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GRUPO DE REFLEXIÓN SOBRE EL MUNDO HISPÁNICO

Paul MORTIER

(Saint-Étienne, 1857-Paris, 1920)

Jean-Claude SEGUIN

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Pierre, Marie Mortier ([1817]-) épouse Antoinette Blanc ([1830]-). Descendance :

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Fils d'un négociant de la place Marengo (Saint-Étienne), il figure comme ingénieur civil aux usines de Roche-la-Moliìere et Firminy au moment de son mariage en 1888. Homme d'affaires, il est à la tête de la Société Élctrique du Lignon. Après la naissance de sa fille Marguerite, en juillet 1889, il s'installe à Saint-Étienne où vont naître ses trois autres enfants.

mortier paul 1892 societe electrique
Memorial de la Loire et de la Haute-Loire, Saint-Étienne, mercredi 31 août 1892, p. 4.

Paul Mortier participe à plusieurs société dont l'Omnium lyonnais de Chemins de Fer et Tramways :

Omnium lyonnais de Chemins de Fer et Tramways
[...]
M. Paul Mortier, ingénieur civil des Mines, demeurant à Saint-Étienne (Loire), place Mi-Carême, 7.


Le Salut public, Lyon, dimanche 6 février 1896, p. 4.

L'Alethoscope et l'Aléthorama (1896-1898)

S'il a déjà déposé des brevets d'invention, Paul Mortier va s'intéresser, en 1896, à la nouvelle invention : le cinématographe. Il dépose en effet un brevet, le 17 février 1896, pour un "appareil dénommé ALETHOSCOPE, destiné à enregistrer photographiquement les scènes animées et à les reproduire soit par projection, soit par vision directe avec ou sans l'illusion du relief" (FR 254090 du 17 février 1896). Il s'agirait donc d'un appareil réversible qui aurait en outre la capacité de projeter des vues en relief. La presse scientifique ne semble pas avoir consacré d'article à cet appareil. Dans un article publié en août 1896, il apparaît que l'appareil, désormais appelé "aléthorama", n'est toujours pas en état de fonctionnement :

Les rayons X.
M G. Chéri Rousseau, fidèle aux traditions de sa maison, suit avec un soin jaloux tous les progrès de son art : les rayons X qui permettent de photographier l'invisible, et le cinématographe qui reproduit, au moyen d'une série de clichés photographiques, le mouvement des personnages enregistré par l'objectif, ne pouvaient le laisser indifférent.
De concert avec notre savant électricien M. Mortier, M. Chéri-Rousseau a eu l'excellente idée d'organiser au n°13 de la rue de Paris un cabinet de physique, où le public, pour une somme très modique, pourra venir s'initier aux progrès de la science nouvelle.
C'est aux premières expériences de ce cabinet mystérieux que MM. Rousseau et Mortier avaient convié hier un petit comité spécial et auxquelles il nous a été donné d'assister avec nos confrères de la presse stéphanoise.
[...] Quant au cinématographe, on dit merveille du nouveau que vient d'inventer M. Mortier et qu'il a appelé l'Aléthorama, mais auquel il est en train d'apporter un dernier perfectionnement. On parle surtout d'un "pêcheur à l'épervier" dont tous les mouvements sont rendus avec une fidélité étonnante. Mais ne le déflorons pas !...
Inutile d'ajouter que l'art ne pouvait être négligé là où M. Chéri-Rousseau mettait la main. Aussi a-t-il justifié le nom de Salle des Nouveautés artistiques et industrielles qu'il a donné à son nouveau salon de la rue de Paris, en y exposant de vrais petits chefs-d'œuvre.
[...]
Tant de science et tant d'art réunis justifient le succès et, sans poser au prophète, nous le prédisons très grand à MM. Gaston Rousseau et Paul Mortier.
Ce ne sera que justice.


Le Stéphanois, Saint-Étienne, 12 août 1896, p. 2-3. 

Si des essais semblent avoir eu lieu - évocation d'une vue Un pêcheur à l'épervier -, Paul Mortier doit procédé à certains ajustements. En attendant, Paul Mortier dépose un brevet pour un "appareil servant à photographier des scènes quelconques et à les reproduire par projection sur un écran" (FR254.697 du 12 mars 1896) et un autre pour un "appareil pour la reproduction de scènes animées dit Le Moto-Simplex" (FR268.145 du 25 juin 1897/CH) qu'il cosigne avec les deux frères Rousseau. La mise au point de l'aléthorama va, semble-t-il, prendre plusieurs mois et ce n'est que le 27 novembre 1897, lors de l'inauguration des séances à Saint-Étienne, qu'un public choisi assiste pour la première fois aux projections de cet appareil. L'une des singularités de l'aléthorama est de choisir le défilement continu des photogrammes, contrairement au choix opéré par la plupart des appareils cinématographiques. Pendant plusieurs mois, de novembre 1897 à juin 1898, l'aléthorama est ainsi exploité avec un succès signalé par la presse. Alors que les dernières séances ont lieu, Paul Mortier dépose, le 2 juin 1898, un nouveau brevet - dont il existe une version britannique GB189822713A - qui est une autre mouture de celui du 17 février. De façon assez paradoxale, c'est alors que l'exploitation s'achève que la presse va s'intéresser amplement à ce dernier aléthorama. C'est ainsi le cas d'Albert Londe qui consacre un article détaillé (L'Aléthorama) dans La Nature. Dans son ouvrage, La Photographie animée, Eugène Trutat consacre plusieurs pages à l'appareilLa presse étrangère n'est pas en reste et l'on touve ainsi des articles dans les revues américaine Scientific American Supplement (07/01/1899) et espagnole, La Ilustración artística (17/10/1898). Pourtant, la diffusion de l'appareil semble limitée à Saint-Étienne, à moins que l'aléthorama n'ait été exploité sous d'autres noms.

rousseau gaston alethorama affiche
René Péan. Le Monde animé par l'Aléthorama. c. 1898.

Et après... (1899-1920)

L'exploitation de l'aléthorama ne freine nullement les autres activités de Paul Mortier. D'une part, il participe activement comme ingénieur à plusieurs sociétés et il figure comme expert chargé d'évaluer le bilan de la société des Mines de la Bouble :

Mines de la Bouble
[...]
4e Que M. Léon Bernard, expert-comptable, demeurant à Lyon, rue de l'Hôtel-de-Ville, nº 34, ete M. Paul Mortier, ingénieur, demeurant à Saint-Étienne, ont été nommés commissaires chargés de faire un rapport sur le premier exercice et la situation de la Société; MM. Bernard et Mortier ont déclaré accepter le mandat qui leur a été confié.


Le Salut public, Lyon, jeudi soir 10 mars 1898, p. 4.

En 1900, il fonde plusieurs sociétés :

CONSTITUTION DE SOCIÉTÉ.-"Société anonyme des anthracites de Pierre-Châtel", fondée par M. Paul Mortier, ingénieur civil des mines, à Saint-Étienne, et des actionnaires. Siège à La Mure. Cap. 10,000 fr. Administrateurs: MM. Henri Charvet, de Lyon; P.-J. Gondrand, de Voreppe, et Mortier (Me Arnaud, notaire, La Mure).


Le Dauphiné, dimanche 11 novembre 1900, p. 271.

Il est aussi l'un de fondateur également de la Société Houillère du Nord d'Alais (Gard). Il vint encore à Saint-Étienne (recensement 1901) lorsque qu'il dépose un nouveau brevet pour un nouvel "appareil cinématographique" (FR 310.770 du 2 mai 1901 et GB190123564A). en 1903, il enregistre un brevet toujours un "appareil cinématographique" (FR330863A du 2 avril 1903). En 1906, Paul Mortier et sa famille quittent Saint-Étienne pour Lyon (Recensement 1906). Un autre brevet est déposé en 1908, toujours pour un "appareil cinématographique" (FR388933 du 6 avril 1908). On sait que la famille réside à Lyon jusqu'au mois de mai 1910. Par la suite Paul Mortier s'installe à Paris où il réside dès le mois de novembre 1910. S'il a déposé un nombre important de brevets, le dernier directement en rapport le cinématographe date de 1913 pour un "perfectionnement à la cinématographie en couleurs par sélection trichrome simultanée" (FR456203A du 31 mars 1913).

Il décède à Paris en 1920.

Sources

LONDE Albert, "L'Aléthorama", La Nature, nº 1520, 17 septembre 1898, p. 253-255.

TRUTAT Eugène, "Aléthorama, nouvel appareil cinématographique (système P. Mortier)", La Photographie animée, Paris, Gauthier-Villars, 1899, p. 133-138.

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