Prises de vue de Félix Mesguich (novembre-décembre 1905)

En provenance de Tunis, le cinématographiste Félix Mesguich, qui est employé par The Continental Warwick Trading Co., installée à Paris et dirigée par Charles Raleigh et Robert Schwobthaler est en Tunisie afin de tourner une série de films:

Une bonne fortune me permet de forcer les portes de l'interdit. Curieuse et furtive, ma caméra se penche sur ceux qui prient dans l'atmosphère vénérée de la grande mosquée.
Une porte ouverte : dans une cour, des femmes accroupies derrière un métier tissent, à grands coups de peigne, des tapis bariolés ; sur les murs de la maison, des empreintes sont plaquées: des mains rouges, toutes sanglantes du sang des moutons. Elle préviennent, m'assure-t-on, les maléfices.
Près de moi, un conteur arabe égrène son chapelet d'ambre; un barbier en plein air s'offense d'être filmé. Comme je lui donne dix sous pour sa figuration, il me rit au nez. Par contre, à la vue du photographe, un charmeur de serpents accourt. A sa fantaisie, les reptiles sont tour à tour des colliers et des ceintures, des bracelets et des turbans. Une danse barbare termine l'exhibition.

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Félix Mesguich, Tours de manivelle, Paris, Grasset, 1933, p. 101-102.

Il se rend ensuite à Gabès, Djerba et Sousse.