- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 2 février 2023
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 1955
Georges PINVERT dit Georges VINTER
(Nancy, 1879-Saint-Mandé, 1945)
Jean-Claude SEGUIN
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Henri, Hippolyte Pinvert épouse Marie, Marguerite Gilbault (Nancy, 07/07/1861-Paris 10e, 15/04/1915). Descendance :
- Georges Pinvert dit Georges Vinter dit Nick Winter (Nancy, 01/01/1879-Saint-Mandé, 19/07/1945)
- et Jeanne, Victoire Leclercq (Douai, 13/08/1883-). Descendance :
- Madeleine, Aglaé, Julie Victoire (Saint-Gilles-les-Bruxelles, 02/08/1901-)
- épouse (Paris 11e, 06/03/1909) Jeanne, Victoire Leclercq
- et Jeanne, Victoire Leclercq (Douai, 13/08/1883-). Descendance :
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Les origines (1879-1905)
Installé à Paris, comme employé de bureau, au moment d'effectuer son service militaire (1899), il s'engage comme volontaire pour quatre ans, le 30 janvier 1897 à la mairie de Courbevoie, il passe finalement dans la réserve de l'armée active le 30 janvier 1901. Peu après, il débute sur scène, au Châtelet.
Bulletin hebdomadaire, nº 32, 1911
(reproduit dans BOUSQUET
Les premières incursions chez Pathé (1906-1909)
En 1906, Georges Vinter travaille toujours pour le Châtelet, mais il commence également à jouer pour le cinématographe chez Pathé dans des rôles surtout comiques :
Georges Vinter ne s'est d'ailleurs pas révélé seulement devant la rampe: c'est aussi, depuis quelques années, un des premiers rôles, une étoile même, des scènes cinématographiques, ayant été, et étant encore, un des principaux acteurs de ce genre de spectacle. Aussi qui n'a pas ri en le voyant défiler sur un écran dans Les débuts d'un chauffeur, Le bon cigare, Trois sous de poireaux, et tout récemment dans Le premier mois d'un soldat ?
Par ses transformations multiples et pittoresques, Vinter peut dire avoir aidé puissamment au succès du cinématographe.
Comoedia, Paris, 10 décembre 1907, p. 4.
On le retrouve toujours au Châlelet dans les pièces misent en scène dans cette salle.
Le Monde illustré, 50e année, nº 2545, 6 janvier 1906, p. 15.
En 1907, il se fait remarquer lorsqu'il remplace, au pied levé, Galipaux, souffrant, dans le rôle de Benjamin de La Princesse Sans-Gêne :
Châtelet
Galipaux, remis des douleurs de tête qui le tinrent éloigné du Châtelet pendant ces huit jours écoulés, a repris hier soir, pour la grande joie du public dont il est une manière d'idole, le rôle de Benjamin, qu'il a créé dans La Princesse Sans-Gêne.
Pendant l'absence de Galipaux, ce rôle a été joué par M. Vinter.
Sans disposer des joyeuses galipettes dont le créateur Benjamin marque chaque pièce nouvelle qu'il interprète, Vinter ne s'est pas moins affirmé bon comique et adroit comédien en paysan madré et farceur. Il possède l'entrain, l'intonation et la fantaisie qui doivent faire partie du bagage de chaque pensionnaire du Châtelet et nous savons que la direction de ce théâtre s'est attaché pour longtemps ce sympathique artiste.
Comoedia, Paris, 10 décembre 1907, p. 4.
C'est plutôt lorsque la saison théâtrale se termine que Georges Vinter se retrouve devant la caméra :
Châtelet
Où iront-ils cet été ?
[...]
Vinter posera moulte fois pour le cinématographe.
Comoedia, Paris, 24 avril 1908, p. 3.
Jusqu'en 1910, Georges Vinter va combiner la scène et les tournages avant de ne plus se consacrer qu'au cinématographe.
Les personnages chez Pathé (1911-1914)
À l'écran, il incarne, dès 1910, le personnage de "Bidouillard", dans un film de Camille de Morlhon, Bidouillard assassin, avant de composer la figure du détective "Nick Winter" reconnaissable à son chapeau melon, sa généreuse moustache, ses sourcils broussailleux et la bouffarde à la lippe. Il va interprété ainsi chez Pathé plus d'une trentaine de films.
PATHÉ FRÈRES.-Nick Winter
Arte y Cinematografía, nº 101, Barcelone, 31 janvier 1915, p. 50.
Le personnage de "Nick Winter", rival de Nick Carter, va connaître un succès planétaire principalement en Europe (Italie, Espagne, Allemagne, Grande-Bretagne...) et en Amérique. On trouve ainsi, en Espagne, des collections de vignettes et des bandes dessinées dont il est le héros.
Nick Winter (c. 1914)
Le personnage ne survivra pas à la première guerre mondiale. Par ailleurs, Georges Vinter campe la figure du vagabond "Fouinard", dans L'Aéroplane de Fouinard, sa première apparition à l'écran, jusqu'au Premier Duel de Fouinard, en 1912.
En 1914, il tourne quelques films pour The Eclectic Film Company, une société liée à Pathé.
La guerre et le difficile retour (1914-1919)
Le conflit mondial va mettre entre parenthèses la carrière de Georges Vinter. Ce dernier est rappelé à l'activité par décret de mobilisation du 1er août 1914. Il est nommé sergent le 15 mars 1915 comme le commente la presse :
FRANCIA.-El famoso Nick Winter, creador del gran tipo en tantas películas policiacas, ha sido nombrado sargento por su heroica y brillante conducta en los últimos combates librados en los bosques de Champanons.
Arte y cinematografía, nº 107, Barcelone, 30 de abril de 1915, p. 54.
La situation, au retour de la guerre, n'est guère favorable à Georges Vinter comme le suggèrent les souvenirs de Fernand Rivers :
Nick Vinter, qui s'était taillé avant 1914 une petite réputation dans les films policiers, revenait de la guerre et me pria de le « pistonner » pour placer un sketch qu'il préparait. Je le recommandai donc au directeur du cinéma de l'avenue Emile-Zola. Et celui-ci présenta un soir, dans son établissement, l'oeuvre de Nick Vinter, dont l'argument débutait ainsi: au milieu de la ·projection d'un film, la salle s'éclairait, Nick Vinter se levait de son fauteuil en s'écriant : « Que personne ne sorte, je suis le commissaire de police » . Hé bien, à la première, au cinéma de l'avenue Emile-Zola, le sketch se termina aussitôt que commencé, car lorsque Nick Vinter eût déclaré ·: « Je suis le commissaire de police », ce furent immédiatement des « V'là la Rousse... Mettons les volets... Acré ! vas-y des bouts de bois... » En moins de deux minutes, en dehors d'une dizaine de personnes (les seules qui n'avaient vraisemblablement rien sur la conscience), la salle se vida complètement. Le directeur me téléphona le lendemain : « Je vous retiens, vous. Je voulais un spectacle pour faire le plein et vous m'envoyez un
« vacuum cleaner ».
Fernand Rivers, 50 ans chez les fous !, Paris, Georges Girard, 1945, p. 148-149.
Il tourne malgré quelques films pour Pathé, puis quitte la France pour passer huit mois en Hongrie :
- ¿Por qué no interpreté ya más películas policiacas? Mis ojos, mis pobres ojos... Después de la guerra hice tres films para Pathé; luego me marché a Hungría, donde cometí la locura de trabajar ante arcos sin difusor. Estso me sumió en la ceguera diez y siete veces en ocho meses. La primera vez pasé cinco días y cinco noches sufriendo un suplicio que no desearía a mi más mortal enemigo.
- ¿...?
- Vuelto a París, fui a ver a un amigo de mi padre al hospital oftámico de Tostchild, quien me ordenó que si quería conserva la vista, descansase. Y descansé durante dos años y medio, llevando siempre lentes negros. ¡Qué padecer, moral, después del dolor físico!
Hoja oficial de la provincia de Barcelona, Barcelona, nº 66, 4 de abril de 1927, p. 16.
Son imprudence est sur le point de lui coûter la vue. Il semble alors travailler pour la filiale de maison Pathé de Budapest.
Photo-Splendid. Bucharest, Nick Winter. Détective, Éditions Pathé Frères
En 1920, il fonde, avec Paul Garbagni la firme "Les Films Mystérieux":
"Les Films Mystérieux", tel est le nom de la firme que viennent de fonder MM. Nick Winter et Garbagni, le premier artiste, le second, metteur en scène.
Le Siècle, Paris, 11 mai 1920, p, 2.
À partir du mois d'août 1921, la presse commence à publier un roman-cinéma Nick Winter et ses aventures, adapté par Louis Maffert.
La mise en scène (1923-1930)
Si Georges Vinter a, sans aucun doute, participé à la mise en scène de ses différents personnages, il va s'engager davantage dans cette voie au cours des années 20. En 1923, il s'associe avec René Leprince avec lequel il va tourner quelques films. Il explique dans Comoedia comment s'organisent les tournages :
Pour mettre en scène
Ordre, méthode, et économie
Au cours d'une rencontre, Nick Winter, le détective bien connu à l'écran, collaborateur de M. René Le Prince, parlait de la nécessité avec laquelle un directeur devait ordonner son travail pour produire vite, bien et avec le minimum de dépenses par rapport à l'œuvre entreprise. M. Nick Winter m'écrit à ce sujet la lettre suivante :
Faire un film, cher monsieur, ne consiste point à écrire un scénario, à engager des artistes, à voir le décorateur, à louer des meubles, puis à tourner ce film. Erreur, profonde erreur. Pourtant cette erreur, beaucoup de metteurs en scène, actuellement, la commettent. Ici, je ne parle pas du metteur en scène ayant déjà fait ses preuves.
Ce qui, à mon avis, constitue le tort, le grand tort du producteur français, c'est son manque d'organisation, mais d'organisation raisonnée sans se presser, sans s'emballer ce qui est le fond de notre caractère.
Combien ai-je vu, dans ma carrière, de metteurs en scène qui partaient, en pleine air, ayant des artistes à leur charge, et cherchaient des coins sans les avoir préalablement choisis et repérés au point de vue : lumière, placement des appareils, et qui, afin de ne pas perdre la journée, tournaient quand même avec, par conséquent, un éclairage médiocre ! Manque de méthode !
Avec Le Prince, le réalisateur de L'Empereur des Pauvres et de Pax Domine, voici comment nous procédons : ce n'est un secret pour personne, puisque tous les artistes qui travaillent avec nous peuvent s'en rendre compte.
Lorsque le scénario est bâti et bien établi, je fais la « conduite » c'est-à-dire, que dans un cahier quadrillé tous les numéros d'un même décor (salon, par exemple) sont placés les uns sous les autres avec dans une autre colonne l'indication plan général, demi-plan, premier plan, etc., puis dans une autre colonne, le nom de l'artiste ou des artistes jouant dans tel ou tel numéro ; enfin, une dernière colonne « observation » servant à ajouter les numéros en supplément, motivés par. la mise en scène. Tous les numéros d'un même décor sont ainsi réunis. J'agis de même pour les extérieurs en mettant les rues ensemble, sous-bois ensemble. Quant aux numéros, hors séries, c'est-à-dire les à-côtés tels que : cloche, sonnerie, vues de paysage, etc. ils sont placés à la fin de la conduite.
Lorsque ce travail est fait, très sérieusement, au brouillon, je collationne pour voir s'il n'y a aucune erreur et je remets au net. La « conduite » est terminée !
Pendant ce temps, nous voyons et engageons les artistes, puis nous allons chercher les coins, notant les heures où l'on peut tourner à tel ou tel endroit, l'emplacement de l'appareil, etc. Nous retenons les hôtels et faisons le prix des chambres. Nous nous procurons toutes les autorisations nécessaires.
Ce travail terminé, nous commençons à tourner (décors, meubles et accessoires ayant été vus, retenus à l'avance.
Voilà tout notre secret et la raison pour laquelle nous tournons Le Prince et moi un scénario en un mois en dépensant peu d'argent. Exemples : Jean d'Agréve, un mois; Vent debout, un mois, malgré les marées ; Pax Domine, un mois : six jours perdus à cause du mauvais temps ; Mon Oncle Benjamin, un mois.
Nick Winter.
détective.
"Ordre, méthode, économie", Comoedia, Paris, 28 septembre 1923, p. 4.
En 1927, il va tourner, à Barcelone, le film La Tía Ramona.
"La troupe española de la casa Gaumont, de Barcelona, recibiendo instrucciones de Nick Winter, director de un film nacional", [tournage de La Tía Ramona]
Jueves cinematográfico, nº 6, 7 de abril de 1927.
En 1930, il fait tourner à Jean Gabin, Méphisto, son premier film. Il tourne un dernier moyen métrage en 1936, Joseph tu m'énerves !
Il décède en juillet 1945.