- Détails
- Création : 19 mai 2024
- Mis à jour : 14 septembre 2024
- Publication : 19 mai 2024
Wendel MÄRZEN
(Trèves, 1847-[1947])
Jean-Claude SEGUIN
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Les origines (1847-1896)
Nicolaus Marzen, fils d'un boucher, habite à Trèves avec son épouse et ses trois fils en 1861. Puis, au recensement de 1864, la famille s'est agrandie de deux nouveaux enfants. L'aîné, Wendel, qui exerce également la profession de boucher, épouse en 1868, Anna Maria Irsch. Moins de trois mois après, le couple quitte Trèves pour se rendre à New York où il accoste le 20 février 1869. On ignore les raisons de ce voyage, mais deux mois plus tard, son épouse décède à Trèves. Pendant plusieurs années, on ne dispose plus d'informations concernant Wendel Marzen. Au mileu des années 1870, il vit avec Apollonia Chevalier dont il va avoir plusieurs enfants. Vers 1891, Wendel Marzen est aubergiste et poète dans la ville de Trèves. Il est alors associé à Max Jaeckel à l'occasion de l'ouverture de l'agence de la maison de vins et spiriteux de Bordeaux, J.-B. Vallée & Compagnie, dont ils deviennent les gérents. Un différend va les opposer au propriétaire et des poursuites sont entamées contre eux en 1893.
L'Indépendance luxembourgeoise, Luxembourg, 31 mai 1893, p. 3.
Quelques années plus tard, à Malmedy (Belgique), en mars 1898, il exploite un phonographe Edison dans le restaurant d'Alphons Bragard (Place de Rome).
La Semaine, Malmédy, samedi 26 mars 1898, p. 3.
Le Cinématographe (1900-1906)
Wendel Marzen aurait fait l'acquisition d'un appareil de vues animées dès 1897 et aurait parcouru les principales villes de Rhénanie, de la Moselle, de la Sarre, de la Nahe, d'Alsace-Lorraine et du Luxembourg. Cependant, il n'existe aucune trace de ces tournées avant 1900, ni en Alsace-Lorraine, ni au Luxembourg, ni en Rhénanie au moins. On ignore également pour quelle raison, il va se faire opérateur de cinématographe. L'une des premières apparitions du cinématographe de Wendel Marzen semble être celle de Malmedy (Belgique) :
Les représentations données dans la vaste salle Bragard par le cinématographe M. Marzen, de Trêves, ont été très suivies et ont eu un succès complet. Les scènes de la Passion surtout ont été beaucoup admirées. Nul doute que M. Marzen qui se propose de revenir sous peu avec une série de nouveaux tableaux, entre autres le voyage de S. M. l'Empereur en Palestine ainsi que des vues du pèlerinage de Lourdes, n'obtienne un nouveau succès.
La Semaine, Malmédy, samedi 31 mars 1900, p. 3.
On ignore dans quelles circonstances Édouard Colliot va rentrer au service de Léon Gaumont, ni à quelle date. Un possible indice est constitué par la présence de deux vues animées dans le catalogue Gaumont : Procession religieuse à Trèves (18 mai 1902) et La Procession des fous à Echternach (20 mai 1902). Ces films ont directement à voir avec Wendel Marzen qui les a mis à son répertoire :
Procession dansante d'Echternach en 3 grands tableaux vivants. Vue prise par la direction le 20 mai 1902 en 68,000 photographies. (La direction payera 1000 Francs à chacun qui peut faire voir des tableaux aussi grands et aussi nets).
L'Indépendance luxembourgeoise, Luxembourg, samedi 21 juin 1902, p. 3.
Le fait que ces films soient ainsi passés au catalogue Gaumont indique que Wendel Marzen a des relations avec le Comptoir de la Photographie. Cela va d'ailleurs se confirmer, trois ans plus tard, alors que de nouveaux tournages sont prévus au Luxembourg et qu'Édouard Colliot est appeler pour ces prises de vues. C'est d'ailleurs grâce à l'article suivant que l'on apprend qu'il est "opérateur cinématographique" de la société :
Cinématographe — Il y avait foule hier soir, à l’hôtel de Cologne, où le cinématographe de M. Märzen faisait défiler ses nombreuses et belles photographies animées.
Dès le début de la représentation, toutes les places se trouvaient occupées, et la caissière a dû exprimer ses regrets de devoir refuser l’entrée à plus de cinquante personnes.
C’est dire combien le cinématographe jouit de la faveur du public luxembourgeois. Mais aussi, hâtons-nous d’ajouter, que le spectacle de MM. Märzen est aussi brillant que copieux.
Toujours à la recherche de quelque nouveauté sensationnelle, M. Märzen et ses fils ne lésinent pas sur les frais, quand il s’agit de satisfaire leur public. La procession dansante d’Echternach et la cavalcade en font preuve suffisamment. Le site merveilleux de la ville de Luxembourg ne devait pas passer inaperçu à MM. Märzen, et en compagnie de M. Edouard Colliot, opérateur cinématographique du comptoir général de Photographie de la maison L. Gaumont & Cie de Paris, ils se sont empressés de cinématographier les environs si pittoresques de la ville, pour les ajouter à leur programme. C’est une réclame de tous les jours, et qui n’est pas à dédaigner, dont MM. Märzen se sont fait les propagateurs. — Ce soir dernière représentation.
L'Indépendance luxembourgeoise, Luxembourg, lundi 17 avril 1905, p. 3.
La presse évoque l'importance du cinématographe, capable de diffuser l'image d'une ville ou d'une pays dans les autres contrées :
M. Wendel Märzen, le propriétaire bien connu du cinématographe, est en train de nous faire une très originale réclame. On sait qu'il a cinématographié la cavalcade et surtout le panorama de la ville, qui se prête merveilleusement à ce genre de photographies animées. En ce moment, M. Märzen parcourt les villes rhénanes, où il obtient partout un très grand succès. Il a eu l’amabilité de nous faire parvenir des journaux de Coblence, qui s’expriment en termes très élogieux, et qui disent que la reproduction de ces sites pittoresques constitue un des numéros les plus attrayants et des plus brillants de son riche programme.
L'Indépendance luxembourgeoise, Luxembourg, mardi 1er août 1905, p. 3.
Et après... (1907-[1947])
En 1907, la société en nom collectif "Edisons Elektrisches Theater" est fondée entre le père et ses deux fils :
Trier.
[62606]
In das Handeleregiſter A wurde heute unter Nr. 912 die offene Handelsgeſellſchaft in Firma Ediſons Elektriſches Theater, Gebrüder Marzen, Trier, eingetragen:
Geſellſchafter ſind: Peter Marzen, Impreſario, und Auguſt Marzen, Modelleur, beide in Trier. Die Geſellſchaft hat am 23. Oktober 1907 begonnen. Zur Vertretung derſelben iſt nur der Geſellſchafter Peter Marzen ermächtigt.
DemDirektorWendelMarzeninTrieriſtProkuraerteilt.
Trier,den29.Oktober1907.
KöniglichesAmtsgericht.Abt.7.
Deutscher Reichsanzeiger und Preußischer Staatsanzeiger, 5 novembre 1907, p. 25.
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| Peter Marzen (c. 1909) | Wendel Marzen et August Marzen devant le cinématographe « Trèves », le théâtre central de Marzen. Peter Marzen figure sur l'affiche de l'entreprise [1909] |
Au bout de deux ans et demi, la société est liquidée :
Trier.
[19230]
In das Handelsregiſter Abteilung A wurde bei der unter Nr. 912 eingetragenen offenen Handelsgeſellſchaft in Firma „Ediſons Elektriſches Theater Gebrüder Marzen“ in Trier eingetragen:
Die Geſellſchaft iſt aufgelöſt und die Firma erloſchen. Die dem Wendel Marzen erteilte Prokura iſt ebenfalls erloſchen.
Trier, den 20. Mai 1910.
Königliches Amtsgericht. Abt. 7.
Deutscher Reichsanzeiger und Preußischer Staatsanzeiger, mercredi 25 mai 1910, p. 30.
Le 12 novembre 1911, il ouvre le Cinéma Parisiana (Shoulbierg) au Luxembourg. En 1912, un conflit va opposer Peter Märzen à son père et son frère au sujet de la salle Cinema Parisiana de Luxembourg.
L'Indépendance luxembourgeoise, Luxembourg, samedi 16 & dimanche 17 mai 1914, p. 3.
Trèves. Cinéma de Trèves Peter Märzen à Trèves. L'entreprise s'appelle désormais « Germania-Lichtspiele Peter Merzen ». Le statut du propriétaire a été changé en « Kaufmann ». Le directeur général August Märzen à Trèves a reçu procuration. Dere Kinematograph, juin 1914.En 1944, Hubert Marzen, qui a pris la nationalité française, est poursuivi par les autorités allemandes.
Filmnachrichten aus allet Welt
Peter Marzen
In Trier starb ein Mitglied der hierlands sehr bekannten Filmpionierfamilie Märzen Peter Märzen: Er war wahrscheinlich der erste, der hier in Luxemburg die neueste Erfindung seiner Zeit, das Kino, einrichtete. Märzen war ein besonders eifriger Sammler, in dessen Besitz sich viele wertvolle Filme auch aus Luxemburg befanden. Die meisten davon sind nun in fremde Hände übergegangen.Luxemburger Wort, Luxembourg, jeudi 3 juillet 1936, p. 8.
L'actualité du cinéma du monde entier Peter Marzen Un membre de la famille Märzen, Peter Märzen, une famille de pionniers du cinéma très connue, est décédé à Trèves : il fut probablement le premier à fonder ici au Luxembourg la dernière invention de son temps, le cinéma. Märzen était un collectionneur particulièrement passionné et possédait de nombreux films de valeur, notamment luxembourgeois. La plupart d’entre eux sont désormais passés aux mains des étrangers.
Peter Märzen Aus dem Leben eines rheinischen Filmpioniers, Saarbrücken 1933. Cité dans Norbert Etringer, Lebende Bilder. Aus Luxemburgs guter alter Kinozeit, Luxemburg 1983.
Luxemburger Zeitung. 23 octobre 1939.
Sources
Blaise Aurora, Histoire du Cinéma en Lorraine. Du cinématographe au cinéma forain 1896-1914, Metz, Editions Serpenoises, 1996, 224.
Brigitte BRAUN, Uli JUNG : "Local Films from Trier, Luxembourg and Metz: A Successful Business Venture of the Marzen Family, Cinema Owners." In: Film History Vol. 17, No. 1, Local Film (2005), S. 19-28.
ETRINGER Norbert, "Der Wanderkinematograph Marzen", Revue, samedi 28 novembre 1964, p. 28-30.
