Paul, Joseph ROUX

(Paris, 1875-Paris, 1943)

Jean-Claude SEGUIN
Palmita GONZÁLEZ

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Jean, Gustave Roux (Melun, 11/09/1845-Colombes, 19/10/1893) épouse Marie Planckaert (Paris, 10/02/1845-Paris 12e, 24/02/1935). Descendance :

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Paul, Joseph Roux s'engage comme volontaire le 17 mars 1894 et se rend au 113e Régiment d'infanterie. Sur son matricule, il figure comme employé de commerce. Entre mars 1898 et mars 1899, il réside à Londres. Est-ce à cette époque qu'il fait la connaissance de George Henry Rogers et/ou de Charles Urban ? En février 1903, Charles Urban a quitté la Warwick Trading Company et fonde peu après la Charles Urban Trading Company. Reste à régler la question de la filière installée à Paris et installée au 33, passage de l'Opéra. Il semble que ce soit Charles Urban qui en reste seul propriétaire puisque dès avril 1903, la presse britannique évoque la Charles Urban Trading Company (Continental Branch).

urban 1903 04
The Era, Londres, samedi 4 avril 1903, p. 33.

Pendant quelques mois, Charles Urban va continuer à exploiter sa filiale parisienne sous son nouveau nom de Charles Urban Trading Company avant de revendre le fonds de commerce à George Henry Rogers :

M. Urban pouvait difficilement mener de front deux affaires aussi importantes et leur donner à toutes deux l’extension dont elles étaient susceptibles. M. Rogers sentait de son côté que la maison de Paris pouvait atteindre entre ses mains un très gros chiffre d’affaires, il proposa donc à M. Charles Urban d’acheter et d’exploiter pour son compte la maison de Paris. Celui-ci accepta.


L'Information financière, économique et politique, Paris, lundi 22 avril 1907, p. 2.

C'est en effet en octobre que George Henry Rogers devient le nouveau responsable, même s'il semble que les liens restent très étroits entre lui et son ancien patron, Charles Urban :

AVIS D'OPPOSITION
Suivant acte sous seing privé, en date à Paris, du huit octobre mil neuf cent trois, M. Charles Urban, demeurant à Paris, 33, passage de l'Opéra, a vendu à M. George.H. Rogers, demeurant à Paris, 33, passage de l'Opéra, le fonds de commeerce ayant trait à la fabrication et la vente d'appareils photographiques, cinématographes, etc., qu'il exploite à Paris, 33, passage de l'Opéra, sous le nom ou désignation de Charles Urban Trading Company, avec le droit au bail, pour entrer en jouissance immédiate.
Les oppositions doivent être faites au domicile du soussigné.
G.H. Rogers.


La Loi, Paris, 11 octobre 1903, p. 3.

Société Rogers et Roux (octobre 1903-octobre 1906)

Afin de pouvoir gérer le fonds de commerce qu'il vient d'acquérir, George Henry Rogers va constituer une société avec Paul, Joseph Roux qui prend la suite de la Charles Urban Trading Company de Paris. Pourtant, dans la presse britannique, il est toujours question de la "Continental Agency, 33, Passage de l'Opera, Paris" jusqu'en octobre 1906 qui marque également la fin de la Charles Urban Trading Company et la création de la société de l'Eclipse. Au moment de la fondation de cette dernière société, le commissaire des comptes va examiner l'exercice 1906 :

En conformité de l'art. 6 chap. 2 des statuts de votre Société, il a été expressément convenu que tous les effets des apports des fondateurs, MM. Georges-Henry Rogers et Paul-Joseph Roux remonteraient retroactivement au 1er novembre 1905 et que les bénéfices acquis de 1er novembre au 31 octobre 1906 tant pas la Société Rogers et Roux (ancienne maison Charles Urban Trading Cy de Paris) que par la société de l'Eclipse, profiteraient par moitié aux apporteurs et pour l'autre moitié à la Société.
Il résulterait de cette clause, pour les actionnaires de la Société Générale des Cinématograpres Eclipse un bénéfice de six mois d'exploitation pour deux mois d'existence.
J'ai procédé à l'examen de la Compagnie de la Société Rogers et Roux, ainsi qu'à celui de votre comptabilité.
[...]
Les résultats de l'exploitation de l'année 1905-1906 de la Société Rogers et roux pour dix mois et de la Société générale des Cinématographes Eclipse pour deux mois, se sont élevés bruts à 272.689 fr. 80 et nets à la somme de 162.644 fr. 05.
[...]
Conformément à l'art. 6 chap. 2 des statuts ces bénéfices nets appartiennent: moitié, soit 65.231 francs 50 à la Société Rogers et Roux et l'autre moitié, 65.231 fr. 50 à la Société générale des Cinématographes Eclipse.


Les Assemblées générales, 10 janvier 1907, Fasciscule 1, 3e année, p. 103-104.

La représentation et la filiale de Barcelone (1904-1906)

Avant de s'installer en Espagne, la Charles Urban Trading Company (Paris) a concédé la représentation exclusive de ses articles cinématographiques à Baltasar Abadal à partir du mois de mai 1904. Comme on peut le voir sur le courrier ci-après, c'est George Henry Rogers qui figure comme directeur de la filiale parisienne et c'est lui qui est donc responsable des affaires avec le "continent". On suppose malgré tout qu'il est secondé par Paul, Joseph Roux.

abadal baltasarCh. Urban Trading Company. G. Rogers, À Monsieur B. Abadal, Paris, 19 mai 1904.
Source: Filmoteca de Catalunya

Baltasar Abadal continue d'être l'agent exclusif de la société jusqu'en 1906.

abadal baltasar 01
Depósito de artículos cinematográficos B. Abadal, Muy Mr. mío, Barcelona, 1º de febrero de 1906.
Source: Filmoteca de Catalunya

L'idée de créer une succursale à Barcelone date sans doute des premiers mois de l'année 1906 puisque Paul, Joseph Roux s'installe dans la capitale catalane à partir du 15 mai 1906, à l'adresse Valencia 266, siège de la filiale comme on peut le voir sur le catalogue de la Urban de novembre 1906.

1906 11 succursales
The Charles Urban Trading Company, Ltd., Urban Film Subjects, novembre 1906, p. 200.

Les transformations que va subir Charles Urban Trading Company vont bientôt mettre un terme aux activités de sa filiale espagnole.

Société Générale des Cinématographe Eclipse (1906-1910)

C'est à l'automne 1906 que Paul, Joseph Roux et George Henry Rogers vont constituer la nouvelle Société Générale des Cinématographes Eclipse qui prend la suite de l'"ancienne Maison Charles Urban Trading Company de Paris", connue sous le nom de "Continental Branch". Le siège reste au 33 passage de l'Opéra, galerie du Baromètre. Paul, Joseph Roux est toujours à Barcelone  puisqu'il est représenté par Rogers lors du dépôt des procès-verbaux des deux Assemblées générales (18 et 30 août 1906). En outre, Rogers assure seul la direction, alors que Roux est désigné comme premier sous-directeur "qui aura également la direction des affaires de la société, mais seulement sous les ordres et sur les indications de M. Rogers". il est probable que la gestion des affaires en Espagne explique en partie cette distribution des responsabilités. De fait, les activités barcelonaises de Paul, Joseph Roux prennent fin à la fin de l'année 1907 et il revient en France (Courbevoie, Bois-Colombes) dès le début de l'année 1908. Pourtant des dissensions se font jour lors de l'assemblée générale du 2 avril 1910 au cours de laquelle Charles Urban démissionne de sa fonction d'Administrateur de la société et Paul Roux va être écarté sans ménagement :

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES CINÉMATOGRAPHES "ECLIPSE".
Assemblée générale ordinaire du 2 Avril 1910.
RAPPORT DU CONSEIL D'AMINISTRATION.
[...] Nous avons, d'autre part, le regret de vous demander de décider la révocation de M. Paul Roux, comme Administrateur, et comme Sous-Directeur-Général de notre Société.
Les circonstances nous ont prouvé que M. Roux n'avait pas les qualités voulues pour remplacer notre Directeur, quand il y avait lieu, ce qui peut porter le plus grand préjudice à notre Société.


Les Assemblées générales. Rapports des conseils d'administration & des commissaires des comptes bilans, résolutions, etc., Sixième Année, Onzième fascicule, 7 avril 1910, p. 779.


Il demeure dans la région parisienne jusqu'en 1914.

Le Cinéma-Palace de Nantes (mars 1915-[1921])

Dans le cadre de la mobilisation générale, il est classé au service auxiliaire et renvoyé dans ses foyers. Il habite alors à  Nantes (résidence : 9 novembre 1915). En mars 1915, il inaugure une nouvelle salle, le Cinéma-Palace :

L'Ouverture du Cinéma-Palace
La soirée d'ouverture du splendide Cinéma de la rue Scribe fut pour le distingué directeur de l'établissement, M. Paul Roux, un indiscutable succès.
Il ne pouvait d'ailleurs en être autrement car le programme de la soirée, très soigneusement mis au point et présentant un intérêt tout spécial, fut magistralement exécuté.
Dès huit heures, les guichets du coquet établissement étaient littéralement assiégés et c'est devant une salle comble que préluda l'incomparable orchestre du Cinéma-Palace.
Après nous avoir présenté différents films d'un puissant intérêt documentaire ou d'un comique échevelé, M. Roux nous a fait assister dans les "Lauriers d'un autre" à des scènes infiniment poignantes et d'un réalisme sincère.
[...]
Il nous est particulièrement agréable de souligner le succès remporté par le Cinéma-Palace et il ne fait aucun doute pour nous que ce succès n'est que le prélude d'une suite ininterrompue de succès nouveaux.


Le Populaire, Nantes, vendredi 12 mars 1915, p. 2.

Il est a nouveau affecté à la 12e section d'infirmiers militaires de décembre 1915 à octobre 1917. Il va poursuivre ses activités liées au cinéma comme on peut le lire dans l'article suivant :

CINÉMA-PALACE
M. GUEGAN fait apport d’un établissement cinématographique situé à Nantes, rue Scribe, n° 6, connu sous le nom de "Cinéma-Palace", avec tous ses aménagements, installations et dépendances, et comprenant notamment :
1° La clientèle et l’achalandage y attachés ;
2° Le matériel et les objets servant à son exploitation ;
3º Le droit au bail de l'immeuble dans lequel est exploité ledit établissement cinématographique, bail consenti par M. Paul-Joseph ROUX, demeurant à Nantes, rue Jean-Jacques, nº 16, pour un temps devant expirer le 1er avril 1956, moyennant, un loyer annuel de 14.000 fr., aux termes d’un acte reçu par Me Potiron, notaire à Nantes, le 3 avril 1916 ; 4º Et le bénéfice de la promesse de vente dudit immeuble, consentie aux termes du même acte, jusqu’au 31 mars 1936. moyennant- le prix de 200.000 fr.


Le Phare de la Loire, Nantes, 17 juin 1921, p. 7.

Il décède à Paris en 1943.

Sources

CHAMPOMIER Emmanuelle, La fondation et l’installation de la société Éclipse [Publié le 17/05/2018].

Acte de constitution de la Société Générale des Cinématographes Éclipse, Archives de Paris (cote D32U3 140).

Dépôt des statuts et déclaration de souscription de la société. Archives de Paris (cote D31U3 1113).

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