- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 27 août 2024
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 2323
John Louis MELLIARD dit Jean AYME
(La Chaux-de-Fonds, 1876-Paris, 1963)
Jean-Claude SEGUIN
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Jean, Louis, Georges Melliard ([Genève], 18/12/1847-La Chaux-de-Fonds, 09/03/1891) épouse Zélie dite Louise Herga ([1851]-La Chaux-de-Fonds, 15/03/1939). Descendance:
- John, Louis Melliard dit Jean Ayme (La Chaux-de-Fonds, 25/04/1876-Paris 10e, 17/01/1963).
- Jeanne, Alice Melliard (La Chaux-de-Fonds, 06-07/1885-)
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Fils d'une famille de graveurs, John Melliard est élève du collège (classe de Mlle Rosine Nydegger, 1885) de La Chaux-de-Fonds s'intéresse d'abord à la lithographie et suit les cours de l'École d'Arts de La Chaux-de-Fonds. Il a aussi, dès son enfance, un goût pour le théâtre:
-Si vous voulez, mais ma passion pour le théâtre remonte à ma plus tendre enfance : j'étais un bambin de sept ans lorsqu'un soir, alors que je me promenais avec mes parents à la rue Léopold-Robert, ceux-ci m'emmenèrent au théâtre, où des artistes en tournée jouaient un vaudeville "à couplets"... Ls spectacle m'enthousiasma à tel point que, rentré à la maison, je me mis à imiter, devant ma vieille grand-mère à l'air réprobateur, tous les artistes que j'avais admirés, du comique à la duègne, en passant par l'amoureux et la jeune première... Alors, la bonne dame en bonnet de dentelles de s'écrier: "VOUS AVEZ FAIT LE MALHEUR DE CET ENFANT !".
BRISSAC, 1944.
Son intérêt pour les planches ne va pas se démentir dans les années suivantes et il finit par faire ses débuts à Lausanne :
... Les années passent, années de collège, d'étude, mais aux manuels scolaires et livrets d'arithmétique, je préfère les livrets tout courts, ceux que composent les auteurs d'opéras. Car ma passion d'enfant pour le théâtre, loin de s'atténuer aux approches de l'adolescence, ne fait que grandir... Je pars pour Genève, ville qui me parait plus propice que La Chaux-de-Fonds à la réalisation de mes rêves artistiques... Et c'est à Lausanne, au Grand Théâtre, sous la direction éclairée de Darcourt, que je fais mes véritables débuts, devant un public très averti...
BRISSAC, 1944.
Dès 1902, il s'installe à Paris où il commence sa carrière d'artiste dramatique sous le pseudonyme de "Jean Ayme".
Le cinématographe (1902-1906)
Avant de devenir un acteur de théâtre reconnu, Jean Ayme va intervenir dans plusieurs rôles dans les premiers temps du cinématographe. Il aurait tourné dans Samson et Dalila, dès 1902. Il se souvient également du tournage risqué des Martyrs chrétiens (1904)
Je me rappelle que, dans un film intitulé Les Premiers Chrétiens, je jouais le rôle d'un chrétien mis en croix, qu'un lion "en chair et en os" venait lécher aux pieds... Heureusement pour moi, ce lion, comme la plupart des fauves d'ailleurs adorait le lait... Pour m'épargner, dans toute la mesure du possible, le risque d'être dévoré vif, on versait du lait sur mes pieds et sur mes chevilles quelques secondes avant que le lion n'entrât dans le champ de la caméra. Cédant à sa gourmandise, le fauve se précipitait sur moi... mais se bornait, fort heureusement, à lécher mes pieds sans y planter ses crocs... J'avoue que, quel que soit mon amour des bêtes, un petit frisson me parcourait jusqu'au moment impatiemment attendu où prenait fin la cruxifixion "...
BRISSAC, 1944.
Il poursuit par ailleurs sa carrière théâtrale :
Encouragé par ce premier succès, je me rends à Paris, où je deviens l'élève de ce maître illustre qui a nom Le Bargy.
BRISSAC, 1944.
Et après (1907-1963)
Tout au long de son existence, Jean Ayme va intervenir en parallèle autant au théâtre qu'au cinéma. Il évoque ainsi sa collaboration avec le dramaturge Henry Bataille pour lequel il interprère plusieurs rôles entre 1908 et 1911:
Je fraie avec d'autres acteurs célèbres, eux aussi, dont Sarah Bernhardt, avec qui je pars en tournée à travers l'Europe et jusqu'en Grèce et en Turquie. De retour à Paris, Henry Bataille, qui m'a choisi pour interpréter La Femme nue aux côtés de Berthe Bady, me confie la création de sa pièce L'Enfant de l'Amour, dans laquelle jouent également Réjane, Dumény, Jean Coquelin, André Brûlé...
BRISSAC, 1944.
Côté cinématographe, s'il reste surtout fidèle à Gaumont et à Louis Feuillade, Jean Ayme tourne également sous la direction de Léonce Perret, Henri Fescourt... Il est recensé à Paris (10 rue du faubourg Montmartre) en 1926 et à la même adresse en 1931.
Le début de la guerre de 1939 le ramène en Suisse où il réduit son activité à ses prestations au théâtre de Lausanne et à la radio.
Jean Ayme dans Andromaque au théâtre du Château à Lausanne (1943).
En 1947, il retourne en France où il termine sa carrière. Il tourne son dernier rôle au cinéma dans Souvenirs perdus (Christian-Jaque, 1950). Il décède à l'hôpital (200 boulevard Saint-Denis) le 17 janvier 1963.
Sources
BRISSAC Jean, "Notre compatriote l'acteur Jean Ayme nous parle de ses débuts et des temps héroïques du cinéma", En famille, 20e année, nº 7, 16 février 1944.
L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 24 janvier 1963, p. 8.
RICHARD Jacques, Dictionnaire des acteurs du cinéma muet, Paris, Editions de Fallois, 2011, p. 42-44.