Un drame dans la montagne

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Un drame dans la montagne

Ce sujet saisissant est tiré de la pièce l'Auvergnate, jouée avec succès au théâtre de la République, à Paris.

PAT 1900-01

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1 Pathé 345 (1900)  
2 George MoncaPierre Caussade  
 

ON ÉCRIT
Monsieur le Directeur,
Sans vouloir diminuer en quoi que ce soit l'esprit d'initiative du directeur de l'Odéon, il faut qu'Antoine rende à... César qui, en l'espèce, est M. Lenormand, le mérite d'avoir appliqué le cinématographe au théâtre.
C'est, en effet, M. Lenormand, directeur de l'ancien théâtre du Château d'Eau qui le premier, fit intervenir le cinéma dans un drame intitulé L'Auvergnate.
À la scène de la Cour d'assises la reconstitution d'un meurtre était révélée par un film et l'assassin ainsi démasqué ne pouvait plus nier.
Le cinéma intervint ensuite dans ls représentation de la Fleuriste des Halles et du Juif Errant à l'Ambigu.
Depuis, le cinéma est encore monté sur bien des scènes, celle des Folies-Dramatiques, par exemple, dans le Millième Constant, et celle même d'un théâtre subventionné, l'Opéra, dans le Crépuscule des Dieux.
Veuillez agréer...
Georges FAGOT.


Comoedia, Paris, samedi 13 août 1910, p. 3.

 

En septembre 1899, par exemple, Georges Monca était metteur en scène du théâtre de la République où l'on montait une pièce de Fernand Meynet, L'Auvergnate. Pour la première fois un auteur avait eu l'idée d'introduire le cinéma dans une action dramatique. Grâce à une prise de vue qu'on projetait sur l'écran dans le décor du cabinet du juge d'instruction vers la fin du mélodrame, on prouvait la culpabilité de l'accusé et on innocentait le coupable. C'était tout à fait dans la note et le succès fut très grand. Renée Cogé, Charles Vayre et Monca furent, de par leurs rôles, les artistes de l'écran.
En sa qualité de metteur en scène du drame, Monca entreprit la réalisation de cette bande de trente mètres, avec M. Caussade comme opérateur ; elle fut tournée dans un terrain de l'avenue des Minimes à Vincennes, sur lequel, Charles Pathé avait élevé on le sait, un modeste tremplin avec quelques toiles de fond comme décors. Sur le côté du jardin, deux petites cabanes servaient de loges, l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes : aménagement plutôt primitif !


Guilaume-Michel Coissac, Histoire du cinématographe, Paris, Cinéopse/Gauthier-Villars, 1925, p. 398-399.

 

Comment j’ai eu l’idée de venir au cinéma ? dit George Monca. Ce sont tout simplement les circonstances qui m’y ont conduit...
En septembre 1899, — vous voyez que ça n’est pas d’hier j’étais acteur au théâtre de la République, depuis baptisé l’Alhambra. Un auteur de la maison, Fernand Meynet, nous apporta une pièce où le cinéma jouait un rôle. Au premier acte, à l’insu de tous, un opérateur filmait une scène de famille qui dégénérait en meurtre, et la bande ainsi obtenue servait à dévoiler le vrai coupable au dénouement.
J’étais, en même temps qu’acteur, metteur en scène, et c’est moi qui eus à m’occuper de tourner le film nécessaire.
A cette époque-là, le cinéma était encore, si j’ose dire, dans ses langes. Il n’existait guère que deux maisons de production, Pathé et Gaumont. Je m’adressai à Pathé, et nous prîmes rendez-vous avenue des Minimes, à Vincennes, où se trouvaient les studios.
Quand je dis les studios... Vous qui connaissez les admirables aménagements de Joinville, vous allez rire... Imaginez un terrain vague, bordé de planches assez hautes pour décourager la curiosité des passants. Au milieu, une grande estrade avec des portants, des toiles de fond suspendues à des perches. A gauche et à droite, deux cabanes rudimentaires : l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes. Voilà ce qu'étaient les studios cinématographiques en l'an de grâce 99 !
Mon drame de famille - une bande de trente mètres - fut tourné en une seule matinée. Il avait pour cadre un parc, qu'une toile de fond représentait assez bien. Quand je pense qu'à vingt mètres de là, de l'autre côté de l'avenue, il y avait le vivant décor des arbres du bois...


"Les souvenirs de George Monca", L'Image, 1re année, nº 9, Paris, 1932.

 

Théâtre de la République.-L'Auvergnate, pièce en sept tableaux de M. Fernand Meynet et Mme Marie Geffroy.
[...]

Il s'agit d'un jeune homme, PIerre Malury, que son père est forcé d'abandonner à la suite d'une faute ; une condamnation est intervenue et Malury a disparu, laissant l'enfant qui est recueilli par une Auvergnate, Françoise Massiac, une brave femme, le cœur sur la main. Cette situation irrégulière crée plus tard des embarras à Pierre quand il demande en mariage la nièce du riche monsieur Garasse, Suzanne. Il s'établit toute une lutte autour de ce mariage.
Une femme d'abord s'y oppose, Mme Garasse, la tante de Suzanne, qui aime également Pierre. Affolée par la jalousie, elle essaye de le déshonorer en retrouvant Malury, le père. Elle lui tend un piège, celui-ci veut le faire arrêter, mais maman Massiac pare le coup en le faisant échapper, à la barbe de la police.
Plus tard, Mme Garasse, démasquée et chassé par son mari, n'hésite pas à le tuer d'un coup de revolver. Le crime est commis dans un grand parc solitaire ; et elle réussit cette fois à faire passer pour l'auteur du crime, encore le malheureux Matury, qui est empoigné par les agents.
Erreur de courte durée : le bon génie de Pierre, la bonne maman Messiac veille et avec elle la Providence, ce collaborateur assidu de tous les drames.
Et alors c'est le clos. Deux policiers qui guettaient et y avaient dressé un appareil de cinématographie pour le saisir, photographient toute la scène du crime. Els peuvent la reproduire devant le juge d'instruction et devant le public qui n'a plus qu'à glorifier la justice, la cinematographie et l'amour.
En effet, après ce témoignage vivant, authentique, évident, Mme Garasse ne peut plus nier. Malury est relâché, les amoureux se marient, maman Massiac pleure de joie.


La Lanterne, Paris, 1er octobre 1899, p. 2.

3 ≥29/09/1899 30 m
4 France, Paris  

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