Le Cinématophone de Jean-Louis Watrin ([15]-<26 février 1904)

En février un Cinématophone, probablement celui de Jean-Louis Watrin, s'installe pour une soirée, mais non sans provoquer quelques protestations d'un spectateur peut convaincu par le spectacle :

L'HOMME A LA GAFFE.- II y avait la semaine dernière, à Rostrenen, un cinématophone, dont les séances de chaque soir égayaient un peu notre petite ville. à l'ordinaire si sevrée de distractions. Sur le désir de plusieurs familles, le possesseur de ce cinématophone avait bien voulu consentir à donner une représentation de la Passion. Mais on avait compté sans certain personnage d'esprit borné qui s'était imaginé d'empêcher ce spectacle inoffensif.
Que voyait-il donc de répréhensible dans la Passion ? Aurait-il voulu nous faire croire que la ferveur et l'extrême sensibilité de sa foi ne peuvent rapporter l'évocation des tourments subis par l'Homme de douleurs ?...
Quoi qu'il en soit, le directeur du cinématophone n'ayant point d'ordres à recevoir de ce monsieur, a donné quand même la représentation attendue.
Mais que pensez-vous de ce béta qu'on rencontre toujours, chaque fois qu'il est question d'une gaffe à commettre et dont le cerveau obtus ne peut admettre qu'un honorable directeur de cinématophone gagne sa vie sans être inquiété ?
N'est-ce pas lui qui disait tout récemment en un beau geste : "Les pauvres, on devrait les mettre en tas, au haut de la colline du Miniou, comme cela ou s'en débarrasserait !" Et il indiquait le moyen de les y faire rester après les y avoir conduits. C'était un peu raide !
A quand la prochaine bévue de notre homme d'Etat ?- Un républicain écœuré.

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L'Ouest-Éclair, Rennes, vendredi 26 février 1904, p. 4.