Le prince finit par s'apaiser et m'accorda une protection que je n'osais plus espérer.
— Je veux bien vous croire, conclut-il, mais il reste néanmoins décidé que nous n'irons pas à votre exposition. Nous ne poserons pas non plus devant vos appareils, ni la princesse, ni moi. Mais si vous voulez vous rendre à Southampton, l'amiral Claris se mettra à votre disposition pour vous faciliter la prise d'un beau film sur l'embarquement de nos troupes pour l'Afrique.
Il ne s'agissait, en réalité, que d'un épisode assez maigre, car huit cents hommes seulement et quatre cents chevaux devaient prendre place à bord du Maplemore. J'acceptai tout de même, heureux finalement de m'en tirer à si bon compte. Et le prince fit transmettre sur l'heure ma requête à l'amiral Clark, apostillée de sa main.
Quelques jours plus tard, lorsque j'arrivai à Southampton, je fus accueilli magnifiquement. Des fusiliers marins faisaient la haie, présentant les armes. Et l'amiral, en gants blancs, offrit le bras à ma femme... Nous ne pouvions nous tenir de rire, tant cette réception contrastait avec celle du palais Saint-James. J'installai ma tour, avec l'aide de marins tout fiers de cette mission de confiance, et j'enregistrai l'embarquement des huit cents hommes et des quatre cents chevaux. Photographiquement parlant, les vues obtenues étaient excellentes. Mais elles ne présentaient que peu d'intérêt. Il fallut néanmoins s'en contenter.GRIMOIN-SANSON Raoul, Le Film de ma vie, Paris, Les Éditions Henry-Parville, 1926, p. 102-103.