Georges MONCA

(Sèvres, 1867-Paris, 1939)

monca george portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Monca. Descendance :

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Les origines (1867-1898)

Fils d'un cocher et d'une modiste, Georges Monca perd sa mère alors qu'il n'est âgé que de 9 ans et son père disparaît alors que Georges vient d'avoir 17 ans. Dès l'âge de 18 ans, il est déjà sur les planches dans Étienne au lansquenet (Paris, Salle Molière, décembre 1885) et il poursuit son activité théâtrale jusqu'en 1888, en écrivant également des pièces avec Georges Bilhaut (Par tube acoustique, 1887; Vingt marches de trop, 1888, Trois oreillers pour quatre 1888...). Lors de son conseil de révision (1887), il est déclaré "Propre au Service" mais "dispensé. art. 17. Aîné d'orphelins". Ses successives résidences permettent de suivre les étapes de ses tournées. Il réside à Toulon (≥25/09/1888) avant de partir pour Paris (≥16/04/1889), Le Havre (≥17/09/1889) pour ses activités théâtrales. Il accomplit une période d'exercices au 129e Régiment d'Infanterie (04/11/1889-15/12/1889). On le retrouve ensuite à Nice (≥[09]/12/1889), à Paris (≥22/03/1890), Dijon (≥30/12/1891) Bordeaux (≥04/08/1892) Paris (≥03/04/1893). Il parcourt l'Europe avec Mme Segoud-Weber, auprès de laquelle il interprète les principaux rôles du répertoire. Engagé par M. Lemonnier, il joue avec succès MarianneClaude Gueux (1895), Madame la Maréchale (1897), Bâtard rouge (1897), Dépit amoureux (1897), La Belle Grêlée, la P'tioteMaman Gâteau (1895), Louis XI, etc. Il devient Secrétaire général du théâtre Déjazet. 

monca georges 1899
George Monca (c. 1899)

En 1898, il est administrateur général à l'Alhambra de Bruxelles :

ALHAMBRA.- Le Roi de Rome.- M. George Monca vient d'ouvrir la saison d'été au Théâtre de l'Alhambra en nous donnant le Roi de Rome, une pièce de l'ancien répertoire, que bien peu de Bruxellois, sans doute, ont eu occasion de voir jouée. [...]


Le XXe siècle, Bruxelles, 1er mai 1899, p. 3.

Le cinématographe (1899-1908)

Une première expérience chez Pathé (1899)

C'est en 1899, à l'occasion de la mise en scène de L'Auvergnate de Fernand Meynet, qui prévoit l'intervention d'un cinématographe, que George Monca rentre en contact avec Pathé afin de tourner Un drame dans la montagne, un film de 30 m qui est projeté pendant la représentation de la pièce :

Comment j’ai eu l’idée de venir au cinéma ? dit George Monca. Ce sont tout simplement les circonstances qui m’y ont conduit...
En septembre 1899, — vous voyez que ça n’est pas d’hier j’étais acteur au théâtre de la République, depuis baptisé l’Alhambra. Un auteur de la maison, Fernand Meynet, nous apporta une pièce où le cinéma jouait un rôle. Au premier acte, à l’insu de tous, un opérateur filmait une scène de famille qui dégénérait en meurtre, et la bande ainsi obtenue servait à dévoiler le vrai coupable au dénouement.
J’étais, en même temps qu’acteur, metteur en scène, et c’est moi qui eus à m’occuper de tourner le film nécessaire.
A cette époque-là, le cinéma était encore, si j’ose dire, dans ses langes. Il n’existait guère que deux maisons de production, Pathé et Gaumont. Je m’adressai à Pathé, et nous prîmes rendez-vous avenue des Minimes, à Vincennes, où se trouvaient les studios.
Quand je dis les studios... Vous qui connaissez les admirables aménagements de Joinville, vous allez rire... Imaginez un terrain vague, bordé de planches assez hautes pour décourager la curiosité des passants. Au milieu, une grande estrade avec des portants, des toiles de fond suspendues à des perches. A gauche et à droite, deux cabanes rudimentaires : l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Voilà ce qu'étaient les studios cinématographiques en l'an de grâce 99 !
Mon drame de famille - une bande de trente mètres - fut tourné en une seule matinée. Il avait pour cadre un parc, qu'une toile de fond représentait assez bien. Quand je pense qu'à vingt mètres de là, de l'autre côté de l'avenue, il y avait le vivant décor des arbres du bois...


AMBRIÈRE, 1932: 12.

Dans cette même entrevue, un photogramme est présenté comme l'une des premières réalisations de George Monca.

1899 un drame dans la montagne
"Le premier film social. (Au premier plan, le torse nu, M. George Monca)"
AMBRIÈRE, 1932: 12.

Retour au théâtre (1900-1906)

Après cette expérience cinématographique innovante, George Monca retourne au théâtre pendant plusieurs années.Il se fait remarquer dans le rôle comique de Daufauret dans Coralie et Cie (1900), dans Les Apaches à Paris (1902), Le Forgeron de Châteaudun (1902), La Jeunesse des Mousquetaires (1903), Le Camelot (1904), L'Assiette au beurre (1906)...

Retour au cinématographe (1906)

George Monca ne renoue avec l'écran qu'en 1906, grâce à Victor Denizot qui lui aurait fait tourner quelques scénarios, dans un petit studio d'Asnières :

Monca resta quelques années sans songer au cinéma, lorsqu'en 1906 Denizot lui fit tourner comme artiste quelques scénarios, dans un petit studio d'Asnières.


Guilaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe, Paris, Cinéopse/Gauthier-Villars, 1925, p. 399.

On ignore en revanche pour quelle maison de production sont tournés ces films.

Chez Gaumont (1906-1908)

George Monca va rejoindre la maison Gaumont - peut-être en même temps que Victor Denizot - où il se fait remarquer dans C'est papa qui prend la purge du débutant Louis Feuillade : 

En 1906, un ami introduisit Monca chez Gaumont où il eut le principal rôle d'une comédie intitulée C'est papa qui prend la purge. L'auteur était un inconnu. Depuis, Fantômas et Judex ont répandu le nom de Louis Feuillade...

AMBRIÈRE, 1932: 12.

Chez Pathé (1908-1908)

Geroge Monca entame alors une longue carrière au cinéma. C'est Lucien Nonguet qui l'engage chez Pathé pour Le Roman d'un malheureux :

Ayant vu C'est papa..., Lucien Nonguet engagea Monca chez Pathé. Pendant trois ans, celui-ci partagea son temps entre le studio et les planches. Il tournait indistinctement les rôles de premier plan et les " pannes ". Les premières années du cinéma ne connaissaient pas la vedette ni ses cachets fabuleux. On jouait n'importe quel personnage et on était payé à un tarif unique : 15 francs pour le matin, 25 francs pour la journée.
Au bout de trois ans, Lucien Nonguet dit à Monca :
- Abandonne le théâtre. Tu vas faire de la mise en scène avec moi.
Et Monca raconte :
- Depuis 1899, l'industrie cinématographique avait fait des progrès. Au lieu du terrain vague de l'avenue des Minimes, je trouvai un grand studio rue du Bois, un autre à Montreuil, une usine rue des Vignerons... Nous tournions douze à quinze films par semaine. Il est vrai qu'ils n'étaient pas longs : 150 à 200 mètres au plus. Tous les lundis matin nous avions conférence et nous établissions le plan de travail pour la semaine. Tons les samedis après-midi, M. Pathé et Ferdinand Zecca examinaient la production et nous faisaient leurs remarques.
AMBRIÈRE, 1932: 12-13.

Toujours en 1908, il commence sa carrière de cinématographiste avec L'Armoire normande. Dans ses déclarations, il évoque de nombreux acteurs dont il a lancé la carrière comme dans le cas de Rigadin, Mistinguett et Maurice Chevalier.

Et après... (1909-1939)

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Georges Monca [D.R.]

Toujours fidèle à la société Pathé, George Monca tourne de très nombreux films dont une bonne partie de ceux interprétés par Prince dans la série des Rigadin. Il participe, en outre, à la formation (1909) de la S.C.A.G.L. (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres), aux côtés d'Albert CapellaniRecensé, en 1911, à Soisy-sous-Montmorency, il se rend aux États-Unis deux ans plus tard. Il quitte le port du Havre à bord de La Savoie et arrive à New York le 20 décembre 1913. Il donne comme adresse temporaire celle de Louis Gasnier qui dirige, alors, la filiale de Pathé, la Pathé Exchange, à Jersey City. On ignore s'il reste lontemps, mais il déclare, aux autorités militaires, la même résidence, en France, à Montmorency, en 1915. Pendant la guerre, il continue à tourner pour la S.C.A.G.L. et réserve quelques réflexions sur les acteurs partagés entre la scène théâtrale et "l'art muet" :

OPINIIONS
Que la Vie Parisienne se rassure.
Malgré la venue au Cinéma de beaucoup de nos meilleurs artistes le firmament théâtral est encore auréolé d'une brillante pléiade d'étoiles.
La corporation des comédiens français est assez riche pour alimenter ces deux réservoirs de l'art dramatique: la scène et l'écran.
Nombreux d'ailleurs sont ceux qui remportent des succès dans les deux genres.
Pourquoi se lamenter, parce que de véritables artistes consacrent leur talent à l'art muet ?
Ils trouvent là au contraire le moyen de développer des qualités qui se révèlent peu à peu par l'obligation dans laquelle les interprètes de cinéma sont amenés à penser constamment et intensivement.
N'ayant pas à leur secours le verbe et l'harmonie de la phrase ils doivent sous l'oeil de l'objectif, à qui rien n'échappe, vivre sans cesse leur personnage pour donner à l'expression toute sa valeur, car, à l'écran, un jeu de physionomie n'est bien que s'il est le reflet d'une pensée juste.
Et puis, argument irréfutable, l'acteur de ciné peut se juger à la projection, et par cela, se corriger et progresser. Ce point seul n'est pas déjà si négligeable.
Je sais beaucoup de mes camarades pour qui la vision qu'ils ont eue d'eux-mêmes après l'interprétation d'un rôle filmé a été une excellente leçon dont ils ont tiré profit pour leur carrière théâtrale.
monca george 1919 portrait
Je conlus en formulant l'espoir que de nombreux comédiens continueront à venir grossir la phalange des artistes de l'écran.
18 août 1919.


GEORGE MONCA.Le Courrier cinématographique, 30 août 1919, p. 10.

En 1920, il est Secrétaire Général de la Société des Auteurs de Films et la maison Pathé fait souvent appel à lui pour des productions de qualité. Il tourne, en particulier, pour les Grandes Productions Cinématographiques, sa seconde adaptation du célèbre Sans Famille d'Hector Malot.

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Sans Famille (George Monca, 1913) Sans Famille (George Monca et Maurice Kéroul, 1925)

 Au curs des années 1920, George Monca signe d'autres productions importantes comme ChantelouveLe Chemineau, Miss Helyett et Les Fourchambault. À cette époque (1926), il est recensé au 40 rue Rochechouart (Paris 9e).

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"En tournant Miss Helyett"
"De gauche à droite, au premier plan; Ariette Genny, allongée; Fredo Zorilla, Gaston Norès, assis; François Thévenet; George Monca, debout, dans les environs de Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), pendant les prises de vues de Miss Helyett." Le Courrier des cinémas, 20 mai 1927, p. 9.

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Chantelouve (1921) La Chanson du lin (1931)

En 1931, il est recensé au 16, rue Pierre-Emile-Cassel, puis il réside (1936) avec son épouse à la Goutte d'Or (Paris 18e). En 1937, il tourne son dernier film, Le Choc en retour, avec la participation de Michel Simon.

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George Monca (1932)

George Monca décède en 1939 :

Georges Monca est mort
Un des plus anciens auteurs de films et metteur en scène, Georges Monca, qui avait conquis un nom dans le cinéma français et n'y comptait que des amis, vient de disparaître après une douloureuse maladie courageusement supportée.
Ses obsèques ont lieu ce matin, à 11 heures, 23, quai de Grenelle.


Le Journal, Paris, 29 de décembre de 1939, p. 4.

Sources

AMBRIÈRE Francis, "A l'aube du cinéma. Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, 1932, p. 12, 13, 14 et 16.

CAROU Alain, "Rue du cinématographe : la SCAGL côté studio", 1895, nº 24, juin 1998, p. 23-35.

MEUSY Jean-Jacques, "Aux origines de la Société cinématographique des auteurs et gens de lettres (S.C.A.G.L.) : le bluff de Pierre Decourcelle et Eugène Gugenheim", 1895, nº 19, p. 6-17.

MONCA Georges, "Une nouvelle Conception de la mise en scène", La Cinématographie française, nº 104, 30 octobre 1920, p. 6-7.

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1899

Un drame dans la montagne (Pathé)

1906

C'est papa qui prend la purge (Gaumont)

1907

   
  Le Roman d'un malheureux (Pathé 2061)  

1908

   
  Riquet à la Houppe (Pathé 2221) 2221
  L'Armoire normande (Pathé 2509)  

1909

   
  Les Deux Cambrioleurs (Pathé 3201) [photogrammes] 3201

1910

   
  Le Legs ridicule (Pathé 3577)  
  Mannequin par amour (Pathé 3635)  
  Le Jupon de la voisine (Pathé 3646)  
  Le Clown et le Pacha neurasthénique (Pathé 3771) 3771
  Rigadin amoureux d'une étoile (Pathé 3799)  
  Rigadin nourrice sèche (Pathé 4127) (SCAGL) 4127

1911

   
  Rigadin et ses fils (Pathé 4045) [photogrammes] 4045
  Les Terreurs de Rigadin (Pathé 4390) [photogrammes] 4390
  Rigadin et la Locataire récalcitrante (Pathé 4534) [photogrammes] 4534

1912

   
  Rigadin et la baguette magique (Pathé 4875) [photogrammes] 4875
  Le Petit Jacques (Pathé 5601) [photogrammes] 5601

1913

   
  Rigadin-Napoléon (Pathé 6090) 6090
  Sans famille (Pathé 6350) [photogrammes] 6350
  Sherlock Holmes roulé par Rigadin (S.C.A.G.L.)  

1917

   
  La Proie (S.C.A.G.L.)  
  La Chanson du feu (S.C.A.G.L.)  
  Le Serment d'Anatole  
  La Bonne Hôtesse (S.C.A.G.L.) 1917 bonne hotesse

1919

   
  Madame et son filleul  
  Chouquette et son as (Pathé 8601) 8601
  Perdue (La Clef perdue) (Gaumont)  
  Si jamais je te pince ! (Pathé 8638) 8638
  Les Femmes collantes (Pathé 8666)  

1921

   
  Le Meurtrier de Théodore (Pathé 8737)  
  Une poule chez les "Coq" (Pathé 8753) 8753
  Romain Kalbris, Le roman d'un enfant (S.C.A.G.L.)  
  Sang des Finoël (Pathé 8874)  
  Chantelouve (Pathé 8825)  

1922

   
  La Revenante  
  Esclave (Films Pansini)  
  Judith (Pathé 8952)  
  Rigadin est enragé (Pathé 8972)  

1923

   
  Lucile  (Les Grandes Productions Cinématographiques)  

1924

   
  La Double Existence de Lord Samsey (Les Grandes Productions Cinématographiques)  
  L'Ironie du sort (Les Grandes Productions Cinématographiques) 1924 ironie du sort
  Altemer le Cynique  

1925

   
  Autour d'un berceau (Les Grandes Productions Cinématographiques) 1925 autour dun berceau
  Sans Famille (Les Grandes Productions Cinématographiques) 1925 sans famille 02

1926

   
  Le Chemineau (Les Grandes Productions Cinématographiques) 1926 chemineau

1927

   
  Miss Helyett (Les Grandes Productions Cinématographiques) 1927 helyett

1929

Les Fourchambault (Compagnie Générale de Productions Cinématographiques)  

1931

   
  La Chanson du Lin (Nord-Film)  

1932

   
  La Voix qui meurt (Coopera-Film) 1932 voix qui meurt

1933

   
  La Roche aux Mouettes (S.E.L.F.)  

1935

   
  Une nuit de noces  

1936

   
  Trois jours de perm (Étoile-Film)  

1937

   
  Le Choc en retour (Georges Monca et Maurice Kéroul) 1937 choc retour

 

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