Eugène PIROU
Tubœuf, 1841-Chaville, 1909
Jean-Claude SEGUIN
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Louis, Théodore Pirou (Ray, 18/05/1806-< 1871) épouse (Bourth, 30/01/1830) Éléonore, Francine Bourgeois (Apremont, 15/03/1808-Paris 5e, 29/05/1877). Descendance:
- Anne, Françoise Pirou (1830-Breuil-en-Auge, 29/03/1871)
- Zoé, Alexandrine, Joséphine Pirou (Bourth, 16/08/1832-Paris 5e, 05/04/1910)
- Théodore, Alexis Pirou (Bourth, 01/12/1833-Paris 18e, 01/10/1912) épouse (Paris 1er, 28/05/1861) Jeanne Emélie Aline Viardot. Descendance:
- Jeanne, Eugénie Pirou.
- Jean, Edmond Pirou.
- Paul, Jules Pirou.
- Louis, Eugène Pirou (Tubœuf, 26/09/1841-Chaville, 30/09/1909).
- épouse (Paris 12e, 15/06/1871) Émilie, Vincence Pansoja} (Turin, 20/07/1849-Paris 5e, 18/04/1880).
- épouse (Paris 16e, 02/12/1880) {tip Pierre Colas épouse Louise, Françoise Naquet. Descendance: Marie Colas épouse (Paris 16e, 26/12/1872) Jules, Louis Rion (Paris 3e, 22/08/1842-Paris 12e, 17/06/1877).}Marie Colas (Passy, 21/05/1855-Paris 5e, 07/01/1899).
- [tuteur 1885] Alice Louise Rion (Charenton, 28/02/1875-Paris 16e, 28/09/1898) épouse Louise Pattin.}Joseph Arthème Fayard (Paris 14e, 07/05/1866-1936).
- Louis, René Pirou (Paris 5e, 14/09/1885-Janville-sur-Juine, 18/01/1946) épouse (Paris 5e, 24/11/1914. Divorce: 22/12/1919) Georgette, Marie Renaud (reconnue: Mangold)(Paris 8e, 24/03/1888, rec. Paris 17e, 18/04/1905).
- Roger Eugène Pirou (Yerres, 22/06/1889-Saint-Denis, 20/11/1945) épouse (Paris 14e, 12/07/1910) Berthe, Marie, Lucienne Guinard (Provenchère, 22/05/1890). Descendance:
- Robert, Eugène, Louis Pirou (Chaville, 26/05/1911-Provenchère, 07/08/1911).
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Fils d'un serrurier, Eugène Pirou arrive à Paris vers 1858. De ces premières années, il reste le "toast" que lui offre son fils Louis Pirou, en 1903, alors qu'il vient de recevoir la Légion d'Honneur.
Louis Pirou, Toast prononcé au banquet offert par Eugène Pirou à l'occasion de sa nomination de Chevalier de la Légion d'Honneur, 12 juin 1903.
© Collection particulière.
Nous disposons en outre de la "monographie" d'Henri Cottereau qui évoque ainsi les premières années du futur photographe:
Ce jeune homme était Eugène Pirou qui avait alors 17 ans, et dont le père se plaisait à sculpter sur bois ou à dessiner, pour se distraire aux veillées du labeur quotidien. Peut-être devons-nous voir en ces tendances artistiques le principe qui poussa le fils vers la carrière où il devait se faire un nom. À Paris, le premier souci d'Eugène Pirou fut de trouver un gagne-pain; mais, comme il était modeste et timide, il se trouvait quelque peu désavantagé pour cette recherche ou plutôt pour la lutte qu'elle comporte. Néanmoins son extraordinaire bon sens, autant que les qualités d'extrême économie dont il usa pendant les premières années de son existence dans la capitale, le préparaient pour ses destinées futures. Les difficultés qu'il avait à subir l'éduquaient tout particulièrement pour l'avenir. Quoi qu'il en soit, il débuta comme employé dans une quincaillerie et ce aux appointements fabuleux de... 25 francs par mois, qui s'élevèrent progressivement jusqu'à 85 francs.
COTTEREAU Henri, "Cinquante-quatre ans de poses ! Organisation d'un grand atelier de Photographie", Mon bureau, 2e année, nº 4, avril 1910, p. 81.
En 1864, il loue, au nº 1 du boulevard Saint-Germain, une modeste baraque dans laquelle il installe sommairement une exploitation photographique dont il confie, pendant le jour, la garde à un de ses amis dont le temps est libre. Le soir, il rejoint son employé bénévole et se levant tôt, se couchant tard, il accomplit tout le travail manuel que demande l'exécution des clichés et des épreuves photographiques.
Eugène Pirou, "Homme bras croisés", 1 Bld St. Germain (c. 1868)
En 1868, il semble déjà avoir acquis une certaine reconnaissance lorsqu'il publie cette annonce dans le journal satirique Le Bouffon :
NOUVELLE PRIME À NOS ABONNÉS
Las d'attendre les Etrennes que nos lecteurs négligent de nous adresser, nous nous décidons à leur en donner nous-mêmes.
C'est le monde renversé; mais que voulez-vous, les petites cadeaux entretiennent l'amitié, et nous tenons à l'amitié de nos lecteurs, presqu'autant qu'à leurs pièces de cinq francs.
Pour les faire mieux repentir de leur oubli, nous leur offrons:
LEUR PORTRAIT (format album) magnifiquement photographié par M. Eugène PIROU, boulevard Saint-Germain, nº1, au rez-de-chaussée.
Une connaissance exacte de l'optique a permis à cet artiste d'apporter des modifications très-heureuses et très-importantes dans l'éclairage du modèle, et d'obtenir ainsi des épreuves, rivalisant avec celles des premières maisons connues jusqu'à ce jour.
M. Eugène Pirou, désireux de propager les heureux résultats qu'il a obtenus, offre à nos nouveaux abonnés, à titre de prime, absolument gratuite, un portrait album, d'une dimension de 0 m, 09 sur 0m, 13.
Nos souscripteurs peuvent donc se présenter chez M. Pirou qui, sur le vu de leur quittance ou du talon de leur photographie avec toute la perfection désirable.
Si après cela ils ne sont pas contents, nous leur expédierons deux témoins.
Le Bouffon, Paris, Troisième série, nº 104, dimanche 26 janvier 1868, p. 1.
Eugène Pirou figure parmi les photographes sollicités par la Commune afin de photographier les corps des gardes nationaux qui ont perdu la vie.
Eugène Pirou. Photographie posthume d'Édouard Lebasque, garde national tué pendant les combats de la Commune, mai 1871.
Source: Archives de Paris
Dès cette époque, tout un groupe d'amis: artistes, littérateurs, avocats... font de lui leur ami, et de sa baraque un lieu de réunion. Parmi eux, le célèbre caricaturiste André Gill dont il est un intime.
André Gill (Paris, 17/10/1840-Saint-Maurice, 01/05/1885).
Nadar, plus âgé, vient fréquemment chez son jeune camarade, il a coutume de frapper à la fenêtre de la baraque pour s'annoncer avant d'entrer. C'est vers cette époque qu'il est membre de la loge maçonnique des Sept Écossais réunis (1866-[1873]). Alors qu'il habite déjà au 3 boulevard Saint-Germain, il fait l'acquisition, le 20 juillet 1876, d'un terrain situé au 117, rue Monge pour la somme de 19.040 francs, qui devient une première succursale jusqu'à sa mise en vente (14 janvier 1880). La presse commence à évoquer le succès de son atelier:
La vogue est une belle chose. Un photographe du boulevard Saint-Germain, nº3, M. Eugène Pirou a vu passer tout le quartier latin dans ses ateliers. Tout Paris y viendra.
Le XIXe siècle, Paris, 30 juillet 1876, p. 3.
À la même époque, il dispose d'une seconde succursale au 85, avenue Bosquet (c. 1878).
Eugène Pirou (3 boulevard Saint-Germain), "Une enfant songeuse" (c. 1878).
Dans la continuité des photographies réalisées pour la Commune, il remet au dépôt légal (1880) un cliché des "socialistes révolutionnaires russes, lutteurs et martyrs" condamnés pour leur participation à l’attentat contre le tsar (14 avril 1879).
Dès le 23 février 1880, Eugène Pirou prend un bail de douze ans pour une maison située 8, rue des Feuillantines (également 7, rue Claude-Bernard). Peu après le décès de son épouse (avril 1880), il en prend un autre pour une parcelle (270,96 m2) située au 5, rue Saint-Germain, ce qui lui permet d'agrandir ses locaux photographiques. Il participe également à la constitution des collections des portraits des membres de la Société de Géographie (1882-1883) et de ceux de l'Institut de France (1884). Cette année, il participe à une manifestation internationale à Londres où il se fait remarquer:
THE INTERNATIONAL EXHIBITION AT THE CRYSTAL PALACE.
[...]
Mr. Robt. Faulkner has a silver medal for " children's portraits " ; and M. Eugene Pirou, of Paris, is similarly honoured. We noticed that M. Pirou's photographs were, perhaps, a little "retouched," but the lighting is excellent, the pose artistic, and the expression charactenzed by a happy and natural ease.
The Photographic News, vol. XXVIII, nº 1352, 1er août 1884, p. 495.
Le photographe est alors un artiste tout à fait reconnu, dont les portraits et clichés sont reproduits dans la presse nationale comme Le Monde illustré. Son implication professionnelle le conduit à rejoindre le Syndicat de la Photographie, puis la Société Française de Photographie (1884). L'un des tout premiers articles qui lui est consacré est publié cette même année dans le Voltaire:
LA PHOTOGRAPHIE INALTÉRABLE
Parmi les industries artistiques qui à notre époque atteint le plus haut degré de perfection, il n'en est point qui puisse être comparée à la photographie.
Dans les grandes assises de la paix, expositions nationales, françaises ou étrangères, nos artistes parisiens ont sans cesse soutenu le grand renom l’habileté et de goût qu’ils ont conquis. C’est à ce titre que nous sommes heureux de féliciter Pirou l'éminent photographe du boulevard Saint-Germain, nº5. Il vient d’obtenir successivement à Bruxelles, à Nice, à Orleans et à Londres, quatre récompenses de premier ordre et a été honoré parle le gouvernement français des palmes académiques ; témoignages officiels qui consacrent la valeur déjà si appréciée de cet artiste de race. Nous avons été heureux de le visiter dans son magnifique atelier et nous avons été réellement étonné de la beauté vraiment exceptionnelle de cet établissement modèle. Comme dispositions de grande allure, confortable et décoration attestant un goût artistique très pur, nous ne craignons pas d’affirmer que la maison Pirou doit occuper le premier rang parmi les établissements de ce genre. Les magnifiques portraits photographiques qui ornent ses salons pourraient former une galerie des grandes illustrations modernes: tous les grands noms de France y sont représentés. Généraux, magistrats, savants, auteurs illustres forment une galerie contemporaine des plus intéressantes. Sans entrer dans une énumération trop longue, nous signalerons pourtant comme un chef-d’œuvre un portrait de Mistral une beauté incomparable.
Ce qui distingue les produits de la maison Pirou c'est d'abord le procédé au charbon, qu’elle seule emploie avec une perfection absolue, le seul procédé qui assure à jamais l’inaltérabilité de l’épreuve et ensuite l’habileté avec laquelle l’opérateur sait saisir instantanément le mouvement et la vie dans le sujet qu'il reproduit. On peut dire des beaux portraits qui sortent de chez M. Pirou qu'ils ne sont pas posés et que l’objectif, se substituant à un grand peintre, a su saisir le mouvement familier avec l’expression véritable et le modelé le plus irréprochable. Joignez à ces qualités exceptionnelles une entente parfaite de la lumière et des ombres, et l’on comprendra le succès éclatant qui s'attache aux œuvres qui sont signées de ce maître.
E.S.Y.
Le Voltaire, Paris, vendredi 1er août 1884, p. 3.
Le 17 mars 1886, il revend son local de la rue des Feuillantines au photographe Armand Feldstein pour la somme de 5000 francs. Dans la foulée, il resigne un bail pour une maison située 23, rue Royale (24 septembre 1887). Ce dernier établissement va connaître un destin plus singulier. C'est en effet le 19 octobre 1889 qu'Eugène Pirou vend son atelier à Arthur Herbert avec l'autorisation d'utiliser le nom "Eugène Pirou".
Eugène Pirou est l'un des fondateurs, avec Léon Vidal, Gaston Braun, Léon Clément, Jean Albert Gauthier-Villars, Paul Nadar... de l'association L'Union Photographique (16 janvier 1890). En 1891, il met à la disposition des artistes parisiens un nouveau salon, situé boulevard Saint-Germain:
UN NOUVEAU SALON.-Le quartier des Ecoles est mal doté du côté des expositions artistiques. Les journalistes qui habitent le vieux quartier latin désirent combler cette lacune ; ils veulent réunir et mettre à la portée des étudiants et des personnes douées de goûts artistiques, les œuvres les plus modernes, les productions du jour. Leur but, en mot, est de faire, dans la vaste galerie élégamment emménagée et brillamment éclairée que l'excellent photographe Eugène Pirou a mise à leur disposition, boulevard Saint-Germain, un Salon d'accès libre et gratuit où nos peintres, graveurs et sculpteurs pourront montrer leurs œuvres.
L'Intransigeant, Paris, samedi 18 avril 1891, p. 3.
Dans ses ateliers, vont se former plusieurs photographes comme: Paul Berger, Louis Cyprien Courdurié, Gustave Émile Couder, Paul et Félix Antelme... Toutefois, ces années sont quelque peu ternies par la confusion sur le nom "Eugène Pirou" dont Arthur Herbert va tenter de tirer bénéfice:
L'amiral Gervais a quitté vers midi le palais de la rue Royale et, après un court arrêt chez le photographe Pirou, est allé déjeuner chez le capitaine de vaisseau Tabaraud, chef d'état-major général du ministre de la marine et l'un de ses plus intimes amis.
Le Pays, Paris, dimanche 30 août 1891, p. 1.
En revanche, d'autres personnalités se rendent bien chez le "vrai" Eugène Pirou, boulevard Saint-Germain:
S. M. Alexandre Ier, le jeune roi de Serbie, a visité hier la rive gauche, et est allé poser chez Eugène Pirou, 5, boulevard Saint-Germain.
Le jeune roi était accompagné de son père le roi Milan, d'un aide de camp et d'un secrétaire.
Le fils a posé en uniforme de colonel de l'artillerie serbe, avec le grand cordon de la Légion d'honneur, le grand cordon de l'ordre de Saint-André de Russie et de nombreuses décorations.
Le père a posé séparément, en redingote ornée de la rosette de la Légion d'honneur.
Gil Blas, Paris, 24 août 1891, p. 1.
Dès 1894, ce sont les frères Oscar et Georges Mascré qui deviennent les responsables de l'établissement de la rue Royale. À cette époque, Oscar Mascré est un peintre qui connaît une certaine notoriété. Quant à Georges Mascré, il figure, à cette adresse, comme photographe dès 1894:
MASCRÉ (Georges),-Photographe, 23, rue Royale, Paris.
Annuaire de l'Union du commerce et de l'industrie, Paris, Secrétariat de l'union fraternelle, 1895, p. 65.
Bien des années plus, dans des encarts publicitaires, la même date est indiquée.
Les Jeunes, Paris, 8e année, nº 16, samedi 16 avril 1910, p. 6.
C'est à nouveau, en 1896, que la presse évoque "Mascré, directeur de la maison Pirou, de la rue Royale." La revue La Vie parisienne offre, en 1897, une description assez détaillée de cet établissement:
Il nous reste un dernier hommage à rendre avant de clore cette description, il s'adresse à la maison E. Pirou, le photographe bien connu de la rue Royale.
L'élégante marquise qui signale l'entrée de ce superbe établissement sert d'abri à une charmante galerie où sont exposés toute une série de portraits, parmi lesquels on distingue les plus grandes notabilités françaises et étrangères. Mais ce qu'il faut le plus admirer dans cette intéressante exposition, c'est la ressemblance dépourvue de tout artifice, l'élégance sans afféterie de la pose et la netteté parfaite de chaque reproduction. Nous ne croyons pas qu'il soit possible de pousser plus loin ni d'élever à un plus haut sommet cet art merveilleux. Nous devons à la maison E. Pirou les clichés photographiques qui ont servi à reproduire les établissements qui figurent dans ce texte, que nos aimables lectrices, désireuses de faire fixer leurs traits, aillent s'assurer par elles-mêmes de ce que nous avançons : elles ne le regretteront pas.
En terminant, la Vie parisienne se fait un devoir d'adresser aux commerçants de la rue Royale qui. ont bien voulu lui donner leur précieux concours, toute sa gratitude, sentiment auquel le signataire de cet article est heureux de pouvoir s 'associer.
CHARLES FRANCK VALÉRY.
La Vie parisienne, 35e année, nº 18, samedi 1er mai 1897, p. 263.
Photographie Eug. Pirou, rue Royale
La Vie parisienne, 35e année, nº 18, samedi 1er mai 1897, p. 263.
De cette même époque, date un portrait d'Oscar Mascré pris, précisément, à la même adresse.
Oscar Mascré (c. 1898). "Notre grand-père, Oscar Mascré quand il avait environ 30 ans" |
Si, dès 1894, les frères Mascré ont été les responsables de l'établissement "Eug. Pirou", il semble pourtant que l'acquisition légale de l'atelier soit quelque peu postérieure. C'est en effet le 28 avril 1898, qu'Arthur Herbert (propriétaire domicilié en France chez François Bernard Prudhon, ancien clerc de notaire, 6, rue de Port-Mahon, lui-même demeurant à New York) vend aux deux frères le fonds de photographie "Photographie Eugène Pirou", situé au 23, rue Royale, pour la somme principale de 150.000 francs.
Le Monde illustré, Paris, 28 octobre 1899, p. 360.
Cette concurrence bien réelle fait de l'ombre au photographe Eugène Pirou. Il reste pourtant particulièrement actif, mettant au point de nouveaux procédés dont le suivant:
EUGÈNE PIROU
5, Boulevard Saint-Germain
PARIS
Par un nouveau procédé de son invention, M. Eugène PIROU est en mesure de photographier à domicile, et instantanément la nuit comme le jour, les portraits individuels, les réunions de famille, soirées, scènes d'intérieur, etc.
Ce procédé, contrairement à ceux mis en pratique jusqu'à ce jour, ne produit pas de fumée, ne dégage aucune odeur et ne cause aucun dérangement.
Les photographies faites par ce moyen ont un aspect artistique supérieur à celui des photographies obtenues par la lumière du jour.
Des spécimens sont soumis sur demande.
La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, Bordeaux, lundi 22 juin 1896, p. 4.
Le Cinématographe (1896-1902)
La collaboration avec Albert Kirchner ([juillet] 1896-[février] 1897)
L'écho du succès des présentations Lumière à Paris joue sans doute un rôle déterminant dans son intérêt pour le cinématographe. En mars 1896 pourtant, il dépose un brevet qui relève du domaine de la photographie:
255023. Brevet de quinze ans, 24 mars 1896; Pirou, représenté par Engelfred, à Paris, rue de Saint-Quentin, nº 8.-Lanterne de photographie à éclair photogénique, système E. Pirou.
Bulletin des lois de la République française, nº 1900, Paris, 1er janvier 1897, p. 1053.
Il édite également, en mai, un bel album, Nos actrices chez elles. Les liens qu'entretient Eugène Pirou avec Antoine Lumière et Clément-Maurice ne lui permettent pourtant pas d'obtenir un appareil de la maison de Monplaisir, qui n'est pas encore en vente en 1896. Aussi, Eugène Pirou va-t-il se mettre en quête d'une nouvelle solution. Il aurait écrit un courrier, en juin 1896, à George Eastman, dont le représentant en France est Paul Nadar, afin de pouvoir acquérir un vitascope. Cette lettre disparue aurait été publiée par Terry Ramsaye dans A Million and O Nights, mais la consultation de cette ouvrage - au moins dans sa première édition - ne fait pas apparaître cette missive. Il va finalement signer un "traité spécial" avec Henri Joly auquel il va fournir des vues cinématographiques comme on peut le lire dans le courrier suivant.
Henri Joly, Lettre à Gaston Prinsac, Vincennes, 25 juillet 1896
© Collection particulière
On peut y lire en particulier:
Par suite d'un traité spécial, la maison Pirou, 5, boulevard Saint-Germain, universellement connue pour ses travaux photographiques, est chargée de la fabrication des bandes destinées à nos appareils, ce qui est un gage de leur perfection, et nous aurons toujours des vues d'actualité et à bon marché.
Dans un autre courrier postérieur également adressé à Gaston Prinsac, Henri Joly évoque les vues d'Eugène Pirou:
On peut également s'adresser directement à la maison PIROU pour les bandes de rechange ou supplémentaires. Tous les jours les plus jolies femmes, les plus jolies actrices posent devant nos appareils, et nos scènes ne sont pas à comparer avec ce qui s'est fait jusqu'ici.
Henri Joly, Lettre à Gaston Prinsac, Vincennes, 11 août 1896.
Autant dire que la production "Pirou" est déjà lancée dès le mois de juillet 1896. Si Eugène Pirou est bien l'éditeur des vues animées, c'est pourtant Albert Kirchner qui en est le véritable auteur. Quant à Ernest Normandin, il semble plutôt apporter une contribution financière. Cette collaboration se prolonge jusqu'à l'hiver 1896-1897. On peut donc admettre que l'essentiel de la production "Pirou" au cours de cette demi-année est due à Albert Kirchner, soit une quinzaine de vues. À cette époque, Paul Antelme travaille déjà chez Pirou. C'est finalement au mois d'octobre, que le Grand Café de la Paix va accueillir le cinématographe d'Eugène Pirou.
Le Grand Café de la Paix (Paris, c. 1896)
Le Panorama. Paris s'amuse, Paris, Ludovic Baschet editeur, 1897.
La production "Pirou" est assez limitée et se distingue, principalement par son reportage sur le voyage du tsar à Paris:
Cinq jours à peine sont écoulés depuis l’entrée du tsar et de la tsarine à Paris et déjà, malgré la vive impression ressentie, le spectacle s’estompe, devient vague. Comme dans un brouillard, on entrevoit encore le brillant cortège, les cavaliers d'Afrique, les attelages de la présidence, Nicolas saluant militairement, l’impératrice en claire toilette répondant aux acclamations de la foule par de gracieux sourires, les officiers français et russes, les cuirassiers et les dragons-lanciers de l'escorte, tout fiers d’accompagner l'allié de notre pays, mais les détails ont disparu.
Ce que la pensée ne peut ressusciter, le cinématographe Eug. Pirou du café de la Paix le fait revivre.
Presque grandeur naturelle, ceux qui furent les idoles de Paris pendant trop peu de temps repassent devant les yeux et l'illusion est encore augmentée par l’éclat des fanfares, musiques, clairons, tambours qui — derrière un paravent — les saluent.
L'Événement, Paris, mardi 13 octobre 1896, p. 1
et, surtout, par ses déshabillés, dont le plus connu est Le Bain de la parisienne.
Albert Kirchner, Le Bain de la Parisienne (1896)
Lorsque la collaboration entre Eugène Pirou et Albert Kirchner prend fin - sans doute dans les premières semaines de 1897 - la production décroit. Le 4 février 1897, Eugène Pirou dépose 77 "vues cinématographiques à cinq perforations" (Registre du Dépôt légal, Ye 79. BNF). Une annonce, publiée dans les premiers jours de l'année 1897 laisse à penser qu'Eugène Pirou cherche à intensifier la diffusion et la vente de ses films.
Le Monde comique, 19e année, nº 997, Paris, 1er janvier 1897, p. 6.
Quelques jours plus tard, un début d'incendie se déclare au Café de la Paix:
Un commencement d'incendie qui a provoqué sur le boulevard des Capucines une vive panique s'est déclaré hier soir, vers onze heures moins un quart, au café de la Paix, dans la salle où le photographe Pirou a installé depuis plusieurs mois un cinématographe.
Au moment où se terminait la séance, et alors qu'il ne restait plus dans la salle qu'un très petit nombre de spectateurs, une quinzaine environ, une étincelle de charbon provenant de la lampe électrique qui alimente le réflecteur, tomba sur les pellicules photographiques à base de celluloïd qui s'enflammèrent communiquant le feux aux tentures. Celles-ci furent aussitôt arrachées, piétinées et mouillées, et tout danger était conjuré quand arrivèrent les pompiers.
Le Temps, Paris, mardi 19 janvier 1897, p. 2.
Cet incendie va donner lieu à une jurisprudence ainsi résumée:
Jurisprudence.
Tribunal Civil de la Seine (5e ch.)
[...]
Audience du 2 juin 1899
[...]
Ne doit pas être considéré comme un locataire, mais comme un associé du principal locataire d'un café, l'entrepreneur de cinématographe qui installe ses appareils dans le café, en prenant à sa charge les frais de personnel, de réclame et autres frais d'exploitation, et en stipulant que le principal locataire fournira le local et l'éclairage. Un tel contrat, en effet établit entre les parties une communauté des profits et des pertes.
Par conséquent, si un incendie se déclare dans le café, les Compagnies d'assurances ne sont pas recevables à invoquer contre l'entrepreneur de cinématographe la présomption de faute des art. 1733 et 1734. civ.,
L'Argus, 23e année, nº 1022, Paris, 24 septembre 1899, p. 615-616.
Plusieurs informations concordantes permettent de situer la fin de la collaboration au cours de ces premières semaines de l'année. Il est sans aucun doute significatif qu'Albert Kirchner et Paul Antelme déposent un brevet, le 8 janvier 1897, pour un "appareil chronophotographique perfectionné". Cela semble ouvrir une nouvelle étape dans leur carrière respective, ce que confirme Coissac :
Pareil à Thémistocle, Léar sent sa quiétude troublée par les lauriers de Pirou. Une noble émulation s'empare de lui ; il appelle un ouvrier de Joly, M. Héry et, ensemble ils combinent un appareil de prise de vues et de projections pour lequel un brevet est pris le 8 janvier 1897.
Guillaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe des origines à nos jours, Paris, Éditions du Cinéopse/Librairie Gauthier-Villars, 1925, p. 385.
Avec ce nouvel appareil, Albert Kirchner va donc avoir la possibilité de tourner lui-même des films et c'est au mois de mars 1897 qu'il rentre en contact avec Henri Levesque, alias Frère Basile-Joseph, le pro-directeur de l'Institution Saint-Nicolas.
Pour sa part, Eugène Pirou, qui ne semble pas capable de construire seul un nouvel appareil, va faire appel à des collaborateurs, ce qui va nous permettre de connaître une facette moins noble de sa personnalité comme le dévoile cet article publié deux ans plus tard:
Causerie artistique fort logique de M. Hamel sur la propriété artistique en matière de photographie, à propos du procès intenté à M. Mariani par le rapace photographe Pirou. Ce pirate de Pirou ne s’est pas toujours montré aussi respectueux de toutes les propriétés. Il me paraît intéressant de lui rappeler, au moment où il veut s’approprier les traits de tous ceux qui ont eu le malheur d’être en butte à ses objectifs, que c’est sa coutume de vouloir faire sien ce qui ne lui appartient pas. Voici environ deux ans, un de mes amis et moi nous proposâmes à M. Pirou un perfectionnement non brevetable pour son Cinématographe. M. Pirou s’empara de l’idée, la mit à exécution, gagna beaucoup d’argent avec et n’eut point la loyauté de tenir ses promesses vis-à-vis de nous. Ceci était bon à rappeler à cette heure. Pour en revenir à la question, puisque les photographes émettent la prétention d’être propriétaires des reproductions de notre tête faites par eux, je propose avec M. Hamel que, par un juste retour, s’ils désirent que leurs noms figurent au bas de nos clichés, nous exigions le paiement de cette publicité. Et puis, pourquoi parler de propriété artistique à propos de photographie ? M. Pirou se croit-il du génie ou même du talent ? M. Pirou ferait bien de se rappeler qu’il n’est pas plus forcément artiste qu’un arpenteur.
[...]
YVANHOÉ RAMBOSSON.
Mercure de France, Paris, 1er janvier 1899, p. 249.
Le Cinématographe Pirou ne va pourtant pas limiter ses présentations au Grand Café de la Paix de Paris, on le retrouve en effet tant en France qu'à l'étranger. Un premier appareil organise des projections à Gand (Belgique), entre le 15 novembre et le 25 décembre 1896 avec des vues déjà connues. Dans un secteur voisin, on présente en décembre Le Bain de la Parisienne à Calais au théâtre municipal. Dans le Sud de la France, un appareil Pirou donne des représentations à Nice à partir du 31 décembre 1896 et met un terme à ses projections à la fin du mois d'avril. Au cours de ce séjour, des opérateurs de la maison Pirou vont enregistrer plusieurs vues du Carnaval:
Nous avons lu dans le Figaro un article concernant le Cinématographe Pirou qui a, comme on sait, une installation au Casino de Nice. Des vues ont été prises à Paris dans l’hôtel du Figaro pendant le duel Pini-Kirchoffer. On nous les donnera sous peu à Nice. Quatre opérateurs de la maison Pirou arriveront à Nice le 17 pour prendre des vues du Carnaval. Elles seront plus tard projetées à Nice. Tous les jours, de 2 à 6 heures, programme pour les familles ; de 8 à 11 heures, programme général.
Le Petit Niçois, Nice, mardi 16 février 1897, p. 3.
Peu après, un cinématographe Pirou est à Marseille à l'Alcazar (mai), puis à Toulon (juillet). Dans ce dernier cas, l'opérateur est M. Alliès. En avril 1897, un cinématographe Pirou se trouve à Trieste. Grâce aux documents locaux, nous savons que Daniel Frankel pourrait être le représentant de Pirou en Italie. Pourtant, aucune autre trace de sa présence ailleurs. L'hypothèse a été émise d'un voyage dans l'Empire austro-hongrois, mais sans aucune source étayant cette thèse. Il semble que le rayonnement du cinématographe Pirou se soit ainsi limité aux zones ci-dessus évoquées, ce qui n'est pas le cas bien entendu de la production qui a amplement circulé. Les vues "érotiques" ont eu d'ailleurs un sort multiple puisque leur diffusion ne s'est pas limité au seul cinématographique puisqu'elles ont ainsi circulé dans les kinétoscopes:
A propos de la charmante ballerine, nous n'avons pas été médiocrement surpris, l'autre soir, d'entendre annoncer par le montreur d'un kinétoscope, situé dans le hall du Petit Parisien: "Le bain de la Parisienne et le désabillé [sic] du modèle, par Mlle de Mérode de l'Opéra."
Inutile de dire que la jeune personne qui a posé pour ces deux tableaux animés n'est nullement la gracieuse artiste de l'Académie de musique.
La Liberté, Paris, samedi soir 4 septembre 1897, p. 4.
Mais également sous la forme de flip books, comme en témoigne le suivant article:
Jouets de fin d'année.
On vend sur les boulevards de petits cinématographes de poche représentant diverses scènes faciles à reconstituer, telle: le Bain de la Parisienne, le Duel de deux gentlemen, la Nuit agitée, etc.
Mais voilà-t-il pas qu'un industriel avisé vient de lancer: le CRIME DE CARRARA!
On y voit le champignonniste assassinant le garçon de recettes Lamarre, le portant dans la champignonnière, le faisant brûler; bref, les principales étapes de cet assassinat sensationnel.
Un joli cadeau à faire... à un enfant!
Le Réveil, Paris, mercredi 29 décembre 1897, p. 2.
Quant à Eugène Pirou, il va impressionner des vues animées dans les années qui suivent. On sait peu qu'il va seconder Camille Flammarion dans des expériences sur "Le mouvement de rotation de la Terre représenté par le cinématographe" en 1897. De façon plus conventionnelle, il va tourner des vues générales ou des "actualités" dans les années qui suivent. Depuis 1899, au moins, il commercialise des cinématographes comme en témoignage la publicité ci-après que est publiée jusqu'en 1909.
Paris-Hachette 1899, Paris, Librairie Hachette, [1898], p. 5.
(annonce similaire en 1909)
En 1900, il est présent à l'Exposition et offre des projections de vues animées avenue Rapp jusqu'en octubre:
Notes d'élégance
Parmi les intéressantes attractions offertes aux nombreux visiteurs de l'exposition, les séances de cinématographie, données 37, avenue Rapp par Eugène Pirou seront certainement très suivies.
On sait avec quel art le portrait est traité 5, boulevard Saint-Germain, où toutes les illustrations françaises et étrangères forment une galerie unique dans son genre et très précieuse par ses multiples documents. Toutes les personnalités mondaines, politiques, scientifiques, artistiques, aussi bien que les personnages diplomatiques, les chefs d'Etats etc. ont été photographiées par Eugène Pirou devenu en quelque sorte le portrait officiel.
COMTESSE DE TRAMAR.
Gil Blas, Paris, lundi 7 mai 1900, p. 2.
Eugène Pirou va profiter de la visite du shah de Perse pour filmer ce dernier et sa suite avec la complicité du photographe Paul Boyer:
Le Schah de Perse
MM. Pirou et Boyer sont allés, hier matin, au palais des souverains, pour faire des photographies cinématographiques de S.M. le Schah et des personnes de sa suite.
Le Figaro, Paris, 1er août 1900, p. 2.
Il est d'ailleurs probable que plusieurs vues cinématographiques aient été prises comme le confirme l'entrefilet suivant :
Après le dîner, Sa Majesté a assisté dans les salons à un spectacle cinématographique qui lui a été donné par M. Pirou, photographe, qui lui a montré les principales vues prises depuis l'arrivée du shah à Paris.
Le Matin, Paris, 4 août 1900, p. 2.
On ignore si Eugène Pirou poursuit au-delà ses activités de cinématographiste, même s'il continue à faire le commerce des appareils de prise de vues.
Les activités photographiques (1900-1909)
La parenthèse cinématographiques de la carrière d'Eugène Pirou n'a pas mis un terme aux activités photographiques qui restent, malgré tout, l'essentiel de son œuvre et à laquelle il consacre le plus clair de son temps. En 1902, il inaugure une nouvelle installation :
Une des curiosités parisiennes qu'on doit visiter est la nouvelle installation d'Eugène Pirou, le photographe des célébrités contemporaines, 5, boulevard Saint-Germain. Cette installation -une merveille de science et d'art,- permet à l'excellent photographe d'opérer à la lumière artificielle, par tous les temps, même la nuit. Détail qui a bien son charme: les ateliers sont situés au rez-de-chaussée.
L'Éclair, Paris, 9 novembre 1902, p. 2.
Eug. Pirou, 5, boulevard Saint-Germain.
En 1903 il est fait chevalier de la Légion d'Honneur, C'est également cette même année qu'il inaugure son nouvel atelier, situé sur l'avenue de la Grande Armée
Un nouveau Prix
Nous recevons la communication suivante:
A Monsieur Frantz Reichel,
Rédacteur au Vélo.
Mon cher monsieur,
À l'occasion de l'ouverture de ma succursale dans le sportif quartier, 9 avenue de la Grande-Armée, j'ai l'honneur de vous informer que, désireux, moi aussi, de collaborer à votre vaillante et intelligente initiative, j'offre aux deux gagnants (amateur et professeur) des Championnats de boxe organisés par le Vélo, leur portrait, demi-grandeur naturelle.
Veuillez agréer, etc...
Eugène Pirou;
photographe,
5, boulevard Saint-Germain
9, Avenue de la Grande-Armée.
Le Vélo, Paris, jeudi 12 mars 1903, p. 2.
Annuaire illustré de la Cochinchine, Saïgon, 1905, p. 3.
En septembre 1904, un incendie se déclare chez son concurrent de la rue Royale, "la photographie Eug. Pirou", propriété des frères Mascré auxquels l'oppose un conflit de longue date, à la suite de la vente du fonds de commerce et de l'utilisation du nom "Eugène Pirou". Après plusieurs années, le photographe parisien va finalement attaquer en justice, en novembre 1907, les frères Georges et Oscar Mascré. On peut lire ci-après le compte rendu du tribunal qui permet de faire le point sur la situation :
LE TRIBUNAL,
Attendu qu'il est acquis aux débats que suivant acte reçu par Lefèvre, notaire à Paris, le 19 octobre 1889, Eugène Pirou a vendu à un sieur Herbert l'établissement industriel de photographie par lui exploité à Paris, rue Royale, nº 23, et cédé le droit au bail des lieux où il s'exploitait, mais qu'il s'est avéré aux termes dudit acte le droit d'exploiter sous son nom l'établissement similaire qu'il avait précédemment fondé à Paris, nº 5, boulevard Saint-Germain;
Qu'il était en outre stipulé à l'acte dont s'agit, que l'acquéreur ainsi que son successeur aura le droit de conserver le nom du vendeur avec tous les avantages qu'il comporte sur les enseignes, cartons, adresses, entêtes de lettres, factures, et en un mot pour tout ce qui concerne la publicité ;
Attendu que suivant un autre acte reçu par Mes Motel et Kastler, notaires à Paris, le 28 avril 1898, le sieur Herbert a, à son tour, cédé à Georges et Oscar Mascré, défendeurs au procès, la maison et l'établissement industriel de photographie connus sous le nom de « Photographie Eugène Pirou », exploitée à Paris, rue Royale, n;' 23, et avec tous les avantages, droits et obligations attachés au dit fonds ;
Attendu qu'à ce titre Georges Mascré, qui demande sa mise hors de cause, doit être retenu aux débats, le litige portant essentiellement sur l'interprétation de l'acte de vente qui l'a rendu propriétaire avec Oscar Mascré son frère, du fonds de photographie dont s'agit;
Attendu que Pirou prétend et fait plaider que les droits par lui cédés aux termes de l'acte du 19 octobre 1889 susrelaté, s'appliqueraient à l'établissement objet de la cession consentie au dit acte, à l'exclusion de tout autre établissement de même nature que l'acquéreur pourrait acheter ou créer ; que Mascré frères ayant transféré le fonds à eux cédé ne sauraient plus se prévaloir de ces droits ; que d'ailleurs le fonds en question aujourd'hui exploité par eux aurait fait l'objet de plusieurs cessions successives ; qu'au surplus de la teneur de l'acte de vente du 19 octobre 1889, il résulterait que dans l'intention des parties, le droit pour l'acquéreur de porter le nom de Pirou devait s'éteindre avec le bail cédé par le dit acte, c'est-à-dire au 1er avril 1906 qu'il se serait d'ailleurs écoulé depuis la vente un délai suffisant pour permettre au possesseur actuel d'établir la réputation et la notoriété de la maison cédée ; qu'enfin Mascré frères auraient fait du nom de Pirou un usage manifestement abusif et illicite : premièrement, en se faisant appeler et en signant " Eugène Pirou ", en faisant de la publicité dans les journaux en se dénommant " le portraitiste Eugène Pirou ", enfin en présentant dans leur maison et dans leurs ateliers un de leurs employés comme étant Eugène Pirou lui-même aux personnes qui demandent a voir ce dernier ;
Attendu qu'Eugène Pirou demande de voir dire et juger que Mascré frères n'ont pas ou n'ont plus le droit de se servir en aucune manière du nom de Pirou et qu'en raison des faits et circonstances susrappelés, il doit leur être fait défense de faire usage du dit nom, et ce à peine de 100 francs par chaque contravention constatée, laquelle astreinte lui serait acquise à titre de dommages-intérêts ;
Mais attendu qu'il est justifié que Pirou a cédé son fonds de commerce exploité, rue Royale à un sieur Herbert en 1889, avec le droit pour celui-ci et son successeur de conserver le nom de Pirou ;
Attendu que ce droit, ainsi tombé dans le patrimoine du dit sieur Herbert, est devenu une propriété transmissible sans limitation de durée ;
Que dès lors on ne saurait contester à Mascré frères l'usage de ce nom comme étant aux droits du cessionnaire primitif ;
Qu'on ne saurait d'ailleurs d'autant moins le faire que ce nom constitue en l'espèce une grande partie de la valeur de la chose vendue par Pirou ;
Qu'en effet le prix de vente relativement élevé d'un fonds de commerce ne comportant qu'un matériel et un agencement d'une minime importance et ayant alors à peine deux années d'existence, démontre bien que la propriété du nom cédé était réellement la condition essentielle du contrat et légitimait l'importance du prix de cession ;
Que d'ailleurs la dite cession est licite alors qu'Eugène Pirou n'a pas aliéné d'une façon totale et définitive le droit de se servir de son nom patronymique et qu'il a au contraire conservé et continué à exploiter sous son nom l'établissement de photographie qu'il possédait précédemment, n° 5, boulevard Saint-Germain ;
Attendu, dans ces conditions, que la demande de Pirou tendant à voir dire que Mascré frères n'ont pas ou n'ont plus le droit de se servir en aucune manière du nom de Pirou est mal fondée et ne saurait être accueillie.
Sur la demande subsidiaire :
Sur 10.000 francs de dommages-intérêts et sur les conclusions reconventionnelles :
Attendu qu'Eugène Pirou demande subsidiairement et pour le cas où le Tribunal déciderait qu'ils ont encore le droit de se servir de son nom, que Mascré frères soient tenus de faire précéder le nom d'Eugène Pirou de la mention "Maison fondée par Eugène Pirou", et ce avec la défense de prendre d'autres dénonciations ;
Mais attendu que les avantages et obligations concédés par Pirou dans l'acte de vente du 19 octobre 1889 ne contiennent rien de semblable ;
Qu'il ne saurait être ordonné une telle modification sans que les droits de l'acquéreur se trouvent sensiblement diminués ;
Que d'ailleurs toute restriction de cette nature serait contraire aux susdites conventions qui font la loi des parties et qui doivent recevoir leur pleine et entière exécution ;
Attendu que la seule restriction qui puisse être apportée à l'emploi du nom de Pirou ne saurait être légitimée que par l'usage abusif et excessif qu'en pourraient faire les frères Mascré ;
Qu'il n'est pas démontré que les défendeurs aient fait un usage abusif du nom de Pirou ;
Qu'en tous cas si dans la commune intention des parties l'acquéreur avait le droit de faire usage du nom de Pirou sur les enseignes, cartons, adresses, cartes, entêtes de lettres, factures, et en un mot pour tout ce qui concerne la publicité, c'est à la condition de n'en point faire un usage abusif de nature à préjudicier aux intérêts d'Eugène Pirou ou d'engager sa responsabilité;
Que le fait, en dehors de la publicité commerciale faite par Mascré frères pour faire valoir leurs travaux et rechercher la clientèle, de signer au nom de Pirou la correspondance, les effets de commerce, les acquits de factures et généralement tous les livres ou pièces comportant une signature manuscrite et ne concernant pas la publicité proprement dite, serait de nature à créer une confusion entre les personnes mêmes et à tromper les tiers ;
Que Mascré s'est si bien rendu compte des inconvénients de cette situation qu'en ses conclusions motivées il demande acte de ce qu'il n'entend pas signer du nom de Pirou la correspondance, les effets de commerce, les acquits de factures et généralement tous les livres ou pièces comportant une signature manuscrite et ne concernant pas la publicité ;
Qu'il convient de lui donner l'acte qu'il requiert de ce chef et comme sanction de lui interdire de ce faire, comme également de se présenter ou de faire présenter qui que ce soit comme étant Pirou lui-même, le tout sous astreinte par chaque contravention constatée, laquelle sera ci-après déterminée et acquise à Pirou à titre de dommages-intérêts, sans qu'il y ait lieu d'allouer à ce dernier qui ne justifie d'aucun préjudice la somme de 10.000 francs qu'il réclame comme dommages-intérêts.
Sur la remise d'une procuration notariée :
Attendu qu'il résulte de tout ce qui précède qu'aux termes de l'acte du 19 octobre 1889, Mascré avait acquis avec la possession du fonds de commerce de photographie tous les avantages et droits y attachés ;
Que notamment la clientèle et la correspondance se présentant n° 23, rue Royale, lui appartiennent ;
Attendu qu'il va lui être fait ci-après défense d'une façon absolue de signer du nom de Pirou d'une signature manuscrite.
Que Mascré est donc fondé a exiger de ce dernier qu'il lui remette une procuration notariée à l'effet de retirer les lettres mandées ou chargées, de donner décharge des chèques, mandats, bons de poste et coetera, qui peuvent être adressés rue Royale, au nom de Pirou, dont l'acte sus-visé lui confère le droit de faire usage dans les conditions sus indiquées ;
Qu'il échet en conséquence de faire droit sur ce point aux conclusions de Oscar Mascré;
PAR CES MOTIFS,
Le Tribunal, jugeant en premier ressort,
Donne acte à Oscar Mascré de ce qu'il n'entend pas signer du nom de Pirou la correspondance, les effets de commerce, les acquits de factures et généralement tous les livres ou pièces comportant une signature manuscrite et ne concernant pas la publicité ;
Lui fait défense de signer du nom de Pirou les dites pièces ou documents, et de se présenter ou de faire présenter qui que ce soit comme étant Pirou lui-même, et ce sous une astreinte de 30 francs par chaque contravention constatée qui demeurera acquise à Pirou à titre de dommages-intérêts ;
Statuant sur les conclusions reconventionnelles de Oscar Mascré ;
Dit que dans la quinzaine du présent jugement et sous une astreinte de 50 francs par chaque jour de retard pendant un mois passé lequel délai il sera fait droit, Pirou sera tenu de remettre à Mascré une procuration notariée à l'effet de lui permettre de retirer les lettres recommandées ou chargées, d'acquitter les chèques, de donner décharge ou acquit des mandats ou bons de poste qui pourront être établis ou adressés au n° 23 de la rue Royale, au nom de Pirou, ou Eugène Pirou, ou maison de photographie Pirou, ou maison de photographie Eugène Pirou ;
Déclare respectivement Eugène Pirou mal fondé en le surplus de ses demandes, fins et conclusions et Oscar Mascré en le surplus de ses conclusions reconventionnelles ;
Les en déboute.
Sur appel de M. Eugène Pirou, la 4e chambre de la Cour de Paris a, à la date du 12 novembre 1908, sous la présidence de M. VALABRÈGUE, sur les conclusions de M. l'avocat général FOURNIER et les plaidoiries de Mes JEANNINGROS et CLARETIE, confirmé en ces termes la décision du Tribunal :
LA COUR,
Adoptant les motifs des premiers juges et considérant en outre qu'aucune limitation dans la durée du droit conféré par Pirou à Herbert ou à son successeur n'a été stipulé dans le contrat du 19 octobre 1889 ; que G. et 0. Mascré successeurs immédiats de Herbert peuvent donc faire usage du nom de Pirou dans les conditions déterminées au jugement entrepris ;
PAR CES MOTIFS,
Confirme.
Annales de la propriété industrielle, 1er janvier 1909, p. 294-298.
Malgré tout, Eugène Pirou est débouté de sa plainte, même si les frères Mascré ne sont pas autorisés à utiliser sa signature et doivent s'en tenir au nom "Photographie Eugène Pirou". L'appel de 1908 ne change rien à la première décision.
Dès 1907, l'atelier de l'avenue de la Grande-Armée est mis en location:
Locations
À louer pavillon particulier, tr. coquettement installé av. galerie vitrée, pouv. convenir à photographe, peintre, sculpteur ou une profession de luxe, 9, av. de la Grande-Armée. Pr traiter, s'adr. à M. Pirou, 5, bd. St-Germain.
L'Intransigeant, Paris, vendredi 22 mars 1907, p. 2.
Grâce à la "monographie" d'Henri Cottereau, publiée en 1910, nous disposons d'un précieux témoignage sur l'organisation des ateliers et sur le remarquable classement de l'ensemble des clichés opéré depuis de très nombreuses années :
Cinquante-quatre ans de poses !
Organisation d'un grand atelier de Photographie.
[...]
Organisation
Examinons les méthodes de cette vaste maison où l’organisation joue un rôle très important, attendu que les archives contiennent plus de 500.000 clichés dont les épreuves imprimées remplissent plus de 60 énormes in-folios.
Dès que le client a fait son choix, sa commande reçoit un numéro, est inscrite sur un livre à souches, comportant :
1° Un bulletin détachable qui est remis au client, sur lequel sont inscrits le numéro, les indications, le prix et la date de livraison de sa commande.
2° Une colonne pour les indications, le nom et le numéro.
3° Une colonne pour le prix fait pour les portraits.
4° Une colonne pour la somme versée.
5° Une colonne pour les sommes restant dues et qui devront être perçues, soit à la livraison du travail, soit suivant un mode convenu au préalable avec le client.
Le livre à souches va à la caisse et le client reçoit un deuxième bulletin portent le numéro de la commande et le détail, mais sans aucun prix, car ce bulletin est remis à l’opérateur qui vient chercher le client au salon et qui exécute la commande suivant qu’elle se trouve indiquée.
Quand il s’agit d’un rappel, c’est-à-dire d’un renouvellement de commande sur d’anciens clichés, ce rappel est inscrit sur le même livre à souches, mais à l’encre rouge et les bulletins remis aux clients sont également écrits à l’encre rouge, de sorte que la couleur de l’encre indique s’il s’agit d’une recherche à faire dans le magasin de clichés ou d’une commande nouvelle à exécuter.
Les clichés faits dans la journée sont descendus chaque matin à la caisse pour être soumis au contrôle du caissier qui examine s’ils sont conformes à la commande et qui inscrit alors au crayon, sur la gélatine du cliché, le numéro de la commande dont ils font l’objet, en même temps qu’il marque d’un R, sur son livre à souches, les commandes dont il a ainsi vérifié les clichés, ce qui signifie qu’ils sont reçus.
Aussitôt que les épreuves de ces clichés ont été tirées, on en colle une de chaque pose sur les registres in-folios dont nous avons parlé, dénommés livres-types, qui comportent des cases pour chaque numéro, c’est-à-dire pour chaque commande.
Livre des types sur lesquels sont collées les épreuves de chaque cliché fait pour les clients
Notre illustration indique, du reste, comment se fait cette opération. On comprend donc combien les recherches deviennent faciles, lorsque même, après 25 ou 30 ans, un client redemande des portraits d’après d’anciens clichés, car on n’a qu’à consulter le livre-types pour savoir les poses qui ont été faites et le rayon dans lequel ces clichés se trouvent logés dans le magasin.
Le mécanisme de cette organisation est donc des plus simples : le livre à souches porte toutes les indications utiles pour le contrôle financier de l’affaire ; le livre-type, c’est-à-dire celui sur lequel sont collées les épreuves, est un répertoire illustré de la clientèle et des clichés que possède la maison. Il sert, en même temps, de deuxième contrôle puisque le manutentionnaire porte au-dessus des types qu’elle vient d’y coller le nombre des épreuves tirées, marque d’un timbre humide la date à laquelle elle a fait la livraison des portraits à la caisse, car tout part de la caisse et tout y revient pour assurer l’unité du contrôle.
C’est encore la manutentionnaire qui reçoit les clichés du. retoucheur, après que l’opérateur a vérifié les retouches,'' elle les inscrit à leur date et sous leur numéro d’ordre avec l’indication du nombre de poses et les passe au tirage, de sorte une s’il y avait casse ou retard on saurait d’où proviennent ces accidents ou ces irrégularités.
Les clichés sont rangés par centaines sur des rayons, c’est-à-dire que chaque compartiment contient toujours cent clichés, ce qui facilite énormément les recherches. Au bout de 20 ans les clichés sont mis en boîtes pour mieux en assurer la conservation; mais, pendant les 20 premières années, ils sont simplement placés debout dans les compartiments et chacun porte une étiquette très apparente sur laquelle est indiqué son numéro d’ordre.
On a créé un répertoire spécial pour les célébrités de toutes sortes dont la maison possède plus de 10.000 clichés, cela afin de faciliter les recherches et hâter l’exécution des commandes qui se produisent pour certains de ces portraits dans nombre de circonstances.
L’examen des services de cette maison dénote un souci constant de clarté et d’ordre, mais avec les méthodes modernes il serait possible de le simplifier et d’économiser un temps considérable en adoptant le système des fiches classées alphabétiquement et par lettres forcées :
Sur le recto de la carte-fiche on inscrirait dans l’angle du haut et à gauche, les noms et prénoms du client ; dans celui de droite le numéro de sa commande et des clichés faits pour lui ; plus bas les dates, nature et montant des travaux exécutés d’après ces clichés.
Au verso (à l’envers) on collerait les épreuves qui se trouvent actuellement sur le livre-types, de sorte que la carte remplacerait le répertoire et le livre- types.
Les recherches seraient facilitées en ce sens que les cartes se prêtent à un classement ‘exact, ce que l’on ne peut obtenir d’un répertoire sur un livre où il faut inscrire les noms à la suite, si bien qu’Aristide peut, par exemple, précéder Abel, ce qui n’existerait pas avec les fiches. Le livre de types serait supprimé du fait que l’on trouverait à l’envers de la fiche les spécimens de portraits exécutés et point ne serait nécessaire de consulter les livres à souches pour connaître les dates de commandes antérieures et les prix demandés puisque tout se trouverait consigne sur la carte-fiche.
La triple recherche nécessitée actuellement disparaîtrait donc puisque le livre à souches, le répertoire et le livre des types se trouveraient résumés sur une seule fiche pour chaque commande ou client et le classement serait facilité parce que les cartes-fiches pourraient être classées dans un ordre alphabétique des plus rigoureux, c’est-à-dire : AA — AB — AC — et ainsi de suite, ce que l’on ne peut faire sur le répertoire registre.
Ce système serait difficilement rétroactif dans une grande galerie, comme celle de M. Pirou, car la dépense de temps et d’argent pour répertorier sur fiches 500.000 clichés serait fantastique, mais il serait facilement applicable et pratique pour les clichés nouveaux.
COTTEREAU Henri, "Cinquante-quatre ans de poses ! Organisation d'un grand atelier de Photographie", Mon bureau, 2e année, nº 4, avril 1910, p. 82-83.
Eugène Pirou s'éteint à Chaville en 1909. Les différents ateliers vont continuer à fonctionner par la suite. Tout d'abord, celui du 5, boulevard Saint-Germain que reprennent ses enfants Louis et Roger Pirou. Les locaux sont vendus (13 avril 1923) et l'atelier disparaît (1931). Quant au local du 23 rue Royale, repris par les frères Georges et Oscar Mascré dès 1894, il prend, par la suite, le nom d' "Otto et Pirou".
Bilbiographie
BLOT-WELLENS Camille et Thomas CAZENAVE, "Collection Otto et Pirou" dans Chroniques, Bulletin de la Bibliothèque nationale de France, Paris, nº 73, avril-juin 2015, p. 21.
BLOT-WELLENS Camille, "Eugène Pirou, portraitiste de la Belle Époque", Revue de la BNF, 2015/2, nº 50, p. 86-95.
COTTEREAU Henri, "Cinquante-quatre ans de poses ! Organisation d'un grand atelier de Photographie", Mon bureau, 2e année, nº 4, avril 1910, p. 81-83.
DESLANDES Jacques, Le Boulevard du cinéma à l'époque de Georges Méliès, Paris, Éditions du Cerf, 1963, 108 p.
DURAND Marc, De l'image fixe à l'image animée 1820-1910, Pierrefitte-sur-Seine, Archives Nationales, p. 2015.
JACQUOT Olivier, "Eugène Pirou, du portrait à l'image animée", Hypothèses. Centre de la recherche à la Bibliothèque nationale de France, BNF, 19 juin 2017.
Remerciements
Marc Durand.
3
La production Pirou est due à plusieurs cinématographistes et l'attribution des vues à l'un d'eux reste souvent délicate. Compte tenu du rôle d'Albert Kirchner dit "Léar", on peut penser qu'il est l'auteur principal des films tournés entre juillet 1896 et février 1897, mais cela relève d'une hypothèse qu'aucune source ne permet d'asseoir. Par la suite, Eugène Pirou lui-même tourne des vues, secondé à l'occasion par Paul Boyer (1900).
1897
Une dispute de cocher (Pirou)
Danse espagnole (Pirou)
Noël en Alsace (Pirou)
Quadrille Louis XV, Menuet (Pirou)
Tentation de saint Antoine (Pirou)
Assaut d'armes entre Pini et Kirchhoffer (Pirou)
Leçon d'armes entre Pini et Kirchhoffer (Pirou)
Le Mouvement de rotation de la terre
1898
Le Défilé des automobiles fleuries
1899
Le Match de football entre le Club Français et le Standard Athletic Club (12 février)
Les Obsèques du président Félix Faure (23 février)
Sa Gracieuse Majesté la Reine d'Angleterre à Nice (12 mars- 2 mai)
Inauguration du monument à la mémoire de S. M. l'Impératrice Elisabeth d'Autriche au Cap Martin (6 avril)
Arrivée du commandant Marchand à Toulon (30 mai)
Le Débarquement à la gare de Lyon (2 juin)
La Scène des décorations (2 juin)