quelques semaines plus tard:
Le Cinématographe.-C'est à partir de samedi 20 courant que sera changé le programme du Cinématographe.
Nous signalons comme vues d'actualités:
L'assaut d'armes entre le chevalier Pini, maître italien, et M. Kirschoffer, maître français (vue prise à l'hôtel du Figaro par Pirou, en février dernier);
Le Corso carnavalesque et la bataille de fleurs de Nice.
A partir d'aujourd'hui, bon nombre de vues seront données avec différents effets de lumière en couleurs, appliqués pour la première fois au cinématographe.
Le Petit Niçois, Nice, jeudi 18 mars 1897, p. 2.
Dans un des derniers programmes, on présente également des vues "à rebours":
1. "Le lever de Melle Louise Willy" (de l'Olympia de Paris) (bande à rebours) ; 2."Le coucher de la mariée" (en couleurs) ; 3."Assaut d'armes", entre le chevalier Pini, le célèbre maître italien, et M. Kirschoffer, maître français, un de nos plus forts escrimeurs parisiens ; 4."La Bataille de fleurs de Nice" ; 5."Un bain sur la plage de Nice" ; 6."L'habiller d'un modèle chez un peintre" (bande à rebours) ; 7."On demande un modèle", etc. etc.
La Comédie niçoise, Nice, 22 avril 1897.
Les séances se prolongent jusqu'à la fin du mois d'avril:
Casino Municipal.
[...]
Cinématographe.-Tous les jours, de 2 heures à 11 h. 1/2, séances de photographies animées.
Le Petit Niçois, Nice, mercredi 27 avril 1897, p. 3.
Répertoire (autres titres): Dispute d'un cocher parisien, Pioupiou et Nounou, Danses espagnoles (par les senoritas Martinez), Farce de chambrée (à la caserne), Scène dans un atelier de peintre [durée de projection à lui seul: 8 minutes) (La Comédie niçoise, Nice, 2 février 1897), Un bain sur la plage de Nice (La Comédie niçoise, Nice, 1er avril 1897).
1902
Le cosmographe Faraud (Casino, <5> janvier 1902)
Le cosmographe des Faraud est présenté à Nice au début de l'année 1902 :
Casino [...] Le cosmographe FARAUD, Tableaux et Vues animés présentés par M. Paul Gervais.
Music-Hall-Revue, Nice, 5 janvier 1902, p. 27