Félicien TREVEY, dit TREWEY

(Angoulême, 1848-Asnières-sur-Seine, 1920) 

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Worrisson, Felicien Trewey
© 
Jules Martin, Nos artistes, Paris, Librairie de l'annuaire universel, 1895, p. 404

Jean-Claude SEGUIN

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Charles, [Malachie] Trevey (1809-) épouse (Monteux, 04/10/1937) Mélanie, Rose, Bertrand (1815-). Descendance :

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Fils d'un serrurier de Monteux, non loin de Carpentras, il est, très jeune, fasciné par le monde de la prestidigitation. Après avoir travaillé aux ateliers de la Compagnie maritime à Marseille, il exerce de très nombreux métiers : apprenti-menuisier, tailleur, peintre en bâtiment, vendeur de limonade, porteur, vendeur de contre-marques dans un théâtre, chauffeur de camion, marchand de poissons à la criée... En 1863, il est employé au Concert Vivaux de Marseille où il réalise de nombreux « tours ». Deux ans après il est engagé à l’Alcazar, le café-concert le plus important de Marseille. A dix-sept, il part pour sa première tournée le long du littoral méditerranéen avec un vaste répertoire : tours de prestidigitation, de gymnastique, mime, jonglerie, danse, clown... Après avoir été engagé aux Folies de Marseille, il part en 1868 pour une nouvelle tournée et se fixe à Bordeaux.  Dès 1869, il est engagé au Concert des Ambassadeurs (Paris), puis, l'année suivante, à la Gaîté-Montparnasse.Il connaît des problèmes de santé et de misère lors de la guerre de 1870-1871. C’est à Londres le 26 juillet 1876 que commence sa carrière internationale : Allemagne, Autriche, Russie, Espagne... Il revient à de nombreuses reprises en Grande-Bretagne entre 1876 et 1895, où il est appelé "The Marvellous Trewey". On le retrouve également en Belgique où il côtoie le célèbre " professeur Attila ". Il dispose d’un répertoire immense et est le créateur de l’ombromanie grâce à laquelle il représente des personnages, des animaux ou des monuments. Entre août 1889 et juin 1890, il fait un tournée triomphale aux États-Unis où surgissent des imitateurs comme "Eldora, The American Trewey". Il traverse à nouveau l'Atlantique, à la fin de l'année 1892, our une nouvelle tournée tout aussi triomphale qui prend fin en juin 1893. Il rentre en Angleterre, avec sa compagne, à bord du Servia, le 30 juillet 1893. Il publie en [1893] un petit livre sur l’ombromanie, How it is done

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Boston Post, Boston, 26 novembre 1892, p. 5 Felicien Trewey, How is done, Middlesbrough, Jordison & Co, 1894 (4e édition), p. 18
© Cinémathèque française, cineressource.net

La découverte du Cinématographe Lumière (janvier 1896)

C'eset par l'entremise d'Antoine Lumière, ami de longue date, qu'il prend contact avec le cinématographe :

Les Fils Lumière, de Lyon, venaient de terminer leur invention du cinématographe ; le père Lumière, bon et vieil ami de Trewey, apprenant qu'il est à Paris où il finissait son engagement au Théâtre des Folies-Dramatiques, lui télégraphie d'aller le voir dans son château de La Ciotat, lui expliquant ses projets. Trewey se rend audit château où on le cinématographie dans ses principaux exercices. ·De ce fait il est le premier artiste au monde qui se soit vu travailler).
Ils parlent ensuite d'exploitation, et Lumière dit à Trewey qu'il comptait sur lui pour lancer son affaire en Angleterre ; alors, ils vont à 
Lyon où ils composent des équipes, puis partent pour Paris. Dans la capitale, ils ouvrent la salle du sous-sol du Grand Café, avec le photographe Clément-Maurice, puis ils ouvrent un second poste à la Porte Saint-Denis.


Henri Colombon, Treweyisme et Trewey, Carpentras, Imprimerie Batailler, 1909, p. 92.

C'est dans les premières semaines de janvier 1896 que Félicien Trewey se rend effectivement à La Ciotat et qu'il tourne dans une série de vues Lumière qui figurent, par la suite, au Catalogue. Lors de la première séance de cinématographie Lumière, à Lyon, le 25 janvier 1896, il assiste Perrigot et de Mesguich. Son départ pour Londres se reproche, il va y organiser les projections avec le nouvel appareil : 

Trewey part pour Londres, où, huit jours après, avec une réclame fantastique, il exhibe pour la première fois dans le Royaume, le Cinématographe, dans la grande salle du Polytechnic, devant plusieurs princes et ducs de la Cour, tous les membres de la presse anglaise et les principaux directeurs de théâtre.


Ibid., p. 92.

Le Cinématographe Lumière en Grande-Bretagne (février 1896-avril 1897)  

C'est le 20 février que Félicien Trewey, le nouveau concessionnaire,  offre une séance privée où sont présentées quelques vues déjà classiques. La salle, The Marlborough Hall, se trouve dans l'édifice du Royal Polytechnic Institute :

THE CINEMATOGRAPHE.
An Invention that Will Set all London Talking
Yesterday a private view was gives at the Polytechnic Regent-street, of an exhibition which will draw all London.
Various devices have been brought into […] from time to time for producing the illusion of movement, the Kinetoscope being the latest and most perfect, but the newest invention, the Cinématographe, simply reproduces phases of life itself, moving, acting, life, on a […].
At one end of the Marlborough Hall yesterday was a great white canvas […], and in the far gallery was a familiar-looking magic lantern-like creation. Suddenly the lights went down, and on the screen came a scene of life and bustle. Hundreds of hands were pouring out of the great gates of a factory. They ran and laughed, pushed and jostled, and danced off into the wings; every now and then a bicycle whizzed by, and presently a […] horse carriage drove out, the horses having at one moment to be pulled up almost on […] haunches to avoid running over somebody. Other scenes followed: feeding a baby at breakfast-time; and a splendid bathing scene in the Riviera, with the bathers splashing about, and every now and then mounting a diving-beard and diving off into the sea.
The representation are marvellous in their accuracy and lifelikeness, but at present no English scenes have been obtained. When the sunshine comes and the Cinematographe begins to represents scenes of daily life, the finish of the Derby, a cricket match at Lord’s, a prize fight at the National Sporting, illustrated papers who bogs to tremble for their living.


The Evening News, Londres, 21 février 1896, p. 2.

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The Polytechic Regent St., London (à gauche, on aperçoit l'entrée du Cinématographe Lumière
© R. Brown Collection (John Barnes, The Beginnings of the Cinema in England 1894-1901, vol. 1, 1894-1895, p. 93)
Marlborough Hall
Lumière's Cinematographe
février 1896 [D.R.]
1896programmemarlboroughhall trewey02
Cinématographe Lumière
Premier Programme
reprod. The Photographic Journal, octobre 1924
The Entr'acte, Londres, 28 mars 1896

Pour les questions techniques d'alimentation, il est secondé par l'électricien Matt Raymond. Le succès est au rendez-vous et la presse multiplie les articles élogieux comme le propre Trewey raconte à Henri Colombon :

Le lendemain, tous les journaux consacraient des colonnes entières sur ses peintures vivantes que les Lumière Frères avaient inventé et un journal satirique mit le portrait de Trewey en première page, montrant les mains de tous les directeurs qui voulaient l'engager.
C'est alors qu'il signe avec l'Empire-Théâtre, le Palais de Cristal et pour une tournée en province avec trois directeurs différents, à raison de 12.000 fr. par mois pour chaque théâtre et cela pour douze et dix-huit mois, d'un succès sans précédent dans les annales du théâtre.


Henri Colombon, op. cit., p. 92-93

Félicien Trewey va être également engagé par l'Empire Theatre où les séances commencent le 9 mars 1896, comme l'annonce la presse :

The directors of the Empire have arranged with Messrs. Lumiere and Trewey to give a series of exhibitions of the Cinématographe, commencing on Monday, March 9.


London Evening News, Londres, 2 mars 1896.

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Empire Theatre "The Cinematographe Lumière", 1896 [D.R.]

Quelques jours plus tard, Félicien Trewey donne une interview au journal London and Provincial Entr'acte où il détaille le travail qu'il effectue :

Last week I went to the Marlborough Rooms to have a look at the cinématographe, an invention which into the magic-lantern has breathed the breath of life. By its means not only do you get the figures of human and other creatures, but you get them “all alive oh!” They move and have their being, and every action they made when the picture was being taken is truthfully reproduced ; in fact, the camera is very like George Washington, who, as we all know, couldn't tell a lie.
The cinématographe (a shorter name might be given this instrument, I think) is an amplification of Mr. Edison’s kinetescope, and if the enquirer seeks for a first cause, that homely little scientific toy known as the zoetrope cannot well be ignored. The invention under notice is due to the Messrs. Lumiere, and it is being exploited in London by Mons. Trewey, the expert juggler and champion shadowgraphist.
After I had seen what the machine could do, I said to Mons. Trewey, “ Why not try it at the music-halls ?” “I am trying my best to do this,” he replied, “but they can’t afford to pay my price. You see, I must get some thirty pounds a night, or the experiment leaves me no margin.” But he went on, “I am now treating with the Empire, and I fancy that we shall come to terms.” Well, it seems that on Friday night last the Empire people decided to try it, so that its virtues now stand a good chance of being honestly appraised by the public.
The subjects chosen for displaying the powers of the cinématographe when I happened to be present, were of a somewhat everyday type; nothing sensational was attempted, though the themes were well varied. When the kinetescope was experimented with in one of our London thoroughfares—the Strand or Oxford Street, I forget for the moment which—a prize fight was its battle-horse. Mons. Trewey’s subjects are of a more reposeful and domestic kind. One shows us the father and mother of an interesting baby administering food to the good-tempered hopeful; another shows us a railway train rushing into the station, disgorging some of its passengers, and taking up others; while a third gives a view of several men bathing in the Mediterranean. In this picture the form of the waves is wonderfully real ; while the diving from a indulged in by the bathers helps to make the subject highly interesting.
Of course there are several other pictures. I have only selected the foregoing to suggest the range of subject that is furnished. But now that it is possible to get action into these photographs, it seems to me that an immense field is at once opened up. Every kind of scene and incident can be reproduced. Looking ahead, too, and taking due observation of what has been accomplished by such inventions as the phonograph, is it too much to expect that a subtle combination of such instruments will by-and-by give us sound with the action that is so truly simulated? This possibility occurred to me the other day as I watched the blacksmith “ swing his heavy sledge with measured beat.” The smith did his work honestly enough, but there were no sounds to remind one of the hammering that was being done. The hot iron was plunged into the water to cool and harden, the steam generated by the contact ascended as naturally as it would at the real forge, but the hissing consequent upon the plunge was not to be heard.
By-and-by, as I have hinted, we may get all this, and even more. It may so happen that some day we may have operas sung and dramas acted by a conjunction of those powers which are now separately employed by scientific experimenters.
As a spectator of the entertainment Mons. Trewey is "bossing." I liked it so well that I thought it too short. The whole “show” only occupies seventeen minutes, several of which are taken up by the gentleman who acts as chorus to the play, and furnishes the necessary information anent the pictures and their special features. This role is well and ably performed by Mr. Francis, who some few years ago was a controlling power at the Royal Standard.
It will be interesting to note how these pictures will be received at the Empire. I am compelled to believe that they will achieve a big success. At the Marlborough Rooms they were given in all nakedness; not so much as a pianoforte accompanied their parade. At the Empire, with musical accessories, they should be much more attractive.


London and Provincial Entr'acte, Londres, samedi 7 mars 1896, p. 6.

En réalité, et malgré le succès, Félicien Trewey connaît des problèmes de réapprovisionnement de vues animées ce que le directeur de l'Empire lui fait remarquer. Il a beau s'engager à présenter de nouveaux films, ses programmes ne sont pas assez variés. Des séance sont toutefois encore organisées au Polytechnic, à la fin du mois de mai. A partir du mois de mai, un deuxième cinématographe fonctionne au Crystal Palace:

Pendant plusieurs mois au Cristal-Palace, il est Barnum et artiste. C'est ainsi que sur les affiches de cet immense établissement on lisait : Théâtre, tous les jours à 3 heures Trewey dans ses ombres et ses 25 têtes sous un chapeau. À côté, dans la Salle des concerts, à 4 heures, le Cinématographe Lumière, présenté par Trewey et dans le Entertainement Théâtre, de 2 heures à 7 heures, Trewey last Dream (exhibition madadcre).


Henri Colombon, op. cit., p. 93.

Les deux cinématographes présentent la production des frères Lumière, pendant des mois. Pendant son séjour en Grande-Bretagne, Félicien Trewey va organiser une tournée dans les salle "Empire" dont le propriétaire est H. E. Moss.

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H. E. Moss (1852-1912)

Il se rend ainsi à Cardiff (mai 1896), Birmingham (mai), Edimbourg (juin). Grâce à un article publié en juin, nous connaissons le nom de ses collaborateurs: sa compagne, le commentateur (ou bonimenteur) Mr. Vernon et l'assistant Mr Hutton :

THE LUMIERE CINEMATOGRAPHE.—This very pleasing and marvellous exhibition is in its fourth and last week. This Friday night the exhibition will be closed. I have visited it several times. and. without exception, I have been delighted at every visit. I regret very much that one of the weeks of exhibition the charge for admission was not reduced to sixpence. Yon will he pleased to learn that the accident to Mr. Vernon, the lecturer, was only a very slight affair, and left nothing serious ; I was, however, very anxious. I want Low to thank Mr. Vernon for his marked and continuous kindness to me when I have visited his exhibition as your representative ; also Mr. Hutton. his assistant, who has been equally kind to me. Madame Trewey I especially thank. If all exhibitors and entertainers would be as kind as these three have been to me, critics and representatives would never have cause to complain. So long, however, as I continue your critic and representative, no matter what be my reception, my work shall be fairly done.


Music Hall and Theatre Review, Londres, vendredi 12 juin 1896, p. 18.

Il continue sa tournée en direction de Newcastle (juin), Sheffield (juin)...

Au cours de l'été 1897, Félicien Trewey, à partir du 19 juillet, il s'installe à l'Île de Man et organise des séances jusqu'au début du mois de septembre 1897. À l'Empire, les dernières annonces datent de la mi-novembre 1897, mais Trewey a déjà quitté Londres dès la fin du mois d'octobre pour rejoindre Bruxelles où il présente le bioscope au Palais d'Été, puis on le retrouve à l'Olympia-Bourse, mais il ne semble plus présenter son cinématographe :

OLYMPIA-BOURSE.-Les quatre Wonters, jongleurs olympiques, ont obtenu hier un succès colossal.
Succès aussi pour l'original Trewey, les brothers Kosmos et pour la troupe qui est en ce moment excellente à tous les points de vue.


Le Soir, Bruxelles, mardi 7 décembre 1897, p. 3.

Il met alors un terme à sa carrière de concessionnaire et d'artiste, laissant sa place à de nombreux imitateurs dont un "Trewey II" (Fayard) qui se produit d'ailleurs depuis les années 1880, et Chassino. Par la suite, il collabore avec l'inventeur Auguste Baron sur des essais de cinéma parlant. Lors de l'Exposition Universelle de 1900, à Paris, il s'occupe du Phono-Cinéma-Théâtre. Il revient au cinématographe vers 1907 en présentant son "Trewey-Cinématographe".

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Publicité du "Trewey-Cinéma"
Fonds "Trewey", Archives, Monteux
Villa Traversière, "Au clair de la lune", Asnière-sur-Seine [D.R.]
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Félicien Trewey, Lettre à M. De Vere, Asnières-sur-Seine, 1920
repr. dans The Photographic Journal, october 1924, p. 490.

À cette époque, il est déjà installé à Asnière-sur-Seine où il est propriétaire d'une belle demeure. À peine cinq semaines avec sa disparition, il vend à M. De Vere, le cinématographe qui lui a servi au cours de sa campagne en Grande-Bretagne. Il décède le 2 décembre 1920.

Sources

AUBERT Michelle et Jean-Claude SEGUIN, La Production cinématographique des frères Lumière, Paris, BIFI, 1999, 558 p.

CHEVALDONNÉ Yves, "L’homme en morceaux, raccommodé : de Félicien Trevey au Professor Trewey", 1895 , nº 36, 2002, p. 5-33.

COLOMBON HenriTreweyisme et Trewey, Carpentras, Imprimerie Batailler, 1909,  112 p.

Fonds "Trewey", Archives, Monteux.

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20/02->23/05/1896
The Royal Polytechnic Institute
(Marlborough Hall) 
Cinématographe Lumière 
09/03-31/12/1896
Londres
The Empire Theatre 
Cinématographe Lumière
16-[22]/05/1896 Grande-Bretagne Cardiff The Empire Cinématographe Lumière 
23-[30]/05/1896 Grande-Bretagne Birmingham The Empire Palace Cinématographe Lumière
[05/1896]-[1896]
Grande-Bretagne
Crystal Palace 
Cinématographe Lumière
01-12/06/1896 Grande-Bretagne Edimbourg Empire Palace Cinématographe Lumière
12->19/06/1896 Grande-Bretagne Newcastle Empire Theatre Cinématographe Lumière
23/06->04/07/1896 Grande-Bretagne Sheffield Empire Theatre Cinématographe Lumière
[06]-[13]/07/1896 Grande-Bretagne Cardiff The Empire Cinématographe Lumière
13-[20]/07/1896 Grande-Bretagne Swansea The Empire Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Newport   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Edimbourg   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Newcastle   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Swansea   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Cardiff   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Newport   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Birmingham   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Sheffield   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Edimbourg   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Cardiff   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Swansea   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Newcastle   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Birmingham   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Swansea   Cinématographe Lumière
  Grande-Bretagne Cardiff   Cinématographe Lumière
11/07-[09]/1897 Grande-Bretagne Île de Man   Cinématographe Lumière
31/10/1897- Belgique Bruxelles Palais d'Été Bioscope

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