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Dispositions pour le dessin ou Lili s'amuse

Lili a de grandes, d'énormes dispositions pour le dessin et, à peine âgé d'une douzaine d'années passe son temps à esquisser sur les murs de l'appartement paternel une série de silhouettes plus ou moins humoristiques. Les parents sont en admiration devant le petit prodige et aveuglément lui pardonnent de mettre la maison dans un tel état.
Justement ce matin-là, Lili dessine et la maman, derrière lui, est en extase devant la caricature que compose son fils. Le père arrive, ne cache pas non son admiration, mais plus pratique, constate sur sa montre que l'heure de partir à l'école est arrivée. Lili muni de son béret et de ,son cartable obéit et quitte la maison.
Nous le retrouvons cheminant dans la rue. Malheureusement, un fiacre est là offrant au jeune dessinateur une superbe surface noire. Lili ne peut résister a une telle occasion et, cédant à sa passion du dessin, il trace sur la voiture un superbe paysage. La voiture s'en va et Lili continue son dessin monté sur l'arrière-train du véhicule.
Il arrive alors auprès d'un jeune pâtissier qui joue aux billes avec un petit ramoneur.
Quelle belle place blanche le dos du pâtissier offre à un croquis. Lili en profite pour dessiner un superbe chat sur la veste du jeune homme ; ce dernier s'en aperçoit, et bondit furieux. Lili d'un mouvement brusque renverse le pâtissier et vient s'asseoir dans le panier de ses gâteaux. Et Lili se sauve en riant.
Devant un magasin une jeune ouvrière cause à un agent, Lili dessine sur le dos de l'agent, un splendide chat; puis se sauve sans demander son reste lorsque le stratagème est découvert.
Devant un mur, un monsieur très élégant lit des affiches, son vêtement forme une superbe place noire. Lili dessine dans le dos du bonhomme un moulin splendide et s'enfuit. Il était temps, car les personnages précédents, se sont réunis et arrivent furieux, courant à la recherche du petit polisson.
Une grosse dame cause avec un militaire. Sa jupe blanche est fortement tendue sur un postérieur de belle taille. Lili n'hésite pas une minute et, sur le... dos de la grosse dame, il esquisse une formidable lune. La dame, surprise par un chatouillement imprévu, se retourne et s'aperçoit de la farce, elle s'évanouit clans les bras de son interlocuteur. Lili prend la fuite.
Lili arrive devant un banc sur lequel un vieux bonhomme somnole. Son chapeau est à côté de lui et son crâne complètement chauve s'offre. aux regards de Lili. Vite il saisit son crayon et, sur le crâne dessine une tête amusante. Mais le bonhomme se relève et entre en fureur. Tous les personnages arrivent à ce moment poursuivant l'incorrigible vaurien. Lili se sauve.
Nous nous trouvons, devant un mur assez haut. Se voyant poursuivi, Lili escalade le mur.
Dans son jardin, un bonhomme arrose au moyen d'une lance. Il s'absente un instant. Justement Lili paraît à la crête du mur. II saute dans le jardin et s'empare de la lance d'arrosage. Les poursuivants paraissent au haut du mur: Lili leur administre une formidable douche, car à mesure qu'une tête paraît, il dirige sur elle le jet de la lance et les personnages dégringolent de la lance et les personnages dégringolent de l'autre côté du mur. Lili en profite pour se cacher dans une cuvette qui se trouve là et, quand les poursuivants ont enfin passé devant lui sans l'apercevoir, il sort de. sa cachette et reprend en riant le chemin par où il était venu.

Phono-ciné-gazette, Paris, 2^e année, nº 40, 15 novembre 1906, p. 434.