- Détails
- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 27 septembre 2024
- Publication : 25 mars 2015
- Affichages : 9390
AMIENS
Jean-Claude SEGUIN
Amiens, chef-lieu du département de la Somme (France), compte 83.654 habitants (1894).
1896
Le Cinographoscope des frères Pipon (Boulevard du Mail, [24] juin-24 juillet 1896)
À l'occasion de la foire de la Saint-Jean, le cinographoscope s'installe sur le boulevard du Mail:
À la foire.- Nombre de nos concitoyens connaissent le kinétoscope. Ils se rappellent cet appareil encore tout récemment exploité à Amiens. [ ... ] MM. Lumière, à Lyon, ont amélioré de merveilleuse façon cette prodigieuse invention d'Edison. Leur cinématographe, c'est-à-dire appareil enregistreur et descripteur du mouvement, peul se comparer à une sorte de lanterne magique qui projette sur une surface blanche une série de photographies agrandies qui donnent à s'y méprendre l'illusion de la vie et des personnages [ ... ]. Ce spectacle est visible non plus seulement pour un ou deux spectateurs mais pour une salle entière. C'est le spectacle même de la vie. Un appareil de ce genre fonctionne à la foire, à côté du théâtre Cocherie. Ce sera un des clous de la foire Saint-Jean.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 28 juin 1896.
Le cinographoscope connaît le succès:
Le succès des photographies animées va toujours croissant. Depuis l'ouverture de cet élégant établissement, le public n'a cessé d'y affluer. Nos lecteurs apprendront avec plaisir qu'à partir d'aujourd'hui les nouvelles vues paraîtront à toutes les séances : "Baignade de chiens en Seine" ; "Promenade de bateaux-mouches" ; "Enfants jouant place des Vosges" ; "Escadron de hussards défilant sur le
pont de Condé, près de Meaux".
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 8 juillet 1896.
Le succès ne se démentit pas tout au long de la foire:
On se bouscule, on s'écrase pour entrer dans la coquette salle des photographies animées et nous avons pu constater avec plaisir que la direction se surpasse de plus en plus et ne néglige aucune occasion de satisfaire le public. Au programme des 8 vues changeantes à chaque représentation, nous avons pu constater un réel progrès dans le choix des tableaux. Dire qu'il est entré hier dimanche dans cette loge plus de 3.000 spectateurs, c'est exactement la vérité. Nos lecteurs feront bien de se hâter d'aller voir un des spectacles si instructif, si intéressant, occasion unique à Amiens. Et dire qu'il n'y en a plus que pour jusqu'à vendredi prochain 24 du courant, dernier jour. Bref le programme de cette semaine sera le finis coronat opus. Parmi les nouvelles projections nous n'avons pu que nous extasier devant une "Danse chorégraphique de deux danseuses célèbres du Moulin-Rouge", tableau qui sera donné tous les soirs à partir de 9hl/2 précises jusqu'au jour de la fermeture.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 21 juillet 1896.
Le cinographoscope Pipon des frères Cotrelle (9, passage du Logis-du-Roi/Rue des Trois-Cailloux, 4-24 octobre 1896)
En octobre, le cinographoscope est de retour dans le passage du Logis-du-Roi:
Photographies animées. On se ·rappelle le succès obtenu à la foire par cette nouvelle adaptation de la photographie. Pour peu de temps seulement, MM. Cotrelle, qui ont été les opérateurs du boulevard du Mail, vont renouveler, dans l'ancien café de la Tour, ces intéressantes représentations, avec une série entièrement nouvelle de vues. Le succès couronnera, nous en sommes certains, leur entreprise.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 3 octobre 1896.
Le Journal d'Amiens consacre un long article aux deux appareils qui fonctionnent alors:
Il s'est créé, ces temps-ci, dans la rue des Trois-Cailloux, toute une petite foire. Amiens a même l'honneur de posséder un couple d'Américains tatoués qui, dans l'arrière-salle d'un café, montrent sur les épaules, les bras et les jambes tout un lot d'auributs guerriers et de gerbes de fleurs polychromes : cela ne peut manquer d'intéresser les vrais amateur du Beau. Nous avons surtout deux établissements de photographies animées. L'un est installé dans le Logis-du-Roi, à l'ancien Café de la tour où naguère on détaillait avec finesse et réserve les incontestables chefs-d'oeuvre du café-concert contemporain. Nous y retrouvons un Amiénois, M. Cotrelle, qui en dirigeait le Cinographoscope de la foire dernière où, littéralement, courut toute la ville. Depuis, il a apporté à l'appareil Pipon de notables perfectionnements pour enrayer les deux défauts de tout cinématographe : le bruit incessant et monotone et la trépidation des vues projetées. C'est désormais dans les meilleures conditions possibles qu'il fait défiler rapidement (ce qui n'est pas très facile à réaliser) 8 tableaux animés dont plusieurs sont ravissants. Je vous recommande une certaine "Ronde d'enfants sur la plage" et la "Corvée de fourrage". La séance est ouverte par une suite de projections fixes qui nous montrent Majunga, Marovoay et les autres étapes de l'héroïque colonne volante de Madagascar. L'entrée, "à la portée de tous", est de 50 c. - Un court passage sépare la Tour du théâtre : une belle occasion de passer un entracte à la Tour. Traversons la rue des Trois-Cailloux et nous trouvons l'autre installation cinématographique dans les Ateliers de M. Léon Caron, passage de la Comédie. Vous vous intéresserez certainement à un excellent "Assaut d'escrime" : l'entrecroisement des fleurets est rendu avec une netteté extraordinaire. Un "Peloton de dragons franchissant une haie" serait une non moins bonne "pellicule" si la poussière produite par les premiers cavaliers, en se recevant, n'obscurcissait le passage des derniers. Le "bouquet" de la séance est charmant : une "Loïe Fuller", animée bien entendu, mais "en couleurs". Tous ceux qui ont vu le "ruban" où est enregistré le millier de vues minuscules prises à des intervalles de temps réguliers et dont le rapide passage devant l'appareil projecteur reconstitue le mouvement de la danseuse seront étonnés de la patience et de la précision qui ont été nécessaire pour colorier "à la main" toutes les poses. C'est cependant, en l'état actuel de la science, le seul procédé utilisable. Si vous êtes curieux de connaître d'une façon élémentaire la prise des vues chronophotographiques, leur renvoi sur l'écran et "ce qu'il y a dedans" ces extraordinaires appareils, je vous recommanderai une récente et très claire brochure : Georges Vitoux, la Photographie du mouvement (Paris, Chamuel éd.). "Du haut du ciel sa demeure dernière" le grand Louis XIV ne doit pas être très étonné d'apprendre que dans les vestiges de ce qui était en 1647 la Maison du roi, de très habiles artisans d'aujourd'hui décomposent puis reconstiruent tous les mouvements, analysés au 1/15e de seconde et que, non satisfait, un bon savant, M. Marey, ne s'arrête qu'au 1/60e de seconde et sépare ces projections par une obturation qui varient entre 1/10.000e et 1/25.000e du même laps, tout simplement!
P. D.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 11 octobre 1896.
Un dernier article est publié vers la fin du mois d'octobre:
Représentations populaires les lundis et samedis, entrée : 25c. Les dimanches et jeudis : matinées à partir de 4h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, 24 ocxtobe 1896.
Le Chronophotographe de Léon Caron (2, passage de la Comédie/rue des Trois-Cailloux, 4 octobre-22 novembre 1896)
Le Chronophotographe de Léon Caron commence ses projections au début du mois d'octobre :
Photographie vivante, photographie animée, par le chronophotographe de Ch. Demeny, appareil cinématographe le plus perfectionné. Ouverture aujourd'hui dimanche. Prix d'entrée par séance : 50c. Séances publiques tous les soirs de 6h à 10h, aux Ateliers de la Photographie Léon Caron, passage de la Comédie, 2 (en face le théâtre). 10 tableaux par séance et changés toutes les semaines. Séances réservées le vendredi, prix d'enlrée : 1 f.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 4 octobre 1896.
Le Progrès de la Somme, Amiens, 5 octobre 1896, p. 4.
Le Journal d'Amiens consacre un long article aux deux appareils qui fonctionnent alors:
Il s'est créé, ces temps-ci, dans la rue des Trois-Cailloux, toute une petite foire. Amiens a même l'honneur de posséder un couple d'Américains tatoués qui, dans l'arrière-salle d'un café, montrent sur les épaules, les bras et les jambes tout un lot d'auributs guerriers et de gerbes de fleurs polychromes : cela ne peut manquer d'intéresser les vrais amateur du Beau. Nous avons surtout deux établissements de photographies animées. L'un est installé dans le Logis-du-Roi, à l'ancien Café de la tour où naguère on détaillait avec finesse et réserve les incontestables chefs-d'oeuvre du café-concert contemporain. Nous y retrouvons un Amiénois, M. Cotrelle, qui en dirigeait le Cinographoscope de la foire dernière où, littéralement, courut toute la ville. Depuis, il a apporté à l'appareil Pipon de notables perfectionnements pour enrayer les deux défauts de tout cinématographe : le bruit incessant et monotone et la trépidation des vues projetées. C'est désormais dans les meilleures conditions possibles qu'il fait défiler rapidement (ce qui n'est pas très facile à réaliser) 8 tableaux animés dont plusieurs sont ravissants. Je vous recommande une certaine "Ronde d'enfants sur la plage" et la "Corvée de fourrage". La séance est ouverte par une suite de projections fixes qui nous montrent Majunga, Marovoay et les autres étapes de l'héroïque colonne volante de Madagascar. L'entrée, "à la portée de tous", est de 50 c. - Un court passage sépare la Tour du théâtre : une belle occasion de passer un entracte à la Tour. Traversons la rue des Trois-Cailloux et nous trouvons l'autre installation cinématographique dans les Ateliers de M. Léon Caron, passage de la Comédie. Vous vous intéresserez certainement à un excellent "Assaut d'escrime" : l'entrecroisement des fleurets est rendu avec une netteté extraordinaire. Un "Peloton de dragons franchissant une haie" serait une non moins bonne "pellicule" si la poussière produite par les premiers cavaliers, en se recevant, n'obscurcissait le passage des derniers. Le "bouquet" de la séance est charmant : une "Loïe Fuller", animée bien entendu, mais "en couleurs". Tous ceux qui ont vu le "ruban" où est enregistré le millier de vues minuscules prises à des intervalles de temps réguliers et dont le rapide passage devant l'appareil projecteur reconstitue le mouvement de la danseuse seront étonnés de la patience et de la précision qui ont été nécessaire pour colorier "à la main" toutes les poses. C'est cependant, en l'état actuel de la science, le seul procédé utilisable. Si vous êtes curieux de connaître d'une façon élémentaire la prise des vues chronophotographiques, leur renvoi sur l'écran et "ce qu'il y a dedans" ces extraordinaires appareils, je vous recommanderai une récente et très claire brochure : Georges Vitoux, la Photographie du mouvement (Paris, Chamuel éd.). "Du haut du ciel sa demeure dernière" le grand Louis XIV ne doit pas être très étonné d'apprendre que dans les vestiges de ce qui était en 1647 la Maison du roi, de très habiles artisans d'aujourd'hui décomposent puis reconstiruent tous les mouvements, analysés au 1/15e de seconde et que, non satisfait, un bon savant, M. Marey, ne s'arrête qu'au 1/60e de seconde et sépare ces projections par une obturation qui varient entre 1/10.000e et 1/25.000e du même laps, tout simplement!
P. D.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 11 octobre 1896.
Le dernier article est publié le 25 octobre et se répète jusqu'au 22 novembre:
Le tsar à Amiens dans les photographies animées représentant "Le tsar à Paris, la tsarine, le président de la République et tout le cortège en mouvement". Visible tous les soirs dans les salons de la Photographie Léon Caron. Séances les dimanches, lundis et jeudis à
partir de 5h et tous les soirs à partir de 7h. 10 tableaux curieux et changés toutes les semaines.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, 25 octobre 1896.
1897
Le cinématographe Lumière d'Étienne Thevenon (Alcazar, 3-25 juin 1897)
Étienne Thevenon, de la maison Lumière, s'occupe du poste d'Amiens, en juin:
Jeudi 3 juin à 8hl/2 du soir, à l'Alcazar, il sera donné une séance de cinématographe Lumière. Le programme comprend 20 vues animées. Prix des places : 1 f. et 50 c. Les séances seront continuées pendant quelques jours à 9 h et à 10 h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 3 juin 1897.
Le lendemain, la presse annonce plusieurs titres:
Les photographies animées du cinématographe Lumière sont de "grandeur naturelle". Parmi les 20 numéros du programme, citons : une "Danse sur scène", une "Querelle enfantine", un "Saut à la couverture", des "Bourricots à Alger", un ''Train à Perrache (Lyon)", les "Bains de Diane à Milan", la "Chute du Rhin (Suisse)", une "Baignade de nègres", les "Pélicans", des "Joueurs de cartes arrosés", une "Course en sacs", etc. Comme nous l'avons dit, les prix des places sont de If. aux premières et de 50c. aux secondes ; les enfants paient demiplace. L'appareil Lumière, éclairé par la lumière électrique, offre toutes les garanties possibles aux visiteurs. Allez voir les Photographies Animées.
ota: Comme intermède, il y aura à chaque séance un orchestre. M de Montana, des Salons de Monte-Carlo, présentera des expériences
originales de spectacle japonais. On entendra aussi l'homme "Nazo" flûte, excelcior flûtiste.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 4 juin 1897.
À l'occasion des fêtes de Pentecôte, le programme est renouvelé:
À l'occasion des fêtes de la Pentecôte il sera donné 2 séances par jour les 5, 6 et 7 juin : la première à 4h de l'après-midi, et la seconde à 9h du soir. Le programme entièrement nouveau et avec accompagnement d'orchestre comprendra un intermède par M. de Montana, prestidigitateur et Naso-flûtiste. Les amateurs d'amusants spectacles ont là une belle occasion de passer très agréablement une heure et demie.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 5 juin 1897.
Vers la fin des séances, la presse évoque plusieurs vues animées:
Depuis quelques jours, et 2 ou 3 soirées encore, fonctionne à l'Alcazar le "véritable" cinématographe des inventeurs lyonnais les frères Lumière. Les derniers perfectionnements y sont mis en pratique: les résultats sont simplement merveilleux. Il y a une différence notable entre l'illusion obtenue ici et celles que donnaient le cinématographe que nous avons eu à la Foire dernière ou ceux de la rue des Trois-Cailloux, cet hiver. Les personnages dont les mouvements sont projetés sont presque grandeur nature ; aucune "strie" dans les pellicules, qui sont en parfait état, et l'on sait que ces stries altèrent trop souvent ces tableaux mobiles. Les opérateurs ont eu l'ingénieuse idée de faire passer certaines pellicules "à l'envers". Cette régression provoque des effets très bizarres : "Un mur", à la chute duquel on a précédemment assisté, se rebâtit pierre à pierre ; "Des baigneurs" que l'on a vu sauter d'un tremplin repartent maintenant de la surface de l'eau pour s'envoler et reprendre place sur la planche, etc ... Enfin ils ont, du réglage délicat de l'appareil, une connaissance parfaite. Ainsi, certains "Turcos" à l'allure martiale défilent, sous leur commandement, à une très exacte allure. Ajoutons que le programme comprend une vingtaine de scènes animées, qu'elles sont présentées avec accompagnement musical "analogue au sujet'', comme disent les affiches bien rédigées des forains, et que les 2 parties cinématographiques de la soirée sont séparées par un duo qu'un grand artiste joue sur 2 flûtes, sur l'une avec la bouche, sur l'autre avec le nez, ce qui ravira tous les vrais amateurs du beau. Hâtez-vous d'aller, avec vos amis et connaissances, passer une soirée intéressante, avant que l'Alcazar, de par sa destination accoutumnée, ne soit rendu aux couples tournoyants des confectionneuses et des petits employés !
P. D.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 11 juin 1897.
D'autres vues sont annoncées quelques jours plus tard:
Nous apprenons avec plaisir, par une indiscrétion, que le nouveau programme des Photographies Animées comportera une "Charge de cuirassiers français", d'une réalité frappante, ainsi que diverses vues du Voyage du président de la République en Bretagne. "Les clowns du cirque Rancy". Les "Chasseurs alpins" et les "Lanciers de la reine d'Espagne" ont, tous les soirs, les honneurs du bis. Grand succès. En somme, on nous promet encore quelques soirées agréables à l'Alcazar, où toute sécurité est assurée aux visiteurs. Dimanche et jeudi, grande matinée à 5h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 17 juin 1897.
Peu après une soirée de gala est organisée:
Ce soir, à l'Alcazar, grande soirée de gala avec orchestre, à 9 h précises. Bureau à 8 h 1/2, clôture à 10 h 1/2. Programme nouveau. Intermède par M. de Montana, illusionniste flûtiste. Prix des places : loges, 2 f., premières 1 f., secondes 50c. Enfants, demi-place.
Aujourd'hui samedi nouveau programme. Dimanche et jeudi, grande matinée à 5 h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, 18 juin 1897.
Le lendemain, la presse va consacrer un long article au cinématographe Lumière:
Le cinématographe Lumière a toujours comme dès le premier soir un succès très mérité. Depuis cette semaine, il n'y a pas moins de monde aux matinées du dimanche et du jeudi qu'aux 2 séances de 9 h et de 10 h. Nos concitoyens ont tous aujourd'hui abandonné cette étrange conviction que parce qu'un cinématographe dans une installation de "fortune", hâtivement faite, avec un éclairage "oxy-éthérique", dangereux. en tout lieu, avait provoqué un effroyable sinistre, "tous" les appareils semblables étaient des dangers publics. Celui que dirige à l'Alcazar l'aimable M. Thévenon est uniquement éclairé à l'électricité (disons en passant que l'organisation des accumulateurs et du réseau, en tous points parfaite, est due à M. Blondel fils). Et point besoin d'être grand clerc pour savoir que la lumière électrique ne peut déterminer d'incendies. Cette sécurité absolue est évidemment un premier mérite notable ; quant à la valeur artistique et illusionnante des projections cinémalügraplùques, elle est hors de pair. Il faut en l'opérateur un remarquable "doigté" pour interpréter aussi exactement des allures très diverses : défilés d'infanterie, charges de cavalerie, animations de rues, panoramas pris en wagon, exercices gymnastiques. Il s'agit pour lui de disposer, de dérouler à la bonne cadence et de rembobiner un ruban de celluloïd de 20 m., quelquefois de 60 m. de long, épais d'un millimètre, large de 25, en évitant la poussière qui fait des "raies noires", la trépidation, les déchirures, les accrocs, les enrayages d'un mécanisme très complexe, tout en conservant les yeux sur l'écran pour surveiller l'effet obtenu. Une bonne projection au cinémalügraphe suppose donc, on le voit, un talent réel. Entre tous les directeurs des 400 postes que créa la maison Lumière pour vulgariser son extraordinaire découverte (il y en eut jusqu'au Japon !), M. Thévenon compte parmi les plus habiles. Le cinématographe n'est plus à Amiens que pour quelques jours. La semaine prochaine sera celle de "sa clôture irrévocable". Cependant, avant son départ, il renouvellera 2 fois et complètement la liste de ses tableaux. La place nous manque pour en donner l'énumération. Puis viendront quelques vues animées prises à Amiens même, où chacun tiendra, bien entendu, à reconnaître tous ses amis et connaissances parmi les victimes. Une "Sortie de grand-messe", le "Défilé d'une partie de notre garnison", "Les allées de la Foire" ne manqueront pas de piquer la curiosité locale. Tous les vieux enfants aiment regarder de belles images, et celles du cinématographe sont des images qui bougent ! Cela suffit à expliquer la popularité et la vogue énorme de ces surprenantes projections. li paraît, disent les gens bien informés, que MM. Auguste et Louis Lumière, qui sont, l'un en mécanique, l'autre en chimie, de très grands savants et des expérimentateurs audacieux, préparent pour 1900 un appareil plus extraordinaire encore qui donnera à la fois le mouvement et la "couleur", directement enregistrés, et par combinaison avec le phonographe, la parole ou le chant, bref, toute la lyre, toute la vue notée et rendue ! En attendant celle nouvelle merveille qu'étudient ces deux magiciens ne manquez pas d'aller passer à l'Alcazar une des plus agréables soirées qui nous aient jamais été offertes à Amiens.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 19 juin 1897.
Peu après, la clôture est annoncée:
Le cinématographe Lumière va clore la série de ses représentations le vendredi 25 juin, en plein succès. Nous engageons vivement ceux qui désirent passer un moment agréable, à aller voir le nouveau programme qui dépasse tout ce que l'on peut imaginer en Photographies Animées. Dimanche et jeudi, grande matinée à 5 h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 20 juin 1897.
C'est finalement le 24 juin qu'ont lieu les dernières séances:
Pour la dernière fois, jeudi 24 juin, matinée à 5h. Le soir, séances à 9 h et à 10 h. Vendredi, séance de clôture à 9h.
Le Journal d'Amiens, indicateur de la Somme, Amiens, 24 juin 1897.
Le Cinématographe Géant Schram (Boulevard Carnot, 24 juin-[24] juillet 1897)
C'est à l'occasion de la foire de la Saint-Jean, qui est inaugurée le 24 juin et qui dure un mois, que le Cinématographe Géant du forain Schram s'intalle boulevard Carnot:
LA FOIRE DE LA SAINT-JEAN
La foire de la Saint-Jean va s'ouvrir dans quelques jours. L'arrêté municipal comprenant les mesures d'ordre et de police est affiché, le montage des galeries est presque achevé. On n'attend plus que les établissements forains.
[...]
Poursuivons notre promenade. Le boulevard Carnot ne sera pas moins bien partagé: à l'entrée, nous y verrons les balances Labarbe, la friture Dewerre, le musée d'anatomie Bonnet, la photographie Allaert; puis le grand musée mécanique Gillet (grand palais des Merveilles), le cinématographe géant Schram, le miroir de Cagliostro, le tir mécanique Roffidal, le tir Mollet, la pâtisserie Rodden, la loterie Guénault, le décapité parlant Castex, un splendide athénéum, le théâtre américain Pivallier, l'exhibition Mallette.
Le Progrès de la Somme, Amiens, 12 juin 1897, p. 2.
Le Polyomatographe Vivant de M. Ulmann (Boulevard Saint-Charles, 24 juin-[24] juillet 1897)
C'est à l'occasion de la foire de la Saint-Jean, qui est inaugurée le 24 juin et qui dure un mois, que le Cinématographe Géant du forain Ulmann s'intalle boulevard Saint-Charles:
LA FOIRE DE LA SAINT-JEAN
La foire de la Saint-Jean va s'ouvrir dans quelques jours. L'arrêté municipal comprenant les mesures d'ordre et de police est affiché, le montage des galeries est presque achevé. On n'attend plus que les établissements forains.
[...]
Le boulevard Saint-Charles sera en majeure partie occupé par les petits établissements. Citons les pâtisseries parisiennes, Ferrari (fritures), la photographie Prince, le tir Wiart Mollet, les tournants Tellier, le tir Rottée. la loterie Potée, la loterie Touttefer, deux loteries d'oiseaux. Vers le milieu, la grande Ménagerie Redenbach, dont l'établissement mesure 60 mètres de longueur, le polyomatographe vivant Ulmann, le panorama Hector, le théâtre des Arts Eugénius Dellard, où l'on repréesentera la guerre de Madagascar.
Le Progrès de la Somme, Amiens, 12 juin 1897, p. 2.
Le cinématographe du Théâtre Moderne (1er juillet 1897)
Théâtre moderne.Cinématographe et automate chanteur. L'automate-chanteur est une adjonction très curieuse et toute récente apportée au cinématographe. Nul doute que les premiers auditeurs n'engagent vivement tous leurs amis à assister aux soirées du théâtre moderne.
L'indicateur amiénois et Petites affiches de la Somme, 1 juillet 1897.
1899
Le Nouveau cinematographe Lumière (Boulevard Carnot, <12> juillet 1899)
Le nouveau cinématographe Lumière est installé sur le boulevard Carnot en juillet :
Nouveau cinématographe de MM. A. et L Lumière
Nous engageons également nos lecteurs à rendre visite au cinématographe A. et L. Lumière, boulevard Carnot Celui-ci présente un spectacle différent du Biographe. En dehors des vues nouvelles, parfaitement présentées et d’un réalisme donnantune illusion complète, on assiste à des scènes de transformation absolument incroyables. C’est une séance vivante de Robert-Houdin, amusante au possible : l'Aveugle fin de siècle, le Barbier, la Lune à un mètre, valent à eux seuls la séance.
Le cinématographe Lumière du boulevard Carnot, mettant à profit les inventions les plus récentes, présente aussi des Photoographies en couleur : la danse serpentine, le ballet de feu, etc., etc., avec les couleurs véritables. C’est une véritable vue de la réalité, et l’illusion est parfaite.
C’est le dernier cri de la science amusante
.Le Progrès de la Somme, Amiens, mercredi 12 juillet 1899, p. 3.
1901
Le Palais des Cinématographes (Boulevard Carnot, <9->13 juillet 1901)
À l'occasion de la Foire, Le Palais des Cinématographes s'installe sur le boulevard Carnot :
Palais des Cinématographes
Universellement renommé. Etablissement le plus confortable qui voyage.
Représentation permanente. A chaque séance, programme complet d'une série de tableaux les plus originaux et nouveaux.
Tous les soirs, à 8 heures, grande représentation extraordinaire.
Tous les jeudis, à 3 heures, représentation de famille.
Boulevard Carnot (près de la rue de Beauvais).
Le Progrès de la Somme, Amiens, dimanche 23 juin 1901, p. 2.
Le Palais des Cinématographes propose un film local tourné lors de la cavalcade :
Palais des Cinématographes
Universellement renommé. Etablissement le plus confortable qui voyage.
Représentation permanente. A chaque séance, programme complet d'une série de tableaux les plus originaux et nouveaux.
Tous les soirs, à 8 heures, grande représentation extraordinaire.
Tous les jeudis, à 3 heures, grande représentation extraordinaire.
Tous les jeudis, à 3 heures, représentation de famille.
Tous les jours, la Grande Cavalcade d'Amiens du 30 juin.
Boulevard Carnot (près de la rue de Beauvais).
Le Progrès de la Somme, Amiens, mercredi 3 juillet 1901, p. 3.
Cette annonce est publiée jusqu'au 22 juillet 1901.
1903
Le Théâtre Vernassier (Foire de la Saint-Jean, [24] juin-[23] juillet 1903
Louis Vernassier installe sa loge en juin:
LA FOIRE DE 1903
Depuis hier on peut voir placardées sur les murs de notre ville les affiches règlementant la foire de la Saint-Jean pour 1903.
L'arrêté diffère peu de ceux pris précédemment, l'ouverture de la foire est toujours fixée au 24 juin et la fermeture se fera le 23 juillet.
[...]
Comme spectacles divers notons: [...] le Théâtre Vernassier.
Le Progrès de la Somme., Amiens, mercredi 17 juin 1903, p. 2.
Un autre article offre quelques informations complémentaires:
Parmi les attractions nouvelles que nous apporte la foire de la St-Jean, il convient de citer en première ligne, le Théâtre music-hall Vernassier, qui vient de remporter un succès enthousiaste à Compiègne.
Le Théâtre Vernassier est une coquette et même luxueuse installation, éclairage et ventilation électriques, fauteuils confortables, etc, et en outre il possède un charmant spectacle.
Nous reviendrons en détail sur ce spectacle. Contentons-nous de dire que nous relevons au programme l’illusionniste Stelly, la voyante devineresse Eva (transmission de la pensée), des projections animées, les Vernabène, excentriques musicaux, des pantomimes, danses, expériences scientifiques, etc.
Nul doute du succès de cet établisseme[nt] à Amiens où l'on aime la nouveauté.
Le Progrès de la Somme, Amiens, mardi 23 juin 1903, p. 2.
1905
Le Cinématographe automobile (30 juillet 1905)
Une voiture de la société " le Cinématographe automobile ", une entreprise originale d'Alfred Bréard accompagne le Concours de Véhicules Industriels, organisé par l'Automobile Club de France du 28 juillet au 8 août 1905, qui conduit les voitures de Paris à Compiègne, puis à Amiens, Dieppe, Le Havre et retour à Paris. Des séances sont proposées les 29, 30 et 31 juillet 1905, au Chalet Saint-Roch :
AMIENS.-Le cinématographe automobile du Petit Journal sera à Amiens les 29, 30 et 31 juillet. Tout porteur du Petit Journal du jour ne paiera, sur la présentation du Petit Journal, aux guichets de la salle de l'Alcazar, que demi-place.
Le Petit Journal, Paris, 29 juillet 1905, p. 4.
Le Cinématographe se rend ensuite à Dieppe.
The Evening Star du docteur Dobler (Alcazar, 31 octobre 1905)
The Evening Star du docteur Dobler est à l'Alcazar pour une soirée en octobre :
ALCAZAR D'AMIENS
Mardi 31 Oclobre, à 8 h. 1/2, soirée de début du Grand Cinématographe Américain "The Evening Star" (L'Etoile du soir), avec la Pendule enchantée. — Le Panorama d'Argenteull à Bezons. — Le Ballet de l'Etoile. — Course Royale de Taureaux. — Habillage aérien. — Le Dirigeable Lebaudy. — Les Valton's. — Russes et Japonais. — Vengeance de Mendiante. — Duel de femmes. — Enlèvement en Auto et Mariage Américain. — Petit Poucet. — Cambrioleurs diaboliques. — Erreur de porte. — En passant l'Octroi et quantité d'autres vues comiques et intéressantes.
Voir programme A.
Chaque jour, soirée à 8 h. 1/2. Jeudis, Dimanches et Fêtes, matinées à 3 heure.
3 heures de spectacle. — Grand Orchestre symphonique.
Places : 0 fr. 50 ; 1 fr. ; 1 Ir. 50 ; 2 fr.
Le Progrès de la Somme, Amiens, 29 octobre 1905, p. 2.