- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 4 août 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 9934
Henri MÉNESSIER
(Puteaux, 1882-Paris, 1948)
Jean-Claude SEGUIN
1
Charles, Victor, François Ménessier (Paris, 1er, 21/03/1821-)
- et Henriette Bonnard (1829->1867). Descendance:
- et Marie Saint Urbain (Paris, [1841]-Paris 2e, 04/06/1887). Descendance :
- Charles, Marie Saint-Urbain/Menessier (Paris, 1er, 18/12/1858/Paris 8e, 31/10/1860-Neuilly-sur-Seine, 02/03/1885) épouse (Neuilly-sur-Seine, 15/05/1880) Marie, Pulchérie Brusco (Paris 12e, 30/11/1862-). Descendance :
- Henri, Amédée Ménessier (Puteaux, 01/10/1882-Paris 18e, 15/06/1948) :
- épouse (Paris 8e, 21/12/1922) Marie Thérèse Senectaire (Saint-Amant Tallende, 03/10/1886-≤ 1946).
- épouse (Paris 18e, 04/12/1946) Louise Agathe Noleval (Paris 18e, 30/12/1905-Celle-Saint-Cloud, 28/05/1981).
- Henri, Amédée Ménessier (Puteaux, 01/10/1882-Paris 18e, 15/06/1948) :
- Charles, Marie Saint-Urbain/Menessier (Paris, 1er, 18/12/1858/Paris 8e, 31/10/1860-Neuilly-sur-Seine, 02/03/1885) épouse (Neuilly-sur-Seine, 15/05/1880) Marie, Pulchérie Brusco (Paris 12e, 30/11/1862-). Descendance :
- et Marie Ubans (Paris, 1837-). Descendance et reconnaissance :
- Blanche, Marie, Charlotte Menessier (Paris 8e, 08/10/1860/Paris 8e, 31/10/1860-).
- épouse (31/12/1867) Henriette Bonnard. Reconnaissance :
- Amédée Ménessier (31/12/1867).
- Henri Ménessier (31/12/1867).
Identification
Le nom d'Henri Ménessier est parfois attaché à une photographie d'un jeune militaire aux longues moustaches. Il manque toutefois un témoignage qui permette de corroborer l'information. Par ailleurs, le nom "Henri Ménessier" est également celui d'un champion de tir ayant vécu à la même éqpoque. Le peintre-décorateur Il fait très probablement partie des proches d'Alice Guy qui figurent sur une photographie de 1912.
[Henri Menessier] | Henri Menessier, champion de France au Lebel La Vie au grand air, 1er décembre 1901, p. 719 |
Mme. Blache and Group of Solax Players.Moving Picture World, 13 janvier 1912, p. 130. |
2
Les origines (1882-1900)
Petit-fils d'un chirurgien-major, chevalier de la Légion d'Honneur, et d'une artiste chorégraphique, fils d'un corroyeur et d'une blanchisseuse, Henri Menessier perd son père alors qu'il n'est âgé que d'à peine deux ans et demi. Il trouve, très probablement, sa vocation auprès de son oncle Amédée Ménessier "Meness", peintre-décorateur connu dans le monde du théâtre parisien dès 1888 et lui aussi chevalier de la Légion d'Honneur. Voici l'appréciation que porte sur lui l'un de ses contemporains :
M. Ménessier est une des gloires du Music-hall. La "machinerie" ne le gêne nullement. Ses décors se prêtent à toutes les exigences d'une mise en scène souvent abracadabrante.
Gustave Coquiot, Nouveau manuel complet du peintre-décorateur de théâtre, Paris, L. Mulo, 1927, p. 72.
Grâce à son dossier de la Légion d'Honneur, on sait qu'il a travaillé pour de très nombreux théâtres (Les Bouffes, les Folies dramatiques, l'Ambigu, le Gymnase, le Châtelet...) et qu'il "a collaboré sous les ordres d'Antoine à la fondation du théâtre libre trouvant des plantations nouvelles et monté toutes les pièces sensationnelles". A-t-il également travaillé pour les frères Isola, propriétaire du Parisiana ? Son nom figure bien dans la presse :
A Parisiana.-le nouveau numéro des frères Isola obtient tous les soirs un gros succès. Miss Sydney danse les douze personnages d'un ballet au milieu de 60 jouets animés et revêtus de délicieux costumes. Le décor de Menessier est fort gracieux.
La Justice, Paris, 17 mai 1900, p. 3.
L'intérêt, c'est que dans ce cas-là le divertissement Sydney's joujoux, qui a pour interprète "Miss Sydney", va donner lieu, la même année, à une série cinématographique chez Gaumont (1900). Pourrait-on penser alors qu'il s'agit ici non pas d'Amédée, mais d'Henri ? Il y a, en tout cas, un lien possible...
Les activités cinématographiques (1900-1909)
Chez Gaumont ([1900]-1902)
Ce lien entre Henri Ménessier et Gaumont pourrait se confirmer par une courte phrase sibylline du propre Ménessier qui laisse entendre que les relations, au sein de l'entreprise, se sont détériorées :
Je suis donc balancé de chez Gaumont, je reviens dans le décor de chez Pathé.
"Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 16. Cinémathèque Française.
Cette brève information semble indiquer que les choses ne se sont pas bien passées alors... et qu'Henri Menessier a préféré aller sous d'autres cieux.
Chez Pathé ([1903])
Lorsqu'il rejoint Pathé, Henri Menessier figure comme peintre-décorateur sur son matricule militaire. C'est Hughes Laurent qui évoque son arrivée chez l'éditeur :
À Vincennes, rue du Bois, au théâtre PATHÉ, toiles de fond, châssis et accessoires sont brossés par COLAS, élève de l'atelier BUTEL ET VALTON, qui remplace Maurice FABRÈGE; il s'adjoint en 1903, VASSEUR ET DUMESNIL Gaston, ainsi que Henri MÉNESSIER, élève de l'atelier GABIN, qui était le neveu du maître MÉNESSIER dont les décors de théâtre ont été fort appréciés.
Qu'il soit dit en passant que DUMESNIL Gaston et Henri MÉNESSIER était tous les deux doués d'une habileté et, en peinture, d'une facture toute particulière ; si on leur demandait le port de Dunkerque ou de Marseille ou une place d'Alger, ou encore la baie d'Along, ou l'entrée de New-York, une fois le document en main, on leur plaçait au sol un fond de 6 x 4 et, quatre heures après, le fond était en place sur le plateau et il était impossible à la prise de vues de ne pas se croire à l'endroit désiré.
H. Laurent, "Le décor de cinéma et les décorateurs", Bulletin de l'AFITEC, 11e année, nº 16, 1957, p. 4.
Appelé sous les drapeaux, il passe la main à Hugues Laurent :
Henri MÉNESSIER appelé pour faire son service militaire en novembre 1903, pour une durée d'un an en qualité de soutien de famille, avait rejoint un régiment de zouaves au camp de Sathenay [sic], près de Lyon. Il quitta la maison PATHÉ en me désignant pour lui succéder.
H. Laurent, "Le décor de cinéma et les décorateurs", Bulletin de l'AFITEC, 11e année, nº 16, 1957, p. 4.
Incorporé au 3e régiment de zouaves au camp de Sathonay, à compter du 14 novembre 1903. Il est envoyé en disponibilité le 18 septembre 1904.
Chez Mendel (1904-1905)
Au retour du service militaire, Henri Ménessier, qui s'installe 6bis rue du Baigneur (3 avril 1905) va chez Pathé dans l'espoir de reprendre ses activités de décorateur, mais il n'y a pas de place pour lui. Il se rend alors chez Georges Mendel comme décorateur, mais accepte finalement de faire de la mise en scène. Il rapporte, avec humour, ses débuts comme cinématographiste :
Je reviens du régiment, je rentre dans le décor de théâtre parce que, chez Pathé, on venait de construire le studio de la rue du Bois, et malheureusement il n'y avait pas de travail. J'avais du travail chez Méliès. À ce moment-là, j'attendais que l'on veuille bien me convoquer chez Pathé pour travailler, mais j'avais besoin de travailler. Un samedi soir, j'arrive chez Mendel, boulevard Bonne Nouvelle; je le vois aux prises avec un client, il cherchait à lui vendre un poste de projection. Je dis "pardon, monsieur, avez-vous besoin d'un décorateur ? Je sors de la maison Pathé" (car ça faisait très bien). Il me dit : "Ah, vous êtes décorateur et vous faites de la mise en scène ?" - "Oui, monsieur". "Ecoutez, je suis avec un client pour 1/ 4 d'heure. Revenez dans 1/2 heure. Nous causerons." Quand je reviens, il me dit "voilà, je vais vous présenter à Mme Mendel qui est caissière dans la maison... Vous m'avez dit que vous faisiez de la mise en scène et des décors" - "Oh oui, surtout les décors." - "Mais vous faites aussi de la mise en scène" - "Oui, oui..." - "Avez-vous de bons scenarios ?" Je n'avais jamais fait un scénario. Je dis "Oui... Non... Oui..." - "Oh, certainement des comiques, des drames, etc." Je dis "oui, oui"... Il me dit "nous avons M. Broto [sic], très bon metteur en scène qui connaît bien son métier, mais il n'est pas sérieux, il nous amène des femmes... qui avaient plutôt l'air de cuisinières, il nous faut des jeunes..." Je dis "très bien, très bien"... Il me convoque donc pour le lundi soir 8 h. 30 "Et amenez-nous de bons scenarios ! Du comique par exemple... Longueur 25 m." Et je sors. Comme les copains étaient à Vincennes, je dis "je vais aller trouver un scenario... Il y avait un poivrot comique que je connaissais, il m'expliqua comment on faisait un scenario. Ça fait que le lundi, j'arrive chez Mendel qui me dit "Oh, c'est épatant... très bien". Je dis "avez-vous un studio" - "Non. mais je vais en construire un..." Il y avait une cage de fer, mais moi j'avais jamais regardé dans l'appareil. Mon copain, qui était très calé, m'avait expliqué ce que c'était qu'un fondu et une surimpression et beaucoup d'autres choses alors, en parlant de ça avec Mendel, j'avais l'air d'être calé. J' avais alors un estomac - je ne l'aurais pas maintenant... Il a été emballé. Dans la journée j'ai gagné 120 Frs. pour deux comiques. Mais le côté comique de l'affaire c'est qu'il m'a dit "je n'ai qu'un terrain avec hangar et plate-forme, je veux vous emmener au théâtre, vous verrez..." Il m'emmène donc. Et je prends possession du "truc". Je fais mon petit décor moi-même. Après ça, j'avais commandé mes artistes, le meilleur marché, c'était 8 Frs. A midi, Mendel me dit "je suis très embêté, d'habitude c'est moi qui opère mais aujourd'hui j'attends des clients de province. Eh bien, vous tournerez avec L... J'ai confiance en lui, mais je compte sur vous pour vérifier sa mise en plaque et voir si tout est bien au point..." Je réponds "tranquillisez vous..." Je me mets donc sur la plate-forme et tout le long du chemin, l'opérateur me dit "Ah, monsieur Ménessier, que je suis content. Enfin, je vais pouvoir apprendre quelque chose dans le métier... Il y a des truquages, il y a des choses... je ne sais pas comment c'est fait..." Alors je m'amène et je vois tout à l'envers. J'avais jamais regardé un appareil photographique de ma vie. J'avais, à ce moment-là, 23 ans... Tout le monde faisait de la photographie d'amateur. Jamais la curiosité ne m'était venue de voir dans un appareil. Je dis "Nom de Dieu, ils ont foutu tout à l' envers." Je me dis "C'est pas possible... ce gars-là est intelligent... il y a quelque chose de naturel..." Je dis "Vous savez, je ne suis pas très habitué... Ça change toujours..." Alors nous avons tourné... Je regardais simplement si ça dépassait pas 20 mètres. Ça faisait à peu près 22 mètres... alors on a tourné . Et nous avons ainsi tourné notre première scène. Après cela, on a été déjeuner avec du saucisson, du beurre, des radis, du camembert, pour 25 ronds. L'après-midi: 2° film. A 6 heures, nous étions rentrés. Mendel était enchanté. L'opérateur avait dû lui dire que j'étais l'as des as. Il me dit "Mon cher, il faut absolument que nous fassions une affaire ensemble. Amenez-moi un drame. Je dis "C'est, entendu." On boit l'apéritif. je trouve à la maison une lettre qui m'appelle chez Pathé. Le lundi, je dis à M. Mandel "vous voyez, j'ai une lettre". Il me répond "Pour une fois que j'avais eu la chance de trouver un homme de métier. Eh bien, si vous quittez Pathé, donnez-moi la préférence".
"Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 17. Cinémathèque Française.
L'expérience est de courte durée, et probablement quelques jours ou semaines plus tard, il est de retour chez Pathé.
Chez Pathé (1905)
Ce n'est qu'un rapide passage que va effectuer Henri Menessier chez Pathé. Il parle lui-même de cinq ou six mois :
Je retourne donc chez Pathé, je travaille 5 à 6 mois... Nous tournons "L'Album merveilleux"; j'ai appris pas mal de choses car je me faisais expliquer beaucoup de trucs par les opérateurs. Un film comme " La Valise de Barnum " m'a appris beaucoup de trucs. Tenez par exemple, il y avait un truc : on met les affiches les une sur les autres, puis tout à coup, l'affiche s'anime. Le type s'amène, prend l'affiche et la déchire ; c'est un trucage formidable. Ce film a eu beaucoup de succès.
"Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 18-19. Cinémathèque Française.
Des questions d'ordre chronologique se posent, car La Valise de Barnum a été tourné avant le mois de février 1904, alors que L'Album merveilleux date du milieu de l'année 1905. On peut penser qu'il confond, ici, ses deux périodes chez Pathé au cours desquelles il collabore avec Gaston Velle.
Chez Gaumont (1905-[1907])
Ce retour chez Gaumont marque une première période de stabilité dans la carrière professionnelle d'Henri Ménessier :
Quelques années plus tard, au début de 1905, MÉNESSIER, retour du service militaire, entre à la maison GAUMONT et dès que la production devient suffisamment importante, il s'adjoint Robert-Jules GARNIER, PERRIER, LANCELOT, MARTENS et, en novembre 1905, EGROT, qui quittait la maison PATHÉ.
Hughes Laurent, " Le décor du cinéma et les décorateurs ", Bulletin de l'AFITEC, 11e année, nº 18, 1957, p. 4.
Il est probable qu'il faille situer l'arrivée d'Henri Ménessier plutôt au cours de la seconde moitié de l'année 1905. L'une de ses premières collaborations semble avoir été Les Rêves d'un fumeur d'opium:
Nous avons fait un scénario pour un film intitulé " Fumeurs d'opium ".
Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 19. Cinémathèque Française.
Il travaille également avec Alice Guy :
Menessier dont je vous ai déjà parlé et Garnier, fils du constructeur de l'Opéra, autre excellent décorateur qui lui succéda, construisirent vingt-cinq décors solides, chiffe énorme pour l'époque.
GUY, 1976, 84.
Il reste également décorateur de théâtre et on lui doit les décors de La "Revue" des Ambassadeurs.. À cette époque, il réside au 1 rue Paul Féval dans le 18e arrondissement (30 octobre 1906).
Eclipse et Le Lion ([1908-1909]
Henri Ménessier quitte Gaumont et se retrouve dans d'autres société de production :
M. MEYNESSIER-Après avoir quitté Gaumont, j'ai fait quelque chose avec ECLIPSE (?) ou j'ai retrouvé Jasset. Après ça, nous avons fait le Lyon Pré St Gervais.
"Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 1. Cinémathèque Française.
À partir de 1908 et jusqu'à son départ pour les États-Unis, ses pas semblent se glisser dans ceux de Georges Hatot. En effet ce dernier quitte la direction de la production de l'Éclipse afin de participer à la création de la nouvelle société Le Lion (1908) présidée par Pierre de Froberville et dont le directeur technique est Théophile Michault. Ce dernier charge Georges Hatot de diriger le théâtre situé, comme l'usine, au Pré-St-Gervais.
Et après... (1910-1948)
Les États-Unis (1910-1922)
Henri Menessier décide de partir pour les États-Unis où il arrive le 4 juin 1910 à bord du St. Louis. C'est ainsi qu'il évoque sa décision de partir :
Musidora. Comment avez-vous été en Amérique ?
Ménessier. Eh ben voilà. On parlait de l'Amérique, on en parlait beaucoup, mais il n'y avait rien pour nous. Or, j'avais entendu que Pathé et Gaumont avaient l'intention de faire quelque chose en Amérique. À ce moment-là, il y avait une crise dans le cinéma, un ralentissement et il n’y avait rien d’intéressant à faire. Je me dis une chose : je trouve un de mes amis qui était décorateur de Belasco et de Frohman, en Amérique, et il voulait faire un voyage. Il vient me voir. J’avais un petit atelier où je faisais de la photographie pour moi, rue d’Orsel. Il voit quelques-uns de mes travaux et me dit : "Vous devriez venir en Amérique." Je réponds : "Autant demander à un aveugle s’il voudrait voir clair. Mais le moyen d’y aller ?" Il me dit "Je peux vous assurer 6 mois de travail, mais il faudra que vous fassiez le directeur de théâtre pour 6 mois. Venez avec moi, nous allons monter LE CLOS DES ÉPINETTES, LA VIERGE FOLLE, LE VERTIVE, LE BOIS SACRÉ." Je luis dis "Tout ça 6 mois?"- Non, non, en théâtre, pour Belasco. Et vraiment, ma foi, j'ai accepté sa proposition. Le voyage à ce moment-là coûtait 325 Frs en seconde. Je pars donc pour Londres, Southampton, j'arrive pour faire du décor de théâtre avec l’idée d’aller chez Gaumont. J’avais chez Gaumont un contrat interdisant de travailler chez Pathé. Nous allons chez Gaumont d'abord. J'arrive là-bas, où était déjà construit un laboratoire avec des machines sur le modèle de SANTON, un très beau laboratoire.
"Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 1-2. Cinémathèque Française.
Il s'installe à New York (14 juin 1910-New York 241 West 62nd nº 176.). Il y rejoint Alice Guy qui fonde avec son époux Herbert Blaché le 7 septembre 1910, la Solax Co :
Menessier le peintre décorateur dont la collaboration me fut précieuse et qui me rejoignit plus tard aux États-Unis.
GUY, 1976: 74.
Le premier film produit par la société porte le titre de A child's sacrifice, distribué à partir du 21 octobre 1910. S'il reste difficile de savoir, dans la plupart des cas, le rôle joué par Henri Menessier dans cette production cinématographique.
Mme. Blache and Group of Solax Players.Moving Picture World, 13 janvier 1912, p. 130.
Il continue de maintenir des relations avec la France où il retourne à l'occasion comme en 1914. Il revient en effet, en provenance du Havre, le 21 février 1914, à bord de la Provence. En mai de cette même année, une nouvelle société est constituée, la United States Amusement Corporation dont il est l'un des responsables :
Blache Forms New Company.
Will Be Known as United States Amusement Corporation and Will Make Big Features.
UNDER the name of the United States Amusement Corporation, Herbert Blache, president of the Exclusive Supply Corporation, and Blache Features, Inc., has formed a $500,000 company for the production of large feature photodramas. Besides Mr. Blache, the directors of the company are Madame Alice Blaché, president of the Solax Company; Joseph M. Shear, Charles D. Lithgow, Joseph Borries, Henri Menessier and Jules E. Brulatour.
The Blaché picture producing plant in Fort Lee, N. J., has recently been enlarged by the addition of a new factory which is said to be one of the most perfectly equipped for the developing and printing of film of any in the United States. The old factory is rapidly being remodeled to furnish space for dressing rooms, offices, etc., and the new features will be produced in the Fort Lee plant under the direct supervision of President Blache.
The Moving Picture World, samedi 2 mai de 1914, p. 653.
Au moment de la 1re Guerre Mondial, il est réformé, puis maintenu dans la réforme :
Réformé nº 2 le 7 août 1914 par le Consul de France à New York pour "Varices profondes de la jambe gauche rendant la marche difficile."
Maintenu Réformé nº2 le 28 décembre 1915 par le Consul de France à New York pour "Cystite chronique. Varices internes de la jambe gauche. Néphrite interstricielle-Hypertrophie de la prostate."
Les autorités américaines de leur côté l'enregiste dans une Fiche militaire (1917). Parmi ses décors les plus remarqués, on compte celui de L'Occident avec Alla Nazimova :
HENRI MENESSIER
Engaged for Nazimova's L'Occident
New York, June 1.—The addition of Henry Menessier the French technical director, completes the working staff for Screen Classics' L'Occident, in which Madame Nazimova will be starred. Mr. Menessier has been engaged to guarantee the artistic success of the film. He has already completed drawings of sets and scenery for the production and these are being execulted by the Metro staff. Following the vacation which she is now enjoying Mme. Nazimova will resume her studio work June 10.
Bilboard, 8 juin 1918, p. 61.
Il collabore également avec Albert Capellani pour les décors de The Gutter :
Capellani Reports Rapid Progress on "The Gutter"
Rapid progress is being made by Director Albert Capellani in the filming of Dolores Cassinelli's initial starring vehicle for the Albert Capellani Production, Inc., temporarily titled "The Gutter" and it is expected that the coming week will find the production ready for final cutting and titling.
The office of the Capellani Productions has just received from France about 400 feet of negative taken in the Montmartre district of Paris and showing exterior views of the picturesque Bohemian quarter. All the interior sets for the Montmartre scenes have been erected at the Capellani Sutdio in Fort Lee under the personal supervision of Mr. Capellani and Mr. Mennessier [sic].
The largest of these interior sets is a reproduction of a Montmartre cabaret. The action filmed in this set is of a spectacular nature and brings together a curious mixture of types-sensuous Parisienne grisettes, wiley Apaches, roistering and unconventional gayety of night life in a Montmartre cabaret.
"The Gutter" is adapted from "Le Ruisseau," a successful French stage play from the pen of Pierre Wolff, the noted French playwright and novelist.
The Moving Picture World, 14 juin 1919, p. 1676.
Il lui arrive également de travailler pour les scènes théâtrales :
LYRIC.
"Watching lithesome Viola Dana dancing in her latest play, "The Parisian Tigress," at the Lyric today, one wonders where the little minx picked up the wild, abandon manner of the professional grisettes or dancing girls of Paris.
Some out-of-the-usual scenes show a montmarte [sic] cafe in which the star acts in a wild, sensational dance. The setthings are very realistic, having been designed by Henri Menessier, an artist familiar with the Latin quarter of Paris.
The Duluth Herald, 21 mai 1919, p. 9.
En juin 1920, Henri Menessier intègre l'équipe du cinéaste française Emile Chautard qui vient d'être engagé par William Fox pour une série de grandes productions.
"M. EMILE CHAUTARD
Has been engaged by Fox Film Corporation to direct a series of deterctive stories."
Exhibitors Herald, 22 mai 1920, p. 40.
Il est chargé de l' "élaboration des intérieurs", alors qu'Albert Lena s'occupe des extérieurs et du choix des interprètes de second plan et que Jacque Bizeuil est l'opérateur de prise de vues.
Il est probable qu'en 1921, Henri Menessier a eu l'intention de s'installer définitivement aux États-Unis, car il fait des démarches pour obtenir la nationalité américaine.
Retour en France (!922-1948)
Pourtant, il rentre finalement en France l'année suivante :
Je ne sais pas si c'est changé maintenant, mais quand j'ai quitté en 22 l'Amérique, j'étais employé de Brulatour.
Commission de Recherche Historique, "Henri Ménessier : Interview par Musidora. ", CRH33-B2, p. 9. Cinémathèque Française.
À son retour, il travaille pour les Productions Markus et devient l'un des collaborateurs de Rex Ingram aux studios de la Victorine, à Nice (1922-1924). C'est à l'occasion du tournage de Koenigsmark que Léonce Perret évoque la figure de Ménessier :
Comme technical-director, j'ai choisi M. Ménessier, qui, parti en Amérique dn 1910, fut chef décorateur à la "Solax" puis au "Selznick-Pictures" et à la "Métro".
Durant son séjour de douze années de l'autre côté de l'Atlantique, M. Ménessier exécuta les décors d'une très grande quantité de films, et entr'autres, pour mon compte personnel, ceux de : Lest We Forget, Silent Master, Mad Lover, Modern Salomé, Stars of Glory, etc...
M. Ménessier, qui est le neveu de notre grand peintre-décorateur, sera assisté de son fidèle architecte-constructeur, M. John Birkel, qui fut son bras droit pendant son séjour en Amérique et en Californie.
"Avant 'Koenigsmark' par Leonce Perret", Comoedie, vendredi 25 août 1922, p. 3.
Il travaille également pour la "Blattner Corporation" pour Les Clefs du paradis (1928). En 1930, Henri Menessier devient responsable du département décors de la Paramount, aux studios de Saint-Maurice. Il figure alors aux recensement de 1931 (14 rue Duc. Paris 18e.) et 1936 (66 rue Rochechouart. Paris 18º). Par la suite, en 1938, on le retrouve cinéaste dans la nouvelle société d'Exploitation du Cinéma Casino de Saint-Denis:
SOCIÉTÉ D'EXPLOITATION DU CINEMA CASINO DE SAINT-DENIS, siège social: 73, rue de la République, Saint-Denis.
Associés: M. René GUISSART, metteur en scène, M. Amrand BERNARD, compositeur, M. Charles BAUER, cinéaste et M. Henri MENESSIER, directeur technique et cinématographie.
Capital : 50.000 francs divisé en 100 parts de 500 francs.
(M. GUISSART, 4 parts; M. BERNARD, 5 parts; M. BAUER, 85 parts, M. MENESSIER, 6 parts).
Quant à présent, M. GUISSART (44 bis, avenue de la Source, Nogent-sur-Marne, Seine) est investi de la gérance pour une durée indéfinie.
La Cinématographie française, 11 février 1938, p. 32.
Il décède en 1948 :
DEUIL
Nous apprenons avec peine le décès de M. Henri Ménessier, architecte-décorateur et directeur du « Familial » de Montreuil.
Henri Ménessier, doyen des architectes-décorateurs et pionnier du Cinéma, vient de mourir. Ancien décorateur de théâtre vers 1903, Léon Gaumont l'engagea pour créer les services de décoration dans les studios des Buttes-Chaumont. Puis il partit pour l’Amérique où il resta 15 années et collabora aux plus grandes productions de l’époque, dont La Lanterne Rouge, avec Nasimova.
Rentré en France, il seconda Rex Ingram dans la réalisation de films tels que Mare-Nostrum, Le Magicien, etc...
En 1930, il se voit confier la direction du département décors des studios Paramount (Saint-Maurice) où il déploie une activité qui fait l'admiration de tous. Il y a deux mois à peine, il dirigeait encore le montage des décors d'Alice au Pays des Merveilles, au studio de Billancourt, où sa compétence était unanimement appréciée. Il avait 66 ans. Les obsèques ont eu lieu vendredi, en l’église des Abbesses, à Paris.
La Cinématographie française, 30e année, nº 1264, 19 juin 1948.
Sépulture Henri Menessier.
Nouveau Cimetière de Neuilly à Puteaux
Sources
Annuaire général de la cinématographie et des industries qui s’y rattachent, Paris : Cinémagazine, 1929.
AUCLAIR Clara, "Récits de décorateurs : regards croisés de Ben Carré et Henri Ménessier sur leurs trajectoires transatlantiques.", Domitor 2000
AUCLAIR Clara, "Les débuts de carrière d'Henri Ménessier (1882-1948), artiste-peintre décorateur, en France et aux États-Unis, dans Christie, Ian, et al. Crafts, Trades, and Techniques of Early Cinema. E-book, Ann Arbor, MI: Michigan Publishing, 2024, https://doi.org/10.3998/mpub.14468539
GUY Alice, Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1873-1968), Paris, Denoël/Gonthier, 1976, 238 p.
3
1904 |
|
La Valise de Barnum (Pathé) | |
1905 |
|
L'Album merveilleux (Pathé) | |
L'Honneur d'un père (Pathé) | |
Les Rêves d'un fumeur d'opium (Gaumont) | |
1906 |
|
La Naissance, la Vie & la Mort du Christ (Gaumont) | |
1912 |
|
Falling Leaves (Solax) | |
The Sewer (Solax) | |
1918 |
|
The Million Dollar Dollies (Léonce Perret) | |
L'Occident (Albert Capellani) | |
Flower of the Dusk (L'Héroïque mensonge) | |
1919 |
|
La Lanterne Rouge (Albert Capellani) | |
The Gutter [Le Ruisseau] (Albert Capellani) | |
The Unknown Dancer (George Archainbaud) | |
The Love Cheat (George Archainbaud) | |
1923 |
|
Koenisgsmarck [assistant metteur en scène] | |
1925 |
|
[Madame Sans-Gêne] | |
Le Berceau de Dieu (Productions Markus) [Studio Gaumont] | |
Le Puits de Jacob (Productions Markus) [Studio Gaumont] | |
1926 |
|
La Femme nue (Léonce Perret) | |
1927 |
|
Le Jardin d'Allah [Rex Ingram] | |
1928 |
|
Vénus (Louis Mercaton) | |
La Danseuse Orchidée (Léonce Perret) | |
Les Clefs du paradis (Blattner Corporation) | |
1930 |
|
L'Évadée (Henri Ménessier) | |
1932 |
|
La Belle Marinière (Harry Lachman) | |
1934 |
|
Fedora (Louis Gasnier) | |
1936 |
|
Les Petites Alliées (Jean Dréville) | |
La Grande Marnière (Jean de Marguenat) | |
1937 |
|
Les Nuits de St Pétersbourg (Jean Dréville) | |
1942 |
|
Les Affaires sont les affaires (Jean Dréville) | |
1947 |
|
Bethsabee | |
1948 |
|
Alice au Pays des Merveilles |