LE FILM RECORD.
DU CAP AU CAIRE.
A travers l'Afrique.
L'Afrique est de toutes les parties du monde celle qui est demeurée la plus ignorée car elle ne nous est connue que par les descriptions que nous en ont faites les livres  et les journaux. Parcourue par de courageux explorateurs tels que Livingstone, Stanley, de Brazza, Wessman et d'autres, la plupart y ont trouvé la mort pour avoir voulu accomplir tout leur devoir. Or, les quelques descriptions dont nous venons de parler, si exactes soient-elles, ne peuvent donner qu'une idée vague du CONTINENT NOIR qui excite non seulement l'esprit fantastique des enfants, mais aussi celui d'un nombre incalculable de grandes personnes. Mais combien sont peu nombreux ceux qui peuvent satisfaire leur ardent désir d'aller admirer de leurs propres yeux les merveilles de l'Afrique.
Pourtant quelques favorisés du sort ont pu à grands frais de temps et d'argent, atteindre ce continent où notre civilisation n'a pas encore pénétrée. Nous disons atteindre, car atteindre n'est pas encore explorer d'un bout à l'autre. Cette tâche difficile a été réservée au Cinématographe que n'arrête aucune difficulté, ni aucun obstacle. "A Travers l'Afrique" ainsi pouvons-nous intituler cette oeuvre grandiose. Ceci s'écrit facilement et cependant dans ces 3 mots repose une telle quantité d'invincibles difficultés que personne jusqu'à ce jour n'a osé se hasarder à entreprendre ce vaste projet.
"A Travers l'Afrique" du Cap de Bonne Espérance jusqu'à la mer Méditerranée, à travers cette énorme partie du monde d'une superficie de 29 millions de kilomètres carrés, c'est-à-dire, 52 fois plus grande que la France !
Au début tout va bien et cela, tant que l'on traverse les colonies cultivées; mais bientôt tout change. Il faut marcher non pas sur l'asphalte ou sur des routes pavées, mais à travers d'étroits sentiers, dans les marécages, les forêts vierges, sur les montagnes et naviguer sur les fleuves dans de frêles pirogues. Sur terre, et à chaque moment, l'on est obligé de se servir de la hache pour se frayer un chemin. Le jour l'on cuit sous un soleil tropical, la nuit l'on tremble de froid. On est à la merci de la faim, de la soif, exposé aux fièvres mortelles, traqué par les animaux féroces de toute espèce, et destiné quelquefois à faire les frais d'un succulent repas aux sauvages anthropophages.
Il est presque impossible d'énumérer toutes les difficultés que l'on rencontre sur la route "A Travers l'Afrique", surtout plus on avance vers le centre, en la parcourant d'une extrémité à l'autre jusqu'à l'embouchure du Nil au Caire. Le chemin est long et pénible, presque impraticable et, comme nous l'avons déjà dit personne n'a encore osé s'y aventurer complètement avec le cinématographe.
Cependant, depuis un an et demi, l'active maison d'édition de films, Raleigh et Robert de Paris, qui a si souvent déjà donné des preuves éclatantes de son initiative et de son esprit entreprenant, a travaillé à l'organisation d'une expédition sans craindre ni les risques, ni les sacrifices d'argent.
"Du Cap au Caire, à Travers l'Afrique", telle a été sa devise. Le Caire, tel était son but ! Les plus habiles opérateurs de la maison Raleigh et Robert se mirent en route sous la conduite de l'un des Directeurs, lequel avait déjà vécu en Afrique et parlait couramment plusieurs dialectes des indigènes. Ils traversèrent la contrée entière avec des caravanes composées chacune de plus de 50 porteurs, guides, chasseurs, etc... De prodigieux sacrifices furent nécessaires et, en outre, il fallut de la part du chef de l'expédition une constante présence d'esprit et un sang froid à toute épreuve. Au mépris de la fièvre, des maladies de toute sorte, des intempéries, des massacres tentés par les tribus sauvages et la détérioration des négatifs etc..., la maison Raleigh et Robert, qui s'est acquise une brillante réputation, travailla discrètement, tranquillement, sans réclame tapageuse, à l'exécution de sa colossale entreprise, sans se laisser émouvoir ni décourager par les obstacles.
Et maintenant le succès vient couronner son oeuvre qu'elle peut considérer comme terminée, car il y quelques jours ses dernières vues ont été prises et l'arrière garde de sa mission arrivera en Europe dans très peu de temps.
La tâche est terminée et le monde étonné a cessé de lire les descriptions du Continent Noir et cela parce qu'il peut, de ses propres yeux, voir depuis le départ du Cap de Bonne Espérance tout ce qui se meut, croit, et tout ce qui arrive, la nature, les hommes et les bêtes, ces dernières en pleine liberté. Chasses animées, animaux sauvages, exploitations diverses, récentes industries qui arrachent des millions et des millions d'or et de diamants cachés au sein de la terre, les phénomènes les plus curieux de la nature, la vie, les mœurs, les coutumes de tribus sauvages et combien d'autres choses encore défilent devant nos yeux éblouis.
Tout est vivant et l'on a l'illusion d'être quelques heures en Afrique, mais fort heureusement d'une façon plus agréable et beaucoup plus simple que la courageuse expédition qui a pris ces merveilleuses vues cinématographiques du Continent Noir; et le spectateur émerveillé n'aura pas à supporter les difficultés que cette missions a si habilement surmontées.
Personne ne marchandera son admirations pour l'exécution de cet énorme travail "du Cap au Caire" et l'on peut dire que cette admiration a été loyalement méritée, car ces vues sont réellement quelque chose de nouveau, de véritables merveilles qui feront sensation dans le monde cinématographique, non seulement par l'intérêt soutenu du sujet, mais aussi par une exécution photographique absolument hors pair.
Le nom générique adopté pour la série complète sera :
Du Cap au Caire.

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La Comète belge, Bruges, 15 décembre 1906, p. 19-20.

American-Kinetographe.-Après avoir eu la pêche à la baleine, nous avons maintenant la chasse à l'hippopotame, plus dangeureuse, mais aussi plus intéressante; nous assistons successivement à l'affût, le coup mortel porté au monstre, son remorquage. Le dépeçage et le dégraissage de cette masse, qui ne pèse pas moins de 2.000 kilos, etc., et qui se termine dans la joie par le régal du négrillon.

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L'Écho d'Oran, Oran, 17 mai 1907, p. 3.