- Détails
- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 26 octobre 2024
- Publication : 19 mai 2024
- Affichages : 28
Alexandre ROTA
(Candelo, 1868-Paris, 1926)
Jean-Claude SEGUIN
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Louis Rota épouse Jeanne Dionosio. Descendance :
- Louis, Eligio, Alexandre Rota (Candelo, 23/11/1867-Paris 14e, 01/10/1926) épouse Ida Comtesse Banda (Nigarini, [1879]-). Descendance :
- Yolanda Rota (Lyon 1er, 29/11/1901-Paris 6e, 11/01/1941)
- Ruggero, Guido, Marco Rota (Lyon 1er, 15/04/1903-Casablanca, 01/05/1954) épouse (Casablanca, 16/08/1951) Marie, Thérèse, Suzanne Valla.
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Les origines (1867-1904)
D'origine italienne, Alexandre Rota s'installe à Lyon, vers le début du XXe siècle, où il exerce la profession de tailleur d'habits. Il a épousé Ida Banda et réside au 10 rue du Romarin. Leur premier enfant, Yolanda, naît en 1901, puis leur second, Ruggero, deux ans plus tard. Il exerce encore le même métier en 1903. On ignore dans quelles circonstances Alexandre Rota va s'intéresser au monde du cinématographe.
Le Cinématographe (1905-1906)
Directeur du Cinématographe Bellecour (1905-1906)
Dans les derniers jours de l'année 1905, la presse lyonnaise évoque l'inauguration prochaine d'une nouvelle salle de cinéma, au 4, place Le Viste, à l'angle de la rue de la République et de la rue de la Barre. Même si son nom n'apparaît pas au début dans la presse, c'est bien Alexandre Rota qui va inaugurer le Cinématographe Bellecour le 30 décembre :
Evénement !-Nous apprenons que samedi prochain 30 décembre 1905, à huit heures du soir, aura lieu l'ouverture du grandiose Cinématographe Bellecour situé sur la place Le Viste, 4 (angle rue de la Barre et rue de la République). Une escouade d'ouvriers travaille fièvreusement pour mettre à point deux élégants salons d'attente et la grande salle des spectacles. Un orchestre choisi charmera les spectateurs. Les jeudis, matinées gratuites pour les enfants accompagnés. Prix d'entrée: premières 0 fr. 50, secondes 0 fr. 30, taxe municipale comprise.
Le Progrès, Lyon, 26 décembre 1905, p. 4.
Le propriétaire de la salle est la Société Anonyme Internationale Excelgrafia de Turin (76 rue Vingt-Septembre), mais Alexandre Rota en est le gérant, fonction qu'il occupe jusqu'à la mi-août, moment où il remet sa démission :
SOCIÉTÉ ANONYME INTERNATIONALE EXCELGRAFIA
Siège à Turin, rue Vingt-Septembre, 76.
AVIS
Nous informons le public et les intéressés que M. ALEXANDRE ROTA a cessé d'être le directeur de notre maison: Cinématographe Bellecour à Lyon.
Le nouveau directeur est M. EUGÈNE DI-POMPÉO, ex-directeur de notre maison de Nice.
Turin, 13 août 1906.
L'ADMINISTRATEUR
.Le Progrès, Lyon, mardi 14 août 1906, p. 5.
Il semble que ce départ se fait dans de bonnes conditions si l'on en croit les entrefilets publiés dans la presse :
SOCIÉTÉ ANONYME INTERNATIONALE EXCELGRAFIA
Siège à Turin, rue Vingt-Septembre, 76.
AVIS
En suite de la démission de M. Alexandre Rota comme directeur du Cinématographe Bellecour, le Conseil d'administration tient à lui témoigner son entière satisfaction pour sa gestion et son administration.
L'ADMINISTRATEUR
.Le Progrès, Lyon, dimanche 19 août 1906, p. 5.
La décision d'Alexandre Rota est peut-être due simplement à son nouveau projet : l'ouverture d'une nouvelle salle de cinéma luxueuse. Le Cinématographe, quant à lui, Bellecour passe aux mains de Eugène Di Pompeo, puis à celles de Salvatore Riccioli :
SOCIÉTÉ ANONYME INTERNATIONALE EXCELGRAFIA
Siège social: 4, rue Barbaroux (Turin)
Communication
M. Di Pompeo (Eugène), directeur du Cinématographe Bellecour, 4, place Le Viste, rappelé à Turin pour coopérer à la direction générale, sera remplacé par M. Salvatore Riccioli, qui prendra à partir de ce jour la direction de l'établissement.
En quittant cette direction, M. Di Pompeo remercie le public lyonnais des marques de sympathies qu'il lui a témoignées et le prie de les reporter à son successeur.
Turin, le 20 septembe 1907.
L'ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ.
Le Progrès, Lyon, 21 septembre 1907, p. 5.
Directeur du Cinématophone Modern Theater (1906))
Le Cinematographe Modern Theater (c. 1908).
Intérieur du Cinématophone Modern Theater
Le projet d'un nouveau cinéma lyonnais voit le jour au cours de l'année 1906. Alexandre Rota entreprend des travaux au 98, rue de l'Hôtel-de-Ville et c'est au début du mois d'octobre que Le Progrès annonce la prochaine ouverture d'une nouvelle salle de cinéma :
Cinématophone-Modern-Theater: C'est une attraction d'un genre absolument nouveau qui bientôt sera offerte à nos concitoyens. Nous en reparlerons, nous contentant pour aujourd'hui de dire qu'elle se trouvera rue de l'Hôtel-de-Ville, 98, dans un vaste et somptueux local.
Le Progrès, Lyon, lundi 1er octobre 1906, p. 3.
L'inauguration a lieu le 13 octobre, au 98, rue de l'Hôtel de Ville :
Cinématographe-Modern-Theater (98, rue de l'Hôtel-de-Ville).-Ainsi que nous l'avions prévu, l'affluence des spectateurs a été nombreuse, hier soir, à l'ouverture de cette magnifique attraction, et si nombreuse que l'on dût refuser du monde en quantité. Certes, la direction comptait sur un succès, mais non sur un tel empressement du public, aussi, à son grand regret, ne put-elle recevoir un grand nombre de personnes. Mais aujourd'hui, toutes les précautions seront prises, il y aura plusieurs représentations et l'on commencera à deux heures de l'après-midi. De cette façon tout le monde pourra admirer le "Cinématophone" et le "Luxorama", les plus sensationnels spectacles qui ne soient jamais vus dans notre ville.
Prix d'entrée: Premières, 0,30; fauteuils, 0,50; réservées, 0,75.
Le Progrès, Lyon, dimanche 14 octobre 1906, p. 4.
Cinema Modern Theater. A. Rota. 98, rue de l'Hôtel-de-Ville (c. 1910) |
Et après... (1907-1926)
Alexandre Rota continue d'exploiter son Cinématographe-Modern-Theater dans les années suivantes et il utilise amplement la presse pour faire sa publicité. À la fin de l'année 1907, il va installer un autre "Cinématophone" dans le quartier de Vaise :
Le Cinématophone à Vaise: Grâce à l'activité et au talent bien connus de M. Rota, directeur du Cinématophone de la rue de l'Hôtel-de-Ville, l'un des quartiers les plus actifs de notre ville, va être doté d'un de ces merveilleux spectacles qui font courir tout Lyon-Central dans le hall si coquet de la rue de l'Hôtel-de-Ville, 98. Demain donc, samedi, 30 novembre, pour la première fois à Vaise, brasserie Dodat, 33, quai de Vaise, le Cinématophone déroulera ses films enchanteurs, et, tantôt comiques, tantôt dramatiques, ses vues provoqueront chez les spectateurs les larmes et le rire. Nous sommes persuadés que la salle déjà bien grande sera demain soir ainsi que tous les dimanches et jeudis trop petite pour contenir le flot du public. C'est notre souhait. Au Cinéma-Vaisois nos meilleurs voeux que le succès réalisera.
Le Progrès, Lyon, 30 novembre 1907, p. 3.
L'exploitant lyonnais va également ouvrir une autre salle à Grenoble, en 1908 comme l'annonce Le Progrès :
GRENOBLE.Cinéma Rota, 4, place Victor-Hugo.-Grenoble n'aura désormais pus rien à envier à Lyon, car M. Rota l'a doté d'un cinéma à rendre jaloux Lyon et Paris. Quel confort !... Quels tableaux1... Quelle différence avec autrefois !... N'est-ce pas là la cause d'un succès si phénoménal, et sûrement les Greneblois, amateurs du vrai et du beau, seront heureux d'une innovation qui leur donnera avec de l'intérêt la plus franche gaieté; ce qui est vrai.
Le Progrès, Lyon, dimanche 26 avril 1908, p. 3.
Alexandre Rota est également un membre actif de la communauté italienne de Lyon et il n'hésite pas à organiser ses séances de bienfaisance comme lorsque la Sicile et la Calabrd son victime d'un tremblement de terre:
Cinéma Theater Rota
Appel à la Colonie italienne.
La Colonie italienne de Lyon est informée que M. Rota, directeur-propriétaire du Cinéma, 98, rue de l'Hôtel-de-Ville consacrera toute la recette de la journée du 6 courant, soit de 2 heures à 11 heures du soir, au bénéfice des sinistrés de la Sicile et de la Calabre.
Cette grande démonstration charitable est placée sous le haut patronage de M. le consul général d'Italie, de M. le préfet du Thône, de M. le Gouverneur et de M. le maire de Lyon.
Ave un tel appui la recette sera fructueuse le 6 janvier, au Cinéma Rota, et le soulagement à ces pauvres sinistrés sera d'autant plus réconfortant qu'il vient de ses frère habitant la France grande et magnime.
L'Express républicain de Saône-et-Loire, Lyon, mercredi 6 janvier 1909, p. 4.
Dans le monde de l'exploitation cinématographique, il devient une figure essentielle et il participe, en 1911, à l'organisation d'un Syndicat de défense professionnelle:
Réunion Professionnelle
Le 11 courant, les exploitants cinématographiques de Lyon étaient convoqués par MM. A Rota et Dulaar, à une réunion préliminaire pour organiser un Syndicat de défense professionnelle. A cette réunion qui eut lieu à la Brasserie des Archers, presque tous les exploitants de Lyon étaient présents. On a causé très amicalement pendant deux heures de tous les intérêts généraux des cinématographistes. M. Rota a été nommé Président d'une Commission provisoire. Les exploitants se sont séparés ensuite en se donnant rendez-vous pour le 18 janvier au Cinéma Rota, 98, rue de l'Hôtel-de-Ville.
A cette seconde réunion, étaient encore présents presque tous les exploitants cinématographistes, qui chargèrent M. Rota d'élaborer un projet de statuts de Syndicat, de le faire parvenir à chaque exploitant et de les convoquer ensuite à une date très rapprochée pour discuter ces statuts.
Les sentiments, les bonnes volontés apportés par tous les exploitants, font présager que l'on arrivera rapidement à une entente parfaite.
Ciné-journal, Paris, 28 janvier 1911, p. 9.
À cette époque, il réside à Lyon (rue Le Viste) avec son épouse et des enfants (recensement 1911).
Alexandre Rota
Le Livre d'or de la cinématographie, 1911.
La presse de langue italienne se fait, elle aussi, l'écho de cette figure lyonnaise, Alexandre Rota, qui côtoie Édouard Herriot :
Da Lione
La Festa Nazionale Francese solennizzata dagli italiano
Dietro felice iniziativa del cav. A. Rota, è stata organizzata una splendida manifestazione degli italiani di Lione in onore e nella circostanza della Festa Nazionale Francese.
Domenica alle ore 14 un corteo di oltre 1200 italiani comprendente l'Unione Musicale Italiana con bandiera, la Filarmonica Italiana con bandiera, l'Unione Amicale Italiana pure con bandiera.
[...]
Formatosi un gran circolo attorno alle autorità francesi, il sig. Rota prende la parola ed esprime a nome di tutti gli italiani residenti in Lione e dintorni i sensi di respettosa amicizia per il sig. Herriot, per tutte le Autorità, per i bravi cittadini lionesi e per la Francia; termina invitando tutti al grido di Viva il sig. Herriot, sindaco di Lione, Via Lione, Via la Francia.
La signorina Yolanda Rota a nome delle signore italiane presenta al sindaco per la signora Herriot un mazzo di fiori coi colori Franco-Italiani.
Il sig. Herriot un po' commosso per così sincera dimostrazione d'amicizia da parte degli itaniani, abbracia ripetutamente la piccola Yolanda Rota e nell'idioma della nostra cara e grande patria, ringrazia vivamente tutti gli italiani per la bella manifestazione: distribuendo a tutti calde strette di mano si dice amico degli italiani e ammiratore della nostra bella patria che ha percorso quasi in tutti i sensi e dove conta pure molti amici.
Il corteo si riforma ed in perfetto ordine e meravigliando i lionesi, sfila per la Rue de la Republique (via principale di Lione) recandosi a fare un'"aubade" ai due più grandi giornalil di Lione "Le Progrès de Lyon" e "Le Lyon Républicain"; per ultimo il corteo volle pure ringraziare il sig. Rota d'aver organizzato una si importante manifestazione che ridonda tutto a vantaggio degli italiani, recandosi in massa a fare una manifestazione al Cinema Rota dove le eccelenti musiche delle società fecero prodigi.
Il Cinema del sig. Rota era tutto imbandierato coi colori italiani e francesi...
I Risveglio italiano, Paris, 21 juillet 1912, p. 3.
À cette époque, les affaires sont florissantes et Alexandre Rota va récupérer seul le fonds de commerce de la salle cinématographique "Folies Dramatiques" :
Etude de Me CHALON, agréé à Lyon, 49, rue de la Bourse.
Dissolution de Société
Suivant acte sous signatures privées en date à Lyon du deux janvier mil neuf cent quatorze, enregistré à Lyon le 15 janvier 1914, 1º27, c 413, la société constituée entre: M. Alexandre Rota, entrepreneur de cinématographe, demeurant à Lyon, 98, rue de l'Hôtel-de-Ville, comme associé en nom collectif et une personne désignée dans l'acte comme simple commanditaire, aux termes d'un acte sous signatures privées en date à Lyon du quinze août mil neuf cent treize, enregistré à Lyon le 10 septembre 1913, ayant pour objet l'exploitation d'un fonds de commerce de cinématographe sous les raison et signature sociales :
ROTA et Cie
avec siège social, rue Tronchet, 65, a été dissoute à compter dudit jour.
M. Rota conserve la totalité des biens composant l'actif social, et notamment le fonds de commerce d'entrepreneur de spectacles connu sous le nom de Folies Dramatiques, sis à Lyon, rue Tronchet, 65, à charge par lui de payer le passif social.
Les dépôts prescrits par la loi ont été effectués au greffe de la Justice de paix du septième canton de Lyon et au greffe du Tribunal de commerce de Lyon le seize janvier mil neuf cent quatorze.
Pour extrait : A. ROTA.
Le Salut Public, Lyon, vendredi 16 janvier 1914, p. 4.
À la veille de la première guerre mondiale, Alexandre Rota est une pièce maîtresse de l'exploitation cinématographique dans la région Sud-Est.
Dans les années qui suivent, on perd sa trace, mais il vit probablement à Paris. Alors qu'Alexandre Rota est décédé, son épouse Ida et son fils résident dans la capitale (recensement 1926). En 1931, la mère, Ida, et ses deux enfants demeurent encore à Paris (recensement 1931) au 159 avenue d'Italie dans le 13e arrondissement. En 1936, Ida Rota et ses deux enfants résident à Paris (recensement 1936), au 161 avenue d'Italie dans le 13e arrondissement. En 1941, Yolanda décède à Paris et est inhumée au cimetiière de Bagneux.