Joseph, Guillermin, Omer CAHUZÈS, dit Guillemain OMER

(Muret, 1858-Paris, 1915)

omerguillemain

Jean-Claude SEGUIN

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Jean Pierre Cahuzès (-≤ 1915) épouse Jeanne Maubaret (-≥ 1915). Descendance :

  • Joseph, Guillermin, Omer Cahuzès dit Guillemain Omer (Muret, 09/09/1858-Paris 19e, 25/03/1915).

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Les origines (1858-)

Fils d'un caissier, Joseph Guillermin Omer Cahuzès, originaire de la Haute-Garonne, doit à son père d'avoir fréquenté un gymnase et d'être devenu acrobate :

Il nous a apprìs que dans sa jeunesse, il était si délicat, que son père, caissier de son état, lui fit fréquenter un gymnase pour l'aider à se développer. "Je pris", nous dit M. Omer, "un goût très vif pour ces exercices, et je devins en peu de temps un très habile acrobate. Mon audace surprenait et déroutait mon professeur, qui entrevit pour moi une carrière dans le métier d'acrobate. Il en parla à mon père, qui finit par se laisser convaincre. Je me perfectionnai, et trouvai un engagement au cirque.


La Presse, Montréal, jeudi 31 août 1905, p. 10.

est l'élève de Léotard. Il fait ses débuts, à l'âge de douze ans (1868) , au casino de Toulouse, dans des exercices de voltige, puis passe au cirque Fernando où il crée le Tunnel de feu. Omer va aussi se travestir en femme avec un réel succès :

Comme je vous l'ai dit j'étais alors mince et délicat et l'idée me vint de jouer habillé en femme. À cette époque les femmes n'étaient pas sur le trapèze de la force qu'elles sont aujourd'hui, et je remportai un éclatant succès. Après un certain temps cependant, je me fatiguai de ce déguisement, et c'est de ce moment que je commençai à faire mon nom. Des occasions superbes s'offrirent.


La Presse, Montréal, jeudi 31 août 1905, p. 10.

Après son service militaire, il reprend son rôle dans Notre Dame de Paris. et il va se faire un nom :

Je fus une véritable mascotte pour tous les théâtres où je jouai, et je crois que c'est là autant que mes capacités, ce qui m'a fait ma vogue et ma réputation.


La Presse, Montréal, jeudi 31 août 1905, p. 10.

Par la suite, on le retrouve en province où il intervient, avec sa troupe, dans Le Petit Poucet, le Voyage de Suzette, Cendrillon, Kokambo, Le Voyage en Suisse...Ce dernier spectacle, le plus célèbre sans nul doute, est une oeuvre d'Ernest Blum et  de Raoul Toché, créée, le 30 août 1879, au théâtre des Variétés par la troupe de pantomimes les Hanlon-Leed Brothers. Omer et sa troupe reprennent, à partir de 1892, ce vaudeville qui constitue leur plus grand succès et ils le présentent en  France et à l'étranger. On retrouve ainsi les Omer's, en Belgique en décembre 1892, puis en avril 1893. La troupe se rend également à Barcelone, en août 1893, où la presse ne tarit pas d'éloges:

Los artistas Omer's, qe son una especialidad en la ejecución de pantomimas, llamaron mucho la atención del numeroso público que aisistió al espectáculo, alcanzando repetidos aplausos. Trabajan con grandísima seguridad, aun en los más arriesgados ejercicios, demonstrando que es perfectamente justa la fama de que gozan.


La Dinastía, Barcelona, 27 août 1893, p. 3.

En septembre, les Omers sont de retour en Belgique pour présenter ce même vaudeville. La troupe se rend également en Argentine en décembre 1897 où ils donnent des représentations au théâtre Victoria :

Victoria.-Como era de esperar, acudió anoche crecida concurrencia á la primera representación del Viaja a Suiza con que debutaba la compañía de los Hanlon-Lees Omer. La expectativa despertada por este género de espectáculo no quedó defraudada, y el público celebró con ruidosa y alegre algazara muchos de los lances cómico-acrobáticos en que abunda esta divertida obra.


La Nación, Buenos Aires, jueves 23 de diciembre de 1897,  p. 3. 

M. Omer's se retrouve, en 1898, dans Le Tour du monde d'un enfant de Paris. En 1900, il crée le rôle mime du Monstre, dans le Monstre et le Magicien, de Ferdinand Dugué. Lui-même évoque d'autres oeuvres :

Je m'entourai d'artistes très forts, et nous avons créé une foule d'oeuvres dont les principales sont : "Les Saltimbanques", "le Jockey malgré lui, "Le Papa de Francine", "Le pied de mouton", "Robert Macaire", "L'auberge du Tohu Bohu", "Les Sept châteaux du Diable", etc.


La Presse, Montréal, jeudi 31 août 1905, p. 10.

L'auteur Ernest Blum, quelques années après rend hommage aux Omer's et à leur directeur :

Je dois dire, pour rendre hommage à la vérité, que dans la troupe des Omer's, qui égaye en ce moment le Voyage en Suisse aux Folies-Dramatiques de ses joyeux et étonnants exercices cet homme supérieur existe également, c'est le directeur de la troupe, Omer, un Français qui a l'esprit presque aussi inventif que son prédécesseur William. William Hanlon n'était, lui qu'un simple Irlandais ainsi que ses frères.


Ernest Blum, "Journal d'un vaudevilliste", Le Stéphanois, Saint-Étienne, 9 juin 1903, p. 1.

Le Cinématographe (1902-1906)

C'est en [1902] que les Omer's tournent, dans Les Cambrioleurs modernes, une production Pathé qui connaît un très grand succès. L'année suivante, ils renouvellent l'expérience avec Un voyage au pays des brigands (1903).

cahuzes joseph 1904 portrait
Le Rideau artistique et littéraire, 7e année, nº 314, 1er janvier 1904, p. 1.

Peu après, ils vont tourner plusieurs films sous la direction d'Alice Guy qui travaille pour Gaumont:

À peu près à la même date, j'engageai une troupe d'acrobates anglais, les O'Mers avec lesquels j'eus le plus grand plaisir à travailler. Jeunes, pleins d'entrain, de gaîté, de courage, ils acceptaient les rôles les plus ingrats.
Nous fîmes ensemble, entre autres :
Une noce à Robinson sur des ânes avec acrobaties dans les arbres ;À la recherche d'un appartement, où le plancher s'écroulait, le lustre leur tombait sur la tête ; le Départ pour les vacances avec les valises impossibles, le fond du fiacre se défonçant, le conducteur irascible ; le Déménagement à la cloche de bois, les ruses pour dépister la concierge, l'équilibre instable des meubles.
Enfin, la Mariée du lac Saint-Fargeau, film inspiré d'un conte de Paul de Kock.


GUY Alice, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, p. 75-76.

Toutefois, Alice Guy s'attribue abusivement le film Départ pour les vacances qui est une production anglaise (juillet 1904) de la Clarendon Film Co, et dont le titre original est Off the Holidays.

En 1905, G. Omer tente l'aventure américaine. À bord du Sardinian, il embarque avec une petite troupe et arrive à Montréal le 26 août 1905. Ses compagnons de voyage s'appellent Henri Rastrelli, Léon Rolin (22 ans), Ernest Servas (23 ans), Antonio [Leves] (43 ans), Mrs Emily M Spirit (22 ans), Geo Georges (31 ans) et Corselis Benoni Louis (32 ans). On doit à Max Bonnet des informations quelque peu confuses, sur ce séjour en Amérique :

M. ONESIME.-La genèse de Rastrelli en Amérique, je vais vous l'expliquer tout de suite. Il est parti, il a sauté comme pas un, et c'est Fabre qui l'a fait travailler pour lui permettre de payer son voyage pour rentrer en France.
M. MAX BONNET.-Il était parti en Amérique avec HOMERS.
M. ONESIME.-C'est l'histoire avec Homers. Ils ont fait de mauvaises affaires et Homers les a laissé tomber. Il y avait BOBO, qui crachait ses dents, RASTRELLI, la troupe, quoi.
Ils ont monté une autre petite troupe au Canada, pas en Amérique, et ils ont gagné quelques ronds pour revenir en France.


Commission de la recherche historique de la Cinémathèque française. 10 décembre 1949.

Les Omers vont participer à l'opéra comique de Maurice Ordonneau, Les Saltimbanques qui est donné au Théâtre français, en septembre :

THÉATRE FRANÇAIS
"LES SALTIMBANQUES"
"Les Saltimbanques", l'amusant opéra comique de Maurice Ordonneau et L. Ganne, ont été très applaudis, hier, au Théâtre Français, par un auditoire aussi nombreux que choisi. Il eut été difficile que cette pièce, qui est toute d'harmonie et de gaieté comique, avec une pointe de sentiment, n'obtienne pas ici le franc succès qui l'a accueillie déjà, à la "Gaité", de Paris.
Dans la parace, les Omers nous montrent, dans les "Gigoletti", des exercices acrobatiques des plus difficiles et les plua amusants. Ces excellents pantomimistes se sont surpassés. Quant à Mme Mac Spirite, elle tient son public sous le charme et ses danses sont très applaudies.
[...]
Le semaine prochaine commençant lundi, matinée, le 18 septembre, on donnera pour la première fois à Montréal "Le Jockey Malgré Lui", opérette en 3 actes de MM. Maurice Ordonneau et Paul Gavault, musique de V. Roger. Au 2ème acte, la célèbre pantomime "Les Cambrioleurs", créée par les Omers et jouée par eux plus de 3,000 fois en France dans "le Papa de Francine."


La Maison moderne, samedi 16 septembre 1905, p. 233.

rastrelli amedee 1917 portrait geo portrait mcspiret portrait
Henri Rastrelli M. Géo Mlle McSpiret
  La Maison moderne, Montréal, samedi 2 septembre 1905, p. 209.

Et après... (1907-1915)

Guillemain Omer ne délaisse pas le cinématographe au cours des dernières années de son existence. il va ainsi être la doublure d'Alexandre Arquillière dans la série des Zigomar : Zigomar (Victorin Jasset, 1911), Zigomar, roi des voleurs (Victorin Jasset, 1911), Zigomar contre Nick Carter (Victorin Jasset, 1912), Zigomar, peau d'anguille (Victorin Jasset, 1913). Étienne Arnaud évoque cet acrobate remarquable :

Cet artiste, c'était un clown, un acrobate, que toute une génération a applaudi au temps où le "Papa de Francine" et "Le Voyage en Suisse" faisaient la joie des Boulevards et des Théâtres de province : M. Omer.
M. Omer, remarquablement maquillé "doublait" Arquilière dans les scènes dangereuses ou simplement acrobatiques. Lorsque Zigomar-Arquilière était renversé au bord d'un torrent, c'est M. Omer qui roulait dans le précipice ; c'est l'acrobate qui sautait par la portière d'une train en marche, qui traversait une rivière à la nage ; pendant que le "doublé" s'épongeant le front, accrochait ses pensées à quelque "Branche morte"!


ARNAUD, 1922: 47.

Joseph Cahuzès décède à Paris en 1915. Sur l'acte de décès, on peut lire "artiste, chef de troupe".

Après sa disparition, la troupe des Omer's continue ses tournées jusque dans les années 1920.

Sources

"Arrivée des Omers à Montreal", La Presse, Montréal, jeudi 31 août 1905, p. 11.

"Biographies Artistiques. M. Omer's", Le Rideau artistique et littéraire, 7e année, nº 314, 1er janvier 1904, p. 1-2.

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[1902]

Cambrioleurs modernes (Pathé)

1903

Un voyage en pays de brigands (Pathé)

*Voyage en Suisse (n.c.)

1905

Les Jongleurs " Omers " (Gaumont)

Une noce au lac Saint-Fargeau (Gaumont)

Gendarmes et Cambrioleurs (Gaumont)

Ballet de singes (Gaumont)

Les Maçons (Gaumont)

1906

Madame Ducordon, concierge (Gaumont)

L'Avare et son neveu (Gaumont)

La Voiture cellulaire (Gaumont)

À la recherche d'un appartement (Gaumont)

Les Gendarmes sont sans pitié (Gaumont)

1907

Déménagement à la cloche de bois (Gaumont)

1911

Zigomar (Victorin Jasset, 1911)

Zigomar, roi des voleurs (Victorin Jasset, 1911)

1912

Zigomar contre Nick Carter (Victorin Jasset, 1912)

1913

Zigomar, peau d'anguille (Victorin Jasset, 1913)

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