- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 19 avril 2023
- Publication : 24 mars 2015
Gustave MULOT dit Jacques NORMAND
(Paris, 1865-Agen, 1940)
Jean-Claude SEGUIN
1
Jean, Baptiste, Louis Mulot épouse Joséphine, Adelaïde Heyon. Descendance :
- Jean, Baptiste, Auguste Mulot (Paris 4e(a), [1825]-Paris 7e, 29/10/1884) épouse (Paris 14e(a), 22/10/1853) Joséphine Normand (Metz, 27/05/1830-Fontenay-sous-Bois, 20/04/1907). Descendance :
- Henriette, Victorine Mulot (Sèvres, 05/03/1855-)
- et Jean, Baptiste Hergotte (Reims, 24/04/1856-Paris 14e, 25/06/1894). Descendance :
- Malvina, Jeanne Mulot (Paris 14e, 08/02/1883-Saint-Jean-de-Luz, 03/05/1964) épouse (Paris 14e, 16/07/1914) Maurice, Adrien Catriens (Rozay-en-Brie, 05/12/1888-Boulogne-Billancourt, 06/12/1975). Descendance :
- Jeanne, Henriette Mulot (Paris 14e, 07/07/1885-)
- Georges, André Mulot (Paris 14e, 11/12/1888-)
- Georgette, Henriette Mulot (Paris 14e, 06/02/1890-La Teste de Buch, 26/11/1978)
- épouse X
- épouse (Paris 2e, 07/07/1927) Georges, Charles, Pierre Pelletier.
- épouse (Bayonne, 11/02/1933) Pierre, Louis, Marie Maumus
- épouse (Paris 14e, 12/05/1894) Jean, Baptiste Hergotte.
- et Jean, Baptiste Hergotte (Reims, 24/04/1856-Paris 14e, 25/06/1894). Descendance :
- Gustave Mulot dit Jacques Normand (Paris 14e, 08/12/1865-Agen, 08/11/1940) épouse (Paris 18e, 22/09/1921) Marie, Thérèse, Marie, Thérese, Josèphe, Bertha Dubor (Agen, 19/03/1886-Lagny-sur-Marne, 31/10/1976).
- Henriette, Victorine Mulot (Sèvres, 05/03/1855-)
2
Les origines (1865-1904)
Fils de marchands brossiers, Gustave Mulot accomplit son service militaire en 1885 (Paris, 3e bureau, liste principale, matricule nº 1901). Il va choisir son nom d'acteur: "Jacques Normand"
Cliché Graffe. Jacques Normand (c. 1896)
Jacques Normand, après avoir joué quelque temps en banlieue, débute au théâtre de la Porte-Saint-Martin pour la saison 1894-1895. Il commence par seconder l'acteur Desjardins dans le rôle du Maréchal Ney dans Napoléon (1894). Puis il joue Monte-Cristo ("Maximilien Morel"), Tibère à Caprée ("Gallus"), Les Mousquetaires ("Colonel Groslow"), Sabre au Clair ("M. de Savenay"), Ving ans après ("Le colonel Groslow"), Le Collier de la Reine ("De Bréteuil"). Pendant deux saisons, il va faire partie de la troupe du théâtre de la République où on le voit dans de nombreuses pièces : en 1896-1897, Maman Gâteau ("Armand Baucha, dit Fabrice de St-Edremond"), Louis XI ("Le duc de Nemours"), Nina la Blonde ("Georges"), Lucile Desmoulins ("Camille Desmoulins") rôle qui lui vaut quelques lignes dans la presse :
M. Normand, imitant en cela l'auteur, s'est attaché à mettre exclusivement en lumière le côté chevaleresque du caractère de Camille Desmoulins. Il n'en a montré que la noble pitié dont s'inspirèrent si magnifiquement les articles du Vieux Cordelier, il a négligé de nous rappeler quel gamin féroce il y avait dans le pamphlétaire du Discours de la Lanterne aux Parisiens.
Gil Blas, Paris, 7 novembre 1896, p. 3.
On le retrouve également dans Le Bâtard Rouge ("Lyonnel de Puyroland"), Le Banquier des Halles ("Marcenat et Marceil"), Les Enfants d'Édouard ("Buckingham"), Le Régiment ("Jacques"), La Fille des Chiffonniers ("Henri Duval") où fait ses débuts Fernand Rivers :
C'est ainsi que, le 1er août 1897, j'eus l'immense joie de faire mes débuts dans la Fille des chiffonniers, drame de Ferdinand Dugué, aux côtés de ma directrice, l'imposante Riquet-Lemonnier, Jacques Normand, une débutante qui jouait le rôle principal, Jeanne Heller, qui devait mourir à trente ans, après avoir obtenu de beaux succès à la Renaissance, aux côtés de Lucien Guitry, et votre serviteur, à qui était échu, pour qu'il n'...ennuie plus son directeur, le rôle du troisième chiffonnier.
RIVERS, 1945: 18-19.
Il joue également dans Les Champairol ("Raymond"), puis la saison suivante, en 1897-1898, dans La Mendiante de Saint-Sulpice ("Gilbert Rollin"), La Voleuse d'enfants ("Atkins"), Kean ou Désordre et Génie ("Le Prince de Galles"), La Bouquetière des Innocents ("Henriot").
Cliché Graffe. Jacques Normand (c. 1897)
La saison suivante, 1898-1899, toujours au théâtre de la République, il joue dans Les Deux Orphelines ("Jacques"). On le retrouve également au théâtre des Nations dans Les Gardes Forestiers, il reprend Kean y crée Championnet, au théâtre de l'Ambigu-comique: Mam'zelle Bon-Coeur ("Jacques Bordier") (saison 1899-1900), au théâtre Antoine: Les Remplaçantes ("Le Docteur Tirelle", 1900), L'Empreinte (1900), La Clairière (1900)... En 1903, il est "Athos" dans La Jeunesse des mousquetaires et "Bazajet" dans l'oeuvre éponyme de Jean Racine, en 1905, au théâtre de l'Odéon.
Chez Pathé (1904-1914)
La maison Pathé a mandaté Lucien Nonguet pour trouver des acteurs afin de tourner dans les films de la société. Il se rend ainsi dans les théâtres parisiens pour trouver des comédiens. Il semble que cela soit le cas pour Jacques Normand. À cette époque, il vient en aide à Fernand Rivers, qui est dans une situation personnelle délicate :
Tournons encore les pages du temps. Et ce sont 1903-1904. Ce furent deux années de détresse et de misère dorée. [...] Mon déjeuner chez Normand [...] consistait en ceci : Jacques Normand était premier rôle au théâtre de la République, lorsque j'y débutais, et nous étions restés d'excellents amis. Pendant mes deux années de misère, , mon couvert était toujours mis chez lui... Je le payais quand je pouvais... C'est à lui à qui je dois de n'avoir jamais eu faim, d'avoir toujours pu déjeuner, sans un sou en poche.
RIVERS, 1945: 53-55.
Le premier film connu où intervient Jacques Normand est probablement Roman d'amour de 1904 :
- Quel genre de films réclamait-il [le public] ?
- Des mélodrames, des grosses farces. Roman d'Amour, scène dramatique, fit les beaux jours de 1905. Les sept tableaux étaient : Séduite, Du travail au plaisir, Abandonnée, Mourante de faim, La lettre aux Parents, Terrible expiation, A l'hôpital. Le rôle du séducteur était tenu par un très bon artiste, Jacques Normand. Qu'est-il devenu ? Le Rêve à la Lune, ultra-comique, est de célèbre mémoire.
EPRON, 1935: 57.
On évoque également L'Alcool engendre la tuberculose. Il semble pourtant que jusqu'en 1908, ses apparitions aient été peu fréquentes. Cela va changer à partir de 1909 où il va devenir l'un des acteurs les plus en vue de la production Pathé. Il se verra même confier le rôle de Jésus Christ en 1914 dans La Vie de Notre Seigneur Jésus Christ de Maurice André Maître.
Ses activités cinématographiques ne l'empêchent pas pour autant de figurer dans la distribution d'oeuvres théâtrales: Michel Strogoff ("Michel Strogoff", Châtelet, octobre 1906), Ruy-Blas en 1911, en 1912, il est au Gymase.
Et après... (1915-1940)
Le conflit mondial va mettre un frein aux activités cinématographiques et, à l'instar de nombreux acteurs, Jacques Normand aura du mal à poursuivre sa carrière. En 1915, il est membre de l'Amicale des artistes du Cinéma (54, rue Étienne-Marcel, Paris). L'année suivante, il tourne Le Vengeur, son seul film comme réalisateur. Ses activités théârales prennent alors le pas sur ses rôles cinématographiques. Il est remarqué dans Interdit de Séjour (1925), Jean le Forçat (1926) qui lui vaut quelques lignes dans la presse :
AU CIRQUE-THÉÂTRE
Jean le Forçat
C'est une pièce à grand spectacle que donne cette semaine le Cirque-Théâtre et qui est due à la collaboration de M. J. Roullet et de M. Bressol, en outre agrémentée d'une agréable musique écrite par M. Nardon.
[...]
M. Jacques Normand, comédien au masque puissant et à belle allure, a été un Jean Montfreux parfait à tous les points de vue; il a su, tout en restant dans la note juste, émouvoir profondément, la salle et bien des yeux se sont mouillés devant le douloureux spectacle de ses souffrances.
Le Petit Courrier, Paris, 6 mars 1926, p. 2.
À cette époque, il figure dans le recensement de 1926 au 17, rue Lepic (Paris, 18e). D'autres rôles parsèment encore sa carrière : L'Assommoir ("Coupeau", Théâtre Montparnasse, 1926), Chantecler (Porte-Saint-Martin, 1927), Les Cent Jours ("Carnot", Nouvel-Ambigu, 1931), La Marche au pouvoir (L'Ambigu, 1932) montée par Fernand Rivers. Il est toujours recensé en 1931 à la même adresse. En 1934, il figure dans le filme de Jacques Feyder, Le Grand Jeu. Il continue à travailler sur les planches: Le Pays du sourire (Théâtre Antoine, 1935), Le Vray Mistère de la Passion (Simon le Cyrénéen, 1936). Encore recensé à son domicile de la rue Lepic, en 1936. Il participe à ce qui est sans doute son dernier rôle dans le film Boissière de Fernand Rivers (1937):
Boissière
Les premières prises de vues de Boissière, adapté du roman de Pierre Benoit, de l'Académie Française, auront lieu à Maubeuge le mercredi 6 janvier, en présence de l'auteur.
Au lendemain des fêtes du Nouvel An, Fernand Rivers quittera Paris en compagnie de sa troupe, composée de [...] Jacques Normand.
L'Ami du peuple, Paris, 25 décembre 1936, p. 5.
Il intervint dans le rôle d'un ministre dans La Femme silencieuse (Ben Jonson) adapté par Marcel Achard, comédie radiophonique (1er avril 1937) (Le Populaire, 31 mars 1937, p. 6).
Quand il fut un vieux acteur, je ne fis jamais un film sans qu'il eût droit à quelques cachets. Je pensais toujours aux repas de 1903. Il est mort en novembre 1940, réfugié à Agen. Par sa chère femme, je connus toutes les pas de sa douloureuse maladie, et je sus qu'il parla de moi jusqu'à son dernier jour.
RIVERS, 1945: 53-55.
Il décède à Agen en 1940.
Sa nièce, Ginette Catriens connue comme "Ginette Mesly", débute sur les planches dans l'opérette Princesse Czardas, à Marseille en 1936. Elle est élue miss France en 1939. Elle tourne dans quelques fims: Un fichu métier (Pierre-Jean Ducis, 1938), Marseille mes amours (Jacques Daniel-Norman, 1939), Caprices (Léo Joannon, 1942). Il est l'épouse du chanteur et acteur Guy Berry.
Sources
DE FORGEAC J., "Jacques Normand", Mon Ciné, 2e année, nº 65, 17 mai 1923, p. 6-7.
EPRON Madeleine, "Du cinéma forain à l'exploitation régulière. Souvenirs de M. Edmond Boutillon", La Cinématographie française, numéro spécial "Hommage de la cinématographie française. Louis Lumière. Quarante ans de cinéma 1895-1935, novembre 1935, p. 55-59.
RICHARD Jacques, Dictionnaire des acteurs du cinéma muet, Paris, Éditions de Fallois, 2011, 912 p.
RIVERS Fernand, Cinquante ans chez les fous, Paris, Georges Girard, 1945, 306 p.
Remerciements
Archives Départementales du Lot-et-Garonne.