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En 1901 [sic], il créa le premier film d'actualité : la Catastrophe de la Martinique. Bien entendu, à cette époque, il ne pouvait s'agir que de trucage, le reporter cinématographique n'étant pas né. Zecca fit donc exécuter un petit panorama en relief de l'île tragique. Le mont Pelé crachait une fumée noire, épaisse, qui retombait en cendres brûlantes... sous forme de sciure de bois adroitement répandue du cintre par un accessoiriste conscient de son importance. Le raz de marée qui, on se rappelle, ravagea la Martinique, fut obtenu d'une façon simple et saisissante. Le panorama s'appuyait sur une bâche remplie d'eau qui figurait la mer. Cette bâche relevée brusquement hors du champ, l'eau se précipita en tumulte à l'assaut du petit panorama.
Georges Dyerres, "Deux pionniers du cinéma. Petite histoire du Phono et du Cinéma. Quelques jours avec MM. Ch. Pathé et Zecca (suite), Cinémagazine, nº 22, 2 juin 1922, p. 310.
Quelques années avant, Charles Pathé avait eu l'idée de donner des actualités, et cette innovation connut une vogue inouïe. Je dois avouer qu'au commencement nous n'étions pas très attentifs au caractère documentaire des actualités ; nous préférions une bonne reocnstitution au studio à une prise de vues sur les lieux. Je me souviens d'avoir ainsi fabriqué une Catastrophe de la Martinique qui n'était pas, si j'ose dire, piquée des vers. Ma mise en scène était ainsi conçue : une vaste toile de fond représentait la ville de Saint-Pierre, et, au-dessus d’elle, le Mont Pelé en plein ciel ; au premier plan, un vaste baquet d’eau jouait le rôle de la mer. Quant tout fut prêt, je disposai mes hommes : l’un d’eux, caché derrière le Mont, devait faire brûler du soufre ; un autre, sur une échelle, hors de l’objectif, surveillait un grand plateau destiné à rabattre la fumée sur le décor, pour mieux simuler la lave ; un troisième, également perché sur une échelle, jetait habilement des poignées de sciure de bois qui figuraient la pluie de cendres ; un quatrième secouait le baquet pour imiter les vagues, et, à la fin, il précipitait son contenu sur le bas de la toile de fond : c’était le raz de marée ! Nous obtînmes ainsi un film pathétique et qui fut très demandé. Il n’y eut qu’un petit incident. Comme j’achevais de tourner, l’homme qui faisait brûler du soufre passa la tête au-dessus du Mont Pelé pour demander si c’était fini. L’image ne fut pas coupée sur toutes les copies. Jugez de l’effarement des spectateurs qui voyaient une tête d’homme jaillir du cratère avec les pierres et la lave ! Par chance, je fus prévenu assez tôt et je réparai facilement ce petit malheur.
Francis Ambrière, "Les Souvenirs de Ferdinand Zecca", L'Image, nº 13, 1932, p. 29.
Puis après mon service militaire, COLAS étant à demeure chez PATHÉ m'a fait collaborer pendant les périodes estivales rue des Vignerons (précédant les futurs sutdios du rez-de-chaussée de la rue du Bois) à quelques prises de vues: ainsi en 1902, nous avons fait pour les actualités, la catastrophe du Mont Pelé à la Martinique.
Gaston Dumesnil, " Souvenirs de 50 ans !... ", Bulletin de l'AFITEC, 11e année, nº 16, 1957, p. 10-11.
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