- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 6 avril 2023
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 6506
Jean LIÉZER
(Paris, 1868-Paris 1943)
Jean-Claude SEGUIN
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Les origines (1868-1897)
Jean Liézer - qui pourrait être un pseudonyme - est un acteur de théâtre et de cinéma qui a fait sa carrière en France. Il débute aux Bouffes-du-Nord où il joue les rôles du répertoire ancien. Il semble avoir fait ses débuts vers 1890 dans Ruy Blas ("Comte de Campo Real") aux Bouffes du Nord. Dans cette même salle, il va figurer dans de nombreuses pièces comme Un chapeau de paille d'Italie ("Beaupertuis", 1890), Les Surprises du divorce ("Corbulon", 1890), Le Gamin de Paris ("M. Bizot", 1893), Maldonne ("Briançon", 1894), Trois femmes pour un mari ("Dardenbois", 1895), Les Alphonses du mariage ("M. Habert", 1896), Le Dindon (1897), La Goualeuse ("Pierre Duchemin", 1897)... Ce dernier rôle va lui ouvrir les portes de l'Ambigu ou il commence, semble-t-il, avec Le Coupable (1898, "Saldmeyer").
Le Cinématographe Lumière (1898)
C'est alors qu'il est engagé à l'Ambigu que son chef de figuration, Lucien Nonguet, lui parle de tournages que la maison Lumière est en train de préparer, rue du Surmelin :
- Vous parler du cinéma ? Mais il y a si longtemps que je n'en fais plus !
- Justement ! En quelle année vous en occupiez-vous ?
- En 1898 ; j'étais à l'Ambigu. Le chef de la figuration met dit, un jour, que le savant Lumière, de Lyon, pour réaliser quelques bandes, avait envoyé ici un opérateur muni de pleins pouvoirs. Il fallait des acteurs. Comme ce travail inattendu représentait un gain supplémentaire, appréciable à un moment critique du mois, j'acceptai. Nous nous rendîmes avec quelques camarades, à l'endroit où l'on devait opérer, rue du Surmelin, dans un terrain vague, attenant aux ruines d'une maison incendiée. Avait-on loué l'emplacement, ou était-il adopté par droit de seimple occupation, je l'ignore ! Comme le temps était beau, on put travailler. Après nous être déshabillés derrière un pan de mur, nous mimâmes je ne sais plus quelle scène de poursuite ou de bousculade. Dans le feu de l'action, l'un de nous tomba dans une fosse d'aisances, dont nul n'avait soupçonné l'existence au milieu du terrain. Sur ces entrefaites, le ciel se couvrit, et l'on suspendit la séance, le soleil étant indispensable à la prise de vues.
Parmi les vues cinématographiques que Jean LIézer va interpréter on trouve la série de La Vie et la Passion de Jésus-Christ tournée sous la direction d'Alexandre Promio. Jean Liézer a laissé un témoignage particulièrement intéressant des conditions de tournage de l'époque. Les acteurs du cinématographe sont alors recrutés par les chefs de figuration des scènes parisiennes :
Tenez ! Un jour, Lucien Nonguet, chef de la figuration à l'Ambigu, me demande : "Liézer, aujourd'hui, on a du soleil, il faudrait faire quelque chose de bien ; vous n'avez pas une idée pour emmployer le plus de monde possible ?" Je réfléchis un instant, et lui proposai de réaliser quelques scènes de la Passion. L'idée fut adoptée sur-le-champ et l'on se mit à tourner.
J'expliquai aux figurants, plus hétéroclites encore que de coutume, leurs rôles : "Souvenez-vous : c'est la Cène, vous rompez le pain, vous offrez la coupe, et vous dites : Ceci est mon corps, ceci est mon sang.-Mais oui, reprenaient-ils d'un air entendu ; Ceci-z-est mon corps ! Ceci-z-est mon sang !"
Le cinéma par bonheur, n'avait pas d'oreilles, en ces temps primitifs.
Lorsque le Christ fut en croix, les deux larrons rivalisèrent d'ardeur : "Allons, hurlaient-ils au Divin Sauveur que je personnifais, descends de ta croix, eh ! sergent de ville !" Vous voyez que les rôles étaient bien vécus !
Nous avions pris, pour compléter l'atmosphère, les décors d'une pièce biblique que l'on avait jouée à l'Ambigu.
À mon insu, cette même Passion, après avoir été ainsi réalisée pour Lumière, fut successivement vendue à Parnaland et à Pathé. Toutes ces firmes, chacune persuadée d'avoir l'exclusivité, en tirèrent un film ; d'où, un peu plus tard, le procès que je vous laisse imaginer !
Ce fut une des dernières fois que je tournai rue du Surmelin.
Chez Pathé (1899-1906)
Jean Liézer ne reconce pas pour autant à ses activités théâtrales et on le retrouve régulièrement au théâtre de l'Ambigu où il incarne de multiples rôles : Moineau Franc (1899, Saldmeyer), Cogne-Dur (1899, L'Anguille), Mam'zelle bon-coeur (1899, "Bonissel"), Cartouche (1899, "l'Éveillé"), La Duchesse de Berry (1899, "M. Louis")...
C'est peu après, au cours de l'année, que Jean Liézer va interprété plusieurs personnages dont celui du Capitaine Dreyfus. Il rapporte également quelques souvenirs de ses années "Pathé" :
Quelque temps après, je recommençai à faire du cinéma pour Pathé, avec Ferdinand Jecca [sic].
Les prises de vues avaient lieu à Vincennes, avenue des Minimes. J'y retrouvai Lucien Nonguet, dont l'autorité et les vertus de commandement faisaient trembler tous les figurants. La discipline était beaucoup, à l'époque, et les scrupules historiques passaient au second plan.
Un matin, on vient me trouver : "Liézer, prends une perruque poudrée, on va faire du vieux !" L'action se passait bien dans des temps reculés, mais à l'époque romaine. J'eus beaucoup de mal à faire admettre qu'une perruque genre Louis XIV ne s'imposait pas pour Jules César, chauve, par surcroît, si mes souvenirs de classe sont exacts!
"La Mascotte", film chantant réalisé en 1899.
EMMANUEL, 1931: 3
Il a participé au tournage d'un film chantant, La Mascotte, probablement l'air des dindons, et il est le partenaire de Max Linder pour l'un de ses films.
Max Linder et Jean Liézer.
EMMANUEL, 1931: 3
Il n'en continue pas moins sa carrière sur les planches du théâtre de l'Ambigu-comique : Les Aventures de Thomas Plumepatte (1905), La Grande Famille (1905), La Tourmente (1906)....
Et après... (1907-1943)
Il intervient probablement dans de nombreux films dont il évoque uniquement quelques titres :
A partir de cette date, j'ai beaucoup tourné : au Film d'Art, à la S.C.A.G.L. (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres), où j'ai connu, comme metteur en scène, Constant, aujourd'hui directeur d'une école d'opérateurs, derrière l'Ambigu; Monca, qui réalisa Sans famille; Antoine, qui s'occupait alors de cinéma.
C'est lui qui mit en scène 93, arrêté par la mobilisation, à Camaret, avec Philipipe Garnier. De lui, aussi, Les Travailleurs de la mer, avec Joubé.
Il poursuit sa carrière au théâtre et on le trouve à la Comédie Française (Esther (1925), au théâtre de la Porte Saint-Martin (Le Maître des forges (1928). En 1926, il est recensé à Paris (178. rue de Belleville) avec son épouse Paule et en 1931, toujours à Paris (178, rue de Belleville) avec son épouse Marcelle et il est employé par le théâtre de la Porte Saint-Martin.
M. Jean Liézer et Mlle D. Mellot dans une scène du Grillon du foyer, d'après Dickens, à l'Ambigu
Le Matin, Paris, 19 septembre 1933, p. 4.
Il tourne ses derniers rôle au cinéma vers 1936.
Sa fille Jeanine Liézer suit également une carrière théâtre et cinématographique avec un certain succès comme le rappelle Ferdinand Zecca dans son interview par Musidora : Les Cinq sous de Lavarède (1927), Paris... Cabourg Le Caire... et l'amour (1927), Les Mufles (1929), La demoiselle de Mamers (1933), Toine (1933), Un assassin parmi nous (1936), Courrier d'Asie (1940), C'était en juillet (1942), Messieurs mon mari ! (1943), Le Sabre de mon père (1951)...
Jeanine Liezer
Sources
EMMANUEL Jean, "Quand Jean Liézer tournait 'La Passion...", Pour vous, 20 août 1931, p. 3.
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1898
La Vie et la Passion de Jésus-Christ [Jésus Christ] (Lumière)
Un duel sous Louis XIII
L'Attaque nocture [Normandin]
Une partie de cartes.
1899
Dreyfus dans sa cellule à Rennes [Capitaine Dreyfus] (Pathé)
Entrée au conseil de guerre [Capitaine Dreyfus] (Pathé)
Sortie du conseil de guerre [Capitaine Dreyfus] (Pathé)
Prison militaire de Rennes, rue Duhamel [Capitaine Dreyfus] (Pathé)
Avenue de la Gare à Rennes [Capitaine Dreyfus] (Pathé)
La Mascotte
1901
Histoire d'un crime (Pathé)
Une idylle sous un tunnel (Pathé)
Le Mauvais riche (Pathé)
Une tempête dans une chambre à coucher (Pathé)
Les Victimes de l'alcoolisme (Pathé)
1903
Assassinat du roi et de la reine de Serbie
1912
La fièvre de l'or [un employé] (Pathé)
L'Histoire de Minna Claessens [Le vieux sculpteur] (Pathé)
Un épisode de Waterloo [Vanek] (Pathé)
1913 |
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L'Hallali [Le Charretier] (Pathé) | |
Sans famille | |
1914-1921 |
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Quatre-vingt-treize | |
1917 |
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Les Travailleurs de la mer [Rentaine] (André Antoine) | |
1932
Aux urnes, citoyens !
1936
Les Grands
La Pocharde