NEVERS

Jean-Claude SEGUIN

Nevers, chef lieu du département de la Nièvre (France), compte 26.000 habitants (1894). 

1896

La photographie animée de M. Dufour (Rue du Commerce/Place du Lycée. Café Bussy, 12-20 septembre 1896)

nevers cafe bussy
Edition: P. Rollin. Café Glacier. Bussy Propriétaire. Place du Lycée et Rue Rémigny. Nevers.

M. Dufour présente des projections animées au café Bussy. Il organise, tout d'abord, une séance privée réservée, en particulier, aux journalistes, le samedi 12 septembre :

La photographie animée
Depuis longtemps les Parisiens et les habitants des grands centres, en province, ont la bonne fortune de suivre les progrès immenses que vient de faire l'art de la photographie. Grâce aux ingénieuses et bouleversantes découvertes de MM. Lumière père et fils et des nombreux savants qui étudient les perfectionnements, nous pourrons le dire, de cet art nouveau.
M. Dufour, le sympathique directeur de la Photographie parisienne, tenant à faire profiler les habitants de la ville de Nevers de toutes les merveilles, vient de se procurer et d'installer d'une façon très complète et très confortable, grâce à l'habile et compétente intervention de M. Bernard, électricien, rue du Commerce, dans les salons accessibles pour tous et fort bien tenus du premier étage du café Bussy, un appareil qui permettra de juger de cette découverte inexprimable et du mouvement photographié.
La vie dans toutes ses manifestations, les mouvements des foules, les aspects les plus variés des scènes les plus imprévues sont traduits aux yeux du spectateur d'une façon si réelle et si brutale qu'il croit assister aux spectacles dont il serait lui-même comme un des acteurs. Nous reparlerons des nombreuses attractions et des curieuses vues que doit projeter M. Dufour ; disons seulement aujourd'hui que ce soir samedi a lieu la soirée d'essai devant un public d'intimes, que nous y sommes conviés et que fidèlement nous voudrons faire part à nos lecteurs de ce que nous avons vu.


Le Journal de la Nièvre, Nevers, dimanche 13 septembre 1896, p. 2.

Dans son édition du mardi 15 septembre, Le Journal de la Nièvre publie un compte rendu de cette séance :

La photographie animée.
Samedi soir, ainsi que nous l'avions annoncé, un public choisi a eu la bonne fortune d'assister dans les salles du premier étage du café Bussy aux essais de photographies animées présentées par M. Dufour.
Pendant trois quarts d'heure les spectateurs ont été tenus sous le charme de projections animées, véritables tranches de vie prises sur le vif. M. Dufour nous a promenés successivement sur les boulevards et sur les places de Paris et de Moscou, nous transportant comme par enchantement, pauvres Nivernais que nous sommes, au milieu du brouhaha et de l'agitation si curieuse et si mouvementée de ces grandes capitales. Puis nous avons assisté à des spectacles variés, tous plus attrayants les uns que les autres : luttes athlétiques, danses auvergnates, la gigue, si exactement traduite qu'on se serait cru dans un music-hall de Londres ; enfin une foule de tableaux vivants où les gestes des personnages étaient vraiment traduits exactement comme dans la vie réelle.
On ne peut décrire l'effet produit par ce spectacle ; il faut avoir vu pour se rendre compte de cette ingénieuse et merveilleuse découverte.
Tout Paris a défilé devant les appareils installés de tous côtés et principalement au musée Grévin. On se pressait aux portes, on sortait émerveillé et on revenait pour regarder encore, et chaque jour la foule des curieux s'augmentait de parents, d'amis, mis au courant des impressions ressenties.
A Nevers, M. Dufour est certain de trouver le même enthousiasme ; la réclame se fera d'elle-même, et tous voudront voir ce qui semble invraisemblable, les photographies vivantes et agissantes, la dernière découverte de la science photographique, l'attraction incomparable d'aujourd'hui.
Disons que M. Dufour, aidé de M. Bernard, électricien, a terminé la mise au point très exacte de ses appareils ; les essais satisfaisants déjà, que nous avons vus sont maintenant complètement terminés ; tout désormais marche à souhait et, dès demain mardi, des séances auront lieu tous les soirs pour la grande satisfaction de tous ceux qui ne manqueront pas d'y assister.


Le Journal de la Nièvre), Nevers, mardi 15 septembre 1896, p. 3.

Une dernière annonce est publiée peu après :

La photographie animée
Nous rappelons aux lecteurs du Journal de la Nièvre que chaque soir MM. Dufour, photographe, et E. Bernard, électricien, offrent à huit heures et demie du soir, dans les salles du premier étage du café Bussy place du lycée, à Nevers, une série de photographies animées de plus en plus réussies.
Ces reproductions des scènes de la vie parisienne, de l'activité moscovite ou de l'indolence italienne sont véritablement surprenantes ; tous les personnages se meuvent dans un cadre assez vaste pour qu'aucun de leurs mouvements ne passe inaperçu.
La note gaie est largement représentée par des sujets très convenablement choisis et ne pouvant choquer personne.
Entre temps, quelques amateurs font de la bonne musique.
Plusieurs séances sont données chaque soir.


Le Journal de la Nièvre, Nevers, dimanche 20 septembre 1896, p. 2.

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