ROUEN

Jean-Claude SEGUIN

Rouen, chef lieu du département de Seine inférieure (auj. Seine maritime) (France), compte 112.352 habitants (1894).

1896

Le Cinématographe Lumière (Hôtel du Dauphin et d'Espagne, 25 avril-24 octobre 1896)

Les frères Lumière ont mis en place un système de concession pour la diffusion de leur cinématographe. À Rouen, ce sont M. Paul Lambin et Daniels qui sont les responsables : 

Le cinématographe à Rouen.- Tout le monde a entendu parler de ce merveilleux appareil de projection, une vraie lanterne magique animée, dû aux perfectionnements que Lumière et ses fils ont apportés au kinétoscope d’Edison. Pour se faire une idée de la vogue du cinématographe à Paris, nous n'avons qu'à dire qu'il réalise 3.000f. de recette nette en moyenne par jour. Le cinématographe fonctionne également à Lyon, à Marseille, à Nice, à Toulouse. Demain dimanche il fonctionnera à Rouen, place de la République, dans un local transformé à cet effet, au café de l'hôtel d’Espagne, par MM. Lambin et Daniels, les représentants de Lumière et fils dans notre ville. L'aménagement demande un soin spécial et des conditions topographiques spéciales. MM. Lambin el Daniels les ont trouvées là réunies à souhait et le cinématographe marchera avec la même régularité qu'au boulevard des Capucines. En face des spectateurs est placé un écran qu'éclaire uniquement, l'obscurité étant faite dans la salle, un projecteur puissant. Une photographie apparaît sur l'écran, celle des Pêcheurs, par exemple ; et aussitôt nous voyons sur la barque, balancée par les flots, des marins tirer à eux un filet dans lequel frétille le poisson, qu'ils enlèvent et jettent dans des mannes. À ce tableau en succède un second, les Bébés : deux enfants assis côte à côte mangent un gâteau ; l'un d'eux enlève la part de son petit camarade qui essaye de la reprendre et pleure de dépit de ne pouvoir y parvenir ; on les voit se démener, gesticuler, remuer ; il ne leur manque que la parole. C'est saisissant de réalité ; c'est la vie, l'action, le mouvement transportés par un prodige sur une toile. Le spectacle dure 20 minutes environ. Voici la liste des sujets qui seront les premiers offerts à la curiosité du public rouennais : Bataille de femmes, L'enfant et le chien, La chaudière, le Chaland, le Carnaval, La mule, La chèvre, Les pêcheurs, les Bébés, Le filet, le Débarcadère d'un bateau omnibus, le Départ en voiture. Nous aurons d'ailleurs à revenir sur ce spectacle, dont nous nous contentons pour aujourd'hui d'annoncer l'ouverture, et dont nous aurons certainement à enregistrer le succès qu'il obtiendra auprès des petits et surtout des grands enfants.


 Le Patriote de Normandie, nouvelliste de Rouen, Rouen, 25 avril 1896.

rouen hotel dauphin espagne

Rouen, Hôtel du Dauphin & d'Espagne (XIXe siècle)

Le Journal de Rouen lui aussi rend compte de ces premières séances :

Le Cinématographe a fait hier son apparition à Rouen, présenté par nos concitoyens MM. Paul Lambin et Daniels, dans un local place de la République, 4. On sait que cet ingénieux appareil, dû à MM. Lumière, de Lyon, fait défiler, projetées sur un écran, une succession de photographies prises à 1/15e de seconde d'intervalle, et se déroulant à une vitesse déterminée, de telle sorte que leur superposition produit sur la rétine de l'oeil l'effet de véritables scènes animées.
C'est la nature prise sur le vif ; mouvements, gestes, ombres, tout est reproduit comme si l'on avait devant soi la réalité, au lieu d'une image, ou plutôt d'une série d'images. Il ne manque aux personnages représentés que la parole, et on la devine sur leurs lèvres.
Les scènes représentées dans les deux séances qui ont eu lieu hier soir ont ravi les spectateurs. Le bébé qui fait des tas de sable et qui donne du sucre à son chien, le bateau-mouche qui aborde à l'embarcadère, et d'où descendent les passagers, retrouvant sur le quai des parents et des amis, le break qui va partir avec ses voyageurs, les chèvres dans un jardin, et les autres tableaux, sont d'un illusionisme achevé.


Le Journal de Rouen, Rouen, 26 avril 1896, p. 2.

Un compte rendu de la séance initiale est publié dans Le Petit Rouennais. On y retrouve les mêmes titres du catalogue Lumière : 

Le concessionnaire à Rouen du cinématographe Lumière avait convié hier soir un certain nombre d'invités à une séance des curieuses projections qu'on fait avec l'appareil inventé par MM. Lumière frères. On a de suite compris comment ces projections pouvaient faire courir tout Paris depuis plus de 4 mois sans que leur succès ne soit ralenti une minute. C'est en effet un spectacle des plus originaux dont on ne se lasse pas. Sur un écran des figures animées dans le mouvement exact de la nature donnent l'illusion absolue de la vie. Nous regrettons que le manque de place ne nous permette pas de nous étendre davantage sur cette intéressante séance ; mais nous tenons à dire que les tableaux qui s'appellent : "Enfant et chien", "Bataille de dames", "Les pêcheurs", "Jeux de bébé", le "Départ en voiture",  la "Descente du bateau-mouche", "Les chèvres", "Le chaland", etc., etc., sont d'une vérité de mouvement et d'expression dans les physionomies qui stupéfie et charme à la fois. Nous pouvons prédire au cinématographe installé dans l'ancien café de l'hôtel d'Espagne, place de la République, un succès égal à celui de I'appareil qui fonctionne à Paris.


Le Petit Rouennais, Rouen, 26 avril 1896. 

On doit au Travailleur normand l'article le plus long sur le cinématographe. Le texte au ton enflammé donne malgré tout une bonne idée de la réception de la nouvelle invention :

UN JOUJOU MERVEILLEUX LE CINÉMATOGRAPHE
Depuis quelques jours, Rouen possède la huitième merveille et ne semble pas s'en douter. Rassurez-vous, Il ne s'agit ni d'un nouveau Comité électoral, ni d'un candidat inédit, non estampillé, contrôlé et poinçonné par les différentes fabriques à conseillers municipaux. Il s'agit tout simplement de la prodigieuse invention des frères Lumière, de Lyon, le Cinématographe, qui, après avoir fait courir tout Paris, est en train de dérouler sa fantasmagorie hallucinatoire, devant les Rouennais, qui, tous les jours, peuvent le voir dans un grand local de la Place de la République, où il est installé.
On s'y presse et on s'y bouscule, et l'Exposition de Rouen qui recherche toutes les attractions et ne veut en omettre aucune, a déjà retenu le nouveau prodige. Seulement il portera un nom encore plus barbare, mais qu'importe ! Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse.
Au demeurant, cet engouement s'explique et se justifie à merveille, Pour la foule, pour le public, un tableau c'est quelque chose de froid, d'inanimé, de figé. C'est le tumulte le mouvement, l'action des gestes les plus remuants, arrêtés pour ainsi dire par la volonté de l'artiste, en un moment déterminé. C'est le traditionnel « Ne bougeons plus du photographe ! »
Mais, figurez-vous que brusquement, de lui-même, comme sous l'action d'une baguette magique, le tableau frémisse, s'anime et vive au point de donner l'illusion saisissante de multitudes qui grouillent et se bousculent ; de voitures roulant à fond de train, de locomotives sifflant, soufflant, crachant et filant comme l'éclair ; de gens qui se battent ou s'embrassent; d'enfants qui jouent ; de baigneurs qui plongent au milieu de l'écroulement des vagues – ne serait-ce pas le plus extraordinaire spectacle qu'on puisse rêver ?
Vous avez deviné, n'est-ce pas que le cinématographe n'est qu'une application do la photographie instantanée, permettant de saisir la marche de certains phénomènes trop rapides pour tomber directement sous l'observation visuelle et d'en percevoir le mécanisme ?
Supposez qu'on prenne une série d'épreuves instantanées, représentant toutes les attitudes et les positions successives, d'un cheval qui court, d'un chat qui tombe par une fendre, comme l'a fait M. Marey, d'un forgeron battant le fer, de la mer déferlant sur des rochers. Supposez qu'on les fasse passer tour à tour devant les yeux du spectateur.
Que va-t-il arriver ?
SI le déroulement est très rapide, il se passera ce qu'il advient dans la nature. Les différents et successifs mouvements du cheval qui galope, du chat tombant, du forgeron frappant sur l'enclume, seront trop précipités pour pouvoir être discernés et il ne subsistera qu'une image moyenne, telle que notre œil la perçoit habituellement, avec la sensation du mouvement et de la vie.
Et voilà comment le cinématographe, nous montre, dans un coin de l'ancien café de l’Hôtel d'Espagne, un bateau-mouche filant sur la Seine, à toute vapeur ; le Départ en voiture ; les Jeux des Bébés ; les Pécheurs ; la Bataille de Dames ; les Chèvres ; et l'enfant, qui joue avec un chien bondissant autour de lui. Suivant un mot de Fontenelle : « c'est la nature même prise sur le fait ! »
Sans décrire l'ingénieux appareil des inventeurs français, qui ont su vaincre toutes les difficultés, on peut dire qu'il est basé sur un déroulement rapide de la série des photographies instantanées.
Qu'il nous suffise de dire que les bandes pelliculaires sensibles, enroulées sur des tambours, sont larges seulement de trois centimètres sur une longueur de quinze mètres.
Qu'il nous suffise de noter, que chaque période de mouvement dure environ 1/15 de seconde, de sorte que chaque Image est obtenue en 1/50 de pose et qu'on en produit une à chaque 1/15 de seconde, ce qui fait 900 photographies à la minute !
Comme on peut le voir, il est aussi facile de ralentir le mouvement, que de l'accélérer, et le spectacle est alors peut être encore plus curieux et plus vivement intéressant.
Et pourtant ce spectacle qui enfonce à tout jamais la lanterne magique du Père Kircher, ce spectacle qui semble toucher à la sorcellerie, est à la disposition de tout le monde : pour quelques centimes. Il n’est après tout que le perfectionnement très étudié de ces jouets d’enfant, le praxinoscope, ou encore le zootrope, dû à Plateau, basés sur la persistance des impressions rétiniennes, pendant que défilaient à la lumière de la lampe une série d’images sur une roue, dont le mouvement rapide reconstituait les gestes.
Tout le monde a également vu et admiré le Kinétoscope d'Edison , le sorcier de Mungo-Parck [sic] ; mais il restait un pas à franchir. Ces appareils ne permettaient la synthèse du mouvement que pour un seul spectateur à la fois. Il restait à les perfectionner, afin de pouvoir faire jouir des scènes reproduites, tout le public d'une salle. C'est ce qu'ont obtenu les frères Lumière avec l'émerveillante invention du Cinématographe, cet appareil qui permet de projeter sur un écran des scènes animées, pendant un laps de temps qui va jusqu'à une minute et qui sert en même temps à obtenir les images négatives et positives.
La supériorité de l'invention française sur l'appareil américain, est, du reste, incontestable. Non seulement, en effet, Edison ne permettait qu'à un seul spectateur d'assister à la reconstitution du mouvement, mais la reproduction de ces scènes ainsi reconstituées ne pouvait que se dérouler sur un éternel fonds noir, sous une très faible profondeur, Avec l'appareil des frères Lumière, on peut, au contraire, projeter sur l'écran la reproduction des scènes animées, durant une minute sur une profondeur illimitée et se déroulant sur un fonds quelconque : route, rue, bois, fleuve…
L'observateur, a toujours le sentiment du mouvement et de la vie, mais une sensation sériée, de telle sorte que le mouvement lui apparaît avec toutes ses phases successives, tel qu'il s'opère en réalité dans la nature, sans que notre œil ne puis arriver à le percevoir. On voit comment, par exemple, le coureur remue les jambes, comment le vainqueur des Jeux Olympiques, le coureur de Marathon a pu enlever le prix, comment le cheval galope… Et il est à croire que cette observation nouvelle, changera sur bien des points notre ordinaire esthétique.
Déjà, du reste, le colonel Du Housset, a ainsi analysé les mouvements du cheval : Marey, les mouvements de l'homme, le vol des oiseaux. M. Albert Londe a également appliqué cette photographie instantanée aux sciences médicales et M. Demény a montré un appareil reproduisant le mouvement photographié des lèvres d'un homme parlant, d'une perfection si parfaite qu'un sourd-muet a pu lire ainsi la phrase prononcée. Ne parle t'on point maintenant de se rendre ainsi compte de la croissance successive d'une plante, depuis le moment où sa tige sort de terre, jusqu'à l'instant où la fleur s'épanouit ? Le miracle serait aussi surprenant que celui des Fakirs, faisant instantanément pousser des grains de blé, sous leurs mystérieuses incantations.
Mais, où certainement le cinématographe, trouvera son application, ce sera dans la décoration théâtrale. Au lieu de ces apparitions, toujours ratées telles par exemple que les tableaux d’Esclarmonde, ou La chevauchée s Walkyries, combien il sera plus facile, de projeter sur la toile de fonds, ces scènes mêmes, animées par une vie rapide et mystérieuse.
Que ne peut-on attendre, en fin de compte des découvertes de la science moderne et surtout de cette science si purement française de la photographie, l'une des plus miraculeuses r Mais n'est ce point aussi matière à philosopher que de songer, que l'invention des frères Lumière, tire son principe d'un simple jouet d'enfant et que ce qui émerveille aujourd'hui les grands a commencé par amuser les petits ?
Jean Mesnil.


Le Travailleur normand, Rouen, 3 mai 1896, p. 3.

Dans les premiers jours de mai, les concessionnaires décident de modifier le prix d'entrée pour des raisons que l'on ignore :

CINÉMATOGRAPHE
(Photographies animées). Tous les jours, de 10 h. 1/2 m. à 10 h. s., pl. de la République, 4.
Désireuse de mettre ce grand Succès à la portée de tous, la direction a installé, dès aujourd'hui, un pourtout à 50 c.
Entrée: 1 fr.; -Pourtout, 50 cent.


Le Journal de Rouen, Rouen, 6 mai 1896, p. 3.

Parmi toutes les vues qui sont présentées, celles du couronnement du tsar constituent sans doute le clou des représentations tant par leur intérêt d'actualité comme par leur nombre comme en atteste le suivant article :

Le cinématographe fait accomplir en ce moment à ses visiteurs un merveilleux voyage en Russie. Les Fêtes du couronnement du tsar se déroulent sous les yeux des spectateurs en 6 tableaux d'une vérité et d'un mouvement saisissant. C'est d'abord le "Défilé des députés asiatiques", puis l'"Ambassade coréenne", puis le "Défilé des dames d'honneur", voici "Le tsar et la tsarine se rendant au sacre", les voici au moment de leur "Entrée dans l'église de l'Assomption", les voici enfin "après le sacre". Ces tableaux d'une intensité extraordinaire, ne peuvent manquer d'attirer la foule place de la République. On voit là le tsar et la tsarine mieux certainement que n'ont pu le voir la plupart des personnages qui ont assisté aux fêtes russes.


Le Patriote de Normandie, nouvelliste de Rouen, 6 juillet 1896.

Les séances vont se poursuivre pendant de longues semaines jusqu'au 24 octobre 1896. 

Répertoire (autres titres) : La place de la bourse à Marseille (Le Rouen industriel et financier, Rouen, 26 avril 1896), Le JardinierUne séance d'escrime (Le Patriote de Normandie, Nouvelliste de Rouen, 6 mai 1896), Bains de mer, Le Chemin de ferPartie de tric-trac, Le Régiment de ligne (Le Journal de Rouen, Rouen, 17 mai 1896), p. 2), Les TuileriesBarque en merForgeronDéfilé du 96e de ligne (Le Patriote de NormandieNouvelliste de Rouen, Rouen, 24 mai 1896), L'Abreuvoir, Les Mauvaises HerbesLa Démolition d'un murLe PhotographeLa Dispute (Le Petit Rouennais, Rouen, 9 juin 1896), Les Arabes à l'Exposition de Lyon (d'un mouvement extraordinaire), Une charge du 7e cuirassiers (une toile de Meissonnier qui serait animée) ; Sur la place du Lac, à Genève (une prise en plein après-midi ensoleillée au moment du va-et-vient de la foule, pendant que circulent les cars électriques et les voitures de place), Le Maréchal-ferrantLe Couronnement du tsar (d'une patriotique actualité) ; La Destruction des mauvaises herbes (superbe paysage) ; Le Repas de bébé (Scène amusante au possible) (Le Patriote de Normandie, Nouvelliste de Rouen, Rouen, 21 juin 1896), Défilé des voitures de gala au couronnement du tsarLes Tramways de Genève (Le Petit Rouennais, Rouen, 25 juin 1896), Tsar entrant au KremlinAmbassade française à MoscouChefs tartaresDisputes de bébéHallebardiers de la reine à MadridPuerta del sol. MadridVélocipèdes militaires espagnolsExercices de tir par l'artillerie espagnole (Le Rouen industriel et financier, 30 juillet 1896), Charge de lanciersArrivée en voitureJury de peintureTigres au jardin zoologiqueDanseuses des ruesCharcuterie mécanique (Le Petit Rouennais, Rouen, 23 août 1896), Charge des lanciers de la reine. MadridBains froids à Milan (Le Rouen industriel et financier, Rouen, 27 août 1896), Arrivée du train en gare, Water Toboggan (Genève)Cyclistes et cavaliersRochers de la Vierge (Biarritz)Dispute de bébésSaut à la couvertureSerpent (Le Rouen industriel et financier, Rouen, 10 septembre 1896), Champs-ÉlyséesCuirassiers en fourrageursUn prêté pour un rendu (Le Rouen industriel et financier, Rouen, 17 septembre 1896).

Le Phototachygraphe Sanson (Parc Lizé, <26 avril 1896)

C'est à l'occasion de l'Exposition de Rouen de 1896 (16 mai-8 octobre 1896) que Raoul Grimoin-Sanson va présenter son phototachygraphe. Le Journal de Rouen  offre quelques informations sur ce nouvel appareil :

Tout à côté, et nous ramenant à la civilisation européenne, on voit le pavillon des "couveuses d'enfants", près duquel se trouvera le Cinématographe, cette merveilleuse lanterne magique qui est la curiosité scientifique du jour. L'appareil qui figurera ainsi à l'Exposition n'est point celui de MM. Lumière, les célèbres photographes-constructeurs lyonnais, que MM. Lambin et Daniels exhibent en ce moment place de la République, c'est un autre modèle présenté par M. Simon. Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux dit le vers-proverbe; et ce sera là un spectacle amusant pour les enfants et pour les grandes personnes.
Le Cinématographe sera installé sous la galerie extérieure de la grande façade; ce promenoir aéré, que l'on borde d'une balustrade ajourée en menuiserie, va bientôt se garnir d'expositions diverses: deux brasseries, un bureau de tabac, etc., sans parler du buffet pour le service de la salle des fêtes , et qui se trouve naturellement vers le boulevard Gambetta.


Le Journal de Rouen, Rouen, 26 avril 1896, p. 2.

La presse, pourtant, ne va presque plus s'intéresser à l'invention de Grimoin-Sanson. La présence du phototachygraphe est confirmée par un autre journal :

Kermesse.-Favorisée par un temps splendide, la kermesse qui a eu lieu dimanche et lundi dans le magnifique parc Lizé a obtenu un plein succès.
Dimanche, la foule des promeneurs n'a cessé de visiter les divers établissements si bien tenus par nos citoyens et citoyennes. Aussi la recette a dû être fructueuse.
[...]
Le Phototachygaphe, de Raoul Samson.


Le Travailleur normand, Rouen, 17 mai 1896, p. 3.

Vers la fin du mois de juillet, Le Nouvelliste de Rouen, publie un article où sont évoquées des vues locales :

Le Phototachygraphe de l'Exposition vient d'ajouter à sa collection trois vues locales représentant : " les enfants du village nègre cherchant des sous dans l'eau ", " la place de la République en pleine activité " et, enfin " le défilé des Sociétés de Gymnastique ", lors du dernier concours. On voit d'abord passer la Fanfare rouennaise juste au moment où les musiciens embouchent leur instrument pour attaquer un pas redoublé ; vient ensuite tout un groupe d'amateurs qui s'est mêlé au défilé et au milieu duquel s'aperçoit très distinctement un Rouennais... du midi à qui son abondante chevelure permet de se promener tête nue sous le soleil le plus ardent. C'est enfin la théorie des gymnastes marquant le pas. On lit très bien sur un écriteau le mot " Avant-Garde " de même qu'on reconnaît, sans méprise possible, le commissaire de police qui tient la foule en respect.


Le Nouvelliste de Rouen, Rouen, 30 juillet 1896.

Photographie animées (143, rue de la République, amphithéâtre de physique, 12 mai 1896)

À l'occasion d'une séance du Photo-Club Rouennais, des projections de photographies animées sont organisées :

Photo-Club Rouennais
Ce soir mardi 12, à huit heures et demie, à l'Amphithéâtre de Physique, rue de la République, 143, séance du Photo-Club.
Programme:
1º Expériences et projections sur la photographie.
2º Quelques tranches de Rouen;
3º Projections diverses;
4º Projections de photographies animées par l'inventeur de l'appareil.


Le Journal de Rouen, Rouen, 12 mai 1896, p. 3.

Si l'article ne dit rien de l'appareil ni de l'inventeur, on peut légitimement penser que les projections sont effectuées sous la responsabilité de Raoul Grimoin-Sanson. Un autre journal apporte quelques informations complémentaires :

La séance donnée hier soir, à l'amphithéâtre de physique par le Photo Club Rouennais, a été des plus intéressantes. Les curieuses expériences sur la photographie des corps opaques ; l'intermède amusant intitulé : Quelques tranches de Rouen au succès duquel M. Ricard a collaboré, sans le savoir, dans un instantané le représentant sortant de l'école Marie Houdmard un jour de vote ; les projections de photographies animées qui rappellent plutôt le kinétoscope que le cinématographe, tout cela constituait une séance pleine d'attrait.Le public, très nombreux, a beaucoup applaudi.


Le Nouvelliste de Rouen, Rouen, 13 mai 1896.

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