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- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 4 juillet 2025
- Publication : 24 mars 2015
- Affichages : 729
Romeo BOSETTI
(Chiari, 1879-Suresnes, 1948)
Jean-Claude SEGUIN
1
Giovanni Bosetti (Chiari, [1844]-Nantes, 09/01/1899) épouse Filomena Baresi. Descendance :
- Julie, Marie, Clara Bosetti (Chiari, 18/08/1876-) épouse (Bordeaux, 30/04/1898) Jean Glenadel (Bordeaux, 20/02/1877-Caudéran, 02/12/1962).
- Romulus dit "Romeo", Joseph "Giuseppe" Bosetti (Chiari, 18/01/1879-Suresnes, 27/10/1948)
- et Alice Livet Hervat (Paris 11e, 07/08/1884-[1926]). Descendance :
- Alexis, Lucien Bosetti (Paris 10e, 23/04/1905-) épouse (Philippeville, 01/09/1939) Alice, Marguerite Bouillon.
- épouse (Paris 20e, 19/02/1910) Alice Hervat. Descendance :
- Juliette, Alice Bosetti (Nice, 09/03/1913-Villeneuve-Loubet, 03/04/1972) épouse (Montreuil, 31/08/1935) Henri, Maurice Maucuit.
- Jeanne, Henriette Bosetti (Kaiserslautern, 1926-Bobigny, 04/08/2013) épouse Del Fiol
- épouse Juliette, Joséphine, Angélique Valet (Versailles, 18/01/1898-Paris 10e, 23/03/1964).
- et Alice Livet Hervat (Paris 11e, 07/08/1884-[1926]). Descendance :
- [frère]
2
Les origines (1879-1904)
Giovanni Bosetti, père de Romeo, est un musicien de cirque, qui arrive en France alors que Romeo n'est encore qu'un enfant. Il rejoint le cirque Plège, en 1891 où ses enfants, Romeo et Mariette, apprennent le métier d'artiste. Peu après, Romeo aurait intégré le cirque populaire de Constant Laugier et présenté ses oies dressées, puis il aurait rejoint, en 1895, la troupe des Florenz, acrobates au tapis. En 1899, la presse nantaise annonce le décès de Giovanni Bosetti :
Terminons par une triste nouvelle. L'administration du cirque Plège vient encore de perdre un de ses pensionnaires, M. Bosetti, qui était musicien au cirque depuis plus de huit ans.
Le Phare de la Loire, Nantes, mercredi 11 janvier 1899, p. 2.
Roméo Bosetti aurait rejoint, après ses années de formation, une troupe équestre, les Lécusson avec laquelle il aurait parcouru plusieurs pays :
Véritable enfant de la balle, il a parcouru, depuis l'âge de 11 ans, toutes les contrées. L'Europe, les deux Amériques, le Japon l'ont applaudi tour à tour, comme mime et surtout comme dresseur d'animaux: Les Oies savantes, de Bosetti sont, notamment restées célèbres dans le monde des Cirques.
Roi des "casseurs d'assiettes", étonnant de brio et de fantaisie, véritable providence des marchands de meubles, il ne casse par moins de 365 mobiliers par an, et 366 pendant les années bissextiles.
Bulletin hebdomadaire Pathé Frères, nº 46, 1911.
Ces données restent assez imprécises, surtout d'un point de vue chronologique. On sait qu'en revanche sa soeur Mariette continue à faire partie de la troupe du cirque Plège au cours des années suivantes. En 1901, elle est à Nantes :
PLACE BRETAGNE
Pour les Pauvres !
Nous avions annoncé qu'une représentation serait donnée au Cirque Plège, au bénéfice des pauvres de notre ville.
Cette représentation a eu un vif succès.
[...]
Au cours de la première partie de la soirée, trois des plus jolies pensionnaires de Mme Plège, Mlles Juliette Fabri, Mariette Bosetti et Elvira Baranco ont passé dans les rangs des spectateurs, quêtant au bénéfice des pauvres.
Le Nouvelliste de l'Ouest, Nantes, mercredi 16 janvier 1901, p. 3.
On la retrouve au cirque Plège à Nantes, en février 1903, puis à Reims en avril 1903.
Au début de l'année 1905, la troupe Lécusson retourne aux États-Unis chez Barnum & Bailey. La presse se fait l'écho de leur présence dès le mois de mars :
One of the greatest features of the Barnum & Bailey show this year is to be the LeCussons, a torupe of seven acrobats from the Nouveau Cirque, who do all sorts of amazing feats from the seat of a tallyho coach. The performers arrived on the St. Paul last week.
Kansas City Journal, Kansas City, dimanche 19 mars 1905, p. 19.
Leslie's Weekly, nº 2588, 13 avril 1905, p. 353.
The Scranton Truth, Scranton, samedi 20 mai 1905, p. 3.
La troupe parcourt les États-Unis et se rend dans l'Ohio, l'Illinois, le Minnesota (juillet), le Colorado, la Californie (août). Roméo Bosetti écrit de ce dernier état un courrier :
Encore deux mois et en route pour Paris. La Californie est très jolie, les fruits pas chers. Le raisin 4 kg pour 5 sous.
LACASSIN, 2023: 14-15.
Les Lecusson continuent leur route en Arizona, au Texas,au Mexique et leur tournée prend fin à Little Rock. De retour à Washington, Roméo Bosetti essaie de se faire engager à nouveau :
[14 août 1905]
Aujourd'hui on réengage pour la saison 1906. Je vais y aller demain pour moi.
RICHARD, 2001: 14.
Finalement, Romeo Bosetti embarque à New York, le 2 novembre à bord du Matendham et arrive à Paris avant la mi-novembre 1905. En son absence, son fils Alexis a vu le jour (avril 1905).
Le Cinématographe (1906-1914)
Chez Gaumont (1906-1910)
Lorsque Romeo Bosetti se présente chez Gaumont, vers le mois de février ou mars 1906, c'est toujours Alice Guy qui est responsable du secteur cinématographique et elle est secondée par Étienne Arnaud. Quant à Louis Feuillade, il est arrivé quelques jours avant Bosetti, à la mi-février. Dans le fonds familial, consulté par Jacques Richard, figure une photographie, tirée d'un magazine non identifié. Une légende manuscrit, ajoutée semble-t-il par Bosetti précise: "x Roméo. Scene Cinematographique. Un enlèvement. Gaumont. 1898."
"Les saltimbanques". s. d.
Fonds : Jeanne del Fiol.
source: RICHARD, 2001: 13.
Ces informations lacunaires, le titre possible et la date doivent être pris avec prudence et ne sauraient constituer des preuves d'une participation de Romeo Bosetti à la maison Gaumont dès 1898. Sans consolidation, il faut admettre pour l'heure que sa carrière au Comptoir ne commence qu'en 1906. Avant de devenir cinématographiste, Romeo Bosetti a d'abord fait ses armes sans doute comme artiste ou technicien. On a parfois évoqué une participation de Bosetti, comme acteur, dans le film Roméo pris au piège, ce qui est peu probable. En effet, ce film est annoncé dès le 15 octobre 1905, date à laquelle Bosetti n'est pas encore rentré de son voyage aux États-Unis, bien avant sa collaboration avec Gaumont qui date de février-mars 1906. Le prénom "Roméo" - dont Bosetti n'a pas l'exclusivité - dans le titre a sans doute était à l'origine de la confusion. En réalité l'acteur ne commencera sa série "Roméo" qu'après son arrivée chez Pathé.
Sa filmographie établie, comme cinématographiste, ne permet de situer, pour l'instant, ses tournages liminaires qu'en 1907. Parmi les premiers films dont on peut raisonnablement penser qu'ils sont de Romeo Bosetti, on trouve Course à la saucisse que Georges Bazot lui attribue et où figure également son célèbre chien Barnum. Le tournage est à situer avant la fin du mois de mars. Quelques mois plus tard, il va créer une caisse de secours pour les artistes de cinéma :
Un oeuvre de solidarité
C'est avec le plus vif plaisir que nous apprenons la création à Paris d'une caisse de secours pour les artistes de cinéma. Cette heureuse initiative marquée au coin de la solidarité professionnelle, est due à M. Bosetti, de la maison Gaumont. Le fonds de l'oeuvre est alimenté par les intéressés eux-mêmes à l'aide de prélèvements volontaires sur leurs salaires. Une représentation donnée au Palais du Travail a déjà rapporté les deniers utiles à son premier développement. Nos félicitations à M. Bosetti et à ses collaborateurs.
Ciné-Journal, 25 août 1908, p. 4.
Pourtant, dès juillet 1909, la dissolution est annoncée :
On nous prie de dire que M. Roméo Bosetti, fondateur de la Société des secours immédiats pour artistes, après dissolution de cette Société, a décidé de partager entre l'Association des artistes dramatiques et la Société des artistes lyriques le reliquat des fonds qui se trouvent en caisse. Ces fonds s'élèvent à la somme de 480 francs. M. Poggi les versera incessamment à la caisse de ces deux associations.
Le Figaro, Paris, jeudi 22 juillet 1909, p. 5.
S'il est probable qu'une partie significative du répertoire Gaumont lui doit beaucoup soit comme acteur, soit comme scénariste ou cinématographiste, sa filmographie reste encore à établir pour l'essentiel. Selon des témoignages croisés, il semble pourtant que les relations entre Léon Gaumont ou Louis Feuillade n'est pas été toujours sereine. Selon les souvenirs d'Ernest Bourbon "Onésime", qui met en doute l'honnêté de Roméo Bosetti, ce dernier aurait subtilisé du matériel et des animaux dans les locaux de la société :
M. LANGLOIS.-Quand on parlait de L'Homme aimanté, on disait que c'était de Feuillade.
M. MAX BONNET.-Non, c'était de Romeo Bosetti.
M. LANGLOIS.-Est-ce que Feuillade aidait Romeo ?
M. ONESIME.-Romeo a toujours travaillé en collaboration, avec Feuillade, avec Arnaud, ou quelqu'un d'autre.
Romeo Bosetti, lui, il volait sur les autobus. Feuillade aussi. Comme pour les repas au restaurant. Il y avait deux voleurs, c'était Feuillade et Romeo. Romeo avait un tas de matériel chez Gaumont, des singes, des chiens. Un jour, sous un prétexte quelconque, Romeo a fait partir un char à banc chez lui... C'était plein de meubles de Levinsky. Feuillade a prévenu le père Gaumont, et Romeo ne s'est pas gêné pour dire : "En admettant que j'emporte une salle à manger, demandez à M. Feuillade combien de fois il compte un repas..." Gaumont a foutu Romeo dehors, et Feuillade en a pris pour son compte. Ce n'est pas pour ternir la mémoire de Feuillade.
D'ailleurs, il n'y en a pas un qui ne l'a pas fait.
Commission de Recherche Historique. 10 décembre 1949. Cinémathèque française.
Un courrier de Louis Feuillade destiné à Léon Gaumont, semble aller dans le même sens et fait de Roméo Bosetti, une personne assez difficile à vivre :
Il y a encore un incident Roméo. Il aurait dit avec ostentation à ses camarades qu'il faisait "la grève des bras croisés" et, n'ayant pas eu de bande ce matin à la projection, il annonce qu'il n'en aura pas davantage mardi prochain. Il faudrait que cette situation cesse, soit dans le sens de la reprise du travail, soit dans le départ de Roméo. Je dois vous dire que nous n'avons pas échangé un seul mot depuis l'incident de l'autre jour en votre présence. Personnellement, je ne demande qu'à voir les choses s'arranger, mais est-ce bien à nous de faire toujours des avances si mal reconnues à la première occasion ? Et, naturellement, il cite à ses camarades les offres fantastiques que lui font les maisons concurrentes, tellement fantastiques qu'on ne peut y croire. [17 mai 1909].
Courrier cité dans LACASSIN, 1995: 95.
Roméo Bosetti, en novembre 1911, se défend pourtant d'avoir été remercié par Léon Gaumont, laissant entendre que les choses ne se sont pas passées de la sorte :
Or, et c’est là ce qui motive ma lettre, j'ai été désagréablement surpris par l’intrusion d’un certain M. P..., appartenant à la Grrrande Administration du Cinéma Gaumont Palace (en sous-titre : Eau chaude à tous les étages), qui s’est permis de me faire des observations tout à fait déplacées.
Je n'ai pas eu le temps dans ma prime jeunesse de piocher les classiques, mais j'avais toujours entendu dire et surtout dans notre milieu que la critique :
"Est un droit qu'à la porte on achète en entrant !"
Or, je l'ai acheté 23 francs ! C'eest bien payé et la controverse étant permise, je n'aurai soulevé aucun inconvénient si ce Monsieur, parlant de "moi" à un de ses voisins, n'avait dit : "Laissez donc ! c'est un ancien metteur en scène de la Maison et qui en a été évincé". (Quelle erreur fût la vôtre, Monsieur P..., et que vous me paraissez pauvrement documenté !)
Le Courrier Cinématographique, 1re année, nº 20, 25 novembre 1911, p. 4.
À supposer qu'il y ait eu, en effet, du tiraillement entre Roméo Bosetti et Léon Gaumont et ses collaborateurs, il va rester au service du Comptoir pendant tout de même près de cinq ans.
Chez Pathé (1910-1914)
L'arrivée de Roméo Bosetti chez Pathé est sans doute à situer à l'automne 1910. À cette époque, la société envisage de monter des sortes de "sous-traitants" pour développer ses activités cinématographiques au sud de l'Hexagone : "Comica" et "Nizza" à Nice et "American Kinematograph" à Marseille. Les différentes marques sont déposées en décembre 1910. À cette date, Roméo Bosetti est déjà, très probablement, arrivé sur la côte d'Azur.
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Marque "Comica" INPI "Photographie et Lithographie" (1910-1915) |
Marque "Nizza" INPI "Photographie et Lithographie" (1910-1915) |
Dans le bulletin de la société Pathé, on trouve un bref portrait de Roméo Bozetti en 1911 :
Roméo Bosetti
Petit, mais trapu, des yeux vifs et pétillants, la figure énergique, tel est Roméo Bosetti, un des meilleurs metteurs en scènes de la marque Comica, dont les établissements Pathé Frères sont éditeurs.
Véritable enfant de la balle, il a parcouru, depuis l'âge de 11 ans, toutes les contrées. L'Europe, les deux Amériques, le Japon l'ont applaudi tour à tour, comme mime et surtout comme dresseur d'animaux: Les Oies savantes, de Bosetti sont, notamment restées célèbres dans le monde des Cirques.
Roi des "casseurs d'assiettes", étonnant de brio et de fantaisie, véritable providence des marchands de meubles, il ne casse par moins de 365 mobiliers par an, et 366 pendant les années bissextiles.
Qui ne se rappelle ces bandes ultra-comiques qui déchaînèrent le rire, tant par leur irrésistible drôlerie que par le jeue endiablé de la troupe qu'il commande avec tant de bonheur.
Citons, parmi les plus connues: Rosalie et Léontine au théâtre, Le Cambriolé récalcitrant, Le Marchand de chaussures électriques, Corrida mouvementée, Rosalie veut en finir avec la vie, etc., qui furent toutes un succès de fou rire.
Cette semaine encore, Roméo nous présente une scène, digne des précédentes, où nous retrouvons, avec joie, sa verve intarissable.
Bulletin hebdomadaire Pathé Frères, nº 46, 1911.
La société "Comica" dirigée par Roméo Bosetti compte dans ses rangs des figures comiques de premier rang : Little Moritz et "Rosalie" (Sarah Duhamel). D'autres, à l'occasion, viennent tourner également des films. Dans l'équipe technique, on trouve Louis "Rollini", frère de Ferdinand Zecca, qui signe plusieurs scénarios et Henry Gambart qui tourne plusieurs films. Parmi les productions, Little Mortiz enlève Rosalie permet de voir des décors naturels vers Saint-Paul-de-Vence.
Little Moritz enlève Rosalie (Henry Gambart, 1911)
Les ateliers de prises de vues Pathé frères se trouvent sur la route de Turin (Nice).
Le Studio Pathé de la route de Turin à Nice (s.d.)
Collection René Prédal
© Ville de Nice
Le Studio Pathé de la route de Turin à Nice (s.d.) [D.R.]
Les courses poursuites et les films animaliers avec des fauves font partie des spécialités de la "Comica". Cette dernière collabore étroitement avec la "Nizza" et échangent leurs différents artistes ou techniciens comme dans le cas d'Andred Machin. Voici ce qu'écrit René Prédal sur ces deux "filiales" :
Les acteurs de cette école niçoise venaient presque tous du Caf' Conc' ou des troupes foraines de cirque. Les thèmes abordés dans leurs films étaient les plus nettement populaires parmi ceux traités alors en France par les troupes rivales et l'audace de certains scénarios réalisés est aujourd'hui assez étonnante.
PRÉDAL, 1964: 223.
La Cherté de la vie (1911)
En outre, Roméo Bosetti va lancer une série de films dont le personnage est "Roméo" interprété par lui-même.
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Ciné-journal, 17 août 1912, p. 63. | Cliché Pathé. Romeo Bosetti L'Illustrazione Cinematografica, Milan, 1re année, nº 22, 5-10 décembre 1912, p. 1238. |
En parallèle, Roméo Bosetti s'occupe du Syndicat des Exploitants de Cinémas de la Côte d'Azur dont il est président d'honneur en 1912 :
SYNDICAT DES EXPLOITANTS DE CINÉMAS
de la Côte d'Azur
NICE
Réunion Générale du 15 Mai 1912
[...]
On procède ensuite à la nomination du président d'honneur; aux acclamations générales, M. Roméo Bosetti est prié d'accepter ce poste en vue des services rendus au Syndicat.
Ciné-journal, 5e année, nº 196, 25 mai 1912, p. 5.
Ces années niçoises constituent une période faste dans l'existence de Roméo Bosetti. Il figure en premier place sur la photographie tirée à l'occasion de la fête du 24 juillet 1912 donnée par le Groupe Amical des Opérateurs de Cinéma de la Côte d'Azur.
Le Banquet/Les Convives. Fête du 24 juillet 1912.
Ciné-journal, 17 août 1912, p. 62
M. ROMÉO BOSETTI
M. Roméo Bosetti est un de nos metteurs en scène cinématographiques les plus connus et les plus appréciés. Venu dès la première heure au cinéma dont il avait flairé d'instinct l'avenir prestigieux, il fut de ceux qui résumaient en une seule personne les talents divers dont notre industrie a fait aujourd'hui des spécialités. C'est dire qu'il connaît tout le métier de la cinématographie théâtrale, depuis l'interprétation la plus audacieuse jusqu'aux travaux de tirage en passant par la composition des scénarios et la mise en vente complète des scènes "à tourner". M. Roméo Bosetti est un de nos praticiens les plus avertis: il sait toutes les ressources de son art.
Attaché tour à tour aux plus importantes maisons d'édition du marché français, il vit depuis quelques années à Nice, où il réalise avec précision et méthode les films les plus variés, les plus joyeux, les plus difficiles qui figurent aux programmes Pathé Frères. Car M. Roméo Bosetti est l'entrain même. Il crée de la vie autour de lui, il est tout en acte et sa volonté s'exprime avec force et rapidité. C'est un maître et qui sait l'art d'être obéi, ce qui n'est pas au cinéma, une petite qualité.
Son nom ne saurait être séparé de toutes les oeuvres syndicales ou amicales qui resserrent sur la Côte d'Azur les liens professionnels entre tous les cinématographistes. Aussi bien sommes-nous heureux de publier aujourd'hui dans les colonnes du Ciné-Journal son portrait, en hommage à notre industrie qu'il sert bien et honore avec une rare conscience.Ciné-journal, 17 août 1912, p. 623
Roméo Bosetti est naturalisé français le 21 mars 1913.
En 1913, il demeure à Nice. Il est promus Officier d'académie (vers mai-juin 1913)
ROMÉO-CINÉMA, obtient un succès colossal et bien mérité, sous la sympathique Direction de notre ami Roméo Bosetti. Son nom seul oblige au succès, car il est unanimement apprécié comme Directeur, metteur en scène et artiste, par tout le public niçois, dans une foule de films qui firent la gloire de Comica.Le Courrier Cinématographique, 18 octobre 1913, p. 46.
Un nouveau Syndicat.
Décidément, le mouvement mutualiste n'est pas prêt de s'éteindre en France. Voici qu'on nous annonce la fondation à Nice du Syndicat Cinématographique de la Côte d'Azur.
La présidence de cette nouvelle organisation échoit à M. Royet, directeur de l' "Excelsior Cinéma", et la vice-présidence à M. Roméo Bosetti.
La première assemblée générale aura lieu le 9 décembre et les adhérents ont d'ores et déjà pris la décision de s'affilier à la Chambre Syndicale Française.Le Courrier Cinématographique, 6 décembre 1913, p. 20.
Et après... (1914-1948)
A Travers le Palais
L'EXPLOITATION DES CINÉMAS A NICE
En l’état des explications détaillées que j’ai fournies, ici même, sur les vexations dont se plaint d’être l’objet, de la part de la Municipalité, M. Roméo Bosetti, je ne reviendrai que très brièvement sur ces précédents.
On sait que M. Bosetti, persuadé de la plénitude de ses droits, ne voulut pas obtempérer à certaines injonctions qui lui furent faites, relativement à l’observance de l'arrêté général pris le 25 novembre 1913 par le Maire de Nice, ce qui, à la suite de nombreuses contraventions relevées contre lui, lui valut, le 25 février, la notification d’un arrêté individuel ordonnant la fermeture de son cinématographe. On sait aussi que M. Bosetti s’est pourvu devant le préfet des Alpes-Maritimes, en annulation de cet arrêté.
A l’audience tenue samedi dernier par le Tribunal de simple police, M. Bosetti était cité pour répondre de huit contraventions à l’arrêté du 25 novembre 1913 et d’une contravention à l'arrêté individuel du 25 février 1914.
M° Pierre Coutret avait conclu à ce que l’article 13 de l’arrêté général, qui veut que les écriteaux, portant la mention : « Porte de secours en cas d’incendie » soient apposés sur les portes de sortie, n’était applicable qu’en ce qui concernait les portes de la salle de spectacle et non en ce qui avait trait aux portes des salles d’attente.
Enfin, relativement à la contravention à l'arrêté de fermeture, M° Pierre Coutret avait plaidé que, en raison de ce que cet arrêté n’avait pas été, de la part du Préfet, l’objet d’une autorisation d’exécution immédiate, il ne devait légalement entrer en vigueur qu’un mois seulement après remise de l’ampliation à la Préfecture.
M. Andréis, président du Tribunal, a rendu, hier matin, son jugement, qui, interprétant l’article 13 de l’arrêté du 25 novembre 1913, relaxe purement et simplement M. Bosetti du chef des procès-verbaux relevés contre lui pour inobservation de l’article 13 et de l'arrêté individuel ; seul est retenu l’unique procès-verbal, sans impoRtance dans la question, dressé, en vertu de l’article 3 de l'arrêté du 25 novembre, pour un panneau-réclame un peu encombrant.
Au reste, voici la teneur de ce jugement, qui intéresse tous les directeurs de cinémas.
Attendu que le Tribunal est saisi d’une série de contraventions relevées à l’encontre de Roméo Bosetti, directeur du cinématographe sis rue de la République, 31, à Nice ;
Attendu que les contraventions dressées les 3, 11, 17, 26 janvier et 1er, 7 et 15 février. 1914 se rapportent à des infractions prétendues à l’article 13 de l’arrêté municipal du 25 novembre 1913.
Attendu que l’article 13 porte : « Des écriteaux seront apposés à chaque porte de sortie et porteront en grosses lettres « Sortie en cas d'incendie » ou « Porte de secours » ;
Attendu que ces dispositions ne s’appliquent exclusivement qu'aux portes de la salle de spectacle proprement dite, et ne peuvent s'étendre aux portes donnant accès aux salles d'attente et aux vestibules ;
Attendu qu'il a été établi que les sept contraventions ci-dessus spécifiées ne visent que les portes de dégagement de la salle d'attente ; qu’il y a donc lieu de relaxer Bosetti du chef de ces sept contraventions ;
Attendu que la huitième contravention, dressée le 15 février, est basée sur l’inobservation des disposions de l’article 3 du même arrêté, qui interdisent formellement de déposer, dans les couloirs, des meubles, sièges, bancs et arbustes, etc., pouvant gêner la circulation ;
Attendu que les constatations, relevées par cette contravention à la date du 15 février, ne sauraient être infirmées par le procès-verbal de constat dressé le 20 mars suivant par l’huissier Astraudo ; qu’en l’état, il y a lieu de retenir Bosetti du chef de cette contravention ;
Attendu qu’une neuvième contravention a été dressée à la date du 3 mai 1914 pour infraction à l'arrêté municipal du 25 février 1914, ordonnant la fermeture de l'éblissement de cinématographe sis 31, rue de la République, à Nice, et exploité par Roméo Bosetti ;
Attendu qu’il est de doctrine et de jurisprudence que les arrêtés permanents ne sont exécutoires qu'un mois après la remise de l’ampliation à la préfecture, à moins, toutefois, que le préfet en ait autorisé l'exécution immédiate ;
Attendu que la preuve de l'exécution immédiate n'étant pas apportée, il n’y a pas lieu de retenir contravention à l'encontre de Bosetti ;
Attendu, en droit, que toute personne qui se croit par un arrêté municipal, peut en demande l'annulation ou la suspension au préfet du département ; qu'elle peut également, si elle estime que l'arrêté constitue un excès de pouvoir à son égard ou qu’il est entaché de nullité, l’attaquer devant le Conseil d’Etat ;
Mais, attendu, d’autre part, qu'aucun de ces recours n'étant suspensif, le Tribunal de police n’a pas à surseoir jusqu’à ce que le pourvoi ait reçu sa solution ;
Attendu qu'il échet de donner acte à Bosetti des réserves prises par lui ;
Par ces motifs,
Relaxons sans dépens Bosetti des contraventions des 3, 11, 17, 26 janvier, 1er, 7 et 15 février 1914, relatives à la porte de dégagement de la salle d’attente non pourvue de l'inscription « Porte de secours » prévue par l'article 13 de l’arrêté du 25 novembre 1013 ;
Relaxons Bosetti, sans dépens de la contravention pour infraction à l'arrêté municipal du 25 février 1914, ordonnant la fermeture de son établissement ;
Retenons Bosetti pour la contravention du 15 février 1914, relative à l’inobservation des dispositions de l'article 3 de l’arrêté du 25 novembre 1913 ; le condamnons à 5 francs d'amende et aux dépens ;
Donnons acte à Bosetti des réserves prises lui.
Et maintenant, que va faire la Municipalité ? Le Maire attendra-t-il que le Conseil d'Etat ait annulé son arrêté individuel du 25 février 1914 ou le rapportera-t-il purement et simplement, puisque les motifs sur lesquels il était basé sont déclarés inexistants par le jugement ci-dessus ?
Le Petit Niçois, Nice, dimanche 29 mars 1914, p. 6.
APPAREIL PARLANT GAUMONT, dernier modèle, excellent état, à céder. Ecrire Roméo Bosetti, route de Turin, Nice.Le Courrier cinématographique, 27 juin 1914, p. 105.
M. Roméo BOSETTI, 163e d'infanterie, 26e Cie, 8e escouade, Caserne Réquier, Nice.Ciné-journal, 1er février 1915, p. 19.
M. Roméo BOSETTI, directeur de "Roméo-Films", a quitté le dépôt où il était, à Nice, son régiment ayant été dirigé sur le front.Ciné-journal, 15 mars 1915, p. 27,
M. Roméo BOSETTI a été blessé à la tÊte le 15 courant et est en traitement à l'hôpital Bautzen, à Toul.Ciné-journal, 1er juillet 1915, p. 11.
M. LANTINI, le jongleur mondain, étoile de nos music-halls, devenu régisseur de la troupe des marques "Comica" et "Nizza", de Nice, si habilement dirigée par notre ami Roméo Bosetti, est considéré comme disparu, n'ayant plus donné de ses nouvelles depuis six mois environ.Ciné-journal, 1er juillet 1915, p. 11.
M. Roméo BOSETTI, directeur de Roméo-Film, est à l'hôpital Boileau, nº 40, à Lyon.Ciné-journal, 1er août 1915, p. 25.
SUR LE FRONT
[...]
Nos Convalescents
M. ROMÉO BOSETTI, le distingué metteur en scène, dont nous avons annoncé l'évacuation dans un hôpital de Lyon, vient de subir une très délicate opération.
Nous apprenons avec la plus vive satisfaction que le sympathique malade est en bonne voie de guérison.Cine-Journal, 8e année, nº 319, 1er septembre 1915, p. 19.
M. Roméo BOSETTI, directeur de "Romeo-Film" de Nice, après avoir été blessé et subit trois opérations, est maintenant rétabli et attend son départ pour le front.Ciné-journal, 29 janvier 1916, p. 6.
Une nouvelle Marque
Nous apprenons avec plaisir que M. Roméo Bosetti va lancer prochainement une nouvelle marque, la Nicaea Films.
Nos compliments à notre ami et nos voeux de succès.Le Courrier cinématographique, 22 septembre 1917, p. 10.
Nicea.
La marque nouvelle à laquelle notre ami, Romeo Bosetti, donnera l'appoint de son talent ne s'appellera pas Tiviera-Film, mais bien Nicea. Qu'importe. Le soleil de la Riviera n'est-il pas celui de Nice.Ciné-journal, 6 octobre 1917, p. 25.
Ceux qui passent.
M. Roméo Bosetti, un d enos metteurs en scène les plus connus qui s'était spécialisé autrefois dans le genre comique et auquel nous devons des films tels que les Rosalie, les Caroline, les Calino, est aujourd'hui de passage à Paris, venant de Nice.
Notre ami est démobilité. Il est rentré dans la vie civile après avoir fait campagne au début de la guerre. Il nous a fait part de ses projets au cours d'une aimable visite au Courrier et nous savons qu'il est homme à tenir plus qu'il ne promet.
D'ici très peu de temps, nous dirons comment l'aimable metteur en scène fera une brillante rentrée sur l'écran.
A l'heure où ces lignes paraissent, notre ami est en route vers la Côte d'Azur.Le Courrier cinématographique, 9e année, nº 17, 26 avril 1919, p. 27.
Notre bon ami Roméo Bosetti, l'aimable directeur artistique des Studios Pathé de Nice est, lui aussi, porté au tableau d'honneur avec la citation suivante qui lui apporte la croix de guerre:
"Bon soldat qui, malgré une santé délicate, a tenu à rester au front jusqu'à l'extrême limite de ses forces.
A été blessé grièvement le 15 juin 1915, à son poste de combat sous un violent bombardemenent.Le Courrier cinématographique, 6 septembre 1919, p. 30.
Alice Hervat est inhumée au Cimetière d'Ivry le 9 octobre 1926,
1927: a quitté le cinéma et est dans le commerce.
Liquidations judiciaires du 25 mai 1929.
Bosetti Roméo, marchand de vins, 8, rue de Montreuil. Juge-commissaire: M. Baillet. Liquidateur: Me Masson.Les Nouvelles de Versailles, Versailles, mardi 28 mai 1929, p. 4.
Il est inhumé au cimetière parisien d'Ivry l.
Sources
Le Petit Niçois, Nice, dimanche 29 mars 1914, p. 6.
RICHARD Jacques "Les acrobates du rire. Aux sources des burlesques française", Archives, nº 89, septembre 2001, 20 p.
RICHARD Jacques, Dictionnaire des acteurs du cinéma muet en France, Paris: Editions de Fallois, 2011, 212 p.
LACASSIN Francis, Maître des lions et des vampires Louis Feuillade, Paris: Pierre Bordas & fils, 1995, 328 p.
LACASSIN Francis, "Un maître oublié du burlesque: Roméo Bosetti", Cinémathèque, nº 21, printemps 2002, p. 55-71 et nº 22, printemps 2003, p. 26-49.
LACASSIN Francis, Pour une contre-histoire du cinéma. Tome II. (Édition sous la direction d'Éric Le Roy et Nicolas Tixier), Aix-en-Provence, Rouge profond, 2023, 268 p.
PRÉDAL René, Le Cinéma muet à Nice : Exploitation et réalisation (1896-1930), ("Diplôme d'Études Supérieures" sous la direction du professeur Guiral), Aix-en-Provence, Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 1964, 353 p.
Vis "Comica", 1895, revue d'histoire du cinéma, 1986, nº 1, p. 19-21.
Remerciements
Bernard Bastide.