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- Création : 14 janvier 2024
- Mis à jour : 15 juillet 2024
- Publication : 15 mars 2024
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HANOI
Jean-Claude SEGUIN
Hanoi est une ville du Tonkin en Indochine française (Viet-Nam).
1896
*Le Cinématographe Lumière de Marius Sestier (septembre 1896)
La presse locale annonce l'arrivée prochaine d'un cinématographe Lumière que doit présenter l'opérateur qui donne des séances en Inde. Il s'agit sans nul doute de Marius Sestier qui organise des séances de projections cinématographiques à Bombay, en août 1896 :
Les journaux de Cochinchine annoncent la prochaine exhibition à Saigon du Cinématographe, une attraction bien faite pour intéresser les Européens aussi bien que les indigènes, et qui sera présentée par un associé de la Maison Lumière, en ce moment aux Indes, à Calcutta. Or, on annonce aujourd'hui que le Tonkin ne sera pas oublié et que la Maison Lumière a donné l'ordre de pousser jusqu'à Hanoi.
Nos lecteurs ont entendu parler du Cinématographe qui fait, depuis un an à peine, un certain bruit dans les capitales européennes et particulièrement à Londres et à Paris.
Au moyen d'une disposition ingénieuse dont le mécanisme est seulement connu des inventeurs, on peut, aujourd’hui représenter photographiquement les scènes de la vie les plus compliquées, avec une réalité très intense.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 19 septembre 1896, p. 2.
Finalement Marius Sestier renonceà se rendre en Indochine, à cause de la mousson, et part pour l'Australie.
1897
Le Cinématographe de Léopold Bernard (Salle de la Société Philarmonique, 4 septembre 1897)
Photographie Jumillard. Hanoï. Hanoï. Société Philharmonique. (avant 1903).
En avril, la presse regrette que le cinématographe n'ait pas été encore présenté :
Bornons-nous donc à faire des compliments en bloc, en regrettant que le cinématographe ne fonctionne pas encore à Hanoi pour prendre des clichés, dont on aurait pu envoyer une collection à M. Chaillery-Bert avec cette dédicace :
Il n'y a pas de cause sans effet.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 21 avril 1897, p. 2
Il est donc probable que Léopold Bernard ait été le premier à offrir des projections de vues animées. Il est annoncée dès la mi-août :
M. Léopold Bernard, illusionniste-prestidigitateur, est de retour parmi nous et a apporté avec lui divers appareils encore inconnus ici et qui seront l'objete d'une grande curiosité.
Parmi ces derniers se trouve la merveille du siècle: le Cinématographe et le Grand phonographe Edison.
En attendant l'exhibition du Cinématographe au grand théâtre d'Hanoi, avec éclairage à l'électricité ce qui écartera tout danger d'incendie, le Phonographe est installé rue Paul-Bert chez M. Bédier où ont lieu les auditions tous les jours de 5 à 7 heures du soir et de 8 h. 1/2 à 11 heures.
0$10 pour un numéro au chois.-0$50 pour 6 numéros.-Enfants, militaires et indigènes 0$10 pour deux numéros.
Appreil grand modèle moteur électrique. Jeu de tubes pouvant faire écouter 15 personnes à la fois.
Au coin de la rue Paul-Bert et du boulevard Henri Rivière, en face le palais de l'Enseignement.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 18 août 1897, p. 2.
Léopold Bernard organise finalement des séances cinématographiques à partir du mois de septembre dont une première dans la salle de la Société Philharmonique :
Les personnes qui n'ont pas encore entendu le phonographe Edison installé rue Paul-Bert, dans la maison Bédier, feront bien de se hâter; car c'est la dernière semaine.
Samedi prochain pour la première fois au Tonkin le Cinématographe.
Voir aux annonces le programme de la soirée et du spectacle extraordinaire donnés par M. Léopold Bernard, dans la Salle de la Philharmonique.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 1er septembre 1897, p. 2.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 1er septembre 1897, p. 3.
Le compte rendu, publié peu après, n'est guère élogieux :
Samedi soir a eu lieu, dans la salle de la Société Philharmonique, et devant un public des plus choisis, la représentation donnée par M. Léopold Bernard, le prestidigitateur si connu de nos contrées indo-chinoises.
M.Léopold, pour donner plus d'attrait à la soirée s'était réservé le concours gracieux de [...] de grand talent, que nous ne connaissions pas, sauf toutefois M. Pouppo, le jeune et brillant violoniste bien connu qui nous a charmé dans plusieurs productions parmi celles-ci nous citerons principalement une fantaisie pot-pourri sur le Faust de Gounod, qui nous a permis d'apprécier une fois de plus le talent d'interprétation du jeune artiste, la finesse et la sûreté de son coup d'archet.
[...]
Nous ne parlerons que pour mémoire des cinq ou six tours, toujours les mêmes que M. Léopold nous performe depuis une dizaine d'années. Tout le monde au Tonkin, en Indochine les connaît. On y retrouve toujours les deux ardoises préparées, le fameux jeu aux cinquante-deux sept de carreau, et le bon complice qui déjà tire de sa poche les clefs du coffret avant qu'on ne les lui ait demandées. Tout cela aurait du reste mieux passé si M. Léopold ne s'était complu à nous narrer, à nous tous qui étions venus là pour le Cinématographe, qu'il n’y aurait pas de Cinématographe ou presque pas. Que diable il aurait pu garder ça pour le dernier moment, pour la bonne bouche et nous dire que les fils avalent été gâtés par le soleil du jour même de la représentation. On aurait fait contre mauvaise fortune bon cœur et on n’aurait pas admis la possibilité d’une blague, histoire de faire revenir le public une deuxième fois.
Enfin nous avons vu, bien mal par exemple comme éclairage, marcher le fameux instrument qui n'est, somme toute, que le zootrope perfectionné. Mais c'est égal la surprise qu'il cause à celui qui ne l’a jamais vu est grande et on trouve admirable cette décomposition du mouvement en une vingtaine de positions successives qui donnent par leur assemblage la reconstitution de l’action. Espérons que nous verrons tout cela bien mieux, plus complet, l'instrument mis à la distance voulue, et surtout l'éclairage mieux soigné, une prochaine fois.
Des amis qui ont vu fonctionner l’instrument à Paris, à l'Olympia, dans toute sa gloire et sa perfection, nous en ont dit monts et merveilles. Il y a, paraît-il, quelques tableaux scéniques d'une vitalité extraordinaire, le train qui arrive, la revue, bien d'autre encore. Mais il faut que celui qui fait marcher le Cinématographe ne se trompe pas en tournant la manivelle, car c'est alors qu'on obtient des effets tout à fait inattendus. La chose est arrivée à Marseille où l'appareilleur voulant, dans la vue de la gare, faire machine en arrière, montra au public un train qui arrivait avec les roues tournant en sens contraire, des gens qui rentraient dans les wagons à reculons, un monsieur, au buffet, qui s’enlevait les morceaux de la bouche et un voyageur, au water-closet qui... qui rengainait son compliment, quoi ! et auquel la bonne femme qui tenait rétablissement remettait trois sous pour l’opération. Bon! voilà que je me mets à contrefaire le père Sabouleux. Il est préférable que je m’en tienne là.
Le Monsieur de l’Orchestre.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 8 septembre 1897, p. 2.
Le Cinématographe de Léopold Bernard (Société du Chat d'Or, 11 octobre 1897)
Léopold Bernard doit remettre à un peu plus tard, une séance cinématographique prévue pour le 6 octobre :
La représentation que M. Léopold Bernard, le prestidigitateur illusionniste bien connu en Indo-Chine se proposait de donner ce soir est remise à mardi prochain 12 courant: C’est à cette occasion que le public de Hanoi pourra faire connaissance d'une façon sérieuse avec le ciné... le cinéma... diable de mot !.... le ci-nê-ma-to-gra-phe; ouf? ça y est !
Nous avons eu l’occasion de voir hier soir quelques unes des principales vues arrivées par le dernier courrier, quelques uns de ces flipps imprimés sur peau de boudin (n’ayant pas servi à d'autre usage bien entendu), et nous pouvons affirmer que la bouquetière, la scène du bain d’une parisienne, l'arrivée du train, le pont de Neuilly, les danseuses du Moulin Rouge sont des plus intéressantes. Les danseuses du Moulin Rouge devraient être données comme vue finale. Elles ont leur danse terminée, une manière de saluer le public qui ne manque pas d'un certain galbe.
L’appareil présente dans son maniement plusieurs difficultés qu’il faut arriver à surmonter. Ainsi la production de la lumière oxhydrique, la mise au point exact, la façon de tourner la manivelle de manière à éviter à la vue des trépidations désagréables sont choses qui exigent beaucoup de soin et c’est dans l'intérêt du public que M. Léopold Bernard, voulant être bien sûr de son instrument, a remis la représentation.
Nous espérons que le public de Hanoi lui saura gré de ce désir de le satisfaire, et qu’il viendra très nombreux admirer ces tableaux qui, nous le répétons, donnent exactement l'idée de la vie. V.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 6 octobre 1897, p. 2.
Finalement la séance a lieu le lundi 11 octobre :
La représentation donnée par M. Léopold Bernard dans le local de la Société du Chat d'Or, avait attiré lundi soir environ cent cinquante personnes désireuses de se rendre compte des attrayants effets produits par les tableaux du cinématographe.
Dans une première partie M. Léopold Bernard nous a montré quelques uns de ses trucs les plus réussis : les mystères du baldaquin, le déshabiller de l'indigène et l'escamotage d'une jeune personne.
La deuxième partie, celle où nous avons été initiés aux dessous de la cinématographie, a réussi d’une manière suffisante. Nous ne prétendons pas autre grand maître en la matière, n'ayant jamais eu du reste à nous occuper de ces questions, mais il est plusieurs points qui laissent considérablement à désirer dans ces exhibitions; nous n'avons pas la prétention de décider si la faute en revient à l'instrument ou à l’opérateur; toujours est-il qu'il y a trois points qui nous semblent bien faibles, à nous qui ne jugeons que sur le résultat obtenu. D'abord la mise au point, pour laquelle on perd un temps infini qui impatiente le public; puis l'éclairage qui ne vaut rien; en dernier lieu le jeu de la manivelle qui, alors qu’il est fait d'une façon trop lente, rend trop visibles les changements de clichés et produit des trépidations désagréables pour la vue et qui nuisent beaucoup aux charmes que l'on attend de l'illusion. Peut-être nous objectera-t-on que si l'on hâtait le tour de la manivelle les scènes se dérouleraient trop vite. C'est possible, et peut-être sera-ce, avec le temps, affaire des gens qui construisent ces appareils de décomposer les mouvements en un plus grand nombre de vues.
Plusieurs des productions étaient réellement excellentes et du plus joli effet. Le pont de Neuilly a fourni l'occasion de nous faire admirer le scintillement des eaux de la Seine, le joli mouvement des canots la justesse des coups de rames. L'arrivée du train est une page vraie, que tout le monde a vue au naturel, sauf peut-être le coup final de la rencontre du cycliste avec le monsieur qui ne parvient pas à se caser et qui lui assigne finalement une place de parterre sur le trottoir de la gare, ce qui donne à la scène un grand succès de franc rire. Très jolis les tableaux du menuet et les danseuses du Moulin rouge; très appréciés surtout les revers de leur photographie. Ennivrante la jolie personne en toilette primitive, très primitive ayant devant elle un adorable bouquet de fleurs, moitié chair moitié... roses qu'elle distribue au public, -les dernières s'entend. Ah heureux, combien heureux le mortel qui a attrappé au vol la dernière lueur que l’aimable et suggestive distributive avait eu soin de préalablement se passer sous le bras. A-t-il dû s'en payer du reniflage de ce subtil parfum, essence de rose et extrait de lum-lum panaché! Veinard, va! Immense succès et ratissage effréné pour le bain de la parisienne, coquette jeune femme qui, de temps en temps, trop parcimonieusement entrouvrait son peignoir, montrant à l'auditoire ce que Phrynée exhibait à l’Aréopage, et alors, oh alors! — Bref on ne se croyait plus au Chat d'Or à Hanoi, mais plutôt à Paris, au Chat noir. Non pas que je veuille prétendre qu’on ne pourrait pas voir ça ici et aussi beau. Ce serait faire une injure gratuite dont je me sens absolument incapable, V.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 13 octobre 1897, p. 2
1898
Le Cinématographe de Léopold Bernard (<28 septembre 1898)
Léopold Bernard présente des vues animées avec son cinématographe :
M. Léopold, le prestidigitateur indochinois venu à Hanoi, appelé par le Résident supérieur pendant les dernières fêtes, va quitter cette ville après avoir donné quelques soirées bien suivies.
On nous annonce son retour pour l'hiver prochain et il promet de nous rapporter des scènes variées de cinématographie qu'il attend de France incessamment.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 28 septembre 1898, p. 2.
1899
Le cinématographe de Gabriel Veyre (Cercle de l'Union, 4 mai 1899)
Collection R. Moreau et Cie. Série "Tonkin". Hanoï. Cercle de l'Union. (avant 1903)
C'est à la fin du mois d'avriol que Gabriel Veyre est annoncé. Il est prévu qu'il projette quelques vues animées au Cerle de l'Union :
Hier matin est arrivé à Hanoi M. G. Veyre, qui vient de faire un voyage fort intéressant en passant par l'Amérique centrale, le Canada, et la Chine.
M. G. Veyre qui est un photographe éminent, a rapporté de ces voyages des vues splendides; il se propose de donner des séances publiques et gratuites de cinématographie, mais il ne s'agit plus, dans le cas occurent, des images trépidantes que nous avons déjà vues; la projection est nette et franche.
M. Veyre a fait à Shanghai des conférences sur les travaux de M. M. Auguste et Louis Lumière qui sont parvenus à obtenir des couleurs.
Nous donnerons demain de plus amples détails sur cette découverte dont les échos nous avaient déjà apporté le bruit, et nous donnerons à nos lecteurs, dont bon nombre sont photographes amateurs, quantité de détails sur ce nouveau mode qui est appelé à révolutionner ll'art de la photographie.
Nul doute que le meilleur accueil ne soit résrvé par la populationd'Hanoi à M. Veyre qui a eu le plaisir de retrouver parmi un de nos plus sympathiques concitoyens, M. Serra, un de ses anciens camarades d'études.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 29 avril 1899, p. 2.
Les projections de Gabriel Veyre sont à nouveau annoncées quelques jours plus tard :
Nous sommes heureux d'annoncer que M. G. Veyre, représentant de la maison Lumière va donner à Hanoi des séances de projections en couleurs et de cinématographie; quelques-unes de ces séances seront prvivées, les autres publiques.
Nous nous sommes mis entièrement à la disposition de M. Veyre pour l'aider dans l'organisation de ces séances qui offriront à nos concitoyens un intérêt de premier ordre. Nous donnerons sur le programme de ces soirées les renseignements précis lorsque les jours et les endroits seront définitivement fixés.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, lundi 1er et mardi 2 mai 1899, p. 2.
Finalement, l'inauguration a lieu le jeudi 4 mai :
M. G. Veyre, représentant de la maison Lumière, donnera jeudi soir à 8 h 30 une séance de projections de photographies en couleurs et de cinématographe, aux membres du Cercle de l'Union et à leurs familles.
Nous donnerons le programme dans notre numéro de demain.
Cette séance sera donnée dans le local du Cercle.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 3 mai 1899, p. 2.
Le compte rendu publié trois jours plus tard offre de nombreux détails sur la soirée et le répertoire :
INFORMATIONS
Hier soir, au cercle- le l'Union, M. G. Veyre a donné la séance annoncé. L'affluence était nombreuse, des dames et des enfants se pressaient drus une des salles du cercle aménagée pour la circonstance.
A 9 heures environ, la projection des photographies couleurs commençait; cette projection était faite à petite distance et bien réussie ; les nuances étaient bien rendues et la finesse de ton, la délicatesse des détails des ombres, ont beaucoup surpris ceux qui n’avaient pu examiner les clichés au stéréoscope ; comme résultat, c’était tout bonnement merveilleux ; les œillets, les orchidées les pierres précieuses avec leur eau, les fruits appétissants et à point, les instruments de musique, la prise d'eau, sont en effet superbes.
Les scènes qu'a déroulées en suite le cinématographe ont beaucoup intéressé; il est cependant à regretter que l'écran ait été placé aussi bas et que la brise I'ait fait remuer un peu trop fréquemment; l'installation était faite à la hâte, de telle sorte que le haut des personnages était projeté en dehors de l'écran; mais ce sont là des questions de détail auxquelles il sera facile de remédier dans les prochaines séances. Les visions sont nettes. Il serait fastidieux de détailler tout au long les tableaux animés qui ont vécu un instant sous les yeux des spectateurs.
Citons au hasard, parmi ceux qui ont excité le plus d'intérêt:
Un Bataille de neige, où une population mêlée, nommes, femmes, enfants, voire même des chiens et des bicyclistes se livre à une véritable mêlée.
L'Arrière du train, tableau classique que nous avons tous présent a la mémoire et qui nous rappelle le pays ; les voyageurs sont tous pâles comme s'ils avaient eu le mal de mer ; on reconnaît non les personnes, mais des modèles connus; la petite bonne, le garçon boucher, le jeune homme eu quête d 'emploi qui émigre de son village avec son modeste baluchon: peut-être vient-il chercher fortune au Tonkin, les mouvements gauches .les enfants sont parfaitement rendus.
Un Bataille de femmes interrompue par un chien ; une balayeuse envoie, par mégarde ou intentionnellement — on ne sait jamais avec les dames - de la poussière sur la robe d’une passante, celle-ci se fâche; d’où gros mots et crêpage de chignons en règle ; des voisines viennent s'interposer et donner à la lutte une tournure épique; un homme (qu'allait-il faire dans celle galère?...) se jette dans la mêlée et reçoit sa part de horions. C'est un chien qui vient mettre le hola, non sans avoir houspillé, fortement quelques-unes de ces viragos. Brave animal, va!
Citons surtout d'une façon toute spéciale: La Défense du Drapeau, les Chasseurs Alpins, le débarquement des troupes, et enfin, les projections cinématographiques coloriées ; Le Défilé de turcos et une barque en mer.
Ces dernières, peintes par les japonais avec l'art et la patience que chacun leur connaît ont été particulièrement remarquées; ce sont d ailleurs deux petites merveilles.
En résumé, excellente soirée, et pour les spectateurs, et pour MM. Lumière frères, qui, en la personne de M. Veyre, ont obtenu le large succès que mérite leur admirable découverte.
L'on s'est donc séparé enchanté et il convient de féliciter MM. les membres du cercle de leur heureuse idée, ainsi que de la façon superbe dont ils ont organisé et aménagé leur local.
En I absence de M. le Président, M. Blanc, vice-président, faisait les honneurs.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 6 mai 1899, p. 2.
Le Cinématographe de Léopold Bernard (Hôtel du lac, 31 juillet 1899)
Collection R. Moreau, Hanoi. Série "Tonkin". 136. Hanoi, Hôtel du Lac. (avant 1903)
Léopold Bernard organise une séance à l'hôtel du Lac à la fin du mois de juillet :
INFORMATIONS
Nous avons assisté lundi soir à la séance donnée a l’hôtel du Lac par Léopold. Il y avait beaucoup do mondé cl on étouffait, quelque peu dans la salle, les pansas étant trop élevés dans une partie et manquant totalement dans l'autre.
Beaucoup estimaient que le prix d'entrée, une piastre, était excessif.
Mais un instrument qui a le don d'horripiler les auditeurs, c'est le "grand orchestrophone de la maison Thibouvilie" comme le dénomme le programme : il est prudent de ne le faire entendre que lorsque les portes sont fermées et la salle remplie, car il suffirait pour chasser tous ceux qui auraient l'intention d'entrer. Cela fait un bruit épouvantable sans qu’il soit possible de reconnaître l'air qu'on est en train de moudre.
L'heure indiqué par le programme est 8 h 3/4, ce qui n'empêche pas qu’on a commencé une demi-heure plus tard.
M. Léopold a commencé par vouloir faire un speech ; on lui a fait comprendre de toutes sortes de façons que l'on voulait entendre le photographe et voir les vues cinématographiques et qu'on lui faisait grâce de la partie du programme qui comprend la prestidigitation.
Le photographe, tout le monde l'a déjà entendu ; il a toujours son ton nasillard et horripilant.
Comme choix de morceaux, on aurait certainement pu être plus heureux. « La femme et la pipe. » « Ah ! la pau... la pauvre fille» n'ont certainement rien de remarquable.
A chaque morceau on applaudit : "quel artiste. ce Léopold!" et c’est vrai, mais sa modestie l’empêche, de se rengorger.
Après la séance de phonographe haut parleur, dernier modèle, Léopold qui tient absolument à montrer ses petits talents de société fait quelques tours de prestidigitation qui n’ont pas le don d'intéresser les spectateurs, au contraire.
Si bien faites qu'elles soient ces machines-là sont tellement vieilles qu'elles n’intéressent plus personne, même celui qui les fait.
Voici enfin la vraie partie intéressante, les vues cinématographiques. Elles paraissent, projetées sur l'écran, avoir moins de trépidation qu’autrefois. Parmi celles qui nous ont intéressé davantage citons ; les "têtes, scènes à transformation", "le Bain de mer" en couleurs, "la leçon de bicyclette avec la chute de la dame"; "Les clowns et les tours de chapeaux" "Loie Fuller", "la passage de pompes à vapeur à Paris", "Charbonnier et Arlequin", "l’arrivée du tramway à Cholon" "les coolies annamites tirant le rouleau", "le squelettes joyeux". Tout d'ailleurs serait à citer. Quel artiste, ce Léopold !
En somme on a passé là une agréable soirée, un peu chaude, entassés, encagés, mats contents quand même; c’est tout ce que pouvaient désirer et Léopold et le public.
L’Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 2 août 1899, p. 2.
1901
Le Cinématographe de Léopold Bernard (Théâtre, 22 octobre 1901)
Léopold Bernard offre un spectacle cinématographique au Théâtre à la fin du mois d'octobre :
Mardi soir, a eu lieu, au théâtre d'Hanoi, la représentation cinématographique et de prestidigitation, donnée par M. Léopold.
C'est devant une salle à peu près comble que cette représentation a eu lieu.
Plusieurs numéros de prestidigitation ont été particulièrement applaudis.
Mais, c'est surtout la partie cinématographique qui a recueilli tous les bravos du public. Certains numéros ont été bissés.
Nous souhaitons à notre impressario la continuation de son succès.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, jeudi 24 octobre 1901, p. 2.
Le Cinématographe (Bal de la Philharmonique, 26 octobre 1901)
Des projections cinématographiques sont organisées à l'occasion du Bal de la Philharmonique :
Le bal de la Philharmonique.-On pourrait presque dire, même, la première réunion mondaine de la saison, car, samedi dernier, pour la première fois, les salons étaient pleins d'une foule brillante: toilettes claires, habits noirs, dolmans, se pressaient autour de la scène, aux galeries, charmant l'œil de leur polychrome mélange.
[...]
Et puis, le programme était attrayant. Rien m'y manquait: monologues, chansons, comiques, exécutions de morceaux de piano, projections cinématographiques.
[...]
Comme à l'ordinaire, les projections cinématographiques ont été bien faites. Elles eussent peut-être gagné à être renouvelées, car plusieurs spectateurs ont pu voir, de la sorte jusqu'à trois et quatre fois, en moins d'une semaine, défiler les mêmes rouleaux.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, lundi 28 et mardi 29 octobre 1901, p. 2.
Le Cinématographe (31 octobre 1901)
Une séance de projection cinématographique est organisée pour les élèves des écoles à la fin du mois d'octobre :
Communiqué:
L'autorité militaire a décidé qu'en raison de la séance de cinématographie qui doit être donnée jeudi prochain (31 octobre) aux élèves des écoles et aux enfants de Hanoi, la musique militaire jouera exceptionnellement ce jour-là, à 8 h. 1/2 du soir, au lieu de 5 h. (square Paul-Bert).
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, 31 octobre 1901, p. 2.
Le Cinématographe (Hanoi-Hôtel, 3 novembre 1901)
Léopold Bernard propose une soirée cinématographique au début du mois de novembre :
Nous apprenons que M. Léopold donnera dimanche soir 3 novembre, une séance de cinématographie à Hanoi-Hôtel.
Cette soirée comportera comme programme une première partie de prestidigitation et une seconde de cinématographie avec vues nouvelles et inédites.
L'entrée de la salle est de 1 $ et de 0 $ 50 cents pour les enfants.
Bon succès à M. Léopold.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 2 et dimanche 3 novembre 1901, p. 2.
1902
Le Cinématographe (25 février 1902)
À l'occasion des fêtes de Hanoï, des séances cinématographiques sont organisées :
Les Fêtes de Hanoi
[...]
Fête enfantine
La commission des Fêtes n'a pas oublié les enfants. Elle a songé à les amuser. Cela est bien de donner du plaisir aux bambins. En attendant la séance de cinématographe, fillettes et garçons ont tourné aux sons de l'orchestre. Le cadre était vraiment charmant. Comme il y a ici de jeunes mamans ! Combien d'enfants aux mines colorés ! Qui viendra donc dire aujourd'hui que l'on s'anémie au Tonkin.
M. Léopold, le prestidigitateur bien connu, nous a montré un cinématographe bien installé, avec des vues très intéressantes qui a excité les éclats de rire des enfants.
La nuit commence à tomber. La séance prend fin et, avec regret, les petits minois réjouis se disposent à regagner la demeure maternelle. La place se vide. L'heure du dîner va sonner.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, samedi 1er et dimanche 2 mars 1902, p. 1.
1903
Le Cinématographe (Café de la Rotonde, 4-5 décembre 1903)
Le Café de la Rotonde offre des séances de cinématographie en décembre :
Cinématographe
Les amateurs de cinématographe seront heureux d'apprendre que demain et mardi soir auront lieu à neuf heures, au Café de la Rotonde, quartiers du grand bouddha, deux intéressantes séances cinématographiques.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, dimanche 6 décembre 1903, p. 2.
1904
Le Cinématographe de Léopold Bernard (Rue de la Poissonnerie, <24 octobre 1904)
Léopold Bernard donne des séances de cinématographie rue de la Poissonnerie :
POUR FINIR LA SOIRÉE
[...]
A la suite d'un dîner de famille, plusieurs de nos compatriotes voulant terminer agréablement la soirée, décidèrent de se rendre à la représentation du Cinématographe installé par M. Léopold rue de la Poissonnerie.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, lundi 24 et mardi 25 octobre 1904, p. 1.
1906
Le Cinématographe (Théâtre Municipal, 31 janvier-1er février 1906)
Des séances de cinématographie sont données au Théâtre Municipal au début de l'année :
Théâtres et concerts
Mercredi et jeudi au Théâtre Municipal
Représentation de cinématographe avec projection de vues sur pellicules neuves. Au Programme:
Le Royaume des fées en et trois parties comprenant: le L'Enlèvement. L'Embarquement et le naufrage.
2e-Les Profondeurs de la mer. La cour de Neptune.
3e-L'Incendie. Le Sauvetage. Le retour. Cendrillon.
Grande série extraordinaire en 20 tableaux.
etc. etc.
Le spectacle mérite d'être vu.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 31 janvier 1906, p. 3.
Le Cinématographe de la Compagnie parisienne (Hôtel Métropole, 13,15 et 17 février 1906)
Collection L. L. 59. Hanoi. L'Hôtel Métropole.. Début XXe siècle.
Compagnie Parisienne.-M. Hicks, directeur du théâtre "Compagnie parisienne", revenant d'Haiphong, donnera ce soir mercredi, 13, vendredi et dimanche, prochain, trois représentations à l'Hôtel Métropole.
Ces représentations comprennent, plusieurs attractions: cinématographe, danses, poses plastiques et magnétisme.
Entrée libre.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, mercredi 14 février 1906, p. 3.
{slder Le Cinématographe de Dufresne (Salle du café de Métropole, 15 mai 1906)}
Le photographe Dufresne donne une séance de cinématographe à la mi-mai :
Séance de cinématographie.
-Ce soir, 15, à 8 h. 1/2, M. Dufresne, photographe à Haiphong, donnera dans la grande salle du café de Métropole une séance de cinématographie qui promet d'être des plus intéressantes, si nous en jugeons par quelques uns des numéros inscrit au programme: Les Maçons, Jours de guigne; Rêve à la lune (pellicule de 140 mètres); La Suisse en hiver (3 pellicules); Réhabilitation (pellicule de 350 mètres).
L'entrée est fixée à une piastre.
L'Avenir du Tonkin, Hanoi, lundi 14 et mardi 15 mai 1906, p. 2.