- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 23 octobre 2023
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 8393
FONTAINEBLEAU
Jean-Claude SEGUIN
Fontainebleau, commune du département de Seine-et-Marne (France), compte 14.222 habitants (1894).
1896
Le Cinématographe (Hôtel de l'Europe, 13 et 15 novembre 1896)
Un Cinématographe offre des projections animées à la mi-novembre:
Des séances de cinématographie (reproduction des mouvements) auront lieu cette semaine, de 4 à 10 heures, toutes les demi-heures:
À Fontainebleau, hôtel de l'Europe, vendredi y dimanche, 13 et 15 novembre prochains;
À Nemours, hôtel de l'Écu, le samedi 14.
Prix des places: 1fr. et 50 centimes.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 13 novembre 1896, p. 2.
1897
Le Cinématographe (Salon de Ferrare, [16] mai 1897)
À peine quelques jours après la tragédie du Bazar de la Charité (4 mai 1897), un appareil cinématographique est présenté dans le salon de Ferrare de Fontainebleau :
La journée de dimanche.-Le cinématographe au salon de Ferrare. Nombreuse affluence au Salon de Ferrare pour entendre le "Haut-Parleur" Edison et admirer les photographies animées.
La Démocratie de Fontainebleau, Fontainebleau, 19 mai 1897.
Le Cinématographe (Hôtel de l'Europe, 21-22 novembre 1897)
Un cinématographe est annoncé en novembre:
Un cinématographe, dernier perfectionnement, sans trépidation et sans aucun danger, sera de passage à Fontainebleau les dimanche 21 y lundi 22 novembre. Les séances auront lieu dans les salons de l'hôtel de l'Europe.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 12 novembre 1897, p. 1.
L'information est confirmée quelques jours plus tard:
Cinématographe
Dimanche 21 et lundi 22 novembre, dans les salons de l'hôtel de l'Europe, auront lieu des projections de photographies animées donnant l'illusion de la réalité avec le nouveau cinématographe, dernier perfectionnement sans danger, 12 tableaux.
Séances à 3 heures et à 8 heures. Premières: 1 fr.; secondes: 0 fr. 50. Les enfants paient demi-place.
Le plus grand soin a été apporté dans le choix des tableaux afin que tout le monde puisse les voir.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, jeudi 18 novembre 1897, p. 2.
1900
Le Cinématographe perfectionné (25 novembre 1900)
On annonce l'installation d'un cinématographe perfectionné à la fin du mois de novembre:
CINÉMATOGRAPHE PERFECTIONNÉ
On nous annonce pour dimanche prochain l'ouverture du Cinématographe qui l'an dernier a eu tant de succès; il s'installera sur la place Centrale.
Il sera donné cette année un programme différent de celui de 1899 auquel viendra s'ajouter une nouveauté: La Photographie des couleurs.
Le succès, cette fois encore, ne laissera rien à désirer et le public se pressera à cette attraction nouvelle et intéressante.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 23 novembre 1900, p. 3.
1901
Le Théâtre Carmelli (Champ-de-Foire, [26] novembre-[10] décembre 1901)
Après avoir travaillé sur des scènes parisiennes, le Professeur Carmelli, à la tête d'une loge, va parcourir les foires. Quelques jours plus tôt, il a participé à celle de Meaux. Celle de Fontainebleau, la foire de Sainte-Catherine, commence le 26 novembre et dure trois jours :
Le Théâtre Carmelli
Signalons aussi la présence du professeur Carmelli, dont les succès à Paris au Musée Grévin et au théâtre Robert-Houdin ont émerveillé le public.
À une série de prestidigitation merveilleuse, d'expériences bizarres, inexplicables et inédites, dont l'imprévu augmente le charme, succède une séance de cinématographie reproduisant des scènes variées et comiques qui font passer plusieurs heures agréables.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, 29 novembre 1901, p. 2.
Comme cela se produit fréquemment, les établissements forains restent au-delà de la fin de la foire. Il se trouve que la loge va être l'objet d'un cambriolage qui a lieu dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 novembre, alors que les propriétaires se sont absentés :
Les cambriolages se continuent dans notre région et les voleurs font preuve d'une connaissance des lieux et des êtres vraiment remarquable.
Dans la nuit de lundi à mardi, des malfaiteurs se sont introduits dans la voiture-appartement de MM. Carmelli et Colinet, directeurs du théâtre des Merveilles. Après un séjour d'une quinzaine de jours à Fontainebleau, à l'occasion de la foire, les directeurs de ce théâtre se disposaient à se rendre à Reims. Ils avaient exceptionnellement passé la nuit hors de leur voiture qu'ils avaient laissée sur le quai de la gare des marchandises.
Les voleurs ont pénétré par une fenêtre en brisant les persiennes et emporté un coffre-fort contenant environ 800 francs et différents papiers d'une certaine importance.
Comme tour de prestidigitation, M. Carmelli n'a jamais fait celui-là ; aura-t-il le don de retrouver les beaux billets disparus ?
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, 13 décembre 1901, p. 1.
Au-delà de l'incident et de la fin de l'article qui ne manque pas d'humour, nous apprenons que le professeur Carmelli fait équipe avec une autre figure de la prestidigitation, Gaston Collinet. Finalement, l'établissement continue sa route vers Reims.
1902
Le Cinématographe du Théâtre Carmelli (<28> novembre 1902)
M. Carmelli installe son théâtre sur la place Centrale et propose, parmi d'autres numéros, des projections cinématographiques:
Parmi les attractions installées sur la Place Centrale, citons tout d'abord le Théâtre Carmelli, où se trouvent réunies la prestidigitation, l'auto-suggestion musicale et la cinématographie.
M. Carmelli, venu l'an dernier à Fontainebleau, y a obtenu un succès de bon aloi, il en sera de même cette année, d'autant qu'il a augmenté ses attractions.
Non content d’être un prestidigitateur habile, dont les tours tiennent du merveilleux, de les présenter avec beaucoup de tact et de correction, ce qui permet aux familles d'amener les enfants, il s’est adjoint le concours de Miss Isoline, une mandoliniste agréable qui s’est fait une spécialité de la transmission de la pensée musicale. Il suffit à un spectateur de penser un air pour qu’aussitôt Miss Isoline le traduise sur sa mandoline. C'est très curieux.
Enfin n’omettons pas de signaler le cinématographe; aux scènes amusantes et sans cesse renouvelées, sont venus s'ajouter trois phénomènes de Barnum : l’homme chien, l’homme idiot, et l’homme caoutchouc, plus une nouveauté locale : la sortie de la grand’-messe, spécialement cinématographiée dimanche.
Maintenant que l’envahissement des personnes venues pour la foire est passé, le public local pourra assister dans de bonnes conditions aux représentations quotidiennes que M. Carmelli va donner pendant quelques jours.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 28 novembre 1902, p. 2.
1903
Le Cinédiorama Frassier (Théâtre, 26 février 1903)
Une projections de l'affaire Humbert est annoncée pour la fin du mois de février:
Théâtre. — On doit donner prochainement à Paris, au théâtre des Nouveautés, une pièce nouvelle et d’actualité, «La Famille Boléro », que les initiés considèrent comme devant être un succès. Sans perdre de temps, la troupe Achard se mettra en route avec cette primeur et la représentera sur notre théâtre le vendredi 27 février. A signaler une innovation : la veille de la représentation deux électriciens feront défiler au cinématographe les principales scènes de « La Famille Boléro » ; ce pseudonyme est suffisamment transparent, n’est-ce pas, pour désigner la famille Humbert?
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 13 février 1903, p. 2.
L'information est confirmée quelques jours plus tard:
Tournées Frédéric Achard
Vendredi 27 février 1903
[...]
Ajoutons que M. Frédéric Achard n'a rien négligé pour la réussite de cette pièce, car des décors et des costumes des plus riches et des plus variés ont été faits spécialement; en outre, la veille de la représentation, des projections lumineuses et animées des principales scènes de la pièce, par le cinédiorama (cinématographe) Frassier, auront lieu devant l'hôtel du Cygne, à huit heures et demie du soir.
Parions que jeudi prochain il y aura foule sur la place Carnot; tous les Fontainebleaudiens voudront voir les projections, et le lendemain la représentations de la FAMILLE BOLERO.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 20 février 1903, p. 3.
L'information est de nouveau reprise la semaine suivante.
Le Cinématographe (Manège Kanghill, 6 juillet 1903)
À l'occasion de l'anniversaire de Wagram, le 7e dragons organise une fête où figure, parmi les attractions, un cinématographe:
Le 7° dragons a célébré lundi 6 juillet, anniversaire de Wagram, sa fête de régiment.
Le matin, revue des quatre escadrons, présentation de l’étendard, puis messe pour le repos de l’âme des morts du régiment.
Dans la journée, au manège Wagram, concours hippique; assaut d’armes dans le manège Kanghill, puis, dans la cour Sauve- bœuf, match de football, sauts, courses à pied, jeux divers.
Distribution des récompenses. Dîner de gala.
Le soir, dans le manège Kanghill, concert par la fanfare, séances de cinématographe et de phonographe.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, 10 juillet 1903, p. 1.
Le Cinématographe Géant du Théâtre des Arts (Place Centrale, >27 novembre 1903)
Le Théâtre des Arts et son cinématographe Géant vont s'installer sur la place Centrale à l'occasion de la foire:
Théâtre des Arts
On nous annonce l’arrivée sur la place Centrale, à l’occasion de la foire, d’un établissement de premier ordre et donnant un spectacle exceptionnel: Le Cinématographe Géant. Parmi les myriades de vues que possède la direction du Théâtre des Arts, citons entre autres : Cendrillon, féérie du Châtelet ; La Fée aux Choux ; Les victimes de l’alcoolisme; M. Loubet en Algérie ; Edouard VII à Paris ; En bombe, fantaisie militaire, etc., etc.
Nous attirons principalement l’attention du public sur "La Passion", en 18 tableaux, prise tout récemment à Oberammergau, en Bavière.
Ce mimodrame du plus haut intérêt sera présenté vendredi et samedi, à 8 heures 1/2.
Nul doute que ce chef-d’œuvre cinématographique ne soit la cause d’une affluence considérable de spectateurs au Théâtre des Arts.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, 27 novembre 1903, p. 3.
1904
Le Cinématographe du Congrès de la Bonne Presse (Manège Durand, 12 avril 1904)
La Bonne Presse organise son congrès en avril. Des projections cinématographiques sont organisées à cette occasion:
LE CONGRÈS DE LA BONNE PRESSE
Pour la première fois un Congrès de ce genre s'est tenu ici mardi, au manège Durand; il a comporté deux séances, l'une à 2 heures, l'autre à 8 heures.
[...]
Quelqu'intéressante qu'ait été la séance de cinématographe qui a suivi, elle n'a pu effacer dans les esprits les impressions profondes qu'ont produites les deux si éloquents et véhéments discours du P. Venance et de Me Joseph Ménard.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 15 avril 1904, p. 1.
Le Théâtre des Attractions Modernes de Maurice Dulaar (Place Centrale, 14-23 mai 1904)
Maurice Dulaar installe son Théâtre des Attractions Modernes sur la Place Centrale en mai. Il présente le Cinématographe américain :
Demain soir ouvrira sur la place Centrale, pour huit jours seulement, le Cinématographe américain.
Représentation tous les soirs à 8 heures et demie. Jeudi, dimanche et fête, matinées. Mardi et vendredi changement de tableaux.
Le spectacle peut être vu par tout le monde et les parents peuvent sans crainte y conduire leurs enfants.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 13 mai 1904, p. 2.
Un bref compte rendu est publié quelques jours plus tard:
Théâtre des attractions modernes au
Cinématographe américain
place Centrale
Hier soir salle comble, dans ce charmant établissement, ce qui d’ailleurs n’a rien de surprenant, en raison du spectacle intéressant et amusant qui nous a émerveillé pendant toute la durée de la séance.
Les tableaux de la guerre russo-japonaise sont d’une surprenante réalité, la chasse à courre chez la duchesse d’Uzès, la valise de Barnum et toute une série de vues dont il serait trop long d’énumérer toutes les péripéties.
Représentation tous les soirs à 8 h. 1/2. Dimanche matinée à 3 heures. Lundi soir clôture.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 20 mai 1904, p. 3.
Le Cinématographe (Laboratoire de Biologie, 10 juillet 1904)
À l'occasion d'une visite organisée au Laboratoire de biologie, des projections cinématographiques sont organisées:
Au Laboratoire de biologie
La visite à laquelle étaient conviés dimanche les membres du Conseil municipal et leurs familles au Laboratoire de biologie végétale a été des plus intéressantes — ou le croit sans peine dans ce milieu scientifique — et aussi des plus chaudes, tant par l’accueil du directeur, M. Gaston Bonnier, que par la température sénégalienne.
On a d’ailleurs montré aux visiteurs, dans le cinématographe, des plantes tropicales à la végétation luxuriante, qui auraient pu dimanche pousser au Pré Larcher, et aussi des arbres bizarres, inconnus du commun des mortels; puis, très grossis, des champignons vénéneux et comestibles. Enfin on a reproduit, par le même procédé, les soins dont sont entourées les abeilles du rucher modèle, système de Layens, rucher que l’on a visité et qui est une des curiosités de l’établissement. On a vu toutes ces ruches bourdonnantes au travail, les opérateurs remuant les cadres, entourés de ces intelligents animaux, doux et inoffensifs à qui sait les prendre.
Cette séance cinématographique avait été précédée d’une visite minutieuse du Laboratoire, par groupes, sous la direction et avec les précieuses explications de MM. Gaston Bonnier, Dufour et des jeunes savants qui viennent ici compléter leurs travaux de l’Académie des Sciences.
Il faisait une chaleur telle qu’en descendant dans le jardin, où le thermomètre marquait encore 28 degrés, les invités ont cru entrer dans une cave — tout est relatif sur cette terre...
Avant de se séparer, les invités ont été conviés à un lunch des mieux servis, durant lequel on a versé à pleins bords l’hydromel, nectar divin, chanté par Homère, apprécié dès la plus haute antiquité et qui était, dans la mythologie Scandinave, le breuvage promis aux héros. Et, de fait, il fallait presque de l’héroïsme pour braver dimanche la chaleur torride, l’hydromel était donc bien dû à nos concitoyens.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 15 juillet 1904, p. 1.
Le Cinématographe américain (Entrée du Parc, 13-22 août 1904)
Le Cinématographe Américain est de retour. Il organise de nouvelles séances en août:
Cinématographe Américain
Samedi soir, à 8 h. 1/2, à l’entrée du Parc, auront lieu les débuts du Cinématographe Américain; c’est le même qui était installé au mois de mai dernier sur la place Centrale et qui a obtenu un si légitime succès. Parmi les tableaux nouveaux qu’il doit nous présenter pendant son séjour jusqu'au 22 courant, citons : La guerre russo-japonaise, une nouvelle série d'épisodes; le voyage fantastique de la terre à la lune, entièrement en couleur.
Le spectacle peut être vu par tout le monde.
Représentations tous les soirs à 8 h. 1/2, et tous les jours matinée à 4 heures.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 12 août 1904, p. 3.
Le même article actualisé est repris le 19 août.
1905
Le Cinématographe de la Maison de la Bonne Presse (Rue du Parc/Salle de Réunion, 15 janvier 1905)
Une séance de vues cinématographiques est organisée par la Maison de la Bonne Presse à la mi-janvier:
Nous avons à annoncer plusieurs conférences et concert, indépendants les uns des autres, mais assez rapprochés.
Dimanche 15 janvier, à la Salle de Réunion de la rue du Parc, SÉANCES RÉCRÉATIVES organisées par la Maison de la "Bonne Presse": Projections,-Audition de Phonographe.-Cinématographe.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 13 janvier 1905, p. 2.
Un compte rendu est publié la semaine suivante:
La réunion du 15 janvier n’avait qu’un but : distraire l’imagination des assistants et leur faire oublier par un ensemble pittoresque la petite désillusion qui avait suivi deux conférences d’ailleurs unanimement appréciées, mais où les projections annoncées au programme ne figurèrent pas au tableau. Promesse faite a été promesse tenue.
Les spectateurs devenus lecteurs uniront de nouveau leurs suffrages au nôtre — ils les ont déjà exprimés par leurs applaudissements — pour remercier le généreux organisateur de cette séance récréative, M. le comte de Cossé Brissac, qu’une grippe malencontreuse a empêché d’être présent à ce succès et de constater de visu et de auditu tout le plaisir qu’il avait procuré.
Les projections ont été parfaites; « l’Idéal Phonographe » a été tout simplement — idéal (joli nom, joliment mérité), et le cinématographe très scénique, selon la perfection que la Maison de la Bonne Presse apporte dans le jeu de ses appareils.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 20 janvier 1905, p. 2.
Le Cinématographe du Théâtre Pierre Iunk (Place d'Armes, <30> novembre 1905)
Le Thèâtre forain de Pierre Iunk s'installe sur la place d'Armes à la fin du mois de novembre:
Le Théâtre Pierre Iunk
Sur la place d’Armes, il nous a offert pour ses débuts un admirable spectacle qui ne laisse rien à désirer; d’abord, la loge est très confortable et l’on peut y passer une agréable soirée bien à son aise.
Quant au programme, il est de premier ordre.
Les Fantoches d’abord, qui sont des artistes, car devant un public nombreux les chansonnettes, romances, duos, etc., etc., se succèdent sans relâche, avec un répertoire curieux et choisi, c’est de la bonne chanson qui ne choque pas la morale, et M. Iunk a raison.
Vous ne connaissez pas M. Yost? Non. Et bien allez le voir; avec une vitesse extraordinaire, sans le secours d’aucun instrument, dix, vingt têtes différentes seront modelées sous vos yeux émerveillés. Et le Cinématographe I II est superbe avec ses tableaux d’une netteté extraordinaire. La Vendetta a beaucoup plu au public avec raison; tous les autres tableaux sont également très intéressants.
Mais il paraît que M. Iunk n’a pas qu’une corde à son arc; il réserve au public de Fontainebleau des attractions et des surprises extraordinaires. Aussi suivez bien son programme. Vous aurez encore de bonnes soirées à passer dans ce bel établissement.
L'Abeille de Fontainebleau, 30 novembre 1905, p. 3.
1906
Le tournage de la Passion de Gaumont (Gorges d'Apremont, 8->8 mars 1906)
C'est dans les premiers jours de mars que commence le tournage de la Passion de la maison Gaumont :
CINÉMATOGRAPHE DE LA PASSION
en forêt
Le cinématographe est si fort à la mode en ce moment que pour corser les programmes des séances on ne se contente plus de faire défiler devant les yeux du public des scènes réelles, prises sur le vif du public des scènes réelles, prises sur le vif, telles qu'au début, les descentes mouvementées de trains, les péripéties des chasses à courre, les défilés de troupes ou les arrivées de souverains.
Pour payer un tribut à l'actualité on a emprunté l'an dernier divers épisodes à la guerre russo-japonaise, épisodes d'ailleurs pris sur le vif... à Paris, dans les terrains vagues bordant les fortifications où l'on faisait évoluer des Batignolles et des Bellevillois habillés en Russes et Japonais, prenant d'assaut des "ouvrages" en carton-pâte au mlieu de nuages de fumée habilement produits par une poussière légère, etc., etc.
Un industriel a pensé qu'à la veille de la semaine sainte il ferait recette en montrant dans les cinématographes de Paris et d'ailleurs la Passion de Jésus-Christ. Et il est venu la photographier au milieu de nos rochers.
C'est en effet en pleine forêt de Fontainebleau, au milieu du chaos, abrupt, mais pittoresque on en conviendra, des Gorges d'Apremont que jeudi dernier ont commencé les laborieuses opérations de la photographie des diverses scènes de la Passion et du Chemin de la Croix.
Et ce fut pour les promeneurs, tombant à l'improviste au milieu de ces tableaux vivants, un étonnement bien compréhensible, on en conviendra.
Voilà comment les choses se sont passées:
Le matin, le manager, ses photographes et les figurants, parfois au nombre d'une centaine, suivant les scènes à reproduire, partent de Paris, s'arrêtent à la gare de Melun, sautent dans le tramway de Barbizon. De là, un camion du loueur de voitures transporte les appareils et les paniers en forêt, aux Gorges d'Apremont non loin du carrefour, centre des opérations. On y dresse une vaste tente ouverte à tous les vents sous laquelle se déshabillent les figurants et y revêtent les costumes servant aux représentations habituelles de la Passion.
Les femmes, moins nombreuses (car il y a dans la troupe des femmes, des enfants et même des nègres), "fuient vers les saules", s'il est permis d'emprunter cette expression au poète latin, et vont se déshabiller derrière les roches, loin des regards indiscrets: Se déshabiller est bien le mot car pour se maintenir dans la tradition elles sont simplement vêtues de peplum et de tuniques laissant nus les bras, les jambes, les pieds et les épaules. Par les temps frais de cette fin de semaine nous nous demandons même comment elles ont pu (et les hommes aussi, car ils étaient logés à la même enseigne), rester ainsi plusieurs heures exposées aux intempéries, presque immobiles, les pieds dan la mousse ou sur les roches plutôt froides. Après tout, le feu de la rampe devant lequel elles paraissent tous les soirs a peut-être le don de leur communiquer pour tout le jour une ample provision de chaleur; puis les courants d'air des coulisses les habituent aux vents coulis.
Quoi qu'il en soit, une fois tout le monde costumé et déshabillé, on organise les cortèges ou les scènes, les cavaliers prennent la tête, d'autres ferment la marche, les soldats casqués et armés de lances forment la garde sous les ordres d'un centurion, les apôtres avec leurs belles barbes postiches, leurs perruques blanches et vénérables, entourent le Christ au front ceint de sa couronne d'épines, tandis que les femmes suppliantes le suivent et que la foule, y compris les deux larrons garrottés, composent une imposante multitude au-dessus de laquelle se détachent la lourde croix de bois et l'inscription tracée en grec, latin et hébreu.
Quand, au milieu de ce décor imposant et fantastique de rochers gris et chaoteux, amoncelés en désordre par la nature mieux que n'aurait su le faire le plus habile metteur en scène, tout le monde es placé "en valeur", un triple coup de sifflet retentit, les principaux figurants prennent l'attitude prescrite et le photographe opère. On recommence une seconde fois à tourner la manivelle de l'appareil enregistreur pour être certain d'avoir, sur les deux, au moins une bonne épreuve et on passe au tableau suivant pour lequel, afin de mieux donner l'illusion, on a soin de changer de paysage. En forët, c'est facile, car il varie à l'infini à quelques mètres de distance.
Quelques accessoires sont parfois nécessaires en dehors des costumes; on ne les a pas oubliés. C'est ainsi que nous avons vu dans le camion les ailes légères des anges en simili-carton destinées à être attachées aux épaules des chérubins venus non pas du ciel mais par le tram. Nous n'avons pas aperçu d'oliviers, mais comme il n'en pousse pas en forêt, nous ne serions pas étonné qu'on en ait apporté.
Tel est le spectacle, assurément fort inattendu, qui s'est déroulé à la fin de ls semaine au milieu des Groges d'Apremont.
Ce n'est pas la première fois que ces parages servent à dees reconstitutions plus ou moins authentiques. L'an dernier, en effet, on y est venu cinématographier l'attaque du Courrier de Lyon, le conducteur était un cocher bien connu de notre ville. Cette fois encore, l'endroit était de mieux choisis, d'autant plus que "l'esprit" de la Caverne aux Brigands, située non loin de l'a, devrait assurément planer sur ce tableau.
Dans leur rêveries, les amants de la forêt en ont fait le refuge des divinités, de faunes, de sylphes, de dryades et du grand Pan; une Anglaise y a même vu l'ombre du Chasseur Noir et entendu la trompe du Grand Veneur, mais elle a peut-être été le jouet d'un illusion. Plus heureux qu'elle, nous y avons vu, de nos yeux vu, se dérouler les scènes de la Passion, en mars 1906.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 16 mars 1906, p. 5.
Le Cinématographe du Théâtre-Salon Carmelli (Place Centrale, <23 novembre-2 décembre 1906)
Le Théâtre-Salon Carmelli présente, entre autres spectacles, un cinématographe:
THÉÂTRE-SALON CARMELLI
Place Centrale
Ce soir, `a 8 h 1/2, GRANDE SOIRÉE avec le concours du professeur Carmelli dans ses expériences de dextérité; le commandeur Pietro dans ses manifestations spirites (tables tournantes); et la voyance Niranka (expériences de mnemotechinie et ses révélations mystérieuses); le pavillon indien par la ravissante Milka. La soirée sera terminée par le cinématographe avec des vues nouvelles.
Demain vendredi, SOIRÉE DE GALA.
Tous les jours grandes soirées à 8 h. 1/2. Les dimanches et fêtes matinées à 3 heures.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 23 novembre 1906, p. 3.
Le Théâtre-Salon continue de fonctionner la semaine suivante:
THÉÂTRE-SALON CARMELLI
[...]
La partie de spiritisme, traitée par le jeune médium Piétro, tient véritablement du prodige. Les tables tournantes font tourner bien des têtes, même celles des dames qui viennent autour de la table. La mignonne gitane Milka, dans le pavillon indien, met le comble à la stupéfaction: attachée solidement à un poteau, la gitane Milka travaille, se sert de ses deux mains comme si aucune précaution n'avait été prise. Puis le cinématographe termine ces ravissantes soirées.
Ce soir jeudi, à 8 heures, et les jours suivants, grandes soirées; dimanche, à 2 h 1/2, matinée-la dernière. Qu'on se le dise.
L'Abeille de Fontainebleau, Fontainebleau, vendredi 30 novembre 1906, p. 3.