Alban LAPIPE

(Alise-Sainte-Reine, 1837-Paris, 1899)

Jean-Claude SEGUIN

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Joseph, François Lapipe (Alise-Sainte-Reine, 1803-Alise-Sainte-Reine, 1891) épouse Anne Perrot (Flavigny-sur-Ozerain, 1804-Alise-Sainte-Reine, 1855). Descendance:

  • Alban Lapipe (Alise-Sainte-Reine, 11/02/1837-09/05/1899) épouse (Paris 20e, 22/12/1866) Léontine Chérouvrier (Corbeil-Essonnes 01/03/1849-Saint-Maur-des-Fossés, 29/11/1933). Descendance:
    • Henri Eugène Lapipe (Paris 20e, 02/09/1868-Paris 11e, 09/09/1926) épouse (Neuilly-sur-Seine, 07/06/1906) Charlotte, Emilie, Rose Roulina (Neuilly-sur-Seine, 28/01/1881-Montfort l'Amaury, 19/12/1970). Descendance :
      • Denise, Gilberte, Léontine, Angèle, Marie Lapipe (Paris 11e05/07/1907-Saint-Cloud, 08/02/1997)
        • épouse (05/04/1930. Divorce: 19/01/1942) Georges, Max, Louis Lhomme (Paris 11e, 24/03/1906-).
        • épouse (Paris 8e, 19/06/1946. Divorce: 16/10/1957) Antoine, Joseph, Jules Louis.
      • Odette, Marie, Josèphe Lapipe (Paris 11e, 28/11/1917-Paris 8e, 11/02/2016) épouse (Paris 16e, 06/01/1939) Georges, Demétré Bragadir (Paris 11e, 26/07/1910-Nantes, 28/07/1993). Descendance:
        • Irène Bragadir épouse Éric Lodin de Lepinay
    • Hélène, Henriette, Berthe Lapipe (Paris 11e21/12/1875-Paris 11e,  31/01/1959) épouse (Paris 11e, 12/12/1894) Charles, Jean, Henri Wittmann (Paris 18e, 06/06/1868-Paris 11e, 26/01/1946). Descendance :
      • Jean, Romain, Roger Wittmann (1895-1959) épouse (Garches, 02/08/1927) Marie, Louise, Hortense, Anne, Germaine Bédat 
  • Thérèse, Lazarette Lapipe (1839-)
  • Adrien Lapipe (1849-)

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Les origines (1837-1895)

Fils d'un vigneron de la Côte-d'Or, Alban Lapipe, qui a perdu sa mère en 1855, ne figure plus au recensement de 1856 (Alise-Sainte-Reine). Il s'installe à Paris, probablement avant le milieu des années 1860. Au moment de son mariage, en 1866, il est mécanicien (11, rue Eupatoria). peu après, à la naissance de leur fils Henri, le couple réside au 2, passage de l'Alma où Alban exerce toujours le même métier. En 1868, il fonde son atelier et s'installe au 147, rue Oberkampf avant de résider, dès 1873, aux nº 141 et 143 de la même rue où il figure comme spécialiste d'outils à découper, à emboutir et à cambrer toutes espèces de métaux. Il figure dans le Catalogue général officiel de l'exposition universelle de 1889 (Paris, rue Oberkampf, 143) pour ses "pièces diverses découpées et embouties".

La machine à peforer (mars 1896)

On ignore de quelle manière Alban Lapipe rentre en contact avec Georges Méliès, mais ce dernier a raconté, à la 3e personne, comment il a fait appel à lui:

De retour à Paris, nouvelle épreuve. Les pellicules rapportées de Londres n'étaient pas perforées ! Toutes les boîtes étant obligatoirement hermétiquement closes, ce détail était passé inaperçu, mais quel détail ! Pas de perforeuse, où et comment s'en procurer ? Seul Edison en possédait. Ce fut un nommé Lapipe, 141, rue Oberkampf, qui se chargea de confectionner un instrument pour perforer les film s, suivant le pas des tambours d'entraînement, mais quel instrument ! Un vrai marteau-pilon, se manœuvrant à la main, d'une dureté énorme à faire fonctionner et, pour comble, ne perçant que deux trous à la fois. On se rend compte de la longueur du travail dans ces conditions et de la fatigue énorme qui en résultait. En se servant des deux mains alternativement, on n'en avait pas moins les bras brisés et l'épaule démolie au bout d'un quart d'heure de cet exercice.
C'est cependant avec cet outil invraisemblable que Méliès perfora ses premiers films et qu'il put enregistrer sa première vue.


BESSY, 1945: 171.

C'est en effet le 26 mars 1896 qu'Alban Lapipe dépose un brevet pour une "machine à perforer les matières flexibles avec amenage automatique" qui malgré ses défauts a un certain succès. La Revue scientifique et industrielle donne de l'appareil une version plus positive :

La simple description de cette machine montre que par son usage la perforation des pellicules se fait avec une grande rapidité et avec une précision parfaite, ce qui est une condition essentielle pour le bon fonctionnement des appareils de projection animée.


J. L. Breton, La Revue scientifique et industrielle de l'année,  Paris, Revue Scientifique et Industrielle de l'Année/Librairie E. Bernard et Cie, 1897, p. 212.

Le Lapiposcope (septembre 1896-1899)

Sans doute intéressé par le cinématographe, Alban Lapipe va s'atteler à un projet nouveau, un appareil pour la projection de vues animées auquel il donne le nom de Lapiposcope et dont il dépose le brevet le 8 septembre 1896. Il complète son invention par un certificat d'addition le 14 avril 1897. Il va en outre déposer son brevet en Angleterre ce qui pourrait indiquer une certaine ambition commercial que confirmerait une annonce publicitaire dans l'annuaire espagnol, Almanaque Bailly-Baillière  (1898) :

LAPIPÓSCOPO — Aparato perfeccionado para proyecciones animadas, sistema LAPIPÓSCOPO — Aparato perfeccionado para proyecciones animadas, sistema Edison, para profesionalistas y aficionados: pequeño, sólido, sin trepidación, nada de instalación especial. — Almacén de venta y ensayos, 13, Boulevard Bonne Nouvelle, Paris. FILMS. Vistas y Linternas. Perforadoras.

Cet intérêt pour le cinématographe explique sans doute qu'Alban Lapipe ouvre un local sur le boulevard Bonne-Nouvelle :

Lapipe (Eugène), outilleur, rue Oberkampf, 141-143. Téléph. 902.66
Lapiposcope (le), blv. Bonne-Nouvelle, 13.


Paris-adresses: annuaire général de l'industrie et du commerce,  Paris, 1898, Ch. Alavoine & Cie, p. 455.

À ce même numéro 13 du boulevard Bonne-Nouvelle, en mars 1899, Eugène Pirou présente des vues des funérailles du président Félix Faure. Il semble également que d'autres projections aient eu lieu en face du théâtre des Folies-Dramatiques :

En face le Théâtre des Folies-Dramatiques fonctionnait le Lapiposcope.


Albert Hec, "Le Cinéma sur les boulevards. Notre enquête.", Ciné-Journal, Paris, 2 mai 1914, p. 23.

Le lapiposcope est également présent à l'Exposition Internationale de Bruxelles de 1897 (24 avril-novembre):

En 1895, désireux de voir les premières représentations de ce spectacle tout neuf, le monde entier se rua dans les sous-sols du Café de la Paix. Il fallut presque dix ans pour que l'invention nouvelle allât de cette cave aux boulevards... En province et à l'étranger, en Belgique notamment, l'invention, partie de Paris, fut connue beaucoup plus tôt.
Et de fait, il nous souvient fort bien qu'en 1897 il y avait à l'Exposition de Bruxelles, un cinématographe, un bioscope, un zoographe et même un "lapiposcope" dont le nom est toujours resté pour nous un mystère étymologique.


Le Vingtième Siècle, Bruxelles, 22 mars 1910, p. 2.

Le décès d'Alban Lapipe en mai 1899 va mettre un terme à l'exploitation directe du Lapiposcope, même si la maison Pathé continue à le vendre pendant quelque temps. L'atelier est dès repris par son fils Henri Eugène et son gendre Charles Wittmann qui fondent, le 27 juillet 1899, la société en nom collectif H. Lapipe et Ch. Wittman, au capital de 300.000 francs.

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Outils à découper et à embourtir. Mon E. Lapipe.

En 1909, Henri Lapipe est fait chevalier de la Légion d'honneur.

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