Un crime au village

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Un crime au village

(Grande scène dramatique)
1°. - La moisson. L'arrivée du chemineau.- Sur une place dans un village. Les moissonneurs sont attablés devant un cabaret; un garde-chasse trinque avec eux.
Se guidant au poteau indicateur de la route, un malheureux chemineau s'approche des ouvriers et demande du travail au maître de ferme. Le patron accepte cette offre et tous partent aux champs.
A l'écart un individu au regard sombre et mauvais a paru s'intéresser vivement à cette scène et, des qu'il est seul, des qu'il est sûr de n'être aperçu par personne, il prend le chemin du château.
Le crime. - L'incendie. - Dans un salon du château. Un homme s'introduit pour voler. C'est le personnage mystérieux que nous avons vu un instant auparavant ; il s'empare des bijoux qui se trouvent dans les meubles, mais, ayant entendu du bruit, se cache derrière une porte. La  chatelaine sort de sa chambre et pousse un cri en apercevant le voleur. Affolé le misérable lui saute a la gorge et la frappe d'un coup de couteau. Une fillette arrive, attirée par le bruit. L'assassin la jette à terre et se sauve.
Arrivé dans la cour du château, le meurtrier pense que l'enfant pourrait le reconnaître et le dénoncer. Pour faire disparaître à jamais toute trace de son crime il met le feu au château. Le père, arrivant en automobile, contemple cet épouvantable spectacle et prévient les pompiers.
Nous assistons à un sauvetage émouvant de la mère et de la fille que les pompiers arrachent des flammes qui dévorent la maison.
L'arrestation.- Sur la place du village. sous les rayons du soleil les moissonneurs reviennent du travail dans un décor charmant et de vérité et de naturel artistique.
Le patron les invite à entrer au cabaret et le chemineau, qui n'a pas perdu son temps, laisse sur un siège sa besace et son paquet pour aller se rafraichir avec ses compagnons.
A cet instant arrive l'assassin ; -- Se voyant seul il glisse dans le sac du chemineau un des bijoux volés afin de détourner les soupçons et d'égarer la justice.
Son idée n'est pas sans résultat car, ayant recherché sur les indications du garde-chasse le chemineau récemment arrivé dans le village, le juge d'instruction arrête le malheureux.
Les transformations d'un assassin. Nous assistons alors a la transformation du meurtrier qui se rend absolument méconnaissable en faisant disparaître sa barbe, sa moustache et en substituant à son habit misérable en costume élégant.
Chez le juge d'instruction. - Tout accable le chemineau qui se désespère sous les reproches du juge d'instruction.
On introduit alors la victime qui, chancelante ,encore des suites de sa blessure, doit être confrontée avec l'assassin présumé.
Mais ni la chatelaine ni sa fillette ne reconnaissent le chemineau. Elles, jurent qu'il est innocent.
Le juge d'instruction signe une ordonnance de non-lieu et fait mettre l'accusé en liberté.
Justice. - La victime sort du tribunal en compagnie de son mari et de sa fille. Un homme passe à cet instant. C'est le criminel ! Malgré sa transformation il ne peut réprimer un geste d'effroi. Ce mouvement n'échappe pas à la fillette qui crie au secours. Se voyant reconnu et voulant s'enfuir le misérable tire un couteau de sa poche. II commettrait un nouveau crime si le chemineau qui sort de prison à cet instant n'apercevait le danger.
Il détourne l'arme de l'assassin et, doué d'une force peu commune, force le misérable a se plonger lui-même son couteau dans le cœur. Justice est faite !
Phono-ciné-gazette, 2e année, nº 37, Paris, 1er octobre 1906, p. 374 et 376.

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1 Mendel   
2 n.c.  
3 < 01/10/1906  
4 France.  

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