Léopold BERNARD

(Saint-Denis, 1869-Saïgon, 1918)

bernard leopold portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Eugénie Bernard. Descendance:

  • Léopoldine Bernard (-<1918). Descendance:
    • Léopold Bernard (Saint-Denis, 15/07/1869-Saïgon, 31/07/1918).
    • Camille Bernard (Saint-Denis, 15/07/1869-)
    • Marie Bernard épouse Marius Didier
    • Léonie "Zezette" Bernard
    • Agathe Bernard épouse Gustave Daspect
    • Berthe, Léopoldine Bernard épouse René, Constant Blot

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Originaire de l'île de la Réunion, Léopold Bernard figure comme "cinématographiste" dans le Bulletin de la Société des Études indo-chinoises (1904, p. 110) dont il est l'un des membres. En 1906, à l'occasion de l'Exposition Coloniale de Marseille, il présente de nombreuses vues cinématographiques que lui a commandé le gouvernement :

Laissons de côté les établissements de moindre importance, pour essayer d'esquisser les installations cinématographiques de l'Exposition Coloniale.
En tout honneur, la première place revient à M. Léopold Bernard, commissaire spécial chargé par le gouvernement d'apporter, si je puis m'exprimer ainsi, l'Indo-Chine à Marseille. A peine est-on, entré dans ce hall annamite, qu'inondent des flots de lumière, que tout s'éteint et que, sur un vaste miroir écran, nous voyons défiler sous nos yeux les mœurs et les coutumes, les usages des annamites, des cambodgiens, des tonkinois ; c'est merveilleux et j'avoue n'avoir jamais rien vu d'aussi beau.
Toutes ces vues prises par M. Léopold Bernard lui-même pour l'Exposition Coloniale sont projetées par de jeunes opérateurs annamites d'une dextérité étonnante.
Les vues d'une netteté et d'un fini remarquables ont été tirées par la maison Pathé ; elles mériteront, nous n'en doutons pas, pour celui qui les a prises avec tant de talent, une distinction spéciale et une récompense particulière.
Le soin d'organiser un enseignement aussi attractif que celui des vues animées, a été confié a M. Outrey, commissaire général de la Cochinchine à l'Exposition Coloniale de Marseille.
Quoique placé en arrière du théâtre Indo-Chinois, le cinématographe est constamment visité par les amateurs des scènes vécues, car les vues de Cochinchine, d'Annam, du Tonkin, du Laos, et du Cambodge, donnent l'illusion de la réalité en même temps qu'une idée juste de la richesse et de la beauté de nos grandes colonies d'Extrême-Orient.
Après les ruines d'Angkor, une des merveilles du monde, Pnom-Penh, la capitale du Cambodge, et son Pnom, à l'escalier fantastique, sur lequel se dressent des géants et des monstres, nous retrouvons les petites danseuses de Sisowath, qui ont charmé les Parisiennes au Pré-Catelan et attiré tout Marseille à l'Exposition.
Puis, le long défilé des éléphants du roi. Les paysages cochinchinois avec leur végétation exubérante et leur grouillante population ; il y a là particulièrement des foules d'enfants chinois, birmans, indiens, annamites, cambodgiens, jouant dans la cour d'une école, c'est une vraie fourmilière humaine; en un mot, tout ce qui peut renseigner absolument sur la vie et les mœurs de ces curieux pays, se déroule animé, pendant une demi-heure, sous les yeux du public sans cesse se renouvelant.
Toutes les vues ont été prises sur place par le professionnel de talent, doublé d'un véritable artiste, qu'est Léopold Bernard, et pour le compte du gouvernement de l'Indo-Chine. Un personnel exclusivement annamite est chargé de la manœuvre des appareils perfectionnés de la Maison Pathé, pendant que le jeune et intelligent Toï explique successivement les vues au spectateur et cela avec une pureté de langage étonnante ; la langue annamite étant surtout phonétique, la prononciation étant douce et chantante, on éprouve un véritable charme a écouter ses courtes énonciations.
La fabrication des bandes cinématographiques, malgré la chaleur et l'humidité de la colonie, n'a pas été un travail facile, les professionnels doivent s'en douter, mais M. Léopold Bernard est un travailleur obstiné que rien n'arrête. Depuis dix-huit ans en Indo-Chine, il s'est des premiers occupé du cinématographe, et, le premier, il a fait connaître dans ces curieux pays, cette merveilleuse invention, avec laquelle il a passionné les populations indigènes. Là-bas, on l'appelle "Léopold" tout court : c'est un familier, un sympathique, qui amuse et qui instruit. Tous les coloniaux le revoient avec plaisir au théâtre Indo-Chinois ; toute l'Indo-Chine le connaît. Je suis heureux d'ajouter ces quelques lignes à celles que M. Gaspard Galy  a publiées dans le Petit Marseillais et de constater cambien il a réussi en mettant le cinématographe à la hauteur d'une méthode pédagogique.
(A suivre)
F. MEUNIER.


Phono-ciné-gazette, 2e année, nº 37, Paris, 1er octobre 1906, p. 372.

C'est la maison Pathé qui s'est occupé du traitement des copies et qui prête son matériel pour l'Exposition.

En 1911, il est propriétaire du Casino, un cinématographe qui fonctionne sur la rue Pellerin.

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Baudouin. photo. Marseille, Saïgon-Le CasinoLéopold Bernard, Directeur.

En 1916, le casino va s'agrandir comme le rapporte l'article suivante:

Au Casino de Saigon.-Mercredi soir, à neuf heures, à l'angle du Boulevard Bonnard et de la rue Pellerin, grand animation à l'occasion de la nouvelle installation du Casino; l'établissement de M. Léopold Bernard, complètement remis à neuf et agrandi en de notables proportions avait excité la curiosité des Saigonnais, qui s'y rendirent en foule; il y fit très chaud et les personnes placées dans les extrêmes loges ne purent jouir entièrement du spectacle qui se composa presque exclusivement de scénettes, de chants et monologues; la voix de certains artistes n'arrivait toujours pas jusqu'aux oreilles des spectateurs; est-ce à cause de l'acoustique de la salle ou du manque de voix de certains artistes, nous ne suarions le dire, au juste; mais, ce fut bien regrettable, car on perdit ainsi une excellente occasion de se divertir.
La seule vue cinématographique offerte au public, était peut-être un peu trop vieille, bien qu'elle fut cependant d'actualité, à part les courses à Auteuil qui ont pris fin en 1914.
Néanmoins, ce fut une belle soirée dont les Saigonnais sauront se souvenir.


Saïgon sportif, Saïgon, samedi 7 octobre 1916, p. 6.

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Saïgon. Le Casino. Boulevard Bonnard.

À la suite, il va constituer un réseau de salles: le Casino de Mytho (Mytho-ville, boulevard des Tirailleurs), le Casino de Cantho (Cantho-Ville) et le Casino de Bentré (Bentré-ville).

Léopold Bernard décède en 1918. Ses héritiers vont constituer, en 1923, laSociété Anonyme pour l'exploitation des cinémas Léopold Bernard 

Sources

"Société Anonyme pour l'exploitation des cinémas Léopold Bernard", Les Affiches saïgonnaises, Saïgon, vendredi 20 avril 1923, p. 4-6.

"Le Casino (cinéma), Saïgon". https://www.entreprises-coloniales.fr/inde-indochine/Casino_de_Saigon.pdf

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