- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 15 novembre 2024
- Publication : 24 mars 2015
Étienne ARNAUD
(Villeneuve-lès-Béziers, 1879-Paris, 1955)
Screen 1914
Jean-Claude SEGUIN
1
Jacques Arnaud (Béziers, 10/10/1850-≥1907) épouse (Villeneuve-lès-Béziers, 04/02/1874) Louise, Gabrielle Castel (Villeneuve-lès-Béziers, 20/03/1852--≥1907). Descendance :
- Laurence, Maria, Germaine Arnaud (Villeneuve-lès-Béziers, 27/01/1875-) épouse (Villeneuve-lès-Béziers, 01/08/1894) Henri, Alexandre, Germain Palauquet (Villeneuve-lès-Béziers, 18/04/1897-).
- Étienne, Joseph, Germain Arnaud (Villeneuve-lès-Béziers, 04/09/1879-Paris 19e, 10/03/1955) épouse (Paris 10e, 29/10/1907) Yvonne Françoise Hélène Mugnier-Serand (Paris 10e, 08/02/1886-Noisy-le-Grand, 03/06/1969).
2
Les origines (1879-1905)
Fils de viticulteur, il est étudiant en droit lorsqu'il se fait connaître, dès 1899, comme humoriste dans la revue Le Torero. La qualité de sa plume est loué dans cette publications :
Pendant le punch qui a suivi la réunion générale, des artistes parisiens se sont fait entendre et notre ami, M. Etienne Arnaud, a dit, avec infiniment d'esprit, quelques-une de ses oeuvres toutes de charme eet de délicatesse.
Le Torero, Paris, dimanche 11 juin 1899, p. 1.
Éteienne Arnaud est également un habitué du Toro-Club, fondé par Édouard de Perrodil, le 10 mars 1899 qui l'annonce dans son journal Le Vélo et qui est fondé le 10 mars 1899 :
Le Toro Club parisien
J'avais annoncé qu'un certain nombre d'amateurs de sport toromachique avaient l'intention de fonder à Paris un club pour le développement de ce sport et pour arriver à obtenir du gouvernement français l'autorisation d'établir une arène à Paris, tout au moins pour la durée de l'Exposition.
Une importante réunion s'est tenue hier au café des Sports. Il a été décidé que l'on prendrait le nom de Toro Club de Paris. Après divers échanges de vues, la réunion a été renvoyée à dimanche prochain à dix heures, toujours au café des Sports, 89 avenue de la Grande-Armée. A cette seconde séance on élira un comité provisoire, et on commencera l'élaboration des statuts.
E. de P.
Le Vélo, Paris, lundi 20 février 1899, p. 1.
L'année suivante, il est appelé sous les drapeaux, dirigé sur le 17e régiment d'infanterie (14 novembre 1900) et envoyé en congé le 21 septembre 1901. Louis Feuillade lui rend hommage à cett époque :
Des nôtres aussi Etienne Arnaud que je te veux présenter moi-même encore qu’il se puisse aisément passer de mes offices, mais ce que j’en dis est pour mon plaisir et parce qu’on bavarde volontiers de ceux qu’on aime.
Dans la rédaction d’élite qui fit du Torero de Paris une des publications les plus intéressantes de la presse toromaque, Etienne Arnaud innova un genre où il passa maître d’emblée : le Toreo comique.
Que le rapprochement de ces termes disparates ne te mette pas en fuite, ami lecteur. Ce n’est pas aux dépens des rites grandioses de l’arène que s’exerça la verve satirique du joyeux poète de Montmartre ; elle pétilla comme un feu d’artifice à la barbe roussie des protecteurs de bêtes à outrance ; elle souligna d’un trait d’ironie le ridicule de leurs prétentions, elle déchira, comme une fusée dans la nuit, la noirceur de leur ignorance... (il leur apprit à propos de la retraite de Guerrita, je crois) que se cortar la coleta, n’impliquait aucune circoncision rituelle ; il expliqua aux Parisiens que les refuges posés dans les arènes, contre la barrera, n’étaient pas des vespasiennes à l’usage des toreros ; il fit dialoguer ensemble des toros de trois herbes et des courtisanes de vingt berges, que sais-je encore ? Dans cette cuadrilla d’écrivains jeunes et croyants, il fut le banderillero qui, après les piques impavides et avant les estocades décisives, brode mille fantaisies sur l’immuable thème, et disparaît après avoir cloué ses fuseaux, solides et en bonne place — dans une pirouette !
Voilà certes, ami lecteur, un cartel qui doit faire merveille.
[...]
Louis FEUILLADE.
Le Torero, Paris, dimanche, 14 avril 1901, p. 1.
En 1903, il collabore à l'hebdomadaire, fondé par Louis Feuillade, La Tomate, sous le pseudonyme "Saint-Clair", et publie des chroniques fantaisistes. Sous le pseudonyme "Jean Biterrois", il continue d'écrire dans les colonnes du Torero. Il publie également quelques oeuvres comme la pièce en un acte, Le Clos (1905) qu'il signe avec Louis Feuillade. On le retrouve également aux Quat'z-Arts :
Aux Quat'z-Arts, trois débuts ou rentrées sensationnelles: le maître Marcel Legay, dans une série de chansons superbes; Léo Lelièvre, dont un immense bagage de chansons populaires a fait un des chansonniers les plus connus du monde, et Etienne Arnaud, un jeune poète amusant et très fin, dont ce début est une révélation.
Le Journal, Paris, jeudi 4 mai 1905, p. 6.
Gaumont (1905-)
Il rentre chez Elgé, le 20 novembre 1905 ("Carnets de travail" cités dans Francis Lacassin, Louis Feuillade, Paris, Pierre Bordas & Fils, 1995, p. 56.)
Dans le même temps que André Heuzé tournait et lançait sa fameuse "course à la perruque", le secrétaire du "Toro", Etienne Arnaud, produisait une féérie amusante. Feuillade, à cet instant fut nommé directeur du Théâtre Gaumont. Il prit Arnaud avec lui, tandis que Heuzé restait chez Pathé. Et l'alliance fut conclue chez moi-même à Chatou, par la prise d'un film étourdissant: "Le facteur emballé" auquel collaborèrent nos familles respectives assistées de vingt et un clowns. Et la journée se termina, tous travaux professionnels étant finis par une corrida éperdument drôle qu'on improvisa sur une pelouse.
Louis Feuillade et Léon Gaumont présents au mariage d'Etienne Arnaud (Paris 10e, 29/10/1907).
Et après... (1906-1955)
En février 1908, Étienne Arnaud accompagne Louis Feuillade pour un tournage prévu dans la cité de Carcassonne :
A Carcassonne, tandis que j'étais en train de tourner un film moyenâgeux dans la Cité, la foule se présenta aux portes et exigea qu'on les lui ouvrit. Le conservateur hésitant, fut conspué ; les portes forcées le flot s'engouffra bousculant tout sur son passage : appareil, opérateur et artistes !
Je dus partir le lendemain pour éviter des "histoires" au conservateur dont les opinions politiques n'avaient pas la couleur du crû !
ARNAUD, 1922 : 92.
Vers 1908, le jeune Gaston Roudès faisait partie de la troupe du grand Coquelin à la Gaîté. Un jour, sur les boulevards, il rencontra son ancien camarade, Etienne Arnaud, qui, depuis, a signé des vaudevilles avec André Heuzé, et qui faisait en ce temps-là de la mise en scène chez Gaumont.
[...]
Bref, après maints commentaires, Gaston Roudès, bon gré mal gré, dut suivre Etienne Arnaud chez Gaumont pour s'initier de près aux mystères de l'écran. Chez les Coquelin, il gagnait cinq cents francs par mois. Gaumont commença par lui offrir trente francs par jour... Et c'est ainsi qu'il fut conquis par le cinéma.
Avec Arnaud et Louis Feuillade, pendant plusieurs années, Roudès tourna sans arrêt à raison d'une bande par jour... AMBRIÈRE, 1933: 27.
Les activités d'Étienne Arnaud ne se limitent pas au cinématographe, il est également un auteur de théâtre. Il écrit ainsi un vaudeville avec André Heuzé :
Le théâtre Cluny annonce pour ce soir une première représentation, celle de la Ceinture électrique, vaudeville en un acte de MM. André Heuzé et Etienne Arnaud.
MM. les critiques et courriéristes seront reçus au contrôle sur la présentation de leur carte.
La Figaro, Paris, 14 juin 1911, p. 6.
Décembre 1911: La Ceinture électrique jouée au Théâtre Moderne, pièce d'André Heuzé et Etienne Arnaud ( Le journal 11 décembre 1911, p 5)
La Vieillé Rouge: Pierre Jalabert et Etienne Arnaud. vers 1912
Mais combien d'années avant le film d'art, M. Feuillade n'avait il pas situé toutes ses scènes rustiques dans les vraies fermes de Provence ou des Pyrénées et combien d' "intérieurs" n'ai-je pas pris dans les salons des Aygalades de Marseille, les salles de Chenonceaux ou les estaminets de Bretagne ! Alors, il est vrai, les éditeurs interdisaient à l'auteur-metteur en scène designer son travail.ARNAUD, 1922: 28.
Je me souviens de la présentation à Paris, pour la première fois du film : "La Maison hantée". Nous étions trois "metteurs en ·scène" qui avions reçu de notre grand patron la mission d'aller comprendre par quels moyens vraiment diaboliques les objets pouvaient apparaître ainsi sur l'écran animés sans aucune intervention humaine !
Nous subîmes trois représentations consécutives. Feuillade en sortit plus myope parce qu'il s'était crevé les· yeux à chercher les fils qui, croyait-il, faisaient manœuvrer les objets. Jacques Roullet conclut à une "affaire mystérieuse" et décida de soumettre le cas à "l'Agence Legris".
Pour mon compte j'étais singulièrement vexé, car j'avais des prétentions comme "spécialiste" de scènes féériques et franchement ce nouveau film d'outre-mer survenait comme un pavé en bousculant mes plates-bandes !
Et pendant de nombreuses journées, la Maison hantée hanta la folle de mon: propre logis ! Une scène entre toutes était vraiment stupéfiante.
Figurez-vous une table tenant toute la largeur de l'écran. Sur la nappe un service à café dressé pour deux personnes. La cafetière glisse doucement vers une tasse, se penche ; la liqueur chère a Balzac coule, la tasse se remplit ; la cafetière redresse se se dirige vers la seconde tasse, même service ; les tasses pleines la cafetière reprend sa place au centre du plateau. Alors le couvercle du sucrier se soulève, la pince à sucre se dresse sur le plateau, grimpe le long du sucrier saisit un carré de sucre et délicatement va le noyer dans la tasse fumante et tandis qu'elle revient au sucrier pour le deuxième service, la cuillère monte dans la tasse déjà sucrée, et tourne, tourne la liqueur brune pour que le sucre fonde plus vite et se mêle au café ! ARNAUD, 1922: 72-73.
Dans une petite conférence sous le drapeau du Ciné-Club, j'ai prouvé - et c'était très facile puisque j'ai mes papiers d'état civil bien en règle - j'ai prouvé dis-je que la première bande avait vu le jour à Paris, en 1908 chez Gaumont. Ce film que j'appelai Fantasmagorie atteignait à peine 40 mètres, il fut projeté au théâtre du Gymnase transformé alors au cinéma. Deux mois plus tard paraissait une deuxième bande plus longue : Le cauchemar du Fantoche, puis vinrent Un drame chez les Fantoches, etc., etc.ARNAUD, 1922: 82.
Les États-Unis (<1912-1914)
Lorsque je fus chargé de la direction de la Standard Film Co de New-York, il n'y avait pas six mois que le studio était construit que le magasin d'accessoisers comprenait déjà, au nombre des artcles offerts gratuitement ou prêtés sans terme: quatre machines à écrire, un dictagraphe, un distaphone, "un ticker" et un phonographe Columbia, accompagné de six disques.ARNAUD, 1922: 37.
Étienne Arnaud est le directeur de la filiale américaine de la société Éclair. (1912)
nº 1, MANUFACTURER'S ANNOUNCEMENTS.
A Film on Bridge Whist.
The inside of sinful society is laid bare in the Eclair Company's forthcoming production, Bridge, which, it is said, exposes the evils of high-toned gambling. The mania for bridge is developed in a women of the moderate class who aspires to social prominence. How she is lured on and later entangled in the meshes of her folly is clearly shown. Etienne Arnaud staged the film which gives promise of a finished production.The New York Dramatic Mirror, New York, 6 mars 1912, p. 31.
Director Etienne Arnaud, of the Eclair Company, returned last Saturday from his visit in Paris. He brings news of interest to independent exhibitors. The Paris Eclair will forward each week installmentes of film dealing with the Balkan War. Also in preparation at the home studio are two or three feature films which ara to be oa unusual excellence. The Moving Picture World, vol. 14, nº 8, 23 novembre 1912, p. 775.
ECLAIR DIRECTOR SAILS FOR PARIS.
President and Mrs Jourjon Bidding Good-Bye to Mr. E. Arnaud (on Left)
The Moving Picture World, vol. 14, nº 4, 26 octobre 1912, p. 350.
Mr. E. Arnaud Eclair director, is going to Paris for a short visit. He will be accompanied on his return by Mrs. Arnaud who has been spending a few weeks in the French capital. It is understood that the Eclair company will send a large force to California this winter, under the supervision of one of the foreign directors.The Moving Picture Workd, vol. 14, 5 octobre 1912, p. 28.
Group of Eclair Players Bidding "Bon Voyage" to M. Etienne Arnaud
The Moving Picture World, vol. 14, nº 5, 2 novembre 1912, p. 444.
TAKING THE PICTURE
The figure at right is Etienne Arnaud, one of whose plays was recently accepted for production at the Comédie Française. The ribbon in his buttonhole is a decoration from the French Government for his photographic achievements.
"Motion pictures in the Making"
The New York Dramatic Mirror, New York, 30 juillet 1913, p-25-26.
1922: Lulu, garde ton cœur d'André Heuzé et Etienne Arnaud.
"André Heuzé, A. Colomb, Étienne Arnaud"
Comoedia, Paris, 21 avril 1922, p. 3.
SAMEdI au Th. Cluny, première de Manœuvres de nuit, opérette de MM. André Heuzé et Etienne Arnaud, musique d'André Colomb; répétition générale vendredi soir. Le Journal, dimanche 16 avril 1922, p. 4.
1922: La Chair de poule (Etienne Arnaud. André Heuzé)
1924: Le Tour du monde d'une midinette (André Heuzé, Etienne Arnaud).
1927: Le Dieu sans couronne Pierre Jalabert et Etienne Arnaud.
1929: Un poule d'essai (vaudeville Heuzé Arnaud, 1929), Théâtre Déjazet.
1932: La Môme du dancing (André Heuzé et Etienne Arnaud, 1932), Théâtre Déjazet.
Sources
AMBRIÈRE Francis, "Quand Sarah-Bernhardt et Mounet-Sully tournaient. Souvenirs de Gaston Roudès", L'Image, 2e année, nº 75, 1933, p. 27-31.
ARNAUD Etienne et BOISYVON, Le Cinéma pour tous, Paris, Garnier Frères, 1922, 292 p.
BASTIDE Bernard, "Aux sources des tournages en décors naturels. L’exemple de Louis Feuillade à la Cité de Carcassonne, en 1908", 1895 n°55, 2008. (https://journals.openedition.org/1895/4107)
CALDINE, "Le Troubadour", Le Torero, 26 juillet 1925, p. 1.
LACASSIN Francis, Maître des Lions et des vampires. Louis Feuillade, Paris, Pierre Bordas & Fils, 1995, 328 p.
- Bernard Bastide. « Des cabarets de Montmartre aux studios de Fort Lee : Emile Cohl et Étienne Arnaud, une amitié fertile », 1895 n°53, 2007, pp. 194-209.
Lien : https://journals.openedition.org/1895/2473?&id=2473
- « Les ‘séries d’art’ Gaumont. Des sujets de toute première classe », dans Alain Carou, Béatrice de Pastre, (dir.), Le Film d’Art et les séries d’art en Europe, 1895, n°56, décembre 2008, p. p. 305-327.
Lien : https://journals.openedition.org/1895/4082
Ouvrages collectifs :
- Bernard Bastide. « Etienne Arnaud et Le Korrigan » dans Nicole Brenez (dir.), Christian Lebrat (dir.). Jeune, pure et dure ! Une histoire du cinéma d'avant-garde et expérimental en France. Paris : Cinémathèque française / Milano : Mazzotta, 2001, pp. 56-58.
- Bernard Bastide. « Étienne Arnaud et les Studios Eclair de Fort Lee (1911-1914) », dans Christian Viviani (dir.), Hollywood, les connections françaises. Paris : Nouveau monde éditions, 2007, p. p. 13-34.
Revues :
- Bernard Bastide, « Etienne Arnaud, aux sources de la production Gaumont (1906-1911) », Ciné Nice n°20, 1er trimestre 2009, p. p. 74-83.
Remerciements
Bernard Bastide.
3
1905 |
|
Un coup de vent (Gaumont) | |
1906 |
|
La Ceinture électrique (Gaumont) | |
1908 | |
Clair de lune espagnol → José Gaspar. | |
1912 |
|
The Raven (Éclair) | |
Oh, you Ragtime! (Éclair) | |
1930 |
|
Deux fois vingt ans [assistant: Etienne Arnaud] | |
1934 |
|
Mam'selle Spahi (Fox Film) [sn. avec André Heuzé] | |
1937 |
|
La Fille de la Madelon (Les Films De Koster) [sc. avec A. Heuzé] | |
L'Enfant de troupe ou Ceux de demain (Les Films De Koster) [sc. avec A. Heuzé] | |
1938 |
|
Une nouvelle bordée [sc. avec A. Heuzé] | |