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- Création : 25 mars 2015
- Mis à jour : 26 octobre 2024
- Publication : 25 mars 2015
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LORIENT
Jean-Claude SEGUIN
Lorient, ville du département du Morbihan (France), compte 42.116 habitants (1894)
1896
Le kinétoscope de la Foire de Pâques (avril 1896)
Les Lorientais ont la chance de pouvoir découvrir, en avril 1896, à l'occasion de la foire de Pâques, le célèbre kinétoscope Edison qui est le précurseur direct du cinématographe. Certes il n'y a pas projection et la vision est individuelle, mais il s'agit malgré tout de vues animées :
La Foire de Pâques
Le Kinétoscope, la nouvelle perfection de M. Edison. Là on assiste tout d'abord à un combat de coqs puis à un ballet dansé par trois sujets.
Cette invention est une des plus grandes attractions de la foire. L'on croirait assister réellement à l'exécution du ballet tant les mulitples mouvements sont reproduits avec la plus grande exactitude.
Il me manque plus que d'adapter le phonographe au kinétoscope pour pouvoir voir et entendre une pièce qui aurait été jouée à cent lieues d'ici.
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, 9 avril 1896, p. 1.
Edison a déjà réalisé ce que le journaliste évoque pour un futur prochain. Nous ignorons en revanche le nom du propriétaire de cet appareil révolutionnaire.
Le Cinéphotographe du Théâtre Romain de Jules Jancel (4-[20] octobre 1896)
Le Théâtre Romain, propriété de Jules Jancel, circule dans la région depuis quelques mois, mais la nouveauté de l'automne est sans nul doute le cinématographe dont tout le monde parle, mais que peu ont pu voir.Le Phare de Bretagne annonce l'arrivée d'un cinéphotographe :
Le Cinéphotographe.-Nous venons d'apprendre que le Cinéphotographe, qui vient de remporter de si nombreux succès dans toute la France, va s'installer dans notre localité pour la durée de cette foire.
C'est une bonne nouvelle pour tout le monde qui pourra juger du dernier mot de la science.
Les scènes de photographies vivantes de cet établissement modèle assurent un grand succès à cette loge et toute la population lorientaise voudra y faire de fréquentes visites, car la collection des tableaux étant très grande, le Directeur changera souvent son programme afin de tenir la curiosité publique toujours en éveil.
Nous sommes heureux d'annoncer cette bonne nouvelle, et nos amis nous en saurons gré.
Le Phare de Bretagne, Lorient, dimanche 4 octobre 1896.
À la foire de la Victoire, qui commence le premier dimanche d'octobre et dure une quinzaine de jours, sous la tente du Théâtre Romain, on propose ainsi des projections de vues animées, mais aussi des tours de magie. L'inauguration a sans doute eu lieu le dimanche 4 octobre, début de la foire, mais la presse n'en parle que quelques jours plus tard :
Théâtre Romain
Nous engageons vivement nos lecteurs à visiter le Théâtre Romain.
Le programme vient de s'augmenter d'une attraction toute nouvelle.
Le Directeur afin de plaire au public toujours nombreux qui se presse sous sa tente vient d'y installer un cénématographe [sic].
Nos lecteurs connaissent au moins par ouï dire cette merveilleuse application de la photographie instantanée qui, par des séries de poses multipliées à l'infini, reproduit tous les mouvements d'une scène. À citer particulièrement un régiment en marche, une arrivée de train, , etc., etc.
On voit aussi au Théâtre Romain, une très jolie application de substitution d'objets, appelée par l'impressario la métempsychose ou les métamorphoses.
Le Morbihannais, Lorient, 14 octobre 1896, p. 2.
Le journaliste s'évertue à expliquer comment fonctionne le cinématographe... pas sûr que les Lorientais comprennent ses explications. Quand au répertoire connu, deux vues seulement, un régiment en marche et une arrivée de train... des classiques qui figurent déjà chez les éditeurs de films du moment. L'appareil pourrait être celui du constructeur Lépée. C'est sans doute vers la fin du mois, fin aussi de la foire, que le Théâtre Romain quitte Lorient pour se rendre à Pontivy.
1897
Le Cinématographe Joly d'Ernest Normandin (Théâtre de Lorient, mars-avril 1897)
Ernest Normandin parcourt la Bretagne afin de présenter le cinématographe Joly qu'il commercialise. Quelques jours avant, il a organisé des séances à Quimper et à Pont-L'Abbé. À Lorient, il va installer son appareil au théâtre de la ville. L'inauguration a lieu le mercredi 31 mars :
Le Cinématographe Joly à Lorient.-M. Normandin ingénieur des arts et manufactures, propriétaire du brevet du cinématographe Joly, système perfectionné a donné, hier soir, au théâtre de Lorient une soirée dans laquelle il a fait voir ce que peut produire cet appareil merveilleux que jusqu'ici, ont seuls pu admirer quelques privilégiés, surtout présenté dans ces conditions.
Tout le monde a lu la description du cynématographe, chacun sait que cet instrument photographie les personnes et les choses en mouvement, et que - comme le phonographe en ce qui concerne les sons - après le laps de temps, au moment et autant de fois que l'on voudra, les scènes ainsi fixées par le cinématographe pourront être reproduites avec une rigoureuse exactitude.
Certainement, dans ses conséquences si l'on veut bien réfléchir à tout le parti que l'on peut tirer de cet instrument, le cinématographe est une des plus utiles conquêtes de l'esprit moderne.
Une deuxième et dernière représentation ce soir, jeudi, à 8 heures 1/2 au théâtre.
Le Phare de Bretagne, Lorient, 2 avril 1897, p. 2.
Aucune information sur le répertoire que présente Normandin, mais en revanche, une remarque intéressante relative à la longueur des films :
Cinématographe Jolys
Le Cinématographe Jolys qui a donné mercredi et jeudi au théâtre deux intéressantes séances d'ailleurs fort suivies, donnera sa dernière séance samedi soir.
Il sera à Vannes dimanche, lundi et mardi.
L'originalité du système consiste surtout dans la longueur des tableaux qui durent cinq minutes et dans les personnages qui défilent en grandeur naturelle.
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, 4 avril 1897, p. 1.
Il y a encore peu d'éditeurs susceptibles de présenter des films qui dépassent une ou deux minutes. Après une troisième présentation, Ernest Normandin se rend à Vannes.
Le Théâtre des Merveilles de Louis Vernassier (Place Alsace-Lorraine, [18] avril-3 mai 1897)
Collection du Grand Bazar Parisien, Lorient, Lorient-Place Alsace-Lorraine (c. 1902)
La foire de Pâques dure une quinzaine de jours. Parmi les forains, Louis Vernassier installe sa baraque, le Théâtre des Merveilles. Il s'agit d'un habitué qui parcourt la Bretagne de foire en foire. La presse qui ne s'y trompe pas annonce son arrivée dès le 10 avril (L'Avenir de la Bretagne, Lorient, 10 avril 1897, p. 2) et en dresse un rapide portrait :
La Foire de Pâques
Grand succès de curiosité aujourd'hui place Alsace-Lorraine, pour une luxueuse loge qui vient de s'y installer. C'est le Théâtre des Merveilles, dont on nous avait annoncé l'arrivée, et qui pendant deux mois à Nantes n'a pas désempli. À Dinan, le succès n'a fait que s'affermir et nous sommes certains que le directeur, M. Vernassier, emportera de son passage à Lorient un agréable souvenir.
Le Cinématographe, auquel il a apporté de précieuses modifications en mécanicien consommé, fonctionne à la lumière électrique et un programme très varié permettra à nos lecteurs de revenir souvent goûter une distraction scientifique, morale et en dehors de toute banalité.
Le Morbihannais, Lorient, 18 avril 1897, p. 2.
Alors qu'habituellement la presse ne s'intéresse guère aux programmes des cinématographes de foire, à Lorient, les journaux nous fournissent à plusieurs reprises les titres des films ce qui permet d'avoir une idée du corpus de Louis Vernassier :
À la foire.-Il nous a été permis de constater, dimanche et lundi, que le goût du public se porte vers les distractions présentant de préférence un caractère scientifique, tout en laissant une large part à la gaieté et à l'amusement que l'on recherche dans toute fête populaire.
M. Vernassier, le directeur du Théâtre des Merveilles, a droit à toutes nos félicitations et le public qui, pendant ces deux jours de fête, se pressait à ces séances, lui a prouvé que ses efforts pour le mieux portent leurs fruits.
Mais aussi quel joli spectacle, quel confortable aménagement. Tous les tableaux étaient applaudis avec frénésie. Citons au hasard : " La sortie des pompiers, la baignade des nègres, l'arrivée du train ; le crâne défilé d'un régiment de ligne et d'un escadron de cavalerie ; la bourrée des Auvergnats, et mettons en toute première ligne une vue des grands boulevards, et enfin la danse serpentine."
On nous promet toutes les semaines de nouveaux tableaux. Tant mieux, car le Cinématographe sera le rendez-vous des familles et l'attraction recherchée de tous.
Le Phare de Bretagne, Lorient, 23 avril 1897, p. 2
En revanche, il est délicat de savoir de quel(s) éditeur(s) proviennent ces vues animées, surtout parce que la plupart des titres se retrouvent dans plusieurs catalogues. On peut malgré tout identifier plusieurs vues qui figurent dans celui de De Bedts ou de Mendel. Cela tendrait à prouver que Louis Vernassier passe par un revendeur comme Mendel pour se fournir en films. Par ailleurs, le succès est au rendez-vous d'autant plus que le pionnier n'hésite pas à proposer quelques vues plus audacieuses : " La direction a complètement changé le programme et l'a agrémenté de quelques petites exhibitions très suggestives sans pour cela être "shoking". Les enfants peuvent y être amenés sans crainte (Le Phare de Bretagne, Lorient, 28 avril 1897, p. 2). Il n'empêche... quelques vues pourraient bien choquer les bienpensants :
À la foire.- Nous avons le regret d'annoncer à nos lecteurs les dernières représentations du Cinématographe, qui clôture dimanche irrévocablement.
Que nos lecteurs aillent applaudir, parmi les nouvelles bandes : La Fête vélocipédique, la grosse farce ayant pour titre Le Barbier amoureux, une admirable vue des Halles centrales, et La Mondaine au bain, dont le titre surtout ne doit effrayer personne, le tableau étant réglé de si gentille façon que l'on acclame la jolie parisienne qui l'a posé.
Comme toujours, l'on doit avoir le soin de retenir ses places quelques minutes d'avance, car le succès du début s'est maintenu, grâce aux nombreux changements de programme.
M. Vernassier a eu l'heureuse idée d'offrir aux élèves de toutes nos écoles de belles représentations.
Nous avons assisté hier à la sortie des fillettes de l'école de la rue Traversière, et cela faisait vraiment plaisir de voir la joie et l'étonnement qui étaient peints sur tous ces jeunes visages.
Le Phare de Bretagne, Lorient, 30 avril 1897, p. 3.
Le film La Mondaine au bain est un " déshabillé " qui provoque souvent des vagues... Aussi le journaliste préfère-t-il désamorcer les éventuelles protestations. Par ailleurs, il est habituel que les pionniers, forains ou pas, offrent des séances de bienfaisance ou pour les enfants des écoles. On imagine que, pour ces projections, le répertoire est adapté au jeune public. C'est finalement le 2 mai 1897 que se terminent les séances de cinématographie :
À la foire.-Le Théâtre des Merveilles clôture demain, dimanche, ses représentations.
La direction nous prie de faire savoir à nos lecteurs qu'à titre d'adieux et de remerciements les dernières séances se composeront des tableaux les plus applaudis et de quelques nouveautés parmi lesquelles nous citerons : Un duel, les lutteurs turcs aux Folies-Bergères, la danse dans les sillons, et la Mondaine au bain.
Le Cinématographe part ensuite pour Saint-Servan où, sans nul doute, il retrouvera le même succès.
Le Phare de Bretagne, Lorient, 2 mai 1897, p. 2.
On remarquera que le journaliste ou le pionnier n'hésitent à modifier les titres par négligence ou par astuce commerciale. Comme l'indique ce dernier article, Louis Vernassier va continuer son parcours en Bretagne et se rend à Saint-Servan.
Répertoire (autres films) : Une Sortie des pompiers de Paris, Le Défilé du 117, L'Arrivée d'un train égayée d’incidents comiques ; Les Grands Boulevards Parisiens, et la Danse Serpentine (Le Morbihannais, Lorient, 24 avril 1897, p. 3), Les cireurs, La partie au cabaret, Un coin des Halles (Le Phare de Bretagne, Lorient, 28 avril 1897, p. 2).
1898
Le Théâtre des Merveilles de Louis Vernassier (Place Alsace-Lorraine, [2] ->2 octobre 1898)
Louis Vernassier installe son Théâtre des Merveilles à l'occasion de la Foire :
A LA FOIRE
Nous apprenons avec plaisir l'arrivée dans notre ville du Théâtre des Merveilles, installé place Alsace-Lorraine qui a obtenu l'an dernier un si grand succès.
Il nous revient cette année non seulement avec une nouvelle série de tableaux cinématographiques mais encore avec une nouvelle attraction. Les rayons X découverte du professeur Roentyen [sic]. La vision à travers les corps opaques.
Monsieur Vernassiez, l'aimable directeur n'a reculé devant aucun frais pour donner à son théâtre tout l'attrait et le confort nécessaire.
Le Morbihannais, Lorient, dimanche 2 octobre 1898, p. 3.
1901
Le Cinématophone de Louis Watrin (Place Alsace-Lorraine, [14]-24 avril 1901)
Le Cinématophone, nom donné par Louis Watrin à son projecteur cinématographique, s'installe sur la place Alsace-Lorraine à l'occasion de la foire de Pâques :
LORIENT
Le Dimanche à Lorient
[...]
ATTRACTIONS place Alsace-Lorraine et cours des Quais : Séances au Théâtre des chiens savants; à la Ménagerie Alexiano ; à l'établissement de Miarka la gitane (grand succès !); au Cinématophone; à la Pieuvre Humaine, etc., etc...
La République du Morbihan, Lorient, dimanche 14 avril 1901, p. 3.
Le Nouvelliste du Morbihan consacre quelques lignes aux projections :
La foire de Pâques
[...]
Le cinématophone que dirige avec distinction le bon M. Watrin doit subir le contrecoup d'une saison pluvieuse et venteuse et de l'essai des appareils. Hier, une foule nombreuse a rempli ce confortable établissement pour applaudir la Vie et Passion de Jésus, les vues radioscomiques et radiographiques, les projections de couleur. Nous reviendrons sur les attractions que nous présente M. Watrin.
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, dimanche 14 avril 1901, p. 2.
Un autre article offre quelques autres titres du répertoire :
La foire de Pâques.-Parmi les nombreuses attractions installées place Alsace-Lorraine, nous avons remarqué le coquet établissement du cinématophone qui attire chaque jour un nombreux public. Le programme en effet est très varié et mérite l'admiration des spectateurs.
Aujourd'hui lundi, à 8 h. 3/4, le cinématophone donnera sa troisième soirée de gala. En voici le programme, qui nous paraît des plus intéressants:
Un ballet de l'Opéra: une baignade en mer; une danse merveilleuse; une charge de cuirassiers, etc. etc.
La soirée se terminera par le kalédoscope et des projections en couleurs.
La Dépêche de Lorient, Lorient, lundi 15 avril 1901, p. 2.
Le Cinématophone rencontre un vif succès public :
Le cinématophone.-En raison de l'affluence du public qui se pressait hier au soir dans la salle du cinématophone, une dernière soirée aura lieu aujourd'hui. Avis aux retardataires qui n'ont pas encore pu jouir de ce spectacle.
La Dépêche de Lorient, Lorient, mercredi 24 avril 1901, p. 2.
Le Cinématographe américain (Foire, <14> avril 1901
À l'occasion de la foire de Pâques, le Cinématographe américain présente des vues animées :
La foire de Pâques
[...]
Le cinématographe américain continue de faire recettes. Pourquoi ? peut-être bien parce que l'on y peut applaudir tout à l'aise Kruger et ses braves burghers, indépendamment d'autres attractions relevées.
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, 14 avril 1901, p. 2.
Le Cinématophone de Louis Watrin (Place Alsace-Lorraine, <13->21 octobre 1901)
Le Cinématophone, nom donné par Louis Watrin à son projecteur cinématographique, s'installe sur la place Alsace-Lorraine:
LORIENT
Le Dimanche à Lorient
Attractions sur la place Alsace-Lorraine et cours des Quais: Cinématographe Wattrin [sic], grand succès !!!
La République du Morbihan, Lorient, 13 octobre 1901, p. 2.
Un article offre quelques informations supplémentaires :
Cinématophone
Ce soir, au cinématophone Wattrin [sic] installé sur la place Alsace-Lorraine changement de spectacle:
Nous aurons le plaisir d'applaudir les 28 Jours de Clairette, scène cinématophonique et la 2e série des vues du Transvaal.
La République du Morbihan, Morbihan, 13 octobre 1901, p. 2.
Le Cinématophone offre une soirée de gala au cours de son séjour :
Au cinématophone
Salle comble hier, à la soirée de gala qu'offrait le cinématophone. Les projections en couleur de l'Exposition de 1900 ont été suivies avec intérêt, ainsi que les Courses de Taureaux, si vivantes et si vraies, que des dames, épouvantées, en poussaient des cris d'horreur.
Notons aussi le succès très mérité qu'a obtenu dans es vision d'art miss Darling.
Mais il va sans dire que la curiosité de tous les spectateurs allait surtout aux fêtes franco-russes. Aussi la revue de Dunkerque et celle de Betheny ont-elles été saluées d'applaudissements chaleureux. Lorsque le graphophone a joué l'hymne russe, l'enthousiasme de la salle a été à son comble, et chacun a eu l'illusion d'être reporté quelques semaines en arrière et revivre ces grandes journées de l'alliance.
Enfin la représentation a pris fin sur l'exécution magistrale du duo du duel de Carmen.
Les spectateurs sont tous partis enchantés de leur soirée et se promettant bien de revenir à celle d'aujourd'hui.
La Dépêche de Lorient, Lorient, dimanche 20 octobre 1901, p. 2.
Un article du Nouvelliste du Morbihan donne quelques informations complémentaires sur le Cinématophone :
Nos forains
La foire de la Victoire est sur le point de se terminer; quelques heures encore et nos places publiques redeviendront silencieuses.
C'est sans doute pour cette raison que le cinématophone Watrin fait, chaque soir, salle comble. Nous avons exposé les diverses attractions qui peuvent y attirer; elles sont aussi variées que multiples, aussi ingénieuses que belles. Jamais encore, sur nos places, nous n'avions entendu Carmen, Faust, etc. Inutile désormais d'aller au théâtre: le cinématophone Watrin, excellemment dirigé, vous fera entendre ces partitions musicales dont le renom est universel et dont l'exquise mélodie exerce toujours son action magique et troublante sur les esprits. M. Watrin ne devrait-il solliciter de la municipalité une prolongation de séjour ?
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, 20 octobre 1901, p. 2.
1902
Le Cinématophone de Louis Watrin (>2> janvier 1902)
Louis Watrin installe son Cinématophone et organise des séances de projections animées :
Nos forains
Peu d'établissements sur nos places publiques: quelques carrousels, quelques confiseries, quelques tirs.
Le cinématophone Watrin, s'il na pas retrouvé complément son succès de la Victoire, ne laisse pas cependant que de grouper, chaque soir, une société nombreuse, intelligente, attentive et satisfaite. Les projections animées sont d'ailleurs fort belles et, pour la plupart, nouvelles.
La Nouvelliste du Morbihan, Lorient, jeudi 2 janvier 1902, p. 2.
Le Cinématophone de Louis Watrin (<3> avril 1902)
À l'occasion de la foire, Louis Watrin organise des séances de vues animées avec son Cinématophone :
Nos Forains
Le temps maussade de dimanche dernier a disparu, pour faire place, hier, à une journée réellement printanière. Aussi nos cousines des enrions sont-elles venues nombreuses, fraîches, pimpantes, visiter leurs cousins et se presser dans les établissements forains.
Au Cinématophone Vatrin [sic], le brave directeur était sur les dents: pensez donc ! du monde jusque la toiture; quelques jeunes cousins à califourchon sur les solives de la charpente. Et éclats de rire se succédant soit devant le plongeon admirablement mimé, soit devant les têtes impayables de Rochefort et de Zola, se traitant mutuellement de vendus aux Juifs!...
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, jeudi 3 avril 1902, p. 2.
1903
Le Cinématophone de Louis Watrin (Place Alsace-Lorraine, 9 août-20 septembre 1903)
Louis Watrin inaugure ses séances cinématographiques avec son Cinématophone en août :
L'ouverture du Cinématophone a eu lieu dimanche; il est installé pour 15 jours sur la Place Alsace-Lorraine. Le spectacle que va nous offrir le directeur est entièrement nouveau et choisi. Comme fééries: Samson et Dalila; Ali-Baba et les 40 Voleurs; la Belle au Bois dormant, etc...
Comme actualités: Le Voyage du président en Algérie; Edouard VII à Paris; Voyage présidentiel à Londes; La Danse du Cake Valk; Le Looping the loop, etc., etc.
Tous les lorientais se donneront rendez-vous dans ce théâtre, qui les a toujours bien intéressés chaque fois qu'il a séjourné à Lorient.
A toutes les séances les scènes animées seront renouvelées; tous les soirs séance à 8 h 3/4.
Samedi à l'occasion de l'Assompation et dimanche il y aura matinées à prix réduits.
Le Morbihannais, Lorient, mercredi 12 août 1903, p. 2.
Les séances se prolongent pendant une quinzaine de jours :
Le Cinématophone
La soirée de mardi et celle d'hier ont été des plus agréable, et nous ne craignons pas d'être démenti en disant que rarement nous avons vu à Lorient un si joli spectacle. Les années précédentes le Cinématophone avait déjà intéressé ses spectateurs. Mais cette fois, il y a beaucoup plus de netteté dans les vues, et comme durée de Représentation, c'est tout à fait comme dans un grand théâtre.
Vraiment, on peut se déranger pour assister à ces séances qui ont lieu tous les soirs, à aucun autre établissement du même genre on ne voit aussi beau. Aussi, il y a toujours beaucoup de monde et ce n'est que justice.
Ce soir, grande féerie en 10 actes, Ali-Baba et les 40 Voleurs et pour terminer la séance une scène Cinématophonisée: La Robe, poésie (d'Eugène Manuel).
Dimanche matinée à 2, 3, 4 et 5 heures à prix réduits. Le soir deux séances à 8 h. et 9 h 1/2.
Le Morbihannais, Lorient, dimanche 23 août 1903, p. 2.
La fin des représentations est annoncée pour septembre :
Le Cinématophone.-On nous informe que le cinématophone clôture dimanche prochain. Nous engageons nos lecteurs à profiter des dernières séances. Nous avons parlé avec satisfaction de l'importance du spectacle offert tous les jours, c'est pourquoi nous recommandons à tout Lorient de passer de bonnes soirées au Cinématophone.
Ce soir, Ali-Baba ou les 40 voleurs, féérie en 10 actes; quand on a travaillé, scène parlante.
Jeudi: la Belle au bois dormant, féérie en 12 actes; la visite du Médecin-Major, scène parlante comique militaire.
Le Phare de Bretagne, mercredi 9 septembre 1903, p. 3.
Un contretemps conduit Louis Watrin à prolonger un peu son séjour :
Le cinématophone
Nous annoncions dans notre dernier numéro la clôture du cinématophone pour dimanche dernier. Le directeur nous fait part qu'un de ses moteurs ayant une avarie et ne pouvant être réparé que pour la fin de la semaine, il a obtenu l'autorisation de rester à Lorient jusqu'à dimanche (20 courant). Il continuera tous les soirs ses représentations.
Aujourd'hui séance de gala à 8 h. 373: l'Histoire d'un crime, en 10 actes, et une scène parlante: Carmen, Jeudi: Samson et Dalila, féerie et scène parlante la Robe.
Le Nouvelliste du Morbihan, Lorient, jeudi 17 septembre 1903, p. 2.
1906
Le Cinématographe de Louis Watrin (Place Alsace-Lorraine, [11]-[21] octobre 1906)
Louis Watrin s'installe sur la place Alsace-Lorraine en octobre. Dans son programme, on trouve des vues locales :
Le Cinématophone
De tous les établissements cinématographiques voyageant le "Grand Salon du Cinématophone" installé place Alsace-Lorraine est certainement le plus coquet des théâtres et le plus confortable. L'immense choix de vues cinématographiques que possède la direction permeet de changer de spectacle tous les soirs et d'offrir aux nombreux spectateurs des nouveautés locales parmi lesquelles nous signalerons La sortie de la grand'messe de l'église Saint-Louis. Un membre éminent de notre barreau est croqué just au moment où il salue l'appareil cinématographique.
Ce soir jeudi, première représentation de gala: La Poule aux oeufs d'or, grande féerie en 10 tableaux en couleur, la Sortie de la messe de Saint-Louis, La Place Bisson, etc., etc., etc. C'est le tableau pris le vif, vivant, animé, remuant de la vie lorientaise.
Nous félicitons l'intelligent directeur M. Watrin, de la promptitude et de l'habileté qu'il apporte à la mise en scène de ces tableaux de moeurs locales. Plus d'un se retrouvera ou retrouvera des figures et des allures connues dans le va et vient cinématographié de la place Bisson et nous lui donnons rendez-vous dans la luxueuse installation pour applaudir une fois de plus à ses délicieuses soirées.
C'est le théâtre par l'image donnant admirablement la sensation de la réalité.
La Démocratie du Morbihan, Lorient, dimanche 14 octobre 1906, p. 2.
De nouveaux films sont évoqués dans un article de La Démocratie du Morbihan :
Sur la place Alsace-Lorraine
C'est encore sous le charme d'une délicieuse soirée passée au cinématophone que nous constatons que pour voyager à l'étranger il n'est point besoin de déplacement coûteux, il suffit d'assister aux représentations du cinématophone qui, durant 3 heures déroule devant un auditoire toujours bien composé, les sites merveilleux qui font partie de l'immense choix de vues cinématogrpahiques que possède le charmant théâtre dont M. Watrin a la direction.
Remarqué un voyage sur les rapides japonais nous donnant l'illusion complète d'un séjour au Japon.
Les Chiens Contrebandiers, tableau à sensation nous montrant des chiens fraudeurs poursuivis par des douaniers. Le Mariage du Roi d'Espagne (cliché spécial fait pour M. Watrin). La Visite à la Douane, les Etrennes du Facteur, La désopilante Auberge du Tohu Bohu nous fait dire qu cinématophone, non pas adieu mais au revoir.
Tous les jours changement de spectacle. Prix abordables. Enfin tout pour assurer à M. Watrin un succès mérité.
Mardi soir la soirée a obtenu un succès complet devant une salle bondée de spectateurs. Remarqué parmi les tableaux gais le Voyage à l'Etoile, d'un savant astronome que Jupiter jaloux renvoie sur terre et qui rombant sur un clocher s'empale et y servira longtemps de girouette. La Loïe Fuller ou plutôt la danse serpentine donne l'illusion de la réalité.
M. Watrin, qui se cantonne en Bretagne et aime Lorient recevra ici à Pâques prochaines une machine de 35 chevaux et un orgue merveilleux pour l'exécution et qui constitue une progrès dans ces appareils à musique connus. Ce sera un orchestre véritable avec la musique d'instruments à cordes non encore reproduite par les orgues que on entendra.
M. Wattrin, bravo, et au revoir à Pâques. En attendant demeurez-nous quelques jours encore !
La Démocratie du Morbihan, Lorient, dimanche 21 octobre 1906, p. 3.