Lina ESBRARD

(active en 1894-1902)

esbrard miss portrait

Jean-Claude SEGUIN
collaboration
Rosario RODRÍGUEZ LLORENS

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"Lina Esbrard" est également connue sous le nom de "Céline Esbrard-Marignan".

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Les origines (<1897)

Le nom de Miss Esbrard surgit vers 1894 où on la retrouve au cirque Fernando avec un numéro de serpentine acrobatique :

Ce soir, samedi, au cirque Fernando, réouverture équestre. Au programme, comme attractions à sensation: Ariso, cycliste; la senorita Del Moral, bailes espagnoles; miss Esbrard, serpentine acrobatique, et les Tableaux vivants du russe Stéfanoff.


Le Soleil, Paris, samedi 1er décembre 1894, p. 4.

Cela se confirme l'année suivante alors qu'elle donne un spectacle à Angers à l'occasion de l'Exposition Nationale. Elle crée un numéro qui la rend vite célèbre, la Femme de feu :

La soirée
Même affluence dans la soirée que pendant la journée dans le Jardin intérieur de l'Exposition. A signaler, aux auditions musicales, les débuts de Miss Esbrard, une danseuse serpentine contorsionniste remarquable et très gracieuse. Nous sommes heureux de constater que ces débuts ont produit la meilleure impression sur le public et que Miss Ebrard [sic] nous procurera des soirées charmantes.


Le Petit Courrier, Angers, samedi 25 mai 1895, p. 2.

Quelques mois plus tard, elle participe à la Déjazet -Revue du Théâtre Déjazet :

Encore un attrait de plus à ajouter aux nombreux clous de Déjazet-Revue. La Direction vient d'engager miss Esbrar (Denseuse serpentine) qui créa au Châtelet la mouche d'or, elle sera intercalée dans le ballet des microbes eet commencera avec les Fêtes; mercredi, jeudi et vendredi, matinées et soirées.


Le Soir, Paris, mercredi 1er décembre 1895, p. 4.

À cette époque, elle est sous contrat avec l'agence A. Danvers et figure sous le nom de "Esbrard-Marigna" :

ENGAGEMENTS PAR LES AGENCES
Artistes engagés par l'agence A. Danvers 10, rue d'Hauteville, à Paris.
Miss Gillett'S Esbrard, danseuse serpentine pour 15 représentations au Grand Théâtre de Lille dans la féerie "Le Pied de Mouton".


 L'Art lyrique et le music-hall, Paris, dimanche 3 mai 1896, p. 7.

Le cinématographe (1897-1901)

Dès 1897, [Céline] Esbrad apparaît dans une vue animée de la collection Joly-Normandin, qui a été conservée. 

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Danse serpentine par Miss Esbrard (1897)

Au moment de ce tournage, [Céline] Esbrard a acquis une notoriété certaine dans le monde du music-hall parisien. Quelques mois plus tard, on la retrouve à la Gaité-Rochechouart :

Ce soir, à la Gaité-Rochechouart, première représentation de : On demande de jolies femmes, de MM. Marc Sonal et V. Gréhon. Débuts de Miss Esbrard-Mariguan [sic], danses lumineuses nouvelles. Représentations de M. Girault et nouveau programme de chansons par toute la troupe. On voit qu'en attendant la revue le spectacle de la Gaîté Rochechouart est toujours de premier ordre.


L'Écho de Paris, Paris, 28 novembre 1897, p. 4.

La Revue diplomatique, qui publie un article sur la danse serpentine, évoque son nom et son importance à ce moment-là : 

LA DANSE SERPENTINE A PARIS
Notre siècle de lumière est aussi le siècle de révolution artistique. A travers cette atmosphère de blanc gris qui suinte et filtre des hauteurs de Montmartre sur tous les beuglants de Paris, notre Lutèce enveloppée comme dans un filet d'obscénités, une vision de pure esthétique a surgi, et cette vision qui déplace la foule, ce spectacle qu'acclame un publie sans cesse renouvelé, ce public qu'on nous affirmait uniquement épris de dessous de donzelles et de couplets roses, ce numéro qui fait salle comble, et si comble que toubsles établissements concurrents annoncent aujourd'hui à leurs programmes un numéro similaire, c'est l'héroïne de la danse serpentine, la Loïe Fuller, aux Folies-Bergère, Miss Ebrard Marignan, la créatrice de la danse du feu, dans la Gaîté Rochechouart et Bob Valter. l'artiste contursioniste dans le Parisiana. La danse serpentine est donc sur le tapis de la mode du jour.
Est-ce une danse, une projection de lumière,. une évocation de quelque spirite ? Mystère. Une fleur de rêve a surgi des ténèbres. Est-ce un être humain que cet écroulement de nuances mouvantes et mourantes et de transparences de gazes et d'éther ? Les teintes et les nuances s'éclairent et s'éteignent tour à tour, développées tantôt en spirales, puis soudain agitées comme des ailes, puis écroulées en capricieuses volutes; puis, au milieu de ce flot de vapeurs et de voiles, un buste de femme émerge, des épaules et des bras nus saluant, penchés vers le public, l'artiste brusquement apparue entre les pétales énormes d'une violette géante ou les ailes échancrées d'un invraisemblable papillon. Cette fresque de Pompéï animée, ces attitudes de femme-fleur et de femme-phalène déjà vues dans les bas-reliefs antiques, mais tout à coup ressurgies du fond des siècles de par une volonté artiste, c'est l'Amérique qui nous l'envoie, c'est le Nouveau Monde, le monde des téléphones, de la mécanique et du phonographe qui a délégué à l'Ancien cette vision chimérique de jadis et d'au-delà, cette lumineuse et spectrale joueuse de flûte tirée des cendres de l'oubli par on ne sait quel Edgard Poë mâtiné d'Edison. Aussi l'Ancien continent, la terre de France, nous a porté la danse de feu !... flammes, flammes, flammes, comme les affiches l'acclament et la proclament. Ici, nous entrons dans le domaine de la terreur ; c'est une statue antique qui se dresse, incandescente, sous un voile de nacre vive, sous un jet de verre en fusion.
La danse serpentine contursioniste a été apportée en France par sa créatrice nord-américaine, la Loïe Fuller. La danse de feu a été créée par miss Esbrard Marignan. Donc la danse au feu de la Loïe Fuller aux Folies-Bergère et la danse des flammes de Bob Valter au Parisiana ne sont autre chose que la Femme de feu, créée par miss Esbrard Marignan en 1895, à l'exposition nationale d'Angers et au théâtre Déjazet, revue au courant de l'année. Amicus Plàlo. sed magis arnica verilas.
J. DE B.


La Revue diplomatique, 19e année, nº 49, dimanche 5 décembre 1897, p. 10.

Il faut attendre l'année 1901 (ou 1902) pour retrouver [Céline] Esbrard devant un appareil de prise de vues. Pour la société Gaumont, elle va danser une Danse excentrique, une autre Danse serpentine et une Danse fantaisisteCette série est complétée par une Gigue où elle est habillée en "jeune marin".

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Danse serpentine (1901)

Cette même année, elle s'installe, pendant plusieurs mois, au Casino de Montmartre où elle fait équipe avec sa sœur. L'une de ces dernières apparitions semble dater de  1902 :

Excelsior-Concert, 63, avenue de La Bourdonnais, samedi, dimanche, lundi et dimanche en matinée, La Fille du Charpentier, opérette de Péricaud et Delormel, miss Esbrard, danseuse serpentine, contorsionniste, surnommée "la femme de feu"...


Vaugirard-Grenelle, Paris, dimanche 7 décembre 1902, p. 3.

Par la suite on perd sa trace. 

Sources

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[01]->11/12/1894 France Paris Cirque Fernando  
[13]/05-[12]/09/1895 France Angers Théâtre-Concert de l'Exposition  
10-[30]/01/1896 France Paris Théâtre Déjazet Déjazet-Revue
22/02-[06]/03/1896 France Tours La Scala La Femme de feu
<29>/03/1896 France Lyon Casino des Arts.   
19/12/1896 France Bourges Eden-Concert  
28->28/11/1897 France Paris Gaité-Rochechouart On demande de jolies femmes
16->16/01/1898 Belgique Bruxelles Olympia-Bourse  
10-11/04/1898 France Boulogne-sur-mer Casino  
06->13/06/1898 France Paris Wagram-Concert  
22/10/1899 France Paris Salle de l'Eden-du-Temple  
<13/06/1900 France La Ferté Le Concert du C.C.F.  
[14]/05-[11]/09/1901 France Paris Casino de Montmartre Les sœurs Esbrard