LES CONGRÈS DU GRIMH
1998 Image et Hispanité
Trophée : Anne-Marie Virot
L'appel à communication
Contrairement au signe linguistique, le signe iconique semble offrir un caractère universel qui laisserait croire que le creuset culturel dans lequel il s’exprime n’aurait qu’une place fort secondaire. L’image est-elle aussi « neutre » qu’elle puisse s’immiscer dans telle ou telle civilisation sans que ses dimensions non seulement connotatives, mais dénotatives s’en trouvent singulièrement modifiées ? Il y a lieu de s’interroger sur l’essence de l’icône/icone et sur sa mutabilité transculturelle. Les communications pourront prendre appui sur ce questionnement pour parcourir les champs de réflexion suivants :
- Quelles sont les conditions requises pour qu’un lien s’établisse entre l’objet iconique et son référent culturel ?
- La dimension hispanique de l’icône est-elle à percevoir dans les structures profondes du support analysé et/ou dans des effets de surface ?
- Quels facteurs sont susceptibles d’« hispaniser » le signe iconique ?
- De quelle manière le signe linguistique opère-il comme ancrage culturel du signe iconique (titre, dialogue, légende…) ?
- Les glissements intertextuels (texte àimage ; image à texte,…) peuvent-ils agir comme autant de facteurs d’« hispanisation » ?
- Dans quelle mesure le support iconique est-il un vecteur didactiquement pertinent pour l’approche d’une culture ?
- Est-il possible d’admettre une spécificité iconique nationale (Espagne, Argentine, Mexique…) et/ou régionale (Catalogne, Pays Basque, Andalousie, Chiapas…) ?
Le questionnement reste ouvert à d’autres champs de réflexion. Les journées pourront être enrichies par des communications de collègues appartenant à d’autres domaines de recherche (langues, arts plastiques, esthétique, philosophie, communication…).
À l’occasion de ces 1res journées, une rencontre entre deux cinéastes (p.e. Berlanga/Amenábar) et des projections de films seront organisées.
2000 Image et Divinités
Trophée : Monique Roumette
L'appel à communication
« 2000 ans d’images et de divinités »
À la suite du franc succès rencontré par le 1er Congrès du GRIMH qui s’est intéressé à « Image et Hispanité » (actes déjà publiés et en vente) et des nombreuses demandes de collègues pour reconduire ces rencontres, l’équipe du GRIMH a décidé d’organiser un 2e Congrès International à Lyon qui aura pour thème « 2000 ans d’Images et de Divinités ».
« Car ce que l’écrit procure aux gens qui lisent, la peinture le fournit aux analphabètes qui la regardent, puisque ces ignorants y voient ce qu’ils doivent imiter ; les peintures sont la lecture de ceux qui ne savent pas leurs lettres, de sorte qu’elles tiennent le rôle d’une lecture, surtout chez les païens. » C’est en ces termes qu’au vie siècle Saint Grégoire le Grand posait déjà la question de l’icône. Depuis lors la question de la « divinité » a pris bien des formes. Celles que l’histoire a pu offrir par ses cultes de personnalité, celles que la photographie et le cinéma ont pu lui donner, des divas à la Divine, celles des « anges d’acier » de Michel Serres ou les « stars » d’Edgar Morin. La question de l’image et des divinités peut ainsi faire surgir quelques questionnements :
— L’image de la divinité s’est-elle modifiée en 2000 ans ?
— Dans quelle mesure l’image/icône porte-t-elle en elle la question de la « divinisation » ?
— L’image s’approprie-t-elle la « divinité » pour la faire resurgir, transformée, dans un nouvel espace ?
— Jusqu’où peut aller le « divin » ?
— Quels sont les palimpsestes de nos divinités modernes ?
— De quelle manière le corps se divinise-t-il dans la matière iconique ?
— L’image a-t-elle facilité les glissements des divinités d’une culture à une autre ou a-t-elle pu conduire à des confusions dans la représentation de divinités ?
La questionnement reste ouvert à d’autres champs de réflexion. Le Congrès pourra être enrichi par des communications de collègues appartenant à d’autres domaines de recherche (langues, arts plastiques, esthétique, didactique, philosophie, histoire, communication, nouvelles technologies…).
2002 Image et Mémoires
Trophée : Jacques Soubeyroux
L'appel à communication
« La mémoire ne peut pas non plus nous rendre tel quel ce qui a été. Ce serait l’enfer. La mémoire restitue au passé sa possibilité. […] La mémoire est pour ainsi dire l’organe de modalisation du réel, ce qui peut transformer le réel en possible et le possible en réel » écrit Giorgio Agamben. Pour leur part, les mémoires — mneme ou anamnesis — offrent un passé à l’image, lui proposent de multiples expansions. Les nouvelles images alimentent en continu les souvenirs, modèlent la mémoire. Entre mémoire et image, se tissent de continuels échanges qui ouvrent sur une série de questionnements :
- Quelles sont les représentations de la mémoire ?
- De quelles persistances de la mémoire sont faites les images ?
- L’image se comporte-t-elle comme un « accumulateur » de mémoire ?
- De quelles traces de mémoire/histoire se chargent les images ?
- Comment se mémorisent les images ?
- Comment l’image médiatise-t-elle la mémoire dans l’écriture ?
- Les images seraient-elles des équivalences de mémoire ?
- Quelle place faut-il faire aux images dans les arts de la mémoire ?
- Mémoires artificielles/Images virtuelles
- Quel rôle pour les lieux et objets de mémoire (archives, musées…) ?
Le questionnement reste ouvert à d’autres champs de réflexion. Le Congrès pourra être enrichi par des communications de collègues appartenant à d’autres domaines de recherche (langues, arts plastiques, esthétique, philosophie, histoire, communication, neurologie…).
2004 Image et Pouvoir
Trophée : James Durnerin
L'appel à communication
Le Pouvoir est-il dans l’image ? L’histoire des arts plastiques ou celle plus récente des nouvelles technologies indiquent en tout état de cause que le pouvoir ne saurait faire l’économie de l’image. Dès les origines, cette dernière était pouvoir, l’icône tenait lieu de référent. De la grotte d’Altamira aux querelles des iconoclastes, toujours présente, on lui attribue bien des vertus thaumaturgiques. Elle revient comme marque continuelle de pouvoir : la numismatique, la philatélie, la peinture qui voit chacun des monarques avoir son peintre officiel… Ultérieurement la photographie elle-même servira de support tant à la bourgeoisie du XIXe siècle qu’aux monarques et chefs d’état. Le XXe et le XXIe siècles n’ont cessé d’accorder une place de plus en plus importante à cette image jusqu’à lui offrir souvent une position non seulement dominante, mais hégémonique. La propagande a su détourner l’image à des fins politiques ; la publicité, la télévision et les nouveaux moyens de communication occupent désormais une position stratégique pour une prise du pouvoir.
Les axes suivants pourront construire les ateliers du congrès :
— L’icône et le pouvoir religieux ;
— l’État, ses représentants et leurs représentations ;
— La représentation du pouvoir et le pouvoir de la représentation ;
— Image et pouvoir de l’argent ;
— Le pouvoir/dictature de la forme artistique ;
— L’image du pouvoir dans les manuels scolaires ;
— Internet : le pouvoir a-centré ;
— La véridicité et le pouvoir.
Les axes n’ont qu’une valeur indicative et d’autres pistes peuvent être proposées dans le cadre des orientations générales.
2006 Image et Corps
Trophée : Emmanuel Larraz
L'appel à communication
Le corps est tout aussi présent qu’il est insaisissable. Il a la force de l’évidence et la faiblesse de sa dissémination. À la fois unité biologique et lieu de l’identitaire, il est continuellement soumis à des tensions, des dispersions, des écartèlements. Parler du corps c’est parler de l’identité, de l’unité. Vouloir saisir son statut singulier, c’est affirmer son caractère exceptionnel. Mais le corps est unique, il est aussi élément d’un réseau, d’un agencement dans lequel il ne cesse de se recentrer. Entre le corps et le monde, la relation se tend, se disjoint ou il se noue une complicité, une connivence. En lui se jouent tout aussi bien la question de l’univers sensible (voir, entendre, toucher, sentir, goûter…) que celle de ses usages. Comment le corps s’est-il inscrit dans le temps, comment le temps a-t-il modelé le corps ? Il est en continuelle représentation, il est le lieu de croyances, de désir et d’effets de conscience. Parcouru par les soubresauts de l’histoire – de son histoire –, il fascine autant qu’il révulse. Le corps toujours à la recherche de son unité impossible ne cesse d’être « perverti » par les tensions disséminatrices qui le changent en chair et en os. Scarifications, déchirures, perversions, percings, chirurgies esthétiques ou plastiques, mutilations, transsexualismes, le corps est tiraillé, parfois déchiqueté. Dès lors le corps peut-il continuer d’exister ? Quelle est la vie que lui réservent les biologies du futur, les cyborgs et les virtualités ? Le corps est-il en train de changer ? Sommes-nous à la veille d’une « nouvelle chair » ? Les multiples angles de réflexion tenteront de se structurer autour des axes suivants :
- Corps et figuration
- Corps et représentation
- Corps et manipulation
- Corps et histoire
- Corps et identité
- Corps et territoire
2008 Image et Manipulation
Trophée : Román Gubern
L'appel à communication
MENTIR : Le mensonge de l’image ou le mensonge à l’image. En quoi l’image est-elle susceptible de « mentir », de ne pas dire vrai ? Est-elle capable de nier le réel par prétérition (l’espace restreint, le temps limité, modifié). Le noème de l’image n’est-il pas dans sa continuelle façon de mentir ? Mentir pour ne pas dire et mentir pour embellir : « Une des principales causes du caractère curieusement banal de toute la littérature de notre époque est de toute évidence le déclin du mensonge considéré comme art, comme science et comme plaisir social. » (Oscar Wilde, Le Déclin du mensonge). Mentir peut également se changer en un jeu social (vamos a contar mentiras, aventis…)
SÉDUIRE : La séduction iconique se fonde sur une attirance – ou un rejet – qui construit le rapport du récepteur à son objet. D’où les phénomènes d’identification, de désir… qui s’inscrive dans le punctum iconique qu’il s’agisse de la photo ou du cinéma. Ainsi tout phénomène publicitaire – au sens extensif du terme – vise à capter la bienveillance du récepteur et met en place une stratégie de la séduction. Une attention toute particulière sera portée sur la figure du « séducteur » du don Juan au latin lover, sur la question du « donjuanisme » et du genre ou du sexe. La captatio comme stratégie de séduction.
TRAVESTIR : Le travestissement n’implique pas une négation du réel mais l’un de ses accommodements. Dans le travestissement, le réel est dénoncé, les valeurs sont perverties et les ambiguïtés se multiplient. De la tradition classique au théâtre aux formes plus modernes et sociales du travestissement (drag queens, mimétisme enfant/adulte) c’est toute un jeu d’inversion qui vise à sinon remettre en question les fondements d’un système tout au moins à en déceler les fissures. On s’interrogera en outre sur les figures du double liées au travestissement, à l’androgynie et aux formes qui tendent à déstabiliser les territoires. La question du « travestir » conduira à des études sur « l’habit » comme élément fondamental du trans-vêtir.
2010 Image et Éducation
Trophée : Julio Pérez Perucha
L'appel à communication
Le thème du 7e Congrès du GRIMH (groupe de recherche sur l’image dans le monde hispanique) s’inscrit dans le programme scientifique de l’Équipe d’Accueil « Langues et Cultures Européennes » (EA 1853). Il sera l’occasion de s’interroger sur les rapports entre image et éducation et se déclinera selon trois axes principaux :
1. L'éducation par et à l'image
Ce premier axe devrait permettre de s’intéresser à la place de l’image dans le système éducatif c’est-à-dire non seulement au rôle qu’elle joue en interaction avec l’écrit lorsqu’elle se fait support didactique et/ou pédagogique mais aussi à la formation des enseignants et des enseignés à l’analyse et à l’interprétation de l’image (sémiologie, sémiotique).
Si la présence de matériel iconographique dans les classes est attestée de longue date, aux affiches, tableaux et autres cartes géographiques, traditionnellement utilisés et constitutifs de l’imagerie des manuels scolaires, se sont ajoutés plus récemment photos, diapositives, BD et films.
De nombreuses méthodes éducatives utilisent l’image fixe ou animée (abécédaires, méthodes audio-visuelles dans l’enseignement des langues, films pédagogiques et émissions télévisuelles destinées aux élèves, Internet et multimédia).
En outre, l’image s’est longtemps substituée et continue à se substituer aux mots pour pallier analphabétisme et illettrisme (littérature de colportage, aleluyas, BD, pictogrammes des lieux publics…).
2. L’éducation de l’image
Une deuxième approche pourrait conduire à considérer les différentes formes d’éducation, et finalement de manipulation, de déformation de l’image lorsque le processus de création est bridé par le canon, la norme, une esthétique ou un système politique dominant.
Une autre forme d’éducation de l’image est l’instrumentalisation idéologique dont elle peut faire l’objet dans les manuels scolaires (d’histoire surtout), la presse ou les médias à des fins de propagande voire d’endoctrinement. On pourrait même envisager les cas limites où ce contrôle idéologique conduit à une censure partielle voire totale de l’image.
3. L’image de l’éducation
Ce dernier axe de réflexion pourrait susciter l’analyse de toutes les formes d’images qui proposent une/des représentation/s symbolique/s de l’éducation.
On pourrait ainsi se demander s’il existe en peinture, en photo, à l’écran des images figées de l’éducation (stéréotypes, clichés) et comment a évolué l’image sociale de l’éducation et de ses acteurs (enseignants, élèves, parents d’élèves) au fil des époques et des transformations des structures sociales et politiques.
Ces trois axes constitueront trois angles d’approche des liens qui se sont tissés entre image et éducation dans l’évolution diachronique des pratiques éducatives et des projets utopiques des enseignants et des politiques. Ainsi la réflexion devrait déboucher sur quelques-uns des grands problèmes philosophiques impliqués par la notion d’éducation, comme la construction de l’identité, l’émancipation et la liberté individuelle.
2012 Image et Genre
Trophée : Eliseo Trenc
L'appel à communication
La question gender se situe à l'intersection de nombre de disciplines des sciences humaines et sociales qu'elle est venue bousculer, subvertir, troubler, en référence au désormais classique ouvrage de la philosophe américaine Judith Butler. Le gender ou genre en français interpelle également, et avec autant de force, la médecine et le monde juridique qu'il ébranle par les redéfinitions du corps qu'il suppose. Elle est, partant, profondément politique et s'inscrit dans l'histoire du féminin et du masculin.
Étudier le genre dans l'image suppose par conséquent de se pencher sur les représentations que construisent tout au long de l'histoire les rapports de sexe perçus au prisme de la norme et de ses ruptures.
Ce 8e Congrès du Grimh qui reprend dans son intitulé le mot anglais gender - «– le choix de l’anglais traduisant l’étrangeté à laquelle il semble condamné en France » (Nicole G.Albert Diogène, nº225, 2009) sera l'occasion de penser les mutations à l'œuvre dans la production culturelle sur et autour du genre. Les axes suivants seront autant d'approches possibles des territoires du genre autour desquels s'organiseront les divers ateliers :
Axe 1 : Images et identités sexuelles
À la question du genre est suspendue celle de l'identité sexuelle, que celle-ci échappe aux normes ou au contraire les intensifie. La norme sexuelle dominante, hétérosexuelle, a été remise en question au cours de l'histoire par la présence, plus ou moins tolérée, de sexualités autres. Si l'homosexualité masculine a été la plus visible et, dans l'histoire du monde contemporain, la plus militante, l'homosexualité féminine n'en a pas moins cherché à s'établir dans l'espace public. Elle est une « faille dans ce régime politique qu'est l'hétérosexualité. » (Monique Wettig, La Pensée straight)
Les nouvelles revendications ayant trait aux identités ont dessiné des horizons insoupçonnés qui ne cessent de remettre en cause les modèles établis, de les trangresser. Ces identités «hétérodécalées», selon Marie-Hélène Bourcier, nourrissent des ambivalences dans lesquelles le champ des images a su puiser et dont la diversité se décline sans exclusive dans les études LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres).
Axe 2 : Images et féminismes
Dans l'organisation des sociétés, la domination fondatrice s'exerce sur les femmes et ce à l'échelle universelle. La place des femmes et les imaginaires dans lesquels les productions culturelles les enserrent ont fait l'objet des critiques les plus vives de la part des féministes des années soixante-dix. Elles sont les héritières du regard conscient que leurs aînées ont balayé avec acuité sur la société patriarcale à laquelle elles refusaient de se soumettre en y développant des stratégies de résistance.
Après les revendications de ces années de libération sexuelle, d'autres formes de féminismes ont émergé et ont réinvesti le champ des représentations, sans perdre de vue la pérennité des systèmes de domination genrée.
Axe 3 : Images et contraintes
La question de la domination, quelles que soient les configurations nouvelles dont elle se pare, se manifeste par des formes de contraintes qui s'exercent de façon explicite ou, plus insidieusement, par des injonctions silencieuses à l'obéissance, à la conformité établie. Qu'elles émanent d'un individu, d'un groupe social ou d'une institution, les contraintes à la norme, multiples et réitérées, se fondent sur une violence qui se décline sur des modes variés, physiques ou verbaux, les uns se conjuguant aux autres dans une perspective démultiplicatrice.
L'image, pourtant avide de violence spectaculaire, peut être interrogée sur les hiérarchies qu'elle a construites dans ses choix de représentation de la contrainte et des valeurs qui lui sont inhérentes.
2014 Image et Violence
Trophée : Santos Zunzunegui
Appel à communication
Le rapport de forces est constitutif de l’évolution des sociétés humaines. Les épisodes violents se succèdent (colonisation, dictatures, révolutions, conflits internes…) et les facteurs de violence s’additionnent (inégalités, machisme, crise économique, tensions religieuses…). La violence s’exerce à des degrés divers, allant de l’impétuosité synonyme d’élan vital à la barbarie. Elle est perpétrée ou subie par un collectif –institutionnel ou non- ou un individu. Offensive, de réaction, constructive, légitimée, injustifiée, reflet de puissance ou recours des plus faibles, on la jauge par rapport à un ordre fluctuant selon le moment et le lieu. Les criminologues, sociologues, psychologues quantifient ses manifestations. Dans un état de droit, des cadres normatifs sont mis en œuvre pour la définir et des appareils institutionnels (organes législateurs, justice, police) tentent de réguler, juguler, punir. Or la violence est protéiforme et si elle est parfois punitive et destructrice, elle peut aussi être une force créatrice préalable à une reconstruction.
Nous nous proposons à l’occasion de cette 9e édition du congrès du GRIMH d’interroger les représentations visuelles endogènes et exogènes de ces violences aux formes évolutives. Dans le langage courant, un certain nombre d’idées et d’expressions rebattues sont liées à la violence réelle : impudeur des médias, « banalisation de la violence », « escalade de violence », « violence endémique », « violence gratuite »… Les arts visuels se saisissent très naturellement de ces réalités et confirment ou infirment les clichés. L’influence de la violence sur les processus de création est tangible et variable, qu’elle les inhibe ou qu’elle en soit le moteur. Nous questionnerons donc diverses images de la violence, qu’elles condamnent cette dernière ou qu’elles la servent.
Quelles thématiques s’imposent jusqu’à l’obsession dans les représentations visuelles ? Quelles esthétiques naissent ou sont récupérées pour exprimer le mal, la peur, la souffrance, la domination, la résistance, l’émancipation et la libération ? Comment comprendre l’esthétisation de la violence ? Fascinantes ou répulsives, quel est le degré de performativité des images ? Quel est le combat de leurs auteurs ? Le point de vue adopté est-il celui de l’être violent ou de sa victime ? Quelle est la limite entre le montrable et l’immontrable ? Enfin, en contrepoint des questions sur l’origine de la violence, nous nous poserons celle de son terme, notamment liée aux notions de pardon, de résilience, de mémoire.
Les communications porteront sur tous les types d’image (peinture, gravure, dessin, photographie, cinéma, Internet, art vidéo) et seront regroupées en ateliers autour des trois axes indicatifs suivants :
- Le politique. Dimension collective de la violence dans ses manifestations guerrière, insurrectionnelle, institutionnelle, territoriale, économique, religieuse…
- L’intime. Violence et individu dans un cadre privé ou public à tout âge de la vie (enfance, adolescence, adulte, personnes âgées), virilité, traditions, codes de l’honneur… La réflexion pourra également porter sur des phénomènes où la violence est consentie : auto-mutilations (scarification, piercing, etc.), pratiques sexuelles (sadisme / masochisme…).
- L’impalpable ou l’immatériel. Comment représenter des violences « invisibles », non physiques comme la censure, l’autocensure, le harcèlement (violence en milieu professionnel ou scolaire) …?
2016 Image et Sport
Trophée : Bernard Bessière
Appel à communication
Qu’il s’agisse d’immortaliser en peinture les loisirs d’une société, d’immobiliser photographiquement les corps dans l’effort, de filmer la tension dramatique d’une rencontre internationale ou d’une partie amicale improvisée, tous les arts et médias ont continuellement produit des portraits de joueurs et d’athlètes, professionnels et amateurs. Le prochain congrès du Groupe de Réflexion sur l’Image dans le Monde Hispanique portera sur cette alliance entre l’image et le sport envisagé comme activité physique codifiée et partagée. Sa finalité sera d’interroger les représentations du sport, sans exclure de le considérer dans sa dimension artistique ou traditionnelle à travers des pratiques-frontière comme la danse.
Pourquoi crée-t-on une image du fait sportif ? La presse le montre pour en recenser les actualités. L’artiste prend comme sujet de son œuvre le geste ou la rencontre. La mise en scène, plus ou moins consciente et ritualisée, est intrinsèque à toute pratique. Cette dramatisation qui confine parfois au lyrisme offre un matériau rêvé pour les faiseurs d’images.
Ces représentations imprègnent l’imaginaire collectif de toutes les sociétés. Le rapport au sport et à l’imaginaire visuel qu’il suppose est-il spécifique dans les sociétés hispanophones ? Pensons par exemple à l’exercice hollywoodien classique du film de boxe revisité par Mario Camus dans Young Sánchez. Nous invitons les chercheurs de divers horizons à explorer le large spectre qui va du jeu de l’enfant dans la rue au sport érigé en spectacle et qui induit une massification, un encadrement institutionnel voire une starisation.
Axe 1. Plan serré : au plus près du corps et de l’individu
Le sport n’existe que dans une corporéité. Les photographes de presse, les peintres, les cinéastes se font souvent l’écho du geste sportif et du corps en mouvement capté dans sa dimension physiologique, en souffrance ou en état de grâce. Depardon photographe des Jeux Olympiques insistait par exemple sur l’importance de capter « la solitude des athlètes avant un départ ». Comme une extension du corps se trouvent aussi les indissociables objets — accessoires, vêtements —, les machines et les animaux, de course ou de combat, liés à la pratique. Le dispositif mis en œuvre en 2006 dans le long-métrage Zidane. Un portrait du 21e siècle, pour ausculter le footballeur est une manifestation paradigmatique de ces études de cas.
La plastique des sportifs véhicule depuis l’Antiquité un idéal de beauté et de force. Ce peut être celle d’un sportif anonyme ou bien d’un individu érigé en héros. L’image participe de la glorification de l’athlète. En 1967, Georges Magnane rapprochait ce dernier du créateur : « L’exploit exceptionnel : record, victoire dans un match international ou aux Jeux Olympiques, est pour l’athlète l’équivalent du chef-d’œuvre pour l’artiste » (Jeux et Sports, 1967).
Axe 2. Plan moyen : avec le groupe
Aussi individuel soit-il, le sport s’inscrit dans un microcosme (l’équipe, la fédération, une communauté, etc.) et implique une parcelle variable de la société qui le regarde et le reconnaît.
Un premier groupe englobe ceux qui pratiquent l’activité. Selon les termes choisis, « rencontre » ou « affrontement », l’idée de collectif suppose à la fois communion et solidarité mais aussi adversité. « Ensemble ils font, ils construisent leur match, leur partie, leur course. Ils donnent l’existence, et mènent à son achèvement, une œuvre commune fondée sur un lien social authentique et contribuant à le fonder » (Michel Bouet, 1968, Signification du sport).
Autour des enceintes sportives, espaces codifiés et bornés que sont les pistes, les terrains, les rings, s’installe un second groupe qui prend sa pleine place dans le décor, celui des spectateurs. Aux mouvements et sons produits sur le terrain se mêlent les actions des observateurs et supporters. Le public n’est pas le hors-champ du spectacle, il en est le contrechamp indispensable.
Tous ont connaissance du rituel dont ils écrivent ensemble la narration. Le déroulement de l’événement sportif, son rythme, ses cassures, ses emportements sont propices à la captation fixe ou en mouvement. Les victoires et défaites célèbres du sport ont été immortalisées et gravées dans le patrimoine commun.
Axe 3. Plan large : au-delà du jeu
Lorsqu’on s’éloigne du corps en mouvement et de la partie en elle-même avec sa durée et ses règles, l’étude du sport acquiert une autre dimension. Les conséquences funestes d’une partie de Tlachtli précolombien, le retentissement d’un match entre Boca Juniors et River Plate, l’attitude d’une équipe pendant l’hymne national, les manifestations de Mexico 68, nous propulsent clairement dans des problématiques qui dépassent le jeu.
Quelles valeurs portent les innombrables pratiques ? De quelles manières les médias mais aussi l’art reflètent-ils les fonctions et les pouvoirs du sport et comment, à l’inverse, le sport alimente-t-il la fabrication et la massification des images ? Comment le sport gomme-t-il — même temporairement — les classes sociales ou comment à l’inverse en est-il un marqueur ? À quelles fins les représentations de jeux sont-elles instrumentalisées ?
L’histoire du sport croise celle des nations. Des matchs locaux aux grandes rencontres internationales, le patriotisme ressurgit, l’identité s’affirme, l’unité peut être détruite ou induite, les conflits sont contenus dans les limites du fair-play ou, au contraire, exacerbés et incontrôlés. Les arts et les médias inscrivent tout cela dans la mémoire commune.