- Détails
- Création : 9 décembre 2023
- Mis à jour : 18 janvier 2024
- Publication : 9 janvier 2024
George KLEINE
(New York, 1863-New York, 1931)
Jean-Claude SEGUIN
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Charles B. Kleine (Dresde, 10/1838-) épouse Helen "Lena" Martin (Bade, [1840]. Descendance :
- Oscar Bruno Kleine (New York, 10/1860-New York, 29/11/1911) épouse Carrie D. Morrows ([1878]-)
- George Kleine (New York, 18/02/1863-New York, 08/06/1931) épouse (Milwaukee, 26/01/1895) Béatrice Oldfield (Rochester, 1867-New York, 1923). Descendance :
- Helen, Beatrice Kleine (Chicago, 28/10/1903-Orange, 02/05/1995) épouse Robert S. Gormley (Minnesota, 03/03/1906-Mamaroneck, 12/1974).
- Louisa Kleine (New York, [1865]-)
- Richard Kleine (New York, [1866]-)
- Lena Kleine (New York, 1868-)
- Charles Kleine (New York, [1872]-)
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Les origines (1863-1895)
Le père, Charles B. Kleine, originaire d'Allemagne, émigre, avec ses parents, aux États-Unis en 1850. La famille s'installe à New York et Charles suit pendant deux ans sa scolarité dans les écoles publiques. Il rentre alors en apprentissage chez Benjamin Pike's Sons comme le rapporte The Moving Picture World:
He was then apprenticed to the old firm of Benjamin Pike's Sons. That firm in its day was considered the leading concern in the manufacture of optical goods in America. There are few perhaps who remember this old and famous concern. With that firm Mr. Kleine learned his trade thoroughly and in every branch.
KLEINE, 1911: 371.
Après cinq ans d'apprentissage, Charles Kleine travaille dans une fabrique d'optique avant de se mettre à compte à partir de 1865. Vers 1870, ilexerce la profession de "brass finisher" (poseur d'œillets en laiton sur des articles en cuir). Il se lance ensuite dans la fabrication de lampes à huile :
By this process Mr. Kleine revolutionized stereopticon work and opened a great field for lecture work, which has been popular ever since, and elevated it from a home-talent affair into a genuine profession. With the success of the calcium stereopticon, the making of microscopes became part of his business, and it has remained so from that time until now.
KLEINE, 1911: 371.
Au recensement de 1880, il figure comme opticien avec son fils aîné Oscar.
Charles B. Kleine (Dresde, 10/1838-)
Quant à George Kleine, il est né, comme ses frères, à New York (1863), fait ses études au College of the City of New York et obtient ses diplômes A. B. (Promotion 1882). Avant 1892, son frère aîné, Oscar, s'installe à Chicago où il est employé chez Louis Manasse, avant de se mettre à son compte :
For many years Mr. O. B. Kleine was employed in the big establishment of Mr. Manasse. Among other duties it was Mr. Kleine's special charge to keep a record of the temperature registered by the "standard" thermometer and furnish the same to the newspapers of the city for publication. Now Mr. Kleine, being a scientific man, observed that in spite of all he could do the thermometers he hung out would soon get to lying about the temperature.
[...]
He accordingly opened up in business for himself in the pure atmosphere and moral environment of Nº 76 Washington street. There Mr. Kleine says his thermometers work all right, and he will now be able to give the correct temperature as it really exists on the South Side.
The Inter Ocean, Chicago, vendredi 12 janvier 1894, p. 4.
The Inter Ocean, Chicago, vendredi 12 janvier 1894, p. 4. | Oscar Bruno Kleine (New York, 10/1860-New York, 29/11/1911) |
George Kleine rejoint son frère dans son entreprise d'optique et d'appareils de projection, inaugurée probablement dans les derniers jours de l'année 1893 ou en janvier 1894.
The Inter Ocean, Chicago, jeudi 25 janvier 1894, p. 8.
Le Cinématographe (1896-1906)
Le père Charles B. Kleine, opticien de longue date, va s'intéresser à la nouvelle invention et à l'optique appliquée à la projection animée :
With the advent of moving pictures a still wider scope of operation opened to this thorough-going optician and he was one of the first to work out the various problems in optics as applied to present-day film projection. Projection work in moving pictures was in a very crude and unprofessional form until Mr. Kleine came forth with the combination dissolving stereopticon, as applied to the moving picture machine. From that time on, projection work has risen to a much higher plane.
Mr. Kleine is the last of the old school of optical experts who knew the business from every angle. In his time he has made spectacles, microscopes, telescopes, lenses, thermometers, surveying instruments, moving picture machines and various other devices for which a thorough knowledge of optics is required.
KLEINE, 1911: 371.
Le Magniscope (1896-1902)
George Kleine, tout comme son père, va porter un intérêt au cinématographe. S'il n'invente pas lui-même un nouvel appareil, son attention est attirée par celui qu'Edward Hill Amet met au point avec le soutien financier de George Kirke Spoor, responsable du Phoenix Opera House de Waukegan. C'est en cours de développement que George Kleine, qui va en assurer la commercialisation, l'aurait baptisé "Magniscope". Les premières annonces de sa mise en vente datent du mois de septembre 1896.
The New York Clipper, New York, 19 septembre 1896, p. 462. | |
Chicago Tribune, Chicago, jeudi 3 décembre 1896, p. 8. | The New York Clipper, New York, 19 septembre 1896, p. 462. |
Dès le mois de novembre 1896, au moins, les premiers exemplaires du "Magniscope" circulent, principalement dans l'Est des États-Unis (Illinois, Indiana, Michigan, Nebraska, Wisconsin...). Son répertoire est constitué, pour l'essentiel, de vues animées du catalogue Edison. On trouve encore quelques occurrences en 1902 : Chicago (novembre 1896), Kenosha (novembre), Louisville (novembre), Detroit (décembre), Fall River (décembre 1896), Richmond (janvier 1897), Blair (janvier), Huntington (janvier), South Bend (janvier), Fort Wayne (janvier-février), New London (janvier-février), Sioux City (février), Austin (février), Chanute (février), Fort Scott (février), Parsons (février), Richmond (février), Piqua (février), Alma (mars), Streator (mars), Marysville (mars), Niles (avril), Brookfield (avril), Little Rock (avril), Muscatine (avril), Logansport (avril), Pittsfield (avril-mai), Virginia (mai), Kansas City (juin), Traverse City (juin), Salem (juin), Calumet (juillet), Hillsboro (août), Clay Center (août), Dixon (septembre), Knoxville (septembre), Lexington (septembre) Calumet (octobre), Beloit (octobre), Yale (octobre, novembre), King City (décembre), Humeston (décembre), Grand Rapids (mars 1898), Dixon (avril), Barre (juillet), Waukegan (novembre), Angola (novembre-décembre), Richwood (janvier 1899), Oshkosh (février), Waterloo (juin), Lancaster (juillet), Platteville (novembre), Boscobel (décembre), Stevens Point (janvier 1900), Sioux Falls (mars), Wellington (juillet), Bucyrus (avril 1902), Burrton (juillet)... Puis, le nom de l'appareil disparaît de la presse américaine. Si le Magniscope n'a eu qu'un succès commercial limité, son rayonnement et sa permanence en font, malgré tout, un appareil singulier.
L'association entre les deux frères, Oscar et George semble n'avoir été que de courte durée. Si les deux noms apparaissent dans les annonces de la fin de 1896, à l'adresse 76 Washington st., dès l'année suivante, l'établissement a été transféré au 126 State st. et seul le nom de George Kleine est désormais signalé comme représentant de la Kleine Optical Company comme on peut le lire dans l'encart publicitaire suivant.
Sterling Standard, Sterling, jeudi 10 juin 1897, p. 4.
D'ailleurs, dès 1900, Oscar Kleine réside à Cleveland (Ohio) et, en 1902, il se déclare en faillite.
Outre le magniscope, la Kleine Optical Co. commercialise des vues fixes pour illustrer des chansons.
The New York Clipper, New York, 2 avril 1898, p. 86.
Edison (1900-1906)
Dès 1900, The Kleine Optical Co. va se recentrer sur les activités cinématographiques. La société est, en particulier, l'agent d'Edison à Chicago pour le "Stereo-Projecting Kinetoscope" et les films.
The New York Clipper, New York, 7 avril 1900, p. 137. | Chicago Tribune, Chicago, dimanche 30 novembre 1902, p. 61. |
C'est également dans le cadre de ce rapprochement qu'un accord est passé le 20 mai 1901 entre l'Edison Manufacturing Company (Orange) et la Kleine Optical Company (Chicago). Il s'agit de mettre à la disposition du photographe John F. Byrnes un appareil de prise de vues et des négatifs :
NOW, THEREFOR, it is agreed as follows:-
1. Said Edison Company agrees that it will furnish to said Kleine Company, for the use of said Byrnes, the Kinetographic camera and the negative film stock referred to in the sais agreement.
11. Said Kleine Company covenants and agrees that negative films made by said Byrnes and accepted by it shall be promptly forwarded to said Edison Company at Orange, N. J., and shall be and remain the property of said Edison Company.
[D0128AAC], Agreement, Klein Optical Co, Edison Manufacturing Co, May 20th, 1901.
John F. Byrnes semble ainsi avoir travaillé quelque temps pour George Kleine, mais aussi pour Edison. Dès 1902, la société va proposer des vues animées à la location comme on peut le lire dans certaines publicités :
Motion picture films can be rented for single evenings for use in Chicago with Universal kinetoscope.
Actual motion pictures os scenes from all over the earth brought in to the parlor: mystic, comic, descriptive, nursery tales, ocean views, railroad trains, fire scenes, etc.
Chicago Tribune, Chicago, dimanche 30 novembre 1902, p. 61.
Lors du recensement de 1905, les parents de George Kleine résident à Bloomfield (New Jersey).
Kleine Optical Company. E. Meyer Express" (c. 1905) [D.R.]
Dès 1906, La Kleine Optical Co. devient également l'agent de la Biograph et de la Vitagraph et distribue également la production de la maison Pathé.
The New York Clipper, New York, 24 février 1906, p. 34. | |
The New York Clipper, New York, 10 mars 1906, p. 100. |
Et après... (1907-1931)
Dès 1907, la Kleine Optical Co diffuse également les productions Gaumont et Méliès, puis c'est le cas de Urban-Eclipse, Lux, Raleigh & Roberts, Theophile Pathé, Urban-Eclipse, Warwick, Walturdaw, Clarendon Film Co., Aquila-Ottolenghi, Itala Films (Rossi), Ambrosio... En 1908, la guerre des brevets l'oppose à Edison:
Another bomb in the moving picture war was exploded simultaneously with the arrival in this city of W. E. Gilmore, Vice-President and General Manager, and Frank L. Dyer, General Counsel for the Edison Manaufacturing Company, when suits were filed in the United States Circuit Court against George Kleine and the Kleine Optical Company of Chicago, for alleged infringement on the film patent issued years ago to Thomas A. Edison.. "Edison Company in Court Againts the Opposition",
Variety, vol. X, nº 1, 14 mars 1908, p. 11.
En décembre, le conflit est temporairement résolu avec la création, en janvier 1909, de la Motion Picture Patents Company. En avril 1910, George Keine vend son circuit de distribution à la General Film Company dont il devient le vice-président (1910-1913), puis Président. Il réside toujours à Chicago (recensement 1910). On lui doit la distribution de films essentiels des années 1910 dont plusieurs péplums : Quo Vadis (1913), Les Derniers Jours de Pompéi (1913), Cléopâtre (1913), Spartacus (1913). C'est au cours de cette période qu'il se rend d'ailleurs en Europe comme en témoigne sa demande de passeport (1913) et ses voyages en 1913 et 1914.
"A Corner in the Kleine Optical Company's Office, Chicago, Ill."
The Moving Picture World, juillet-septembre 1914, p. 270.
Avec la 1re Guerre Mondiale, les contacts avec les productions européennes se distendent et, dès 1914, les importations sont arrêtés au profit d'une production locale: Edison, Essanay et Selig. En décembre 1918, il ferme ses succursales et, à partir de 1919, il continue ses activités en son nom propre comme celle de distributeur et développe le secteur des films pédagogiques. Il réside encore à Chicago en 1920 Il se retire des affaires en 1928 et s'installe à New York (recensement 1930) où il décède en 1931.
Chidnoff Studios, George Kleine (années 1920)
Source : Library of Congress.
Sources
"C. B. KLEINE RETIRES", The Moving Picture World, vol. 10, nº 5, 1911, 4 novembre 1911, p. 371.
"Death of Oscar B. Kleine", The Moving Picture World, vol. 11, nº 11, 16 décembre 1911, p. 894.
FRYKHOLM Joel, George Kleine and American cinema: The Movie Business and Film Culture in , BFI.
HORWITZ Rita et Harriet HARRISON, The George Kleine collection of early motion pictures in the Library of Congress. A Catalog, Washington, Library of Congress, 1980.
RAMSAYE Terry, A Million and One Nights, "Volume 1", New York, Simon and Schuster, 1926, p. 299-302.
RAMSAYE Terry, "George Kleine's death removes able founder of film business", Motion Picture Herald, 13 juin 1931, p. 12 et 43.
"The Kleine Optical Company", The Moving Picture World, juillet-septembre 1914, p. 270.