Henry DE GRANDSAIGNES D'HAUTERIVES

(Pont-l'Abbé, 1869-Paris, 1929)

grandsaignes henry portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Louis, Etienne, Hermian, Gustave de Grandsaignes d'Hauterives (Villefranche-de-Lauragais, 18/07/1821-Loctudy, 02/05/1897)

  • épouse (Pont-l'Abbé, 07/11/1854) Alix, Esther Cosmao-Dumenez (Pont-l'Abbé, 18/11/1832-Pont-l'Abbé, 28/11/1865). Descendance :
    • Maurice, Jean, Charles, Prosper de Grandsaignes d'Hauterives (Pont-l'Abbé, 24/06/1857-L'Éguille, 20/12/1914) épouse (Le Gua, 21/04/1884) Claire, Hélène, Magdelaine de Saint Légier de la Saussaye (Cognac, 09/11/1862-[1943]). Descendance:
      • Claire, Augustine, Alix, Thérèse de Grandsaignes d'Hauterives (Le Gua, 05/02/1885-[1922]) épouse (Cognac, 20/07/1908) Charles, Marie, François, Jean vicomte de Gaalon (Magnac-Laval, 25/08/1882-)
    • Louise, Marie. Augustine de Grandsaignes d'Hauterives (Pont-l'Abbé, 05/03/1856-[1932]) épouse Alfred Le Merle de Beaufond (Paimboeuf, 27/08/1840-1914). Descendance:
      • Alix, Henriette, Elisabeth, Marie Le Merle de Beaufond ([1877]-)
      • Charles, Alfred, Maurice Le Merle de Beaufond (Pleyber-Christ, 26/11/1878-)
      • Alfred, Maurice, Gustave, Marie Le Merle de Beaufond (Pont-Croix, 19/01/1881-Tricot, 26/03/1918) épouse Yvonne de Roussel de Préville (1888-1968). Descendance:
        • Guy Le Merle de Beaufond (1907-1982)
        • Alix Le Merle de Beaufond (1908-1927)
        • Marie, Thérèse Le Merle de Beaufond (1910-1917)
        • Maurice Le Merle de Beaufond (>1908-1943)
      • Elisabeth Le Merle de Beaufond (1882-1928)
  • épouse (Paris 17e, 24/02/1868) Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat (Briec, 25/07/1841-Pont-l'Abbé, 20/12/1920). Descendance:

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Origines  (1869-1896)

Héritier de deux familles de la noblesse française, Henry de Grandsaignes d'Hauterives est le fils d'un receveur des douanes. La famille est recensé, à Pont-l'Abbé, en 1872, mais elle n'y figure plus en 1876. Dans les années 1880, Henry de Grandsaignes suit des études de droit à Poitiers. C'est au début de 1892 qu'il semble s'être rendu aux États-Unis :

THE PARISIAN'S PASSENGERS
RIMOUSKI WHARF, Que., June 18.-List of saloon passengers per Allen line mail steamer Parisian, Captain Ritchie, from Liverpool, inward at 3.45 a.m. [...] Vicomte de Grandsaignes.


The Montreal Herald, Montreal, lundi 20 juin 1892, p. 5.

En juin 1894, il épouse Delphine, Cécile, Charlotte Subé, fille du proviseur du lycée de Limoges qui donne le jour à leur fils Tony en septembre 1895 à Paris. Il est alors principal clerc d'avoué et le couple habite au nº 5 de la rue Faustin-Hélie.

Henry mène alors un train de vie qui va avoir raison de son couple:

Mais Charlotte veut être comtesse, Henry veut être riche, et le couple mène un train de vie absolument extravagant. A peine quelques mois après le mariage ils sont si endettés qu’ils doivent emprunter 10 000 francs et laisser en gage un titre de rente appartenant à Charlotte. Ils liquident ensuite des actions de chemin de fer qu’elle avait apportées en dot. En 1896, Henry est poursuivi par ses créanciers qui font saisir et vendre son mobilier12. Il continue pourtant d ’accumuler les emprunts et les comptes, provoquant le prochain coup de théâtre: “ Marie est près d ’Henry, elle m ’écrit que sans l’en prévenir sa femme poussée par ses parents a abandonné le toit conjugal et aidée de son père va demander la séparation. Henry est à ce qu’il paraît complètement démonté il s’attribue tous les torts et veut partir pour l’Amérique où il compte refaire fortune (...) le passé d ’Henri me fait peur, il est tellement léger et orgueilleux c ’est un garçon intelligent mais tellement faible de caractère qu’il est dans l’impossibilité de tenir à une décision.” (Lettre d ’adieu du comte Gustave à ses enfants. Archives du Finistère (cote 60J67).


LACASSE, 1985: 54.

En 1896, il quitte Southampton à bord du "New York" et arrive à New York le 13 juin 1896. Il séjourne pendant plusieurs mois où il semble avoir mené une vie difficile:

Il s'engage comme débardeur, se blesse au travail, s'endette pour payer les médecins, pendant que sa mère se démène pour trouver des fonds et que son père agonise: " mes lettres, je lui en ai écrit deux depuis son départ et je n ’ai reçu de réponse et je ne sais que penser. La vie est insupportable quelle triste vieillesse que la mienne. Je me demande ce que j ’ai pu faire pour mériter un châtiment si dur. Je n ’ai plus la force de lutter. Je ferme les yeux et j’attends le dernier coup. (Lettre d ’adieu du comte Gustave à ses enfants. Archives du Finistère (cote 60J67).


LACASSE, 1985, 52.

Son séjour correspond à la découverte du cinématographie Lumière aux États-Unis et il est fort probable qu'il se soit intéressé alors à la nouvelle invention. La longue agonie de son père va le ramener en France où Gustave de Gransaignes décède en mai 1897.

L'historiographe (1897-1906)

Le décès de son père va avoir une réelle influence sur l'existence d'Henry Grandsaignes. Avec la complicité de sa mère Marie, Anne, Joséphine, Charlotte Tréouret de Kerstrat, ils vont acheter un appareil de projection qu'ils baptisent "Historiograph". Tout deux décident alors d'exploiter ce cinématographe au Canada. Henry et sa mère embarquent à Liverpool, à bord du "Vancouver", le 7 octobre 1897. Ils figurent sur la liste des passagers sont le nom de "H. de Grandsaignes" (30 ans) et "Mme" (28 ans) qui passe pour son épouse (wife). Il est "lecturer" (conférencier). L'arrivée à Québec a lieu le 16 octobre 1897.

Il ne s'écoule que peu de jours avant qu'une première séance, réservée à une poignée d'invités, n'ait lieu dans les soubassements de l'Eden Théâtre de Montréal. Le succès est au rendez-vous et les projections vont se prolonger jusqu'à la fin de l'année 1897. Pendant les premiers mois de l'année 1898, l'activité d'Henry de Grandsaignes s'oriente clairement vers les lieux confessionnels et de très nombreuses séances sont données dans le cadre d'activités religieuses de bienfaisance, à Québec (avril 1898), par exemple. Les présentations n'excèdent guère plus de deux ou trois jours, probablement parce que le répertoire est bien limité si l'on en juge par le peu de titres présentés. La mère et fils vont ainsi sillonner le Québec, mais également d'autres provinces canadiennes avec quelques incursions, semble-t-il, aux États-Unis. C'est vers le mois de février 1900, que les Hauterives rentrent en France.  

En juillet 1900, Henry Grandsaignes - "Vicomte d'Hauterive" et son "épouse" s'embarquent à Liverpool pour le Canada et arrive à Montréal le 21 juillet 1900. Il déclare avoir 24 ans et elle 22. Pour cette nouvelle tournée, ils disposent d'un nouveau matériel et de vues cinématographiques bien plus conséquentes. Par la suite, la présence de l'Historiographe au Québec est moins importante au profit de séjours plus importants aux États-Unis. Cela est le cas, en particulier, au cours des années 1902 et 1903. Grandsaignes est également présent à l'occasion de la Foire Internationale de Saint-Louis en 1904 où il présente un Edengraph, appareil mis au point par Francis B. Cannock pour l'Eden Musee de Richard Hollaman:

The Edengraph was in use at the Delmar Gardens at St. Louis during the World's Fair at the exhibitions given by Count d'Hauterives, who is well known to the trade as having the largest individual stock of special hand colored films of anyone in the United States, and whose reputation is that of projecting as perfect a moving picture as is possible with the most advanced appliances. Count d'Hauterives operated his own machine, which he treated like a pet child. The count was reticent and would give no information.


"The Story of the Edengraph", The Nickelodeon, 1er août 1910, p. 69.

 Il dispose par ailleurs d'un local à Atlantic City et, à partir de 1906, ils commencent à exploiter des salles à New York.

Et après (1907-1929) 

Henry de Grandsaignes et sa mère exploitent également des salles à Saint-Louis (Missouri) de 1908 à 1910. Ils se rendent également aux Bermudes, à Saint-Pierre-et-Miquelon (1910-1913).

En 1913, Grandsaignes d’Hauterives rentre en France . Il aurait alors occupé un poste de fonctionnaire à Rouen où il habite, (40, rue Moière) avec sa mère, en 1919, au moment d'épouser Marguerite Holleville et alors qu'il figure comme "rentier" sur son acte de mariage. Sa mère disparaît l'année suivante.

Il disparaît en 1929, à Paris.

Sources

LACASSE Germain avec la collaboration de Serge Duigou, "L'Historiographe. (Les débuts du spectacle cinématographique au Québec)", Les Dossiers de la Cinémathèque, numéro 15, numéro 15, Cinémathèque québécoise/Musée du Cinéma, 1985.

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27/10-19/12/1897 Canada  Montréal Eden Musée  L'Historiographe
01/12/1897 Canada Montréal L'Harmory Hall L'Historiographe
12-13/12/1897 Canada Saint-Jérôme Salle du Marché L'Historiographe
10/02/1898 Canada Montréal Sainte Cunégonde/Salle du collège L'Historiographe
 03-05/04/1898 Canada  Montréal  Salle Sainte-Brigide  L'Historiographe
07-09/041898 Canada  Québec  Salle Jacques-Cartier  L'Historiographe
11/04/1898 Canada Québec Saint-Roch/Salle de l'Union Saint-Joseph L'Historiographe
12-[16]/04/1898 Canada Québec Saint-Sauveur/Salle Saint-Pierre L'Historiographe
21-22/04/1898 Canada Québec Rue d'Youville/Salle de l'orphelinat L'Historiographe
29/04-08/05/1898 Canada Québec Académie de Musique L'Historiographe
31/05. 01. 05/06/1898 Canada Victoriaville   L'Historiographe
06/06/1898 Canada Warwick   L'Historiographe
16-20/06/1898 Canada Sherbrooke Rink Opera House L'Historiographe
[05]-07/10/1898 Canada Saint-Jérôme   L'Historiographe
03-05/11/1898 Canada Saint-Hyacinthe Salle de l'Hôtel-de-Ville L'Historiographe
16/12/1898 Canada Montréal Salle du corps de musique de tempérance L'Historiographe
17-19/11/1898 Canada Sorel   L'Historiographe

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