Louis PUPIER

(Saint-Étienne, 1874-Saint-Étienne, 1919)

Jean-Claude SEGUIN

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Jean, Louis Pupier (Orliénas, 26/09/1835-Saint-Rambert-sur-Loire, 24/09/1920) épouse (Saint-Laurent-de-Chamousset, 06/02/1860) Marie, Antoinette Nicolas (Saint-Laurent-de-Chamousset, 07/06/1842). Descendance :

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Les origines (1874-1895)

Jean, Louis Pupier, père, fonde en 1860, à  Saint-Étienne, une entreprise, la Chocolaterie spéciale du Commerce. L'usine se trouve alors rue du Bas-Vernay. Puis, une nouvelle usine est inaugurée 30, rue Claude Désiré et une boutique ouvre ses portes, dès 1868, au 5 place Royal.

pupier chocolat publicite 01
Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, samedi 6 juin 1868, p. 4.

En 1882, est lancé le célèbre chocolat Malakoff. Au fur et à mesure, les enfants de Jean, Louis Pupier, père, rejoignent l'entreprise famiale : Joseph (matricule militaire) et Jules (matricule militaire).

saint etienne usines pupier
188. LL. Saint-Étienne. Usines Pupier. Fabrique de Chocolat.

Tel ne semble pas avoir été le cas de Louis Pupier, car sur son matricule militaire. il figure comme étudiant. Sur le transatlantique qui le conduit en Amérique, il figure comme pharmacien. Il est possible que ses études l'aient conduit à rentrer en contact avec les Lumière et plus particulièrement Auguste. Appartenant à la classe 1894, il va être ajourné à deux reprises, en 1895 et 1896. Sa formation l'a également conduit à croiser le chemin de Louis Minier, déjà pharmacien depuis plusieurs années.

Le Cinématographe (1896-1897)

Les Lumière ont pour habitude d'attribuer les concessions à une seule personne, ce qui rend le cas de Louis Pupier et Louis Minier, plutôt singulier, d'autant plus que le premier n'est alors âgé que de vingt deux ans et n'a pas encore accompli son service militaire. On peut penser que le vrai et seul concessionnaire n'est autre que Louis Minier. Quant à Louis Pupier, outre le goût de l'aventure que le pousse à partir outre-Atlantique, il est également épris de la jeune Marguerite Denis qu'il embarque pour cette escapade cinématographique et qui voyage sur la Bourgogne avec eux en direction de New York où ils arrivent le 1er juin 1896.

À peine trois jours plus tard, ils descendent, avec leur respective compagne, à l'hôtel Richelieu de Montréal :

AT THE HOTELS.
The Richelieu—R. J. Zarchall, Halifax; W. Shepherd, Great Falls, Mont.; P. Dupuis, Ottawa, Ont.; C. P. Hall, Boston ; A. Miller, Ogdensburg, N.Y.; A. Lancaster, Toronto; M. Pupier and wife, M. Minier and wife, France.


Montreal Daily Herald, mardi 4 juin 1896, p. 8.

montreal hotel richelieu
Hotel Richelieu. Montreal. Canada

Peu après, ils sont reçus à Chambre de Commerce Française de Montréal :

Comptes-rendus des Séances de la Chambre de Commerce Française de Montréal.
[...]
SÉANCE DU 10 JUIN 1896.

[...]
M. le président présente aux membres de la Chambre MM. Louis Minier et Louis Pupier, représentants de la maison Lumière de Lyon et de diverses maisons de Lyon et St-Etienne qui viennent faire connaître leurs produits au Canada. Il les assure qu’il leur sera donné avec grand plaisir tous les renseignements qu’ils pourront désirer.


Bulletin mensuel publié par la Chambre de Commerce Française de Montréal, Troisième année, nº 24 [35], Montréal, 15 juin 1896, p. 2.

Le surlendemain, les deux tourtereaux, Louis et Marguerite filent à la paroisse Notre-Dame-de-Montréal où ils convolent en justes noces le 17 juin 1896. Sur l'acte du mariage religieux, il figure comme "pharmacien". On imagine que cette tournée avec le cinématographe Lumière dissimule surtout un beau voyage pour ces jeunes mariés.

Avec Louis Minier, ils vont alors organiser un premier circuit au cours duquel ils parcourent, principalement, la province du Québec. Les premières séances ont lieu à Montréal, à partir du 27 juin. On retrouve le cinématographe à Toronto à l'occasion de l'Exposition Industrielle. Les deux hommes se rendent à Québec, au mois de septembre où ils commencent leurs projections dans la rue Saint-Joseph. Par la suite, ils se rendent à Trois-Rivières et à  Sherbrooke. À la lecture de la presse, il ne fait pas de doute que le véritable responsable est bien Louis Minier. D'ailleurs le nom de Louis Pupier va vite disparaître. Combien de temps a-t-il continué de seconder son collègue ? A-t-il écourté son séjour ou est-il resté avec Louis Minier... Ce dont on est sûr c'est que ce dernier a un nouveau collaborateur, un certain M. Faure, en avril 1897, lors d'une présentation du cinématographe à Saint-Hyacinthe.

Et après... (1898-1919)

Il y  a donc fort à parier que Louis Pupier soit de retour à Saint-Étienne, dès le printemps 1897. Quelques mois plus tard, à l'automne, il effectue son service militaire et arrive au 35e régiment d'infanterie le 13 novembre 1897. Il passe dans la disponibilité moins d'un an plus tard (17 septembre 1898), avec un certificat de bonne conduite en poche. Quelques mois plus tard, abandonnant semble-t-il sa carrière naissante de pharmacien, il rejoint son frère Jules, à Saint-Affrique où ils inaugurent une usine de chocolat. Le décès brutal de son aîné, en mars 1899, met un terme à l'affaire. Il revient à Saint-Étienne, épouse devant le maire Marguerite Denis et va rejoindre son frère Joseph, avec lequel il fonde la société en nom collectif "Pupier frères" :

Formation de Société
Aux termes d’un acte reçu par Me Fougerolle et Me Glatard notaires à Saint-Etienne, le vingt février mil neuf cent un,
M. Joseph Pupier, fabricant de chocolat, demeurant à St-Etienne, rue Désirée, nº 30,
Et M. Louis Pupier, fabricant de chocolat, demeurant à St-Etienne, rue Désirée, nº 30, et précédemment à Saint-Affrique (Aveyron),
Ont formé entre eux une société en nom collectif ayant pour objet la fabrication et la vente des chocolats et produits similaires et toutes opérations se rattachant à ce genre d’industrie ;
Cette société a été contractée pour une durée de dix années qui ont commencé à courir le trente-un janvier mil neuf cent un.
Le siège social est fixé à St-Etienne, rue Désirée, 30.
La raison et la signature sociales sont : Pupier frères.
Chaque associé aura le droit de faire usage de la signature sociale.
Toutefois les actes d’emprunts ne seront valables qu'autant qu’ils seront revêtus de la signature des deux associés.
Le capital social est fixé à la somme de cent mille francs fourni à concurrence de cin quante mille francs par chacun des associés.
Une expédition en due forme de cet acte de société a été déposé le vingt-trois février mil neuf cent un à chacun des greffes du Tribunal de commerce de Saint-Etienne, de la Justice de paix du canton sud-ouest de Saint-Etienne et de la Justice de paix du canton sud-est de Saint-Etienne.
Pour extrait et mention :
FOUGEROLLE. 


Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, dimanche 24 février 1901, p. 6.

Il est alors recensé à Saint-Étienne (10, rue Désiré), puis la famille va s'installer au 24, rue d'Annonay (recensement 1906). La collaboration se prolonge jusqu'en 1909, date à laquelle, Joseph Pupier reprend la totalité de l'affaire à son compte. En effet, le 3 juin, suivant acte reçu par Mes Fougerolle et Glatard, notaire à Saint-Étienne, Joseph Pupier (rue Denis-Papin, nº 9) reprend les parts de la raison sociale "Pupier Frères" que détient encore Louis Pupier. En 1911, la famille est toujours recensée au 24, rue d'Annonay.

Puis, Louis Pupier réoriente ses activités professionnelles vers le domaine de l'hygiène et l'entretien, avant de céder son fonds de commerce en 1916 :

2e AVIS DE VENTE
Par notre entremise et suivant acte s. s. p. passé en nos bureaux le 2 juin 1916, M. Louis PUPIER, industriel, demeurant à Saint-Etienne, rue d’Annonay, 24, a vendu à une personne désignée dans l'acte, le fonds de commerce de fabrique de produits spéciaux pour l’hygiène et l’entretien, qu’il exploitait à Saint-Étienne, rue de Tardy, n° 4.
Les réclamations et oppositions, s'il y a lieu, seront reçues aux bureaux de l'"Intermédiaire", domicile élu par les parties, d'ici au dixième jour qui suivra la présente insertion, sous peine de forclusion.
Pour deuxième avis,
Pour l’acquéreur et. par ordre : J. MICOUD.


Memorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, lundi 12 juin 1916, p. 4.

Louis Pupier décède en septembre 1919, deux mois avant son frère Joseph.

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