Clément GRATIOULET, dit Clément MAURICE

(Aiguillon, 1853-Sanary-sur-Mer, 1933)

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Jean-Claude SEGUIN

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Étienne Gratioulet (Aiguillon, 01/02/1820-≥ 1879) épouse (Aiguillon, 15/01/1840) Anne, Marie Carrère (Aiguillon, 10/05/1819-Aguillon, 03/06/1868). Descendance :

  • Jean Gratioulet (Aiguillon, 24/10/1843-)
  • Jean Gratioulet (Aiguillon, 25/07/1848-≥1906) épouse Jeanne Vincent (Buzet-sur-Baïse, 1857-). Descendance :
    • Étienne, Marius Gratioulet (Buzet, 27/12/1876-) épouse (Aiguillon, 31/01/1899) Louise Poyaud (Aiguillon, 31/12/1878-)
  • Marie Gratioulet (Aiguillon, 08/12/1849-) épouse (Aiguillon, 29/08/1874) Jacques Youlet
  • Jeanne Gratioulet (Aiguillon, 08/02/1851)
  • Clément Gratioulet dit Clément-Maurice (Aiguillon, 22/03/1853-Sanary-sur-mer, 15/07/1933)
    •  épouse (Paris 9e, 17/05/1879) Françoise, Émilie Carrey (Paris, 04/09/1861-Paris 16e, 26/07/1910). Descendance:
      • Léopold Gratioulet (Paris 6e, 06/10/1880-Paris 16e, 18/03/1972) épouse (Paris 17e, 17/01/1907) Emilie, Henriette, Vincente Le Borgne (Loudéac, 02/03/1886-)
      • Louis, Georges Gratioulet (Paris 4e, 02/02/1883-Nice, 02/01/1964) épouse (Boulogne, 26/04/1917) Aurette, Rachel, Kathleer  Mesguich
      • Jeanne Gratioulet (Paris 5e, 31/03/1886-Souday, 20/09/1886)
    • épouse (Paris 17e, 06/06/1911) Berthe Lévy (Paris 4e, 21/05/1869-)
  • Anne Gratioulet (Aiguillon, 26/07/1858-) épouse (Buzet-sur-Baïse, 19/12/1880) Jean, Baptiste Dumas (Flaujagues, 04/10/1855-)
  • Anne Gratioulet (Aiguillon, 04/02/1861-03/07/1861)

2

Fils d'un tonnelier, puis vannier et d'une ménagère, Clément Gratioulet semble avoir vécu les premières années de son enfance à Aiguillon. Lors du recensement de 1866, il ne figure pas avec sa famille.

Après la mort de sa mère, son père Étienne s'installe à Arcachon, à partir de 1874 au moins. Léopold Maurice, fils de Clément-Maurice, apporte quelques informations sur sa formation :

Né à Aiguillon en 1853, il avait fait ses études de Beaux-Arts à Bordeaux et avait un certain talent de dessinateur et de peintre. 


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 3.

Les débuts d'un photographe ([1879]-1895)

Clément Gratioulet est déjà installé à Paris, comme photographe, au 18, rue des Jeûneurs (adresse de l'Hôtel Saint-Roch) dans le 2e arrondissement lorsqu'il épouse (1879) Émilie Carrey, dessinatrice de son métier. Selon les documents officiels, il apparaît également comme " peintre " (1880, 3 rue du Vieux Colombier), " peintre-photographe " (1883, 4, rue Castex) ou photographe (1886, 24, rue Linné). Il entretient des relations professionnelles, mais aussi personnelles avec plusieurs photographes parisiens : Antoine Bouroux, Gustave Couder, Jean Orliac... En 1875, Émile Tourtin a repris l'atelier du célèbre photographe Disdéri (1819-1889), situé au 2e étage du 8, boulevard des Italiens, au-dessus du Théâtre Robert-Houdin. En 1889, Gaston Floret a déjà pris sa succession. Il vend, à son tour à Antoine Lumière, le 31 mai 1894, l'atelier où il installe son employé, Clément Gratioulet, désormais Clément Maurice :

[...] Il s'était ainsi établi photographe à Paris.
Son atelier occupait les 3e et 4e étages d'une maison sise au 8 boulevard des Italiens, dont l'escalier de service débouchait sur le Passage de l'Opéra ; de l'autre côté du boulevard REUTLINGER était établi à l'angle de la rue de Richelieu.


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 3.

De fait, ce dernier apparaît déjà, dans la presse, comme propriétaire des lieux dès le mois de juillet 1894. Déjà à cette époque, il entretient des relations personnelles avec les Lumière pour lesquels il teste les différentes émulsions sorties des usines de Monplaisir :

Monsieur Antoine LUMIÈRE qui avait fondé en 1882 son usine de plaques photographiques à Lyon-Monplaisir, avait apprécié les talents de mon Père et lui donnait automatiquement toutes les émulsions à essayer : ils devinrent amis très intimes au point que, dans notre appartement, il y avait la " chambre pour Antoine " où celui-ci couchait à chacun de ses passages à Paris. 


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 3.

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Il y avait foule dans notre Salle des Dépêches pour admirer la magnifique et complète collection représentant les obsèques du Président Carnot, que nous avons exposée. Une série d'épreuves remises par MM. Neurdein frères a obtenu un succès mérité. Ces photographies sont remarquables par la finesse de leurs détails et l'harmonie de leur composition.
Très appréciée également la série de M. Clément Maurice, propriétaire de la photographie Tourtin ; ces épreuves sont d'une netteté étonnante. Mais ce qui a le plus émerveillé nos visiteurs, ce sont les deux immenses agrandissements de clichés de M. Maurice, représentant le char funèbre et M. Casimir-Périer, entouré de sa maison militaire. Ce sont là deux véritables œuvres d'art ; tout le monde reconnaît les personnages officiels qui y figurent. Ces superbes photographies, obtenues avec le papier et les plaques de la maison Lumière, font le plus grand honneur à leur auteur.

 

Photographie Clément Maurice, 8, boulevard des Italiens, Paris (≤ 1897) [D.R.]

Le Petit Parisien, Paris, 5 juillet 1894, p. 2.

Il se fait déjà connaître par ses photographies sur papiers ou plaques Lumière : Antigone (Théâtre d'Orange, 1894), Les lauréats du Conservatoire (Paris, 1894), La Caravane des Félibres (1894), les agrandissements des photographies de Pierre Petit du voyage du président Casimir Perier à Châteaudun (1894). C'est sans doute à l'automne 1894 qu'il découvre le kinétoscope Edison à Paris. Antoine Lumière et Clément Maurice vont montrer l'appareil au Suisse François-Henri Lavanchy-Clarke comme ce dernier le raconte dans ses souvenirs : 

Later on, M. Lumière was again in Paris and invited me to dinner at the Café de Paris. He had with him one of his friends of Paris, M. Clément Maurice. After dinner we went for a walk on the oulevards and noticed a new shop illuminated with many electric lights from the roof. Inside, there were about 50 persons looking into boxes of about 1.20 m. high. We went in and after having dropped 50 centimes, we could see very small moving pictures running neat the eyes, but shaking very much. That was Edison's Kinematograph. Il was very much surprised that a man of Edison's fame could launch to the public such an imperfect apparatus. In my opinion the obturator was very defective. In fact there was none, as I discovered later. M. Clément Maurice's opinion was that this apparatus was a poor one, and that instead of having sixty people around so many boxes, it would be more practical to have these pictures projected with a magic lantern against a screen, where some hundred people could see them properly. While I was in London he began with M. Lumière an apparatus which could really be used like a magic lantern to project positive pictures. I objected that it would be much better to have an apparatus which could be for taking negatives, and reproduce the positive. But this could not be done without using two very important parts of my own patent. 


Progress, Lever Brothers, Vol 22 No 154 April 1922, p. 89.

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La photographie Tourtin (au-dessus du théâtre Robert-Houdin). année 1880

À cette époque, Clément-Maurice pratique la projection fixe et il travaille pour le théâtre de l'Ambigu :

Or il pratiquait déjà la projection fixe et avait monté une installation au théâtre de l'Ambigu en vue de projeter sur la toile de fond des clichés photographiques figurant des apparitions au cours de la pièce patriotique qui avait pour titre "Le Rêve".


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 3-4.

Au cours de l'année 1895, Clément Maurice poursuit ses activités de photographe et, parmi d'autres, il prend une série de clichés de l'Exposition ethnographique du Soudan :

Nous exposons dans notre Salle des Dépêches une très intéressante série de photographies prises à l'Exposition ethnographique du Soudan par M. Clément Maurice, le photographe réputé.


Le Petit Parisien, Paris, 22 août 1895, p. 2.

La collaboration avec Lumière (décembre 1895-1897)

Assez naturellement, au moment où il va falloir organiser la première séance publique du cinématographe, Antoine Lumière reprend contact avec Clément-Maurice et lui propose de prendre en charge l'exploitation de la nouvelle invention :

L'exploitation de cette merveille sourit au brave Maurice qui, plein de confiance, accepte de liquider son atelier et de prendre en mains les destinées de l'invention des frères Lumière. Vainement les deux amis interrogent les agences de la place de la République à la Madeleine, comme ils questionnent les commerçants. Fatigués par des courses pénibles ils vont désespérer quand ils aperçoivent un groupe de déménageurs sortant des meubles d'un sous-sol ; le local où siégeait jusque-là une académie de billards est vide !


G. Michel Coissac, " Le Cinématographe est né en France en 1895 " dans Hommage à Louis Lumière, Ville de Paris, Musée Gallièra, 1935

Clément Maurice va donc transformer le local pour en faire une salle de projection. Il fait aménager le sous-sol du Grand Café et lui donne le nom de Salon Indien. Il organise la séance historique du 28 décembre 1895 avec plusieurs collaborateurs : Charles MoissonJacques Ducom et le jeune Francis Doublier. Grâce aux propos recueillis par Victor Perrot, nous avons conservé le témoignage de Clément Maurice sur cette séance exceptionnelle :

Nous avons ouvert cette salle au Grand Café, avec M. Lumière père, dit M. Clément Maurice, loin de nous douter du succès rapide de ces démonstrations. La salle contenait à peine une centaine de personnes ; le prix d'entrée était de 1 franc.
La première journée, j'ai fait une recette de 33 francs ; c'était maigre ! Mais le succès fut si rapide que trois semaines après l'ouverture, les entrées se chiffraient par 2.000 et 2.500 francs par jour, sans aucune réclame faite dans les journaux.
M. Volpini, propriétaire du Grand Café, avec lequel nous avions passé un bail d'un an pour son sous-sol, avait préféré aux 20 % sur la recette que nous lui avions offerts, 30 francs par jour pour le loyer. Celui-là n'avait guère confiance dans la réussite de cette affaire.
La projection des huit ou dix films durait environ vingt minutes ; la salle était aussitôt vidée et remplie à nouveau. Quelques semaines après, j'ai dû faire établir un service d'ordre par les agents pour empêcher les bousculades et quelquefois les batailles à l'entrée du sous-sol.
L'ouverture a eu lieu en 1895, la dernière semaine de l'année, entre Noël et le Jour de l'an. Je ne puis préciser la date exacte.
Ce qui m'est resté le plus typique, c'est la tête du passant arrêté devant l'entrée, cherchant ce que Cinématographe Lumière signifiait ; ceux qui se décidaient à entrer sortaient un peu ahuris ; on en voyait bientôt revenir, amenant avec eux toutes les personnes de connaissance qu'ils avaient pu rencontrer sur le boulevard.
Dans l'après-midi, le public formait une queue qui s'étendait souvent jusqu'à la rue Caumartin.
Pendant plusieurs mois, le programme ne fut guère changé ; les films de résistance, d'une longueur de 12 à 13 mètres, étaient les suivants :
La sortie des ouvriers de l'usine Lumière ;
L'Arroseur ;
Le goûter de bébé ;
La pêche aux poissons rouges ;
Un gros temps en mer ;
Le Forgeron ;
L'arrivée d'un train en gare ;
Soldats au manège ;
M. Lumière et le jongleur Trewey jouant aux carctes ;
La démolition d'un mur.


PERROT Victor, " Rapport présenté par M. Victor Perrot au nom de la 4e Sous-comission, sur une proposition d'inscription commémorative de la première représentation cinématographique à Paris " dans Procès-Verbal, Ville de Paris, 1924, Commission du Vieux Paris, Séance du samedi 23 février 1924, p. 39.

Un autre témoin de ces séances est Léopold Maurice -15 ans à l'époque- qui fournit une description assez précis des lieux:

Cette salle en sous-sol était d'une décoration assez quelconque qui ne justifiait absolument pas son appellation ; l'escalier d'accès, débouchant directement sur le boulevard à côté de la terrasse du " Grand Café ", donnait accès a un vestibule d'environ 5 x 6 mètres où se trouvaient des toilettes : deux tourniquets filtraient l'entrée du salon de forme assez carrée. L'appareil de projection avait été placé sur un plancher surélevé de 1 à 2 marches et une toile noire fixée par des punaises à des montants de bois formait une sorte de cabine : l'écran était disposé à l'autre extrémité du salon, et dans un renforcement à droite, mon Père avait fait installer un ventilateur actionné par l'air comprimé, car il n'existait aucune aération.
La lumière était fournie par une lampe oxhydrique fonctionnant sur le gaz d'éclairage avec une bouteille d'oxygène : on profitait de l'intervalle entre projections pour changer le bâtonnet de chaux lorsqu'il était usé, et le former afin qu'il donne une bonne lumière dès le début de la séance.
Les projections étaient assurées tantôt par MESGHISH [sic], tantôt par DUCOM à raison de deux séances par heures.


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 4.

Un journaliste de l'époque a remarqué que les murs sont décorés de photographies réalisées par le propre Clément-Maurice ce qui le conduit à quelques remarques sur la probable supériorité de la photographie ou du cinéma sur la peinture : 

Je ne vois pas trop ce que les peintres feront de leurs pinceaux le jour où la photographie de couleurs concourra à cette reconstitution exacte de la vie visible. Il ne leur restera qu'à déformer les objets par caricature (Caran d'Ache) ou amour du fantastique (Carriès). À preuve le joli sentiment qui se dégage, des paysages accrochés au mur de la salle du cinématographe de MM. Lumière ; ce sont de simples photographies de Clément Maurice. Il n'y aura même plus que des loisirs pour la critique d'art ! - G.L.


Le Siècle, Paris, 6 janvier 1896, p. 2.

Grâce à la correspondance Lumière, nous savons que les toutes premières projections sont émaillées de quelques incidents liés à la résistance des bandes cinématographiques. Deux de ces bandes semblent bien être détériorées après deux ou trois d'utilisation, comme vient de leur écrire Clément Maurice. On a bien le sentiment que le cinématographe Lumière dispose de plusieurs positifs des mêmes vues pour assurer le remplace en cas de rupture ou détérioration, ce qui est assez fréquent.

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2 janvier 6

Mon Cher Maurice,
Vous confirmant notre télégramme de ce jour, nous vous prions de nous retourner les bandes détériorées dès que vous aurez reçu celles que nous allons vous faire parvenir en remplacement.
Vous nous obligeriez infiniment en nous indiquant les causes de cette détérioration, car nous tenons essentiellement à nous en rendre compte. En conséquence, veuillez avoir l'obligence de nous fournir des détails sur ces accidents.
Veuillez en outre nous renvoyer la bande de la Voltige qui est susceptible d'être réparée,  mais dont la réparation demande quelque temps pour le séchage.
Nous n'avons pas de Forgerons à vous envoyer aujourd'hui mais nous en préparerons une bande sous peu.
Dans l'attente de vous lire, recevez mon cher Maurice, nos sincères et cordiales salutations.
Pour MM. Lumière
M. Paris

Lumière, Lettre à Clément Maurice, Lyon, 2 janvier 1896. Cahier Lefrancq [D.R.]

Si nous laissons de côté les questions purement technique, il semble qu'il y ait eu un certain malentendu entre les frères Lumière et Clément-Maurice. Les inventeurs lyonnais ont en effet mis au point un système - quelque peu complexe - de concessions où l'opérateur est directement en contact avec la maison de Monplaisir. Le courrier envoyé le 17 février 1896 semble bien souligner qu'il y a pour le moins une incompréhension.

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17 Février 6

Mon Cher Maurice,
Nous sommes en possession de votre honorée du 15 courant, et nous nous empressons de vous fournir les renseignements que vous nous demandez.
Nous avons établi, pour chacun de nos appareils, un employé au courant de la manipulation et qui est responsable du fonctionnement.
Mr. Ch. Rossel est bien votre employé. Il est chargé de nous tenir au courant de tous les détails qui peuvent nous intéresser, de nous faire parvenir chaque jour une souche d'un carnet spécial indiquant le chiffre de la recette. C'est en quelque sorte un collaborateur qui vous est adjoint et notre représentant direct vis-à-vis de vous.
Cet employé est bien entendu à la charge du poste où il est occupé et ses appointements sont fixés à Dix Francs par jour + un petit intérêt ..
Nous sommes fort surpris que M. Lumière Père ne vous ait pas expliqué tous ces détails, qui sont ceux adoptés pour toutes les organisations similaires à la vôtre.
Veuillez agréer, mon Cher Maurice nos bien cordiales salutations.
Pour MM. Lumière
M. Paris.

Lumière, Lettre à Clément Maurice, Lyon, 17 février 1896. Cahier Lefrancq [D.R.]

Que s'est-vraiment passé ? D'une part, la " mécanique " est au point et elle est bien celle qui est progressivement mise en place pour tous les postes ouverts. On imagine difficilement que la " bourde " soit attribuable aux frères Lumière. D'autre part, on est enclin à penser que les relations amicales entre Clément Maurice et Antoine Lumière ont pu laisser croire qu'un traitement de faveur serait accordé dans le cas parisien... et que le père n'ait pas très bien transmis les informations dictées par ses enfants... Toujours est-il que les Lumière n'ont pas l'intention de laisser un concessionnaire, fût-il le meilleur ami du monde, sans aucun contrôle. La lettre est très claire sur le rôle de l'opérateur Charles Rossel... il est bien là pour surveiller le poste et incidemment Clément Maurice lui-même. On imagine aisément sa déconvenue et sa réaction sans doute assez vive... Mais les relations ne vont pas pour autant en pâtir, puisque, en avril 1896, c'est Clément Maurice qui signe avec Antoine Lumière un bail de 4 mois pour la gestion du cinématographe qui s'installe au premier étage du 28, boulevard des Capucines, au-dessus de l'Olympia. L'inauguration a lieu, en fait, dès les derniers jours du mois de mars :

Aujourd'hui dimanche, à deux heures, ouverture, au premier étage de l'Olympia, de la nouvelle salle du Cinématographe Lumière. Les projections animées continueront, en même temps, dans la salle du Grand-Café.
Le Journal, Paris, 22 mars 1896, p. 3.

Les projections prennent fin à la mi-juillet, à la fin du bail. Concessionnaire pour Paris et la Seine des appareils Lumière, Clément-Maurice semble avoir tourné quelques bandes en 1896. Cela ne l'empêche pas d'avoir d'autres activités lors de cette période. En tant que photographe attitré de l'Automobile Club de France (1896), il présente des vues avec un cinématographe Lumière, lors de la fête de l'A.C.F. (Le Gaulois, Paris, 17 juin 1896, p. 2), puis en novembre. Il est aussi un spécialiste de la " photographie timbre-poste ", ce que l'on connaît aujourd'hui sous le nom de photographie d'identité :

Carte d'Identité.-Les sociétaires sont invités à apposer et à faire légaliser leur signature sur la Carte de 1897, et y coller leur photographie.
Nous rappelons à cette occasion, que M. Clément Maurice (Maison Tourtin), Boulevard des Italiens, 8, fait cette photographie timbre-poste pour 1 franc et fait offre gracieuse d'un portrait-carte.


Touring-club de France, 15 décembre 1896, p. 452.

Dans les premiers mois de l'année 1897 - alors qu'il semble s'être quelque peu éloigné des Lumière -, il organise des projections occasionnelles :

M. le professeur Ga[b]riel, membre de l'Académie de médecine, a obtenu jeudi soir un très vif succès à la Société de géographie. Sa conférence, "les Desiderata du cyclisme", a fort intéressé l'auditoire et M. Clément Maurice a charmé les yeux de tous par de curieuses projections du cinématographe.


Le Figaro, Paris, 13 février 1897, p. 5

Quel appareil utilise-t-il à cette occasion ? Peut-être un Lumière, mais peut-être aussi un " Cinéma Leroy " de Maurice Leroy dont il a fait l'acquisition fin 1896-début 1897. Il participe également à l'ouvrage Paris en plein air (Bibliothèque Universelle en couleurs, 1897), sans oublier, bien entendu, ses multiples activités de photographe dont témoignent de nombreuses publications.

La collaboration avec Gaumont (1897-1898)

Grâce la correspondance Gaumont, nous savons que Clément Maurice, avant le mois de mars 1897, a fait l'acquisition d'un appareil de Maurice Leroy, constructeur qui a maille à partir avec le Comptoir Général de Photographie. Il est sommé de rendre la totalité des cinématographes construits à la maison Gaumont, sauf les trois appareils déjà vendus, accusé qu'il est de plagiat :

3 mars 1897
Messieurs Leroy & Cie
14 rue des Bois, Paris
[...]
Vous nous remettrez tous les appareils construits ou que vous avez en construction, sauf les trois livrés, savoir : 1.   Mr Vallat, 2. à Mr Schuttembarck. 3. à Mr Clément Maurice.[...]
L. Gaumont &Cie.


CORCY Marie-Sophie, Jacques Malthête, Laurent Manonni et Jean-Jacques Meusy, Les Premières Années de la société L. Gaumont et Cie, Paris, AFRHC/BIFI/Gaumont, 1998, p. 213

Il semble qu'en outre Clément Maurice se soit rapproché de la maison Gaumont, ne serait-ce que pour lui proposer des vues cinématographiques. Probablement au début de l'été 1897, il va ainsi filmer des vues pour Léon Gaumont :

Moins de deux ans après, en 1897, Clément Maurice (le père de MM. Léopold et Georges Maurice) réalisait un documentaire dans les torrents des Pyrénées pour le compte de Léon Gaumont.


"Congrès du Film documentaire (5 au 22 avril 1943). Allocution prononcée par M. André Debrie, Membre du comité directeur du C.O.I.C., le 5 avril, au cours de la cérémonie d'inauguration", Le Film, nº 63, 17 avril 1943, p. 9.

Puis, toujours durant l'été 1897, nous le retrouvons sur l'île de Man où Félicien Trewey présente des vues avec son appareil Lumière. Clément-Maurice est venu, avec un deuxième opérateur, pour filmer des vues :

Mons. MORRIS [sic], one of the leading photographers of Paris, is now on the island taking a series of photographs for Mons. Trewey's Cinematographe, which commences an engagement at the Pavilion on Monday next. On Thursday he secured some capital views of the bathing scene at Port Skillion, feeding the sea lions at Groudle, and on Friday, he secured a view of the crowd on Douglas Head breaking up after listening to the Minstrel performance, and some views of the Electric Cars at Laxey Station. It is also intended to get a view of the Empress Queen approaching the Port, and other local scenes of interest. Mons. Morris, who is staying with Mr Radcliffe at Greenwood House, expresses himself as charmed with the richly diversified and beautiful scenery of the Island. It may interest our readers to know that each scene taken for one of these instruments, necessitates some 1.200 photographs, all of which are taken in the space of one minute. No doubt the local views will lend additional interest to the Cinematographic views at the Pavilion, but Mons. Trewey has hundreds of interesting scenes taken in all parts of the world, which will be exhibited next week while the local views are being got ready.


The Manx Sun, Douglas, July 17, 1897, 4.

Il s'agit de présenter des vues locales, certes, mais elles ne figurent pas au catalogue des frères Lumière. En revanche, elles se retrouvent bien dans celui de la maison Gaumont, ce qui souligne les liens de proximité qui existent entre lui et Léon Gaumont. On peut penser que Clément Maurice est également l'auteur d'autres vues animées tournées au cours de cette période qui figurent, peut-être, au catalogue. C'est sans doute le cas de celles qu'il tourne à Monaco dans les premiers mois de 1898 et pour lesquelles il obtient le premier prix du concours "Monaco Vivant" organisé par la Société des bains de mer de la Principauté et dans le jury duquel on trouve... Léon Gaumont. Cette collaboration est confirmée par Léopold Maurice :

Un an après l'ouverture du Salon Indien, mon Père, qui possédait un appareil LUMIÈRE commença à faire lui-même des films qu'il vendait à GAUMONT et c'est ainsi qu'à l'âge de 16 ans j'eus l'occasion de développer au cadre. Il organisait également des séances en province.


" Léopold Maurice témoin des débuts du cinéma ", Bulletin de l'AFITEC, 23e année, nº 29, 1969, p. 4.

La collaboration avec le docteur Doyen et le Phono-Cinéma-Théâtre (1898-[1906])

Le docteur Doyen, chirurgien aussi célèbre que controversé, est l'un des tout premiers, peut-être même le premier, à penser à faire cinématographier des opérations chirurgicales à des fins pédagogiques. Il semble avoir eu cette intuition dès les débuts du cinématographe, ce que semblerait confirmer les souvenirs de Clément-Maurice :

C'est vers 1896-1897 que le docteur Doyen me fit demander par l'intermédiaire de M. Krauss, l'opticien, si je pourrais enregistrer au cinéma quelques-unes de ses opérations chirurgicales.
La grande difficulté du moment était l'enregistrement de bandes de plusieurs centaines de mètres avec les appareils dont on disposait qui ne le permettaient pas.


Clément Maurice, La Revue du cinéma, nº 8, 2e année, 1er mars 1930, p. 19.

Il reste en effet des problèmes techniques à résoudre. Lorsque le temps des premiers essais approche, Clément-Maurice va faire appel à Ambroise-François Parnaland, afin de disposer de deux cinématographes différents pour filmer les opérations :

C'est en effet en 1898 que le Dr Doyen, après s'être renseigné sur les opérateurs les plus habiles de Paris, s'adressa à M. Clément Maurice, qui à cette époque était installé comme photographe, boulevard des Italiens, dans un atelier qui portait le nom d'atelier Tourtin.
À cette époque le cinématographe était encore loin d'avoir atteint la perfection d'aujourd'hui ; et M. Clément Maurice amena avec lui, dans la clinique du docteur, M. Parnaland, un autre professionnel du cinématographe.
Ces deux messieurs, munis chacun d'un appareil, prirent simultanément les cinématographies des mêmes opérations, de manière que l'une d'elles pût suppléer aux imperfections de l'autre.


Plaidoirie, p. 8.

Dès lors, il s'agit d'attendre certaines interventions chirurgicales qui vont se présenter, en juin 1898, pour que les deux opérateurs les filment simultanément. Le tournage a lieu au 34, avenue d'Iéna, là où se trouve le cabinet du Docteur Doyen. Le choix se porte sur deux opérations qui ont déjà fait la réputation du chirurgien :

Les premières opérations que nous avons photographiées au cinématographe furent une craniectomie et une hystérectomie abdominale. Les pellicules obtenues par M. Clément-Maurice, avec l'appareil Lumière, et par M. Parnalland [sic], avec un appareil de son invention, furent assez satisfaisantes pour démontrer d'emblée toute la valeur du nouveau mode d'enseignement.


Dr Doyen, " Le Cinématographe et l'enseignement de la chirurgie ", Revue critique de médecine et de chirurgie, 1re année, nº 1, 15 août 1899, p. 2.

Ce que confirme Clément-Maurice dans ses souvenirs :

Après des modifications apportées à mon appareil de prises de vues, nous pûmes faire, dans sa salle d'opérations de l'avenue d'Iéna, un essai sur une craniectomie qui nous donna d'assez bons résultats. Encouragés par cette tentative, toutes les opérations intéressantes furent filmées par la suite. Une autre difficulté provenait des objectifs qui n'étaient pas suffisamment lumineux, l'ouverture à f. 5 ou f. 6 n'étant pas suffisante pour travailler à l'intérieur de la salle d'opération.


Clément Maurice, La Revue du cinéma, nº 8, 2e année, 1er mars 1930, p. 19.

Il semble que l'appareil de Clément-Maurice, malgré les modifications apportées ne donne pas d'aussi bon résultat que celui de Parnaland, qui sera finalement choisi pour les tournages :

Le cinématographe dont se sert le docteur Doyen pour illustrer sa conférence avait été spécialement fabriqué par MM. Parnalaud [sic]. Cet appareil donne des images d'une fixité et d'une netteté remarquables. Grâce à lui la trépidation, si gênante pour l’œil est presque totalement supprimée. 


Journal de Monaco, 25 octobre 1898, p. 2.

D'ailleurs, les relations entre Doyen et Parnaland se sont dégradées, semble-t-il, dans le courant de l'année 1898 et ce dernier abandonne les tournages. Dès le début de l'année 1899, les choses vont complètement changer. 

doyen 01 En dépit des progrès accomplis en ces vingt dernières années, nulle part encore au monde n'existait pour la pratique de la chirurgie un établissement vraiment installé conformément à toutes les exigences de la science moderne.
Un telle lacune est actuellement comblée.
Hier, en effet, a eu lieu l'inauguration officielle d'une merveilleuse clinique que vient d'ouvrir rue Piccini le distingué docteur Doyen.
Après avoir procédé à une visite complète des laboratoires, salles d'opération, chambres de malades aménagées avec un soin parfait, les assistants à cette fête ont eu le spectacle infiniment suggestif d'une application de la cinématographie à l'enseignement de la chirurgie, application dont notre collaborateur a, il y a quelque temps, signalé dans une de ses " tablettes " le haut et puissant intérêt.
" Dr. Doyen's private hospital in Paris "
The Bystander31 mai 1905, p. 433
Le Rappel, Paris, 21 février 1899, p. 1.

En effet, la nouvelle clinique du docteur Doyen est inaugurée le 19 février 1899, au 6, rue Piccini. Il s'agit d'un établissement remarquable, d'une très modernité et qui va permettre, de façon plus commode, de filmer les opérations, ce que confirme Clément-Maurice :

C'est dans la nouvelle clinique, rue Piccini, où la salle était plus claire, que nous avons pu enregistrer d'une façon presque parfaite.


Clément Maurice, La Revue du cinéma, nº 8, 2e année, 1er mars 1930, p. 19.

Clément-Maurice est nommé directeur des laboratoires de radiographie et de cinématographie, place qu'il va occuper jusqu'en 1906. Même si son nom ne figure pas toujours, il accompagne le célèbre chirugien dans ses déplacements à l'occasion des différentes conférences que ce dernier donne, la plupart du temps, devant des parterres de médecins :

Doyen fut sérieusement critiqué à Paris ; mais dans les congrès de chirurgie de Berlin, Moscou, Madrid, Londres, ces pellicules eurent un gros succès.


Clément Maurice, La Revue du cinéma, nº 8, 2e année, 1er mars 1930, p. 19.

On le retrouve également lors de soirées organisées par l'Automobile-Club de France (16/11/1899). Ses nouvelles responsabilités le conduisent à vendre une partie - uniquement une partie - de ses locaux  destinés à la photographie, au 8, boulevard des Italiens :

[...] l'honorable M. Clément Maurice avait vendu sa maison de commerce en 1899, exactement le 10 avril 1899, comme je lis sur l'acte que voici et qui constate la " vente par MM. Lumière et Clément Maurice du fonds " de photographie, 8, boulevard des Italiens, à M. Albert " de Bouillane. " 
[...]


Plaidoirie, p. 19-20.

L'acquéreur est Albert de Bouillanne qui va en faire le siège de la société La Grande Publicité, fondée, à Rouen, le 26 janvier 1900. Clément-Maurice garde en revanche une partie du 2e étage de l'immeuble où il continue d'exercer sa profession de photographe.

gratioulet 05
Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration, Paris, Firmin Didot et Bottin réunis, 1900p. 2235
(Cette annonce figure également dans l'édition 1901)

Au cours du premier semestre de l'année 1900, Clément-Maurice va facturer à la maison Pathé plusieurs films du docteur Doyen, dans des conditions qui restent à éclaircir. Trois factures ont été effectivement établies " portant les dates des 26 février, 7 mars et 11 juin 1900 [...] écrites sur papier commercial de la maison Clément Maurice " (Plaidoirie, p. 19-20.). S'agit-il d'une initiative personnelle et frauduleuse de la part de Clément-Maurice - on a un peu de mal à le croire - ou bien d'une entente tacite avec le chirurgien pour commercialiser ses films ? N'oublions pas que le docteur Doyen, malgré ses multiples dénégations, a fait participé son film Opération chirurgicale du docteur Doyen (L'Ablation du goitre) au concours organisé à Monaco par la Société des Bains de Mer, en février 1900... et qu'il a d'ailleurs remporté le premier prix... N'oublions pas non plus que ce même film est présenté dans le Pavillon de Monaco, au cours de l'Exposition universelle de 1900. Tout cela devant des spectateurs non avertis, ni spécialistes de médecine. Ces différents éléments laissent à penser qu'une réelle tentative/tentation de commercialisation a bien existé, sur laquelle Doyen est revenu ultérieurement et que les deux hommes ont souhaité taire par la suite.

La seconde affaire qui va occuper Clément-Maurice au cours de l'année 1900, c'est sa contribution, comme cinématographiste, à la toute nouvelle société Le Phono-Cinéma-Théâtre, dont l'inspiratrice est Marguerite Vrignault et l'administrateur Paul Decauville. Il revient à Clément-Maurice de régler le tournage des vues et l'enregistrement des cylindres. Pour ce faire, il va utiliser une caméra breveté par Ambroise-François Parnaland, celle dont il se sert pour les opérations du docteur Doyen :

L'appareil cinématographique du Phono-Cinéma-Théâtre était la caméra chirurgicale dont le célèbre chirurgien Doyn se servait pour enregistrer ses opérations ; il donnait des images très nettes, car il était le premier dont le projecteur ne dansait pas devant les yeux.


Cossira, 1933 : 25.

Quant au phonographe, c'est l'Idéal d'Henri Lioret qui est utilisé, car il se sert de cylindres de grande dimension qui permettent d'enregistrer quatre minutes. Toutefois les choses ne vont pas d'elles-mêmes et les questions techniques retardent les prises de vues :

Clément Maurice, le collaborateur de Lumière, celui qui installa le premier ciné au Gand Café, se rappela les difficulté qu'il éprouvait pour filmer, n'ayant pas d'objectif à grande ouverture, le maximum n'était que de 6X3. Aussi était-il très limité au point de vue luminosité :
- Trois semaines avant l'ouverture de l'Exposition, dit-il, nous n'avions pas un mètre de film ; mais en huit jours on m'édifia un théâtre vitré et nous fûmes prêts.


Cossira, 1933 : 26.

Le studio est installé au-dessus du Phono-Cinéma-Théâtre, comme le rappelle Henry Cossira :

C'était sur le toit même du Phono-Cinéma-Théâtre, où la fondatrice avait fait aménager un studio, qu'on tournait les films et qu'on enregistrait les cylindres. Les artistes s'habillaient et se grimaient dans une petite loge attenante. L'opérateur Clément Maurice tournait d'abord le film, puis, à la même cadence, on enregistrait le cylindre.


Cossira, 1933 : 24. 

En réalité, la " synchronisation " dépend du son que l'on enregistre. Lorsqu'il s'agit de chant, le rythme de la musique constitue une aide appréciable. Ainsi, dans le cas d'Émile Cossira et de l'enregistrement de Roméo et Juliette, il va pouvoir coup sur coup procéder aux deux opérations :

Il me souvient d'avoir aidé mon père à revêtir le pourpoint de l'amoureux Roméo et d'avoir assisté à la prise de vue. Pour être sûr de rester dans le même mouvement, mon père avait tourné le film en chantant à pleine voix : " Ah ! lève-toi, Soleil ", et il avait bissé aussitôt, si l'on peut dire, mais sans le moindre geste, devant l'enregistreur. La synchronisation approximative ainsi obtenue n'était pas trop mauvaise... pour l'époque tout au moins.


Cossira, 1933 : 24.

Mais la question est tout autre lorsqu'il s'agit d'enregistrer des paroles sans musique comme le rappelle le fils du ténor :

Évidemment, cette  méthode, facilitée par le rythme et la mesure de la musique, était celle qui permettait l'établissement du meilleur synchronisme entre la marche des deux appareils, phono et cinéma. Les scènes parlées étaient les plus difficiles à réaliser.


Cossira, 1933 : 24.

Or nous avons la chance de disposer d'un second témoignage, celui de Jules Moy, que l'on retrouve dans deux films, Le Maître de ballet et Une poule introduite dans un concert, qui nous confirme bien qu'alors la synchronisation du son se fait devant le film projeté :

Jules Moy débuta dans le film sonore... en 1900
[...]
- À quand remonte vos débuts dans l'art nouveau du spectacle ?
- À 1900.
- ?
- Oui, j'ai tourné mon premier film sonore à l'Exposition de 1900. Ça s'appelait le "Phono-Cinéma-Théâtre". Il fallait s'habituer à parler en même temps que les images passaient. Quand on avait peu de choses à dire ça allait. Mais quand il fallait "synchroniser" (le mot n'existait pas encore) une longue tirade, ça n'allait plus du tout. Mes partenaires dans ce film était Sarah Bernhardt, Mounet-Sully, Coquelin aîné, Réjane, Carlotta Zambelli et Mariette Sully.


Comoedia, Paris, 16 avril 1932, p. 6. 

C'est ainsi que Clément Maurice va tourner, sans doute, une quarantaine de films, même si tous ne sont pas sonores. À la fermeture de l'Exposition universelle, Clément-Maurice peut de nouveau se consacrer plus intensément à son laboratoire de la clinique, mais il lui arrive aussi de présenter des films, dont il est peut-être l'auteur. C'est le cas de la soirée organisée par l'Automobile-Club de France, avec lequel il a déjà eu l'occasion de collaborer :

DANS LES CERCLES
- Au cours de l'assaut d'armes qui aura lieu ce soir dans la grande salle des fêtes de l'Automobile-Club de France et dont nous publions d'autre part le programme, M. Clément-Maurice projettera des vues cinématographiques tout à fait inédites qui montreront aux spectateurs les panoramas qu'apercevait un observateur faisant en différents points de l'Exposition une demi-circonférence sur lui-même.


Le Gaulois, Paris, 15 novembre 1900, p. 2.

À cette occasion, il utilise un biographe américain - ou American Biograph - de l'American Mutoscope and Biograph Company. (L'Auto, Paris, 15 novembre 1900, p. 1).

L'année 1901 commence mal pour Clément-Maurice, puisque ses ateliers photographiques, situés au 2e étage du boulevard des Italiens sont la proie des flammes. C'est sans doute Le Matin qui est le plus précis dans la description de l'incendie :

L'immeuble appartient à M. le comte de Rohan-Chabot. Au rez-de-chaussée, se trouvent les magasins d'un tailleur, J. Lejeune, et d'un chemisier, M. Paul. À l'entresol et au premier, sont installés les bureaux et la salle de spectacle du théâtre Robert-Houdin ; au second étage, la photographie Clément Maurice et les bureaux de la Société de la Grande-Publicité.
Les flammes ont seulement détruit la toiture, le salon d'attente et le salon de pose de M. Maurice qui se trouvent maintenant à ciel ouvert et ne sont plus qu'un amas de débris ; les tentures, les tableaux sont restés accrochés aux murs, mais les toiles ont été trouées, les cadres disloqués et les rideaux transformés en loques humides.
Les bureaux de la Grande-Publicité n'ont pas même été atteints.
Lamentable spectacle.
Au théâtre Robert-Houdin, le spectacle était lamentable, et l'accès de la salle de représentation était interdit ; on craignait, en effet, l'écroulement du plafond qui a pue être étayé à temps.
Les tapis, les fauteuils, les décors étaient littéralement trempés ; on a pu fort heureusement mettre  à l'abri les fameux automates de Robert Houdin et tous les accessoires servant aux représentations journalières.
À l'entresol, au rez-de-chaussée, le spectacle d'un nouveau déluge subsiste encore ; les piles d'étoffes du tailleurs, ses modèles exposés à la vitrine sont à tout jamais perdus.
Les dégâts sont très importants et n'ont pu être encore évalués. Le propriétaire et tous les locataires sont assurés.


Le Matin, Paris, 1er février 1901, p. 3.

Les ateliers photographiques sont en grande partie détruits, mais par miracle les bureaux de la Grande-Publicité, eux aussi situés au 2e étage n'ont pas du tout étaient atteints. Ça n'est pas le cas du Théâtre Robert-Houdin sérieusement endommagé. La presse évoque plusieurs raisons possibles : " On attribue l'incendie au surchauffage d'un poêle se trouvant dans l'atelier de pose de M. Maurice et qui aurait communiqué le feu aux tentures" (Le Matin, Paris, 1er février 1901, p. 3) ; "On admet généralement qu'il a été causé par un court-circuit, mais il a été impossible de l'établir d'une façon précise. (Le Matin, Paris, 2 février 1901, p. 4), " S'il faut en croire le directeur de la photographie Clément Maurice, le feu a fort bien pu être provoqué par un rat qui, en rongeant la gutta-percha d'un câble électrique, a pu déterminer un court-circuit au contact de ses fils. La maison est en effet très vieille et les rats y pullulent. Mais ce n'est là qu'une hypothèse. (Le Matin, Paris, 2 février 1901, p. 4)... Il faut savoir que les incendies sont monnaie courante à l'époque, ce qui n'exclut pas d'autres causes possibles. En tout état de cause, cet incendie met un terme aux activités de Clément-Maurice dans son atelier photographique. Il est fait officier d'académie le 1er juin 1901.

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La photographie Clément-Maurice (au-dessus du théâtre Robert-Houdin. année 1890.

Au mois d'août 1901, la maison Pathé qui ne peut plus s'adresser à Clément-Maurice, et pour cause, l'incendie ayant tout ravagé, se tourne alors vers le docteur Doyen en personne afin de pouvoir obtenir des films chirurgicaux :

21 août 1901
Monsieur le Docteur Doyen, 6, rue Piccini,
Nous vous serions obligés de nous faire savoir où nous pourrions trouver à acheter des films positifs représentant des différentes opérations chirurgicales que vous avez fait cinématographier.
On nous assure que certaines bandes que nous nous étions procurées dans une maison du boulevard des Italiens ne représentaient pas vos opérations, mais seulement des parodies, et nous serions heureux, pour être fixés, de connaître votre opinion.
Dans le cas où vous seriez encore propriétaire de ces négatifs, nous serions également désireux de savoir les conditions auxquelles vous consentiriez à nous les confier pour en tirer nous-mêmes une quantité déterminée... (des positifs)
Veuillez agréer, Monsieur, etc.
Pathé.


Reproduit dans Plaidoirie, p. 21. 

Le courrier est troublant dans la mesure où la demande de Pathé est on ne peut plus officielle et que l'on y évoque des " parodies " des opérations du docteur Doyen. Il se trouve, en effet, que le retentissement de ces films a entraîné le tournage de vues comiques dont La Chirurgie de l'avenir que l'on trouve dans le catalogue Méliès. Quant à la maison du boulevard des Italiens, il pourrait s'agir de celle de Clément-Maurice, mais ce serait alors un achat antérieur à l'incendie ou peut-être du théâtre Robert-Houdin qui, ravagé lui aussi par l'incendie, a déplacé ses activités dans l'ancien théâtre Isola, au 39, boulevard des Capucines... La réponse apportée par Clément-Maurice en personne est pour le moins curieuse. Qu'on en juge :

6, rue Piccini, 24 août 1901.
Messieurs Pathé frères,
Les bandes de chirurgie que vous avez pu vous procurer ne sont que de mauvais essais faits chez moi par M. Parnaland.
Du reste, le Docteur va interdire à ce monsieur d'en vendre, parce qu'elles ne répondent en rien au but que le Docteur poursuit : " L'enseignement de la chirurgie par le cinématographe. "
Les négatifs ne quittent pas la clinique, sous aucun prétexte ; nous ne les confions à personne. Nous livrons des positifs vérifiés par le Dr. Doyen, avec projections fixes et la note explicative nécessaire, au prix de 4 francs le mètre, avec 25 p. 100 pour les intermédiaires, avec réserve de notre part que ces bandes ne seront projetées que dans des milieux scientifiques.
Recevez, Messieurs, etc.
Signé : CLÉMENT MAURICE
Clinique du Dr. Doyen.


Reproduit dans Plaidoirie, p. 22.

Nous sommes en 1901... or Parnaland n'a plus affaire au docteur Doyen depuis l'année 1898. Il possède en effet les films des opérations qu'il a filmées - puisque les premières opérations ont été doublement enregistrées - mais trois ans se sont écoulés et, par ailleurs, il se trouve au 30 de la rue Lebrun, dans le 13e arrondissement, ce qui n'est pas porte à côté. Or Pathé parle de vues achetées rue des Italiens... Les vues sont considérées comme de " mauvais essais ", chose qui n'est pas exacte comme nous avons pu le voir. En outre, Clément-Maurice indique que les films ont été fait chez lui... (parle-t-il alors au nom du docteur Doyen ?) On a du mal à suivre... Ce qui est vrai, c'est qu'une commercialisation limitée aux milieux scientifiques existe bel et bien. Tout cela laisse à penser que personne n'est totalement blanc dans cette affaire et le ton même de la lettre de Clément-Maurice souligne que la stratégie de Doyen est désormais claire.

Dans les années qui suivent, le nom de Clément-Maurice apparaît moins souvent. Son travail au laboratoire du docteur Doyen consiste à filmer des opérations, dont celle de Doodica et Radica en février 1902 et dont une des premières présentations semble avoir été devant un parterre de francs-maçons :

DANS LES LOGES
Constatons tout d’abord que les Loges serrent toujours de très près l’actualité, comme l’atteste la planche de l'Enseignement mutuel, où le F.*. docteur Doyen a fait hier soir une conférence sur l’Art chirurgical. Est-ce pour se documenter qu’il a opéré les deux sœurs hindoues ? Le F.*. Gratioulet a fait des projections, et sans doute les F.*. ont eu la primeur de la cinématographie de l'opération.


La Libre Parole, Paris, 13 février 1902, p. 1.

Une autre projection - cette fois-ci de vues fixes - a lieu tout juste après, pour accompagner la conférence d'une patriote irlandaise :

Ce soir, à huit heures et demie, aura lieu à la salle Wagram, 39 bis, avenue de Wagram, une conférence de Miss Maud Gonne, l'éloquente patriote irlandaise, sur " L’œuvre de Angleterre en Irlande, aux Indes et au Transvaal ".
Cette conférence sera accompagnée de projections lumineuses faites par M. Gratioulet, d’après des photographies prises en Irlande, aux Indes et au Transvaal. 
MM. le commandant Mac Bride, Sandbery, aide de camp do Botha, etc., prendront la parole.


Le Soleil, Paris, 14 février 1902, p. 2. 

Mais il seconde aussi le chirurgien pour son " cinématographe du relief ", qui n'est qu'un procédé assez rudimentaire (Le Petit Journal, Paris, 13 octobre 1903, p. 3) ou pour la réalisation de photographies, en particulier celles qui figurent dans Traité de thérapeutique chirurgicale et de technique opératoire (1908):

La reproduction cinématographique des opérations typiques pour l'enseignement de la technique opératoire du docteur Doyen, dans les Universités étrangères, n'était qu'une de mes nombreuses occupations ; mon principal labeur fut de faire et de reproduire cinq ou six cents photographies pour illustrer le traité de technique chirurgicale du docteur Doyen.


Clément-Maurice, 1930, p. 19.

L'année 1905 va être marquée par le procès qui oppose Eugène Doyen à Parnaland et à la société Pathé. Si Clément-Maurice n'y est pas directement impliqué, son nom est bien cité. L'affaire porte principalement sur la vente et l'exploitation illicites du film des deux sœurs siamoises, Doodica et Radica, qui circule dans les foires en Europe et dans le monde. Afin de faire peser la responsabilité sur les accusés, l'avocat du célèbre chirurgien revient sur les factures établies par Clément-Maurice en 1901 pour démontrer, abusivement, que ce sont des " faux " : 

Abusant de la bonne foi de leur très honorable avocat, Me Magnier, ils lui ont remis trois factures de la maison Clément Maurice, - Photographe, nº 8, boulevard des Italiens - et portant les dates des 26 février, 7 mars et 11 juin 1900.
_ Vous le voyez, diront-ils au Tribunal, nous avons ouvertement acheté chez Clément Maurice lui-même, chez Clément Maurice, l'homme du Dr Doyen, à trois reprises différentes, des quantités de bandes des opérations chirurgicales litigieuses. Or, le Dr. Doyen a reconnu dans son assignation que M. Clément Maurice était son mandataire, son homme de confiance. Nous pouvions donc nous croire autorisés, ajouteront MM. Pathé à trafiquer librement de ces bandes.
[...]
Les trois factures qu'ils exhibent, écrites sur papier commercial de la maison Clément Maurice, sont toutes les trois de l'année 1900, - et l'honorable M. Clément Maurice avait vendu sa maison de commerce en 1899, exactement le 10 avril 1899, comme je lis sur l'acte que voici et qui constate la " vente par MM. Lumière et Clément Maurice du fonds " de photographie, 8, boulevard des Italiens, à M. Albert " de Bouillane. " 
Ainsi, en 1900, à l'époque où MM. Pathé ont acheté dans l'ancienne maison Clément Maurice les bandes délictueuses, M. Clément Maurice n'était plus à la tête de cette maison : il y avait une année déjà qu'il l'avait vendue, pour s'attacher à la clinique du Dr Doyen, où il dirige le laboratoire de radiographie, de cinématographie et de photographie micrographique.
Ni mon confrère, ni sans doute le Tribunal, ni moi-même, ne connaissions cette cession de l'atelier de photographie du nº 8, boulevard des Italiens ; mais MM. Pathé, eux, ne l'ignoraient pas, par cette raison qu'ils ne pouvaient pas l'ignorer !


Plaidoirie, p. 19-20.

En bon avocat qu'il est, Desjardin tord un peu la vérité, car comme l'avons vu, Clément-Maurice est toujours installé comme photographe au 8, boulevard des Italiens jusqu'à l'incendie du 31 janvier 1901, et les factures sont parfaitement officielles. Les condamnations ne seront, finalement, qu'assez limitées.

Mais les relations entre Clément-Maurice et Eugène Doyen vont commencer à se dégrader en cours d'année. Sans doute lasser de tous les déboires occasionnés par la diffusion des films chirurgicaux, le chirurgien va chercher une solution à l'exploitation "régulière" de sa production. C'est sans doute sur les conseils de Clément-Maurice que le Dr Doyen va s'adresser, vers le début du mois de septembre 1905, à Léon Gaumont. Ce dernier joue alors les intermédiaires entre le chirurgien et les parties incriminées, Pathé et Parnaland, lors du procès pour un règlement à l'amiable sur les condamnations. Voici les termes de cet accord, modifié le 19 septembre par Me. Ract (avocat du  Dr Doyen) :

Le soussigné [Pathé ou Parnaland] déclare acquiescer purement et simplement au jugement rendu contre lui le 10 février 1905 par la 3e chambre du Tribunal civil de la Seine, en faveur du Dr Doyen et il se désiste en  outre de l'appel interjeté par lui [...].
Le Dr Doyen de son côté fait remise gracieuse [...]
1) des dommages et intérêts prononcés contre lui.
2) du coût des insertions ordonnées par le Tribunal et conserve à sa charge la publicité déjà faite [...]
Cité dans Lefebvre, 1994 : 106.

Le docteurr Doyen, sans doute imprudemment, s'est un peu trop avancé, poussé par Clément-Maurice, comme le chirurgien l'écrira plus tard à son avocat : 

[...] Loin d'arriver à un résultat, M. Clément-Maurice n'a jamais abouti à rien et il est la cause de la tournure ridicule qu'a pris le procès Parnaland Pathé, puisque c'est lui qui m'a fait signer chez Gaumont, en me disant que je pouvais bien accorder cela, la phrase qui m'a entraîné à payer tous les frais d'un procès que j'avais gagné et à n'avoir aucun avantage.
Doyen à J. Ract, 10 juillet 1906.


Cité dans Lefebvre, 1994 : 106

L'affaire avec la maison Gaumont tourne court et les négociations sont rompues à la mi-septembre 1905 (Lefebvre, 1994 : 106). C'est donc finalement vers l'Urban Trading Company et son représentant en France, George Henri Rogers que se tourne le Dr Doyen pour la commercialisation de la collection. Pourtant cela se fait au nez et à la barbe de Clément-Maurice qui considère qu'il a des droits sur cette production. À la fin mai ou début juin, informé du transfert des bandes cinématographiques, le cinématographiste dépose un exploit d'huissier : 

[...] fait toutes réserves au sujet de la vente des bandes cinématographiques représentant des opérations de chirurgie [que Doyen] vient de négocier avec M. Rogers, Société ([Urban] Trading cº, passage de l'Opéra, attendu que suivant conventions verbales, [il] a droit au tiers de cette vente ainsi qu'il l'établira...
Exploit d'huissier lui par Fernand Lacour, le 8 août 1906.


Cité dans Lefebvre, 1994 : 108.

Puis les négociations vont s'interrompre, mais la rupture entre Clément-Maurice et Eugène Doyen est désormais consommée.

Et après (1907-1933) 

C'est avec son ancien complice, Félix Mesguich qu'il se lance dans une autre activité cinématographique. C'est ainsi qu'est fondée, le 26 juin 1907, la Société Générale de Cinématographes et Films Radios (Société Clément Maurice et fils, Mesguich et Dumien) dont les atelier se trouve 2, rue de la Tourelle, à Boulogne.

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La maison de Clément Maurice à Sanary. "Villa Radios"
© Le Grimh

En 1910, Clément-Maurice décide de se retirer à Sanary, dans le Var où il fait construire une salle de cinéma. Il y finit ses jours, en 1933.

Sources

CORCY Marie-Sophie, Jacques Malthête, Laurent Manonni et Jean-Jacques Meusy, Les Premières Années de la société L. Gaumont et Cie, Paris, AFRHC/BIFI/Gaumont, 1998, 496 p.

COSSIRA Henry, "Henry Cossira, " La Résurrection du Phono-Cinéma-Théâtre ", L'image, nº 55, 31 mars 1933, p. 23-27.

DESLANDES Jacques, " Clément Maurice " dans Cinéma d'aujourd'hui (Le Cinéma des origines), nº 9, automne 1976, p. 100-107. 

DURAND Marc, De l'image fixe à l'image animée 1820-1910, Pierrefitte-sur-Seine, Archives Nationales, 2015.

LEFEBVRE Thierry, " La Collection des films du Dr Doyen ", 1895, nº 17, décembre 1994, p. 100-114.

PERROT Victor, " Rapport présenté par M. Victor Perrot au nom de la 4e Sous-comission, sur une proposition d'inscription commémorative de la première représentation cinématographique à Paris " dans Procès-Verbal, Ville de Paris, 1924, Commission du Vieux Paris, Séance du samedi 23 février 1924, p. 37-43. 

Plaidoirie de Me DesjardinJugement du tribunal, 10 février 1905, Paris, Typ. Ph. Renouard, 36  p. (consultable à la Bibliothèque Municipale de Lyon, cote 137406).

La Revue du cinéma, nº 8, 2e année, 1er mars 1930, p. 19.

3

FILMOGRAPHIE

1896

 Voitures automobiles (Lumière)

1897

Le Pêcheur dans le torrent (Gaumont)

Cascade et Baigneurs (Gaumont)

Baignade dans le torrent (Gaumont)

Arrivée d'un bateau à l'île de Man (Gaumont)

Arrivée d'un tramway électrique (Gaumont)

Les Minstrels (Gaumont)

Les Phoques (Gaumont)

La Promenade de l'Ile de Man (Gaumont)

Bateau de Douglas à Liverpool (Gaumont)

1898

Monaco vivant

1898-[1906]

Maniement du lit d'opération (Doyen)

Craniectomie (Doyen)

Hystérectomie abdominale (Doyen)

Ablation d'un fibrome de l'ovaire, avec ascite (Doyen)

Amputation de l'extrémité inférieure de la cuisse : taille du lambeau (Doyen)

Énucléation de l’œil (Doyen)

Thyroïdectomie (Doyen)

Néphrectomie (Doyen)

Appendicite (Doyen)

Amputation de la cuisse (Doyen)

Amputation du pied (Doyen)

Ablation de l'astragale (Doyen)

Résection du genou (Doyen)

Ovariotomie (Doyen)

Hystérectomie vaginale (Doyen)

L'Ablation du goître (Doyen)

Évidement de l'apophyse mastoïde (Doyen)

Évidement osseux pour ostéomyélite (Doyen)

Réduction de la luxation congénitale de la hanche (Doyen)

Création d'un anus contre nature (Doyen)

Effets comparatifs de pression hydraulique produits par les projectiles de différents calibres (Doyen)

1899

L'Aérostat "Le Touring-club"

1900

Chanson en crinoline (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Chapeau récalcitrant (Phono-Cinéma-Théâtre)

Chez le photographe (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Cid (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Cygne (Phono-Cinéma-Théâtre)

Cyrano de Bergerac (Phono-Cinéma-Théâtre)

Danse Directoire (Phono-Cinéma-Théâtre)

Danse javanaise (Phono-Cinéma-Théâtre)

Danse Louis XV (Phono-Cinéma-Théâtre)

Danse slave (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Déshabillé de la mariée (Phono-Cinéma-Théâtre)

Duo (Phono-Cinéma-Théâtre)

L'Enfant prodigue (Phono-Cinéma-Théâtre)

Entrée des échasses (Phono-Cinéma-Théâtre)

Fleur de l'âme (Phono-Cinéma-Théâtre)

Gavotte (Phono-Cinéma-Théâtre)

Guillaume Tell (Phono-Cinéma-Théâtre)

Hamlet, scène du duel (Phono-Cinéma-Théâtre)

Iphigénie en Tauride (Phono-Cinéma-Théâtre)

La Korrigane (Phono-Cinéma-Théâtre)

Little Tich (Phono-Cinéma-Théâtre)

Ma cousine (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Maître de ballet (Phono-Cinéma-Théâtre)

La Poupée (Phono-Cinéma-Théâtre)

Pourquoi garder ton cœur ? (Phono-Cinéma-Théâtre)

Les Précieuses ridicules (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Rêve (Phono-Cinéma-Théâtre)

Roméo et Juliette (Phono-Cinéma-Théâtre)

Sylvia (Phono-Cinéma-Théâtre)

Terpsichore (Phono-Cinéma-Théâtre)

Le Troupier pompette (Phono-Cinéma-Théâtre)

Une poule introduite dans un concert (Phono-Cinéma-Théâtre)

Panorama cinématographique de l'Exposition Universelle

1902

Séparation des sœurs siamoises Doodica et Radica (Doyen

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