- Détails
- Création : 24 mars 2015
- Mis à jour : 8 avril 2023
- Publication : 24 mars 2015
Maurice LIVIER
(Beauvais, 1888-Davidovo, 1918)
Jean-Claude SEGUIN
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Émile, Eugène Livier épouse Edma, Valentine, Elisabelle Robion. Descendance:
- Maurice Livier (Beauvais, 27/06/1888-Davidovo, 24/09/1918) épouse (Paris 4e, 10/10/1912) Marthe, Marie, Adèle Barthelemy.
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Fils d'un chef d'atelier à la Manufacture Nationale de tapisseries, Maurice Liver, au moment d'accomplir ses obligations militaires, en 1908, figure déjà comme "photographe cinématographe". Toutefois, il n'est pas incorporé, sans doute parce qu'il doit déjà participer à la célèbre course New-York-Paris pour le compte de la Continental Warwick Trading Co
Maurice Livier entre Raleigh et Robert (Paris, 1908) [D.R.]
La course New-York-Paris: Maurice Livier de la maison Raleigh et Robert (Paris, 1908) [D.R.]
Le jeune Maurice va connaître un vrai succès auprès du public américain féminin :
Les misses américaines aiment beaucoup les héros
La fameuse course Neto-York-Paris comprend une voiture Motobloc, qui n'est pas la moins intéressante car elle porte avec elle César et sa fortune.
En l'espèce, César, est représenté par le jeune Maurice Livier, l'opérateur cinématographiste de la maison Raleigh et Robert.
Si nous en croyons les échos qui nous viennent d'Amérique, Livier est passé à l'état de héros et les héros ont toujours fait battre le cœur des Américaines, surtout lorsqu'il s'agit d'un héros sportif.
Nous ne pouvons, faute de place; enregistrer toutes les lettres reçues par le jeune cinématographiste, surnommé le "Benjamin de la course", mais nous ne pouvons résister au plaisir, d'en publier au moins deux.
En voici la. traduction dans toute sa saveur:
"Depuis trois jours, je vous attends à la même heure devant le «New-York Times», mais toujours en vain.
J'ai appris que vous veniez chercher votre courrier tous les jours, mais je n'a jamais pu vous y rencontrer.
Je vous ai vu le jour, de votre arrivée. Votre courage d'avoir accepté de tenter pareille entreprise m'a enthousiasmée, car c'est très américain. De plus, votre jeunesse m'a séduite, je ne puis vous dire jusqu'à quel point.
Un homme comme vous, jeune et hardi, me plaît infiniment et, si vous voulez accepter ma main, mon cœur et ma fortune, dites-le-moi sans retard.
Demain, je serai chez moi à trois heures."
(Nom et adresse).
La deuxième lettre est un peu différente.
"Je n'ai jamais cru au coup de foudre, mais maintenant je sais ce que c'est. Je suis amoureuse de vous.
Je ne vous permettrai pas de risquer votre vie dans ce dangereux voyage. Laissez les glaces de l'Alaska et restez à New-York, où nous pourrons être heureux tous les deux.
Je suis riche, plus que riche et vous n'aurez pas à vous en repentir.
Donnez-moi une réponse de suite et laissez-la au «New-York Times».
Je la ferai prendre demain par un domestique.
Toute votre
(Nom et adresse).
Or, M. Livier ne connaissant pas l'anglais a dû recourir aux bons offices des employés du « New-York Times », pour la traduction de son courrier — ce qui les a fort amusés.
Heureusement que l'opérateur de la maison Raleigh et Robert a su résister aux offres tentatrices des jolies américaines et il a continué courageusement son voyage... sur Chicago, où d'autres aventures doivent certainement l'attendre.
L'Impartial, La Chaux-de-Fonds, 25 avril 1908, p. 1.
La course New-York-Paris: Maurice Livier de la maison Raleigh et Robert (États-Unis, 1908) [D.R.]
Peu après le retour de ce voyage, Maurice Livier va finalement faire son service militaire. Il est incorporé au 147e régiment d'infanterie (1er octobre 1909) et passe caporal (26 septembre 1910). Il est envoyé en congé le 24 septembre 1911. Il habite alors au Pré-Saint-Gervais. Après son mariage, il quitte la France pour le Sénégal (Dakar, 12 novembre 1912). Il semble y résider jusqu'à la mobilisation générale d'août 1914. Il est mobilisé et passe au bataillon de tirailleurs sénégalais (3 septembre 1915). Il est tué, en Serbie, le 24 septembre 1918.