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Les origines (1859-1900)

Jean Louis Watrin père, Lorrain d'origine, exerce le métier de marchand confiseur forain, profession également de son fils, comme lui, prénommé Jean Louis: 

Avant 1870, mon père tenait un "métier" à Metz. Pour ne pas devenir Allemand il a abandonné tout ce qu'il possédait. Il est rentré en France.

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LANNOU, 1937/01/10.

Le père et le fils demandent la naturalisation française le 21 juilet 1872. Au cours de la décennie, la famille parcourt la Belgique et la Hollande. Toujours confiseur de son métier, Jean-Louis fils épouse Catherine, Céline Munier en 1878. Dans ses souvenirs, Léon Watrin évoque le départ précipité des Pays-Bas en 1896 :

En Hollande
Revenon sur le passé. En 1896 -j'étais bien jeune- ma famille circulait en Belgique et en Hollande avec un musée genre Grévin. Nous présentions surtout des épisodes de la guerre de 1870.
Le séjour en Hollande fut désastreux. Tout le pays était alors germanophile. Notre boutique fut véritablement assiégée par une foule en folie.
Il fallut partir. Et c'est ainsi que de Hollande nous sommes venus à Rennes... Mais oui, comme cela, d'un trait.

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LANNOU, 1937/01/10.

Entre 1897 et 1899, la famille Watrin organise plusieurs tournées en France et, plus particulièrement, en Bretagne :

GRAND MUSÉE NATIONAL
Une des attractions de la place de la Liberté est la grande exposition du Musée national, genre Grévin, de Paris, directeur L. Watrin.
Cet établissement comprend 200 personnages en cire, grandeur naturelle.
Il faudrait tout citer. Contentons-nous de nommer les Femmes de feu, dans leur travail des plus surprenants; Nicolas II, empereur de Russie, et la tsarine; un coin de l'institut Pasteur, à Paris; les gloires de notre siècle, etc., etc., et surtout les Visions d'art, miss Nelly dans ses transformations lumineuses.
Cette remarquable galerie est visible tous les jours, de deux heures de l'après-midi à dix heures du soir.
Prix des places: premières, 50 centimes; secondes, 30 centimes.

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Le Dépêche de Brest, Brest, lundi 10 juillet 1900, p. 4.

Le cinématophone Watrin (1901-1908)

Dans ses souvenirs, Léon Watrin évoque les débuts du cinématophone:

Savez-vous que c'est lui qui importa le premier cinéma en Bretagne ? Les vieux Brestois s'en souviennent bien. C'était en 1900, place de la Liberté : le cinematophone. Une attraction qui devait faire recette. Il fallait y penser.
- L'amusant, poursuit M. Watrin, c'est que ce cinématophone est l'ancêtre du film parlant. Quand le film se déroulait, nous "passions" simultanément au phonographe un "rouleau", car il n'était pas encore question de disques.
Naturellement, les paroles ne suivaient le film que d'une façon assez approximative. Mais la nouveauté de l'attraction suppléait à tout.
Le cinématophone devait disparaître. Des salles confortables nous firent concurrence. Il n'y avait rien à faire contre cela.

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LANNOU, 1937/01/10.

Il y a probablement un confusion temporelle, car les premières traces du cinématophone ne datent que de 1901. C'est en effet au mois d'avril que le nom de cet appareil commence à apparaître dans la presse bretonne. On le retrouve ainsi à Lorient (Place Alsace-Lorraine, avril 1901), Vannes (Place de la Halle-aux-Grains, avril-mai 1901), Rennes (Foire du Mail, juin 1901) où la presse évoque quelques vues présentées :

LE CINÉMATOPHONE-Le Cinématophone est sûrement une des plus curieuses inventions de ce temps si fertile en toutes sortes de découvertes. Rien n'est, en effet, plus gracieux et, nous ajouterons plus significatif, que de voir nos actrices célèbres, par exemple, se mouvoir dans l'attrayante pénombre qui leur sert de cadre, et, en même temps, déclamer et chanter. Le Cinématophone permet ainsi à tout le monde d'assister à une entrée en scène de Mme Sarah Bernhardt ou de Mlle Cléo de Mérode.
Aussi, tous nos lecteurs se feront-ils un agréable plaisir d'assister à une des scènes variées et toujours renouvelables qu'offre à sa nombreuse clientèle le Cinématophone installé depuis quelques jours à notre Foire du Mail.

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L'Ouest-Éclair, Rennes, mardi 4 juin 1901, p. 3.

Le répertoire laisse à penser qu'il pourrait s'agir du phono-cinéma théâtre. Si le nom de Louis Watrin n'apparaît pas encore, il figure dès le mois de juin à Lorient :

Le Cinématophone
On nous annonce pour aujourd'hui samedi l'installation et la première représentation d'une attraction nouvelle qui est, nous assure-t-on, des plus curieuses et des plus intéressantes: c'est le GRANS SALON DU CINÉMATOPHONE, entièrement et brillamment éclairé à l'électricité.
M. Watrin, le directeur du Cinématophone a été autorisé à installer sur le Champ-de-Mars son Salon qui constitue un spectacle merveilleux grâces à l'application des plus récentes et extraordinaires découvertes scientifiques.
Projections en couleurs des vues de l'Exposition de Paris 1900, vues du Transvaal, présentées par un conférencier spécial, Rayons X..., théories et applications Visions d'art. Vues animées, tels sont quelques-uns des sujets que M. Watrin traitera devant les spectateurs en combinant la photographie animée et la parole. C'est là nous le répétons, un spectacle absolument nouveau et dont le succès s'est déjà affirmé dans les Villes où le Salon du Cinématophone s'est arrêté.
Nous recommandons le Muet mélomane, scène cinématophonisée, donnant l'illusion complète de la vie : paroles, gestes, chants, bruits divers.
Dimanche 16 juin, à 8 heures, matinée.

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Le Publicateur des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc, dimanche 16 juin 1901, p. 1.

Dès lors, le cinématophone et son propriétaire Louis Watrin vont sillonner la Bretagne pendant des années avec un réel succès. En 1903 - mais peut-être avant -, il est en mesure de présenter, à Paimpol, des vues locales dont il y est, très probablement, l'auteur :

M. Watrin noua a montré dans ses diverses représentations, un spectacle ravissant et certainement digne d'être vu par tout le monde. C'est ainsi que, tout à tout, il a fait défiler devant nos yeux plus de deux cents tableaux animés représentant les paysages les plus curieux de notre Bretagne...

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Le Journal de Paimpol, Paimpol, dimanche 14 juin 1903, p. 1. 

S'il reste malaisé d'établir le volume de sa production de vues animées, la présence de nouvelles bandes, l'année suivante, à Morlaix, laisse à penser qu'elle n'est pas négligeable :

La séance a commencé par des vues cinématographiques de Morlaix et des environs. Nous avons surtout remarqué les Lavoirs de la rue d'Aiguillon, les Quais, le Bassin à flot et le Viaduc, etc. Ces vues ont été très applaudies. [...].
Viennent ensuite les tableaux locaux : La sortie des ouvriers et ouvrières de la manufacture de Morlaix a provoqué dans la salle des applaudissements et des rires. L'une se reconnaissait, l'autre citait le nom d'une voisine ou d'une amie. Tous, ouvriers et ouvrières, étaient reconnaissables.
Les vues prises à l'occasion de l'arrivée de M. Doumergue à Morlaix n'ont pas eu moins de succès : c'étaient l'arrivée du ministre, le défilé du cortège, l'arrivée au banquet. Ces tableaux, particulièrement réussis, ont été très appréciés.

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L'Éclaireur du Finistère, Morlaix, samedi 5 novembre 1904, p. 3.

Il continue à tourner des vues au moins jusqu'en 1906.

Louis Watrin va décéder dans de tragiques circonstances que rapporte La Dépêche de Brest en ces termes :

Noce tragique.-M. Watrin, propriétaire du cinéma qui s'installa sur le Champ-de-Bataille pour les fêtes du jour de l'An, et qui se trouvait depuis sur la place de la Liberté, mariait hier sa fille.
Après le déjeuner, au cours duquel M. Watrin se montra très gai, toute la noce se dirigea en voiture sur Guipavas, où l'on dansa.
Tandis qu'avait lieu cette sauterie improvisée, M. Watrin se trouva mal; on lui fit prendre immmédiatement un cordial et le cortège nupcial regagna le restaurant de la Glacière, où le dîner devait être servi.
M. Watrin, toujours indisposé, gagna sa roulotte, sur la place de la Liberté; il se coucha et mourut subitement entouré de tous les siens.
Nous renonçons à dépeindre la douleur des proches.

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La Dépêche de Brest, Brest, 25 mars 1908,p. 2. 

Et après... (1909->1912)

En 1909, c'est la veuve Watrin qui va continuer à exploiter le Cinématophone. En 1910, elle participe à une collecte de bienfaisance. Les activités se poursuivent encore pendant quelques années.

Sources

"La famille Watrin, des industriels forains en Bretagne", https://histoirederobien.blogspot.com/2022/12/la-famille-watrin-des-industriels.html

LANNOU P. M., "Comment on trouve les attractions qui font recette à la foire" (10 janvier 1937), "L'Imagerie des foires d'autrefois" (11 janvier 1937), "Les originaux de 'la banque' (12 janvier 1937), "Forains d'autrefois" (14 janvier 1937), "Comment les industriels-forains ont organisé leur profession" (17 janvier 1937), La Dépêche de Brest, Brest, 10-17 janvier 1937, p. 3.

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1904

Le voyage de M. Doumergue, ministre des colonies, à Morlaix

• L'Arrivée du ministre
• Le Défilé du Cortège
• L'Arrivée au banquet
• Le Cortège officiel revenant du concours de tir
• L'Arrivée du ministre à l'Hôtel de Ville
• Le Cortège se rendant au collège

Les Lavoirs de la rue d'Aiguillon

Les Quais

Le Bassin à flot

Le Viaduc

La Sortie des ouvriers et ouvrières de la manufacture des tabacs de Morlaix

La Sortie de messe de l'église Saint-Melaine (1)

La Sortie de messe de l'église Saint-Melaine (2)

1906

La Sortie de la grand'messe de l'église Saint-Louis

La Place Bisson

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