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Une bonne farce

Devant une épicerie. Des tonneaux, des pots de confitures, des sacs sont rangés là pêle-mêle. A quelques pas, un agent de la compagnie des eaux, muni d'une lance d'arrosage, asperge la chaussée. L'épicier sort, cause un instant a l'arroseur, et l'invite à venir se rafraîchir au cabaret voisin. Tous deux partent, bras dessus, bras dessous, après avoir recommandé a un jeune apprenti de veiller sur la boutique et sur la lance d'arrosage.
Mais, le gamin, resté seul, commence à s'ennuyer, et voit une bonne blague à faire. Il prend un tonneau et le pose devant la porte ; puis, ayant pris un sac de toile, il en recouvre le tonneau. Il enfile ensuite dans le trou du tonneau la lance d'arrosage, de façon à en faire le nez d'une énorme tête. Après quoi, il prend une balayette et un pot de confitures et, sur le sac, trace des yeux, des cheveux, et une bouche, ce qui donne au tonneau recouvert l'aspect d'une figure affreuse et de dimensions formidables. Puis il ouvre la lance, dépose son pied sur le tube en caoutchouc, un client arrive, vieille femme typique. Elle sursaute en apercevant la tête fabuleuse, puis, intriguée, s'approche pour contempler ce phénomène, mais le gamin lève le pied et la cliente, furieuse, reçoit en pleine figure le jet énorme de la lance d'arrosage, tandis que l'épicier et l'arroseur ,reviennent du cabaret: Ils tressaillent devant ce spectacle imprévu et administrent au jeune farceur une correction méritée.

Phono-ciné-gazette, 2^e année, nº 34, Paris, 15 août 1906, p. 313.