Claude GRIVOLAS

(Avignon, 1855-Saint-Cloud, 1938)

grivolas claude portrait

Jean-Claude SEGUIN

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Louis, Pierre Grivolas (1824-) épouse Marie, Joséphine Riousset. Descendance :

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Les origines (1855-1896)

Issu d'une famille avignonaise connue, Claude Grivolas est le fils de Louis Grivolas qui exerce différents métiers : fileur, taffetassier, trésorier-receveur du Musée des Beaux-Arts. En 1868, l'entreprise commerciale familiale, une filerie de cocons, périclite et Claude Grivolas, alors âgé de 13 ans doit trouver un emploi, tout en suivant des cours du soir. Il est ainsi apprenti chez un photographe, employé dans une maison de tissus en gros, avant de travailler aux Archives départementales (1873-1880). En 1878, il se marie avec une jeune avignonaise comme lui. Parmi ses passe-temps favoris, outre la photographie, l'électricité et la mécanique, il joue les artificiers amateurs et commercialise, de façon illégale, des explositifs, ce qui va le conduire devant le trinunal et lui fait perdre son emploi aux Archives en novembre 1880 :

Le préfet de Vaucluse vient de révoquer le sieur Claude Grivolas, employé au bureau des archives. Cet individu avait l'habitude de fournir aux coupe-jarrets de la faction légitimiste les pétards et les bombes qui étaient tirés inopinément, pendant la nuit, à l'occasion des manifestations réactionnaires, au grand dommage du repos public. Une enquête a révélé que cet employé fabriquait lui-même ces pièces d'artifice et les vendait ensuite aux délinquants.


La Dépêche, Toulouse, lundi 29 novembre 1880, p. 2.

Le Tribunal correctionnel d'Avignon, en date du 16 février 1881, le relaxe :

Par ces motifs, acquitte Grivolas du chef de fabrication de poudre; le déclare au contraire convaincu du délit de détention de poudre de guerre; dit qu'il y a lieu, ayant signalé son vendeur, de le faire bénéficier de l'excuse admise par l'art. 4 du décret du 23 pluv. an XIII et, à raison de ce, le relaxe sans dépens.


Le Journal du Ministère Public, Paris, 1881, p. 45.

Toutefois, Il est finalement condamné par la cour d'appel de Nîmes, en date du 24 mars 1881, à la peine symbolique, d'un franc d'amende pour détention de poudre de guerre sans autorisation. Au moment du jugement, il est installé à Paris où naît sa fille Joséphine (1880). De retour à Avignon, il occupe un poste comme "employé de la préfecture" lorsqu'il est  appelé sous les drapeaux, le 1er juillet 1885. Il est à nouveau à Paris (16 rue Mongolfier) à la naissance de sa fille Thérèse, en 1887, et exerce alors la profession d'électricien. Un article publié dans la presse avignonaise évoque cette période :

Arrivé à Paris sans le sou [...] sans autre bagage que les connaissances qu'il avait laborieusement acquises en électricité, il sut, à force d'intelligence et de travail se créer dans l'industrie de l'électricité une situation.


Le Petit Vauclusien, Avignon, 8 février 1891. [cité dans CHEVALDONNÉ, 2004: 180-181].

Ses activités professionnelles se doublent de plusieurs recherches dont un brevet d'invention pris le quinze septembre 1887 et ayant pour objet un système particulier de support de lampe à incandescence.

 

Jugement (9e chambre correctionnelle du Tribunal civil de la Seine, le 31 décembre 1891) en contrefaçon contre Liotard fils aîné, la veuve Liotard et Soubiran (Le Matin, Paris, 26 février 1892, p. 4).

 

Dès 1891, Claude Grivolas multiplie les activités commerciales et participe à la fondation de plusieurs sociétés. 

Ainsi, en 1891, il fonde la Société d'Éclairage Électrique de Cannes dont l'objet est l'exploitation de l'éclairage et de la force électrique dans la ville de Cannes et dont le siège se trouve à Lyon (12, rue de la République). Claude Grivolas en est l'un des secrétaires ainsi que Jean Neyret.

Il réside à Cannes boulevard de la Foncière, 13 décembre 1892.

Il fonde, en mars 1896, la Compagnie Française d'Appareillage Électrique a pour l'objet :

L'acquisition de l'établissement d'appareils électriques exploité par MM. Sage et Grillet, à Paris, rue Montgolfier, nº 16; l'exploitation industrielle et commerciale de cet établissement, la construction, l'achat et la vente de tous appareillages, accessoires, machines, pouvant servir directement ou indirectement aux applications quelconques de l'électricité et de tous systèmes d'éclairage, chauffage, production et transports de force, que ces systèmes soient pour l'électricité ou autrement.


Alfred BONZON, Manuel des sociétés par action de la région lyonnaise, Lyon, Imprimerie A.. Rey, juin 1899, p. 620-622.

Claude Grivolas est recensé, en 1896, à Chatou (5 avenue de la Faisanderie).

Le Cinématographe (1897-1906)

En 1897, il va se rapprocher de Charles Pathé avec l'intention de lui proposer une collaboration :

M. Grivolas était un amateur riche et ingénieux. Il travaillait, lui aussi à la construction d'un appareil spécial pouvant, à volonté, photographier ou projeter de 20 à 40 images à la seconde au lieu de 16. À l'occasion, il nous chargeait de quelques travaux et nous achetait des films de provenance Edison, surtout pour ses expériences.
[...]
Sa première visite avait eu lieu en Octobre 1897. Quelques semaines plus tard, il vint me demander si, éventuellement, nous serions disposés, mon frère et moi à donner à notre affaire l'extension qu'elle méritait en la vendant à un groupe important dont il était le mandataire: « Si vous admettez le principe. d'une participation aux bénéfices pour nous deux, lui répondis-je, il n'y a aucun doute que mon frère et moi, ne considérions votre offre». Il répondit affirmativement. D'accord avec mon frère, je rédigeai sur-le-champ une option stipulant le paiement d'une somme de 100.000 francs en espèces, plus 100.000 francs d'actions d'apport. 


PATHE, 1940: 47.

La Compagnie Générale de Cinématographes, Phonographes et Pellicules est donc formée le 11 décembre 1897. Elle a pour objet :

L'acquisition et l'exploitation industrielle et commerciale des ateliers de fabrication et magasins de vente d'objets concernant les cinématographes, phonographes et autres articles de MM. Pathé frères, demeurant à Paris, rue de Richelieu, nº 98.


Alfred BONZON, Manuel des sociétés par actions de la région lyonnaise, Lyon: Imprimerie A. Rey, juin 1899, p. 722.

Le capital est fixe à 1.000.000 de francs. Quant à Claude Grivolas, il apporte à la société "la promesse de vente du fonds industriel et commercial que MM. Pathé frères exploitent à Paris, rue de Richelieu, 98, ensemble la clientèle, la concession d'exploitation des brevets, etc. En représentation de cet apport, il est attribué à M. Grivolas 1500 actions, entièrement libérées, de 100 francs chacune." Claude Grivolas figure comme asministrateur, alors que Jean Neyrat et Joseph Gignoux sont les présidents de la compagnie.

Il figure également comme administrateur de la Manufacture Française d'Appareils de précision (1898)

Compagnie générale de Cinématographes, Phonographes et Pellicules

En 1898, il devient l'un des administrateurs de ls société Manufacture Française d'Appareils de Précision qui a acquis l'entreprise fondée par René Bunzli et Victor Continsouza :

Manufacture française d’Appareils de Précision. — Constitution. — Suivant acte sous seing privé, fait à Paris le 6 janvier 1898 et déposé chez Me Vian, notaire à Paris, il a été formé une Société anonyme ayant pour objet : L’acquisition et l’exploitation industrielle et commerciale des ateliers de fabrication et magasins de vente d’objets et d’appareils de précision exploités par MM. René Bunzli et Continzouza, rue Fontaine-au-Roi, n° 6, Paris ; l’achat, la construction, la location et la vente de tous immeubles ; la construction, l’achat, la vente et la location de tous appareils, instruments, systèmes accessoires, machines quelconques, brevets, concessions de brevets et autres, pouvant servir directement ou indirectement aux applications quelconques des arts, des sciences et de l’industrie. Le siège social est à Paris, 25, boulevard de la Villette. La durée est fixée à 99 aimées. Le fonds social est fixé à 350.000 fr. divisé en 3.500 actions de 100 fr. chacune sur lesquelles 850 sont attribuées au fondateur. Les 2.650 autres actions ont été souscrites et libérées du quart.
Sur les bénéfices nets, il sera prélevé : 1° 5 % pour la réserve légale ; 2° 5 % pour les actions à titre de dividende. Sur le reliquat, il sera attribué 10 % au Conseil d’administration. Le surplus pourra être affecté à un compte d’amortissement ou de réserve. L’excédent sera réparti aux actions à titre de 2e dividende. Ont été nommés administrateurs : MM. Léon Devilaine ; Claude Grivolas ; Jean Neyret. — A. P., 19 février 1898.


Cote de la Bourse et de la banque, vendredi 25 février 1898, p. 4.

Et après... (1907-1938)

 

Assemblée générale ordinaire du 28 mai 1907 de la Compagnie Générale de Phonographes, Cinématographes et Appareils de précision.

Claude Grivolas est recensé (1911) à Saint-Cloud où il figure comme industriel.

CLAUDE GRIVOLAS
[...]
M. Grivolas met encore son activité infatigable au service d'entreprises utiles à l'hygiène, à la tête de la Société nouvelle des stérilisateurs Cartault, ces précieux appareils stérilisent l'eau et la débarrassent radicalement de tous les germes pathogènes en la portant à 115 degrés sous pression, sans ébullition et conservent à l'eau toutes ses propriétés et la restituent fraîche et limpide. Ce souci de la santé d'autrui est encore la cause de l'intérêt qu'il porte aux eaux de Saint-Nectaire, dans le Puy-de-Dôme, cette délicieuse partie de l'Auvergne.
Dévoué collaborateur de nos expositions françaises à l'étranger. M. Grivolas a reçu la consécration officielle des récompensés, par les médailles d'or à Paris en 1900, et Saint-Louis 1904 ; les grands-prix à Liège 1905 et Milan 1906. Il triomphe actuellement dans différentes sections de l'exposition de Gand, sans doute un avenir prochain lui réserve mieux encore.
H. Arnaud-Moulin.


Le Public, Paris, samedi 12 juillet 1913, p. 2.

Établissements Filtz et Grivolas
Les Ateliers Grivolas, situés à Chatou, 39, boulevard de la République, créés depuis la guerre pour la fabrication des munitions et du matériel de guerre, viennent de prendre l'initiative heureuse de se réunir aux Etablissements Filtz, Elmlinger et Caillard, de Viry-Châtillon, spécialisés dans la fabrication des tracteurs et matériel agricole, pour donner un grand développement à la fabrication du matériel de cultue moderne.La Journée industrielle, jeudi-vendredi 15 août 1918, p. 2.

 

Claude Grivolas est recencé (1931) à Saint-Cloud où il figure comme administrateur de sociétés.

Sources

"ART. 2467", Le Journal du ministère public, Paris, Bureau du Journal, 1881, p. 42-46.

BONZON Alfred, Manuel des sociétés par actions de la région lyonnaise, Lyon: Imprimerie A. Rey, juin 1899.

CHEVALDONNÉ Yves, Nouvelles techniques et culture régionale: les premiers temps du cinéma dans le Vaucluse (1896-1914), Paris/Laval, L'Harmattan/Les Presses de l'Université Laval, 2004, 228 p.

SALMON Stéphanie, Pathé. À la conquête du cinéma 1896-1929, Paris, Tallandier, 2014, 640, 924 p.

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